Bonjour ! Merci pour vos retours sur le chapitre précédent ! J'espère que celui-ci vous plaira !


Chapitre 33

Le ressort du stylo Bic sauta hors du tube et Kiba grimaça, le rebond de l'objet métallique ayant interrompu Sakura alors qu'elle parlait. Toute la tablée suivit le mouvement, le regardant rouler sous une banquette et Hinata soupira.

— Pardon, souffla Kiba en déposant le reste du stylo sur le rebord de son assiette à présent vide.

— F-franchem-ment, Kiba, se fâcha Hinata, t-tu es ins-s-sortab-ble.

— Pardon, répéta-t-il en passant ses doigts dans ses cheveux un peu trop longs. Mais j'ai besoin de tripoter un truc quand je suis concentré, je te jure que je t'écoutais, Sakura !

La susnommée soupira en secouant le menton d'un air incrédule et, sa main gauche liée à celle de Kisame, elle plongea de nouveau les yeux dans le regard de Nagato.

— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi autoriser les flics à ramener leurs armes chez eux, en fait. Il y a eu des tonnes d'accidents, tu l'as dit toi-même, entre les agents de maintien de l'ordre qui pètent un câble et descendent leurs épouses, ou les enfants qui jouent avec et se blessent, voire pire ! Ce ne serait pas plus simple de tout bonnement retirer ce droit ?

Nagato laissa un jappement exaspéré remonter le long de sa gorge.

— Bien sûr que non. Évidemment qu'il y a eu des accidents, mais si c'est réglementé, il n'y a pas de problème. Pour tous ces accidents, combien d'agents rentrent armés sans qu'il n'y ait le moindre souci ? Et en attendant, si jamais il y a des menaces, ou des attentats, ou n'importe quoi mettant en jeu la sécurité des personnes, il y a des gens qui peuvent intervenir rapidement.

— Oui, mais si on donne le permis de port d'armes à n'importe qui–

— N'importe qui ? s'indigna Nagato d'une voix grinçante. Mais t'as déjà essayé de l'avoir, le permis de port d'armes, au moins ? Tu sais combien d'heures de tir il faut faire, combien il faut réussir de shoots pour t'en sortir ? Quels sont les critères d'obtention ? Quels sont les taux de réussite ? Je me sens insulté, là. Vingt ans que j'ai mon port d'armes, je ramène mon flingue à la maison depuis que la loi est passée et je n'ai jamais tué personne, je trouve ça scandaleux de tous nous mettre dans le même sac.

Itachi s'étouffa dans son dessert, braquant un regard dur sur le profil de Nagato.

— Tu es armé ? s'indigna-t-il.

— Oui, bien sûr que je suis armé, c'est pour ça que j'avais besoin d'un coffre-fort, c'est pour ranger mon arme de service. Et on en vient à ce que je voulais montrer. Si la réglementation est suivie, il n'y a pas de problème, ni Itachi ni Mikan ne se sont tués avec mon arme, vu que si elle n'est pas avec moi sous ma surveillance, elle est dans mon coffre-fort fermé dont seul moi connais la combinaison.

— Et si tu n'avais pas eu ce coffre-fort, qu'aurais-tu fait ?

— J'aurais été dans l'obligation de rendre mon arme de service, puisque je n'aurais dès lors plus rempli les critères, bien entendu.

Nagato avala une gorgée d'eau en reportant son regard sur Sakura.

— Alors, je ne nie pas qu'il y a de gros problèmes structurels dans la police et qu'il y a une énorme marge de progrès, mais pour le port d'armes, je ne peux pas être d'accord avec toi.

Sakura roula des yeux.

— Laisser une arme dispensant la mort entre les mains du premier venu n'est pas une bonne idée.

— Oui, c'est vrai, approuva Nagato, d'ailleurs, c'est pour ça que les personnes titulaires du permis de port d'armes ne sont pas les premiers venus. Tu te rends pas compte, je pense, mais pour pouvoir porter une arme, il faut remplir des critères hyper stricts.

— Vous tournez en rond et vous êtes en train de vous énerver. Je pense sincèrement que brandir vos arguments en les énonçant plus fort ne convaincra personne, tenta d'apaiser Itachi. Et si, simplement, nous changions de sujet ?

Kisame hocha brièvement la tête en serrant la main de Sakura, imité par Kiba qui s'ennuyait un peu dans le débat. Nagato exhala, se forçant à se calmer avant de pivoter vers son colocataire.

— J'imagine que tu es d'accord avec elle ? demanda-t-il avec aigreur.

— Oui, confirma Itachi, lèvres pincées.

— M,-mais, pondéra Hinata d'une voix calme, il ne s-s'agit pas p-p-pour n-nous de te ju-juger, vu que tu n-ne le f-f-fais pas, alors m-même que t-tu ne comp-prends pas nos choix de de vie.

Elle lui adressa un sourire et il baissa les yeux pour retrouver sa sérénité. La voix douce d'Hinata avait le mérite de l'apaiser. Il pensa un instant à Mikan, sans parvenir à comprendre pourquoi elle la lui rappelait. Sa fille était actuellement sous la tutelle de Konohamaru.

Le jeune homme avait été incroyablement surpris d'être appelé pour venir jouer le baby-sitter dans cet appartement et ses premiers pas à l'intérieur avaient été timides et impressionnés. Il avait dégluti en demandant à Nagato s'il avait le droit de s'asseoir sur le canapé et le policier avait expliqué à l'adolescent que les règles étaient exactement les mêmes qu'à la maison, sans exception.

La sortie au restaurant avait été totalement improvisée, une lubie de dernière minute et Nagato était très heureux de pouvoir compter sur Konohamaru, vu que Zetsu lui avait fait faux bond parce qu'il avait rendezvous avec Kaguya.

Hinata avait raison. Sakura n'avait pas été accusatrice envers lui personnellement, elle avait pointé quelque chose, dans un système, qui lui déplaisait et il pouvait entendre les arguments qu'elle avançait, même s'il n'était pas d'accord. Et bien sûr, il comprenait que l'idée de savoir des gens armés dans les rues n'était pas nécessairement rassurante, particulièrement pour certaines tranches de la population qui avaient perdu foi en la police et qui ne croyaient pas en ce devoir sacré pour lequel il avait prêté serment : défendre et protéger ses concitoyens, tous, sans exception.

Rien ne lui ôterait de l'esprit que son métier était essentiel à la bonne marche de la société. Il fallait que les plus démunis pussent compter sur des personnes aptes à les défendre, il en allait ainsi dans n'importe quelle société croyant réellement à l'idée d'égalité et tout le monde n'était pas capable de se protéger tout seul. Et il ne voulait certainement pas d'un monde comme ça.

— Très bien, capitula Sakura. Pardonne-moi, ce n'était pas contre toi spécifiquement.

Enchaîner après une discussion aussi houleuse était particulièrement délicat. Ce fut Kisame qui réussit à rebondir sur un sujet bien plus neutre :

— C'est demain que tu as rendez-vous pour la vente de ta maison ? Comment ça va se dérouler ?

Au même moment, à l'extérieur du restaurant qui était près d'une avenue passante, une voiture roula à vive allure, et le crissement aussi tonitruant que désagréable de la courroie de distribution les fit grincer des dents, Hinata se bouchant fortement les oreilles en se tassant contre Kiba qui la recueillit entre ses bras avec tendresse.

— Ce s-son est ép-épouvantable, murmura-t-elle. Quand j'ét-tais j-jeune, je p-p-pensais q-que c'était le cr-cri d'une v-voiture m-m-monstre qui v-voulait t-tuer des gens.

Nagato pâlit brutalement, alors que la voix de Mikan lui revenait en tête et il contint difficilement une respiration bruyante, un sursaut dans sa jambe et elle percuta celle de son voisin.

« Elle faisait un bruit comme si elle criait », avait dit Mikan, à propos de…

À propos de la voiture qui avait failli renverser Itachi et Iruka.

Il cligna des yeux, tourna la tête vers son colocataire pour l'observer avec attention, l'air ne parvenant à gonfler ses poumons que par petites goulées teintées d'une anxiété qu'il n'était pas prêt à encaisser sur l'instant.

Et si ce n'était pas un accident évité de justesse ? Et si Iruka avait simplement sauvé Itachi d'une tentative de meurtre ? Ses paupières papillonnaient alors qu'il fouillait bien malgré lui au fond des pupilles d'Itachi. Et si le corbeau était déjà passé à l'acte, sans succès ? Et s'il avait mal jaugé le danger couru par son colocataire ?

Itachi lui toucha l'épaule, le considérant avec inquiétude – c'est le monde à l'envers, se dit Nagato avant de secouer la tête pour émerger de ses pensées.

— Ça va ? C'est parler de la maison qui te met mal à l'aise ?

— Je…

Non, il ne pouvait clairement pas dire devant tout le monde que c'était plutôt l'idée qu'Itachi avait échappé à une tentative de meurtre qui le rendait comme ça. Une telle affirmation, sans preuve, c'était ridicule. Il hocha donc la tête et Kisame s'excusa, ne voulant pas le mettre inconfortable. Ses yeux retournèrent sur Itachi immédiatement après, le scrutant avec fougue.

Peut-être qu'il s'imaginait des choses, après tout. Tenter de le renverser avec un véhicule, en plein jour, à proximité d'une établissement scolaire, ça ne ressemblait pas aux menaces qu'il avait lues dans les lettres, c'était plus proche d'un acte impulsif, une panique qui avait submergé le corbeau à ce moment précis.

Voir un acteur de X à proximité d'une école, probablement ? L'homme semblait considérer Itachi comme une abomination, alors peut-être que le savoir si près d'enfants l'avait fait paniquer et commettre cet acte impulsif et dénué de finesse – ayant peu de chance de fonctionner et risquant en sus de faire des victimes collatérales.

Si vraiment, c'était une tentative de meurtre, alors elle signifiait que l'assassin n'était pas seulement un danger pour Itachi, il était aussi un danger pour lui-même et pour les autres. Et c'était inquiétant.

Son regard passa des yeux en amande qui le fixaient toujours aux lèvres fines et entrouvertes.

— Tu es sûr que ça va ? murmura Itachi en profitant de la conversation des autres. Tu me regardes d'une étrange façon.

La main de Nagato glissa sous la table pour tapoter la cuisse de son colocataire.

— Ne t'inquiète pas, je vais bien.

Il n'était maintenant plus question de le laisser seul une seconde. Le meurtrier pourrait réessayer à n'importe quel moment, il ne reculait devant rien. Sa main remonta, enserra l'épaule de son colocataire.

Non, vraiment, à présent, il allait veiller au grain et s'assurer qu'Itachi était toujours entouré, quitte à l'entourer lui-même. Il ne laisserait rien ni personne menacer la vie de son ami. Il en avait perdu un, une fois. Et ça n'arriverait plus jamais.

Jamais.

Il resta plongé dans ses pensées tout le temps du dîner, adressant à son colocataire de nombreuses œillades brèves et profondes. Si Itachi les nota, il n'en saisit bien évidemment pas le sens, appréciant cependant l'attention dont l'entourait Nagato et qui continua bien au-delà du repas, sur le chemin du retour jusqu'à la résidence Phénix.

Quand ils franchirent finalement la porte de la résidence, le policier souffla discrètement, jetant un dernier œil méfiant sur la rue, laissant Itachi passer devant. Asuma les salua d'un signe de tête, les regards des deux complices s'accrochèrent alors qu'ils pinçaient les lèvres. Itachi arriva près de l'ascenseur bien avant Nagato, permettant à ce dernier de percevoir le remerciement luisant sur le visage d'Asuma.

Il finit par rejoindre Itachi dans la cage et la porte se ferma dans une sonnerie qui autorisa Nagato à se détendre considérablement.

— Tu as l'air tendu.

La voix d'Itachi meubla le silence et Nagato secoua la tête.

— C'est rien, c'est… La visite, demain.

Il soupira et claqua la langue. S'il s'absentait tout l'après-midi, il n'aurait aucun moyen de veiller sur Itachi. Et si, réellement, la présence d'un enfant à ses côtés pouvait exciter les pulsions meurtrières du corbeau, peut-être valait-il mieux éviter de le laisser avec Mikan pour seule compagnie. Et exiger d'Itachi et sa fille qu'ils vinssent aussi risquait de rendre son colocataire plus que suspicieux. L'idéal serait…

— Souhaites-tu que je t'accompagne ?

Ça. L'idéal serait exactement ça. Nagato sourit d'un air contrit. Le tableau de bord de l'ascenseur afficha « 12 ».

— Si ça ne t'embête pas… Je ne voudrais pas prendre sur ton temps, ça risque d'être long et…

La cage se figea à leur étage, la porte métallique s'écarta, Itachi cilla.

— Ça me donnera l'occasion de voir où tu habitais, avant. Ça ne me dérange pas, je n'avais pas vraiment de projets.

Il tut son envie d'aller faire un tour en ville, peut-être de se perdre dans une salle de cinéma pour aller voir un film. Il aimait mieux rester en compagnie de Nagato. Il fronça finalement les sourcils, saisissant son colocataire par le coude avant qu'il ne franchît le seuil sur la porte. Nagato laissa sa main sur la poignée, tournant la tête pour observer Itachi, une question au fond des yeux.

— Je…

Il hésita encore et secoua finalement la tête. Perplexe, Nagato abaissa la poignée de la porte et consentit à entrer dans l'appartement.

Le spectacle qui s'étala sous yeux lui tira un air ébahi alors qu'il perdait un peu ses couleurs face au chantier qu'était devenu le salon.

Au milieu de celui-ci, ligoté sur une chaise, Konohamaru était complètement recouvert de peinture qui gouttait sur le parquet, et Mikan – toujours debout alors qu'elle devrait être au lit depuis longtemps – tournait en cercle avec des plumes dans les cheveux et une fausse machette entre les mains.

Si encore le massacre s'était arrêté là, Nagato aurait probablement fait comme Itachi : il aurait étouffé un rire. Cependant, la peinture ne se contentait pas de goutter lentement sur le parquet massif. Il y avait des traces de mains sur les murs, sous la toile de maître, sur les meubles et un chemin de bleu traversait les escaliers jusqu'à la chambre de Mikan.

— Oh bon sang, Mikan, se lamenta Nagato, mais qu'est-ce que tu fais ?

La petite fille se figea et eut la bonne grâce de paraître mal à l'aise. Elle se tortilla de gêne alors que les adultes entraient dans la pièce, Nagato avançant pour détacher Konohamaru et lui lancer un regard perplexe et vide d'énergie.

— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Mikan a dit qu'on avait le droit, protesta Konohamaru.

— Et tu l'as crue ?

L'adolescent hocha vigoureusement le menton, sans se rendre compte que ce n'était pas la réponse espérée par le père de famille qui redressa la tête, dans le but de sermonner sa fille. Les larmes aux yeux, la lèvre tremblante, Mikan l'observa avant de bougonner d'une voix vraiment basse :

— Itachi, il a dit que j'avais droit de dessiner sur les murs.

Un coup d'œil rapide vers le propriétaire lui indiqua qu'elle avait effectivement reçu l'autorisation de vandaliser l'appartement. Il soupira.

— Les murs, pas le parquet et pas les meubles. Tu seras punie. Et je préviendrai Maman que tu es punie, tu m'entends ? Itachi, tu veux bien la débarbouiller pendant que je m'occupe de l'otage ?

L'acteur hocha la tête, tendant sa main vers Mikan qui marcha vers lui, toute contrite et Konohamaru se frotta les cheveux.

— J'suis désolé, M'sieur Uzumaki, je le ferai plus.

— Combien de fois t'ai-je dit de vérifier auprès de moi si Mikan avait le droit de faire telle ou telle chose ?

L'adolescent baissa les yeux.

— Ouais, c'est vrai… Pardon… Mais ça faisait longtemps qu'on avait pas joué à l'amazone, comme ça, et ça m'avait manqué, quand même, et je me suis laissé emporter… Pardon…

Nagato soupira.

— Quelle peinture vous avez utilisée ?

— Celle de l'école, marmotta Konohamaru. Vous allez pas me priver de salaire, hein ?

— Non, s'exaspéra Nagato, mais je devrais en enlever une partie pour compenser les dégâts. Vraiment, Konohamaru…

— Vous êtes déçu, hein ?

L'adolescent baissa la tête en baragouinant un « de toute façon, je déçois tout le monde, alors bon… ». Le choix qui s'offrit à Nagato à ce moment – ignorer la phrase ou tenter de rassurer le jeune Konohamaru, chercher à en savoir plus – fut un choix extrêmement difficile.

Parce qu'il était fatigué, qu'il fallait qu'il nettoie la peinture avant que ça sèche, parce qu'il avait d'autres choses en tête, parce que… Il aurait pu simplement ignorer le murmure, prétendre qu'il n'avait rien entendu et c'était ce qu'il s'apprêtait à faire, mais, relevant le menton, il croisa le regard d'Itachi qui tenait Mikan dans ses bras et guettait sa réaction face au désarroi de Konohamaru, comme s'il cherchait à savoir quelque chose, à obtenir une réponse pour lui.

Et Nagato avait la curieuse sensation de jouer l'estime de son colocataire sur ce qu'il allait faire. Alors, serrant les mâchoires, ignorant sa fatigue et ses autres problèmes, il tapota le crâne de Konohamaru avec douceur.

— Mais non, je ne suis pas déçu. Je suis surpris que tu penses ça, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ça ne va pas, à la maison ?

— Pas trop, avoua Konohamaru. Mais je veux pas vous embêter avec ça, je vais…

L'adolescent essuya discrètement les larmes qui perlaient au bord de ses yeux.

— Je vais nettoyer et je vais rentrer, je… Pardon.

— Konohamaru, héla Nagato.

Par réflexe, l'interpelé tourna ses rétines saturées d'eau vers l'adulte.

— Tu ne m'embêtes pas. Et si tu as des problèmes, tu peux m'en parler…

— Nan, c'est rien, j'vous dis, m'sieur Uzumaki. J'ai la pression, c'est tout. C'est mon père, il pète un câble, ces temps-ci.

Alors Konohamaru raconta à quel point ses parents lui mettaient la pression pour les cours, pour qu'il fût bon en tout, pour qu'il décidât dès à présent ce qu'il allait faire de sa vie.

— Mais moi, j'sais pas ce que je veux faire. J'ai dix-sept ans, comment j'suis censé savoir déjà ce que je veux faire pour les quarante prochaines années ? Puis Papa il veut que je fasse médecine, mais moi, j'ai pas envie d'être docteur, les gens malades, j'aime pas ça.

Nagato étouffa un bâillement comme il put, Itachi sortit de la chambre de Mikan, où la petite fille était couchée et il s'éloigna un peu dans le couloir. Cependant, le policier n'entendit pas sa porte se fermer, il déduisit donc que son colocataire s'était mis en retrait, mais écoutait toujours la conversation.

Finalement, quand Konohamaru fut apaisé, il prit congé et Nagato sentit un découragement certain en contemplant le massacre total du salon. Retroussant les manches de sa chemise, il se traîna jusqu'à l'évier, ouvrant le placard pour en tirer un seau qu'il remplit d'eau chaude et de savon, puis il attrapa une éponge et se mit au travail, frottant avec acharnement chacune des taches qui parsemaient tout l'endroit.

Il sursauta quand Itachi s'approcha, en tenue de nuit, pour saisir une éponge et l'aider dans cette mission colossale.

Ils frottèrent en silence, seulement brisé par l'eau du seau et des éponges essorées au-dessus.

Quand, une heure plus tard, ils furent arrivés au bout du nettoyage, Itachi adressa un sourire à Nagato.

— Toi aussi, tu es quelqu'un de bien, souffla-t-il.

Le regard violet se teinta de surprise et d'incompréhension, mais Itachi ne consentit pas à développer, se contentant de se redresser.

— Je vais finir, va te coucher.

— Merci.

Nagato ne se fit pas prier pour s'exécuter, passant rapidement par l'évier de la cuisine pour se laver les mains, avant de gravir les marches et de se traîner lourdement jusqu'à sa chambre où il acheva de se dévêtir pour enfiler un pyjama.

Pourtant, quand il s'allongea dans son lit, malgré la fatigue qui pesait sur tous ses muscles, il ne parvint pas à trouver le sommeil immédiatement, hanté par un bruit de courroie, par des lettres punitives et par la sensation révoltante qu'il était à deux doigts de perdre quelqu'un à qui il tenait.

Il tourna et vira longuement, protesta dans un murmure après sa couette qui était à la fois trop chaude et glacée, après les draps qu'il imaginait rêches et inconfortables. Il se posa des questions, se réveillant en sursaut régulièrement, arraché à son demi-sommeil par une crainte nouvelle qu'il oubliait aussitôt, par une idée qui fusait et lui échappait.

Quand il tomba finalement de fatigue, ce fut pour être avalé dans un univers sombre de cauchemars peu réjouissants.

La nuit fut courte et peu reposante.


À bientôt !