Une silhouette se dessinait dans un coin de l'immense gymnase. Les semelles crissaient sur le sol et le filet frissonnait chaque fois que le ballon y passait. Les vibrations des pas puissants raisonnaient en chacun et le panneau en bois qui maintenant le panier tremblait à grands coups. Les coups de sifflet s'enchainaient, de même que les cris, les grognements et les halètements. Les joueurs s'entraînaient de toutes leurs forces, motivés à bloc. L'entraîneur supervisait tout ça depuis son banc, sans même remarquer la silhouette. À vrai dire, personne ne l'avait encore remarquée. Elle frissonna en en prenant conscience. Avait-elle si peu de présence ? Mais après tout, ça lui allait. Elle avait tout fait pour qu'on ne la reconnaisse pas, pour qu'on ne la voit pas, allant jusqu'à respirer très faiblement sous sa capuche noire. Seul le bas de son visage féminin dépassait de la capuche. Sa main droite se serra involontairement et sa chevalière gothique appuya sur sa paume douloureusement. Oh, oui, elle avait envie de jouer. Son regard analysait le moindre geste des joueurs sans que ceux-ci ne le sachent. Des frissons d'impatience la parcouraient fréquemment. Soudain, le ballon s'échappa du terrain lors d'une passe maladroite et roula jusqu'à la silhouette. Alors, tous se tournèrent vers elle : le ballon s'était arrêté juste devant elle. Soupirant, elle secoua doucement la tête, ne laissant rien dépasser de sa capuche autre que ses lèvres rouges et son menton fin. La silhouette attrapa le ballon et le lança vers un jeune homme aux cheveux blonds. La balle fila vers lui et l'homme eut toutes les peines du monde à l'arrêter, dérapant sur quelques mètres. Leurs regards se rencontrèrent sans que le blond ne le sache et il entrouvrit la bouche, surpris. Un jeune homme brun s'approcha de la silhouette. Il essaya de l'analyser du regard, mais ne put rien déterminer. Il ne savait même pas si c'était une fille ou un garçon : ses formes étaient cachées dans de larges vêtements de sport. Son regard glissa sur le seul endroit de son visage qu'il pouvait voir sans savoir où il pouvait regarder.
- Je suis la capitaine de cette équipe. Qui es-tu et que fais-tu ici ?
Sans répondre, la silhouette se redressa du mur sur lequel elle était précédemment appuyée. Le brun s'arrêta net, légèrement surpris. La silhouette s'avança à son tour vers le capitaine, sans s'approcher assez pour qu'il puisse voir plus de son visage. Le regard qu'elle lui lança fut empli d'amusement.
- Je sais bien qui tu es, Kasamatsu-san. Je ne faisais que passer.
Puis la silhouette partit vers la porte de sortie. À une dizaine de mètres de celle-ci, elle fit une esquive agile vers la gauche, laissant le blond s'écraser lourdement sur le sol. Celui-ci était d'autant plus surpris. Comment avait-elle pu le deviner alors qu'il courrait le plus silencieusement possible ? La silhouette encapuchonnée claqua de la langue, signifiant son agacement.
- Kise-kun, tu es bien trop prévisible. Fais donc plus attention à ça.
Puis elle repartit, laissant le blond et son équipe totalement à l'envers. Même le coach n'avait pas su quoi dire. Dans le gymnase, ça bouillonnait. Kasamatsu frappait encore Kise qui pleurnichait qu'il n'avait rien fait de mal. Le reste de l'équipe discutaient entre eux de leurs impressions. Le coach, lui, était en pleine réflexion. Cette personne, qui qu'elle soit, était un danger pour son équipe. Elle les avait observé, elle connaissait chacun d'entre eux et était même au courant de leurs faiblesses. Elle possédait aussi une force considérable. Oui, vraiment, cette personne était dangereuse pour la survie de son équipe. Il se promit mentalement d'enquêter avant de reporter son attention sur ses joueurs.
- Et bien ? Retournez au travail ! C'est pas comme ça que vous serez prêts pour l'Inter-lycée !
Ils obéirent aussitôt, bien que tous préoccupés par cette personne étrange.
Un jeune homme aux cheveux couleur ciel d'été et aux yeux de la même couleur restait sur le banc, à regarder son téléphone portable bleu, depuis déjà plusieurs minutes. Un jeune homme bien plus grand vint l'apostropher avec un grand sourire :
- Kuroko ! Viens plutôt t'entraîner avec moi !
Le concerné restait concentré sur son téléphone portable. Le plus grand eut une moue déçue puis s'approcha du plus petit, appuyant son torse contre le dos de son ami. Leurs cheveux détonnaient étrangement entre le rouge foncé et le bleu clair. Mais, en soit, c'était leurs différences qui étaient si admirables. Le rouge passa sa tête au dessus de celle du bleu pour regarder l'écran du téléphone portable.
- Kise-kun ? Lit-il, surpris. Pourquoi tu parles à Kise ?
Kuroko s'écarta de lui en le vrillant de son regard inexpressif.
- Il y a une étrange rumeur parmi les membres de la génération des miracles.
- Laquelle ?
- Une personne qu'aucun d'entre nous ne connaîtrait assisterait à un entraînement de chacun d'entre nous sans même que l'on ne l'aperçoive. Akashi-kun a confirmé le fait et Kise-kun nous a révélé que cette personne était passée à Kaijo pour son entraînement du jour.
Le rouge sembla un instant perdu, puis il réfléchit et fit :
- Et bien ! J'espère qu'elle se présentera ici aussi, que je puisse la questionner !
Kuroko secoua la tête négativement.
- Non. Kise-kun a déjà essayé de la forcer à discuter, mais elle l'a évité sans problème et est partie.
Son regard se planta dans celui, surpris, du plus grand.
- Elle est très agile et possède beaucoup de force. Il serait même possible que ce soit un défi pour nous, joueurs de la Génération des Miracles.
L'homme l'observa silencieusement avant de demander :
- On n'a aucun indice sur cette personne ?
- Non. Le coach de Kise-kun et Akashi-kun font des recherches, mais celles-ci n'aboutissent pas, vu qu'on ne connaît même pas son visage.
Le plus grand sembla soudain trop sérieux. Il réfléchissait à toute allure, le regard perdu dans celui de son coéquipier qui finit par lui tendre le poing.
- Ne réfléchis pas trop, Kagami. Allons plutôt nous entraîner.
Le concerné eut un sourire carnassier et appuya son poing contre celui du plus petit. Kagami partit en trottinant, accompagné de Kuroko, sur le terrain.
Un jeune homme aux cheveux rouges comme des flammes ruminait sa rage. Tous ses coéquipiers en pâtissaient sérieusement, mais ils n'y pouvaient rien. Les recherches du capitaine au cheveux rouges étaient parties du néant et s'étaient perdues dans celui-ci. Il se souvenait de cette silhouette, appuyée au mur à côté de la sortie du gymnase. La personne était à peine plus grande que lui de taille. Sa voix était neutre, ni féminine ni masculine, mais le bas de son visage était typiquement féminin. Ses lèvres rouges l'avaient attiré un instant, puis il avait continué son observation. La personne faisait un poids indéfini à cause des vêtements trop grands qu'il ou elle portait. Ceux-ci étaient d'ailleurs noirs et sans personnification aucune. Une capuche cachait plus de la moitié de son visage, mangeant presque ses lèvres d'apparence si douces. Peut-être sa carrure était-elle frêle ? Ou musclée, au contraire ? Il n'en savait rien et ça l'enrageait. Il se jeta sur son canapé brun avec frustration. Il était seul dans son immense salon, il avait renvoyé les valets dans les cuisines. Un téléphone rouge vibra sur la table basse. Poussant un soupir agacé, le capitaine attrapa celui-ci et décrocha sitôt après avoir vu le nom affiché.
- Tetsuya ?
- Akashi-kun, nous avons à parler.
- Comment ça ?
- Elle est venue ici, à Seirin, mais je l'ai aussi croisée à Teiko, j'en suis maintenant certain.
- Tu sais qui elle est ? Le pressa Akashi.
- Non, mais je sais qui elle pourrait être.
- J'envoie une voiture te chercher immédiatement. Tu passeras la nuit chez moi, préviens tes parents.
- D'accord.
Le capitaine raccrocha et eut un sourire démoniaque. Il allait enfin avoir une information ! Cela le frustrait de savoir que cette personne en savait bien plus sur lui que ce qu'il savait sur elle. Il se pressa d'aller en cuisine pour ordonner qu'une voiture se dépêche chez son ancien coéquipier. Son ordre fut aussitôt suivi et il partit dans sa chambre. Là, il se changea, se débarrassant de son éternel costume chic pour une ensemble polo beige/pantalon noir. Akashi bailla et s'allongea sur son immense lit. Il avait encore environ deux heures avant que Tetsuya n'arrive. Il s'endormit donc rapidement pour passer le plus de temps éveillé par la suite.
La sonnerie du téléphone rose résonnait dans tout l'appartement. Mal réveillé, ce fut un jeune homme aux cheveux bleu nuit qui vint décrocher.
- Allo ? Grogna-t-il d'une voix rauque.
- Daiki. Je te réveille, j'imagine ?
Il écarquilla les yeux et s'empressa de se réveiller.
- Euh… C-C'est pas grave, Akashi. Qu'y a-t-il ? Il est rare que tu veuilles me parler par le biais du téléphone de Satsuki.
- En effet. Je comptais lui en parler en première, mais puisque c'est toi que j'ai au téléphone… J'ai Tetsuya à la maison.
Cette nouvelle apeura légèrement le grand jeune homme à la peau mate.
- Euh… Oui ?…
Un bruit agacé lui parvint et c'est une autre voix qui prit le relais, une voix que Daiki préférait largement.
- Aomine-kun, j'ai des nouvelles sur la personne qui nous observait tous.
- Tetsu' ! Ah, euh… Ah bon ? Lesquelles ?
- Il s'agit en fait d'une fille. Une certaine Mizuno Kei. Elle était avec nous à Teiko. Elle m'a expliqué qu'elle recueillait des informations sur chacune de nos équipes et non sur chacun d'entre nous, mais je devine qu'elle veut nous battre. Le problème est : avec quelle équipe ? Et pourquoi ?
Un sourire apparut doucement sur le visage d'Aomine.
- J'en sais rien mais en tout cas, moi je suis heureux d'avoir un nouvel adversaire ! Même si ce n'est qu'une fille. Par contre, je me souviens pas du tout d'elle… Elle ressemble à quoi ?
- Elle est légèrement plus grande qu'Akashi-kun. Elle a des yeux vairons gris et or. Elle a un joli visage.
- Et la poitrine ?
- Je ne suis pas très bon juge en la matière.
- Roh, Tetsu' ! Tu pourrais au moins faire attention à ce genre de détails !
- Je préfère faire attention à ses capacités en basket-ball, Aomine-kun.
Puis le téléphone fut arraché des mains de Tetsuya puis la voix du début, celle qui faisait frissonner de peur Daiki, retentit dans le haut-parleur :
- Daiki, on s'en fiche de la poitrine de cette fille. C'est jusqu'à nouvel ordre une ennemie. Si tu la vois, préviens moi immédiatement. J'arriverais le plus vite possible. Tu devras la retenir jusqu'à mon arrivée.
- D-D'accord.
Puis l'appel fut raccroché par le capitaine et Daiki, à présent bien réveillé, soupira. Puis, un sourire étira ses lèvres. C'était Kei ? Il ne se rappelait pas clairement d'elle, mais il se souvenait l'avoir beaucoup appréciée dans le passé. Il espérait sincèrement la revoir le plus rapidement possible.
Le jeune homme aux cheveux verts raccrocha en contemplant quelques instants son téléphone. Avait-il bien compris ? Parce qu'il ne connaissait, de mémoire, aucune Mizuno Kei. Et sa mémoire était d'ordinaire infaillible. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Ce jour là n'était décidément pas une bonne journée pour les Cancers. Il grogna doucement puis reposa le téléphone vert sur son bureau, à côté de ses livres de cours. Le jeune homme se remit à ses études, mais il ne cessait de se déconcentrer pour se concentrer sur la jeune femme décrite par son ancien capitaine. Une jeune femme d'environ 1m75 aux cheveux mauves et aux yeux vairons gris et or. Il ne se la représentait pas, ce qui l'agaçait. Il finit par abandonner ses devoirs, rangea ses affaires et sortit son ordinateur portable. Il l'alluma, attendit quelques instants qu'il soit bien allumé, puis il ouvrit son moteur de recherche. Il entra les deux mots « Kei » et « Mizuno » et attendit la réponse. Bien évidemment, il n'y avait aucune page la concernant, et aucune image non plus. Elle avait sans doute camouflé son identité de son mieux. Le vert grommela avant de faire une autre recherche. « Basket Mizuno ». Il tomba sur des chaussures de sport appelées Mizuno. Il était frustré. Il recommença sa recherche en ajoutant le mot « Teiko ». Là, il trouva un site sur le sujet d'un homme appelé Mizuno. Il était un entraîneur bien connu de Teiko, bien avant que le vert entra à ce collège. Mizuno était reconnu mondialement. L'article parlait de sa réussite totale : il avait une femme magnifique, deux jumelles d'un an qui s'intéressaient déjà au basket-ball et sa carrière était à son sommet. Le jeune homme fronça les sourcils, se demandant pourquoi la carrière de Mizuno s'était arrêté alors que sa carrière était au sommet et que ses filles étaient des futures championnes. Il passa sa soirée à y réfléchir.
Atsushi était dans son lit, allongé, du sucre sur les lèvres. Une sucette demeurait dans sa main gauche. Il la mangeait distraitement, sans même se concentrer sur son goût. C'était bien anormal pour lui. Ses pensées étaient toutes dirigées vers une seule et unique personne, cette personne dont il avait eu l'honneur de croiser le regard vairon en la rattrapant après le petit passage de celle-ci à son entraînement à lui. Elle lui avait fais signe de se taire avec un sourire tendre, lui avait offert une sucrerie puis avait murmuré : « S'il te plaît, n'informe pas les autres de ce que tu as vu, ne ? On se retrouvera bientôt et alors je t'expliquerais tout, promis ! ». Et lui, idiot qu'il était, l'avait laissée repartir sans rien dire. Il grommela. Le bruit était atténué par ses lèvres fermées autour du bonbon. Son regard était fixé dans le vide. Il s'en voulait, vraiment. Il avait peur d'avoir raté sa seule chance de l'embrasser. Kei… Son nom revenait sans cesse dans son esprit. De la Génération des Miracles, il était le seul à ne pas l'avoir oubliée. Et, très sincèrement, ça lui allait comme ça. Atsushi préférait que Kei lui appartienne à lui tout seul. Soudain, son pouls s'accéléra. Et si elle avait trouvé quelqu'un d'autre qu'elle aimait ? Après tout, c'était possible en un peu plus d'un an de séparation… Il ne le supporterait pas. Il ne voulait pas que quelqu'un d'autre que lui s'approche de la jeune femme. Pourtant, il n'avait pas osé l'embrasser. Il grimaça. Atsushi préférait vraiment quand d'autres prenaient les décisions à sa place. Et Kei les prenait souvent le concernant. Alors pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas embrassé ? Avait-elle vraiment quelqu'un dans sa vie, autre que la Génération des Miracles ? Atsushi recracha sa sucette qu'il balança à la poubelle sans même regarder cette dernière. Il était écoeuré. Il avait peur. Aussi frissonnant qu'un nouveau né, le grand jeune homme se glissa sous ses draps. Alors qu'il allait tomber dans l'inconscience, son téléphone vibra sur sa table de chevet. Atsushi soupira puis attrapa le téléphone mauve. À la vue du nom qui s'affichait, il décrocha aussitôt :
- Oui Akashicchin ?
Merci à tous d'avoir lu ce premier chapitre !
À vrai dire, j'ai du mal à savoir si je vais terminer cette fiction... Mais je vous promets d'essayer !
C'est un incipit, donc ce n'est qu'un avant-goût, en réalité, de l'histoire ;)
Des avis ? Dites-moi tout s'il vous plaît !
Jenkins.
