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Chapitre 34
Cela faisait déjà une heure qu'ils étaient arrivés à la maison en compagnie de Naruto. L'ambiance était morose, bien entendu. Itachi n'avait pas quitté l'agent immobilier d'une semelle, lui posant mille et une questions sur les mesures qui étaient prises, les annotations en marge du carnet, et l'autre répondait avec entrain, expliquant les ficelles du métier à son client préféré.
Nagato avait eu l'occasion de remarquer, par le passé, que son colocataire et l'agent immobilier avaient une relation particulière, teintée d'affection et de reconnaissance mutuelle. Force était de constater que ça allait plus loin que ça, comme s'ils étaient déjà amis sans oser se le dire.
Lui observait la scène, sans lâcher des yeux Itachi, profitant tout de même d'être sur les lieux pour récupérer des choses qu'il ne pouvait pas laisser à son ex-épouse, des objets de famille, des livres auxquels il tenait.
Konan, quant à elle, était installée dans le canapé, toisant d'un air circonspect tout à la fois Naruto et Itachi, ses prunelles passant de l'un à l'autre comme s'ils essayaient d'évaluer lequel des deux était la plus grande menace. Yahiko s'était tassé dans un coin, imitant à la perfection la décoration du salon, évitant au maximum de se faire remarquer.
Un tel comportement, loin de calmer Nagato, l'exaspérait encore plus. Il ne savait pas si c'était parce qu'il trouvait ça indigne ou si c'était parce que Yahiko de façon générale l'agaçait ces temps-ci.
Cependant, quitte à avoir mis fin à leur amitié de cette façon, Nagato aurait préféré qu'il assume ses choix, qu'il relève la tête et qu'il fasse autre chose que prétendre de pas être là alors que tout le monde pouvait voir qu'il était effectivement présent. Un peu de dignité, bon sang, c'était vraiment trop demander ?
Accroupi devant la bibliothèque, un carton posé à sa droite, Nagato réfléchit une seconde en examinant la couverture du livre qu'il avait à la main, puis il le posa sur les autres qu'il avait décidé de garder, avant de jeter un nouveau regard sur son colocataire.
Il s'était apaisé depuis la veille et malgré la nuit horrible qu'il avait passée, il était plus serein. Il ne savait pas si le presque accident était effectivement une tentative de meurtre, mais dans le doute, il allait le considérer comme telle. Il valait mieux être un peu trop paranoïaque, dans ce genre de situations.
Ses yeux parcoururent la silhouette d'Itachi, un rien envieux de le voir si en forme quand lui était si fatigué – c'était moche de vieillir. C'était très rare de voir Itachi porter un jeans, ça l'avait beaucoup étonné, pourtant son colocataire s'était contenté de hausser les épaules en souriant – « Deidara me disait que ça rendait ma silhouette unique », chose que Nagato ne pouvait pas nier.
Son esprit vagabondait entre les livres et les prochaines étapes à accomplir. Le matin même, quand il était descendu pour faire quelques courses, Asuma l'avait apostrophé pour lui signaler qu'une nouvelle lettre était arrivée par le service du jour. Il n'avait pas encore récupéré le courrier.
Même s'il n'espérait pas vraiment que la police scientifique puisse trouver la moindre trace probante, il n'en restait pas moins important d'analyser ce papier pour en savoir plus et l'impatience fourmilla en lui : il avait hâte de pouvoir consulter le rapport, pour lui permettre d'exclure des pistes de façon définitive.
Une ombre le surplomba au moment où il acceptait d'arracher son regard à Itachi pour revenir sur son tri et il ferma les yeux rien qu'une seconde pour soupirer avant de lever la tête vers Konan.
— Tu peux venir un instant ? J'aimerais te parler.
Elle désignait le canapé et malgré lui, son cœur eut un sursaut. Il n'aimait pas vraiment ce genre de phrases, les conversations qui commençaient ainsi étaient rarement des discussions plaisantes. Posant le livre qu'il avait choisi sur l'étagère, il se redressa lentement, approchant du sofa, s'installant de sorte à garder Itachi en vue et Yahiko hors de son cadre, bien qu'il fût lui aussi assis dans le canapé.
Konan hésita et tortilla ses mains, les frottant sur ses cuisses, avant de lancer une œillade en biais vers l'agent immobilier qui était en train de vérifier les huisseries sous l'attention d'Itachi qui hochait la tête régulièrement.
— Je t'écoute, pressa Nagato sans la regarder.
— C'était à propos de la vente de la maison, justement. J'ai consulté… Enfin, j'ai reçu par mail les documents relatifs à l'agence Kagemane…
Elle baissa la voix afin d'être sûre que Naruto Uzumaki ne l'entendît pas, considéra un instant Yahiko, se rapprochant de lui pour que leurs genoux se touchent. Nagato ne fit absolument pas attention, trop occupé à scruter son colocataire.
Peut-être que la personne qui le menaçait était un ex-petit ami. Quelqu'un qui aurait été vexé ou blessé qu'il choisisse de continuer sa carrière malgré une relation de couple. Kisame avait dit que les relations amoureuses avec des personnes hors du milieu étaient très difficiles, parce que les « civils » avaient tendance à les considérer comme prisonniers d'une profession infâme dont ils cherchaient à les libérer.
Cependant, de ce que Nagato savait de la vie amoureuse d'Itachi, il n'avait eu qu'une petite-amie à quinze ans et une relation éphémère avec Deidara. Alors certes, l'avocat gardait rancune pour leur rupture, mais il semblait bien plus vexé de ne pas être celui qui quitte que malheureux que leur histoire soit achevée.
— Au vu des honoraires de l'agence qui sont partagés entre toi et moi, ce que j'obtiendrai de la vente me servira en grande majorité à payer Kagemane Immobilier et je n'aurai quasiment plus rien et j'espérais vraiment pouvoir garder une partie de cet argent pour payer le loyer de mon futur appartement.
Donc d'office, Nagato retirait Deidara de la liste des suspects. Le mieux serait d'exercer une surveillance accrue et de suivre Itachi partout où il irait. Heureusement, on était en hiver, il y avait peu de risque de voir l'homme partir en tournage en extérieur, un endroit où il serait exposé et très en danger. Nagato pourrait toujours escorter Itachi jusqu'au travail, mais il finirait par se demander pourquoi.
— Et bon, tu sais à quel point c'est compliqué de trouver un appartement décent quand on a un petit budget. Si je veux pouvoir trouver un appartement dans lequel Mikan aurait sa chambre, il faudrait que je puisse, tu sais, économiser un peu.
Il n'avait pas d'autre choix que de surveiller à distance. En plus, si le corbeau savait quelle était sa profession, il y avait des chances que ça le rende méfiant. Et si Nagato n'avait rien contre faire de la dissuasion, si ça permettait de garder Itachi vivant, le mieux serait encore de pouvoir mettre la main sur le coupable et qu'il aille faire un petit séjour en prison – surtout si, comme il le pensait, il y avait déjà eu des tentatives.
— Alors j'aimerais… Mais est-ce que tu m'écoutes, au moins ? s'agaça fortement Konan.
Le cri attira les attentions de Naruto et Itachi qui se tournèrent vers eux et Nagato croisa le regard de son colocataire, mettant quelques instants à s'arracher à ses pensées.
— Oui, je t'écoute, affirma-t-il d'une voix lointaine. Bien sûr que je t'écoute.
Il finit par détourner les yeux de son colocataire pour les reporter sur son ex.
— C'est non, dit-il avec un sourire.
— Je n'ai rien demandé, encore, bougonna-t-elle. C'est bien la preuve que tu ne m'écoutais pas.
— Tu voulais me demander de changer d'agence, rit-il en reportant ses yeux sur Itachi qui s'était détourné. Et c'est non.
Finalement, il se concentra sur Konan, ignorant Yahiko qui, lui, s'attardait, sourcils froncés, sur le colocataire, alternant entre l'un et l'autre, perplexe.
— Rappelle-toi, Konan, tu as eu l'occasion de rendre les choses… Comment tu avais dit… Ah oui, « rapides et sans douleur », et tu ne l'as pas fait.
— Tu te rends compte, grogna Konan, que si tu ne fais pas de concessions, c'est Mikan qui va en pâtir ?
— Si tu n'es pas capable d'assumer l'éducation de notre enfant malgré notre séparation, tu as toujours la possibilité de renoncer à la garde alternée et de choisir le droit de visite. Prends une coloc, s'amusa-t-il. Moi, ça m'a plutôt réussi.
— Nagato, intervint Yahiko, tu sais que–
— Oh, toi, ta gueule, siffla Nagato. Tu n'as pas ta place dans cette discussion.
Yahiko referma la bouche aussi sec, baissant la tête, et Konan enserra ses mains pour lui apporter un réconfort.
— Mais, commença Konan, même si je passe à temps plein, je n'aurai pas les moyens et c'est toi qui disais que c'était monstrueux de priver une enfant de sa mère…
— J'ai une idée. Installe-toi avec ton…
Il coula un regard méprisant sur Yahiko.
— Après huit ans de relation, il est temps de franchir un nouveau cap. Après tout, ce n'est plus moi qui suis censé te soutenir dans tes petits tracas, nous avons divorcé. Débrouille-toi, Konan. Je ne changerai pas d'avis. Kagemane Immobilier et particulièrement Naruto Uzumaki sont dignes de confiance et je n'ai pas besoin de l'argent de la vente, cela ne me gêne donc pas de les payer à la hauteur du travail fourni.
Il se leva en entendant Naruto l'interpeler, le rejoignant avant de le guider vers l'étage, s'arrêtant devant Itachi en lui demandant de regarder dans la bibliothèque si des ouvrages l'intéressaient.
Le propriétaire de la maison disparut à l'étage, suivi par l'agent immobilier et Itachi s'approcha de la bibliothèque pendant que les amants échangeaient silencieusement. Saisissant un livre – « Forces Spéciales » par Dan et Tsunade Kâto –, il le retourna pour consulter la quatrième de couverture. Il s'agissait d'un essai écrit conjointement par son romancier préféré et son épouse, une politologue spécialisée dans le pouvoir exécutif et ses services.
Intrigué, Itachi le plaça dans le carton, se promettant de le lire, puis il en attrapa un autre, d'une maison d'édition obscure, qui condensait des témoignages d'infiltration. Voilà qui pouvait grandement l'aider pour Un flic à Vice-City. Il le mit de côté également.
Quand après quelques livres, il constata qu'ils parlaient tous de police, il leva les yeux sur les autres rayonnages pour les parcourir rapidement. Ça sentait la vocation contrariée, sourit-il. Il n'y avait que des ouvrages traitant ouvertement des forces armées d'intervention, que ce soit sur le territoire ou en opération extérieure. Pourquoi Nagato était-il devenu comptable s'il était à ce point attiré vers une autre branche de la police ?
Un toussotement à sa gauche le fit papillonner des cils et il porta un regard curieux à Yahiko qui s'était approché.
— Tu cherches des informations sur les forces spéciales ?
— Pas vraiment. Et toi, que cherches-tu ?
Yahiko laissa retomber son sourire forcé et lâcha un soupir.
— Rien de particulier, pourquoi ?
Itachi se tourna de nouveau vers la bibliothèque, ses doigts caressant les tranches des livres, s'arrêtant sur un titre, tirant dessus. Il jeta une œillade en biais à Yahiko, passant à l'étagère suivante.
— Je ne suis pas stupide, informa-t-il. Et Nagato non plus. Tu n'auras rien de moi qu'il n'aura pas voulu te donner. Je n'intercèderai pas en vos faveurs auprès de lui.
— Je sais que ce qu'on a fait–
— Non, je me fiche de vos coucheries insignifiantes, interrompit Itachi en roulant des yeux. La fidélité n'a pas sa place dans ma lecture d'une relation de couple. Vu mon métier, ce serait culotté.
Il leva le menton vers l'étage en entendant des bruits de pas au-dessus, esquissa un sourire puis pivota franchement vers eux.
— Mais pourquoi devrais-je aider cette femme qui a voulu se servir de moi comme arme contre mon ami ? Il y a des limites à ma gentillesse et je suis quelqu'un de loyal. Vous lui avez fait énormément de mal. Toi particulièrement, avec ton double-jeu indigne. Je ne peux pas me ranger aux côtés de gens ayant fait du mal, sciemment ou non, à une personne qui compte pour moi.
— Recevoir une leçon de moralité de la part d'un acteur de X, ça pique un peu, sourit Yahiko. Mais je comprends ton positionnement.
— Je n'ai aucune compassion pour vous, rajouta Itachi à l'adresse de Konan. Vous méritez ce qui vous tombe dessus.
Même si elle fut vexée, elle n'en montra rien, se contentant de se renfrogner sous le regard lourd d'avertissements de Yahiko.
Itachi finit par se détourner, reprenant son examen minutieux de la bibliothèque.
Quand il releva la tête de son écran d'ordinateur, ses yeux rencontrèrent le cadre qu'il n'avait pas touché depuis sa séparation avec Konan. Affiché, indécent, le bonheur familial qu'ils avaient construit tous les trois lui apparut soudainement déplacé et il porta la main au cadre pour l'abaisser et ne plus le voir.
Yahiko glissa ses yeux sur l'objet, avant de le reporter sur Nagato.
— T'as rien trouvé ? Rien du tout ?
— Non, répondit-il à l'adresse de Kakashi qui se tenait debout derrière Yahiko. Y a rien. Pas de compte offshore, pas de transaction douteuse, pas de flux d'argent suspect. Pas de signe de corruption de fonctionnaires. J'y ai passé des mois, j'ai tout tracé. Si les Sharingan Industries sont impliquées là-dedans, je veux bien manger mon clavier avec de la sauce samouraï.
— Putain, jura Yahiko en passant une main sur ses yeux. Ce fils de chienne doit bien mettre son argent sale quelque part.
— Oui, commenta Kakashi, mais on savait qu'il était prudent. Il ne laisserait pas de telles traces. C'était au mieux hasardeux d'espérer que Nagato trouverait quelque chose de suspect soudainement.
— C'était notre meilleure piste, grommela Yahiko en portant son regard sur son second.
Nagato se renfonça dans son fauteuil.
— C'est dire combien vous n'avez rien.
Il ne regardait pas vraiment son ancien meilleur ami. Il se racla la gorge en secouant la tête.
— Je ne peux rien pour vous. Sur le financier, vous ne pourrez pas l'avoir, il est bien trop minutieux.
En plus, il s'était juré de ne plus mettre la main dans cette affaire, depuis la mort d'Obito. Ce n'était pas pour rien qu'il avait demandé sa mutation à la brigade financière. Pinçant les lèvres, il observa tour à tour chacun des deux agents des forces spéciales, avant de soupirer.
— Vraiment, j'ai fait tout ce que j'ai pu. Allez plutôt voir du côté de la Crim', ils auront peut-être plus de choses pour vous.
Yahiko finit par se lever, le remerciant d'un hochement de tête, alors que Kakashi ouvrait la porte.
— Oh, lança l'inspecteur Hyuuga qui s'apprêtait à frapper sur le carreau fumé. Pardon, je ne savais pas que vous étiez occupé, inspecteur Uzumaki, je peux repasser, si vous le souhaitez.
Instinctivement, Nagato se redressa sur son siège, secouant la tête, faisant signe à Neji d'entrer et aux deux autres de sortir tout en même temps. L'inspecteur de la brigade criminelle s'avança d'un pas assuré, évitant avec habileté aussi bien Kakashi que Yahiko et il tendit à Nagato les résultats qui étaient revenus de la police scientifique.
— Comme on s'en doutait, il n'y a rien, dévoila Neji avec une grimace.
Il regarda par-dessus son épaule, pour voir Yahiko attarder des yeux curieux sur le dossier avant de fermer la porte, toujours perplexe. Quand ils furent certains d'être seuls, Neji s'installa et Nagato ouvrit le dossier, le parcourant en vitesse, remettant ses pièces à conviction dans son tiroir.
— Ouais, bon, pas d'ADN, pas d'empreintes, je m'y attendais, le type est prudent. Ça me conforte dans l'idée qu'il est sérieux.
— Comment êtes-vous sûr qu'il s'agit d'un homme ?
Nagato haussa les épaules.
— Simple déduction, les messages sont adressés à une personne homosexuelle de sexe masculin, alors j'en conclus qu'il s'agit d'un homme. Peut-être à tort.
— Ça semble pertinent, commenta Neji. Qu'allez-vous faire ?
Nagato soupira, allongea le bras vers son tiroir pour l'ouvrir et en tirer la lettre reçue récemment, qu'il tendit à Neji. Ce dernier la saisit pour la parcourir, une moue un peu écœurée sur le visage.
— C'est la dernière en date ?
— Oui. Et mes options sont très limitées. Idéalement, je préférerais le coincer avant qu'il passe à l'acte.
Il joua des doigts sur le bois du bureau, Neji fit grincer son siège en se replaçant.
— Et la filature ? Pour assurer une protection maximale de la personne menacée…
Nagato cligna des yeux, exhala doucement et pivota sur son fauteuil pour pouvoir étendre ses jambes.
— Oui, j'ai commencé dès ce matin.
Il avait rebroussé chemin au carrefour où ils se séparaient, veillant au grain, considérant toute personne proche d'Itachi comme un agresseur potentiel. Il avait suivi son colocataire sur tout son trajet jusqu'à Akatsuki Productions, ne le lâchant pas du regard une seule seconde.
Il avait avisé d'un œil méfiant la vieille dame qu'Itachi avait aidée à traverser, le kiosquier qui l'avait dévisagé, les gamins qui avaient filé en skateboard en l'évitant de justesse, s'attirant une moue agacée.
Sur le qui-vive, Nagato s'était usé les rétines sur chaque âme vivante qui avait approché Itachi. Quand, finalement, Itachi était arrivé près d'Akatsuki Productions, le policier s'était tapi dans un angle, examinant la configuration des lieux avec attention, avant de revenir pour observer son colocataire qui discutait avec un collègue en train de fumer une cigarette. Il était resté dans l'ombre jusqu'à ce que les deux acteurs entrent dans le bâtiment.
— Et j'y retourne ce soir, précisa-t-il. Pendant la journée, il est au travail, c'est relativement sûr.
Il avait donc l'intention de rogner sur sa pause déjeuner, voire de carrément la sauter, pour faire ses heures de travail et reprendre la filature comme il le souhaitait. D'après ce qu'Itachi lui avait dit, il y avait peu de chances qu'il débauche en avance par rapport à ses habitudes. Il allait tourner un certain nombre de scènes dont certaines étaient avec un débutant, apparemment.
L'étoile montante d'Akatsuki Productions s'en était ouvert la veille, expliquant que c'était difficile de jouer avec des nouveaux. Nagato s'était senti rougir jusqu'à la racine des cheveux quand son colocataire lui avait dit, d'un air blasé : « généralement, ils jouissent trop vite, on n'a pas le temps de tourner une scène en entier. Alors ce n'est pas vraiment dramatique, on en est tous passé par là au début, mais c'est fastidieux de marquer les placements pour reprendre où on en était et ça multiplie le risque de faux-raccord ».
C'était comme ça que Nagato avait appris ce qu'était un faux-raccord. Il ne savait pas qu'il était possible, pour un cinéaste, de coller des bouts de différentes prises d'une même scène pour obtenir la scène parfaite. Un faux-raccord était donc cette mèche pas à la bonne place, ce figurant qui bougeait…
Avec un énième soupir, il porta la main au cadre qu'il avait abaissé pour l'ouvrir et retirer la photo, la jetant à la poubelle sans le moindre remords, observant les ailettes du nez de Neji se froncer alors qu'il approchait le papier de son visage.
— Il sent une drôle d'odeur, affirma-t-il en le tendant à son homologue.
Nagato attrapa le papier, renifla à son tour puis cligna des yeux.
— Effectivement. Ce n'est pas une odeur qui m'est familière. Vous pensez que c'est possible de la faire analyser ?
Neji secoua la tête.
— Malheureusement, non, ce genre d'indices est absolument indétectable, les molécules ne sont pas présentes en assez grandes quantités… Le nez humain est bien plus sensible pour les odeurs, nos outils sont parfaitement incompétents pour ça.
Pensif, Nagato huma plus longuement l'odeur, tentant d'essayer de se souvenir s'il avait déjà senti pareil parfum, puis il abaissa sa main.
— C'est quand même bizarre de parfumer des lettres de menace de mort.
— Un fan obsédé ? proposa Neji. J'ai compris que ces lettres s'adressaient à votre colocataire… Les communautés des pornstars peuvent être… Comment dire…
— Complètement tarées, grommela Nagato en se souvenant des colis reçus à la résidence Phénix. Vraiment complètement tarées.
— J'allais dire particulières et exaltées. Ou peut-être que c'est une personne qui vit dans un environnement parfumé.
— Les autres ne sentent rien, précisa Nagato, mais je ne sais pas si c'est parce qu'elles sont datées et sont restées à l'air libre ou si c'est la différence d'environnement pour écrire.
Ils se murèrent dans le silence et Neji finit par secouer la tête, complètement dépassé.
— Je vais essayer de fureter, rajouta Neji, mais avec le meurtre d'Ao Terumi, je patauge dans les grandes largeurs…
— Ao Terumi ? réagit Nagato. J'ai entendu ce nom… C'était… Sakura Haruno. Elle m'a parlé de lui.
Neji dressa l'oreille.
— Pitié, dis-moi tout.
Le tutoiement lui échappa et il s'en rendit compte une seconde trop tard, adressant une grimace à Nagato en guise d'excuse.
— On peut se tutoyer, ça me pose aucun problème, dit-il pour rassurer le jeune inspecteur. Sakura Haruno travaille à Akatsuki Productions. Elle m'a parlé d'Ao Terumi comme étant le seul membre du comité des Zobs d'Or à s'opposer à Orochimaru, le producteur de chez…
— ET Entertainment, bien sûr, qu'est-ce que je suis bête, se fustigea Neji. Évidemment, ça peut tout à fait être un règlement de comptes commandité par Orochimaru, afin d'éliminer le seul membre de jury qui ne cède pas à ses pressions, je peux probablement aller fureter de ce côté-là. Haruno Sakura, tu dis ? Tu penses qu'elle accepterait de venir me parler ?
— Je verrai avec elle et je te dirai, c'est promis, sourit Nagato. Ravi d'avoir pu t'aider à avancer.
Et si Neji quitta le bureau, heureux d'avoir pu progresser dans son enquête, Nagato, lui, se plongea davantage dans ses pensées et dans ses inquiétudes, croisant les doigts pour que rien ne tourne mal.
À bientôt !
