Et si la rencontre entre Oscar et André perturbait l'eau qui dort…
Partie 1
Bureau du Général de Jarjayes.
Le jeune homme avait été appelé par son maître, un homme réputé pour sa sévérité et son intransigeance ; ses fesses avaient encore la trace des coups de badine qu'il avait endurés dans ses jeunes années au service de ce noble. Il ouvrit la porte sans appréhension : le temps avait passé et il avait appris à satisfaire cet homme tout en se protégeant de ses représailles. La règle était simple : obéir et tirer partie autant que faire se peut de la situation. Depuis qu'il avait compris ce principe élémentaire, sa vie au château de Jarjayes avait pris un goût plus supportable.
Il frappa à la porte et attendit que l'autorisation d'entrer lui soit donnée.
« Entrez ! » …« Ah c'est toi André. Je t'attendais. »
« Général »
« Je veux que tu partes pour Arras dès demain, j'ai une mission à te confier. »
« A Arras ? Bien Général. »
Pourquoi diable voulait-il qu'il se rende à Arras ? Depuis qu'il vivait à Jarjayes, le général avait toujours refusé qu'il l'accompagne dans leur domaine de Normandie. Pourquoi un tel changement tout d'un coup ?
« Depuis combien de temps vis-tu ici André? »
« Cela doit faire une quinzaine d'années Général »
« Quinze ans… déjà… »
« Oui Général »
« Assieds-toi, je dois te parler d'une chose importante »
Le jeune homme obéit. Pour la première fois, il vit son maître chercher ses mots, comme si chaque parole qu'il prononcerait était cruciale.
« Je veux que tu ailles à Arras chercher mon fils ! »
« Mais… »
« Tu as bien compris. J'ai un fils. Il est né avant ton arrivée au château et a toujours vécu loin de Paris. Aujourd'hui, il doit rejoindre le service de leurs majestés. Aussi je veux que tu l'escortes jusqu'ici. »
« Si tel est votre désir, j'obéirai. »
« Bien »… « Une chose encore. Dès demain, tu ne sera plus à mon service mais au sien : tu le suivras comme une ombre et obéira à tous ses ordres comme tu obéis aux miens. Est-ce bien clair ? »
« Oui Général. Je me mettrai entièrement à son service »
« Parfait. Tu peux te retirer à présent. Une longue route t'attend demain »
« Oui. Je partirai à l'aube. »
