Je n'aurais jamais cru que je me relancerai dans la traduction d'une longue fic à chapitres. Encore moins une histoire qui se passe dans un contexte aussi différent et n'ayant absolument rien à voir avec la série d'origine. Mais j'ai eu un coup de cœur foudroyant pour cette fanfiction et je me rends compte que je ne peux pas ne *pas* la traduire !

Vous connaissez la chanson : cette fanfic ne m'appartient pas et aucun mérite ne me revient. Je me contente de la traduire. Si vous pouvez, lisez en VO !

Titre : Eh bah, mon pauvre chou

Auteurs : InBoccaAlLupo et Razbrylimedragons

Lien de l'original : A demander par MP

Traductrice : Aurélie (a.a.k)

Rating: PG-15

Fandom: Game of Thrones

Résumé: L'histoire d'amour de Jon et Dany est quelque chose qu'ils ne peuvent pas éviter, qu'importe le coût. Que se passe-t-il quand la plus grande histoire d'amour de leurs vies commence dans les moins nobles des conditions? A qui feront-ils du mal et comment cela les affectera-t-il?

Spoiler: Des humains avec d'énormes défauts arrivent droit sur vous.

Dénouement final: Jonerys

Relations: Jon Snow/Daenerys Targaryen, Jon Snow&Daenerys Targaryen et Jon Snow/Ygritte

Tags supplémentaires: Univers Alternatif - Moderne: Pas de Pouvoir


Chapitre 1

"Alors c'est ton bar préféré dans tout Boston?" Ygritte sourit d'un air sournois contre l'épaule de Jon tout en tirant sur leurs mains entrelacées.

Il lui donna une ferme pression en retour avant de la regarder et de rouler les yeux malicieusement. "Ca ne fait même pas deux heures que tu es dans ma ville et tu juges déjà les établissements?"

Elle se mordit la lèvre, "Je jugerai un établissement quand tu m'auras emmenée dans l'un d'entre eux," Elle lui fit un clin d'œil.

"On verra si tu changes ton fusil d'épaule après une ou deux Guinness."

Un sourcil levé, un demi sourire et une tête légèrement penchée sur la gauche fut toute l'affirmation dont il eut besoin pour détacher sa main de la sienne et se diriger vers le bar pour passer la commande de leurs boissons.

"Jon!" Une main se claqua dans son dos tandis qu'une autre se tendait vers la sienne en salutation, "Content que tu te sois enfin décidé à nous rejoindre! On a réussi à choper un des boxes montants au fond. On vit comme la royauté ce soir! Où est cette dame dont tu nous as parlé?"

"Tu m'as qualifiée de dame auprès de tes amis, n'est-ce pas?" Taquina Ygritte avec un sourire et un rapide coup de coude à Jon, "Moi, c'est Ygritte, je suis trop bien pour lui, mais je ne l'ai pas encore réalisé." Elle sourit et tendit la main.

"Pyp," dit l'homme, lui tendant sa main gauche tout se couvrant le cœur de la main droite, une expression d'émerveillement lui traversant le visage. "Doux Jésus, Jon, comment tu as réussi à la dégoter, celle-ci?"

Jon se tourna, tendant sa boisson à Ygritte, "Je l'ai trouvée quand elle était première année, avant qu'elle ait un peu plus de jugeote." Il signa le bordereau pour leurs boissons et remit son portefeuille dans sa poche. "Sam est là?" Demanda-t-il en regardant dans le fond.

"Oui," Pyp se tourna, pointant vers l'arrière du bar bondé. "Il garde le fort. Je m'éclipse pour une rapide cigarette et pour prendre une autre tournée." Une expression de choc feint lui traversa le visage, "Oh non, vous venez de prendre à boire! On dirait que vous allez faire l'impasse sur ma tournée alors!" Il fit un clin d'œil et se dirigea vers la porte.

Jon prit une gorgée, leva les yeux au ciel et fit signe à Ygritte de le suivre alors qu'il partait dans la direction que Pyp avait pointée.

"Eh bien, regardez qui est enfin arrivée à Boston!" Ygritte sourit et contourna Jon pour faire un câlin à Sam. "Tu es en ville pour combien de temps?"

"Jusqu'à Dimanche, je repars en train." Déclara-t-elle, plaçant sa boisson sur la table et ôtant sa veste. "Je n'arrive pas à croire comme il fait chaud à cette période de l'année!" Elle se glissa dans le box.

"Je préfère ça à l'hiver dernier." Maugréa Jon de mauvaise grâce en se glissant à côté d'elle, lui plaçant une main dans le bas du dos et le caressant distraitement. "Tu avais de la chance d'être à l'étranger. C'était un enfer. Je n'ai jamais vu autant de neige de ma vie. C'était un foutoir avec les trains." Il prit une longue gorgée de sa boisson.

"Ohh pauvre petit, tu as dû dégager ta voiture à la pelle par toi-même? Ca devait vraiment pénible de ne pas avoir une allée qui se nettoyait pour toi comme par magie!" Elle ricana en prenant une autre gorgée de sa bière.

Jon se renfrogna, "En fait, tu n'as pas idée à quel point. Je dois te rappeler que mes parents refusaient de payer l'adhésion au Club de Yacht et nous ont forcés à prendre des leçons de voiles au Club de Voiles public?" Malgré les paroles, sa voix trahissait sa bouffonnerie à peine voilée.

Ygritte enroula ses mains autour de son dos et s'appuya contre lui, souriant, "J'aime quand je peux être témoin de ta blague biannuelle!" Il pencha la tête vers elle quand elle se tourna vers lui; leurs fronts se frôlèrent et leurs nez se touchèrent. Leurs yeux se rencontrèrent et ils se firent un sourire complice.

"Eh bien, content de voir que vous êtes aussi amoureux que jamais," déclara Sam d'un air gêné.

"Alors, puisque Rouquine et moi sommes meilleurs amis maintenant," commença Pyp en arrivant à la table et tenant en équilibre quatre pintes pleines de Guinness, "J'ai décidé de jouer au gentleman en renonçant aux règles traditionnelles des tournées et je vous ai pris un deuxième verre." Il plaça prudemment les quatre verres sur la table, le liquide se renversant sur les côtés pour chacune, malgré l'effort.

"Alors Rouquine, est-ce que Jon était aussi extraverti à l'école qu'il l'est ici?" Il ricana à sa propre blague tout en tendant la main vers le verre le plus rempli. "Je peux te dire, les demoiselles de Londres tombaient en pâmoison devant son charme."

Jon leva les yeux au ciel et finit le reste de son premier verre avant d'attraper un deuxième. Ygritte lui pressa la cuisse et regarda par-dessus la table, "Est-ce que quelqu'un t'a déjà trouvé aussi drôle que tu penses l'être, Pyp?"

"Une fille qui répond à une question par une question; il ne faut pas lâcher cette fille-là, mon ami!" Pyp parla d'une voix traînante avec son meilleur accent de Boston et il leva son verre vers Ygritte. Elle sourit, trinqua son verre avec le sien et termina le reste de sa première bière.

La conversation était décontractée, les boissons étaient bon marché et la nourriture était acceptable. Le peu d'appréhensions qu'Ygritte avait eues en entrant dans le bar furent abandonnées avant que la quatrième Guinness soit passée devant elle.

Quand le moment arriva pour un cinquième verre, elle essaya d'insister pour payer, seulement pour se voir rabrouée par les trois hommes à la table. Elle décida de les laisser se disputer pour savoir qui aurait l'honneur de lui payer son verre alors qu'elle s'excusait pour aller aux toilettes.

Ce ne fût que lorsqu'elle se lava les mains qu'elle entraperçut son reflet dans le miroir. Ses yeux étaient vitreux et ses joues étaient rosées. Elle prit une minute pour s'éclabousser de l'eau froide sur le visage en une tentative pour retrouver sa contenance. "Et j'étais censée y aller mollo ce soir," pensa-t-elle en se séchant les mains et le visage et elle sortit des toilettes.

En se dirigeant vers la table, elle remarqua que les deux occupants étaient Jon et Sam et souleva ses sourcils en question en reprenant sa place à côté de Jon.

"Pyp a accepté d'aller chercher les boissons puisqu'il devait se lever pour aller fumer de toute façon." Offrit Sam avec un sourire.

"Je n'aurais jamais cru que je serais content de l'habitude qu'il a prise à l'étranger, mais à sa santé!" Dit Jon avec entrain en levant son verre presque vide au milieu de la table.

Alors qu'ils trinquaient, Jon lança un regard en coin à Ygritte et lui accorda un sourire décontracté. "Tu as l'air aussi bourré que moi," Dit-elle en posant dramatiquement sa tête sur son épaule et en le regardant en coin. En tout honnêteté, il était peut-être plus saoul qu'elle. Elle était toujours en plein milieu de sa dernière année à la fac, buvant souvent quatre soirs par semaine. Il arrivait à la fin de sa première année à ce boulot très exigeant et, en se basant sur ce qu'il lui avait dit, avait peu de temps pour les sorties les weekends, encore moins les soirs de semaine.

Il haussa les épaules, "Je suppose que tu as une mauvaise influence sur moi, alors."

Elle ricana; ça lui avait tellement manqué. Elle appréhendait déjà leur au revoir pour Dimanche. C'était toujours ce qu'il se passait. Tout était parfait quand ils étaient ensemble; puis la séparation était horrible. L'excitation de le revoir à nouveau était ce qui lui permettait de tenir bon quand ils étaient séparés mais, quand ils étaient ensemble, tout ce à quoi elle pouvait penser, c'était leur au revoir inévitables. Était-ce normal? Elle soupira. Elle avait déjà définitivement bien trop bu.

"Alors, Sam," Commença-t-elle après un silence prolongé, "Qu'est-ce qui se passe avec votre bande de l'école? J'ai l'impression que vous étiez unis comme les doigts de la main et maintenant tu es le seul dont j'entends Jon parler."

"On se parle tous de temps en temps, on essaye d'organiser un weekend au casino cet été avec les gars." Marmonna rapidement Sam, "On a tous été un peu occupés et éparpillés. J'étudie pour l'examen d'entrée en médecine, en fait, c'est aussi mon premier weekend de libre depuis un moment. Tu as choisi un bon weekend pour être en ville." Il prit une gorgée. Puis ajouta après coup, "malgré la chaleur insoutenable, évidemment."

Elle hocha la tête, "Eh bien, c'est excitant, Sam! Tu as une idée de là où tu vas aller pour la Faculté de Médecine?"

"Je ne suis pas encore certain. J'aimerais rester à Boston avec toutes les écoles d'enseignement et les hôpitaux affiliés, mais New York a aussi de super programmes et écoles."

"N'importe quelle école aurait de la chance de t'avoir!" Lui sourit-elle, sincère.

"Merci, Ygritte."

"Il y a quelqu'un de ton groupe de la fac à New York?"

Sam fit une pause pensive, "Je suis certain que pourrais trouver quelqu'un." Il prit une gorgée. "Où est Pyp avec ces boissons?"

Ygritte réfléchit une minute, "Non, il doit y avoir quelqu'un." Elle regarda Jon, "Non?"

"Je parle à quatre personnes de l'école, dont deux sont autour de cette table." Dit-il, cherchant autour de lui, après Pyp.

"Attends!" Se rappela soudainement Ygritte, "Et Daenerys?" Ygritte pensa avoir senti Jon se raidir à côté d'elle et le regarda curieusement. "Elle n'allait pas à l'université là-bas?"

"Elle pourrait y avoir été." Dit Jon de façon évasive.

"Pourrait y avoir été? Elle y allait ou elle n'y allait pas, Jon? Tu aides beaucoup." Ygritte roula les yeux, agacée, et sortit son téléphone. "Attends, je vais vérifier sur Facebook."

"On est obligé de faire ça maintenant?" Demanda Jon, la voix légèrement tranchante.

"Oui. Et qu'est-ce que ça peut te faire?"

"Je préférerais passer du temps avec mes amis plutôt que d'être sur mon téléphone." Dit-il en tendant la main vers son appareil, mais elle se montra plus habile que lui.

"C'est une bonne chose que ce soit mon téléphone!" Dit-elle, amusée.

"Ygritte," gémit-il.

"Ok." Elle leva les yeux du téléphone pour regarder Sam. "Oui. Elle étudie à Fordham." Son regard retourna vers son appareil puis vers Jon. "Intéressant." Dit-elle en soulevant un sourcil et elle leva les yeux vers Jon.

"Quoi?" Demanda-t-il en se déplaçant près d'elle.

"Des quinze amis mutuels que j'ai en commun avec elle, toi, petit-ami chéri, tu n'en fais plus partie." Le sourire d'Ygritte s'effaça lorsqu'elle vit Jon se détendre de manière apparente.

Ignorant la sensation dérangeante dans son ventre, elle demanda "Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça arrive?"

"J'en ai aucune idée, elle a probablement fait le ménage dans sa liste d'amis quand elle a quitté la fac."

Ygritte secoua la tête, "Ce n'est pas possible. Je ne la connais que par toi. Qu'est-ce que tu as fait? Tu t'es couvert de ridicule après la semaine des Terminales?" Elle taquinait à nouveau. La plupart du temps, il était timide, mais il y avait quelques rares occasions où il buvait juste assez pour s'embarrasser et ne pas s'en souvenir.

Il se pencha sur la table et posa sa tête dans ses mains, "Ugo. Je ne sais vraiment pas. On peut arrêter de parler de ça, s'il vous plait?"

"Arrêter de parler de quoi?" Demanda Pyp, arrivant en titubant, clairement plus bourré qu'il ne l'était quand il était parti, "J'espère que je ne vous ai pas trop manqué, les filles Jack Daniels sont là et m'ont convaincu de boire quelques verres au bar." Il était miraculeusement parvenu à quand même ramener quatre pintes remplies jusqu'à la table. "Et voilà, madame et messieurs!"

Jon prit gracieusement sa Guinness et prit une énorme gorgée.

"Alors, pourquoi on met Jon mal à l'aise?" Demanda Pyp à Ygritte.

"On parlait de ce qui s'était passé entre Daenerys et lui et ça le met à l'aise." Déclara Ygritte de façon détachée.

"Tu es au courant de ça?" demanda Pyp d'un air incrédule, "Wow, il ne te mérite pas."

"PYP!" s'exclamèrent simultanément Jon et Sam.

Ygritte se glissa hors du box pour se lever. "Ok, qu'est-ce qui m'échappe là, exactement." Elle fit une pause, elle pouvait entendre le tremblement dans sa voix. "Qu'est-ce que je ne sais pas?" Elle regarda Jon, "Qu'est-ce que tu ne veux pas que je sache?"

Jon, qui montrait soudainement un intérêt à jouer avec le papier abandonné d'une paille, prit une profonde inspiration et leva les yeux, "Ygritte, je—"

Sam interrompit, "Jon et Daenerys ont couché ensemble en première année."

La tête d'Ygritte se tourna brusquement vers Sam, "Quoi?"

"Je suis désolé, Jon. Tu aurais dû lui dire." Commença Sam, regardant Jon, puis bougeant pour fixer Ygritte, "Jon se sent coupable depuis des années de ne pas te l'avoir dit. Crois-moi, en tant que colocataire, je n'ai pas arrêté d'en entendre parler. C'était notre première semaine à l'école et ils étaient tous les deux très bourrés."

"Sam." Essaya de couper Jon.

Sam continua, "Ils n'ont pas échangé leurs coordonnés et ne se sont plus vus avant le deuxième semestre au cours de Shakespeare appliqué; à ce moment-là Daenerys sortait avec ce type, Drogo. Ils ont bien rigolé en parlant de leur première rencontre et sont devenus amis."

Ygritte se détendit, "C'est tout ce que c'était?"

"C'était un an avant même que tu ne sois à l'école," déclara Sam.

Ygritte sentit du soulagement, elle connaissait Jon depuis plus de quatre ans maintenant. Elle avait été dans la maison de sa famille pendant les vacances et dans la résidence secondaire de sa famille pendant des semaines en été. Sa sœur Sansa était comme une sœur pour elle. Sa mère l'appelait à l'occasion pour prendre de ses nouvelles. C'était un type bien, elle lui faisait confiance. C'était lui qui avait essayé de la convaincre de venir lui rendre visite de l'école. Il lui envoyait plus de SMS qu'elle ne lui en envoyait.

Il parlait de leur avenir ensemble.

Et pourtant…

Jon baissait de nouveau les yeux.

"Pourquoi elle t'a supprimé de Facebook quatre ans plus tard?"

Il baissait toujours les yeux.

Il prit une profonde inspiration.

"Jon?"

Un hoquet de Pyp brisa le silence et un déclic se fit dans la tête d'Ygritte à cet instant-là.

"Pyp," Elle le regarda, les mains tremblantes et son cœur battant la chamade, "Comment, exactement, est-ce arrivé jusqu'à toi que Jon et Daenerys ont une histoire d'un soir en première année de fac?"

Pyp la regarda avec des yeux lourds et s'avachit sur le banc, "Tu sais comment ces trucs viennent sur le tapis," fût tout ce qu'il put dire.

Ygritte fit passer son regard de Pyp à Sam, et puis vers Jon. "Est-ce que ça pourrait être parce que, pendant que vous étiez à Londres avec Jon et Daenerys, Jon et Daenerys ont redécouvert peu importe ce qui s'était passé entre eux en première année?" Alors que la question lui sortait de la bouche, ses yeux étaient rivés sur Jon.

Quand il parvint enfin à lever les yeux de la table, l'expression sur son visage fut une confirmation suffisante.

Elle n'arrivait pas à respirer. Elle crut qu'elle allait vomir.

Elle baissa les yeux sur ses pieds. Pourquoi avait-elle choisi de porter ses bottines d'hiver? Elle aurait dû regarder la météo avant de monter dans le train cet après-midi.

Elle ferma les yeux et prit une profonde respiration. Voulant que ce soit un mauvais rêve.

Elle ouvrit les yeux sur une vue trouble de la même scène et des larmes sur ses joues.

Elle ouvrit la bouche pour parler, "… Je..." Elle resta sans voix.

Elle tendit la main pour prendre sa veste et son sac et sortit précipitamment du bar.

Ce ne fut que lorsqu'elle arriva dehors qu'Ygritte réalisa qu'elle ne savait pas où elle allait. Elle tourna à gauche et commença à marcher, puis s'arrêta, se retourna et commença à marcher, puis s'arrêta et resta immobile pendant une minute.

"Ygritte," Elle reconnut la voix de Jon derrière elle mais, d'une façon ou d'une autre, elle sembla complètement étrangère. "Ygritte, je t'en prie, parle-moi."

Elle n'avança pas, elle ne se retourna pas, elle ne savait pas quoi faire.

"Ygritte," Souffla-t-il, "Je suis désolé. Je…" Il s'interrompit.

Elle tournoya sur elle-même.

"Tu es désolé." Accusa-t-elle. "Tu es désolé?"

Il avait touché un point sensible.

"Dis-moi, si le sujet n'était pas venu sur la table ce soir, est-ce que tu me l'aurais dit un jour?"

Il fit un pas en avant, elle fit deux pas en arrière et leva la main, l'implorant de garder ses distances. Il obéit.

"Réponds-moi!"

"Je t'aime."

"Ce n'est pas une réponse."

"Je voulais le faire," Ses épaules s'affaissèrent, "Je n'ai jamais eu aussi honte de quoi que ce soit de toute ma vie."

"Pourquoi?"

"Je me le suis demandé une centaine de milliers de fois."

"Est-ce qu'il y a eu quelqu'un d'autre?"

Il s'avança à nouveau, "Non! Jamais, bien sûr que non."

De nouvelles larmes lui montèrent aux yeux. "Qui est-tu?" Elle fit une pause, "Je te faisais confiance. Je t'aime. J'aime ta famille. J'aurais plus vite cru que tu avais dormi nu dans un lit avec une femme. Je…." Elle ne savait pas quoi dire d'autre.

Il tenta un autre pas et quand elle ne bougea pas, il l'attira dans une étreinte. "Ygritte, ce que Sam a dit est vrai. Je me suis détesté chaque jour."

Un sanglot lui secoua le corps tandis que ses bras s'enroulaient autour de lui et le serraient fort; rapidement, et puis le relâchaient. Elle se recula d'un pas.

"Tu m'as prise pour une imbécile, Jon."

"Non, Ygritte, jamais."

"Tu m'as menti, pendant des années. C'était un secret dont combien de personnes étaient au courant?"

"Je… Je ne peux pas trouver d'excuse. Mais de toutes les erreurs que j'ai faites, c'est la plus grosse."

"Mais ce n'était pas qu'une fois."

Silence, à nouveau.

"Combien de fois?"

"Quoi?"

"Combien de fois est-ce que tu as fait cette erreur particulière?"

"Ygritte, ça ne sert à rien de—"

"Ca ne sert à rien de quoi, admettre que ce n'était pas l'affaire d'un soir? Combien de fois as-tu baisé Daenerys à Londres?" Défia-t-elle, "Tu as perdu le compte?"

Il baissa à nouveau les yeux.

"Oh mon Dieu, il y a plus?" Elle secoua la tête, "Evidemment qu'il y a plus. Vous avez couché dans mon dortoir?"

"Non, bien sûr que non."

"Oh, bien sûr que non." Se moqua-t-elle. "Eh bien, quoi alors. Ca suffit avec ces demi-vérités. Je veux tout savoir. C'était quand la première fois et c'était quand la dernière fois?"

"La première fois, c'était comme Sam a dit, en première année."

"Et la dernière?" Elle croisa les bras.

Il soupira et ferma les yeux, "En terminale."

"Enfoiré."

"Oui." Il n'avait pas de défense

"En première année, une fois. Ta deuxième année?"

"Non!" affirma-t-il, sur la défensive.

"Le début de notre relation, comme c'est galant de ta part." Bouillonna-t-elle. "Troisième année à Londres, le deuxième semestre, quand tu es revenu?"

"Seulement une fois."

"Tu n'as pas compté à Londres, mais tu l'as fait ici. Bien entendu…"

"On n'avait pas l'intention …" Il s'arrêta, réalisant l'erreur de ses paroles.

"Pas l'intention de le faire à Londres, mais bien ici?" Sa voix s'élevait, "Où est-ce que j'étais le weekend où tu as couché avec elle à la maison? J'étais partie?" Son ton était accusateur mais elle était presque certaine d'avoir raison.

"Oui," Il ferma les yeux et fit passer son index et son pouce sur l'arête du nez, "Ygritte, rentrons dans mon appartement pour finir ça, s'il te plait. Les gens commencent à—"

"Commencent à quoi? Je te fais honte?"

"Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire…"

"Combien de fois en terminale?"

"Ygritte…"

"Combien de fois."

"Je ne sais pas!" Aboya-t-il. C'était la première fois que sa voix s'était élevée de toute la soirée, "C'était quand tu étais en Italie, d'accord? C'est ce que tu veux entendre? Bon sang. Tu crois que j'en suis fier? De tout ça? J'ai été à confession après chaque fois, mais ça n'y a pas mis un terme."

"Eh bah, mon pauvre chou."

"Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais."

"Est-ce que tu l'aimais?" Dit non, la prière silencieuse dans le fond de son esprit.

"Putain, c'est quoi ce genre de question?"

C'est une question à laquelle mon petit ami devrait pouvoir répondre. Elle rit. "Mon petit-ami qui, jusqu'il y a une heure et demi d'ici, j'étais certaine que j'allais épouser. Qui était en moi il y a cinq heures, qui est la seule personne qui ait jamais été en moi, me dit qu'il a eu une relation de plusieurs années avec l'une de nos amies mutuelles et c'est absurde de ma part de demander s'il l'aimait?"

"Qu'est-ce que tu veux que je dise? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?"

Je veux dire que tu dises que tu ne l'as jamais aimée, pensa-t-elle. Mais elle dit, "Je veux que tu sois la personne que je croyais tu étais il y a une heure," Avec ça, elle tourna les talons et commença à s'éloigner de lui.

"Ygritte, je t'en prie, ne t'en va pas comme ça."

"Pourquoi? Tu as peur que je tourne le dos trop longtemps et que tu tombes entre les cuisses de Daenerys?"

"Ce n'est pas juste."

"Pour qui ?"

"Ecoute, il est tard. On a bu. Tu es dans une ville que tu ne connais pas. Au moins, viens rester chez moi." Il se pressa pour rester à sa hauteur.

"Non." Dit-elle sans même le regarder.

"Je dormirai sur le divan, tu peux prendre le lit. Ou tu peux prendre le divan, je m'en fiche. Comme tu veux."

Je veux que tu répondes à la question. "Non."

"Je vais rester chez Sam, tu peux avoir mon appartement pour toi toute seule."

"Non."

"Je vais te payer l'hôtel."

"Non."

"Je vais…"

"Arrête. Casse-tout loin de moi, bordel."

"Ygritte, tu ne peux pas me fuir dans cette ville, tu n'es encore jamais venue ici. Ton sac de voyage est dans mon appartement."

"Garde-le, je ne veux rien avoir à faire avec toi." Elle accéléra le pas; elle courrait presque.

Jon tendit la main pour lui attraper le bras; aucun des deux ne s'attendit à ce qui se passa ensuite. Soudainement, sa main se serra en un poing et entra en collision avec son visage avec une force qu'aucun des deux ne savait qu'elle possédait. Pris au dépourvu par le coup, Jon tituba en arrière et se pencha en avant.

Ygritte s'arrêta un instant, juste un instant, pour confirmer qu'elle ne l'avait pas véritablement blessé. "Reste. Loin. De. Moi." Elle ne réalisa ce qu'elle avait dit que lorsque les mots avaient quitté sa bouche et qu'elle avait déjà mis un pâté de maison entre eux.

Il n'avait jamais répondu à la question. Pourquoi n'avait-il pas pu simplement répondre à la question?

Parce que, Ygritte, pensa-t-elle, s'il n'avait pas aimé Daenerys, tu n'aurais pas eu besoin de demander…


Jon essaya de suivre son rythme ou de rester à la traine derrière elle, pour essayer de s'assurer qu'il ne lui arrivait rien, mais il perdit sa trace. Il essaya de l'appeler, lui laissa des messages vocaux, lui envoya des SMS. Il essaya de contacter ses colocataires et ses amies les plus proches. Les supplia de juste lui confirmer qu'elle allait bien. Tout fut ignoré et resta sans réponse.

Samedi matin, il se réveilla avec le soleil sur le visage, une gueule de bois (à la fois émotionnelle et physique) et aucune notification sur son téléphone. Après une autre série d'appels, de messages vocaux et de SMS, il se força à sortir du lit pour prendre de l'Ibuprofène et de l'eau. Il en était à son troisième verre d'eau quand son téléphone vibra enfin. La vague de soulagement qu'il ressentit diminua rapidement quand il vit l'expéditeur et le contenu du message…

Ca venait de Daenerys et ça disait "Je suppose que les choses ne vont pas super bien avec Ygritte?" et il y avait une capture d'écran d'un message posté par la colocataire d'Ygritte sur le mur Facebook de Daenerys qui disait "Pour ceux qui se demandent le genre de Personnes que Jon Stark et Daenerys Targaryen sont, ils ont couché ensemble en douce dans le dos d'Ygritte Snow pendant trois ans. N'hésitez pas à partager ça avec toute personne qui devrait être au courant."

La tête de Jon bourdonna un peu plus à cet instant. "Putain!" S'exclama-t-il à personne en particulier.

Son téléphone vibra à nouveau:

"Aujourd'hui est probablement une journée difficile pour toi. Et j'en suis vraiment désolée. Mais si ça peut te remonter un peu le moral, je viens littéralement de devenir amie avec le type qui m'a tapé dans l'œil dans mon cour d'éthiques. Donc je suis assez certaine que c'est fichu. En plus, Jon, cette fille a écrit le "P" de personnes en majuscule. Au milieu d'une phrase. WTF."

Malgré lui, Jon sourit et répondit, "La génération du millénaire…"

A suivre...