Les Crétins de Manhattan, chroniques de flics en détresse


Disclaimer: Ces personnages ne m'appartiennent absolument pas, je ne fais que les emprunter au grand seigneur Marvel.

Cette histoire est une réécriture de ma défunte fanfiction "les Crétins de Manhattan". Bonne lecture à tous !


Prologue, un début sur les rails


- ...Rdel de merde, grommelle Loki Odinson en repoussant sa valise qui vient juste de lui tomber violemment dessus.

Le jeune homme hausse un sourcil blasé en observant la ménagère de 40 ans assise en face de lui placer ses mains dodues sur les oreilles de son rejeton, un mioche baveux d'à peine huit ans.

- Surveillez votre langage ! Glapit la femme.

Loki ne répond pas et colle sa tête contre la vitre du train en observant le paysage défiler. Déjà six heures de trajet... Dans trente minutes, il y serait. Il goûterait à la vie d'adulte, la vie libre, la vie qu'il convoitait depuis quelques années. Le jeune homme baisse les yeux sur son ticket: un Asgard - New-York, un direct s'il vous plaît. Depuis le temps qu'il attendait de se le payer, ce foutu ticket pour sa vie. Il avait peut-être même jubilé d'excitation en l'achetant, yeux brillants de convoitise et tout, le guichetier avait dû le prendre pour un taré.

Sa mère avait un peu pleuré quand il était monté dans le train. Elle l'avait fait pour Thor, évidemment qu'elle le ferait pour lui. Un peu vieillot, de pleurer son fils de 22 ans, tout juste diplômé et prêt pour arriver dans la Ville. "Oui, mais New-York c'est grand pour commencer". Fallait bien débuter quelque part, de toute façon. Si tu commences pas ta vie à temps, tu risques de la louper et de passer ta vie chez tes parents dans ta petite chambre d'ado qui sent clairement pas la rose . Odin, lui, n'avait pas dit grand-chose: il avait laissé Loki embarquer avec sa grosse valise verte sur les rails. Pas que Loki attende quelque chose de lui, cela dit. Pas vraiment un papa du genre à s'épancher, plutôt le patriarche fier, pompeux et tout ce qui va avec.

- Rah mais putain ! S'emporte Loki quand le coin de sa valise s'enfonce à nouveau dans ses côtes.

- Un peu de tenue enfin, jeune homme ! Le réprimande la mère en postillonnant au passage dans les cheveux peignés de son rejeton.

Encore une fois, Loki se tait et remet une mèche de ses longs cheveux noirs derrière son oreille. Après de si longues années de préparation, il y arrivait. Major de sa promotion, qu'il était sorti. Ouais, le gosse renfermé du lycée a pris des muscles et de l'assurance en barre, et il arrive pour révolutionner Manhattan.

Le jeune jette un regard légèrement dégoûté sur l'enfant qui mâchonne une madeleine humide de salive en le fixant. Les enfants dans le train, toujours un bonheur. La mère, feuilletant un journal, mâche bruyamment du chewing-gum rose et collant. Les parents dans le train, encore plus une bénédiction que leurs enfants.

Loki est cynique. Non, vraiment ? Quelle surprise. Ouais, Loki est cynique, et puis Loki est bien d'autres choses encore. Loki est un individu de genre masculin de 22 ans, pesant 80 kilos et mesurant 1m88. Des photos: une de face, une de profil. Avec une petite plaque noire dans les mains, où son nom est inscrit: Loki Odinson. Des clichés de documentation sur Loki: il a les yeux verts, la bouche fine, une peau blanche, les cheveux longs et sombres.

Un peu le contraire de son frère, de sa famille, en fait. Ça, Loki l'aura entendu toute son enfance: "Eh, c'est marrant vous vous ressemblez pas du tout". Vraiment, bravo Einstein. Adopté, ducon. Et non, Loki ressortira pas tout le baratin de comment il a vécu sa vie d'adopté. C'est comme ça, c'est tout. Loki était un gosse un peu à part, oui, un enfant étrange.

En tout cas, pas attardé comme celui-là, pense le jeune homme en fusillant du regard le gosse du train qui fait tomber des miettes de madeleines partout par terre.

- Vous allez à New-York aussi ? Demande la femme à Loki sur un ton de confidence exaspérant.

- Oui, dit juste Loki.

Sans blague. C'est le dernier arrêt et le seul restant.

- C'est la pagaille là-bas, continue la mère en se penchant vers son compagnon de wagon. Vous savez que le taux de criminalité a grimpé en flèche depuis quelques années. À vrai dire, ça me fait peur d'aller m'y installer. Des sauvages à tout les coins de rues dans certains quartiers, on m'a dit. Mais que fait la police ? Dans l'article que je viens de lire sur ce journal très fiable, ils parlent même de ce poste de police d'in-ca-pables, comment est-ce qu'ils s'appellent déjà, laissez-moi chercher...

Mais que fait la police ? Loki hausse les épaules en contenant son sourire narquois devant la femme qui continue de déblatérer des futilités, et reprend son observation du paysage. La campagne relativement paisible d'Asgard a depuis longtemps laissé place aux différentes agglomérations dans lesquelles le train est passé. Mais les immeubles qui pointent leurs sommets vantards au loin ne trompent pas: New-York en vue, mesdames et messieurs, le train arrivera en gare de: Grand Central Terminal dans quelques minutes. Merci de ne pas descendre du quai avant l'arrêt complet du véhicule.

Loki remet le col de sa chemise verte en place et se lève, faisant glisser de ses genoux l'enveloppe qui contient sa lettre d'admission. En gros, tamponné à l'encre noire, une inscription. Le Shield.

- ...Ah, voilà, je les ai retrouvé, c'est un poste dans Manhattan, le Shie...

La femme jette un œil sur l'enveloppe, remonte le regard sur Loki et semble soudain prise de rougissements et d'une quinte de toux gênée. Elle tire sur le col trop serrée de sa robe rose fushia et se racle la gorge.

- Ils les appellent "crétins de Manhattan", annonce le gamin la bouche pleine, heureux d'avoir décrypté le journal de sa mère.

- Votre enfant a recraché les trois quarts de sa madeleine pré-mâchée imbibée de salive sur votre robe, réplique Loki en sortant tranquillement du wagon.

Mais que fait la police, oui, c'est bien ça que Loki se demande depuis que Thor, son frère, policier au poste du Shield depuis quelques années, lui a annoncé qu'ils étaient la risée de New-York. Pourtant, Loki rêve d'entrer au Shield depuis que son grand-frère y a fait ses premiers pas. Un poste de police dans l'un des coins les plus louches de Manhattan. Si ça faisait pas rêver ça. Avec ses prouesse à l'Académie de police d'Asgard, Loki aurait pu rentrer n'importe où. Et bien sûr, il avait fallu qu'il choisisse le Shield. Pourquoi ? Un rêve d'ado, par amour pour son frère, un défi à relever. Le désir de démasquer des criminels, d'élucider des complots, de poursuivre des délinquants. Tout le fantasme du boulot de policier, quoi.

Loki sort de la gare, traînant sa lourde valise derrière lui.

Ici est New-York. C'est grand, et bruyant et affreux et génial à la fois. Une multitude de personnes aux vêtements colorés traversent rapidement les rues, bloquant les voitures et taxis qui klaxonnent leur mécontentement. L'ostentatoire emplit les sens de Loki.

Dans le brouhaha des voix, des annonces publicitaires jaillissent des panneaux interactifs disposés sur les enseignes des innombrables magasins. Des mecs qui veulent vendre "le meilleur produit vaisselle de l'année", ou "la voiture qui va changer votre vie".

Et Loki, resté sur le trottoir, la tête en l'air, se remplissant les poumons de l'air pollué. Hm, New-York. C'est exactement ce qu'il attendait, et pourtant l'atmosphère de la Ville fait faire un bond à son coeur. C'est donc là qu'il entamerait sa vie, son boulot, son réseau de relations.

Le jeune homme inspire un grand coup pour se donner du courage, et s'étouffe quand il a l'impression qu'un tas de miasmes vient d'entrer dans son système respiratoire. Vraiment, l'air de New-York est insalubre, pense Loki. Cela ne l'empêche pas de s'embarquer dans le premier métro pour se rendre à l'appartement de Thor afin de poser ses affaires. Pour le moment, il vivra avec son frère, même s'il se doute -il sait- que cette situation ne durerait pas longtemps. Il compte bien se trouver un appartement à lui, après tout, passer des semaines collé à son frère ne l'attirait pas plus que ça.

Il a déjà cherché des annonces, et une visite d'appartement est prévue le lendemain même.

La raison principale de son empressement à fuir le logis de son cher frère ? Quand Loki déverrouille la porte, il découvre un appartement du niveau de la chambre d'ado de Thor. La définition du capharnaüm, de la crasse, du désastre sanitaire: sans leur mère pour ramasser derrière, Loki se doutait bien que son frère aurait du mal à gérer son bordel.

Un vaisselle de plusieurs jours s'entasse dans le lavabo, du linge sale est jeté sur le canapé, des bières vides sont posées à côté de l'ordinateur, sans parler de l'odeur nauséabonde du lieu, et -Oh mon dieu, est-ce que ce sont des cafards ? Loki enjambe un slip, trébuche sur une manette de jeu vidéo, se rattrape sur la table, met la main sur une pizza desséchée, pousse un cri de détresse et se casse la gueule.

Se casse la gueule droit sur un attroupement de cafards, bien sûr.

Le jeune homme se redresse rapidement, et inspecte les dégâts. Le groupe de cafards, indemne, semble le regarder avec reproche.

- Désolé d'interrompre votre putain de réunion accros-aux-déchets anonymes, siffle Loki en haussant les épaules.

Pour toute réponse, les insectes se dispersent sous le canapé et Loki soupire. Ouais, impossible qu'il survive plus de quelques jours dans cette piaule.

Il sort de l'appartement, hume à nouveau le, hum, délicat fumet de New-York, et se dirige tranquillement vers le quartier du Shield. Les mains dans les poches, Loki lève son nez pointu vers les grattes-ciels. La sky-line monstrueuse de la ville ne l'a jamais vraiment passionné: les petites ruelles sombres, les trottoirs sales et les culs-de-sac suspects sont bien plus au goût du futur policier.

Loki traverse avec une gourmandise léchée les allées de rues collées entre deux rangées d'immeubles titanesque, passe devant des groupes de personnes aux allures de gangsters et pose par inadvertance son pied sur un rat qui manifeste son mépris avec un couinement aigu. Le quartier est sombre, sale, délabré.

- Excellent, chuchote Loki pour lui-même, avec un sourire démentiel.

Un peu plus loin, il hausse un sourcil douteux quand son téléphone lui indique qu'il est arrivé à destination. Il n'y a rien qui ressemble de près ou de loin à un poste de police ici. Il se tourne alors vers un petit bâtiment écrasé entre deux immeubles à moitié démolis, et déchiffre avec difficulté le mot Shield, presque effacé par le temps. Quelqu'un a apparemment tagué quelque chose en-dessous, mais l'inscription est rayée et quasiment illisible.

C'est vieux, une vitre est pétée, le mur est craquelé, c'est plein d'un charme rétro délicieux, et Loki décide immédiatement qu'il aime bien. Des vitres teintées roses-orangées l'empêchent de se donner une idée de l'intérieur mais le jeune homme se doute que ce n'est pas très grand.

Un petit poste de police dans un quartier chaotique au coeur de Manhattan, la risée des New-Yorkais. Dans quoi est-ce qu'il s'est fourré encore ?

Ce qui est certain, c'est que Loki, en ouvrant la porte grinçante, ne se doute pas que ce lieu deviendra plus tard sa maison, son foyer, son nid, son oasis singulière et toute cassée à lui.


Voilà donc le ton de cette toute nouvelle version des Crétins de Manhattan, que je compte bien finir cette fois ! J'espère que ce prologue vous aura emballé, la réécriture est un exercice bien plus compliqué qu'on pourrai l'imaginer... Merci d'avoir lu jusqu'ici, n'hésitez pas à me donner vos impressions.

En attendant, à la prochaine !

Zombiscornu, votre humble et dévouée.