Disclaimer : Stargate Atlantis et ses personnages appartiennent à leurs créateurs.

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Fic en trois parties. Traduction de la fic "Dilemma" de Carinthe avec l'autorisation de l'auteur.


Dilemme


Chapitre 1

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-Choisissez...

Il détestait cette voix.

Il la détestait vraiment.

Pas détester comme "je trouve pas mes chaussettes", "y'a plus de café ou "journée de merde". Il ne pouvait même pas la qualifier pire qu'ennuyeuse. Parce qu'"ennuyeuse" décrivait chaque journée pour John Sheppard . "Ennuyeuse" était un mot plutôt réservé pour d'autres voix dont celle d'un scientifique égocentrique quand il prétendait être un génie...

Non, la haine se situait à un niveau complètement différent pour John, un niveau qu'il n'atteignait pas souvent. Pour l'y amener il fallait vraiment le mettre en rogne. Comme vouloir s'approprier sa Cité, tuer les siens, torturer son meilleur ami et presque tuer sa supérieure...

John voulait vraiment montrer à l'homme, Kolya, à quel point il le haïssait. Il pouvait lui lancer un de ses regards assassins. Cela déstabiliserait son ennemi, le ferait hésiter et peut-être inspirerait à ce dernier quelque instinct de conservation contre la rage qui animerait John une fois qu'il serait libéré de ces foutus liens.

Mais pour l'instant il ne pouvait pas détourner le regard pour le faire. L'importance de cela était bien pâle en comparaison de la situation.

Pour l'instant tout ce qu'il devait faire était de garder ses yeux rivés dans des yeux bleus effrayés, offrant amitié, compréhension, pardon et détermination.

Et un cri du cœur:

-Choisis-moi!

oooooooooo

-Choisissez!

Cette fois-ci la voix se fit plus forte et l'intonation laissait présager un danger plus immédiat.

Il y avait également pas mal de suffisance dans le ton, comme s'il savait que sa victime allait se briser. Comme si cela allait se dérouler comme la dernière fois.

Elizabeth Weir ressentait une sensation de déjà-vu mais ses pensées étaient faites d'ironie et non de victoire. La dernière fois ils l'avaient dupé, berné et fichu dehors de leur Cité.

Elle espérait ardemment que la situation se répète. Mais cette fois elle ne pouvait espérer que Rodney ne craque pas. Elle soupçonnait fortement qu'il l'avait en partie sauvé de la torture. Depuis sa première rencontre avec son chef scientifique elle avait dû à plusieurs reprises revoir son opinion sur lui.

On dit que les eaux calmes sont les plus profondes mais dans le cas de Rodney la surface extrêmement tumultueuse cachait également une grande profondeur.

Quoiqu'en ce moment le physicien était comme un livre ouvert. La crainte et le désespoir clairement inscrits sur son visage expressif. Sa fanfaronnade habituelle s'était depuis longtemps décomposée au contact d'un de ses pires ennemis.

Elizabeth pria pour qu'il trouve la force de faire ce qui devait être fait. Faire ce qu'elle savait être sans aucun doute la seule option envisageable. Une option qui le tuerait, elle le savait. Le tuerait pas physiquement, non, mais enfoui sous des couches de sarcasmes, d'égoïsme et de vantardise il y avait un cœur sensible, horriblement marqué, meurtri mais pas brisé. Jamais brisé. Pas encore.

Mais qui le serait bientôt...

le Commandant Ascatus Kolya, chef des Genii attrapa Rodney par le col de sa veste et le tira avec rudesse sur ses pieds.

Les yeux d'Elizabeth cherchèrent ceux de Rodney, exprimant un soutien muet : "Ne le laissez pas vous briser, Rodney, n'abandonnez jamais le combat..."

oooooooooo

-CHOISISSEZ MAINTENANT!

Carson eut un mouvement de recul, pas tant à cause du niveau sonore de l'ordre donné, ni même de la malveillance meurtrière qui accompagnait cet ordre mais plutôt en raison du craquement ignoble qui se fit entendre quand Rodney fut projeté contre le mur.

En tant que médecin le Docteur Carson Beckett était vivement conscient des répercussions possibles d'une tête entrant en collision avec un objet dur. Il savait que Rodney avait le crane solide mais à l'instant présent il se doutait que son ami souffrait d'au moins une myriade de maux de tête en plus d'une vision floue mais, il l'espérait, sans présence d' hémorragie interne. Il n'aimait pas non plus le regard bleu vitreux et la façon dont la tête de Rodney retombait sur le côté.

Kolya relâcha le scientifique. Carson regarda impuissant Rodney glisser au sol. Son corps inerte s'affaissa sur le sol en position assise, soutenu seulement par le mur.

Chaque fibre de son corps lui criait qu'il fallait bouger, tout de suite, courir vers son ami pour soigner ses blessures, plaquer au sol ce putain de fils de pute de Kolya et emmener Rodney à son infirmerie...

Mais il était ligoté et bâillonné, spectateur malgré lui du terrible tourment que subissait Rodney, un tourment même pire sur le plan psychologique que physique. C'était le dilemme classique. Aucune option ne pouvait être préférée à l'autre, qu'elle découle de la logique où des émotions.

Et Carson savait sans l'ombre d'un doute que ce serait plus terrible pour Rodney que pour n'importe qui d'autre. Un génie capable d'imaginer les conséquences de son choix dans les moindres détails...

Une vieille colère se réveilla dans son sang écossais, issue de l'étrange sentiment de protection qu'il ressentait envers Rodney. Le même sentiment qu'il pouvait voir chez Elizabeth et le Colonel Sheppard. Il se demanda au passage comment le geignard et arrogant scientifique arrivait à susciter une telle réaction chez les gens.

Il avait envie de gueuler, de hurler au monde entier, de se jeter sur ce maudit Kolya, anéantir tous les foutus Génii de cette planète s'il le pouvait...Si seulement quelqu'un était assez fou pour le délier en ce moment...

Il regardait frénétiquement autour de lui, cherchant un moyen d'évasion.

Le regard de Rodney apaisa ses émotions tumultueuses.

Il n'y avait aucune acceptation dans l'expression du scientifique.

Alors, par dessus tout, Carson se sentit fier.

Parce qu'une flamme de défi brulait dans les yeux de Rodney.

oooooooooo

-Je ne peux pas...

la voix était faible, entrecoupée de quintes de toux et un peu haletante.

Mais il y avait en elle une calme détermination. Comme s'il ne venait pas d'être mis en face du plus terrible des dilemmes que pas une personne au monde n'aurait peur d'affronter..

Pour la première fois Rodney McKay détourna les yeux de ses amis pour les planter dans le regard d'acier du commandant Genii.

Kolya laissa échapper un grondement menaçant, un rictus sinistre aux lèvres.

-Vous décidez: La vie de vos amis ou Atlantis?

Rodney ne recula pas quand deux des sbires de Kolya s'avancèrent vers lui et le tirèrent sur ses pieds. Il se laissa aller mollement dans l'emprise des soldats sans rompre le contact visuel avec le Commandant.

-Vous voulez que je choisisse entre tuer mes amis ou tuer des centaines d'innocents sur Atlantis? Je ne peux pas faire ce choix...

-Oh, allez, Docteur, le railla Kolya, pour un chef n'est-ce pas un choix évident? Vous ne sacrifieriez pas quelques vies pour en sauver de plus nombreuses ?

La réponse fut immédiate et même prononcée d'une voix douce elle fut entendue fort et clair dans tout le gateroom.

-Non.

Kolya poussa un grondement et s'approcha dangereusement du scientifique pour se planter en face de lui.

-Pourtant vous en portez la responsabilité!

Rodney s'arracha à l'emprise des deux soldats. La tête haute, tremblant légèrement, il répondit d'une voix étrangement calme.

-Non, je ne vais pas les tuer. Vous le ferez vous-même. Je ne ferai jamais ça. Je ne peux pas décider quelle vie a le plus de valeur. Que ce soit en quantité ou en qualité. Chaque vie est sacrée et n'appartient qu'à chacun. Personne ne peut évaluer le prix d'une vie, du moins pas sur ce plan de l'existence. Donc je ne peux pas choisir qui va mourir. Je peux seulement faire tout ce qui est en mon possible pour sauver chacune des vies. Je ne peux que vous offrir ma vie, mais je doute que vous la preniez...À la fin ce sera toujours votre choix.

-Très bien, je vais donc la prendre! S'écria Kolya.

La détonation résonna à travers tout le gateroom. Son écho se répercuta impitoyablement dans les cœurs de tous ceux qui étaient présents.

-Et plus sans exception...Chuchota le Commandant Genii dans le silence soudain. Il fit un pas en arrière.

Rodney s'affala contre le mur. Une tache rouge s'agrandissait rapidement sur son épaule gauche. Un filet de sang coulait sur la feuille d'érable.

-Vous pouvez également choisir de ne pas tuer...

La voix de Rodney n'était pratiquement plus qu'un murmure et ses yeux reflétaient un monde de douleur.

-Plus maintenant, répliqua Kolya sans remord en le prenant de nouveau pour cible.

Le second tir frappa Rodney en pleine poitrine.

Les yeux bleus s'écarquillèrent légèrement avant de se fermer doucement.

Kolya ne jeta même pas un dernier regard au corps avant de quitter le gateroom, ordonnant à ses soldats de prendre les otages avec eux...

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Fin de la première partie