Entre mon évitement actif d'Alice et de tout ce qui touchait de près ou loin à sa personne, les rondes bien plus nombreuses et coûteuses en vigilance que d'habitude et mon excitation pour la sortie à Pré-au-lard à venir, la semaine passa somme toute relativement rapidement.

Ma colère envers Alice avait changé de nature sans nécessairement se calmer, elle était moins vive mais plus profonde ; ce que je lui demandais n'était pas bien compliqué et plus le temps passait, moins j'arrivais à faire sens de sa réaction. Si elle n'était pas capable d'être contente pour moi, je ne savais pas trop ce qu'il me restait à lui dire. Emily sembla l'avoir compris ; en tout cas, elle avait arrêté de me parler de la blonde, ce qui avait rendu notre relation bien plus confortable. Je m'étais excusée pour mon comportement à son égard et elle avait juste haussé les épaules comme si ce n'était qu'un détail. À se demander comment Emily pouvait passer la majeure partie de son temps avec Alice et moi ; nous pouvions être de véritables enfants à côté d'elle.

De manière générale, j'avais pris l'habitude de passer mes journées avec James qui – pour une quelconque raison, évitait à tout prix de mentionner Carter ; nous nous retrouvions ainsi tout à fait convenablement à discuter de tout sauf des Personnes-Qu'il-Ne-Fallait-Pas-Aborder. Évidemment, le cours de potion avait été particulièrement agréable cette semaine. Lilith s'était appliquée pour que ses mains frôlent constamment les miennes dès qu'elle devait préparer un ingrédient et mes joues n'avaient pas arrêté de chauffer. J'avais fini par évacuer la tension en riant nerveusement et la moitié du cachot s'était retournée vers nous, y compris notre professeure ; ils s'étaient habitués à ce que notre table soit silencieuse. Si Lilith s'en était sortie d'un visage complètement impassible, mes joues, elles, avaient pris bien cher. Alice s'était contentée de rouler des yeux – ce qui n'avait pas calmé ma colère à son égard, puisque visiblement mes états d'âmes la fatiguaient. Shadlakorn elle-même avait semblé particulièrement curieuse. Elle avait passé le reste du cours à nous jeter quelques regards par-dessus l'épaule pendant qu'elle discutait avec d'autres élèves. Lilith avait dû prendre note du changement également, car elle avait dès lors arrêté de jouer avec ma tension cardiaque.

Miller et Stewart avaient tout de suite compris le problème que Peter et moi leur avions soulevé concernant les Septièmes Années ; la discussion avait été particulièrement courte et ils nous avaient rejoints sur la nécessité d'entamer une démarche collective. Eux-mêmes avaient repéré des difficultés chez les Poufsouffles en septième année. Le préfet-en-chef avait cependant proposé de mener lui-même la discussion avec les préfets de Serpentard et Gryffondor. Depuis nos dernières interactions, il avait peur que le simple fait que je fasse partie des personnes amenant le problème sur la table ait pour effet de braquer Griffin. J'étais donc censée faire semblant de ne pas être au courant du problème - que Miller comptait régler avant les vacances de Noël. Tant que le problème était réglé, je n'y avais vu aucun soucis et avais accepté de jouer le jeu. Je n'avais cependant pas pu m'empêcher de leur faire remarquer que ce genre de stratégie témoignait d'un plus large problème auquel nous allions être nécessairement confrontés. Griffin était préfet et nous ne pouvions pas continuellement user de tactiques parce que nous avions peur qu'il s'oppose bêtement à une idée pour la simple raison qu'il n'aimait pas la personne qui l'avait produite. Il nous faudrait nécessairement discuter de tout cela avec lui un jour.


Et voici pour le chapitre 12 :)