Lovely Safe
Chapitre I : Matinée ensommeillée.
Appartement de Cameron.
C'était un matin qui paraissait tout à fait normal aux yeux de tous. La veille avait été débordée de travail à l'hôpital Princeton Plainsboro, et le Dr.Cameron sentait la fatigue grandir de minutes en minutes. Affalée sur son lit, seule, elle fixa longuement l'heure affichée sur son réveil : 06:00. Elle était épuisée, mais le sommeil ne venait pas. Elle pensait encore aux images qu'elle avait pu voir, sa patronne et son ancien patron, toujours collés l'un à l'autre à se taquiner mutuellement. Elle ne supportait pas cette pensée mais n'arrivait guère à la faire fuir de son esprit. Paresseusement elle se leva et prépara son déjeuner, plutôt maigre. La faim non plus n'avait pas l'air de vouloir d'elle.
« Qu'est-ce que ça sera, arrivé à l'hôpital… » Disait-elle à elle-même.
Une fois habillée convenablement, elle sortit de vieilles photos qui avaient été prises il y a longtemps par la jeune femme. Elles étaient toutes proprement rangées dans un album sans nom. En l'ouvrant elle se rendit compte que les images datées de quand elle travaillait encore pour l'infâme Dr.House. Un détail été frappant : House était sur toutes les photos. Mais maintenant ce n'était plus qu'un souvenir, un douloureux souvenir. Elle passait ses soirées, tête dans l'oreiller à pleurer. Jusqu'à ce que ces dites soirées fut en compagnie de son collègue, Chase. Au bout d'un long moment d'attente elle avait enfin décidé d'entretenir une relation sérieuse avec lui, refusant tout de même de partager son appartement. Au départ elle semblait certaine de ses sentiments pour lui mais à présent elle doutait. Quand elle vu que sa pendule affichait sept heure, elle s'empressa d'enfiler une légère veste et de sortir.
Hôpital Princeton Plainsboro.
Comme la journée précédente, la panique était présente. Infirmières et médecins courraient sans cesse autour d'elle non pas pour l'observer, mais plutôt parce qu'elle se trouvait au milieu du hall, stupéfaite. Pour la première fois de sa vie, le diagnosticien House était arrivé à l'heure, et même mieux, il était en avance. Ne trouvant pas les mots pour exprimer son étonnement, elle ne fit que s'avancer et le saluer promptement. Elle se dirigea vers son lieu de travail, les urgences, et entendit une voix s'élevée au dessus de sa tête.
« Tu as oublié de passer me voir ? »
Elle se retourna et vit son amant. Il était dressé devant elle et lui adressait un sourire chaleureux mais particulièrement agaçant pour cette matinée.
« Euh… Oui, désolée, j'ai très mal dormi… » Lui répondit-elle, gênée.
« C'est la troisième fois cette semaine… Enfin bon, passons. Ça te tente de boire un verre ? »
« Non désolée, je suis fatiguée et je ne pense pas que les patients seront d'accord. L'hôpital déborde, et je ne suis pas d'humeur à avoir Cuddy sur le dos ce matin. » Lui dit-elle ironiquement.
Il soupira et s'éloigna, la laissant seule avec un patient qui s'amusait pertinemment à regarder les formes de son médecin. Agacée, elle s'occupa rapidement de lui avant de partir. Sur son chemin elle croisa plusieurs fois le regard d'autres membres du personnel, plutôt soupçonneux à son égard. Elle arriva devant la porte des toilettes pour femmes et la poussa. La salle était vide, ce qu'il l'étonna fortement. Elle s'avança vers un lavabo et se rinça le visage. Elle avait des marques de fatigue sous ses magnifiques yeux bleus. La voix d'une personne retentit, semblant connaître cette voix, elle tendit l'oreille.
« Ecoutes, si jamais tu fais ça, ça paraîtra douteux et je m'en prendrais plein la figure. » Dit cette voix.
« Plus douteux encore que la distance que tu prends avec moi ? Non je ne pense pas. Ça ne sera pas une grosse perte ! Je ne vois pas pourquoi tu tiens tant à ce qu'elle reste à l'hôpital. » Répondit une autre.
Cette fois-ci, elle en était sûre. Il s'agissait de House et de la directrice. Elle n'entendit pas d'autres paroles mais plutôt des grognements sourds. Elle essaya tant bien que mal de comprendre qu'elle était le sujet premier de cette conversation. La seule chose qu'elle avait comprise, c'était que House prenait de l'écart vis-à-vis de sa petite amie et cette nouvelle semblait réjouir l'immunologiste. Tendis qu'elle essayait d'écouter à nouveau, il lui semblait que quelqu'un d'autre s'approchait des deux personnes.
« Qu'est-ce que vous faites là ? » Interrogea une troisième voix.
« On… Euh… Discutait tranquillement. D'ailleurs il faut que je retourne bosser, à toute à l'heure Lisa » Répondit la voix de House.
De l'intérieur, Cameron avait parfaitement entendu la résonance qui semblait être celle d'un baiser. Elle se crispa en imaginant la scène puis quand elle fut persuadée qu'ils étaient partis elle ouvrit la porte. Elle hoqueta de surprise en voyant Wilson observait Cuddy s'éloigner. Il sursauta en entendant le timbre de la voix de la jeune femme.
« Ah. Bonjour Dr.Cameron. » Dit-il.
« Euh… Oui, bonjour. » Répondit-elle gênée.
« Vous allez bien ? Vous êtes extrêmement pâle, si House vous voyez il dirait que vous allez faire peur aux patients ! »
« Non, c'est rien. C'est compliqué et totalement idiot de toute façon. Je vais retourner travailler, bonne journée… »
Il lui fit un signe d'au revoir elle s'éloigna toujours avec cette mine décomposée qui lui servait de visage. En arrivant une deuxième fois dans le hall, elle eut l'impression d'être visée. La plupart des regards étaient posés sur elle mais elle ne s'en étonna pas. La fatigue se ressentait à présent dans tous les membres de son corps mais elle fut paralysée de voir que, House lui aussi, la regardait. Elle le fixa longtemps jusqu'à être rappelée à son devoir. Elle tourna les talons et sautilla presque jusqu'aux urgences. Intrigué par son comportement, Chase, qui passait par là lui demanda directement.
« Pourquoi es-tu si heureuse ? Tu as vu Brad Pitt ou quoi ? » Lui dit-il d'un ton des plus ironiques.
« Hmm… Non. J'ai l'air si heureuse que ça ? »
« Assez pour que je te le demande, oui. Tu souris jusqu'aux oreilles et tu marches joyeusement. Tu chantonnes quand ? » Dit-il d'un ton toujours aussi ironique.
« Désolée, mais le concert ce sera pas ce matin. J'ai l'estomac dans les talons vois-tu. »
« Tu as refusé de boire un verre avec moi, c'est normal » Il lui fit un grand sourire.
« Non, désolée, l'hôpital est bondé dans tous les coins et recoins, tu ferais mieux de faire tes heures de consultation d'ailleurs, ça donnera un peu d'air aux infirmières. »
« House ne les fait pas, pourquoi je les ferais ? »
« Parce que House, lui, il a un bon prétexte. Il a une canne, et les patients le pardonneront certainement de son handicap. Cuddy aussi d'ailleurs, ces temps-ci elle semble moins robuste face à lui, tu as remarqué ? » Elle s'approcha d'un patient et l'examina.
« C'est parce que leur couple court à sa faillite que tu es si joyeuse ? »
« Mais non, idiot. Je te posais juste la question, mais apparemment c'est impossible d'en tirer une seule réponse. »
Elle recula d'un pas et regarda le chirurgien d'un regard qu'il n'avait jamais vu avant. Ou alors l'avait-il tout simplement oublié.
« Retournes à tes heures au lieu de rester planté là. J'ai beaucoup de travail, et toi aussi. » Continua t'elle.
Déçu par cet échange effroyable, il prit presque les jambes à son cou. Elle le regarda partir puis se retourna vers un autre patient afin de s'en occuper.
Du coté de House.
Ce matin là était très différent des autres matins, du moins aux yeux de ce cher House. Il avait passé la nuit avec sa supérieur hiérarchique comme toutes les autres nuits mais il n'avait pas réussi à trouver le sommeil. C'était pourtant une nuit comme les autres, mais en même temps ça ne l'était pas. Il ne voyait pas pourquoi il n'avait pas réussi à dormir, au point d'arriver en avance. C'était contraire à ses principes, et ses subordonnés n'étaient même pas encore arrivés. Il contempla la pièce autour de lui. Il était dans son bureau, allongé sur son fauteuil et ne faisait pas grande chose. Il y avait du bruit à l'extérieur mais il n'en savait que faire. Il se leva le plus rapidement qu'il pu et sortir aussi précipitamment de la salle. Il prenait soin d'éviter le hall et les urgences puisque c'était pratiquement les seuls lieus fréquentés par l'immunologiste. Sur son chemin il croisa Wilson.
« Qu'est-ce que tu fais ? » Rétorqua l'oncologue.
« Roh s'il te plait, c'est vraiment pas le moment là ! » Répondit paresseusement l'infirme.
« Ecoutes, l'hôpital est débordé, si tu veux un minimum faire plaisir à Cuddy, la moindre des choses c'est de faire un peu tes heures ! »
« Qui est-ce qui te dis que je veux lui faire plaisir ?! » Dit-il sèchement, sans prendre la peine de réfléchir.
« Hein ? » Ce fut les seuls mots qu'il avait trouvé à dire. Si on appelait ça des mots.
« Tu vois bien ce que je veux dire. Je ne suis pas comme tous les autres crétins d'homme qui pensent à faire jouir leur femme autrement que sur un lit ! »
« Arrêtes, tu n'es pas avec elle seulement pour ça, je le sais très bien ! »
« Et qu'est-ce que tu en sais toi ? Tu nous espionnes peut-être ? Tu lui demandes des choses ? Hein ? Qu'est-ce que tu fais pour savoir tout ça ? Ne me dis pas que tu t'appelles Cupidon ! »
« Simplement parce que je le vois dans ton regard, c'est tout. Et puis vous êtes toujours ensemble, c'est difficile de le cacher, môssieur. »
« Désolé, mais les apparences sont parfois trompeuses. Et ne t'avise pas de dire un mot de cette conversation à Lisa, sinon tu connaîtras le goût amer de ma canne sur ton visage. »
Suite à ces paroles, le néphrologue fit volte-face et partit en direction du bureau de sa compagne, cette fois-ci. Il laissa son ami perplexe au milieu du couloir, sous les regards plus qu'interrogateurs des infirmières. Elles ne louperaient sûrement pas une occasion de tout révéler à la patronne, et House le savait très bien. Il pénétra lentement dans le bureau sans même prendre la peine de frapper. Cuddy était plongée dans ses dossiers et ne s'était même pas aperçue de la présence de l'homme.
« J'espère que ce ne sont pas les dossiers des membres de donneurs de spermes. » Dit-il bruyamment pour qu'elle l'entende.
Elle sursauta et releva la tête.
« Ah ! C'est toi. Tu m'as fais une de ces peurs ! Ecoutes, j'ai beaucoup de papiers à signer, tu ferais mieux d'aider les infirmières à faire évacuer tous ces faux malades. » Répondit-elle rapidement.
« Tu m'envoies balader ? C'est sympa de ta part. Et j'ai bien trop peur de tomber malade moi aussi. »
« Pourquoi es-tu là ? »
« Roh pour pas grand-chose, je voulais simplement savoir ce que tu faisais et accessoirement te demander de me dispenser de mes heures de consultations aujourd'hui. »
« Et pour quelle folle raison cette fois-ci ? »
Il hésita un instant, regarda aux alentours puis posa enfin son regard à nouveaux dans les yeux bleus de sa patronne.
« Aucune. J'ai seulement pas envie d'entendre roucouler ces sales pigeons. » Répliqua-t-il froidement.
« Désolée, je ne peux pas te dispenser pour ça. Va trouver un cas si tu veux mais laisses moi, j'ai beaucoup de choses à faire. »
Elle lui fit signe de déguerpir et c'est ce qu'il fit. Il se doutait bien que sa demande ne serait pas accordée mais le fait d'être rentré dans le bureau pouvait peut-être écarter quelques soupçons sur sa discussion avec Wilson. Malgré tout, il avait bien envie de ne pas faire ses heures de consultations mais pour cela, il lui fallait un cas. Un cas intéressant qui pourrait l'occuper. Il s'arrêta brusquement et serra fortement sa canne, la tête baissée. Il respira un grand coup et reprit sa route, vers les urgences.
Une fois arrivé, il constata d'abord qu'il n'y avait pas tant de monde. D'un coin de l'œil il chercha le chef du département et la trouva rapidement. Il s'avança sans faire trop de bruits mais assez pour être repéré. Elle tourna son regard sur lui et son premier réflexe fut de tourner la tête vers le patient. Elle fit comme si le diagnosticien n'était pas là mais quand il commença a donner machinalement des coups de canne sur le sol, elle fut contraint d'abandonner son poste un instant, en prenant bien soin de s'excuser. Elle s'éloigna un peu suivi de House et le regarda un instant.
« Que se passe t'il ? » Demanda t'elle brusquement.
« Besoin d'un cas, pour être dispensé d'heure de consultation. »
« Aucun cas intéressant, la plupart des patients viennent des consultations car la pharmacie se vide des stocks. Le cas le plus grave n'est pas forcément intéressant. »
« Peu importe, il me faut quelque chose. Cuddy va sûrement mordre à l'hameçon. »
Elle regarda le sol et soupira.
« Forcément… »
Il se contenta seulement de la regarder, espérant comprendre sa réaction. Elle se redressa et s'avança vers un patient. Elle saisit le dossier et retourna auprès de l'infirme.
« Voilà le dossier. Je n'affirme rien d'intéressant, vous devrez faire avec. »
Elle lui tendit le dossier et sa main trembla légèrement. Mais assez pour qu'il le voie.
« Vous êtes fatiguée ? »
Il saisit le dossier sans pour autant la quitter des yeux. Elle semblait fortement gênée de la question qui lui avait été posée. Décidément, elle n'allait jamais être tranquille.
« Oui. Mauvaise nuit, vous ne connaissez probablement pas. »
Il continua à la regarder quand elle leva les yeux vers lui. Il vit dans son regard une certaine tristesse qu'il avait déjà vu avant, mais n'arrivait pas à percevoir pourquoi, ni comment. Les mauvaises nuits ? Oh que oui il connaissait.Presque inconsciemment le regard de House s'adoucit et devint presque rassurant. Perturbée par cette vision, elle recula et lui fit signe qu'il était tant de partir. Il acquiesça, à contre cœur.
Quelques minutes après, il se retrouva à nouveau dans son bureau. Il fut dérangé par les bruits que faisaient ses collaborateurs quand ils furent enfin arrivés. Ils s'étaient jetés sur le dossier, ne s'étonnant pas plus de ce cas inintéressant. Ils semblaient avoir totalement oublié la présence de leur patron, hormis Treize qui le regardait de temps à autre. Tout le monde le vit se lever et sortir. Encore une fois, il ne savait pas où il allait, il avait juste envie de marcher, de réfléchir. Il voulait du calme et savait aussi que ce n'est pas dans l'hôpital qu'il allait le trouver. Il vit un peu plus d'agitation dans le hall mais s'en fichait bel et bien jusqu'à que Chase arriva en courrant le plus rapidement qu'il pouvait.
« House ! C'est Cameron… Elle… Elle… » Beugla t'il, essoufflé.
Il ne trouvait pas les mots, mais ce n'était pas la peine. House accourait déjà vers le centre de l'agitation.
