Adrian

Ma main claque le cul rebondi de Juliet tandis qu'elle me renvoie un regard assassin. Mais quoi oh ?! On est en mission infiltration ou pas ? Faut bien se mettre dans la peau du personnage quand même. Et j'y peux rien si Juju doit encore une fois se vêtir avec classe et élégance. Sa robe corset noire en velours suit le galbe parfait de ses hanches prononcées contrastant avec sa taille si fine et serre sa magnifique paire de seins emprisonnée dans un décolleté à balconnet. Bordel elle envoie du lourd ! Il n'y a strictement aucune place à l'imagination et plus je la matte, plus j'ai du mal à réaliser combien elle est bonne.

— Tu n'es qu'un idiot, grommelle-t-elle.

— Rappelle-moi qui a validé cette mission à la con ?! aboie Marlene en boutonnant sa veste de blazer qu'elle porte sans rien en dessous, offrant une vue des plus appréciables jusqu'à son nombril.

— Euh… Dumbledore lui même, indique Fabian en venant à ma rescousse. Vous êtes prêtes ?

— Non, aide-moi s'il te plaît, demande Emmeline en tentant en vain de remonter la fermeture éclair dans son dos.

Cette dernière porte un pantalon noir pates d'eff' taille basse près du corps avec un simple bandeau en soie violet pastel. Son petit ami s'empresse de nouer les attaches dans son dos puis passe ses mains sur ses épaules et descend le long de ses bras en une longue caresse.

— Merci pour votre aide, lui indique-t-il.

— J'espère qu'on va se montrer plus intéressante que de réelles putes, réplique sa petite amie.

— Evidemment, tout ça n'est qu'une mise en scène, signalé-je. D'ailleurs gardez bien vos baguettes. Elles sont où ?

— A ton avis, grince Juliet d'un air mauvais.

Je croise son air noir chargé de provocation et d'amertume. Oh non bébé, je déteste quand tu me fais la gueule. Cette mission n'est pas de ma faute ! Certes je l'ai imaginé mais j'étais loin de penser que Dumbledore approuverait ! Soit il a perdu encore plus les pedales que d'habitude soit il me fait enfin confiance ! Ce qui est tout aussi louche…

— Je t'avoue que j'hésite entre ta raie et ta chatte, répliqué-je en la détaillant de la tête aux pieds.

C'est vrai quoi ? Sa robe est tellement serrée qu'elle ne laisse aucune place pour se ranger une baguette. A part se la foutre quelque part, bien évidemment.

— Idiot ! grince-t-elle en roulant des yeux.

Pour mimer ses paroles, elle sort son morceau de bois savamment bien planqué entre ses deux seins. Ouh bordel… À ce moment là, je rêve de tout plaquer pour devenir une baguette. Telle est ma nouvelle destinée !

Juliet claque des doigts pour rappeler ma concentration. Je papillonne des yeux et plonge mes yeux dans les siens.

— Tout va bien se passer, indiqué-je, confiant.

— J'espère bien. Parce que tu m'en dois une là Potter ! réplique Dorcas en apparaissant devant le vieux hangar désaffecté, accompagnée de Sturgis.

Cette dernière se passe une main dans ses longs cheveux blonds polaire avant de lisser les pans de sa robe en soie couleur argent, jurant avec le ton diaphragme de sa peau. Si la reine des glaces devait avoir une réincarnation sur terre, ce serait elle.

Depuis que nous avons couché ensemble, c'est bien simple, elle comme moi faisons comme si rien de tout cela n'était arrivé. C'est plus simple pour tout le monde je crois. Je ne m'attarde pas trop longtemps sur sa plastique de rêve, mon œil étant tout naturellement attiré par le provoquant pour revenir sur Juliet en lui adressant un sourire rassurant.

— Dès que le contact Mangemort de Bill apparaît, vous sortez vos baguettes et on les neutralise. Ça sera très rapide, aucune raison de s'inquiéter, expliqué-je.

Juliet, jugée sur des escarpins, est aussi grande que moi. Elle plante son regard féroce dans le mien puis se penche à mon oreille où elle me chuchote de doux mots enchanteurs.

— J'espère bien Potter.

Sa main se referme sur mes couilles qu'elle compresse sans aucune pitié me provoquant une grimace de douleur. Bordel de merde ! Pourquoi est-ce qu'elle fait toujours ça ?! Et pourquoi est-ce que ça m'excite ?!

Juliet ricane pour elle même avant de m'adresser une clin d'œil ravageur. Putain… Ce soir, chérie, tu vas finir à quatre pattes, tu vas rien comprendre.

Gideon se racle la gorge, ce qui m'extirpe de mes rêveries lubrique et attire tous nos regards. Il sort des baluchons de sa mallette en cuir marron, digne du grand proxénète en herbe qu'il est.

— C'est l'heure les gars.

— On va devoir vous attacher, complète Sturgis en sortant sa baguette.

— Quoi ?! Mais comment sommes-nous censées attraper nos baguettes si nous sommes emmaillotées comme des asticots et encapuchonnées comme des Détraqueurs ?! rugit Marlene.

— Tu parviendras bien à te sortir ta baguette du cul, McKinnon, ricané-je. Aller, on me tend ses poings !

— Tu sais où est-ce qu'il va finir mon poing Potter ? réplique la blonde, acide.

— Ouh non ! Pas de fisting s'il te plaît, grimacé-je. Un doigt passe à la limite mais pas tout un poing. J'ai les hanches étroites quand même, faut pas abusé !

Marlene pousse un cri de dégoût tandis que Emmeline, Juliet et les gars se marrent en cœur. Dorcas elle, n'écoute pas ou continue de m'ignorer, je ne sais pas trop. Peu importe, je m'en branle ! Fabian me fustige d'une tape sur le haut du crâne avant de tendre sa baguette vers les poings sagement reliés par Emmeline. La brune se laisse faire, tourne les poignets dans le bon sens au moment où la liane de Fabian s'y enroule autour.

— Pas trop serré ? s'enquit le rouquin.

— Non, tu as déjà fait pire, réplique sa petite-amie.

— Ohoh ! m'écrié-je. Vous n'êtes clairement pas à votre premier galop d'essai vous deux !

Le couple se marre mais ne répond pas pour autant me confirmant alors que j'ai vu juste ! Énorme ! Je suis sûr que Fabian et Emmeline sont le genre de couple qui cache bien leur jeu. Je parie qu'ils font du sale !

Pourtant Emmeline se dresse sur la pointe des pieds et dépose ses lèvres sur celles de Fabian avec délicatesse. L'image qu'ils renvoient est alors absolument super chou. L'espace d'une seconde je me dis que tout ça, leur couple, n'aurait pas pu exister si je n'avais pas été là. Du moins, n'aurait pas duré aussi longtemps. Les deux jumeaux étaient censés clamser il y a trois ans de cela. Jamais je n'ai été aussi fier de mon acte de bravoure. Grâce à moi, une histoire d'amour perdure. Si c'est pas beau tout ça. Je vais chialer sérieux !

Je me tourne vers Marlene et Juliet qui me tendent leurs poings à regret. Je m'occupe en premier de ma belle brune tandis que Gideon vient se planter face à la blonde. Sturgis lui, s'occupe de la Reine des neiges. Cette dernière d'ailleurs le fusille du regard alors que dans le fond, elle ne rêve que d'une chose : lui sauter dessus. Je n'ai jamais compris Dorcas. Jamais.

L'autre soir, j'étais bourré et triste alors je me suis rabattu sur elle pour extérioriser ma colère. Mais elle ? Elle n'était ni bourrée ni triste ni rien. Pas plus que d'habitude en tout cas. Alors pourquoi ? Pourquoi tient-elle absolument à se gâcher la vie ? Pourquoi vouloir à tout prix se faire du mal ? J'ai beau lire ses pensées, je n'arrive tout de même pas à la comprendre.

Si moi je suis un handicapé des sentiments, elle, je ne sais pas ce qu'elle est. Elle n'arrive pas à être gentille. Elle n'arrive pas à montrer de l'amour. Elle est toujours et nécessairement sur la défensive. Hargneuse. Colérique et autoritaire. Pourtant l'autre fois, j'ai vu la vraie Dorcas. Une femme apeurée et docile, aussi malléable qu'une poupée. Soit l'exact opposé de ce qu'elle renvoie.

— C'est bon ? Tout le monde est prêt ? s'enquit Gideon.

— S'il le faut…, soupire Juliet en testant le bandage de ses mains.

Elle replie les coudes et s'assure d'avoir toujours un bon accès à sa baguette cachée dans son décolleté. Marlene c'est plus simple, elle se l'ai fourré dans la manche de sa veste blazer.

— Alors on y va. On ne fait pas attendre un client, me marré-je en prenant un baluchon des mains de Gideon.

Je me plante devant Juliet et lui adresse un sourire en coin chargé d'arrogance et de provocation.

— Tu me le revaudras, grogne-t-elle.

— Ce soir tu me feras toutes les atrocités dont tu rêves, c'est promis, nargué-je en m'approchant de ses lèvres. Je t'aime.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre que j'empacte aussitôt la marchandise. Emballé, c'est pesé ! Juliet pousse un cri de protestation mais le sac en paille qu'elle a sur la tête couvre ses plaintes.

— Vous les Potter, vous avez un grain, désapprouve Marlene, témoin de la scène.

— Ramène ta frimousse Marlou, faut qu'on te cache ou bien on va tous finir pétrifiés !

— Ne m'appelle pas Marlou… Argh !

Sans tergiversions possible, j'applique le même sort à la blonde qui se débat. Juste à côté, j'entends Dorcas prendre le baluchon des mains de Sturgis et se le foutre elle-même sur la tête, non pas sans lui adresser un regard noir. Le blond roule des yeux et l'abandonne pour me rejoindre.

— Tu t'en sors avec ta lionne ?

— Préfère pas en parler, grommelle-t-il.

Il trace directement jusqu'à la porte d'entrée du hangar, en remettant au passage convenablement le col de sa veste en daim. Il soupire bruyamment puis reprend contenance. Dorcas le rend fou. Dans tous les sens du terme. Bordel cette fille est complètement ravagée pour leur imposer une telle souffrance. Ça se voit qu'ils se languissent d'amour l'un pour l'autre ! Ça crève les yeux ! Enfin, Sturgis est assez transparent sur le sujet et puis Dorcas elle, me l'a avoué un soir alors que nous étions encore tous les deux profs à Poudlard. Ses sentiments durent depuis des années mais elle préfère le traiter comme un chien plutôt que l'inviter dans son plumard. A n'y rien comprendre.

Enfin bref. Je glisse mon regard vers l'autre couple qui est fin prêt. C'est pas trop tôt !

— Allons-y, invite Gideon en prenant les devants. Rappelez-vous, au moindre signe de danger on envoie notre patronus aux autres. Ils encerclent le bâtiment donc ils sont prêts à passer à l'attaque.

Effectivement, je lève les yeux de la sombre ruelle dans laquelle nous sommes cachés et aperçois au loin l'ombre de l'un de nos équipiers en train de longer les bordures du toit. Tout l'Ordre du Phénix est là. A l'exception des Potter et des Londubat. James doit d'ailleurs tourner en rond comme un lion en cage pendant que tous les autres sont là, dans le vif du sujet. Pour le coup, Lily ne l'a pas joué finement. Elle sait que son mec a besoin d'action. Ce n'est pas le genre à rester caché, les bras croisés. Il va péter les plombs d'ici peu. Il m'a d'ailleurs fait jurer de l'appeler si besoin. Bien entendu, je respecterai mon engagement. Je les respecte toujours.

— Allez c'est parti les enfants ! lancé-je en suivant les jumeaux.

J'agrippe une liane et tire les filles comme si elles étaient mes esclaves. Le tableau pourrait presque être marrant.

— C'est super flippant de ne rien voir, grommelle Marlene.

— Attention Marlou ! Une crotte de chien !

Cette dernière, plutôt que de sauter en l'air comme je l'espérais, shoote le sol dans l'intime espoir de m'envoyer la déjection en pleine tête. Heureusement, ce n'était qu'une mauvaise blague et le parterre est immaculé. Quelle teigne !

— Eh c'était un fail McKinnon, commenté-je.

— Adrian, tais-toi, siffle Juliet. Tu n'es pas sensé parler avec tes travailleuses du sexe. Surtout que tu nous as soi-disant kidnappé la veille.

— C'est vrai que vous étiez coriaces.

— Des belles bêtes, ponctue Sturgis ce qui me fait pouffer de rire.

— Les gars, focus, appelle Gideon en faisant coulisser la porte d'entrée avec sa baguette. C'est maintenant que tout commence.

Et il n'a pas tort ! Le rouquin habillé d'un costume bleu marine prend les devants et s'enfonce dans le bâtiment. Moi je tire brusquement sur la liane, ce qui fait trébucher Juliet, entraînée par Marlene. Les sorcières répliquent en concert ce qui me fait marrer.

— Oops pardon. Je ne contrôle pas ma force.

— Juliet retiens moi d'étriper ton mec ! s'agace Marlene.

— Je ne te retiendrai pas. Tu peux.

— OH ! Vos gueules ok ?! brusqué-je, en prenant le rôle du parfait connard dans le doute où nous sommes épiés. Souvenez-vous d'une chose : On a juste besoin de votre chatte. Pas de vos langues.

— Techniquement c'est faux, intervient Gideon. On priverait nos clients de certains services, ce serait regrettable.

— Ah oui pas con…

— Ils me rendent fou, souffle Emmeline sous son baluchon.

— T'es pas la seule…

Je n'écoute plus leurs plaintes et presse le pas en donnant plus de mou à la corde qui rattache les filles. Comme si je les amenais au bûcher, nous nous enfonçons dans la bâtisse vide et désaffectée. Une vieille odeur de poussière y règne et un faible petit rayon de soleil perce la taule du plafond offrant alors un seul et unique point de lumière, ce qui rend les recoins sombres et dangereux. Au centre de la pièce, une chaise et une table attendent. Sans attendre, nous nous jetons dans la gueule du loup. C'est le lieu parfait pour un guet apen.

Alors que nous avançons vers le centre de la pièce, des bruits de talons s'approchent et martèlent le sol. Bill et sa troupe de vélanes viennent à notre rencontre. Cette fois-ci, la patronne du Suit ne s'est pas encombrée de ses deux gorilles. Je n'y vois là qu'une seule explication : pour m'éviter de lire en eux et de prendre leur contrôle si jamais les choses tournent mal. Là c'est clair et net, à même pas cinq mètres je suis déjà aspiré par leurs pouvoirs et je suis incapable de me concentrer sur leurs pensées. J'en déduis alors que Bill a des choses à nous cacher. Elle et son mètre quatre-vingts de sexitude.

Bordel de sa race ! Elle est encore moins vêtue que nos quatre poulettes. Elle porte une longue jupe noire fendue avec un holster apparent, enroulant sa fine cuisse, dans lequel est glissée une longue et puissante dague. Elle porte un genre de brassière à bretelles de la même couleur et ses cheveux sont relevés en un élégant chignon relevé par deux baguettes. Elle esquisse un sourire satisfait alors que nous nous avançons. Les deux autres vélanes qui l'entourent sont la métisse qui a sucé Sturgis l'autre soir et notre serveuse. Elles nous fixent silencieusement les bras croisés et les yeux rivés sur notre butin.

— Messieurs, accueille finalement Bill en étirant un sourire. Vous avez fait vite.

— Nous avons à cœur de répondre aux exigences de notre cliente, répond Gideon en s'emparant de la main tendue de la vélane pour y déposer un baise-main des plus distingué.

Vaut mieux lui que moi, car soit je lui aurais sauté dessus soit je lui aurais fait un check. Donc je ne sais pas ce qui est mieux. Certainement un check tout compte fait.

— Nous vous apportons de la matière première de la meilleure qualité, indiqué-je en tirant sur ma corde pour faire approcher les filles.

Ces dernières ne mouftent pas mais je les devine convulser de colère sous leur sac de patate ahah ! Enfin bon… Les remontrances pour plus tard.

— Sont-ce des vélanes ? demande Bill en levant un sourcil.

— Tout à fait, acquiesce Fabian. C'est pour cette raison que nous leur avons couvert la tête d'ailleurs.

— Bien. Asseyez-vous Messieurs, invite la reine des vélanes en tendant la main.

Aussitôt, comme si nous étions dans la salle sur Demande, quatre chaises apparaissent face à la table qui nous sépare de la gérante. Elle-même s'assied tandis que ses deux gardes du corps restent près d'elle, des poignards acérés sagement bien rangés dans leur vêtement. Nous obéissons et prenons place.

— Aurons-nous l'occasion de rencontrer votre client ? demandé-je. Nous devons lui fournir des explications quant à l'extractions de certaines essences de vélane.

— Ne vous en faites pas, vous le rencontrerez.

— Bien !

— Mais j'aimerais étudier les sujets avant toute chose, demande la vélane en battant des cils.

Je sens son charme de vélane se glisser dans mon cerveau et me paralyser. Je cligne des yeux et de secoue la tête comme pour les chasser. Bordel mec ! Te laisse pas avoir ! Je reviens vers Fabian et Sturgis qui luttent aussi bien que moi. Il n'y a que Gideon au final qui s'en tire à merveille. Parfois je rêverais d'être gay merde !

Bill se lève de son siège et est suivie de près par ses deux petites chiennes. Gideon les imite et les invite à s'approcher des filles. Une à une, il leur enlève leur baluchon. Les yeux sombres de la créature mystique tombent alors sur nos poulettes et elle se met à les étudier avec avidité.

— Pourquoi ne sont-elles pas bâillonnées ? demande la vélane en plissant des yeux.

— Parce qu'elles sont soumises au sortilège du mutisme, explique Gideon.

Bordel quel génie ! C'est bien pensé ça ! Et d'ailleurs, on est carrément cons de pas y avoir pensé. On aurait dû plus jouer le jeu !

— Ont-elles été difficiles à capturer ? demande Bill.

— Plutôt, leur charme est très puissant. Enfin, sur mes collègues en tout cas, explique Gideon.

— Hum…

Bill passe lentement devant Dorcas, Emmeline, Juliet puis Marlene. Elle les jauge et étudie leur tenue avec curiosité. Mon esprit est trop embrumé pour réagir mais je la devine satisfaite. Je vois la poitrine de Juliet se soulever, au rythme de son palpitant qui pulse dans sa cage thoracique contrairement à Dorcas qui fixe un point invisible au loin et refuse de croiser son regard. Emmeline elle, fixe ses pieds tandis que Marlene soutient le regard de la vélane avec férocité. Tout doux McKinnon ! Elle ne va pas te manger. Juste t'étudier d'haut en bas comme un vulgaire morceau de viande. Y'a pire dans la vie.

— Elles sont belles, indique alors la gérante au bout de quelques minutes. Très, très belles.

Tous les quatre, comme des cons, nous empressons d'acquiescer. Nous sommes toujours assis, la tête tournée vers les femmes qui se jaugent.

— Laquelle a le plus d'emprise sur vous ?

Fabian, Sturgis et moi échangeons un regard interdit avant que je ne me racle la gorge.

— Euh… Tout dépend des goûts de chacun. Perso, je ne suis pas insensible à la petite brune.

— Celle-là ? demande Bill en désignant Emmeline. Non. L'autre. Pas vrai ?

J'hésite. Merde. Je ne veux pas mettre Juliet en danger inutilement. J'ignore ce que la vipère a en tête. La brunette échange un regard paniqué avec moi tandis que Emmeline se mord de plus en plus fort sa lèvre inférieure.

— Euh… Oui.

— Oui bien sûr. Je vois son corps vous appelez, commente Bill en passant sa main dans les cheveux de Juliet. Et celle-ci. Hum… Timide. Mais ça ne fait rien, ça se soigne. Elle appelle notre grand rouquin. Je me trompe ?

Emmeline relève ses yeux chocolat vers Fabian qui se fige sur sa chaise. Bordel comment fait-elle pour deviner des trucs comme ça ?!

— Non évidemment, je ne me trompe pas, soupire Bill en continuant. Ici… Hum trop facile. Le viking sans hésitation. Son corps transpire de phéromones.

Le regard imperturbable de Dorcas se trouble et aussitôt, elle croise celui de la vélane qui étire un sourire supérieur. La blonde perd toute sa contenance et je constate à vue d'œil que le château de carte s'effondre. Lorsque je tourne la tête vers Sturgis, ce dernier a le cul cloué à sa chaise. Il nous regarde avec effarement avant de se pointer du doigt.

— C'est… C'est moi le viking ? s'enquit-il.

Mais personne ne lui répond car nous sommes tous hypnotisés par le numéro de Bill. Elle se plante finalement devant Marlene et son regard s'illumine.

— Hum… Un sujet très intéressant. J'adore cette ouverture d'esprit ! Cette vivacité, cette flamme. Celle-ci tuerais pour celui ou celle qu'elle aime, commente Bill avec une certaine satisfaction visible sur le visage.

— Et comment savez-vous tout cela ? demande Gideon en fronçant les sourcils. En un simple coup d'œil ?

La femme esquisse un sourire en coin supérieur. Elle se passe la langue sur ses dents et vient se planter devant Gideon. Elle joue avec le col de son costume qu'elle lise convenablement. Bordel… Je la sens pas cette meuf. Elle nous prend pour des cons c'est certain.

— Eh bien voyez-vous, je suis pas une vélane comme les autres, expose-t-elle. Plutôt que de vous voir tel que vous êtes extérieurement, je vous vois… Intérieurement.

— Vous… Nous voyez de l'intérieur ? répète le rouquin, sceptique.

— Je vois votre beauté intérieure oui. Je peux déduire votre nature rien qu'en étudiant les stigmates encore visibles, encore incrustés, en vous. Je vous vois tel que vous êtes, sans masque. Sans corps. Juste… Vous.

— Un comble pour une créature qui est seulement connue pour son apparence physique, répond Gideon en arquant un sourcil.

Bill esquisse un doux sourire et tapote l'épaule de mon ami. Qu'est-ce qu'ils nous font là ?

— Vous êtes une belle personne en l'occurrence. Tout comme ces quatre jeunes femmes, commente Bill en repartant faire le tour des prisonnières. Ce sont des battantes, des personnes passionnées. De forts caractères aux fortes convictions. Elles ont leur fragilité bien sûr, surtout celle-ci, indique-t-elle en s'accrochant au regard polaire de Dorcas. Je vois encore la cendre s'écraser sur sa jeune peau d'enfant. Les coups de ceintures s'abattre sur son dos frêle, les mots violents percuter son crâne pour qu'au final, une paroi aussi glaciale que ses yeux ne vienne murailler son cœur. Typique des enfants battus. Celle-ci se fermera à l'amour toute sa vie. C'est un bon sujet pour mon commerce.

Dorcas papillonne des cils et je crois halluciner lorsque je vois ses yeux se remplir de larmes. Ok… Wouah. On est chez Madame Irma. On est en pleine divagation !

Si au début j'avais peur que nous soyons démasqués, je sais à présent que Bill ne bluffe pas et est vraiment dotée de cette… Disposition. Hors de question qu'elle regarde en moi. Il faut que je change la conversation. Alors que je me relève brusquement, sa paume chaude et ensorcelante se dépose sur mon épaule et me force à me rassoir.

— Mais où va notre chef des opérations ? ricane Bill.

Je suis comme sonné et contraint de rester, hypnotisé par sa beauté.

— Ou plutôt, notre grand sensible ! pouffe-t-elle en me contournant pour me faire face.

Elle plonge son regard noir dans le mien et aplatis ses paumes sur mes avant-bras, me clouant à la chaise. Sa bouche rouge se rapproche de la mienne et malgré mon envie de la repousser, je n'y arrive pas. Elle s'assoit sur mes jambes à califourchon et je cesse de respirer. Bordel de cul. Dégage de là !

— C'est fascinant, souffle-t-elle, à deux centimètres de mon visage.

Ah ouais ? Tu sais ce qui est fascinant ? C'est la façon dont je vais t'envoyer à l'autre bout de la pièce si tu continues ! Elle enfonce ses ongles pointus dans mes cheveux désordonnés tandis que je sens un putain de début d'erection poindre dans mon calbut. Salope merde ! J'ai pas envie de bander sur toi. Tire toi de là !

— Vous n'êtes qu'une jungle, susurre la vélane de sa voix grave. Une profonde et chaotique jungle où s'entremêlent vos sentiments et ceux des autres car tout résonne en vous.

Un tic nerveux agacé me comprime les entrailles. Je me mets à agiter ma jambe, signe implacable que je vais bientôt exploser. Je commence à bien me connaître maintenant. Alors la voyante à deux balles ferait mieux d'arrêter les frais ici même.

— Ces sentiments glissent les uns sur les autres comme des lianes, poursuit la connasse asiat'. Et vous tentez désespérément de vous en défaire mais elles sont !

Elle aplatit sa main sur mon cœur et je suis traversé d'un coup de jus. C'est vif et douloureux comme si un poignard s'était planté en plein dedans. Je hurle de douleur et aussitôt Gideon pointe sa baguette sur Bill. Ses gardes à elles, brandissent leurs poignards mais ne passent pas à l'offensive.

— Ne vous inquiétez pas, calme aussitôt Bill en se relevant. Il est simplement confronté à son mal-être intérieur. C'est douloureux n'est-ce pas ? Toute cette intensité. Cette force ?

— Je n'ai aucun mal-être foutue pétasse, craché-je.

— Vous êtes trop fier et orgueilleux pour le voir, pouffe Bill en haussant des épaules. Ce qui explique pourquoi vous êtes sans limite. Car vous ressentez tout plus fort que les autres, vous emmagasinez plus que les autres car vous vous nourrissez de leur énergie. Vous êtes comme une enclume. Le point d'ancrage entre le réel et la psyché où tout tape et se confronte. Vous êtes là, avec pour seul choix de supporter toute la misère du monde. Sans parler de votre propre complexité…

Sa révélation me laisse de marbre. Cette mongole ne m'apprend rien. Je sais qui je suis et je sais mieux que quiconque ce que ça fait d'être… Moi.

— Et bien je compatis, ça doit être épuisant à force ! souffle la brune en s'éloignant. Toutes ces voix, toutes ces plaintes, tous ces maux !

Je lui lâche un regard remplit de haine alors qu'elle me délaisse, un sourire en coin dessiné sur les lèvres et va divaguer entre Fabian et Sturgis. Espère de vieille folle va ! Va te faire sauter la cervelle, merde !

— Ensuite… Qu'avons-nous là ? étudie la brune. Hum… J'aime ça. Des guerriers. Des hommes de valeur, qui ont le sens de l'honneur et du sacrifice. Le rouquin n'a qu'une seule parole. Et le blond… A le sens de la famille. De belles personnes. Très belles personnes.

Elle repasse sagement devant Gideon, lui accorde un clin d'œil complice puis redirige son regard vers Marlene.

— Désolé trésor, vous êtes presque immaculé tant vous êtes beau, soupire-t-elle à l'attention du deuxième rouquin qui affiche une mine déçue. Un ami loyal, un amant dévoué, un frère protecteur. Vous avez tout pour vous.

Gideon lève un sourcil, interloqué, tandis que son jumeau se marre. Moi je reste passif à tout ça. Le discours de Madame Irma a deux balles commence à me peser sur le système. Elle essaye de gagner du temps cette pimbêche, je l'ai bien compris. Et pourtant je ne peux rien faire. Bordel de cul ! Il faudrait que je la foute hors d'elle pour que son emprise cesse et que je puisse enfin m'introduire dans son esprit de détraqué.

La folle furieuse fait le portrait de Marlene et Emmeline en expliquant combien elles peuvent être dévouées pour ceux qu'elles aiment et tout le patacaisse merdeux auquel elle nous gave depuis tout à l'heure. C'est bon t'as fini ?! Aller, on passe à la suite !

— Peut-être devrait-on aborder les modalités de paiement ? intervins-je, ne tenant plus en place.

— Nous y arrivons, nous y arrivons, assure la brune d'une voix douce.

Argh ! Bordel. Elle rend dingue ! Je vais l'étriper !

Et pourtant, lorsqu'elle s'arrête devant Juliet, je me fige. Vas-y espèce de détraquée, viens pas foutre la merde. Juliet a des séquelles, ça c'est certains. Mais c'est pas le moment de les mettre sur le tapis, elle n'a certainement pas besoin de ça,

— Hum… Je ne vois pas souvent des sujets aussi… Vide, soupire la vélane.

Hein ? Je lève la tête et croise le regard clair de Juliet qui s'arrondit de curiosité. Non, non, ne rentre pas dans son jeu chaton !

— Vous le ressentez n'est-ce pas ? Ce trou béant logé en plein dans vos entrailles ? souffle-t-elle en aplatissant sa paume sur le ventre de Juliet.

Cette dernière a un mouvement de recul, comme si son contact l'avait brûlé.

— Hum oui… Pauvre jeune femme. Quelque chose vous a été privé. Arraché par la force. C'était violent, cruel et douloureux.

Les cils de ma petite amie se baignent de larmes. Minute. De quoi parle-t-elle ? Pourquoi cette conne touche son ventre ?! Elle était enceinte ?!

— Mais ne vous inquiétez pas, chuchote Bill. Ils sont là. Toujours là. Profondément enfouis. Ils coulent toujours en vous. Dans votre sang. Un sang d'ailleurs si noir, si ancien, si noble. Rien ni personne ne pourra vous l'enlever. Enfin…

La main de la vélane glisse sur le bas ventre de Juliet qui reste figée. Complètement stoïque. Bordel, cette conversation va trop loin pour moi.

— Sauf si c'est une fille, révèle Bill. Bon nombre de malédictions sont héréditaires de mère en fille, malheureusement.

Je devine les interrogations poindre dans la tête de Juliet. Je lui fais les gros yeux, l'obligeant à fermer son adorable petite bouche. Les questions c'est pour plus tard, bébé. On a pas le temps là : on doit passer à la vitesse supérieure !

— Bill ! interpellé-je, en m'impatientant. On a pas toute la journée. On vous a ramené les filles, maintenant c'est à prendre ou à laisser.

— Ohoh, ricane la femme en levant un sourcil intrigué. Mais voyez-vous ça ! Notre éponge humaine s'impatiente et… Me parle avec agacement. Je n'ose imaginer combien vous bouillez de l'intérieur pour sortir à ce point de mon emprise.

Je réprime un grognement amer tandis qu'elle fait signe à Gideon de venir se rassoir. Celui-ci s'exécute et elle part retrouver sa place, de l'autre côté de la petite table en fer. Elle s'y affale négligemment et sort un porte cigarette de son sac à main qu'elle s'allume et glisse négligemment entre ses lèvres.

— Bien. Les négociations peuvent commencer, appuie-t-elle en étirant un sourire vicieux.

La seconde d'après, des sangles sortent de nos chaises et en moins de temps qu'il faut pour cligner les yeux, nos chevilles et nos poings se retrouvent prisonniers.

Eh merde.

— Relâchez-les ! menace Juliet.

Ses yeux bleu-vert envoient des éclairs tandis que sa baguette, sortie de son décolleté, pointe vers les vélanes. Elle et les filles ont fait disparaître les lianes qui les retenaient "prisonnières" et pointent les vélanes.

Leur cheffe pouffe de rire, toujours affalée sur son siège.

— Vous me prenez pour une conne, alors excusez-moi de vous rendre la pareille ! argumente Bill en faisant les gros yeux.

Ok… Bon c'est vrai qu'on espérait que notre petit plan fonctionnerait mais… Merde c'est quoi ces trucs ?!

Mon regard tombe sur des cristaux violets qui sont répartis tout autour de nous. Nous sommes encerclés. Visiblement en plein dans une prison magique. Ou un champ de force. Ce qui veut dire que nos sorts, soit ne vont pas fonctionner soit vont ricocher. Génial, absolument génial. Je pari que Bill les a placés pendant qu'elle nous étudiait.

— Franchement, nous étions curieuses de cette entrevue, se marre cette dernière en renvoyant un regard complice à ses sbires qui se mettent à se bidonner comme des hyènes. On se demandait vraiment si l'Ordre du Phénix allait avoir le toupet de nous vendre ses poulettes !

Et aller. Vas y que je me fends la gueule. C'est bien, c'est bien. Connasses va !

— Je ne le répéterai pas, grogne Juliet, toujours menaçante.

Marlene, Emmeline et Dorcas renforcent leur prise sur leur baguette mais les Totally Spies n'ont toujours pas compris que nous sommes encerclés d'un champ de force.

— Mais allez-y, attaquez-moi, se marre Bill. Je vous défie de le faire.

Ma tête brûlée préférée s'apprête à fendre l'air mais j'interviens aussitôt :

— Ne fais pas ça Ju' ! hurlé-je, paniqué.

Je suis cloué à ma chaise et la brune est derrière moi donc je dois me contorsionner pour capturer son regard. Lorsque c'est fait, je tente de l'en dissuader.

— Regarde par quoi nous sommes entourés, indiqué-je.

Les yeux des mes acolytes se posent sur les pierres qui nous entourent et ils comprennent alors très vite que la magie ne nous sera d'aucun secours.

— Oh putain, souffle Sturgis en lâchant sa tête en arrière, les yeux fermés.

— Mais c'est que notre legilimens est observateur, en plus.

Bon… Du coup c'est plutôt clair. Nous sommes faits comme des rats. Pas d'échappatoire possible. On ne peut même pas envoyer un patronus pour prévenir les autres. Donc c'est la merde. La grosse merde absolue. La seule solution que je vois à l'instant présent, c'est de pousser à bout la harpie pour que ses charmes cessent et que je puisse m'infiltrer dans sa tête. Normalement mes pouvoirs de legilimens peuvent passer au travers de notre prison dorée. Normalement…

— Comment savez-vous que nous sommes de l'Ordre ? demande Fabian en plissant des yeux.

Bill pouffe à nouveau de rire et roule des yeux.

— Mon mignon. Des rouquins comme toi ça ne court pas les rues ! Encore moins lorsqu'il est accompagné de son jumeau, d'une armoire à glace et d'un insupportable legilimens, informe la bonne femme en attardant son regard sur moi. Corrompre mes videurs était votre première erreur. J'ai tout de suite su qui vous étiez dès que vous avez franchi les portes de mon établissement.

— Vous savez qui nous sommes car vos p'tits potes les Mangemorts vous ont dressé notre profil, percuté-je.

— Vous travaillez avec des assassins, complète Emmeline en grinçant des dents.

— Je travaille avec le plus offrant, contre la vélane. Ne me mettez pas dans le même sac qu'eux. Votre petite gué-guerre de sang ne m'intéresse pas. Je veux simplement faire vivre mon commerce et qu'on me laisse libre de mes actions.

Parfait ! Une personne neutre. Ça va être encore plus facile à entourlouper, tout ça.

— Du coup pourquoi on est enfermé ? Vous souhaitez admirer ma plastique de rêve pour vous toutes seules ? provoqué-je.

— Adrian, souffle Juliet en s'approchant de moi. Ce n'est pas le moment de faire de l'humour.

— Oh mais si ! Moi je crois que si, bien au contraire. De toute façon c'est pas comme si on avait autre chose à foutre, pas vrai la chinetoc ?

Cette dernière se lève aussitôt de son trône et s'approche de moi à pas de furie. Bien ! Très bien ça. Viens ma belle, Adrichou va t'en faire voir de toutes les couleurs.

— Vous resterez ici jusqu'à ce que je l'ai décidé !

— Ouais vous attendez les ordres de vos supérieurs quoi, ricané-je. Dans le fond, vous nous neutralisez mais vous ne savez pas trop pourquoi. Vous êtes juste… Une bête et méchante exécutrice.

— Adrian, souffle Strugis. A quoi tu joues bordel ?

Je ne lui réponds pas, trop occupé à provoquer du regard la femme qui se plante devant nous. Elle commence à hyperventiler, c'est parfait. Ses fentes noires me clouent sur place, ce qui me conforte dans mon attitude. Ma caille, tu sais peut-être voir qui je suis mais visiblement, tu ne sais pas voir clair dans mon jeu. Un point pour Adrian ! Remarque raciste, check. Réplique hautaine et méchante, check. Maintenant, on va tester sa patience.

— Vous feriez mieux de vous tenir à carreaux, siffle la brune. Les Mangemorts vont vous réduire en charpie.

— Ah ouais mais d'ici à ce qu'ils bougent leur cul de gros consanguins, nous on aura le temps de mourir de faim ! Vous n'avez pas faim les gars ?

Je lève la tête vers mes acolytes qui me dévisagent avec effarement.

— Il est dix heures du mat, Ad', me signale Marlene.

— Bah c'est parfait ! J'ai pas pris de p'tit dej en plus ! m'entousiasmé-je. Hé grain de riz, tu veux pas aller nous chercher un truc ? Franchement, je tuerais pour un tacos-kebab ! Un trois viandes s'te plait. Sauce blanche-andalouse, un classique. Sans oignon, j'aime pas puer de la gueule. Sans crudité, comme ça, ça laisse plus de place pour la viande. Sans sauce fromagère. Et une montagne de cheddar. Avouez ça vous ouvre l'appétit les gars ?! Vas-y, un tacos-kebab trois viandes pour tout le monde ! Moi je prends viande kebab avec… Cordon bleu ? Nuggets ? Non. Je vais prendre viande kebab, avec viande kebab et viande kebab. Trois fois kebab ! Pour trois fois plus de plaisir !

— Ta gueule ! hurle la vélane.

Les fentes de son nez s'ouvrent et se referment au rythme de sa respiration effrénée. Elle monte dans les tons, devenant de plus en plus rouge. Yes ! Ça marche !

— Gérez-le, il m'insupporte ! lance-t-elle en envoyant tout bouler.

Elle nous tourne le dos et s'en va, laissant le tour de garde à ses deux chiennes. Parfait, deux pour le prix d'une ! On va bien s'amuser.

— Mais tu pars oùuuuu ? me plains-je en l'appelant. Ouhouh ! Oh la proxénète ! REVIENS ! Ah tu vas chercher nos kebabs ?! Ouah franchement t'assure grave, merci. On pourra t'élire meilleure kidnappeuse de l'année !

— Mais qu'on le fasse taire, souffle Dorcas, dépitée en se laissant retomber par terre.

Elle est imitée par Marlene et Emmeline qui s'affalent sur le sol. Juliet elle, vient près de moi et retire la barrette qu'elle a coincé dans les cheveux pour en révéler une fine lame coupante, aussi fine que celle d'un cutter mais qui pourrait très bien faire l'affaire pour déjà nous libérer de nos sièges. Bien joué bébé !

— Laisse-le faire, indique-t-elle en venant s'atteler à la tâche. Il les pousse volontairement à bout.

Elle cisaille délicatement la ficelle qui retient mon poignet gauche et je lève les yeux vers elle, heureux qu'elle ai si bien compris mon petit jeu. Mon regard s'attarde sur sa paire de seins qui bouge au rythme de ses mouvements secs et répétitifs. Bordel qu'est-ce qu'elle est bonne.

— Eh ! Qu'est-ce que vous faites ? demande l'une des vélanes en s'approchant.

Je cligne des yeux et la dévisage comme si c'était la première fois que je la voyais. Depuis notre cage invisible, leurs charmes ne font plus effet et c'est à ce moment là que je me rends compte qu'elle est bien fade et loin de ce à quoi je m'attendais.

— Bah on se libère, indiqué-je, l'air de rien. C'est pas comme si on avait besoin d'être attachés. On est déjà dans une cage.

Je me lève de mon siège alors que Juliet s'attaque à mon deuxième poignet. Nos deux gardes s'agitent mais elles ne peuvent strictement rien faire, puisque nous sommes séparés d'elles dans notre prison dorée.

Dès que je suis libre, je claque un baiser de remerciement sur les lèvres de Juliet et retourne m'affairer du côté des vélanes pendant qu'elle libère les autres. J'étudie les contours de notre enclave et shoote un petit caillou par terre qui vient se faire carboniser dès qu'il entre en contact avec la délimitation transparente. Euh… Ok ? On va s'éloigner du bord hein. C'est plus prudent.

— En tout cas, belle prison, commenté-je à l'intention des vélanes.

J'enfonce mes mains dans les poches de mon jeans et émets un sifflement admiratif.

— Y'a même de quoi se faire un petit barbeuc, ricané-je. Bon évidemment je préfère les kebabs hein. Mais si jamais on est à cours on peut toujours envoyer McKinnon se faire griller le cul et hop ! Service à domicile !

— Tais-toi abruti, siffle la métisse.

— Me taire ? Oh non j'ai beaucoup trop de choses à dire, pouffé-je. D'ailleurs, comment vous avez fait pour trouver des trucs pareils ?

Silence, aucune des deux ne répond, ce qui me fait esquisser un sourire provocateur.

— Ah bah oui ! Suis-je bête ! Ce n'est pas vous le cerveau des opérations. Donc vous n'en avez aucune idée. Mais en tout cas c'est bien pensé ! On est juste en dessous du puits de lumière, exposition plein sud, on va pouvoir peaufiner notre bronzage en attendant, c'est top. Et puis on a quoi ? Hum… Aller, on peut tabler sur une bonne superficie totale de dix mètres carrés je dirais, franchement c'est propre ! Vous savez qu'il y a des apparts à Londres qui sont plus petits que ça et bien moins situés ! Là, on est en plein centre de Birmingham, cœur central de l'industrialisation, de l'alcoolisme et de la débauche. Franchement les gars, on ne peut pas se plaindre !

Je me retourne, l'air de rien et lis de l'amusement sur le visage des garçons, à présent libres. Ils me laissent continuer mon petit numéro pendant que les vélanes s'impatientent. Elles ne me répondent pas mais je devine à leurs traits qu'elles sont tendues.

— Et sinon ça gagne combien par mois pute ? demandé-je en m'affalant sur mon siège. Je me suis toujours posé cette question. Bon évidemment quand c'est moi le client, ce n'est jamais très rentable et puis elles sont condamnées à quinze jours de béquilles après mais bon, outre moi et mes compétences de démontage de culs incroyables, ça marche bien votre petite affaire ?

— Nous ne sommes pas des putes ! rugit notre serveuse de la dernière fois.

— Ah pardon. Vous êtes des esclaves sexuelles, c'est ça ? Vous aussi vous vous êtes faites vendre comme des sacs de patates sur le marché de Rungis ?

En vrai, leur condition est assez triste et je me rends compte que leur vie ne doit pas être de la tarte tous les jours. Et j'imagine que surveiller un chieur comme moi en cage doit bien les emmerder. Est-ce qu'elles sont libres au moins ?

— Ne lui répond plus Serena, soupire la métisse en roulant des yeux.

— En vrai, qu'est-ce qui vous différencie d'un elfe de maison ? demandé-je en faisant mine de cogiter.

— ASSEZ !

La Serena en question monte dans les tours et son visage angélique je transforme en celui d'une furie hystérique. Sans hésiter une seule seconde, je pars direct à l'assaut de son esprit.

BANG !

Je me cogne violemment à la paroie de notre cage magique. La choc est violent, brûlant et je manque de tourner de l'œil. Oh bordel de cul ça fait un mal de chien !

— Adrian ! Ça va ?

Je papillonne des yeux pendant que j'entends les vélanes ricaner de suffisance. Argh bordel ! Fais chier !

Je sens les mains de Juliet venir encadrer mon visage et ses yeux m'ausculter avec panique. Elle me tâte et tente de me ramener vers elle, alors que je suis à deux doigts de m'évanouir.

Un bruit sourd résonne dans mes tympans et me mitraille le crâne à coup de marteau piqueur. Chaque accoups me brûlent d'une douleur tellement aigu et intense que je ne parviens pas à rassembler les idées cohérentes.

— Adrian !

Je me sens couler sur mon siège, tout se brouille, tout se fait noir et mon cœur pulse tellement fort que s'en est douloureux.

— Bordel qu'est-ce qui lui arrive ?!

J'entends tout autour de moi mais je ne vois plus rien. Je deviens un putain légume. Les autres s'affairent mais tout est trop loin, trop hors de porté. Je me sens sombrer dans un vide total, dans une douleur inhumaine.

— Il saigne ! Ses yeux, son nez et ses oreilles !

— C'est la violence de l'impact, il est en état de choc. Aidez-moi à le mettre par terre, il fait de la tachycardie, indique Juliet.

Je sens des mains m'agripper, et une chaleur insurmontable m'envahir. Ma gorge se compresse et je suis pris de spasmes répétitifs qui deviennent de plus en plus forts.

Puis plus rien. Trou noir.

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— Éloignez-vous ! Laissez-le respirer… Adrian, ça va ?

Hein ? Quoi ?

Je fronce les sourcils et papillonne des cils. J'ai la sensation que tout mon corps est engourdi et que je viens de sortir d'un sommeil long de quatre cent ans.

Lorsque je fais le focus sur mon environnement, je distingue clairement Juliet penchée au dessus de moi. Je suis étalé sur le sol et ma chemise est grande ouverte et tachée de sang. Je reconnais très vite la cage invisible dans laquelle nous sommes enfermés et celle-ci me rappelle aussitôt de mauvais souvenirs. Être enfermé et privé de mes pouvoirs, ça m'est déjà arrivé. Je suis pris d'un sursaut de frayeur et recule aussitôt, le plus loin possible des remparts invisibles.

— Qu'est-ce qui m'est arrivé ? demandé-je, encore en état de choc.

— Tu parlais trop, on arrivait plus à t'arrêter alors on a du t'assommer, répond Gideon en étirant un sourire en coin.

Pourtant son humour n'arrive pas à me faire redescendre. Bien au contraire, mon visage ne se déride pas et je fixe inlassablement notre prison avec un certain mal-être, comme si je savais d'avance ce qui va nous attendre.

— Tu t'es mis à convulser et tu as beaucoup saigné des oreilles, me répond Juliet, soucieuse. Tu te sens mieux ?

— On doit se casser d'ici, signifié-je sans lui répondre. Le plus vite possible. Ce truc là. Cette merde ! C'est une cage à démon.

— Une cage à quoi ?! répète Sturgis en écarquillant des yeux.

— Mais les démons n'existent pas.

— Non mais c'est une appellation, soufflé-je, vidé de mes forces. Ça veut dire que de l'extérieur, la magie traverse les paroies mais pas de l'intérieur.

— Donc on est toujours vulnérables ? comprend Dorcas.

— Et incapable de se protéger avec notre magie, complète Marlene.

— C'est ça, approuvé-je. Autrement dit, cette cage a été spécialement conçu pour de la torture.

Tous se dévisagent silencieusement, comprenant alors la dangerosité de la situation. Nous déglutissons avec difficulté, plus que jamais dans une impasse.

— Il faut qu'on trouve un moyen de prévenir l'Ordre, décrète Dorcas en étudiant les alentours, alarmée.

— Et comment ? Sans magie on est impuissants, souffle Gideon.

— De toute façon dès qu'ils verront apparaître la fumée noire des Mangemorts dans le ciel, ils comprendront que nous sommes en danger, percute Juliet.

— Y'a de fortes chances, oui, approuvé-je en me redressant avec peine. Mais on va déguster.

Nos camarades surplombent les toits donc il n'y a aucune raison pour qu'ils ne voient pas ces fils de pute arriver. Je ne vois que ça pour l'instant. Pas d'autre issue possible.

Je lève les yeux vers les deux vélanes au loin qui semblent s'ennuyer comme des rats morts. L'une se cure les ongles, assise, les jambes pendant dans le vide sur la table tandis que l'autre est avachie dans le siège qu'occupait Bill. À ce propos, cette dernière n'est toujours pas revenue donc je présume que la vipère est partie prévenir les Mangemorts.

Nous restons ainsi, en silence et repliés sur nous même, dans la cage invisible pendant bien vingt minutes lorsque soudainement, la porte du fond du hangar s'ouvre à la volée. Bill revient, juchée sur ses escarpins, suivie de près par deux tête cagoulées. Allez c'est parti ! Les hostilités commencent ! Je fonds de désespoir en comprenant qu'ils ne se sont pas déplacés dans le ciel… Merde ! L'Ordre ne va jamais comprendre que nous sommes fichus !

La reine des vélanes appelle d'un signe de tête ses deux sbires qui détalent et viennent la rejoindre. Elles referment la porte derrière elles, nous laissant alors en tête à tête avec nos nouveaux petits copains.

Les deux encapuchonnés réduisent la distance et viennent à notre rencontre. Juliet s'est tendue à mes côtés et comme tous les autres, son attention est braquée vers nos nouveaux tortionnaires.

L'un d'eux rompt le silence en applaudissant dans ses mains tandis que l'autre fait résonner un rire démoniaque à glacer le sang. Ouais c'est ça, fend toi la poire, vieux con !

— Oh bah ça alors, pouffe celui qui applaudit comme une otarie. C'est une bonne pêche !

— On devrait peut-être tendre des pièges plus souvent, qu'est ce que t'en penses Marcus ?

Marcus ? Oh. Non. Me dis pas que…

— C'est Marcus Avery et Evan Rosier, comprend Marlene en chuchotant.

Eh oui. Gagné. Mes deux élèves violeurs préférés. On va bien s'amuser, je le sens d'avance.

— C'est vrai, ricane l'autre Mangemort. Ils sont… Si dupes. Vous pensiez vraiment que vous arriverez à nous coincer alors que c'est nous qui avons initié tout ça ?

Pas de réponse. Tout le monde renforce sa prise sur sa baguette bien qu'elle soit totalement inutile. Nous fixons les deux connards avec hargne, prêts à en découdre bien qu'on ne sache pas encore comment.

Ils se plantent devant notre prison et nous étudient avec avidité, fiers de leur prise. Ils abaissent leur capuche et je fais enfin face à leur visage de lâche.

— Eh bah ! siffle Evan Rosier. Mais c'est qu'on a du beau monde en plus et … Oh ! Marcus tu as vu ça ?! Y'a notre prof préféré !

Les regards des deux Mangemorts s'arrondissent de surprise avant de tressaillir d'excitation. Bien sûr que je suscite leur intérêt. Après les avoir affiché dans la Grande Salle, ils n'ont jamais eu l'occasion de prendre leur revanche. Putain de merde, je le sens vraiment pas ce coup foireux.

— Mais non ! Génial ! Je croyais que ce fils de chien était mort, ricane le Marcus en question. Alors comme ça on s'est terré pendant trois ans dans un trou ?

Ma mâchoire et mes poings sont contractés. Bordel je rêve de leur refaire le portrait. L'Ordre a intérêt à venir nous chercher dans les minutes qui suivent sinon ces tarés vont se faire un plaisir de nous traiter comme leurs poupées.

— Et oh ! Y'a ma petite chérie aussi, ricane Evan en abattant son regard sur Emmeline.

Cette dernière pâlit sur place. Elle a un mouvement de recul et est soutenue par Fabian qui est aux aguets.

— Ah ouais, je me souviens de cette petite garce, approuve son homologue. Elle t'as pas laissé un souvenir amer la dernière fois qu'on s'est croisé d'ailleurs ?

— Hum si... Je crois. Heureusement que t'en parle Avery sinon j'aurais presque oublié son joli dessin.

Il tourne la tête sur le côté pour nous révéler la moitié de son visage complètement brûlé. Emmeline pousse un cri, choquée.

Il ne reste presque plus rien. Son côté gauche a complètement fondu, sans doute dû à une explosion ou un incendie. Sa peau est rose et brillante, sa paupière est complètement affaissée sur son œil mort et des plaques brunes recouvrent son derme. On ne distingue plus son oreille, elle aussi complètement cramée. Tout comme son crâne d'ailleurs et le début de son cou. Bordel, la brunette ne l'a pas loupé. Elle va y passer en premier, c'est certain.

— C'était quand ça ? chuchote Fabian à sa petite amie, interloqué.

— Je… Je crois que c'était en…

— En Écosse, complète Evan en acquiesçant. Tout à fait ! Alala… De beaux souvenirs.

C'est à ce moment là que je me rends compte qu'il joue avec un poignard dont la lame est incrustée d'un liquide noir. Il s'amuse à la lancer dans les airs et à la rattraper par le manche avec dextérité. Ohoh… J'aime pas ça. J'aime pas ça du tout. Instinctivement, je passe doucement une jambe devant Juliet et me mets devant elle.

Dès que Rosier s'aperçoit que tous nos regards sont braqués sur son arme, il se met à ricaner et à jouer de plus en plus vite avec.

— Hop ! Hop…hop et hop ! s'amuse-t-il multipliant les acrobaties.

Ok le type veut nous montrer que c'est un bon jongleur, on a compris. Mais je le sens toujours pas. Vraiment pas.

Emmeline non plus d'ailleurs. Elle est aussi pâle qu'un linge, la pauvre.

— Evan, pouffe Marcus. Arrête de jouer avec la nourriture. Tu leur fais peur.

— Ah bon ? Tu crois ? s'étonne faussement le Mangemort. Tu crois que c'est ma tronche qui leur fait peur… Ou ça ?

Il lance à nouveau l'arme tranchante dans les airs avant de la récupérer dans sa poigne.

— Hé Capitaine Crochet, interviens-je enfin. Désolé de te décevoir mais t'étais déjà moche avant. D'ailleurs c'est pour ça que t'étais obligé d'utiliser la magie pour te faire sucer. Sans ça, personne ne voulait de toi.

Hop voilà, il vient de descendre de son piédestal en moins de deux. Son sourire s'évanouit et son regard meurtrier s'abat sur moi. Voilà c'est bien, concentre-toi sur moi plutôt.

— C'est vrai. J'avais oublié qu'il avait réponse à tout ce con, fait remarquer Marcus en se marrant.

Evan Rosier ne se déride pas et observe son pote se fendre la gueule. Son couteau tourne sur lui-même, à l'intérieur de sa paume puis sans prévenir, il nous vise à toute allure.

— BAISSEZ-VOUS !

Tout s'enchaîne très vite. Un mouvement de panique émerge et très peu ont le réflexe de s'abaisser. L'arme transperce les paroies invisibles de notre prison pour foncer droit sur Emmeline. C'est sans compter sur son petit-ami qui s'interpose et se prend la lame en pleine épaule, soit exactement à la hauteur du crâne de la brune.

Le souffle court, elle ouvre un œil et constate avec soulagement qu'elle est toujours en vie. Fabian lui, grimace de douleur et tire d'un coup sec sur l'arme pour libérer son épaule. Putain… Ils ont eu du cul.

Mais une chose vient d'être confirmée, c'est qu'on peut faire passer des objets ou des sorts à travers les parois mais pas dans le sens inverse. Donc on est définitivement vulnérables. C'est génial.

— Oops, désolé, ricane Evan. Je sais pas ce qu'il m'arrive. Ça doit être lié aux traumas de la brûlure. Vous savez dès fois j'ai des spasmes… Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ?

Lui et Marcus se marrent en cœur. Ils nous tournent autour comme des vautours, se demandant très certainement à quelle sauce ils vont nous manger. Mais perso, je ne compte pas attendre que mon tour vienne. Je veux en finir au plus vite. Si je parviens à sortir de la cage, ils seront maîtrisés en moins de deux et n'auront pas le temps de faire du mal aux autres. Je dois donc agir maintenant.

— Dis plutôt qu'avec un œil en moins tu ne sais plus viser, répliqué-je, l'air de rien.

Je lève un sourcil et provoque du regard les deux mangemorts. Juliet tire sur mon avant-bras, me forçant à rester là, sagement auprès d'elle mais je n'écoute pas, me défait de son emprise et avance dans la prison, près des barreaux.

— T'as envie de te faire sauter la cervelle avant l'heure l'affreux ? demande Marcus en plissant les yeux.

Je pouffe de rire et étire un sourire vicieux.

— Moi "affreux" ? m'exclamé-je, hilare. Je crois que tu ne m'as pas bien regardé. Bon ok, je suis peut-être couvert de sang mais il n'empêche que je suis et que je serai toujours plus beau que toi.

— Ah ouais ? Tu veux qu'on teste ? part au quart de tour le Mangemort.

Bordel ils sont bien trop faciles à corrompre. Même sans entrer dans leur tête.

— Ouais carrément, déclaré-je en ouvrant grand les bras. Venez vous frotter à moi...

— Adrian !

— Ne fais pas ça, intervient Gideon.

Allez-y, suppliez moi les gars. Ça va les encourager à vraiment le faire. Sans le vouloir, mes amis m'aident dans mon plan. C'est parfait.

— Un combat d'hommes à hommes. A la loyale. On verra qui vous met au tapis, reviens-je à la charge.

Marcus et Evan se renvoient un air amusé avant de revenir vers moi. Ils me considèrent longuement de la tête aux pieds avant d'acquiescer et de se frotter les mains. Avery se met à sautiller sur place et tourner les épaules, comme s'il était un joueur de boxe, près à entrer sur le ring.

— Aller, on va se le faire. Sors-le d'ici Rosier.

— Attend, calme aussitôt le Mangemort défiguré en levant une main. Il a dit un combat à la loyale, non ?

Son ami se fige, tout comme moi. Merde, qu'est-ce qu'il va me sortir comme truc tordu ?

— J'ai un œil en moins, complète Evan. Donc en toute logique, Potterson devrait lui aussi avoir un œil en moins.

— NON ! hurle soudainement Juliet, retenue en arrière par Marlene et Gideon.

Je me retourne vers elle et nous nous observons silencieusement. Je déglutis avec difficulté. Merde. J'avais pas prévu ça. Je n'avais pas anticipé à quel point ces fumiers pouvaient être aussi cruels.

— Ah mais moi les gars je suis myope déjà de base, répliqué-je alors. On dirait pas comme ça, mais je porte des lunettes habituellement, vous savez ? Donc je suis déjà désavantagé. Si on coupe la poire en deux…

— On te filera une paire de lunette pour ton bel oeil restant, t'en fais pas, on est pas comme ça, susurre Marcus. On est humain avant tout.

Ah ouais, je vois ça. Ça coule de source même.

— C'est plutôt loyal moi je trouve, indique Evan en haussant des épaules.

Ouais, qu'ils essayent seulement. Dès que je serai hors de cette putain de prison, ils auront à peine le temps de souffler que je serai déjà dans leur esprit. Donc ils peuvent toujours rêver. Ils ne m'auront pas et moi j'aurais toujours mes deux yeux pour les narguer. Alors allons-y !

— C'est quand vous voulez mes poulettes, annoncé-je en étirant un sourire goguenard.

— Bon sang Adrian ! Tu es stupide ou quoi ?! rugit Sturgis.

— T'en fais pas bichette, je serai toujours aussi beau gosse, nargué-je en lui adressant un clin d'œil taquin.

— Adrian, commence Juliet.

— Bébé, tu me fais confiance, non ?

Cette dernière se tait et acquiesce aussitôt de la tête, ce qui la calme presque instantanément. Bien. Alors on peut y aller.

— C'est bon Potterson ? Tu t'es décidé ? se moque le grand brûlé.

J'étire une risette bien qu'il continue à m'appeler Potterson et non Potter. En même temps, il ignore tout de moi. Donc il est bien loin de se douter que je représente la fière et noble descendance des Potter.

— Allons-y mon mignon, je suis tout à toi.

Marcus se rapproche de la prison, prêt à enlever la pierre qui maintient notre habitat clos. Allez vas y, fais moi sortir de là ! Je suis un putain de lion en cage et je vais te sauter à la gueule d'un instant à l'autre. Alors vas y, lève la barrière ! Libère la bête ! Je trépigne d'impatience. Je fais craquer mon cou de gauche à droite, sachant que la partie sera très vite réglée.

Pourtant à cet instant précis, Evan sort sa baguette et la braque droit vers moi.

— Impero !

Hein ?! Quoi ?!

Ma vision se voile et tout mon corps se relâche. Je deviens aussi las qu'un pantin de bois et mon geôlier tire les ficelles avec un fin sourire pervers dessiné sur le visage. J'entends sa voix de gros bourrin retentir dans mes oreilles. Elle résonne dans tout mon corps et m'oblige à avancer d'un pas.

— Attend encore un peu Marc', signale le connard à son collègue.

Ce dernier acquiesce, comprenant alors très bien son intention. Moi je ne comprends plus rien, au contraire. Je ne prête pas attention aux réactions derrière moi. Je sens mes amis bouger et retenir leur souffle en redoutant le pire mais je ne parviens pas à parler. L'emprise de Rosier est trop forte. Elle me compresse les neurones et même si j'essaie de lutter, j'ai la sensation d'être prisonnier de mon propre corps. Je suis conscient de tout mais je n'arrive rien à faire.

Alors que j'avance encore de force, le bout de ma Air Force vient rencontrer la paroie transparente de la prison. A son contact, elle crame instantanément et je sens sa chaleur picoter mes orteils.

— Arrêtez ! Qu'est-ce que vous faites ?!

— Adrian, fait front. Essaye de le repousser !

Plus facile à dire qu'à faire les cocos. L'œil vert de Evan me scrute d'une cruauté sans limite. Il est déterminé et il ne s'arrêtera pas avant d'avoir eu ce qu'il voulait.

— Rapproche ton visage Potterson, ordonne-t-il, la baguette tendue vers moi.

Incapable de résister, je tourne ma tête sur le côté et approche ma face droite vers la limite grésillante de la cage. Sa chaleur destructrice se rapproche de mon derme et j'ai déjà chaud. Très chaud.

— NON !

— Tenez-le ! Aidez-moi !

Je me sens être attrapé par les pieds, par les mains, les épaules, de partout. Mes amis se sont jetés sur moi et m'empêchent d'avancer mais je ne peux pas lutter. Je dois y aller ! Je dois avancer ! Je dois aller me cramer le visage !

— Putain mais laissez-moi ! me débats-je en avançant.

— Adrian, rentre dans ma tête, supplie Juliet en me tournant de force le visage vers elle. Fais quelque chose, viens en moi. Combat-le ! Tu ne peux pas le laisser gagner. C'est comme de l'occlumencie, repousse le.

— Mais je peux pas, j'y arrive pas brodel ! m'écriais-je en luttant de toutes mes forces.

Je sens un poids de plomb s'écraser sur moi et je tombe à terre. La gigantesque carcasse de Sturgis s'est abattue sur moi et m'a neutralisée au sol. Même si Rosier me hurle de toutes ses forces de m'approcher de la frontière, je ne peux pas. Sturg' représente un quintal de muscles, je suis dans la totale incapacité de le repousser.

Face contre terre, je respire la poussière du sol. Le blond me maîtrise d'une clé de bras. Mais mon autre main gauche, proche de la limite, est libre. Et le mangemort l'a bien vu.

Sans que je ne puisse le contrôler, je tends mon bras, aussi vif qu'un chat et je butte contre la paroie grésillante de la prison.

— ARGHHHHHH !

Toute ma main et mon avant-bras se font percuter par l'impact. La douleur est tellement vive que mon cri résonne dans tout le hangar. Une brûlure atroce me carbonise la peau avant que je ne sois retiré de force par le blond qui a réagi presque aussitôt. Pourtant c'est trop tard.

— ADRIAN NON !

Rosier lève son sortilège et s'écroule de rire avec son collègue. Je redeviens à nouveau maître de mes émotions et tout mon corps est secoué des spasmes. Je me tords de douleur sur le sol alors que des larmes salées viennent remplir mes yeux. Je continue de hurler tant la douleur est vive. C'est horrible, c'est insupportable. Ma chemise blanche à complètement fondu et s'est mêlé à mon derme qui est à présent rouge vif. Je n'ai plus de peau, plus rien. Je suis devenu une putain de grillade !

— Arghhh ! PUTAIN ! hurlé-je en me tortillant au sol, comprimé par la brûlure.

— ADRIAN ! Regarde-moi ! Ça va aller ! On va te soigner…

— Non, non je dois les en empêcher… AHHHH !

Je suis comprimé et engouffré par la douleur. C'est une putain de torture comme je n'en ai jamais ressenti avant. Je n'arrive plus à bouger mon bras, encore moins mes doigts. Je soutiens mon coude de mon autre main vacante tandis que je tressaille, de parts en parts. Ma machoire claque et j'ai soudainement froid. Très froid. Pendant ce temps, ma colère grandit en moi. Une putain de colère, doublé d'un sentiment irréprésible de vangeance. Quelle bande de fils de putes ! Je vais leur exploser la tronche. Les voir se tordre de rire ne fais que renforcer mon amertume.

Juliet me soulève le buste, retire ma chemise et ordonne aux autres de donner leurs vêtements. Sturgis refile sa veste qu'elle s'empresse de me déposer sur les épaules.

— Passe ton bras libre dedans, demande-t-elle, aux aguets.

— Je peux pas. J'ai l'impression que mon bras va me lâcher si je le laisse, indiqué-je en mimant une grimace.

— Je vais faire un bandage, indique-t-elle, sûre d'elle, en déchirant ma chemise en lambeaux. C'est juste une sensation mais je te promets que ça va aller. D'accord ?

Je l'observe quelques secondes. Ses yeux clairs sont baignés de larmes mais elle fait front. Elle est là, à terre avec moi tandis que Sturgis est toujours derrière moi. Je repose mos dos contre son buste et il m'aide à affronter cette douleur lancinante en me maintenant assis à terre.

— Qu'est-ce que je peux faire pour aider ? s'enquit Marlene, une veine d'inquiétude dessinée sur le front.

— Rien. Surtout rien ! Restez-où vous êtes. Personne n'a de l'alcool sur lui ?! rugit Juliet en repoussant les autres.

— Euh... J'ai une flasque de whiskey dans ma poche, indique Gideon, lui aussi une mine navrée incrustée sur son visage.

— Parfait ! indique la brune en revenant vers moi. Adrian, les plus grands risques lorsqu'on est brûlé, ce sont les infections. Je vais donc devoir verser de l'alcool sur tes plaies pour s'assurer que ton état ne s'empirera avant que je puisse te soigner convenablement. On a rien d'autre. Ça va faire très très mal, je m'excuse d'avance. Tu es prêt ?

— Quoi ? Non !... Non, je ne suis pas prêt ! Coupe moi le bras j'en sais rien mais ne fais pas ça…

— Dès qu'on sera saufs je m'occuperai de toi convenablement. Je peux créer de nouveaux tissus, ton bras et tes mains peuvent guérir, assure-t-elle en m'étudiant. Ça prendra du temps mais rien n'est perdu. Fais-moi confiance. Tu me fais confiance ?

Elle plonge son regard désespéré dans le mien et glisse une main chaude derrière ma nuque. Elle me prodigue de douces caresses alors que mon cœur bat à mille à l'heure. Je finis par acquiescer, me livrant complètement à elle. S'il y'a bien quelqu'un ici en qui je fais confiance, c'est elle.

Déterminée, elle tend la main vers Gideon, ne me lâchant toujours pas du regard. Elle inspire et expire profondément, me forçant à me calquer sur son tempo. Elle ravale ses larmes et sa peur et me sourit du mieux qu'elle peut. Je parviens à m'apaiser un peu plus, bien que la douleur aiguë de mon bras continuer de me lancer.

— Voilà, c'est ça. Respire, encourage-t-elle. Prend une grande inspiration et expire.

Ses doigts libres s'emparent de la flasque d'alcool et elle vient imbiber les lambeaux de tissus.

— Est-ce que tu arrives à tendre le bras ?

— Je crois pas, grimacé-je. Ça fait trop mal….

— Pas grave… Sturgis, lève lui le bras au niveau de l'épaule s'il te plaît.

Le blond s'éxécute et pose ses doigts sur la partie encore intacte de ma peau. Il soulève tout mon membre et je grimace de douleur.

— Désolée, s'excuse-t-elle, au bords des larmes. Tu es prêt ?

— Je sais pas, avoué-je.

— Tiens, dit-elle en s'asseyant par terre entre mes jambes. Cramponne-toi à ma cuisse si ça t'aide.

— Je vais te faire mal…

— Je m'en fiche ! C'est moi qui vais te faire mal !

— Hors de question que je te touche…

— Donnez-moi un portefeuille alors ! rugit la cheffe des opérations.

Fabian réagit au quart de tour et lui donne un porte carte en cuir noir. Sans tergiverser, elle me le coince entre les dents. Je plante aussitôt mes incisives dedans et me prépare au pire. Je sais que la sensation va être aussi vive que la première brûlure.

— Tiens-le bien Sturg', demande la brune.

Ce dernier acquiesce et renforce sa prise sur mes épaules. Je ne peux plus bouger. Je suis devenu une vraie marionnette. Juliet se redresse sur les genoux et étudie mon bras carbonisé. Elle se pince les lèvres tandis que ses sourcils sont navrés. Elle ferme les yeux, expire, rassemble son courage puis verse le restant d'alcool sur mes chairs à vifs.

— ARRRGGGGGGGGHHHHH !

Je sens des milliers de petits couteaux s'enfoncer dans mon derme et me perforer encore et encore. Je serre de toutes mes forces ma mâchoire sur le morceau de cuir, incrustant mes dents dedans. Les larmes me viennent à nouveau, inondant mes paupières tandis que celles de Juliet déferlent sur son visage. Elle est navrée mais elle travaille et réagit vite. En deux temps trois mouvements, elle me fait des bandages pour recouvrir les plaies puis noue le tout à mon épaule.

Elle pose sa main sur mon cœur et ancre son regard dans le mien.

— Ça va aller mieux maintenant, c'est promis, assure-t-elle. Dis-moi que ça va mieux ?

Elle me supplie du regard tandis que la douleur lancinante se fait moins vive bien qu'elle reste là. Je viens de me faire brûler au troisième degré si ce n'est plus, évidemment que je souffre. Mais c'est plus supportable. Je hoche difficilement de la tête tandis que j'entends toujours les deux putain de hyènes se fendre la gueule.

Bordel ils perdent rien pour attendre ces deux là. Je relève le buste, me décollant de Sturgis tandis que Juliet, s'éloigne de moi, de peur de me faire suffoquer. Je grogne de douleur lorsque je me relève et m'avance vers les deux connards.

— Adrian, qu'est-ce que tu fais ?! s'alarme Juliet.

— Je vais en finir avec ces deux tarés, sifflé-je. Hey Rosier ! T'es content maintenant ? J'ai plus qu'un bras pour te refaire le portrait. On est quitte je crois ! Alors qu'est-ce que t'attends !

Les deux Mangemorts se figent et m'observent avec avidité. Je trépigne d'impatience, de rage et de colère. Mon bras me lance encore et encore, je n'oublie pas cette douleur qui me rappelle à chaque instant combien je les hais et combien j'ai envie de craquer et de faire exploser leurs sales petites cervelles. Ce serait tellement facile. Tellement rapide. Je n'aurais qu'à m'insinuer dans leurs synapses, claquer du doigt et bim ! Leur clavicule se fractionnerait et tout se couperait. Tout s'arrêterait et s'en serait fini de ces enflures. Comme lorsque j'avais dix sept ans. En un claquement de doigt, lorsque j'ai découvert mes pouvoirs, cinq cadavres se sont allongés à mes pieds.

Je papillonne des yeux, chassant justement cette ancienne image qui revient faire surface. Celle où j'étais fait comme un rat dans une sombre ruelle de l'Allée des Embrumes et où mes deux cousines étaient prises sous le joug de ces connards. J'entendais leurs pensées obscènes et parasites et j'ai craqué. Ils sont morts l'un après l'autre.

Non. J'ai pas envie de revivre ça mais bordel qu'est-ce que je suis tenté ! Combien d'innocents encore vont devoir périr sous leur cruauté ?!

— Allez, il me fait de la peine, se moque Marcus en s'avançant vers moi.

— Si tu aimes perdre Potterson, qu'il en soit ainsi, approuve son homologue.

D'un commun accord, Avery s'approche de la pierre. Je vois sa main s'en rapprocher, la soulever et la barrière invisible disparaît. Je franchis un pas et tout s'enchaine très vite. Le mangemort remplace la pierre derrière moi pour garder mes amis enfermés, Evan brandit sa baguette et me vise. C'est sans compter sur mes pouvoirs qui bouillonnent dans mes veines et qui menacent d'exploser à tout instant.

— ENDOLO….

La voix du sorcier s'étouffe à mesure que sa trachée se bloque et se comprime. Tout comme son partenaire. Les sourcils froncés, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine et une goutte de sueur glissant le long de mon échine, je compresse les doigts de ma main vacante. Je force Marcus à se relever, je me dirige droit vers l'autre mangemort affalé dans le siège qu'occupait Bill et qui est en train de perdre son souffle, sous l'emprise de mes pouvoirs. Déchaîné comme un démon je ne vois plus que la rage. Ma large paume se pose sur la nuque d'Avery et je lui fracasse le crâne contre la table en fer en poussant un cri de rage.

— ADRIAN !

Sonné, l'homme s'écroule à terre tandis que je lis la peur dans les iris de Rosier. Parfait, à ton tour mon connard. Je lâche l'emprise sur sa gorge, il reprend une grande bouffée d'air frais mais je ne lui laisse guère de répit. Je sors ma baguette de ma poche, je récupère le poignard de son collègue entre mes doigts, Evan tend malgré lui sa main et je le cloue à la table en enfonçant l'arme tranchante en plein centre de son dos de la main.

— ARRRRRGHHHHHH !

— Va crever, sale fils de pute ! craché-je, plus révolté que jamais en donnant un coup de pied sur sa chaise.

Il oscille et tombe en arrière sur le sol, traînant la table avec lui.

— Adrian ! Derrière toi !

Je fais volte face et distingue à l'autre bout de la pièce une fumée noire se matérialiser. Mon palpitant s'accélère tandis que ma main droite se resserre sur ma baguette. Ah ! On a de la visite. Parfait ça manquait d'action par ici.

Bientôt d'autres fumées viennent en renfort et tombent dans la pièce comme des météorites. Je suis à présent encerclé de Mangemorts habillés de longues capes noires et dont les visages sont recouverts de masques squelettiques. Génial, c'est le carnaval de Rio ! J'attendais que ça : pouvoir me défouler sur des petits connards.

Pourtant, l'une des fumées est plus épaisse, plus noire et plus compacte que les autres. Mon intuition ne me trompe pas lorsque la silhouette abaisse sa capuche pour me dévoiler deux sphères rouges sang qui me scrutent avec avidité.

Ohoh…

Sans réfléchir plus longtemps, je pointe ma baguette vers le ciel :

— EXPECTO PATRONUM !

Un rugissement explose dans la pièce et sous la force de mon sort, un putain de lion transparent et compact brave l'air et fronce droit vers le puis de lumière, aussi rapide que l'éclair pour partir appeler les renforts. Bougez-vous les gars ! C'est maintenant ou jamais.

Il détale à toute allure, comme s'il chassait sa proie. Ses muscles bougent au rythme de ses pattes puissantes qui bataillent l'air, son rugissement résonne en moi avec rage, faisant trembler les parois du hangar. Sous la puissance de l'impact, le verre du plafond explose en mille morceau dès qu'il le traverse et Voldemort en profite pour me viser, comme si je n'étais qu'un misérable petit insecte. Désolé mon pote, pas le temps de parler. Je me protège d'un sortilège de bouclier et roule sur le côté, en veillant à bien replier mon bras endoloris contre moi, évitant in extremis un jet vert.

— À vos baguettes ! lancé-je à mes amis en shootant dans la pierre qui les maintient prisonnier.

La cage à démon se désagrège et le club des cinq dégaine sa baguette. Tous dos à dos, ils n'attendent pas et les sorts fusent. Nous rentrons alors dans une bataille sans mercie. J'évite de justesse un sort puis rentre dans la tête d'un ou deux mangemorts, les maîtrise à distance, envoie un expulso par ici, un diffindo par là puis termine par un stupefix. Des traînées vertes, noires, rouges, bleus, argentés volent dans tous les sens. J'ignore combien ils sont mais très vite, de longues brumes blanches finissent par arriver. Elles tombent ça et là dans la pièces comme des étoiles filantes et l'Ordre du Phénix apparaît au grand complet, en surplombant les Mangemorts. Ils sont donc pris d'assaut et leur cercle se dissout.

— Tuez-les tous ! scande Voldemort de sa voix perçante.

Son timbre perce mes oreilles et je réprime une grimace. Bordel ce type n'a aucune personnalité. Bruce Wayne, lui au moins, envoyait du lourd avec sa voix modifiée. Là on dirait qu'il vient d'avaler de travers la souris qu'il s'est tapé au p'tit dej !

Je jette un œil en arrière et vois les gars assurer. Ils sont tous là, sauf Dumbledore. Je ne vois pas le putain de Gandalf ! Bordel il s'est caché où celui-là encore ? Sans surprise, il attend que le sale boulot soit fait avant qu'il n'apparaisse comme l'enfant divin.

Juliet et Marlene transplannent sur le plateau supérieur du hangar et répondent avec hargne aux sortilèges de trois Mangemorts. Dorcas fait front en bas, accompagnée de Sturgis et de Mondingus Fletcher. Sirius, Remus et Peter forment une ligue contre cinq assaillants. Caradoc Dearborn, Elphias Doge et Dedalus Diggle sont également là et montrent leurs compétences exceptionnelles en duel. Gideon, Fabian et Emmeline rejoignent Maugrey qui envoie tout balancer d'un simple coup de baguette. Lui et Evan Rosier s'affrontent ensuite avec hargne et l'état bien arrangé du mangemort donne une main d'avance à l'auror. Mais c'est sans compter sur un maléfice qui lui explose en plein visage. Alastor hurle de douleur alors que du sang gicle de son oeil gauche. Oh bordel c'est gore ! Il porte sa main au visage et n'attend pas pour répliquer avant Evan. Il sait que c'est lui ou le Mangemort qui y passera. Effectivement Rosier est déjà paré mais n'anticipe pas le sort de l'auror. Le jeune mage noir est propulsé à l'autre bout de la pièce avant de se faire violemment empaler par une barre de fer. Sous le choc, les jumeaux clignent des yeux avant d'aider Alastor qui manque de s'écrouler sur le sol. Je comprends alors que nos vies sont plus que jamais en jeu. Un mangemort vient de mourir sous nos yeux. La récidive sera d'autant plus forte...

Tous ont fait appels à leur patronus qui les suivent à la trace, les guident et les éclairent dans leur combat. C'est une bataille de haut niveau, comme je n'en ai jamais vue. Leurs animaux protecteurs, certe transparents et immatériels comme de la fumée, sont tellement denses qu'ils paraissent réels. La lionne de Juliet saute sur les Mangemorts Gaige Mulciber et Irwin Travers et ses crocs invisibles se plantent dans leurs chairs, faisant alors résonner leurs cris de douleur. Le paon de Marlene déploie ses ailes et les aveugle en miroitant ses plumes argentés, faisant alors louper leurs sorts qui ricochent sur une barrière en fer qui leur tombe en plein sur la tronche. Le chien de Sirius et le loup de Remus courent dans tous les sens, aussi excités que des jeunes chiots et font trébucher McNair et Dolohov à terre. Ceux des jumeaux, deux putain de sangliers foncent droit sur leurs cibles comme des boulets de canon. Le patronus d'Emmeline, un gigantesque aigle royale roux brun long de deux mètres, émet son glatissement avant de plonger dans les airs pour fondre sur un mangemort, l'attraper par les griffes, le soulever et le relâcher dans le vide, lui brisant alors quelques articulations au passage. Celui de Dorcas est, sans surprise, un beau lynx polaire qui envoit de phénoménales coups de pattes aux assaillants cagoulés. Il est aidé par un tout petit lapin argenté qui creuse à toute allure un terrier dans une terre inexistante pour envoyer ses projectiles en plein dans les yeux des mages noirs. Bordel à qui appartient ce putain de lapin ?! Un coup d'œil à droite à gauche et je fais très vite le lien entre Panpan et la montagne de muscles de Sturgis. Je me bouffe le poing pour m'empêcher d'exploser de rire ! C'est pas le moment mais sérieusement ! Le bordel ce n'est même pas un lièvre ! Non ! C'est juste une toute mignonne boule de poils que les enfants dorlotent en animaux de compagnie. Note à moi même : me foutre de sa gueule lorsqu'on sera tiré de ce merdier !

Bordel, jusque là je n'avais pas du tout pris conscience à quel point nos patronus pouvaient être de réels alliés. Ils doublent et renforcent nos rangs. Alors que j'étudie les alentours, mon lion vient justement se poser à mes côtés. Il m'arrive au niveau des hanches et son regard bienveillant se dépose sur moi. Malgré sa transparence, je distingue parfaitement ses traits qui me paraissent si familier et pourtant… Je ne parviens pas à définir à qui il me fait penser. Tout ce que je vois, c'est sa crinière imposante et son regard intense et rassurant. Il incline sa tête et se frotte à mon épaule. Surpris, je le laisse faire dans ce moment hors du temps. C'est la première fois qu'une telle chose m'arrive. Sentir sa présence est tellement apaisant et enivrant. Je lui renvoie un sourire en coin et il sort sa grosse langue baveuse pour venir recouvrir mon bras blessé d'une substance blanche et transparente. Elle flotte au dessus de ma brûlure et lui apporte une douce brise fraîche qui me soulage instantanément. Je le gratifie d'une douce caresse mais mes doigts se renferment sur un nuage inconsistant et insaisissable. Dommage…

Je suis rappelé à la réalité par les cris de peur, de douleur et de rage qui fusent dans tous les sens. Le patronus de Juliet s'affaiblit au loin, tout comme sa propriétaire qui essuie d'un geste rageur une longue traînée de sang qui s'écoule depuis sa bouche. Merde ! Qu'est-ce que j'ai raté encore ?! Une vraie casse-cou cette fille ! Le lion a mes cotés est dressé sur ses pattes arrières, prêt à bondir. Son regard est à présent braqué sur la lionne de la brunette. Il trépigne d'impatience et gémit et je comprends alors qu'il attend mon ordre. L'ordre d'aller les aider.

— Evidemment qu'on y va ! lui adressé-je en faisant les gros yeux.

L'animal rugit et fonce droit devant, ne m'attendant pas. Putain qu'est-ce qu'ils sont sentimentaux ces patronus ! De vrais cœur d'artichauts ! Simba vole au secours de sa femelle qui semble regagner en intensité dès qu'il rapplique à ses côtés, comme s'il lui transmettait son énergie. Ou peut-être est-ce moi qui le fait ? Alors que je cours comme un déterré vers Juliet, cette dernière se relève aussi vif qu'un ninja et sa baguette fend l'air pour faire écrouler la passerelle sur laquelle couraient deux mangemorts. C'est malin, je ne peux plus la rejoindre !

Je fais exploser un contenaire, traverse la foule, maitrise à distance un ou deux mages noir en les envoyant dans les choux avant qu'une fumée noire ne se matérialise devant moi, me stoppant net dans mon avancée. Son teint blanchâtre me fait face et un sourire perfide se dessine sur ses fines lèvres. Mon cœur loupe un battement et j'oublie presque ma brûlure. Bordel de couille.

— On ne se connait pas je crois, siffle-t-il.

— Non effectivement, et on ne se connaîtra jamais. Vous allez crever bien avant. Confringo !

Voldemort envoie aux oubliettes mon sort et lève sa baguette droit sur moi. Je réagis au quart de tour et me protège d'un bouclier.

— Adrian ! hurle soudainement James. BOUGE DE LÀ !

Hein ?! Quoi ?! Qu'est-ce que ce fou fiche ici ? Je ne me fais pas répéter et transplanne un peu plus loin dans la pièce, évitant une attaque du psychopathe de mage noir qui est aveuglé par un puissant cerf qui lui fonce droit dessus. Fiou ! In extremis !

Evidemment…. J'aurais dû m'en douter. Un Potter ne reste jamais en cage. Jamais.

À l'autre bout de la passerelle où j'ai atterris, je distingue ma petite guerrière brune qui trébuche sur son amie. Elle et Marlene tombent à la renverse, ni une ni deux, je compresse mes doigts et les deux Mangemorts prêts à bondir sur elles se percutent, front contre front et s'écroulent à terre, assommés. Elles soufflent de soulagement avant que Juliet ne se relève aussi vite qu'une furie et ne me tombe dessus. Elle me bouscule de toutes ses forces, la colère transperçant ses iris.

— Putain Adrian ! J'ai cru que tu allais les tuer ! rugit-elle en parlant de Marcus et Evan. Tu es complètement stupide dès fois !

Je la maitrise d'une clé de bras pour la calmer et la plaque contre mon buste.

— C'est bon ! T'excite pas ! J'ai rien fait de grave au final…

— Si Tu-Sais-Qui et toute sa bande n'étaient pas arrivés je n'aurais pas donné cher de leurs peaux, complète Marlene, le souffle court.

Je relache Juliet qui me fusille du regard quelques instants avant de soupirer de soulagement et foncer droit dans mes bras. Ses mains se nouent derrière mon cou et sa chaleur m'enveloppe l'espace de quelques secondes. Rassurée, elle se décolle à regret puis glisse son regard inquiet sur mon bras, ses mains encadrant mon visage.

— Ça va ?

— Je sens rien. L'adrénaline, je suppose, réponds-je en haussant les épaules. On devrait y aller.

Les deux sorcières opinent de chef et nous courront vers les escaliers en colimaçon pour dévaler sur le niveau inférieur. Malefoy monte à notre rencontre et Marlene, qui mène la danse, prend appui sur la rambarde dans une impulsion survenue de nulle part, glisse ses jambes autour de la tête du type, tourne le bassin et lui assomme la tête contre le fer forgé, dans une prise digne d'une karatécate. Oh bordel ! Elle plaisante pas la blonde !

— Elle fait de la boxe thaïlandaise, explicite Juliet avec un sourire moqueur sur les lèvres, face à mon regard ébahi.

— Ah ouais putain ! Mckinnon t'as de la panache à revendre !

— Quand t'auras besoin de te défouler Potter, viens plutôt me rencontrer sur le ring, répond la sorcière en confisquant la baguette du sorcier neutralisé. Plutôt que faire des conneries en plantant des Mangemorts.

— J'avoue c'était pas très original…

— On est pas des barbares nous, siffle-t-elle. Attention ! Baissez-vous !

Dans une coordination parfaite, nous nous fléchissons sur nos genoux tandis qu'un sort ricoche sur les escaliers et nous secoue. Sans attendre, nous nous relevons et regagnons la terre ferme dans un saut avant que tout ne s'écroule. Je jette un coup d'œil à droite à gauche et constate que l'Ordre du Phénix prend du terrain. Il y a de plus en plus de silhouettes noires à terre. C'est une défaite cuisante. Je distingue d'ailleurs Marcus Avery au loin, en train de se faire envoyer dans les fleurs par Dorcas. Cette dernière fait volte face et Voldemort apparaît devant elle. Je tire en arrière Juliet et Marlene alors qu'une explosion retentit, provoquée par la blonde survoltée. Nous tombons à terre et c'est avec effroi que nous voyons notre camarade répondre avec hargne et courage au Mage Noir. Elle renvoie un puissant sort rouge qui rentre en collision avec celui vert de Voldemort.

— Oh non ! Pourquoi Dorcas est toute seule contre Vous-Savez-Qui ?! demande Marlene en se relevant, paniquée. Difringo !

Son sort vole et s'écrase sur le dos du sorcier. Ce dernier se retourne et foudroie la Gryffondor du regard. Juliet et moi l'imitons et gagnons la bataille en encerclant le fils de pute. Sturgis se joint à nous et très vite, Voldemort s'impatiente et créer un puissant sort d'expulsion qui nous propulse au loin. J'atterris en plein sur mon bras blessé et pousse un cri de douleur infâme. BORDEL ! SA RACE ! J'ai mal comme jamais !

Incarcerem ! hurle Dorcas, déjà debout sur ses pieds.

De puissantes lianes tombent sur Voldemort qui se fait saucissonner le bras. Dans un cri de rage, il met le feu à ses attaches qui tombent en une pluie de cendre sur le sol avant de diriger sa baguette droit sur son assaillante. Leurs sorts se rencontrent pour exploser dans les airs. En véritable guerrière, la blonde donne tout et s'engage dans un combat époustouflant, révélant plus que jamais ses incroyables aptitudes de battante.

— Avada Kedavra !

Un lynx argenté surgit devant sa maîtresse et bondit sur le mage noir pour la protéger mais le sort vert le traverse et notre camarade a à peine le temps de réfléchir qu'elle est frappée de plein fouet. Toute expression quitte son visage, son patronus s'évapore soudainement en une fumée d'argent et je vois littéralement la vie quitter son corps. Dorcas titube sur le sol avant de s'écrouler sur le sol, inerte.

— Oh Merlin, geint Marlene en clignant des yeux.

Tout le monde est figé sur la touche pause. Je n'avais jamais vu un sortilège de la mort sur quelqu'un. Jamais. C'est violent, c'est soudain et en une fraction de seconde, la sorcière n'est plus. Tous les membres de l'Ordre se sont figés et tous les patronus disparaissent, engloutis par l'horreur qui règne en maître. Un silence glacial s'abat sur nous alors que nos coeurs battent à l'unisson face à cette déchirure, si soudaine.

Non. Non, non, non…

C'est un cri brisé et désespéré qui brise le silence lourd et pesant. Voldemort esquisse un sourire satisfait puis tourne sur lui-même et disparaît. Il est alors suivi de près par tous ses fidèles qui se retirent en une fumée noire.

— DORCAS ! hurle Sturgis.

La voix du blond brise l'onde de choc qui fait rage dans le vieil hangar poissonneux. Mon ami court et s'écroule aux pieds du corps sans vie de la blonde. Il la ramène contre lui et tâte son petit corps fragile à la recherche du moindre signe de vie. Ses doigts tremblants tâtent son pouls alors que son crâne retombe en arrière.

— DORCAS ! NON ! REPOND-MOI !

Ma gorge se serre alors que la voix meurtrie de mon ami éclate en sanglots. Toute sa souffrance transparaît dans son timbre et mes yeux se voilent d'émotions. Juliet enroule sa main autour de la mienne, comme si elle peinait à rester debout sur ses pieds. Pourtant c'est vrai. Dorcas est morte.

C'est fini. C'est un énième coup dur pour l'ordre du Phénix. Nous sommes tous à terre, les yeux gorgés de larmes.