L'amour en toute logique

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Disclaimer : le spersonnages ne m'appartiennent pas, tout ça , tout ça...

Notice : pairing Holmes/Watson, catégorie slash soft

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- Vous avez quoi ? lâcha le médecin en s'étranglant sur son whisky.

- Ne m'obligez pas à me répéter, Watson, alors même que vous avez parfaitement saisi, répondit l'autre homme en levant les yeux au ciel l'air franchement impatient.

- Mais c'est ma femme, Holmes ! Ce n'est pas un objet dont vous pouvez disposer ! continua-t-il de crier.

- Elle nous gênait pour notre enquête, cessez donc de vous énerver pour rien et prenez cela comme des vacances.

Sherlock Holmes ne s'encombrait pas de broutilles et ne voyait pas l'intérêt de ménager son interlocuteur. C'était vrai en général et ça l'était plus particulièrement lorsqu'il s'agissait de John et du sujet "superflu" de son temps libre passé avec Mary. Et puis il n'y avait pas lieu de s'insurger, il avait juste expliqué à la jeune femme que John serait en vadrouille pendant une semaine pour une enquête de la plus haute importance...! Seulement, cette fois-ci, le médecin ne semblait pas prêt à se contenter de ruminer en silence.

- Pour vous, l'amour est du temps perdu.

Le détective soupira.

- Je n'ai pas dit ça, Watson, je dis que les femmes ont une fâcheuse tendance à emprisonner les hommes pour les empêcher de vivre, ou de s'enfuir.

- Vous n'avez donc jamais aimé? Eh bien je vous plains.

A peine prononcés ces mots, John Watson les regretta. Après tout, que savait-il de Sherlock Holmes, de sa vie d'avant et du fonctionnement de son âme? L'éclair indéfinissable qui traversa d'ailleurs les yeux orageux de son compagnon lui indiqua clairement que ces mots l'avaient pris au dépourvu réveillant quelque chose d'insondable dans ses prunelles d'ordinaire plus opaques. Il lui sembla même le voir trembler imperceptiblement.

- Je suis désolé, Holmes, je ne...

Le détective sortit de sa torpeur passagère et offrit à son ami un sourire qui lui parut plus factice que jamais et haussant les épaules dans un mouvement qu'il avait voulu désinvolte, il se contenta de répondre :

- Quelle bêtise que l'amour ! Il est bien loin d'être aussi utile que la logique, car il ne prouve rien, il prédit des événements qui n'arrivent jamais et fait croire à des choses qui n'existent pas*.

Watson le regarda avec des yeux ronds. Mine de rien, cette dernière tirade en disait long sur l'inaptitude congénitale de Sherlock Holmes à donner une chance à qui que ce soit d'entrer dans sa vie. Non, décidément, Holmes n'aimait que lui-même et compte-tenu de son tempérament invivable, c'était peut-être préférable ainsi...

- Vous ne trouvez pas terriblement froid un monde sans incertitudes, où tout a une explication? Où l'on ne prend aucun risque qui ne soit calculé ?

- C'est une façon comme une autre de se protéger, John...

Cette dernière phrase était venue comme un murmure, avec une étrange inflexion mélancolique que Watson n'avait jamais entendue dans la voix de son ami, comme si, l'espace d'un instant, furtif, cet homme complexe avait baissé la garde pour laisser passer quelque chose de plus personnel. Le simple fait d'utiliser son prénom...

Oui, John en était sûr à présent, il s'y cachait comme un aveu, une confidence, une autorisation à lire en lui un peu de ce qu'il gardait au fond de son âme troublée... Puis la faille se referma, faisant taire l'émotion légère dont le vibrato de sa voix était teintée. Et le ton plus ferme, il ajouta :

- Bon cessons ces considérations inutiles et mettons-nous au travail, voulez-vous...

Holmes disposa sur la table plusieurs photographies de meurtres non élucidés tous comportant des éléments de concordance qu'il paraissait soudainement crucial d'analyser dans l'instant même... Et ce léger empressement donnait des mouvements saccadés aux gestes du brun qui, décidément, ne lui ressemblaient pas. Holmes toujours si contrôlé...

Il énuméra les principaux indices d'une voix monocorde mais c'était inutile. Watson n'écoutait pas, il continuait de fixer le regard profond de son compagnon espérant trouver la réponse à une autre énigme bien moins rationnelle que celle qui occupait l'esprit du détective... Se protéger? Mais de quoi ? De l'échec sentimental ? Et l'amour qu'il définissait comme une illusion...

Le médecin se prit à croire qu'Holmes avait sans doute connu une passion dévastatrice et douloureuse avec une femme digne des romans à l'eau de rose qui l'avait dissuadée de retomber un jour amoureux. Et, naturellement, son obsession de la logique avait remplacé le besoin d'amour. CQFD ! La curiosité était trop grande. Alors avec un simple sourire, il demanda :

- Et vous protéger de quoi, s'il vous plaît ?

Cette fois-ci, l'intellectuel s'arrêta net et ancra des yeux incandescents dans ceux de son si volubile colocataire. Inexplicablement, John sentit la température de la pièce monter de quelques degrés. Ce regard flamboyant avait quelque chose de dangereux, de volcanique, de...euh... passionné ? Comme un chat, le détective s'approcha de lui et avant de fondre sur ses lèvres, il répondit juste :

- De vous, John.

A suivre...

(*) citation d'Oscar Wilde