Juliet

— Qu'est-ce que tu me veux ? attaque Sirius en me foudroyant de son regard électrique.

— Je suis… Vraiment, vraiment désolée, commencé-je, peinée.

— Ça n'a pas l'air. Tu sembles vivre une belle et paisible petite vie. Tout a l'air de bien se passer…

— Sirius tu n'as pas le droit de m'en vouloir…

— Ah je n'ai pas le droit ?! éclate-t-il de rire, d'un ton acide et froid.

— Laisse moi finir ma phrase !

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine et je dévisage avec peine le grand brun qui me fait face. Je suis vraiment, sincèrement, profondément attristée par cette situation. S'il croit que c'est facile, la réponse est non.

— Je… Adrian est…

— Je veux pas le savoir, coupe-t-il en s'éloignant de moi pour finalement partir s'asseoir sur l'établit du garage.

Il scrute les détails de sa moto d'un air vague tout en sortant une cigarette de son étui. Je l'observe silencieusement alors qu'il fait revenir avec nonchalance sa cheville gauche sur son genoux droit. Il tire longuement sur son mégot et emplit ses poumons de nicotine. Peu à peu, l'ambiance chargée de colère et de non-dits désemplit pour finalement faire place à la tristesse.

— Ce qu'on a vécu tous les deux pendant un an à réellement eu de l'importance pour moi, commencé-je calmement.

Il roule des yeux comme s'il réfutait aussitôt mon discours. Je sais qu'il me prend pour une belle parleuse mais c'est la vérité.

— Pas une seule fois je n'ai fait semblant avec toi, continué-je en m'approchant de lui. J'ai aimé chacun de nos moments et… Et tu es vraiment important pour moi, ton avis compte, ton bonheur me préoccupe et c'est d'ailleurs pour ça que cette situation est vraiment affreuse car je sais que tu souffres…

— Arrête, grogne-t-il.

— Ose me dire le contraire ! répliqué-je, piquée sur le vif. Ose me dire qu'on ne se connaît pas par cœur. Je sais ce que tu ressens Sirius. Pendant un an on a été plus soudé que jamais. On a pas passé une seule journée l'un sans l'autre. On se disait tout, on se confiait sur tout et j'ai été entière avec toi à chaque instant donc oui Sirius, je sais que tu as mal. Et pour cette raison, toi aussi tu devrais savoir que ça me tue ! Ça me rend folle !

— Épargne-moi ton discours de pleurnicheuse, réplique-t-il d'une voix rauque.

— Tout ce qui s'est passé entre nous m'a affecté et à réellement compté, défends-je. Tu es vraiment un ami précieux. Je ne veux pas te perdre !

— Mais putain tu peux pas tout avoir Juliet ! rugit le brun en se levant d'un bond. Il fallait réfléchir ! Il fallait faire un choix et il a été fait. Maintenant tu assumes et ne viens pas te plaindre qu'on ne puisse plus faire copain-copain !

Il tire longuement sur sa cigarette et me tourne le dos. Il semble à bout de nerfs. Plus tendu que jamais… Il expire une longue fumée grise dans les airs et tourne en rond comme une bête enragée, enfermée dans une cage. Avec précaution, je m'approche de lui et pose ma main sur son épaule. Instantanément, il se paralyse. Comme si mon toucher l'avait pétrifié. Les yeux embrumés de larmes et le cœur tambourinant dans ma poitrine, je prends mon courage à deux mains et le force à se retourner. Je rencontre à nouveaux ses yeux gris, intenses et sombres et déglutis avec difficulté. Aujourd'hui je m'en rends compte, ils ne sont pas tout à fait semblables à ceux d'Adrian et ce constat me frappe de plein fouet. Les siens sont plus clairs, plus purs. Ceux d'Adrian en revanche sont chargés de mystère, de complexité mais aussi de charme.

Sirius est à présent si proche de moi que je sens son souffle chaud chargé de colère se déposer sur moi. Son parfum citronné me picote les narines et je me rends compte également, que le mélange subtile de menthe, cigarettes et bois d'Adrian est davantage… davantage une fragrance que j'aime.

J'emplis ma cage thoracique d'air en une longue et profonde inspiration, censée me donner du courage mais tout se bloque. Tout se bloque et tout se mélange. Le regarder est une torture car je sais combien je lui fais du mal à mesure que je réalise que lui et moi, ça n'aurait jamais fonctionné. Je hais le fait de devoir lui faire du mal. Je hais cette sensation, je hais ce déchirement visible dans ses iris.

Aussi, je crois qu'il m'intimide. J'ai peur de lui et de comment il pourrait réagir. Je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir les foudres de Sirius s'abattre sur moi jusqu'à présent, et je m'en passerais bien. Son mètre quatre vingt et ses épaules larges et musclées dissuadent quiconque de se frotter à lui. Compressé dans sa veste en cuir noir, j'imagine tous les muscles de son corps se contracter pour encaisser, pour prendre sur lui. Plus que jamais, je lui dois des explications.

— Sirius, je… Corrige moi si je me trompe, commencé-je d'une voix nouée. Mais tu m'avais fait jurer que si jamais je commençais à ressentir quoi que ce soit pour toi, je devais te le dire. Pas vrai ?

Le grand brun me répond d'un grognement ennuyé. Il roule des yeux avant de revenir vers moi, impatient de connaître la fin de mon argument.

— Ouais, et ?

— Et cette promesse s'appliquait aussi bien pour toi, révèlé-je.

— Je suis désolé de te l'apprendre, mais les sentiments ça ne se contrôle pas !

— Exactement ! Tout comme moi je ne peux pas contrôler ce que je ressens pour Adrian ou pour toi, expliqué-je. Tu ne peux pas m'en vouloir de ne pas partager tes sentiments, je ne peux me forcer même si ce qu'on a vécu ensemble était très fort et très ambigu, pour moi ce n'était pas…

— De l'amour, complète Sirius, dépité.

Oh Merlin qu'on m'achève. Il me fait tellement de peine. Je m'en veux tellement de lui faire autant de mal et pourtant, ça ne peut en être autrement. Adrian s'est imposé à moi comme une évidence, je ne peux pas lutter. Tout comme je ne pouvais pas continuer à me voiler la face dans ma relation avec Sirius.

— Je sais que cette situation est dure pour toi, soufflé-je avec douceur en posant ma main sur son bras. Je la comprends tout à fait et je ne demande pas que tout redevienne comme avant, comme si tout cela était parfaitement normal car, rien ne sera plus jamais pareil. Mais je refuse de fermer les yeux sur toi, sur nous. Je refuse que notre amitié soit détruite.

Sirius soupire et enfonce son visage dans ses mains. Il passe ses doigts dans sa barbe avant de remonter son regard d'acier vers moi.

— Je. C'est encore trop… Frais.

— Evidemment, finis-je par acquiescer. Je le sais et je m'en doute. Alors prends autant de temps que nécessaire. Mais je veux juste que tu saches que… Je t'aime. Vraiment. Pas comme toi tu l'aimerais mais je t'aime et je resterai toujours là pour toi. Tu ne me perdras pas, quoi qu'il arrive. Le jour où tu seras prêt à revenir vers moi, je serai là.

Le brun m'observe silencieusement, ne sachant quoi répondre. Il soupire avant de revenir vers moi.

— Le problème, commence Sirius en reniflant difficilement. C'est que je ne t'ai jamais vue seulement que comme une amie alors… Je sais pas encore comment je vais gérer.

J'encaisse sa déclaration avec surprise. Je papillonne des cils et relève les yeux vers lui.

— Comment ça ? On a bien été amis un jour. Enfin je veux dire, avant tout, tout ça. On était amis…

Je suis interrompue par sa bouche qui esquisse un sourire malheureux. Son regard gris se dépose sur moi et me scrute avec intensité alors que sa main se soulève et passe une mèche de mes cheveux derrière l'oreille.

— Non Ju', souffle-t-il. On a jamais été ami. Pas moi en tout cas.

Les battements de mon cœur s'intensifient alors que je sens une énième lame s'enfoncer en moi.

— Jamais ? m'enquiers-je d'une voix tremblotante.

— Putain non. Jamais, avoue-t-il, ses yeux toujours ancrés dans les miens. Tu as toujours…

Il se mord la lèvre inférieure d'embarras et attend une réaction de ma part mais je suis comme pétrifiée. Incapable de réfléchir et d'analyser convenablement la situation.

— Tu m'as toujours plu, explicite-t-il sans ciller.

Il passe sa main derrière ma nuque et me ramène peu à peu vers lui. Je suis paralysée. Complètement ankylosée et happée par son regard désespéré. Comme s'il essayait de se raccrocher à quelque chose qui n'existe plus. Qui n'a jamais existé, pour être exacte.

— On… On devrait se dire au revoir, conseille-t-il finalement. Tourner la page. Faire place nette.

Surprise par son aveu, je papillonne des cils. Sans qu'il ne m'en laisse le temps, Sirius m'attire vers lui et je me cogne contre son buste. Ses grands bras puissants se referment sur moi et il me serre de toutes ses forces. Je réagis enfin et accepte son accolade. J'enfouis mon visage dans son cou, à la recherche de chaleur et de réconfort.

— Je sais que c'est pas moi dont tu as besoin, souffle-t-il, peiné.

— J'ai besoin de toi en tant qu'ami, contré-je, sûre de moi.

Il me dévisage quelques instants avant de finalement s'avouer vaincu. Il renforce sa prise sur moi et je m'imbibe de sa force, de sa chaleur, de son odeur et m'autorise enfin à souffler. J'en ai besoin. Lorsqu'il me dépose un baiser sur le sommet du crâne, je relève la tête vers lui et lui accorde un sourire contrit. Ses doigts brûlants reviennent vers mon visage et encadrent ma mâchoire, me forçant à ancrer mon regard dans le sien.

— Aurevoir.

— Je… Aurevoir, bégayé-je, chamboulée.

Sirius se penche vers moi et avant que je ne puisse l'anticiper, il aplatit ses lèvres douces et chaudes sur les siennes. J'écarquille les yeux et tente un mouvement en arrière mais la prise de ses doigts sur mon visage m'empêche de m'en défaire. Mon cœur explose dans ma poitrine alors qu'il happe mon souffle et caresse ma bouche contre la sienne. Je comprends alors qu'il a besoin d'un dernier baiser. Juste une dernière fois.

J'accepte alors son toucher et son baiser mais ne lui répond pas pour autant. Je caresse délicatement ses avant-bras qui m'entourent alors qu'il s'insinue dans ma bouche en poussant un souffle rauque. Il s'introduit en moi et me goutte une dernière fois. La toute dernière fois. Après ça, il sait que ce sera fini. A tout jamais.

La pression de ses lèvres sur les miennes se fait plus forte et mon cœur explose dans ma cage thoracique. Ses mains descendent délicatement le long de mon cou puis commencent à longer ma poitrine. Je l'arrête net et retire ses paumes de mon corps. Il rouvre alors les yeux et met fin au baiser. Il m'observe quelques instants avant de mordiller sa lèvre inférieure, comme s'il espérait encore me goûter.

— Tu ferais mieux d'y aller, réplique-t-il en retrouvant un masque de froideur.

Je papillonne des yeux et recule de deux pas. J'inspire profondément et me passe la main dans les cheveux. Je tire dessus comme si cela allait m'aider à encaisser toute la difficulté de la situation.

— Même si ce que je ressens pour toi est réel, commence-t-il. Je serai incapable de faire ce qu'il a fait pour toi. Tu mérites le meilleur.

— Toi aussi Sirius, soufflé-je. Et je n'étais pas la meilleure pour toi.

Il acquiesce silencieusement mais j'ignore s'il le fait pour me rassurer ou pour se convaincre. Je lui adresse un sourire timide puis décide de le laisser seul avec ses pensées et ses sentiments qui doivent se bousculer dans tout son corps. Je lui jette une dernière œillade avant de finalement disparaître du garage.

Cette histoire est définitivement derrière nous.

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Lorsque j'atterris au QG de l'Ordre du Phénix, il est déjà tard et l'appartement des jumeaux est plongé dans la pénombre. Après mon explication avec Sirius, j'ai opté pour une douche rapide pour finalement rejoindre Adrian au plus vite car depuis qu'il s'est fait viré de ma colloc, je n'ai plus de ses nouvelles.

Il doit être plus d'une heure du matin et il semblerait que tout le monde soit déjà au lit. Normal, en même temps. Je traverse le couloir et rejoint le salon, lui aussi plongé dans le noir. Il n'y a qu'une petite lumière rouge qui brille au loin, près des canapés. Je plisse les yeux et repère le tison de la cigarette d'Adrian.

— Salut, m'indique-t-il au loin, tapis dans l'ombre.

Il tire sur sa clope et son visage est illuminé quelques instants. Je déglutis avec difficulté et m'approche de lui, d'un pas hésitant.

— Hey…

— Tu me cherchais ?

— Oui.

— T'en as mis du temps, réplique-t-il froidement.

Aussitôt, mon palpitant s'accélère. Quelque chose ne va pas, je le sens, je le sais. Je m'humecte délicatement les lèvres et m'approche de lui à pas de loups. Je me laisse finalement m'asseoir à ses côtés. En silence, il me tend son joint que j'accepte.

— C'est… Ce sont des herbes magiques ?

Il acquiesce en soufflant un long nuage de fumée dans les airs. Il s'enfonce ensuite dans son siège et ferme les paupières.

— Petit mélange de plantes du Mexique. Le dernier qui me restait de ma boutique, précise-t-il.

— Ça vient du XXIème siècle ? percuté-je, en considérant le joint coincé entre mes doigts.

— Ouep. Certainement le premier et le dernier, savoure-le.

J'esquisse un fin sourire en coin et lorsque je m'apprête à sortir ma baguette pour l'allumer, il me devance et me tend la sienne. J'abdique et la réceptionne entre mes doigts fins et délicats. Elle est longue, bien plus longue que la mienne et est faite d'un bois noir irrégulier. Son manche en revanche est décoré d'un cuir brossé, de la même couleur, prodiguant une prise en mains plutôt confortable. Sans fioriture, elle est particulière et puissante, comme son propriétaire. Je l'agite et une petite flamme en jaillit à l'extrémité. Le flux n'est pas aussi puissant qu'avec la mienne mais elle me permet tout de même de rallumer le mégot. Je rends calmement la baguette au brun puis vient porter la drogue douce à ma bouche.

Je tire doucement sur le joint et me laisse embaumer par cette odeur si particulière, partagée entre le tabac et les herbes séchées. Un goût amer me remplit la bouche et s'engouffre dans ma gorge pour être enfin aspirée par mes poumons. La fumée pénètre aussitôt mes tissus veineux et se répand dans mon corps à la vitesse de l'éclair. Je sens le tempo de mon cœur décélérer et se faire plus lent, plus calme. Mon champs de vision se réduit et mes paupières deviennent lourdes, très lourdes. Je me laisse retomber en arrière sur le fauteuil et prend la même pose de dépravée qu'Adrian. Son truc est super fort et super puissant !

— J'ai discuté avec Sirius, indiqué-je finalement, au bout de quelques minutes silencieuses.

— Je sais.

Je lui passe le joint qu'il récupère puis le porte à sa bouche. Il tire dessus délicatement, aspirant toute la fumée puis s'amuse à la recracher par la bouche tout en la réinspirant par le nez, lui donnant des airs de dragon de feu. Je l'interroge du regard tout en me triturant les mains. Je ne sais pas trop comment aborder le sujet. Ni comment lui dire ce qu'il s'est passé.

— Il… Enfin. Il avait besoin de…

— Il t'a embrassé, coupe-t-il. Je sais.

J'écarquille les yeux alors qu'une vague de chaleur insurmontable déferle dans tout mon corps. La panique me gagne et je ne sais comment réagir.

— Comment tu sais ? soufflé-je. Tu as lu mes pensées…

— Il est venu me le dire, m'apprend Adrian en tournant enfin le visage vers moi.

Même dans le noir je peux distinguer l'intensité de ses prunelles grises. Ma respiration se bloque dans ma gorge, me donnant l'impression d'étouffer.

— Comment ça ?

— Il voulait t'éviter de le faire, explicite-t-il. C'est un bon samaritain, n'est-ce pas ?

— Je… Je suis désolée Adrian. Ce n'était vraiment pas partagé et…

— Je sais. Bizarrement, ça aussi, il me l'a dit. Que tu ne lui as pas répondu.

— Oui, chuchoté-je, à demi-mot, encore perturbée.

— Merci d'avoir quand même voulu me le dire.

Je remonte mes yeux vers lui et lui adresse un sourire timide. Pourtant dans le noir, je devine qu'Adrian a tout sauf envie de sourire ou même de rigoler. En même temps, il n'y a pas de quoi.

— Tu peux me faire confiance, avancé-je en glissant ma main sur sa cuisse.

Son regard se pose sur ma paume puis revient vers moi. Silencieusement, il tire une nouvelle fois sur son bédo puis me le tend en me le glissant directement entre mes lèvres. Son parfum boisé me percute et me retourne le ventre. Une main invisible compresse mes entrailles et me fait réaliser combien j'adore sa proximité. Les yeux fermés, j'inspire à plein poumon la drogue qui se propage peu à peu dans tout mon corps pour me plonger dans un second état de bien-être.

Adrian dépose son bedo dans un cendrier devant lui puis se cale à nouveau dans le fauteuil. Son regard revient vers moi tandis qu'il reste toujours aussi silencieux. Dois-je me méfier d'autant de calme ?

— Tu m'en veux ? m'enquis-je, embêtée.

— A toi ? Non.

J'acquiesce, comprenant que sa tension est dirigée vers Sirius et uniquement vers lui. Je redoute le jour où ils se retrouveront à nouveau en tête à tête. Les réconciliations ne sont pas prêtes d'arriver. L'un étant plus fier que l'autre… Je ne les imagine pas plier le genou un seul instant.

Mes pensées sont pourtant interrompues dès l'instant où Adrian glisse sa main derrière ma nuque me rapprochant alors un peu plus de son visage et de son souffle. Je devine ses mirettes intenses se planter dans les miennes et je me sens happée par son magnétisme.

— Dis-moi que t'es à moi, susurre-t-il.

L'arrête de son nez vient caresser la mienne alors que ses doigts fondent dans mes cheveux pour s'y agripper avec autorité.

J'aspire son souffle, pose une main sur son visage et me plaque à lui. Chaque parcelle de mon corps s'active à petit feu et me pousse à lui répondre positivement. J'ignore si c'est l'effet du joint ou non mais jamais il ne me semblait avoir déjà ressenti une telle chose. Des fragments de mon corps, jusque là inexplorés, s'illuminent et réagissent au timbre rauque d'Adrian. Incontrôlable, je m'approche plus encore de lui et frôle ses lèvres avec les miennes. Je joue avec lui, le titille et l'effleure, ce qui lui provoque un grognement impatient.

— Je suis complètement, entièrement, définitivement à toi, confirmé-je en esquissant un sourire en coin.

Je sens Adrian étirer son adorable et tentatrice bouche contre la mienne avant de m'entraîner à la dérive contre lui. Sa prise se fait plus ferme et je n'ai d'autre choix que de me plaquer à lui. Nos lèvres fiévreuses se rencontrent et aussitôt un ouragan, violent, vrombit dans mon ventre. Il naît de mon bas ventre et se propage dans mon corps comme un raz de marée. Mon cœur implose, ma gorge se compresse et la prise de mes doigts sur lui se fait plus forte. Mes pupilles se dilatent et je sors de ma torpeur pour peu à peu me retrouver assoiffée de lui. De son corps. De sa bouche. De son odeur. De son toucher. De tout. Je veux tout de lui.

La pression entre Adrian et moi monte et surgit tel un éclair. La main calée dans ma nuque m'attire plus encore vers lui au moment où sa langue, chaude et impatiente, force le barrage de mes dents pour rencontrer la mienne pour me posséder complètement. Il grogne contre moi et je passe une jambe par dessus pour me retrouver assise à califourchon sur ses genoux. La main libre du brun passe dans mon dos, sous mon pull et se dirige sans détour vers mon soutien gorge qu'il dégraffe en une demi seconde. L'autre reste fermement autour de ma nuque. Instinctivement, je me frotte doucement, lascivement, contre lui et je gémis d'impatience.

— Enlève-moi tous ces vêtements Thorn, gronde-t-il en passant mon haut par dessus ma tête.

J'étire un sourire et souhaite me débarrasser de mon sous-vêtement mais Adrian ne m'en laisse pas le temps et me l'arrache d'un geste rageur. Les bretelles de mon soutien gorge glissent le long de mes bras et avant que je n'ai le temps de souffler, sa bouche fond sur mon sein percé. Dès que l'humidité de sa langue vient flatter mon téton, je lâche un soupir emplis de plaisir. Je relâche la tête en arrière et enfonce mes mains dans ses cheveux ébouriffés.

— Putain bébé…, soufflé-je, comblée.

Il s'arrête quelque instant puis remonte ses yeux vers moi. Je glisse mon regard vers lui et l'interroge du regard. Pourquoi s'arrête-t-il ?

— J'ai pas rêvé la dernière fois, lance-t-il, perturbé.

— De… De quoi ?

— Tu m'as appelé « bébé », explicite-t-il en étirant un sourire arrogant. Ça m'excite encore plus…

Sa phrase se finit entre mes seins qu'il s'empresse de reposséder. Ses doigts brûlants parcourent mon corps et viennent réveiller chaque parcelle enfouie. Je souris de délectation. C'est vrai que je n'ai pas l'habitude d'employer les surnoms mais là, ce soir, je me sens perdre le contrôle sur ma retenue. D'ailleurs, je sens la drogue s'insinuer dans mon crâne pour m'alourdir et rendre tous mes gestes plus lents, plus calmes mais aussi plus sensibles.

Je gémis alors que je lui enlève à son tour son pull. Je rencontre son torse dur, brûlant, lisse et musclé où une constellation de petits grains de beauté descendent de son cou pour s'étaler sur son buste comme si un peintre l'avait éclaboussé avec ses pinceaux. Avide de lui, je lui remonte la tête et m'empresse de rencontrer à nouveau sa bouche. Je mords sa lèvre inférieure, rose et pulpeuse, et m'imbibe de son haleine mentholée.

Mes mains descendent à sa ceinture que je déboucle. Adrian m'imite et déboutonne mon jeans. Je me relève sur mes genoux et mon vêtement glisse sous mes fesses en embarquant mon string au passage, qu'il me retire brusquement. Pas de tergiversations possibles, Monsieur Potter me veut nue. Complètement.

Il me bascule sur le côté et tire sur mes vêtements qui quittent mes pieds. Ses grandes mains, chaudes et impatientes, plongent entre mes deux jambes en une douce caresse, me forçant à les entrouvrir. Sa bouche se dépose à l'intérieur de ma cuisse qu'il baise délicatement avant de faire pression sur ma peau. Lorsqu'il la délaisse, pour descendre un peu plus loin, je devine une marque de succion apparaître. Il réitère l'opération sur mon autre jambe alors que ses ongles ne s'enfoncent dans ma peau. Il veut me marquer, me posséder, complètement. Et j'adore cette idée. Mon corps est à son entière disposition.

Sa tête ébouriffée descend un peu plus loin et son corps s'étale sur le canapé. Il m'écarte les cuisses et les passes par dessus ses épaules. Mon dos butte contre l'accoudoir et je crois défaillir dès que je sens son souffle se déposer sur ma féminité. Il remonte ses yeux provocants vers moi alors que ma respiration reste bloquée dans ma gorge. La drogue ralentit mon palpitant et ma réactivité mais il n'empêche que je connais très bien ses intentions et je ne rêve que d'une chose, c'est qu'il les exécute. Plongée dans la pénombre, je ne distingue que ses yeux brillants et les muscles de son dos qui évoluent au fur et à mesure de ses gestes, éclairé par les rayons de la nuit qui traversent les rideaux du salon.

— T'en as envie, n'est-ce pas ? provoque le brun en approchant un peu plus sa bouche de mon entrejambe.

Je me mords la lèvre inférieure et acquiesçe positivement, incapable de prononcer la moindre parole tant je suis tétanisée. Mon besoin de le ressentir entre mes chairs est tellement fort que le monde entier semble figé sur la touche pause. Je déglutis avec difficulté alors qu'il accentue son sourire en coin supérieur. Il est tellement arrogant, tellement provoquant. Ça me grise de la tête aux pieds.

Enfin, il entrouvre ses lèvres et plonge tête la première entre mes cuisses. Sans hésiter, il me passe un grand coup de langue, du bas vers le haut et je sursaute. Mes ongles s'enfoncent dans le cuir du canapé tandis que mon cœur loupe un battement. Il réveille toutes mes terminaisons nerveuses ce qui me fait illico mouiller de désir.

Adrian s'abreuve de ma réaction, les yeux toujours remontés vers moi puis retourne s'atteler à la tâche. Cette fois-ci, sa chaleur humide passe dans une extrème lenteur entre mes deux chairs et je crois défaillir.

— Han putain, soufflé-je, pantelante, en relachant la tête en arrière.

— Ne t'arrête surtout pas de gémir, ordonne-t-il en déboutonnant l'ouverture de son jeans que je devine compressée.

Putain. Je veux le voir nu, moi aussi. Ma jambe, passée par dessus lui, se tend et je viens coincer mon gros orteil dans la couture de son pantalon pour lui faire comprendre que son vêtement est de trop. Après deux autres coups de langues bien placés, il soupire et se redresse sur ses genoux.

— Qu'est-ce qui t'arrives bébé ? On peut plus bosser tranquille ici…

— Déshabille-toi, demandé-je, impatiente.

— Hin-hin, contre-t-il aussitôt en s'approchant dangereusement de moi.

Il m'agrippe par le cou et plonge ses yeux féroces dans les miens. Son parfum boisé me percute tandis que l'arrête de son nez me frôle le menton.

— C'est moi qui donne les ordres maintenant, me souffle-t-il au visage. Compris ?

J'étire un sourire, encore plus exaltée que je ne l'étais. Il veut très clairement me faire payer l'épisode de la cuisine où je l'ai ligoté à sa chaise. Le voir aussi directif m'exalte à un point insoupçonné. Bon sang, je rêve de lui répondre au centuple. Voyant que je reste silencieuse, Adrian renforce sa prise autour de ma trachée, me coupant la respiration.

— Compris ? répète-t-il, la mâchoire serrée.

— Compris, acquiescé-je en hochant vigoureusement de la tête.

Satisfait, il me relâche brusquement et je reprends une grande bouffée d'air. Il revient en arrière et retire son jeans et son boxer d'un coup, me laissant quelques secondes à peine pour admirer sa virilité gorgée d'excitation. Il retrouve presque immédiatement le chemin de mes cuisses en les repassant par dessus son épaule en de douces caresses sensuelles.

— La vue, c'est cadeau, répond-il en m'adressant un clin d'œil taquin.

Je comprends alors qu'il fait référence à son fessier mis à nu sur lequel j'ai une vue plongeante. Bordel… Je veux y planter mes ongles. Elles sont rondes, musclées, rebondies. J'aime tellement les toucher. Pourtant, je suis coupée à mes envies dès l'instant où sa langue revient sur ma féminité.

— Han Ad', soufflé-je.

J'aime tellement te lécher.

Sa voix grave résonne dans ma tête et je ferme les yeux, le laissant prendre une totale possession de mon corps et de mon esprit. Je rends les armes, complètement. Je me livre à lui, entièrement.

Il me lappe délicatement, écartant mes lèvres à chacun de ses assauts pour finalement venir flatter mon clitoris. Il en trace le contour sans jamais vraiment le toucher. Je serre les dents et m'enfonce un peu plus sur le canapé, nageant en pleine extase. Ma main droite glisse entre ses mèches et j'appuie un peu plus sur son crâne pour le forcer à approfondir son baiser mais il m'en empêche en s'emparant de mon poignet. Sa force se resserre autour de moi et je suis immobilisée.

Gentille, sinon toi aussi tu finis attachée.

Je ricane et reprends mon bras pendant qu'il continue de s'adonner à la tâche. Mes yeux tombent sur le cendrier en cristal et sans hésiter, je reprends le mégot éteint. Je m'empare de la baguette d'Adrian tombée à terre et le rallume.

— Hum bébé, c'est tellement bon, soufflé-je.

Il ne répond pas et continue, très concentré et entièrement dévoué à son travail. Je porte le joint à ma bouche et tire longuement dessus. Une fois de plus, je descends de quelques étages sur l'échelle de la retenue. J'ai chaud, des gouttes de sueur perlent de ma nuque jusqu'à ma colonne vertébrale. Je clos mes paupières et me laisse sombrer dans cette douce folie.

— Comment ça se fait que c'est aussi puissant ton truc ? demandé-je d'une voix traînante en en envoyant en l'air un épais nuage de fumée.

Parce que c'est de la bonne cam, avoue Adrian. Ton sang va se liquéfier, tu vas avoir très chaud, tes orifices vont… se détendre et surtout, tu vas tout ressentir deux fois plus fort que d'habitude.

— Han Adrian… Ça fait déjà effet je crois.

Parfait. Partage un peu.

Il remonte la tête vers moi au moment où je tire une seconde fois. La drogue pénètre mes tissus et sa bouche se rapproche de la mienne. Comme si son esprit et le mien ne font qu'un, je devine parfaitement son intention. Lentement, je lui recrache ma fumée qu'il aspire entre ses lèvres, les yeux plantés dans les miens.

— Ton niveau de baisabilité vient de passer de cent à mille pourcent, grogne-t-il.

J'esquisse un sourire et vient glisser le bédo entre ses lèvres. Il tire dessus longuement avant de retourner à l'étage inférieur. Sa fumée descend avec lui, réchauffant mon corps de quelques degrés. Ses baisers puis ses dents se plantent sur mon pubis pour qu'au final, sa langue, brûlante et humide, ne revienne sur ma féminité. Elle s'infiltre entre mes chairs, me pénètre et vint lubrifier mon antre déjà bien excitée, puis revient sur mon clitoris. Je gémis et me tords sous lui, le dos cambré au maximum pour lui offrir un angle d'attaque imprenable. Ses bras forts et musclés entourent mes hanches et ses ongles viennent s'enfoncer dans mon derme. Je tressaille, au bord de l'apoplexie. Ma poitrine se soulève au rythme de ma respiration lente et profonde. Mes mains coulissent le long de mon cou puis viennent se déposer sur mes seins. Je les prends à pleine paume, les caresse et vient jouer avec mes tétons gorgés d'excitation. Mes plaintes essoufflées et grandits de plaisir se font plus fortes, plus lentes, plus aiguës.

A ce moment là, je sens mon corps se disloquer. Entièrement. Complètement. Ma vision se grésille, tout se trouble. Je vois floue et en même temps tout se fait plus net. J'ai l'impression de faire un focus puis un dé-zoom sur la tête d'Adrian enfoncée entre mes deux jambes. Les palpitations de mon cœur se font ressentir de mon crâne jusqu'à la pulpe de mes doigts. Ma tête tourne, tourne. Et moi je fonds, fonds. Mes muscles se détendent. Tout mon corps se relâche. Je me dissous. J'ai l'impression d'être du chocolat qui fond en plein soleil et je me disloque sur le canapé en un millième de petites gouttes. Toutes connectées les unes entre les autres. Je sens tout. Incroyablement tout. Mes palpitations sont logées à chacunes de mes extrémités et résonnent en moi comme un diapason. C'est bon, c'est fort, c'est unique. Chacune des caresses d'Adrian me transportent dans une autre dimension. Tout résonne. Tout me fait trembler, me fait fondre. Je suis complètement à sa mercie, complètement entière.

— Ne t'arrête surtout pas, indiqué-je au brun, dans un souffle.

Il remonte les yeux vers moi et je rugis de plaisir, mon bouton de chair titillé à son paroxysme. Je sens une longue goutte de cyprine se former à l'entrée de mon antre tant elle en déborde pour glisser lentement entre mes chairs et descendre à l'orée de mon fessier. Comme s'il l'avait sentit, Adrian relève mes jambes et fait revenir mes chevilles vers moi. Aussitôt, sa langue vient cueillir le filet de mouille qui glisse sur ma peau. En une seule et grosse lampée, il revient vers ma féminité et récolte tout le surplus dans sa bouche. Je le vois déglutir et revenir vers mon clitoris, affamé.

Oh bon sang… S'il s'est donné comme objectif de me refaire découvrir l'orgasme, il est sur la bonne voie. Je me sens tellement planer, être tellement conquise par le plaisir que je n'y vois plus clair. Adrian me lappe, me titille, me contourne, me caresse, m'aspire. Je tremble, me cambre, me crispe. C'est tellement bon !

— Oh oui !

Encore, encore, ne t'arrête surtout pas. Ses doigts viennent trouver l'entrée de ma féminité pour venir s'y glisser délicatement à l'intérieur. J'ignore combien de doigts il y a en moi, deux, trois, quatre peut-être, je n'en sais rien mais ce que je ressens est prodigieux. Il me caresse les parois jusqu'à s'arrêter à un endroit qui me coupe le souffle. J'écarquille les yeux, choquée de l'onde de choc qui a résonné en moi durant l'espace d'une seconde. J'entends Adrian ricaner, fier de sa trouvaille.

On a trouvé le buzzer…

— Tais-toi et lèche.

Qu'est-ce qu'on a dit avec les ordres Thorn ?

Comme pour me faire payer au centuple mon affront, ses doigts remontent vers ma parois et la chatouille. Je réagis au quart de tour en poussant un cri désespéré. Sur le champs, je plaque mes deux mains sur ma bouche, inquiète du fait qu'on ai pu m'entendre. Déjà qu'il n'y a pas de porte entre le salon, la salle à manger et le couloir, je ne voudrais pas réveiller tous les habitants de l'appartement. Pourtant Adrian ne semble pas être de cet avis car je le sens s'infiltrer dans mon esprit et me forcer à retirer mes paumes qui couvrent mes plaintes.

Je veux t'entendre gémir, explicite-t-il.

— Mais je… OH ! Adriaaan…

Je tressaille et grimace de plaisir. La vague de désir monte peu à peu et vient irriguer tous mes tissus veineux. Je suis complètement transportée dans un autre monde, dans une bulle de protection où il n'y a que lui et moi. Je quitte l'appartement des jumeaux, quitte Birmingham, l'Angleterre et m'envole droit vers cette planète à part, hors du temps.

Mes mains reviennent sur mes seins pendant que mon petit ami s'attaque, avec de plus en plus de vigueur, à mon clitoris. Jusque là, jusqu'à toutes les fois où nous avons fait l'amour, j'ai été incapble de faire le vide et de me concentrer pleinement sur moi et mon plaisir. Je n'arrivais donc pas à lâcher prise et m'autoriser à jouir. Ce soir c'est bien différent. Tous mes filtres sont abaissés, je suis complètement à sa disposition. Il veut faire une baise de dévotion, je le suis à mille pour cent.

Sa langue couplée à ses doigts qui reviennent vers une zone dont j'ignorais la présence jusque là me front trembler de plaisir. Il augmente la cadence et un cri traverse à nouveau ma gorge.

— Oh oui ! Je viens bébé, préviens-je en perdant complètement les pédales.

Han ouais, vas-y !

Mes yeux se révulsent, mon corps se contracte, mon palpitant vient se loger dans ma féminité et mon antre est prise de spasmes réguliers et répétitifs. Je m'agrippe au rebord du canapé alors que je suis traversée d'un coup de jus. Je lâche un cri franc, gorgé de jouissance alors que l'orgasme déferle en moi comme un ouragan. Une bulle de chaleur éclate de mon bas-ventre avant de venir irriguer tous mes organes.

A bout de souffle et les sourcils froncés, je me raccroche comme je peux à la réalité. Bon sang, ça faisait tellement longtemps. J'en avais presque oublié l'intensité. C'est tellement fort, tellement revigorant, tellement exaltant.

Et pourtant Adrian ne désemplit pas et reste encore entre mes jambes. Han non… Je ne vais pas survivre à une deuxième attaque. Et puis, je le veux tellement. Je veux le sentir vibrer en moi. N'y tenant pas, je le ramène vers moi. Son corps coulisse contre le mien et sa bouche vient immédiatement s'emparer de la mienne. Je me goutte sur ses lèvres et entrouvre la bouche pour le laisser s'y engouffrer avec férocité. Mes doigts s'enfoncent dans ses cheveux et tirent dessus tandis qu'il fond ses paumes sur mes seins qu'il malaxe avec avidité.

— Viens par là, j'ai pas fini, indique-t-il en se redressant et m'attirant vers lui.

Il s'assoit sur le canapé et fait venir mes jambes par dessus lui. Je me retrouve assise à califourchon, nue sur son corps nu. Ma poitrine se plaque à son torse et ses grands bras d'homme viennent m'entourer pendant que nos bouches partent tout naturellement se retrouver pour un baiser passionné.

Très vite, il dérive vers mon cou que je lui tends volontier. Ses dents me mordillent avant qu'il n'aspire à nouveau ma peau pour me laisser cette fois-ci une marque de succion bien plus profonde.

Je ne tiens plus en place. C'est trop. Trop de plaisir, trop de désir. Je me redresse sur mes genoux et vient chercher sa virilité. Large, longue et nervurée, elle m'appelle désespérément. Je la guide vers mes chairs qui viennent la lubrifier. Je me laisse retomber et m'empalle directement sur Adrian. Il se tend aussitôt et serre les dents. Il prend pleine possession de mon corps, ses mains posées fermement autour de mes hanches.

— Putain bébé, souffle-t-il.

— Hum… C'est tellement bon. Tu es tellement bon, indiqué-je en mouvant ma croupe.

— C'est toi qui est bonne putain.

Sa déclaration est coupée par mon sein qui vient remplir sa bouche. Sa langue vient à présent s'attaquer à mon piercing qui me titille et exalte mes terminaisons nerveuses. Une fine chair de poule se déclenche de ma nuque et se propage tout le long de ma colonne vertébrale pour éclater dans mon bas ventre. Je me meuves un peu plus vite, plus lascivement, accentuant un peu plus chacun de mes va et vient. Ma respiration se coupe et je gémis à nouveau. Il m'imite et m'impose le mouvement, ses bras entourant ma fine taille.

Il remonte finalement la tête vers moi et plante son regard grisé dans le mien.

— T'es à moi bébé, dit-il dans un murmure rauque.

— Oh oui, et toi aussi. Promet-moi qu'il n'y aura toujours que moi.

— Promis Ju', c'est promis.

Nos bouches se rencontrent à nouveau, comme pour sceller cette promesse d'appartenance tandis que nos bassins se mouvent dans un tempo régulier pour venir s'entrechoquer avec ferveur. Cette nuit, plus rien ne compte à part nous deux.

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Je suis réveillée par la douce lumière du matin qui émane depuis les rideaux du salon. Je réprime un grognement alors que j'extirpe ma main engourdie coincée derrière la nuque d'Adrian. Ce dernier enfoui sa tête dans mon cou et m'agrippe par la taille pour me garder auprès de lui. J'esquisse un sourire attendri et me fait violence pour sortir de ma léthargie. Je ne sais même pas où je suis… Tout se confond dans ma tête tant je suis encore perdue dans mon rêve. Très vite, mon regard se pose sur la table basse du salon où un cendrier et un mégot reposent sagement. La lumière matinale éclaire les gros canapés en cuir bruns et je comprends alors que je suis toujours chez les jumeaux. Nous avons finalement passé la nuit dans le salon.

Effectivement, mon regard se déporte sur mon corps emboîté à celui d'Adrian. L'espace étant tellement restreint, nous avons presque dormi l'un sur l'autre. Enfin… Dormir est un bien grand mot. Nous n'avons pas arrêté de nous chauffer, nous câliner et nous embrasser pendant toute la nuit. Je rêverais à présent de me plonger dans mon grand lit aux linges bien frais et confortables pour dormir et récupérer les heures mais malheureusement, une nouvelle journée s'annonce déjà.

Adrian ramène sur nos hanches, le plaid du salon sur nos corps nus et nous enveloppe dedans, les yeux toujours fermés, perdu dans les méandres du sommeil.

— Ad', soufflé-je, en le réveillant délicatement. On doit se lever.

— Mhum…, grogne-t-il.

Je le pousse avec douceur et il fronce les sourcils, visiblement mécontent de sortir de sa torpeur.

— L'Ordre va bientôt se réunir dans la pièce d'à côté et j'ai pas envie qu'ils nous découvrent comme ça…

— On s'en branle. Laisse-les être jaloux.

Je ricane et relève doucement le buste en m'appuyant sur mes avants-bras. Adrian en profite alors pour passer sur moi et enfouir sa tête contre mon ventre. Ses mèches brunes me chatouillent l'abdomen et j'esquisse un sourire alors que mes doigts viennent aussitôt s'enfoncer entre ses boucles.

— Pourquoi voudrais-tu qu'ils soient jaloux ?

— Parce qu'on est grave beaux, grommelle-t-il.

— Ah oui c'est certain, tu as de la bave séchée autour de la bouche et tes cheveux sont dans tous les sens, me moqué-je.

— C'est la beau-gosse attitude ça chérie, ricane-t-il, toujours contre moi avant de me déposer un baiser près du nombril.

— Hum-hun j'en doute pas…

Le brun ne me laisse pas le temps de me moquer plus longtemps de lui qu'il se redresse brusquement sur le canapé et tire mes jambes vers lui. Je perds l'équilibre et me retrouve à nouveau affalée. Il en profite alors pour se coucher sur moi et remettre la couverte par dessus nos têtes, nous plongeant alors dans le noir total. Je ris alors que sa bouche vient frôler la mienne. Instinctivement, j'écarte mes jambes pour les nouer derrière ses fesses. Son érection dure du matin vient me titiller l'entrejambe et j'en perds mon souffle.

Oh non. J'ai encore envie de lui. Qu'est ce qui ne va pas chez moi, bon sang ? J'ai la sensation de ne jamais être repue. De toujours vouloir me perdre en lui. C'est tellement bon que je pourrais passer ma vie à lui faire l'amour. Je perds mon sourire à mesure que le désir monte en moi. Je redresse le cou et vient chercher sa bouche.

— Hum bébé, souffle-t-il en appuyant son baiser. T'es une putain de tentatrice…

Je souris contre ses lèvres et vient rencontrer sa langue chaude et humide. Elle s'enroule autour de la mienne et au moment où Adrian s'apprête à abaisser son bassin entre mes deux cuisses, nous entendons des pas traverser la salle à manger et venir vers nous. Le désenchantement est immédiat.

— Dring-dring, c'est la fée du matin ! hurle Gideon en agitant une clochette dans ses mains. On se réveille !

— Bordel Gid', tu sais vraiment pas gérer ton timing ! rage Adrian en prenant appui sur ses avant-bras pour s'éviter de s'empaler en moi.

Je me mords la lèvre inférieure et me retient de pouffer de rire. Au dessus de moi, le brun roule des yeux puis se retire, passe sur le côté et sort nos tête du plaid. Gideon est alors débout dans le salon, un plateau dans les mains. Dessus je distingue deux verres de jus d'orange, une théière bien chaude et deux bols de porridge. Cet homme est un amour !

— Désolée les inséparables, mais l'Ordre est là dans même pas cinq minutes, explique le roux en déposant le petit déjeuner sur la table basse du salon.

— Eh bah ça aurait été suffisant, rouspète le brun en renvoyant une mine contrariée à son ami.

Gid' et moi pouffons de rire.

— Je te pensais plus endurant, réplique le rouquin en lui adressant un clin d'œil complice.

— T'as pas une bombe atomique cachée sous la couette, c'est pour ça, tu peux pas comprendre.. Aïe ! Pourquoi tu me tapes ?! Je te complimente !

Il me fait les gros yeux alors que je lui pince la peau du torse. Gideon se marre et s'en va du salon, se sentant de trop.

— Ne te fais pas passer pour un looser, je passe pour quoi moi après ? répliqué-je en levant un sourcil, loin d'être sérieuse. Que mon mec est précoce ?

Adrian éclate de rire et vient m'encadrer de ses bras.

— Ohhh Madame accorde de l'importance à son image, m'embête-t-il.

— Si c'était le cas, je ne sortirais pas avec toi, fis-je remarquer avec suffisance.

— Mais quelle connasse !

Ses doigts fondent sur mes côtes et me chatouillent. Je me débats en éclatant de rire avant de vite stopper tout ça: ma main vient trouver sa virilité que j'empoigne. Aussitôt, le sourire d'Adrian disparaît et il cesse tout mouvement. Je crois avoir trouvé la télécommande de Monsieur Potter.

— Un mouvement de plus, et je la réduis en charpie ! menacé-je.

— Tu serais pas stupide au point de tuer ta poule aux œufs d'or quand même ? souffle le brun, bien que soudainement très calme.

Je lui renvoie un air entendu avant de défaire la pression autour de sa queue. Mes doigts restent pourtant autour de son membre et se décalent en de subtiles caresses. Je le longe avec envie et frôle son parcours veineux avec douceur. Son érection se fait un peu plus forte et je sens déjà du liquide préséminal s'échapper depuis son gland. Bordel ce type est pas croyable !

— Ouais, c'est bien ce que je pensais, me susurre Adrian en étirant un sourire en coin supérieur. Tu l'aimes trop, avoue.

— Tu parles trop, réponds-je en roulant des yeux.

Ma main se déplace plus largement sur son entrejambe et vient caresser son pubis avant de remonter sur son bas ventre, son abdomen puis son torse. De là, je passe derrière ses larges épaules et vient ensuite flatter ses bras puis ses avant-bras aux veines apparentes. J'adore sentir la puissance de son corps, de ses muscles contre moi. Plus particulièrement lorsque je suis sous lui. Je me sens à la fois vulnérable et en même temps, protégée. C'est particulier comme sensation. C'est comme s'il avait aussi bien la possibilité de me briser en deux que de me préserver de tout et d'emmagasiner pour deux.

— Ça m'a fait bizarre la première fois que je me suis retrouvée face à un corps non épilé, fis-je remarquer en détaillant justement son torse parfaitement imberbe.

— Je croyais qu'on parlait plus de nos ex, grommelle-t-il en se laissant tomber sur le côté.

— Non mais c'est juste une réflexion qui me passe par la tête, expliqué-je en calant ma tête sur son épaule. Vu que tu étais le premier corps d'homme que j'ai connu, j'ai toujours pensé que c'était comme ça. L'épilation, c'est un truc de ton époque ?

Le brun ne me répond pas tout de suite. Il me prend dans ses bras et me câline machinalement tout en détaillant les plafonds hauts du salon.

— Hum... Je pense ouais mais c'est vraiment comme chacun le sens, tu vois, réfléchi-t-il. Moi c'est surtout parce que je suis pas tellement poilu du torse alors je préfère tout enlever plutôt que d'avoir deux poils qui se battent en duel. Tu vois ?

— Hum, ok. Et… Pour ce qui est de ton sexe ? demandé-je, en descendant ma main pour venir l'empoigner à nouveau.

Adrian se tend et expire bruyamment. Il glisse une œillade taquine vers moi et m'adresse un sourire supérieur.

— J'aime débroussailler un minimum, histoire que t'en ai pas plein les dents quand tu me suces.

— Oh je vois, acquiescé-je. C'est tellement prévenant de ta part.

— Eh oui je sais, soupire-t-il. Ma bonté me perdra…

Je pouffe de rire et roule des yeux. Il fait revenir la pulpe de mes doigts sur son torse et les glisses dans ses cheveux pour garder le contact. Mon regard se plante dans le sien et il m'observe avec curiosité, comme s'il attendait patiemment que je pose ma question. Je m'humecte les lèvres et me lance.

— Et les filles de ton époque. Elles font quoi ?

Il hausse les épaules avant de m'adresser un air narquois. Il avait deviné ma question à des kilomètres à la ronde.

— Elles font ce qu'elles veulent.

— C'est à dire ?

— C'est à dire qu'elles s'épilent plus ou moins, tout dépend de leur envie, de leur temps, de plein de choses. Comme les mecs au final.

— Ok mais ça veut dire qu'elles s'épilent toutes un minimum alors ?

— Je… N'ai jamais baisé avec un Chewbacca jusque là, avoue-t-il. Donc je suppose que oui.

J'ignore ce qu'est un Chewbacca mais je ne relève pas, comprenant vaguement l'idée.

— Hum… Et est-ce que tu as… Des préférences ? demandé-je en remontant mes yeux inquisiteurs vers lui.

Il étire plus encore son sourire moqueur, ce qui m'énerve plus encore. Je prends cependant sur moi et reste pendue à ses lèvres, attendant une réponse.

— Tu fais ce que tu veux chaton, c'est ton corps.

— Oui mais… Je ne voudrais pas te choquer. Enfin je veux dire, si tu as été habitué à certaines normes, tout comme moi je l'ai été avec le tien et qu'ensuite je me suis retrouvée choquée face à un mec poilu au final, je ne voudrais pas te dégouter.

— Est-ce que j'ai eu l'air d'être dégouté ? ricane-t-il en passant soudainement une main fiévreuse autour de ma taille.

J'esquisse une risette et approche mes lèvres des siennes.

— Non.

— Ah merde, je pensais que t'avais compris. Je veux un intégrale ou rien. Sinon je te touche plus !

Je fronce les sourcils et lui frappe le buste. Il pouffe de rire avant de m'attirer à nouveau contre lui et me serrer un peu plus fort dans ses bras.

— Je déconne oh ! Qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse…

— Bon sang tu devrais être poète, grommelé-je en m'extirpant de sa prise, vexée.

Adrian éclate de rire et me laisse me lever du canapé, le plaid enroulé autour de la poitrine. Il se retrouve alors nu comme un vers et s'empresse de m'imiter et de s'enrouler avec moi. Son corps chaud se plaque au mien et je me retrouve saucissonnée.

— Qu'est-ce que tu fais ? m'amusé-je.

— Il fait froid, je reste avec mon grizzly attitré, explicite-t-il d'un naturel déconcertant.

— Oh va te faire foutre ! grogné-je, piquée sur le vif.

L'énergumène se marre et nous nous déplaçons à deux vers une douche bien méritée. Nous croisons Maugrey au détour du couloir, déjà présent. Il nous observe avec curiosité, plaqués l'un contre l'autre, en déambulant dans l'appartement avec une fine couverture sur le dos pour cacher notre nudité.

— Ça va Maugrey ? provoque Adrian. Ça se passe toujours aussi bien la bran…

— Aïe ! Mais Ju' je n'ai rien dit de mal…

— Chut ! Direction la douche.

Je fuis volontairement le regard du chasseur de mages noirs et entraîne mon petit ami droit vers la salle de bain. L'autre sorcier en question roule des yeux et nous ignore royalement avant d'aller prendre place dans la salle à manger.

— Toujours aussi à cran celui-là, commente Adrian.

Lorsque nous revenons dans la salle à manger, les membres de l'Ordre sont déjà tous réunis au grand complet et l'assemblée a déjà commencé depuis dix bonnes minutes. Tous les regards se déposent sur nous, sur nos doigts entremêlés et nos cheveux mouillés fraîchement lavés. Tous comprennent alors que nous sommes ensembles et que nous avons pris notre douche ensemble.

Dumbledore lève ses yeux perçants vers nous, interrompu dans son discours. Je me raidis alors, prise en en flagrant délit de débauche absolue. C'est ça de traîner avec Adrian Potter.

— Juliet, Adrian, installez-vous, invite le Directeur d'un air grave.

Cette fois-ci, il n'y a pas de clin d'œil taquin ou de mot gentil, seulement de la froideur ou de l'indifférence, je ne sais pas trop. Et à en juger par les têtes que tirent tous les autres, quelques choses de grave est arrivée cette nuit. Sans attendre, je vais aussitôt tirer une chaise entre Lily et Marlene. Adrian va à l'opposé, près des jumeaux et de Sturgis. Le regard inquisiteur de Marlene se dépose sur moi et elle m'interroge du regard.

— Même pas tu me le dit ! s'offusque-t-elle en chuchotant alors que ses ongles se plantent dans mon bras.

— Elle était trop occupée, signale Lily avec humour.

Pour accompagner ses paroles, elle écarte mon rideau de cheveux mouillés pour venir détailler la grosse marque de succion plantée dans mon cou. C'est un vrai œil de lynx cette fille !

Je lui fais les gros yeux et fait revenir convenablement mes mèches devant ma peau pour cacher la marque. Si j'avais su, j'aurais mis une écharpe. En plein mois de mai ça aurait été suspect mais bon… j'ai le droit de prétexter d'être frileuse.

— Tu as intérêt à ne pas lésiner sur les détails, menace Marlene en me pointant du doigt.

Je m'apprête à répliquer mais nous sommes interrompues par le raclement de gorge de Dumbledore. Je me raidis sur ma chaise et toutes les trois perdons notre sourire. Tous les regards sont dirigés vers nous et lorsque je croise les yeux gris de Sirius, je rêve de m'enfoncer six pieds sous terre.

— Maintenant que nous sommes presque tous au complet, commence Dumbledore d'une mine sombre. Je dois malheureusement vous faire part d'une triste nouvelle. Vous avez certainement déjà dû l'apprendre ce matin, elle faisait la une de la Gazette.

Je me penche vers Marlene et lui souffle à l'oreille:

— Quelle nouvelle ? Il s'est passé quoi ce matin ?

— Bon sang t'es vraiment déconnectée toi !

— Je dormais ! me défends-je.

— Ouais c'est ça… Tu dormais hein ?

Marlene roule des yeux et m'indique d'un signe de tête le sorcier que je ferais mieux d'écouter. Je croise mes jambes sur mon siège, contrariée et redirige ma concentration vers Dumbledore.

— A présent que c'est avéré, les Mangemorts ont bel et bien commencé une chasse à l'homme, indique le Directeur. Les Nés-moldus sont les premiers visés. Et c'est avec une profonde tristesse que je vous apprends que cette nuit, Edgar Bones et sa famille ont été les victimes de leur folie.

L'annonce tombe aussi soudainement qu'une météorite. Je cligne des yeux et dérive ma mine effarée vers mes amies, elles aussi sous le choc. A vrai dire, tout le monde l'est. Je… Je ne comprends pas.

Maugrey se lève alors et jette au centre de la table le numéro tout frais de la Gazette du Sorcier. Dessus, la marque des Ténèbres flotte au dessus d'une maison. Celle d'Edgar plus précisément.

— Mais…, commence Emmeline. Il est… ?

— Nous avons retrouvé son corps ce matin qui laisse des marques visibles de torture, répond Maugrey. Tout comme celui de sa femme et de ses enfants…

— Ses enfants ?! s'écrit Lily, en écarquillant les yeux. Mais ils étaient encore en bas âge ! L'aîné avait à peine trois ans !

Je déglutis avec difficulté tandis qu'un silence mortel s'installe autour de la table. Un poids de plomb se loge dans mon ventre et me compresse les entrailles. Je croise et décroise mes jambes, me sentant soudainement suffoquée.

— Et Lisa était enceinte de six mois, ajoute Fabian, la mine sombre.

— Susan, leur petite fille d'un an est la seule survivante, apprend Maugrey d'un voix rocailleuse. Elle ira vivre chez la sœur d'Edgar, Amélia.

Tout le mond est secoué. Quel genre de tortionnaire s'en prend à des… Enfants ?! C'est inhumain. À mes côtés, Lily s'agite sur sa chaise. Je la devine plus tracassée que jamais. Ses mains vont et viennent sur son ventre curieusement rebondi qu'elle caresse comme si cela allait lui apporter réconfort. Ses yeux verts sont gorgés de larmes et aussitôt, je suis frappée par la foudre. Elle est enceinte et ce revirement de situation la bouscule bien plus que quiconque. Elle et sa famille sont activement recherchés par Voldemort en personne. En plus de tout cela, elle est une Née-Moldue. Si les Mangemorts lui tombe dessus, elle a la confirmation qu'ils n'auront aucune pitié. Mon cœur se serre et je dévisage la rousse d'une mine désolée...

— Lily…, commencé-je.

— Je ne peux pas rester, indique-t-elle en se levant d'un bond.

— Lily, appelle James en levant la tête vers son épouse, un air malheureux collé sur le visage.

La rousse n'entend pas et se lève de table, nous laissant tous en plan.

— Lily je peux concevoir que tout ceci soit moralement éprouvant, commence Dumbledore.

— Ce n'est pas que ça ! explose la rousse. Nous sommes activement recherchés par les Mangemorts, par Vous Savez Qui lui-même. C'est un fait et nous avons pris des actions pour nous protéger mais c'est bien la preuve que cela ne suffit pas ! La famille Bones était aussi bien protégée que nous. Donc ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'ils nous retrouvent. Avant qu'ils s'en prennent à mon fils !

— Les Bones n'avaient pas de gardien du secret, vous oui, tempéra Dumbledore. D'ailleurs je propose qu'à partir d'aujourd'hui, tout le monde dans cette assemblée devienne le gardien d'un des membres. Nous devons veiller les uns sur les autres.

— C'est bien pour cela que j'arrête l'Ordre, annonce la sorcière, déterminée.

— Quoi ? s'étonne James. Lily qu'est-ce qui t'arrive ?

— Il m'arrive que je veux réduire nos déplacements au possible. Je vais aller récupérer Harry chez McGonagall, elle s'est suffisamment mise en danger pour nous. Et de toute façon je ne veux plus être séparée de mon fils…

— Lily je ne pense pas que vous éloigner de l'Ordre vous sera profitable, tempère Dumbledore. Vous avez toujours votre place et vous pouvez toujours nous aider même en continuant les missions à distance. Comme vous l'avez fait ce week-end avec Alice et Adrian.

— La dream team ! commente aussitôt mon petit-ami en adressant un clin d'œil à la rousse.

J'esquisse un faible sourire, consciente que toute cette ambiance devient lourde et compliquée à gérer pour mon amie. Pourtant, le fait de voir Adrian faire des efforts pour lui redonner le moral est d'autant plus touchant et je me rends compte combien son humour décalé peut être profitable à chacun d'entre nous. Il a un certain don pour prendre du recul sur la situation et trouver le mot pour faire rire. Il est un membre à part entière et plus que jamais nous avons besoin de lui.

— D'ailleurs en parlant de dream team, peut-être James et Adrian devraient échanger leur place, intervient Fabian. On a besoin de Potter avec nous sur le terrain.

— Quel Potter ?

— Et donc moi je suis renvoyé au poulailler ? se plaint James en posant ses mains sur la table.

— C'est peut-être mieux comme ça, souffle Lily en adressant un air navré à son époux. En continuant à nous exposer, nous multiplions les chances de nous faire prendre. Nous devons nous cacher.

— Ne fais pas l'étonné vieux, je pensais que t'avais compris que Adrian était là pour piquer nos places, commente Sirius en affichant un sourire froid.

Je déglutis de travers et écarquille des yeux, ébranlée par cette attaque aussi violente.

— Eh ! Y'a un problème Black ? T'as des choses à me dire ? réagit Adrian au quart de tour.

— Non on s'est tout dit, cloue Sirius en croisant les bras sur ses pectoraux.

— Ok très bien, s'interpose Maugrey en se dressant sur ses pieds. Stop ! On n'a pas besoin de ça ici. Vos histoires d'adolescents c'est en dehors de cette pièce. Ici on s'occupe de sujets plus graves alors vous mettez de côtés vos différents et vous bossez. C'est compris ?!

Tous les regards convergent vers lui et je sens alors la détermination naître dans son regard marron. Il nous scrute attentivement, attendant que nous hochons tous silencieusement de la tête puis se tourne vers Lily.

— Je suggère que James et Lily restent dorénavant au QG pour nous aider sur les divers renseignements dont on a besoin. Vous allez chercher Harry dès que possible. Le but étant que vous ne soyez plus séparés. Adrian, tu restes avec les jumeaux et Sturgis en mission terrain. Ça vous convient comme ça ?

Dumbledore puis les autres acquiescent. Le chasseur de Mage Noir se rassied alors, satisfait d'avoir établi un terrain d'entente.

— Merci Alastor. Des questions ? tempère le Directeur.

— Juste… Moi je continue avec qui ? indiqué-je en levant une main. J'étais sensée être avec Benjy et Edgar mais…

— Tu rejoins Sirius et Emmeline sur les affaires de meurtres de couple Moldus.

— Y'a pas moyen d'échanger ? demande aussitôt le grand brun.

— Sinon Juliet peut me rejoindre, indique Marlene en réagissant au quart de tour. Vu que je ne suis plus avec Lily, Juliet peut prendre sa place.

Un moment de silence s'impose pendant lequel je remercie de tout cœur mon amie. Sirius n'a clairement pas envie de faire affaire à moi, je l'ai bien compris. Fort heureusement la blonde me sauve d'une impasse qui semble arranger tout le monde. Maugrey et Dumbledore obtempère ensemble.

— Très bien. Faisons ainsi.

— De toute façon, reprend Maugrey, aujourd'hui est une journée un peu spéciale. Les groupes n'ont pas vraiment lieu d'être.

— Nous ne partons pas en mission ? s'étonne Frank. Par rapport à Edgar ?

— Si. Nous partons tous en mission et pour la même.

— Laquelle ? s'étonne Remus.

— Les Prewett vont se faire une joie de nous expliquer, indique Maugrey en s'enfonçant dans son siège.

Tous les regards se tournent alors vers les deux rouquins. Je jette un coup d'œil derrière moi et m'aperçoit que Lily a disparu. Il ne fait aucun doute, elle est déjà partie récupérer Harry chez McGonagall sans tarder. Je dirige alors ma concentration sur les deux jumeaux qui se regardent d'un air mal à l'aise. Fabian se passe une main dans les cheveux tandis que Gideon se racle la gorge.

— Euh Gid tu commences ?

— Ah bon tu es certain ? taquine le rouquin. Tu étais pourtant très attentif pendant notre entrevue.

— Fais pas le con, grince des dents le sorcier ce qui me fait pouffer de rire.

En face d'eux, Emmeline s'agite et claque sa langue d'agacement.

— Pour la faire courte, les jumeaux, Sturgis et Adrian ont été hier soir au Suit, informe la brunette avec sévérité.

Son regard brun retombe froidement sur son petit-ami, qui devient aussi pâle que de la craie.

— Eh ! Il s'est rien passé de mal, défend aussitôt Adrian. Fabinou était super sage.

— Oh que oui, confirme Sturgis en hochant la tête.

— Pas comme certain, dit Gideon en se raclant la gorge tout en déviant son regard sur le grand sorcier blond.

Les quatre amis se dévisagent silencieusement avant de finalement exploser de rire, certainement pris dans un délire qui nous échappe. Le reste de l'assemblé les observe avec interdiction, ne comprenant pas leur conversation. Moi qui suis à peu près au courant de ce qui s'est passé, je sais qu'ils font référence à la vélane que Sturgis s'est tapé dans le bar de striptease. Je roule alors des yeux, ennuyée de leurs frasques.

— On peut passer aux faits ? demande Dorcas d'un air blasé.

— Je vais expliquer deux trois choses, indique alors Gideon. Nous avons fait la connaissance de Billy Coopers là-bas. Pour vous rafraîchir la mémoire, on soupçonne Bill d'être de mèches avec les Mangemorts. Il fournit des essences de vélanes pour pouvoir confectionner les filtres de beauté utilisés pour soudoyer les harpies.

— Donc si je comprends bien, Voldemort a décidé de s'entourer de bombasses ? percute James, hilare.

Tout le monde pouffe de rire y compris Adrian qui adresse un clin d'œil taquin à son arrière-grand-père.

— Ça s'est fait malgré lui, je crois, souffle Fabian.

— Recentrons le sujet, demande Dumbledore d'une voix calme.

— Oui donc nous nous sommes présentés auprès de Bill comme étant des fournisseurs du marché noir, poursuit Gideon. D'ailleurs, je précise au passage que Bill est une femme. Une femme asiatique dont les charmes ne fonctionnent pas sur moi.

— Il est au-dessus de tout ça, commente Sturgis.

— Toi t'es en dessous, bien en dessous, réplique Adrian.

Une nouvelle fois les garçons éclatent de rire. Bon sang de vrais enfants ! Ils m'exaspèrent !

— Oui donc Sturgis s'est tapé une pute, commente Dorcas sans broncher. On a compris. Ensuite ?

— Ah non mais là c'était pas une pute, plaisante mon petit-ami. C'était THE pute. Elle lui a offert le baiser du détraqueur. J'ai jamais vu ça ! Un vrai poisson qui mord à l'hameçon. Elle lui lâchait plus la queue !

— Parce que tu étais là ?! s'horrifie Marlene.

J'éclate de rire. Oh bon sang pourquoi doit-il toujours faire dévier les conversations ? Maugrey et Dumbledore s'envoient des regards désespérés qui finissent de m'achever. C'est certain, ils regrettent plus que jamais la venue d'Adrian à notre époque.

— Non mais il s'est fait attraper direct dans la salle de bar et quand on a fini notre rendez-vous avec Bill, elle s'y donnait encore à cœur joie.

Dumbledore se racle légèrement la gorge pour recentrer la conversation. Je mords la lèvre pour m'éviter de pouffer et me reconcentre sur les quatre huluberlus.

— Ouais donc je disais que Bill est une femme et nous lui avons fait croire que nous sommes intéressés de faire affaire avec elle.

— Mais comment ? demande Marlene en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas ce que vous avez pu lui proposer.

— C'est très simple, intervient Adrian en prenant un air sérieux. Bill revend des essences de vélanes aux Mangemorts. Donc Bill est le fournisseur des Mangemorts. Nous, nous lui avons proposé de devenir le fournisseur de Bill.

Que..Quoi ? Il ne m'avait pas raconté cette partie là. C'est quoi ce délire ?

— Attends, interviens-je. Tu es en train de dire que tu as proposé à une vélane de la fournir en….vélane ?

— En danseuses exotiques, précise Adrian. Restons polis, tout de même.

La révélation du brun tombe aussi subitement que violemment. Nous clignons tous des yeux et interrogeons les quatre amis avec méfiance, pas tout à fait sûrs d'avoir compris.

— Oh bordel j'le crois pas, souffle Dorcas.

— Ces fous, se sont fait passer pour des proxénètes ? s'enquit James en clignant des yeux, comme pour s'assurer qu'il avait bien compris.

— Tout de suite les grands mots ! souffle Adrian.

— On peut parler de trafic de vélane, confirme Sturgis. Mais on ne le fera pas hein ! C'était juste pour se mettre dans la peau du bandit.

— Du bandit ? répète Dorcas en enfonçant ses sales ongles de sorcière dans le napperon de la table.

— Je sais que cette histoire peut vous sembler exigu de premier abord, intervient Fabian. Mais cette mission est fondamentale pour la suite.

— Effectivement, approuve Dumbledore. Mais je vous en prie Gideon, éclairez tous nos lanternes.

— Et bien c'est très simple, à dix heures pétantes nous avons rendez-vous avec Billy dans les quartiers nords de Birmingham, reprend Gideon. Elle retrouve là bas une petite bande de Mangemort pour faire leur trafic habituel et elle nous a proposé qu'on les rejoigne pour leur proposer nos produits de qualités.

— Vos produits de qualité ? répète Sirius en arquant un sourcil.

Les quatre amis s'observent silencieusement, partageant des infos que j'ignore. Oh non. Je ne le sens pas cette histoire. Qu'est-ce qu'ils ont encore trafiqué ?

— Euh ouais, indique Adrian en raclant la gorge.

Le brun se redresse sur son siège puis pose ses avant-bras sur la table. Il soupire et lève ses yeux gris emplis de malice vers nous. Attention, la connerie plus grosse que sa bite va sortir d'ici quelques secondes.

— D'où tu la sors ta "marchandise" ?

— Et bien elle est ici. Em', Dorcas, Ju' et Alice. De la belle petite pouliche deluxe ! se marre Adrian. Bon j'ai pas compté Alice ni Lily car ce sont des mères de famille accomplies maintenant. Alooooors ? C'est qui le génie ?!