Bonjour à tous,
Cette fois je me tiens au délais et vous pond le nouveau chapitre en temps et en heure. J'espère que vous l'aimerez !
Pour en revenir à vos commentaires du chapitre précédents, merci ! merci merci merci. Je ne sais pas si je vous le dit assez et du coup je profite ici. D'ailleurs bienvenue aux nouveaux lecteurs !
En ce qui concerne la question que j'avais posée, j'ai eu deux réponses : Narcissa et Cybèle... Même si j'ai une sorte d'affection particulière pour Mme Malefoy, j'avoue, Cybèle m'a éclaté. Elle est trop classe. Du moins dans ma représentation mentale.
Enfin voilà. Je pense que ce chapitre vous apportera un des moments que vous attendiez. Alors enjoy !
Love.
Saya
Chapitre XXXIV
Impossible. C'était impossible. Il ne pouvait pas y croire. Crispant ses poings il manqua envoyer valser son livre alors que la fureur le prenait à nouveau, le consumait sans qu'il ne puisse rien faire, ses mains tremblant violemment.
Trois semaines qu'il avait enfin pris conscience de ce qu'il se passait. Qu'il lui avait avoué la vérité. Passant une main sur ses yeux brûlant du manque de sommeil, il sentit de nouveau le désespoir étreindre tout son corps.
L'angoisse, il connaissait bien. Mais jamais il ne l'avait ressentie à ce point.
Se laissant vaguement aller sur le dossier de son fauteuil, il posa un regard vide sur les flammes de l'âtre de la cheminée de la bibliothèque. Demain ils rentraient à Poudlard.
Les vacances d'été étaient terminées. Et le mois d'Août avait été un cauchemar. La vengeance du Lord… Puis les révélations de Potter.
Il l'avait piégé. Et maintenant, il avait les mains liées.
Assis à la table du petit déjeuner, les sourcils froncés, le Maître des Potions détaillait le bulletin de notes de son pupille, une pile de courrier à la droite de sa tasse de café.
Il s'était passé plusieurs jours avant que la fatigue liée à la potion antidote ne s'estompe. Et autant de jours pour que leur quotidien ne reprenne un air de normalité tout relatif. Ils étaient à présent début août et dans toute cette folie, il s'était rendu compte qu'ils avaient oublié l'anniversaire de son pupille…
Il avait eu 17 ans le 31 juillet. Il était devenu majeur pour le monde sorcier et la trace avait été retirée. Certains des anciens sorts de protection aussi... Mais tout cela n'avait pas grande importance au fond. Ce qui en avait par contre, et qui le travaillait, était que ce fichu gamin n'avait rien dit. Comme s'il était tout à fait normal que personne ne se soucie de ce jour-là en particulier.
Alors qu'il aurait dû.
- Alors ? Comment s'est débrouillé Harry ?
Il releva à peine les yeux sur Narcissa qui semblait enchantée à la vue des résultats de son fils adoré. Lucius, comme à son habitude, avait ce petit air hautain tout à fait méprisable.
De son côté, il n'avait, apparemment, pas de quoi être si fier que cela. Par Merlin. Comment avait-il pu ignorer que ce fichu adolescent ne travaillait pas autant qu'il ne le lui laissait croire. C'était médiocre. Les seules notes dont il n'avait pas à rougir étaient celles de Défense et, bien entendu, de potion. Tout le reste était misérable.
Crispant ses doigts sur sa tasse lentement, il se mura dans le silence.
- Severus…?
Soupirant face à l'insistance toute féminine de Narcissa, il finit par daigner répondre de manière glaciale.
- Comme à son habitude, Monsieur Potter a trouvé plus intéressant de se jeter à la tête de je ne sais quels ennuis que d'avoir ne serait-ce qu'une note acceptable.
- Comment ? Mais ne travaillait-t-il pas avec Draco et cette Sang de… Cette sorcière à demi-Moldue…?
- Si. C'est bien ce que je trouve accablant.
Et il avait soigneusement omis de mentionner qu'il avait également aidé le survivant à travailler quand il le pouvait. Alors, par les enfers, qu'est-ce qui pouvait expliquer la chute vertigineuse de ses résultats cette année..? Cela n'avait aucun sens.
- Severus...A part cela… Il m'a semblé que le jeune Potter semblait avoir… quelque chose sur le cœur …
La femme avait hésité. Elle regardait l'espion avec retenue, attirant également l'attention de son mari sur elle. Relevant les yeux de son parchemin, il fixa son attention sur la seule femme de la maison et plissa son regard noir.
- C'est-à-dire…?
- Et bien… Je...ne saurait vraiment comment l'expliquer. Je n'ai aucune preuve… Que des sensations… Mais lors de mes discussions avec lui, il semble constamment sur la retenue quant à ce qui concerne son futur…
Oui, Potter avait toujours été comme ça. A vivre au jour le jour et ce n'était pas la première fois qu'il constatait que le jeune homme n'arrivait pas se projeter.
- Il… Ne semble même pas imaginer avoir une vie...personnelle… Severus… Cette attitude est malsaine… inappropriée...Je ne sais pas comment te le décrire mais lors de cet échange que j'ai eu avec lui, concernant Draco notamment, j'ai eu l'impression de voir un condamné.
- Parce que c'est ce qu'il est Narcissa… Et que Potter est persuadé qu'il ne reviendra pas de son affrontement contre le Maître.
- Mais c'est impossible ! C'est un enfant ! Et nous n'avons aucune idée de quand la guerre nous arrivera dessus. Cet enfant ne peut pas vivre en pensant qu'il va mourir !
- Narcissa.
Haussant un sourcil, Severus tourna son regard vers Lucius qui regardait sa femme, les sourcils froncés, la désaprobation peinte sur le visage et les lèvres pincées.
- Monsieur Potter est plus réaliste que toi je pense. Il va devoir affronter le Seigneur des Ténèbres et nous savons tous quelle est sa puissance. Alors excuse-moi mais je pense que ce gamin a juste la tête sur les épaules. Maintenant cesse immédiatement de vouloir le rassurer. Tu ne ferais que le blesser davantage.
Etonnant. Lucius ne s'opposait que rarement à sa femme. Encore moins pour s'attaquer à son jugement qu'il trouvait, d'habitude, très sûr. Mais il semblerait que l'homme craigne vraiment les mois à venir.
- D'ailleurs, Draco devrait s'y préparer aussi. A la guerre. Aux pertes que cela va représenter. Certains d'entre-nous n'en sortiront pas vainqueurs et il est temps à présent d'être honnêtes les uns envers les autres et de mettre nos affaires en règles.
Le discours de l'aristocrate était terriblement noir. Si sombre que la femme avait blêmi et s'était emparée de sa tasse de thé en silence, y crispant ses doigts fins.
- Je refuse Lucius. Je vais croire jusqu'à la fin que chacun d'entre nous sera vivant. J'y croirai quoi que tu en dise. Et je vais également me battre dans ce sens. Libre à toi de jouer les oiseaux de mauvaise augure.
Le maître des potions soupira longuement avant de poser sa tasse.
- Je suis, une fois n'est pas coutûme, d'accord avec ta femme Lucius. Ces enfants n'ont certes pas besoin que nous nous laissions aller à ce genre de sentimentalisme défaitiste. Je continuerai le combat et tenterai de protéger Potter comme je l'ai promis. Quoi qu'il arrive.
- Potter. Tu comptes finalement lâcher le morceau…? Je sais parfaitement que tu as quelque chose à me dire.
Exaspéré, le blond le fixait, assis sur le lit de la chambre du brun, les sourcils froncés, les bras croisés sur son torse, il le regardait chercher, en vain, un de ses t-shirt. Celui dont il n'avait pas vraiment besoin mais qui occupait ses mains et qui empêchait donc son anxiété de monter en flèche.
Il repoussait cette discussion depuis son réveil il y a quelques jours… Il ne savait toujours pas comment aborder le sujet… Par quoi commencer. Tout ce à quoi il avait pensé, c'était le sort du secret qu'il allait lui poser. Mais il savait déjà qu'il lui en voudrait ensuite.
Le serpentard le harcelait avec ça depuis maintenant deux jours, dès qu'ils se retrouvaient seuls, il abordait le sujet et petit à petit le survivant voyait sa patience s'effriter.
- Attends...Je cherche mon...
- J'en ai rien à faire, Potter. Maintenant tu mets celui-là et tu parles.
Il venait de se faire plaquer contre l'armoire, le visage menaçant du blond à deux centimètres du siens, un t-shirt noir plaqué contre son torse nu.
- Ou préfères-tu que j'utilise mes dons en Légilimencie…?
A son ton et son regard, Harry était à peu près certain qu'il ne plaisantait pas. Plus maintenant. Déglutissant avec difficulté, il le repoussa doucement pour enfiler le t-shirt, résigné.
Il se sentait mal. La gorge nouée. Le cœur battant à tout rompre contre ses côtes alors qu'une douleur sourde enserrait son corps. Fermant les yeux une seconde, il attrapa sa baguette sur la table de nuit et murmura un Silencio Maxima.
Il vit Draco hausser lentement un sourcil au sort jeté avant de prendre son courage à deux mains et de se tourner complètement vers lui.
- J'ai besoin que tu acceptes un sort secret.
- Pourquoi ?
Immédiatement il s'était fait méfiant, plissant son regard argent et reculant légèrement d'un pas. C'était prévisible.
- Parce que si tu ne le fais pas, je ne parlerai pas. Je ne veux pas que d'autres personnes ne soient au courant.
Il le vit longuement hésiter avant de très lentement donner son accord d'un signe du menton, sa curiosité l'emportant sur sa prudence. Draco avait toujours été comme ça. Il voulait savoir. Il voulait contrôler. Il détestait rester dans l'incertitude ou dans l'attente. Surtout quand ça touchait au survivant. S'approchant alors de lui, il murmura.
- Répète après moi. Moi, Draco Malefoy, me soumet au sort de secret concernant tout ce qui me sera dit par Harry Potter aujourd'hui. Je jure sur ma magie de ne divulguer par aucun moyen les éléments qui me seront fournis. Je ne parlerai pas. Ne les écrirait pas. Je ne tenterai par aucun moyen de les faire deviner à qui que ce soit et n'utiliserai également aucun moyen tels que sortilèges, potions ou légilimencie et occlumencie pour les dévoiler. Je ne chercherais pas à prévenir d'autres personnes que je suis sous sortilège de secret non plus.
Voilà. Il l'avait dit. Il ne lui semblait n'avoir rien oublié. Il avait tourné et retourné cette formulation des centaines de fois dans sa tête et il lui semblait qu'elle serait, ainsi, inviolable. Et il avait l'impression de faire quelque chose de mal.
- Potter… Merlin… Dans quoi tu t'es encore fourré….?
- Malefoy. Répète ou tout s'arrête ici.
Il avait vu le regard argenté s'assombrir alors que la suspicion y prenait ses aises. Il avait pensé à cette alternative… Et si jamais Malefoy refusait, il avait prévu de partir. Disparaître pour éviter de devoir avouer à tout le monde son petit secret. Il ne pouvait pas. Il y aurait trop de risques si l'information qu'il était un Horcruxe venait à fuiter. Il n'osait même pas imaginer ce qu'il se passerait si Voldemort venait à en entendre parler.
Revenant au présent, il fixa le blond qui semblait chercher une sortie de secours. Il était acculé et détestait ça. En bon serpentard, il avait l'habitude de ruser pour toujours s'en sortir à son compte. Sauf que là, il semblait avoir mordu dans un citron quand il répéta mot pour mot, d'une voix dégoulinante de mépris, ce que lui avait demandé le survivant, le toisant, par la même occasion d'un regard emplis de colère.
Un certain soulagement l'envahit alors. Il avait promis. Il avait juré. Il allait pouvoir partager son secret. Partager son fardeau. Il...n'était définitivement plus seul…
Il sentit une immense fatigue s'abattre sur lui alors qu'il se laissait lentement tomber sur un des fauteuils de sa chambre. Observant d'un regard vide ses mains.
- Potter. Je n'ai pas toute la journée. Et tu m'as fait répéter ton fichu serment alors maintenant dépêche-toi de m'avouer tes sombres petits secrets.
Il le vit s'asseoir à son tour sur un fauteuil et le toiser avant qu'il ne se décide enfin à prendre la parole.
- Il y a plusieurs mois, comme je te l'ai dit, j'ai joué à un des petits jeux de Dumbledore… Une chasse aux indices. Sauf que je t'ai pas tout dit.
Passant une main dans ses cheveux, il chercha à se remémorer avec précision le déroulement des événements.
- Dans ses lettres, il m'a beaucoup parlé de mon rôle… De ma connexion avec Tom. De ses choix pour moi. Il a avoué plusieurs choses. D'abord, qu'il savait, du moins en partie, ce qu'il se passait chez les Moldus pour moi… Mais que me laisser là-bas était délibéré de sa part. Il avait des projets pour ma petite personne et il fallait que je reste à l'abri… Mais apparemment, que je subisse tout ça pour mon éducation n'était pas plus mal finalement selon lui. Que cela avait eu l'immense mérite de faire de moi ce que je suis aujourd'hui et donc le "Sauveur" dont il avait besoin.
Il ne pouvait pas s'empêcher de trembler un peu à cette première confession. Parce qu'il avait mal. Parce que ça le rendait tellement amère au fond. C'était comme d'arracher un petit peu de son âme à chaque fois.
- Il m'a aussi dit qu'il m'avait entraîné chaque année à me battre… Contre lui. Et que s'il regrettait de devoir en être arrivé là, il ne regrettait certainement pas de l'avoir fait. A ses yeux, la fin justifie les moyens.
Il entendit le blond s'étrangler et releva les yeux pour tomber sur l'expression même de la rage. Il était relativement rare de voir le blond perdre son calme… Mais là, il semblait à deux doigts de se lever et d'aller casser quelque chose. Mais il restait silencieux. Il voulait entendre. Tout entendre. Et c'était agréable… Toujours surprenant mais agréable de voir le blond prendre son parti. Se mettre en colère pour lui. A sa place.
- La dernière Malefoy… Je ne l'ai appris qu'en fin d'année…
Encore une fois il déglutit alors qu'il fixait le vide. Se rappelant parfaitement la scène devant le miroir d'Erised. La lettre. La baguette. La salle sur demande.
- Tu te rappelles ce que je suis censé faire pour mettre un terme définitif à son existence… ?
- Exterminer les Horcruxes, oui je sais. Je ne suis pas stupide Potter. Tout l'Ordre est au courant.
- Mn. Donc… Il y en a sept en tout. Le journal qui a été détruit. Le Médaillon, la bague de Gaunt, Le diadème et la coupe. Dumbledore m'a parlé du sixième. Ou plutôt du septième dans son ordre de création.
Les sourcils blonds s'étaient froncés un peu plus. Et il sentit les mots passer la barrière de ses lèvres alors que sa voix s'étranglait. S'efilochait. Submergé par la crainte.
- C'est moi le septième Horcruxe Malefoy.
Le silence qui prit place était étouffant. Le serpentard le fixait, le visage vidé de toute couleur, ses yeux légèrement écarquillés. Il ne bougeait plus, figé comme une statue de sel.
- Quoi…?
Un seul petit mot avait réussi à percer le silence, sa voix rauque.
- Je suis le dernier Horcruxe. Et Dumbledore le savait depuis un moment. Je suis condamné Malefoy. Pour réussir à le faire disparaître, je vais devoir le laisser me tuer.
- Ne rigole pas avec ça, Potter.
Il sentait une boule se former dans sa gorge alors que le blond lui répondait avec morgue.
- Je vais mourir Malefoy. Le jour de la bataille finale, je vais y aller pour mourir. Uniquement pour ça…
Il ne pouvait pas empêcher sa voix de trembler, ses mains serrées l'une contre l'autre alors qu'il cherchait à garder son calme, sentant la magie se déchaîner en lui.
- Merlin, tu te fiches de moi ?
- Non… Il m'a dit qu'il était désolé… Mais que c'était mon rôle dans tout ça.
Il sursauta brusquement quand plusieurs objets s'éclatèrent au sol, relevant les yeux, il vit le blond, planté, debout, devant lui, les poings serrés, le visage déformé par la rage alors que la moitié de la pièce lévitait. Certains objets se brisant avec violence contre un mur.
- Cet...homme… t'as...juste fait élever… par ces Moldus...pour que tu ailles te suicider ?
Et il le vit brusquement écarquiller les yeux alors qu'il se souvenait que Potter lui avait presque hurlé dessus qu'il n'était pas suicidaire. Qu'il ne voulait pas perdre ce qu'il avait. Il le voyait presque se rappeler ce que Ron lui hurlait à propos du comportement de Harry et il vit son masque se fissurer petit à petit. Il le voyait se remémorer son comportement des derniers mois… Sa manière de ne plus rien vouloir repousser au lendemain. De vouloir vivre à tout prix… De prendre des risques…
- Oui…
- Et...tu ne m'en parles que maintenant…
- Oui…
- Après….le serment que tu m'as fait répéter tout à l'heure…
Petit à petit, élément après élément, le blond prenait conscience de ce qu'il se passait. Harry lui avait partagé son secret. Mais lui avait bel et bien lié les mains. L'empêchant d'y faire quoi que ce soit.
- Oui…
- POURQUOI ?
Il avait hurlé, littéralement, alors que cette fois, plusieurs des vitres explosaient. Immédiatement, la bulle de magie se forma autour d'eux, empêchant les adultes de la maison de débarquer dans la pièce pour le moment. La rage débordait de ses yeux gris, le visage déformé par une grimace mêlant douleur et fureur. Il se tenait devant lui et tremblait, tant ses émotions étaient violentes.
- Pourquoi ? Espèce de connard ! Tu m'annonce que tu vas mourir ! Que tu le sais depuis des mois ! Et tu me force à garder le silence sur ça ! Tu me force à assister à ça ! Potter bordel de merde !
Il le vit s'approcher, le faire se lever, tirant sur son t-shirt, avant de lui envoyer son poing dans la figure. Il se sentit partir en arrière, retombant au sol, le goût du sang dans la bouche. Il s'était mordu la langue et sa joue le brûlait. Mais il le méritait amplement. Il ne pouvait pas lui en vouloir, probablement qu'il aurait réagi de la même manière si les rôles avaient été inversés.
Le blond écumait de rage. Littéralement. Dehors, il pouvait entendre de manière étouffée la voix de son tuteur et du couple Malefoy les appeler. Le blond se tourna vers la porte de la chambre, la désignant d'un doigt plein de hargne, sa voix crissant de manière atroce alors qu'il sifflait sa colère.
- C'est à eux qu'il aurait fallu le dire ! Pourquoi tu ne le fais pas !
- Parce que je pense qu'ils chercheraient à m'empêcher de le faire justement.
- ….Moi aussi.
- Non.
- Non quoi, Potter ?!
- Tu n'essaieras pas…
Il le vit ouvrir la bouche puis la refermer, sa magie s'évaporant d'un coup de la pièce, les objets tombant au sol dans un fracas innommable. Il semblait abattu. Vaincu. Il vit ses épaules retomber doucement, baissant la tête.
- Comment tu le sais…?
- Tu chercheras sûrement une solution alternative… Mais tu sais très bien que si jamais tu tentais de me forcer, je partirais.
Il eut un rire plein d'amertume alors qu'il passait sa main dans ses cheveux, tremblant. Oui, il savait.
- Potter…
Il se leva lentement et s'approcha prudemment du blond, cherchant à décrypter les émotions sur son visage alors qu'il sentait sa joue le brûler. Il aurait un bleu.
- Oui…
- Je croyais que t'avais dit que tu partirais pas…
- Je ne savais pas encore à ce moment-là… Pardon.
Très lentement, il passa ses bras autour de sa taille, posant son front contre sa joue. Et après une minute, il le sentit l'écraser contre lui. Il regrettait tellement. Il était déchiré entre l'idée qu'il n'aurait jamais dû se rapprocher autant de lui. Franchir le pas entre eux quand il avait appris… Laisser les choses comme elles étaient avant et… L'idée qu'il avait bien fait. Que ce n'était pas perdu. Qu'après tout, il avait bien le droit d'avoir un petit peu de bonheur aussi.
- Merde...Potter.
Il avait la voix étranglée. Et il sentit son propre cœur se serrer.
- C'est pour ça que tu ne voulais pas reprendre après que je t'ai...jeté…?
- … Je ne savais pas encore… mais oui. Oui maintenant je me dis que ça aurait été mieux pour toi.
- ….Et pas pour toi… ?
- Non. Les morts n'ont pas de regrets contrairement aux vivants.
Il le sentit le serrer encore un peu plus fort à ses paroles. Il sentit son visage s'enfoncer contre son cou. Il sentit l'humidité. Parce que celui qui souffrirait le plus, ce ne serait pas lui. C'est le blond qui devrait ensuite assister à son enterrement. Qui devrait continuer et se relever. Et Harry savait parfaitement ce que cela faisait.
- Je trouverais une solution.
- D'accord.
- Tu n'y crois pas…
- J'ai déjà cherché. Dumbledore aussi.
- … Et Severus… ?
- Je lui laisserai une lettre.
Il tremblait contre lui, il pouvait sentir son souffle erratique, son cœur cogner contre le sien. Il fixait le plafond, cherchant à retenir les larmes menaçant de déborder.
- Potter…
- Quoi ?
- … Tu peux pleurer tu sais… Je suis là.
Il se sentit craquer. Se fendiller. Il sentit son cœur terminer de tomber et il s'accrocha à son tour à lui alors que les larmes coulaient toutes seules. Il s'accrochait à sa chemise, tirant dessus.
- Je ne veux pas mourir Malefoy….
- Je sais.
- Je ne veux pas partir. Pas maintenant.
- Je sais.
- Je veux rester. Avec toi. Avec Severus. Je voudrais avoir un avenir.
- Je sais.
Il balbutiait, les mots butant sur ses sanglots alors qu'il sentait ses jambes vaciller. Et sans savoir comment, il était sur les genoux du blond, et il laissait sa douleur sortir alors que la bulle s'épaississait autour d'eux. Il lui parla autant qu'il pu. De tout ce à quoi il pensait. Il lui confia certaines choses trop intimes pour être dites autrement que dans cet instant étrange. Il l'écouta lui parler lui aussi.
Et cela dura des heures.
Potter avait pleuré longtemps. Lui aussi. A tel point qu'il avait un mal de tête carabiné. Quand ils s'étaient calmés tous les deux, le survivant s'était levé et après avoir pris son balais, était sorti par la fenêtre brisée de sa chambre en murmurant quelque chose ressemblant à un "désolé".
Il avait besoin d'être seul et il le comprenait. A peine la bulle s'était-elle dissipée, que son parrain entrait dans la chambre furieux, suivi de ses parents. Potter avait dû le sentir.
Les trois adultes s'étaient figés face à la chambre dévastée du survivant avant que son père ne se tourne vers lui, le visage fermé par la colère. Ils auraient dû les prévenir qu'ils allaient bien…
- Eh bien fils. Peux-tu nous expliquer pourquoi, à 17 ans, tu as perdu le contrôle de ta magie à ce point… ?
Il les avait fixés, le regard glacial et l'expression neutre avant de hausser les épaules.
- Discussion de couple.
Aucun des trois n'y avait cru, c'était une évidence. Normalement c'était Potter l'explosif. Pas lui. Et pourtant...Il l'avait frappé…
- Vous m'en direz tant. Maintenant la vérité Monsieur Malefoy.
Son parrain était intervenu et il semblait de très mauvaise humeur au vu de sa manière de s'adresser à lui. Ses yeux parcouraient la pièce à la recherche d'indices, scannant le moindre détail. Il était plutôt heureux qu'il n'ai pas vu l'hématome sur la joue de son pupille… Draco était certain qu'il aurait dû alors répondre de ses actes…
- C'est la vérité.
- Tu as pleuré mon chéri… ?
Sa mère le fixait, les sourcils froncés par l'inquiétude alors qu'elle s'avançait prudemment au travers des débris jonchant le sol.
- Non.
- Tu as les yeux rouges et gonflés.
- Allergies.
- Draco…
Il s'était brusquement levé avant de subir le sermon de son père et les avait fixés.
- Je n'ai pas envie de parler.
- ...Est-ce que...tu as rompu avec Harry mon chéri…?
Evidemment. Sa mère ne pouvait pas juste laisser couler. Il soupira et la regarda avec agacement.
- Mère. Potter et moi sommes grands et malgré tout je vous rappelle que notre truc, c'est de nous engueuler. Alors arrêtez de chercher. J'ai perdu mon calme parce que seul lui est capable de me faire ça. Maintenant, si cela ne vous gêne pas, je vais aller dans ma chambre. J'ai mal à la tête.
Et sans un mot de plus, il avait déserté, incapable de leur dire quoi que ce soit. Obligé de garder pour lui ce qu'il avait appris. Ignorant la question de son parrain qui demandait où était son pupille.
Une fois dans la sécurité toute relative de sa chambre, il s'était plongé dans le noir et étendu son sur lit.
Merlin. Il avait terriblement mal à la poitrine. Il avait imaginé un avenir avec Potter… Aussi ridicule que cela puisse paraître, il avait imaginé que sa victoire serait douloureuse… qu'il serait certainement blessé, mais qu'il s'en remettrait… Et qu'ensuite, ils pourraient vraiment être ensemble.
Il s'était imaginé aller à l'université sorcière. Trouver un travail. Un appartement. Ensemble. Il s'était imaginé comme ça…
Et là, en quelques heures tout s'était écroulé. Et s'il lui en voulait terriblement de lui avoir lié les mains, il ne pouvait pas lui en vouloir de le lui avoir caché.
Par Merlin. La vérité était si sordide. Comment un sorcier avait-il pu laisser un gamin subir tout cela juste dans le but de le rendre… handicapé.
Parce que c'était ce qu'il s'était passé. Dumbledore avait fait en sorte que Harry soit amputé d'une partie de sa morale. D'une part de sa conscience pour mieux pouvoir le manipuler et l'utiliser. Il avait fait en sorte de le faire grandir dans l'horreur la plus totale uniquement pour qu'ensuite il ne voie sa vie que comme quantité négligeable.
Il se leva brusquement se précipitant hors de sa chambre pour se retrouver penché au-dessus des wc de sa salle de bain privée, vomissant ses tripes.
Potter avait été violenté et asservi pendant des années avec la bénédiction de ce fou. Oh comme il ne regrettait plus de l'avoir tué…
Il avait été élevé et éduqué pour devenir le sacrifice d'une guerre d'ego et de pouvoir. Se rinçant la bouche en grimaçant il crispa ses doigts sur la faïence de l'évier, observant son reflet dans le miroir.
Il devait trouver quelque chose… Un sort de magie noir peut-être…? Un moyen de faire en sorte que Potter n'y passe pas… Il ne pouvait pas se résoudre à faire ça…
Il lui avait expliqué son plan. Il lui avait expliqué soupçonner Nagini d'être le dernier Horcruxe… Après tout, s'il pouvait l'être, alors un serpent également… Et le Maître des Ténèbres semblait aduler le reptile au-delà de toute créature.
Pendant le dernier combat, il irait se battre contre le Seigneur des Ténèbres… Et à son signal, Draco Malefoy, irait tuer Nagini… et à ce moment-là, Potter baisserait les armes après avoir entouré le camp de la lumière d'une bulle de protection pour les empêcher d'intervenir…
Et ce serait la fin de la guerre.
Harry Potter ne serait plus.
La déflagration magique avait fait sursauter tout le monde à table. Le temps qu'ils réalisent qu'il s'agissait de la signature magique de Draco, ils étaient déjà en train de se ruer dans les escaliers.
Sauf qu'une fois devant la chambre de son pupille, impossible d'y accéder. A nouveau, cette fichu bulle venait s'interposer entre lui et le survivant, comme une barrière infranchissable.
Il avait hurlé et menacé si personne ne lui répondait mais rien… Et ils avaient même dû patienter plusieurs heures. Si la magie s'était calmée, quelque chose s'était cependant bel et bien passé.
Quand la bulle avait éclaté, il était entré en trombe pour s'arrêter presque aussi sec. La chambre de son pupille avait été ravagée. Certains meubles étaient cassés. Tout était au sol ou presque. Les vitres avaient explosé, laissant des débris de verre partout alors que se tenait, au milieu de ce chaos, son filleul.
Et si jamais il avait eu le moindre doute, retrouver le fier et glacial serpentard les yeux rougis et le visage pâle aurait été suffisant pour lui indiquer la gravité de situation.
Ils avaient eu beau poser des question, il était resté muet, les envoyant voir ailleurs sans laisser transparaître la moindre émotion.
Par Merlin lui-même… Il n'avait jamais vu son filleul dans cet état. Et apparemment, ses parents non plus. Narcissa avait évoqué l'idée d'une séparation avec inquiétude… Lucius était resté silencieux, les sourcils froncés.
Draco s'était isolé dans sa chambre… Narcissa avait quitté la pièce en déclarant qu'elle allait demander aux elfes de maison de préparer du rosbeef pour le soir même… Quant à Lucius, après un regard équivoque au Maître des potions, il avait quitté la pièce.
Et il se retrouvait maintenant seul, face à ce désastre. Soupirant, il leva sa baguette et jeta plusieurs sorts, rangeant et réparant ce qui devait l'être…
Il avait noté l'absence du balais du survivant, il n'était alors pas difficile de deviner où il était parti. Une fois la chambre à nouveau présentable, il quitta les lieux lentement.
Il avait un mauvais pressentiment. Et s'il avait l'habitude que le sauveur ne lui cache la vérité, il était très inhabituel que Draco ne fasse la même chose.
Il avait toujours entretenu un lien particulier avec son filleul. Ils étaient proches depuis son plus jeune âge. Il s'était toujours fait un devoir de s'impliquer dans son éducation et d'être présent pour lui. N'étant pas un de ses parents, il avait également l'avantage de pouvoir discuter plus librement avec le jeune homme et du coup, l'honnêteté avait toujours prévalu dans leur relation.
Seulement, cette fois, il semblerait que la loyauté du blond ne lui soit pas acquise. Non. Son propre enfant avait pris cette place là, le laissant sur le côté.
Il n'en concevait pas la moindre jalousie cependant, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il ne pouvait pas croire qu'une simple petite dispute de couple soit à l'origine de ce débordement de magie.
Ces deux-là s'étaient déjà disputés. Ils avaient déjà été très loin dans la colère et la haine. Mais jamais il n'avait semblé au Maître des potions que cela n'ait pris ce genre de dimension.
Et là, tout de suite, même s'il s'en voulait de penser ainsi, il ne put s'empêcher de se dire que Potter venait d'entraîner son filleul dans les ennuis.
Il savait parfaitement que c'était peut-être injuste… Mais après tout, en qualité de tuteur, il connaissait sur le bout des doigts le sauveur du monde… Et il savait parfaitement à quel point il était doué pour rallier du monde à sa cause. Arracher des promesses, déjouer des plans ou encore enterrer des secrets…
De ce point de vue là, il était comme son père biologique. Passant une main dans ses cheveux, il descendit lentement les marches jusqu'à son laboratoire, ayant besoin de calme pour réfléchir.
La première chose était que Potter lui cachait quelque chose. La seconde était qu'il l'avait probablement avoué à Draco. Et enfin, la conclusion était que cette chose était suffisamment grave pour que cela le fasse sortir de ses gonds.
Et il était resté muet. Draco, en bon serpentard, savait où se trouvaient ses alliés et il serait venu lui en parler sans attendre s'il considérait que Potter faisait une folie…
Plissant lentement les yeux, la vérité se mettait lentement en place. Potter avait probablement enchaîné Draco par un sortilège. Et par Merlin, il avait apparemment soigneusement attendu que la Trace lui soit retirée. Ainsi, impossible de savoir lequel, à moins de lui prendre sa baguette… Sauf que le sauveur dormait même avec… Ne s'en séparant jamais.
S'arrêtant devant un chaudron bouillonnant doucement, il sentit son corps se crisper. Son instinct d'espion était en éveil. Quelque chose se tramait.
Quelque chose qui dépassait suffisamment son filleul pour que cela le plonge dans l'état dans lequel ils l'avaient retrouvé. Et il allait devoir découvrir ce que c'était.
Avant que tout cela ne tourne à la plus pure catastrophe potterienne.
Il avait évité tout le monde. Et il le faisait encore. Plus ou moins. Il était sûr que son tuteur le soupçonnait de quelque chose. Draco tirait la gueule toute la journée et du coup Narcissa leur tournait autour comme une mère poule.
- Harry, est-ce que tu as pris tes nouvelles robes ?
- Oui oui…
- Mère. Potter est grand, je vous en prie.
- Chéri, tu es grand aussi et cela ne m'empêche pas de m'occuper de toi.
Il vit le blond lever les yeux au ciel, légèrement agacé et resta silencieux. Draco lui en voulait. Ou pas vraiment. Il ne savait pas sur quel pied danser à vrai dire depuis qu'il lui avait avoué la vérité. Il changeait d'humeur trop souvent.
Par moment il le détestait de lui avoir confié son secret et le lui faisait payer… À d'autres, il s'excusait à demi-mot et lui avouait être plus en colère contre le monde entier que lui, Harry.
Et lui, dans tout ça, tentait de garder le cap. Il n'avait pas la moindre envie de se mettre en colère. Il voulait rester près de lui. Il se fichait pas mal de s'en prendre plein la tête par moment, après tout, il savait que cela ne passerait pas sans quelques remous… Et puis il ne voulait pas être seul.
Sauf que cela avait petit à petit attiré de plus en plus d'attention sur eux. Les trois adultes et les membres de l'ordre les regardaient bizarrement quand ils se rendaient compte que quelque chose ne jouait pas.
Mais à son grand soulagement, s'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé, c'était l'attitude mordante du blond qui envoyait tout le monde balader et continuait d'être exécrablement possessif.
Revenant à l'instant présent, il observa Narcissa tourner autour de son fils qui se laissait, malgré tout, faire et sourit un peu en coin. Narcissa s'était de plus en plus rapprochée de lui après leur petite mésaventure…
Elle s'occupait de lui discrètement. Elle n'était pas comme Molly Weasley, envahissante et exubérante. Non. Tout en délicatesse et discrétion. C'était comme de se sentir reposé avec elle. Et plusieurs fois, il s'était fait la réflexion qu'elle était vraiment une bonne mère. De manière différente de Cybèle Zabini...mais pas tout à fait.
Parce qu'il était à peu près sûr que Narcissa Malefoy était capable de vous tuer dans votre sommeil si vous vous en preniez à sa famille… Discrétion et délicatesse…
Cybèle, elle, aurait plutôt organisé un grand repas et aurait simplement annoncé à ses cibles, lors du repas, qu'ils venaient d'ingurgiter un poison de son cru avant de les faire chanter pour l'antidote. Grand Seigneur la Dame Zabini…
- Potter ?
- Hein quoi ?
- … Je vois que tu continues de rêvasser… on doit y aller. Bouge toi.
Jetant un rapide coup d'œil à l'horloge murale, il soupira. C'était l'heure effectivement. Il se rendrait à la gare avec les Malefoy et sous escorte de plusieurs aurores, son tuteur déjà à l'école pour préparer la rentrée.
Malgré la guerre imminente, l'école restait ouverte et des premiers années feraient leur rentrée comme d'habitude. Poudlard servirait également à entraîner les élèves au combat et leur permettre, en cas d'urgence, de se défendre.
Prenant sa cape, il la jeta sur ses épaules avant de suivre le blond dans la cheminée direction le chemin de Travers.
Quand il atterrit au Chaudron Baveur, il était légèrement enduit de suie. Tapotant ses habits, il se poussa pour laisser la place au couple Malefoy et rejoignit le blond, sortant pour se mêler à la foule qui convergeait vers la gare.
Evidemment, son arrivée eut pour effet de déclencher chuchotements et murmures. Certaines mains se tendaient pour l'effleurer et il esquivait systématiquement. Il détestait les bains de foule. Qu'on le touche.
- Otez vos sales pattes de mon chemin ou je vous jure que vous n'aurez plus que vos yeux pour pleurer.
Surpris, sortant de sa gymnastique mentale pour ne pas laisser angoisse et colère remonter à la surface, il s'arrêta brusquement et releva la tête.
Lucius Malefoy se tenait entre lui et un jeune homme au visage blême. Il le toisait de toute sa hauteur, le visage exprimant clairement son mépris, comme s'il regardait une vermine particulièrement dégoûtante.
- Très cher, que se passe-t-il…?
Narcissa, glaciale, se porta aux côtés de son époux, sa voix calme et claire fendant le silence.
- Cet… individu a laisser traîner ses mains en direction de Monsieur Potter…
- Vraiment… ?
- Vraiment.
- Quel inconscient.
- N'est-ce pas.
Inconscient… ? C'était...étrange de voir le couple se dresser pour l'aider… Et il eut un peu l'impression d'avoir son tuteur avec lui. Il imagina le visage de Snape s'il avait été à leur place et frémit. Non. Il n'aurait pas voulu être la cible du professeur.
- Mère, Père. Que faites-vous… ?
Draco, qui s'était éloigné une seconde pour saluer Zabini, se tenait à deux pas, un sourcil levé, le métisse à sa droite.
- Draco. Il semblerait que ce….garçon… ait des affaires à régler avec Monsieur Potter… ?
- A vrai dire mon chéri, ton père veut dire qu'il a eu les mains baladeuses.
Bon. Finalement, il ne savait pas s'il trouvait ça… bien… Vu l'expression à peine contrariée du blond, l'air jubilatoire de Narcissa et condescendant de Lucius… il semblerait que tout cela ne les amuse un peu trop au goût du sauveur du Monde.
- Ca va Malefoy…
- Alors comme ça Finley… Tu cherches à toucher ce qui m'appartient…?
Parfait. Non seulement il le connaissait mais c'était reparti pour le couplet du mec possessif à outrance. Il jeta un regard noir à Zabini qui venait de sortir un paquet de Fondants du Chaudron et fixait la scène, fasciné.
- Malefoy…
- Je dirais même, mon chéri, qu'il le fait délibérément !
- Vraiment... Les Finley ne sont plus ce qu'ils étaient… Quel héritier manquant de manières…
Voilà. Maintenant il comprenait d'où tenait Draco sa langue acérée… Le jeune homme brun qui semblait s'appeler Finley était rouge tomate et bégayait quelque chose, montrant un appareil photo.
- Une photo… Sérieusement… ? Parce que tu imagines que Potter est une sorte d'œuvre d'art dont on garde un souvenir…? Ou une star de la Gazette… ?
- Oh Draco… Tu avouera que Harry est suffisamment beau pour qu'on ait envie d'avoir une photo de lui…
- Oui Narcissa… Tu as pris suffisamment de photos pour que nous soyons tous au courant maintenant.
… Pourquoi avait-il accepté que son tuteur le laisse tout seul avec ces trois-là déjà… ? Sincèrement c'était la première et dernière fois… Il était là, entouré de blonds qui discutaient entre eux comme s'il n'y avait rien de plus naturel, tout en humiliant un autre étudiant… et tout le monde les observait…
Prenant une lente inspiration, il prit le bras de Malefoy et tira doucement dessus.
- Malefoy…
- Potter. Je suis occupé là. Deux minutes.
Occupé… ? Par Merlin. Faites que quelqu'un ne le sorte de là !
- Malefoy...Je vais me tirer sans toi.
- Quelle impolitesse de votre part Monsieur Potter.
Il rougit légèrement quand Lucius posa son regard de glace sur lui et, dans un même mouvement, ne consulte sa montre de gousset.
- Narcissa, Draco. Nous allons être en retard à force de laisser ce...garçon nous retenir.
L'idée fugace que Lucius était un as pour vous faire vous sentir plus bas que terre d'un seul mot traversa l'esprit du survivant… Et il se dit, qu'un jour, il aimerait sûrement apprendre à faire ça…
- On se reverra à Poudlard Finley…
Les mots du blond, susurrés comme une promesse firent frémir plusieurs étudiants avant qu'il n'entraîne Harry avec lui.
- Du grand Draco Malefoy. Une scène avant même la gare ! Sincèrement, il ne manquait plus que le baiser possessif.
- Monsieur Zabini.
- Bonjour Monsieur Malefoy...Madame Malefoy.
- Zabini !
- Quoi Potter ! C'est vrai ! Sincèrement…
Il se pencha vers les deux jeunes et sourit lentement en coin, et Harry sentit son malaise grandir.
- Crois-moi. Vous faites fantasmer pas mal d'étudiants. Je ne te dis pas le nombre de personnes qui ont mouillé leurs draps pour vous.
Harry s'étrangla, devenant rouge tomate, les yeux écarquillés alors que le blond, lui, se contentait de hausser un sourcil.
- Je ne veux rien savoir Zabini.
- Je dis ça je dis rien.
- B..Bordel Zabini ! Alors tiens-toi au rien !
- Fais pas ta prude Potter !
Il gémit alors qu'il s'éloignait rapidement des deux Serpentards, rejoignant le couple Malefoy qui s'était avancé.
Pour la première fois depuis longtemps, il avait passé un été seul. Sans Hermione. Sans Harry. Sans son père.
Marchant au travers des dizaines d'élèves qui se pressaient sur le quai, il fronça les sourcils en repérant une bande d'abrutis de seconde année prêts à faire éclater des scroupétards. Levant les yeux au ciel, il se précipita pour confisquer le tout.
Il était préfet cette année. A son grand étonnement, il avait été nommé avec Hermione pour assurer ce rôle là. Il imaginait d'ici la tête de Malefoy quand il le verrait à la réunion dans le train.
Ca, au moins, lui redonnait un tant soit peu le sourire. Il salua brièvement sa sœur et Neville qui étaient en train de discuter avant de faire demi-tour, entraînant dans son sillage les coupables pour les confier au préfet de leur maison. Le Serdaigle eut l'air atterré et s'excusa.
Il allait saluer Finnigan quand son regard fut attiré par un attroupement. Au centre, les Malefoy au grand complet et Harry. Seul brun dans la mer de blond.
Quand la trahison des aristocrates envers le camp des ténèbres avait été rendue publique, cela avait retourné le monde sorcier. De nombreuses familles anciennement adeptes du Mage Noir avaient également tourné leurs vestes et cela avait eu pour conséquence d'enrager littéralement Vous-Savez-Qui.
Alors même s'ils faisaient partie du même camp, c'était étrange de voir le Sauveur du Monde s'afficher sans crainte avec eux. Les cartes avaient été mélangées et distribuées à nouveau, forçant les deux camps à revoir leurs stratégies.
Plongé dans ses pensées, il ne nota pas tout de suite l'espèce d'ambiance étrange entre le sauveur et le serpentard. Mais c'est quand Harry s'éloigna pour saluer Hermione qu'il nota le regard de Malefoy.
Et cela le frappa. Il savait. Il avait découvert ce que Harry cachait. Merlin. Plissant les yeux, il nota son air fatigué qu'il tentait de masquer. Il nota son regard assombri et la légère crispation de sa bouche. Portant ensuite son regard sur Harry, il nota par contre, que lui, avait l'air désolé. Résigné. Et il sentit un long frisson parcourir sa colonne.
Il avait raison. Et Malefoy s'en mordait apparemment les doigts. Pendant une seconde, il eut presque envie de lui jeter un "Je te l'avais dit" narquois au visage… mais il doutât que cela fusse une bonne idée. Un jour peut-être.
Passant sa main dans ses cheveux, il s'avança lentement vers le groupe.
- Salut.
Il haussa un sourcil quand Harry et Hermione le fixèrent. Le premier laissa son regard couler sur son corps. La seconde était bouche-bée.
Bon. Il avait peut-être un peu grandis et...il avait surtout passé tout son temps à se muscler… Mais tout de même…
- ….Weasley… tu sais que l'abus de potion musculaire est interdit…?
- Bordel Weasley… Tu pèse quoi..? Deux-cent kilos ?
Malefoy le fixait, plein de morgue, tout juste encore à sa taille… Tout comme Blaise qui fixait ses bras et semblait à deux doigts de sortir un centimètre pour en mesurer le diamètre. Gêné, il haussa les épaules.
- Je ne prends aucune potion Malefoy. Et bordel Zabini qu'est ce que tu fous ?
Il repoussa la main du métisse qui venait de, sans aucune honte, soulever sa chemise pour voir son ventre. Hermione était rouge tomate.
- Je vérifie que t'es musclé partout.
- Qu'est ce que ça peut te faire Zabini. T'as changé de bord…?
- Quoi ? Pas du tout !
- Laisse sa chemise Zabini. Tous ses muscles c'est trop.
Malefoy venait de brusquement tourner la tête vers Potter qui souriait en coin, les mains dans les poches, détaillant son ancien meilleur ami de haut en bas.
- Potter….
Encore plus rouge qu'il y a quelques secondes, il ne savait plus où se mettre alors que Harry ricanait, haussant les épaules.
- Bah quoi ! Regarde-le une seconde !
- Non merci.
- Rabat-joie.
- Euh je...ouais enfin...Harry...tu...t'es pas sérieux là…
- Bon si tu nous disais ce que tu veux Weasley…?
- ah euh je…c'est que...le..la ..réunion… des préfets..
- Et en quoi ça te concerne…?
Il vit le survivant ricaner à nouveau avant de s'écarter du blond qui s'était possessivement rapproché de lui et pointer son torse musculeux.
- Insigne Malefoy. Je dirais que Ron a été promu.
- …. Merlin.
Le blond venait de se tendre et de se décomposer en même temps, se pinçant l'arrêt du nez dans un geste qui sembla vaguement familier au roux.
- Félicitations Ronald…
- Ah...euh...merci...McGo me l'a appris il y a quelques semaines… Ma mère était super fière…
Il se serait donné des claques quand le visage d'Hermione devint plus grave. Celui d'Harry également. Il savait. Ils pensaient tous à la même chose. Premièrement, pas d'été au terrier ensemble...Deuxièmement...que Molly avait été au plus mal pendant des mois après la disparition de son époux.
- ...Comment va-t-elle… ?
- ...Mieux… merci… Elle reprend un peu ses habitudes…
Alors qu'il se demandait comment relancer la discussion, c'est Harry qui s'en charge.
- Je vais trouver un compartiment. On se retrouve plus tard.
Il eut un petit pincement au cœur en notant qu'il ne s'adressait qu'à Malefoy… Il vit le blond hocher la tête et alors que le brun tournait les talons, le ratrapper par le col, le tourner vers lui et poser sa bouche sur la sienne.
Merlin. Il ne pourrait jamais rester de marbre face à ce genre d'image. Encore maintenant il n'arrivait pas à s'y faire.
- A plus tard, Potter.
Légèrement rouge, ils virent Harry aller saluer les Malefoy, Zabini sur les talons. Soupirant, il se tourna vers les deux autres préfets de sa promotion et passa une main sur sa nuque.
- On y va… ?
- Je vous rejoins, je dois aller encore déposer mes valises.
Hermione tourna les talons et récupéra sa malle pour rejoindre l'avant du train. Il se retrouva donc seul avec le Serpentard qui prenait déjà la direction du wagon réservé aux préfets.
- Tu as découvert ce qu'il se passait…?
Il n'avait pas pu s'en empêcher. De poser la question. Il voulait savoir lui aussi… A quoi s'attendre. S'il pouvait aider. Il vit le blond se crisper entièrement, s'arrêtant à deux pas devant lui, gardant son dos tourné.
- Je ne sais pas de quoi tu parles, Weasley.
- Ne te moque pas de moi Malefoy.
Il s'approcha pour le rejoindre, baissant sa voix pour éviter que quiconque n'entende. Même s'il était plutôt utopique d'imaginer que qui que ce soit ne le fasse dans le brouhaha ambiant.
- Ca fait longtemps que je vous observe… Et là, il y a quelque chose qui cloche pour que Harry fasse cette tête.
- Weasley.
Le blond s'était à nouveau arrêté, se tournant cette fois vers lui pour planter son regard glacial dans le sien.
- Ton obsession pour Potter devient franchement malsaine. Va donc voir ailleurs si j'y suis maintenant.
Et il le planta là. Peu importe. Il était absolument persuadé qu'il avait vu juste. Il devrait peut-être en parler à Hermione…? Elle avait toujours été douée elle aussi pour percer les secrets…
Passant une nouvelle fois sa main sur sa nuque, il soupira et eut, encore une fois, le sentiment qu'il avait vraiment merdé sur toute la ligne ces dernières années… Alors il ne lâcherait pas cette fois.
Le moment voulu, il serait là.
Le trajet avait été long. Lourd aussi par moment. Zabini avait rapidement compris qu'il se passait quelque chose entre eux, tout comme Hermione d'ailleurs.
Alors il était soulagé de pouvoir se retrouver au dortoir sans personne… Le fait que Ron ait été promu Préfet voulait également dire qu'il avait, à présent, sa propre chambre. Il se retrouvait donc seulement avec Seamus, Neville et Dean.
Terminant de ranger ses affaires, il se coucha rapidement ensuite. Il avait besoin de dormir. Sans jamais réellement y arriver. Pas depuis qu'il avait parlé à Draco… D'ailleurs, il avait aussi presque perdu l'habitude de dormir avec lui… Le blond passait son temps à chercher…. quelque chose...n'importe quoi qui pourrait détourner le survivant de son destin funeste.
Soupirant, il ferma les yeux. Le lendemain débuterai une nouvelle année. La dernière à Poudlard d'ailleurs. Et pas uniquement parce qu'il était passé de justesse en septième année...non.
Il passa la nuit à se tourner dans tous les sens. Une de ces nuits où on a l'impression de ne pas dormir du tout alors qu'elle est jonchée de rêves, de réveils, de pensées qui tournent.
Se traînant vaguement dans les couloirs, il tentait de rejoindre son premier cours, son nouvel emploi du temps à la main quand il sentit une main tirer sur le col de son pull, l'arrêtant dans son élan.
- Potter.
Basculant doucement la tête en arrière, il tomba dans le regard argenté de son serpentard personnel.
- Malefoy.
- Bien dormis ?
- J'ai connu mieux…
Une seconde plus tard, il se retrouvait coincé contre le mur, Draco penché sur lui, un petit sourire suffisant aux lèvres.
- Je t'ai manqué…?
- Pas vraiment Malefoy… J'ai pris l'habitude de dormir sans toi…
Oups. C'était sortit tout seul. La pique avait franchi ses lèvres sans qu'il n'y réfléchisse. Il vit le blond hausser lentement un sourcil, rapprochant son corps du sien. C'était étrange de pouvoir agir librement… Autour d'eux de nombreux élèves fixaient la scène, les yeux écarquillés.
- C'est un reproche Potter…?
- Une constatation Malefoy.
Souriant lentement en coin, il défia le préfet du regard, enfonçant ses mains dans ses poches, prenant délibérément une attitude nonchalante. Sans qu'il ne sache comment, leur conversation venait de passer de prémices d'une dispute à...flirt décadent devant la moitié des élèves présents dans le couloir.
- Tu voudrais que je dorme avec toi tous les soirs…?
- Je ne sais pas si je voudrais "dormir" avec toi dans le même lit…
- Je vois… Je te manque donc au final.
- Non. Je peux me passer de toi. J'ai toujours ma main.
Il allait passer sous le bras du serpent quand il le sentit le plaquer un peu plus durement contre la pierre. Au même moment, ses lèvres échouaient contre la ligne de sa mâchoire, sa langue frôlant sa peau, lui envoyant une décharge électrique.
- Potter… Ne dis rien que tu regretterais plus tard…
Tournant doucement le visage, il frôla la bouche du blond et sourit un peu plus. Retrouver ce Draco là lui plaisait. Lui, ces échanges, cette tension, ça lui avait manqué.
- Et toi Malefoy...tu pourrais te passer de moi ?
- Dans un lit ou autrement Potter ?
Il rit un peu avant de venir mordiller ses lèvres pour s'écarter tout aussi vivement.
- Dans un lit Malefoy. Y'a que là qu'on s'entend parfaitement.
Il sentit sa main claquer ses fesses et écarquilla les yeux. Il venait de lui envoyer une fessée…? Sérieusement ?
- Ca, tu peux le dire Potter. Maintenant bouge. On va être en retard.
- … Et à cause de qui à ton avis ?
Levant les yeux au ciel, il se mit en route, toute fatigue pour le moment envolée. Il se sentait léger. Soulagé. Apparemment le blond était de meilleure humeur aujourd'hui.
- … Les mecs. Faut pas vous étonner que ca mouille autour de vous après ce genre de scène….
Evidemment. Il avait fallu que Zabini soit là et vienne donner son avis. Le fusillant du regard il le dépassa alors que Draco lui envoyait une claque à l'arrière du crâne, faisant râler le métisse.
- Va mater ailleurs Zabini. Genre les fesses de Granger.
- Oh t'inquiète je les connais par coeur !
- Bonjour Hermione.
Souriant de manière perfide, Harry venait de saluer la sorcière qui, rouge tomate, de colère ou de gêne, allez savoir, fusillait Zabini du regard.
- Potter. Après le dernier cours de la journée, je veux aller à la salle sur demande.
Alors que le métisse s'excusait comme il le pouvait auprès de la Préfète de Gryffondor, la voix du blond venait de couler à son oreille et de faire s'évaporer toute sa bonne humeur… Il savait pourquoi il voulait y aller… Il voulait lire la lettre… voir la baguette…
Le blond était persuadé que les Reliques de la Mort avaient quelque chose à voir dans son prétendu suicide pour le plus Grand Bien. Il s'était lancé à corps perdu dans des recherches à ce propos… Il lui avait également demandé de lire chacune des lettres de Dumbledore… Avait manipulé les indices dans tous les sens…
Ils devaient encore trouver l'épée de Godric Gryffondor ou au moins le crochet du Basilik qui avait détruit le Journal de Tom Jedusor… Et, tout cela avait un lien avec les indices… Avec le portrait du Premier Directeur…
Grimaçant alors que tout cela revenait hanter son esprit torturé, il se rembrunit. Il aurait préféré qu'il lui donne rendez-vous juste pour le voir.
Parce que de son côté...il lui manquait… C'était ridiculement sentimental mais.. depuis plusieurs mois maintenant il ressentait ce manque quand ils passaient trop de temps séparés…
Soupirant, il jeta un regard morne au blond et hocha la tête.
- Ouais. Si tu veux.
Il savait que le blond était de plus en plus agacé par son manque de motivation… Il n'arrivait pas à comprendre qu'il ne cherche pas désespérément une solution… Qu'il se laisse porter par les événements, résigné à se présenter comme un sacrifice.
Ils s'étaient d'ailleurs trop disputés à ce sujet ces dernières semaines. A tel point que par moment il s'était demandé s'il avait bien fait de lui révéler son secret… S'il ne devrait tout simplement pas s'éloigner de lui. Mais chaque fois qu'il faisait mine de le faire, le blond débarquait pour le ramener à lui par la peau des fesses s'il le fallait.
Ce qui avait d'ailleurs donné le jour à certaines parties de jambes en l'air tout à fait torrides.
Il sortit de ses pensées en sentant les doigts du blond frôler les siens. Relevant les yeux, il n'eut pas le temps de réagir. Ses lèvres s'écrasaient sur les siennes avec douceur.
De temps à autre il faisait ça. Comme s'il s'excusait silencieusement de ce qu'il se passait. Entre eux. Dans le monde. Et Merlin. C'était exactement dans ce genre de moment qu'il sentait son coeur manquer un battement et le rendre tout… tremblant.
- Je vois…
Le sourcils froncés, le visage sombre, il était immobile devant la cheminée, fixant le visage de Lucius au travers des flammes.
Comme depuis plusieurs semaines, ils cherchaient des indices… Parce que voir revenir son pupille de sa petite séance de vol avec la pommette bleue et la lèvre éclatée l'avait légèrement contrarié.
Non. En réalité c'était pire que cela. Il avait manqué sortir de ses gonds en constatant que son filleul s'en était pris physiquement au survivant. Parce que pendant une seconde, il avait revu sous ses yeux le gosse qu'il avait ramassé brisé. Des hématomes jonchant son corps et le regard vide.
Il avait ce même regard par moment. Et il avait senti l'aiguillon de la peur piquer sa chair durement. Et depuis, il n'avait cesse de rassembler les pièces du puzzle.
Tout avait commencé l'année précédente… Quand brusquement il y avait eu ce changement de comportement. Il avait, d'un jour à l'autre, semblé lâcher prise. Se rapprochant brusquement de lui. De Draco. Il s'exprimait plus avec eux…
Et puis sa manière de traiter les membres de l'Ordre… Les soumettant au chantage si besoin sans la moindre émotion. Narcissa et Cybèle lui avaient expliqué comment il était arrivé à ses fins… Pas qu'il ne soit pas fier qu'il soit enfin capable de ne plus être qu'une victime...Mais cela semblait bien peu naturel à bien y réfléchir.
Suite à cela… Il y avait également sa manière d'appréhender ses cauchemars...Sa magie… Ses demandes incessantes pour qu'il l'entraîne… Qu'il l'aide à développer ses pouvoirs. Sa manière de lui emprunter livres et parchemins afin d'en lire le plus possible.
Et puis ses paroles. "Je ne suis pas suicidaire". Il avait beau tourner cette phrase dans tous les sens, il ne trouvait rien qui puisse l'expliquer… Son pupille lui avait parlé d'une dispute avec le jeune Weasley… et cela semblait concorder.
Alors quoi ? Qu'est ce qu'il se passait réellement ? Lucius avait appris récemment que le jeune homme avait fait, en fin d'année, une incursion dans le bureau de Dumbledore et parlé au Premier Directeur… La source du blond n'avait pas été capable de leur rapporter le contenu de la conversation et donc, pour le moment, ils faisaient du sur place.
Et si jamais son pupille découvrait qu'il menait son enquête… Ou s'il avait le malheur de lui en parler directement, il était à peu près certain qu'il se refermerait sur lui-même.
Son instinct le poussait à rester dans l'ombre pour le moment, activant ses divers informateurs au sein de l'école.
- Mon fils semble également faire de nombreuses recherches ces derniers temps…
- Je sais… Il a emprunté plus de parchemins à la bibliothèque que l'année précédente en quelques jours…
- Severus…
- Je sais…
Il passa une main lasse sur son visage, soupirant.
- Mais que veux-tu que je fasse… ? Ton fils est encore plus hermétique que Potter… Et lui, contrairement à mon stupide pupille, sait parfaitement jouer à nos petits jeux….
- Mais il n'a pas notre expérience… Je te garantie que nous le regretterons si nous ne faisons rien
- Lucius… Le veritaserum n'est pas une réponse universelle à tes problèmes
- C'est toi qui le dis mon Cher…
Levant les yeux au ciel, il agita sa baguette, son fauteuil s'approchant pour qu'il puisse s'asseoir lentement.
- Ton fils ne te le pardonnerai jamais si tu le mettais dans ce genre de position…
- Je me fiche qu'il m'en veuille tant qu'il reste en vie
- Personne ne sait s'il met sa vie en jeu… Je peux même te garantir que Potter préférerait se couper un bras que de risquer la vie de qui que ce soit. Draco de surcroît.
- Tout comme je sais parfaitement que mon fils serait capable de prendre Potter de vitesse dans un accès de possessivité stupide.
Se crispant lentement, il jeta un regard glacial à son ami.
- Mesure tes paroles Lucius. Il s'agit peut-être de ton fils, mais Potter ne compte pas moins pour moi.
Il vit l'aristocrate soupirer lentement avant de le fixer droit dans les yeux.
- Tu connais mon avis sur la question. J'apprécie Monsieur Potter. Je conçois que mon fils s'y soit attaché… mais il ne passera jamais avant ma famille et tu le sais.
- Je ne te demande pas de le faire passer avant. Uniquement de l'englober dans ce que tu fais.
Un silence lourd s'installa entre les deux anciens Mangemort alors qu'ils réfléchissaient chacun de leur côté.
- Les géants ont quitté les terres du nord et descendent petit à petit. Le camp des ténèbres est en train de se rassembler… Le temps nous est compté Severus.
- Je sais.
Il se leva, les sourcils froncés, les poings crispés alors qu'il faisait les cents pas.
- Mais il nous manque trop d'éléments. Et tu sais comme moi que rien ne nous assure que donner du veritaserum à Draco soit la bonne solution. S'il ne peut pas parler à cause d'un sort c'est peine perdue. Et nous savons parfaitement que Potter maîtrise Occulus Secretum… Nous sommes ceux qui le leur ont appris avec l'ordre…
L'amertume suintant de sa voix était tout juste maîtrisée. Par la barbe de Merlin. Voilà ce que c'était que d'avoir accepter d'adopter un fichu adolescent ne faisant qu'à sa tête.
- Alors c'est Potter que nous devons faire parler…
Il se crispa à ce que suggérait le serpentard et s'arrêta dans sa déambulation rugueuse.
- … Tu suggères de le lui demander gentiment peut-être… ?
- Non. Tu es Maître des Potions. Tu sais parfaitement en camoufler le goût et l'odeur dans la nourriture.
Il n'était pas sérieux n'est-ce pas… ? Raidit par le froid glacial qui venait pénétrer son corps, il posa un regard vide sur les cendres rougeoyantes.
- Je ne peux pas lui faire ça Lucius. Potter m'en voudrait à vie. Il me fait confiance et je ne trahirais pas ça.
- Une morale qui, je l'espère, saura te réconforter quand tu iras te recueillir sur sa tombe. Comme tu le fais sur celle de sa mère.
La voix cassante et brutale de l'aristocrate le fouetta avec violence.
- Ne parle pas de Lily.
- Alors prend les bonnes décisions Severus.
Sur un dernier regard, le visage aux traits anguleux disparut de l'âtre, laissant le Maître des potions dans un silence pesant.
.
.
Mn. Je suis perplexe. Est-ce que Severus va prendre le risque ...?
