Bonjour, merci d'avoir pris le temps de lire et commenter le chapitre précédent ! J'adore vos théories !


Chapitre 35

Yahiko ne s'était jamais considéré comme particulièrement superstitieux. Il savait qu'il y avait des jours avec, des jours sans et des jours entre les deux. Il connaissait très bien les mécanismes faisant qu'un mauvais début de journée incitait à se concentrer sur tout le négatif, à l'amplifier, et à ne rien voir de positif. En temps normal, il avait plutôt tendance à se forcer à souligner les bons moments, pour contrecarrer la dynamique de frustration d'un jour où tout allait inexplicablement de travers.

Pourtant, ce jour-là, quand il arriva à l'arrêt de bus, essoufflé, ses cheveux dressés par les bourrasques régulières et glacées, quand son regard croisa celui, jaune et fendu, d'un chat noir installé sur le banc, il ne put s'empêcher de laisser un grognement jaillir du fond de sa gorge, essayant de chasser l'animal qui lui retourna une œillade blasée, bâillant avec ennui.

Si l'humain devait récapituler le début de sa matinée, un seul qualificatif lui venait en tête : catastrophique.

D'abord, il s'était réveillé en retard parce que son téléphone s'était éteint faute de batterie et c'était son horloge de secours qui avait sonné dans le tiroir de sa table de chevet, sur laquelle il s'était explosé le majeur gauche, évaluant mal la distance de son membre engourdi par la fatigue.

Ensuite, il avait dû prendre une douche froide, son chauffe-eau ayant décidé de se mettre en sécurité – sans doute après une microcoupure d'électricité, ce qui expliquait très certainement pourquoi son portable avait refusé de charger – et les douches froides, en hiver, il n'en raffolait pas vraiment.

C'était au moment de s'arracher à sa baignoire, concluant qu'il mangerait son petit-déjeuner en chemin ou directement au bureau, que la tringle qui soutenait son rideau de douche avait choisi d'étrangement se rétracter, faisant tomber le tissu étanche et son support pile sur son crâne, manquant de le faire chuter rudement.

Pestant contre le karma, il avait tout remis en place, se débattant avec le rideau qui adhérait à la faïence de la baignoire, les deux étant humides et collés l'un à l'autre, la tringle trop longue pour qu'il pût la tenir d'un bout à l'autre, le tissu alourdi par l'eau qui en ruisselait toujours. Il avait finalement réussi et avait séché son corps, enfilant ses vêtements d'un air satisfait. Sautillant sur place en tenant la ceinture de son pantalon pour mieux rentrer dedans, il avait senti un des passants craquer. S'étant immobilisé immédiatement, il avait tourné ses yeux bleus et déjà fatigués vers son reflet, se demandant une seconde s'il ne pouvait pas simplement aller se recoucher.

Il avait été tenté, vraiment, puis il avait vu l'heure et s'était pressé, essayant de se convaincre que sa chemise couvrait la déchirure de son pantalon. Il avait enfilé en toute hâte son manteau, et empoigné son déjeuner, puis son téléphone et avait claqué la porte. Et réalisé une fois enfermé dehors qu'il avait laissé ses clés à l'intérieur.

Après avoir donné un coup de front à la porte pour maudire sa stupidité, il avait tâté ses poches pour vérifier qu'il avait bel et bien embarqué son mobile et il avait fini par détourner les talons, dévalant les marches en notant l'heure.

Arrivé au bout de la rue, il avait remarqué le bus qui démarrait et, hâtant l'allure, il avait essayé d'attirer l'attention sur lui pour que le chauffeur s'arrêtât, sans succès.

Il s'était donc retrouvé face à ce chat noir qui le narguait de son regard hautain, refusant de le fuir pour lui donner la place de s'installer sur le banc.

— Je ne te laisserai pas gâcher ma journée, grommela-t-il en direction de l'animal avant de sortir son téléphone de sa poche.

Quelque chose coinça, ses doigts ripèrent, son portable s'écrasa sur le sol, écran dans une flaque. Une moue fatiguée et dégoûtée passa sur son visage alors qu'il se penchait pour récupérer l'objet et le laisser goûter, tentant comme il le pouvait de le sécher, le voyant clignoter erratiquement puis finir par s'éteindre sans espoir de se rallumer.

— Eh merde, jura-t-il en foudroyant le chat du regard. C'est ta faute, avoue.

Il souffla, rempochant son téléphone décédé, puis se décala, vérifiant avec attention s'il n'y avait pas quelque chose qui pourrait mal se dérouler, reculant jusqu'au bord du trottoir pour pouvoir consulter le tableau électronique signalant les prochains passages.

Une voiture fila à toute allure, roula dans une flaque, l'éclaboussant de la tête aux pieds. Sur le banc, le chat s'étira, avant de s'installer en boule.

— Ce sera donc ce genre de journée, se lamenta Yahiko. Putain de karma.


Le rythme entraînant de la musique qu'il écoutait le conduisait à accélérer celui de ses pas sans même qu'il n'y prît garde. Ce n'était pas un rituel, pour lui, de glisser ses écouteurs dans ses oreilles sur le chemin d'Akatsuki Productions, mais ce matin-là, après que sa route eut divergé de celle de son colocataire, il avait eu envie, pour une fois. Après s'être débattu avec les fils entortillés n'importe comment, il avait donc repris sa marche en papillonnant, les yeux vers les bâtiments et la ville qui s'éveillait à peine, l'odeur du froid piquant son nez.

Sur le chemin qui conduisait aux studios, beaucoup de boutiques attiraient son attention, le faisant s'arrêter, rêveur, devant les vitrines. Fronçant les sourcils, il se demanda rapidement quand était l'anniversaire de Nagato. Il nota mentalement qu'il fallait qu'il lui posât la question et contempla son reflet un instant, souriant au prêtre de l'église qui arrivait en sens contraire, en retirant ses écouteurs.

— Bonjour, Père Danzô, comment allez-vous ? Il est encore tôt, que faites-vous dehors ? À votre âge, vous allez prendre froid et ça peut être grave.

L'homme s'approcha un peu plus près, un immense sourire sur les lèvres.

— Je vous remercie de vous inquiéter pour moi, rétorqua Danzô, je vais faire le marché, expliqua-t-il en tendant son panier.

— Pour vos soupes populaires ? Avec ce froid ?

— C'est justement parce qu'il fait froid que je me dois d'être dehors avec mes soupes chaudes pour les plus démunis.

Itachi lui accorda ce fait en hochant la tête, un air admiratif sur le visage. Pour le jeune acteur, il fallait beaucoup de courage pour oser porter ainsi sa religion aux yeux de tous et pour continuer à répandre le bien comme il le faisait chaque jour. Si lui-même ne croyait pas en l'existence d'une quelconque déité, il trouvait cela remarquable d'avoir le cran d'assumer sa foi.

— Je ne vous ai pas vu à l'église, réprimanda le père Danzô. Vous ne venez jamais à confesse, cela vous causera du tort, vous savez. Passez me rendre visite, jeune homme.

— Je vous le promets, Père Danzô, je vous rendrai visite un jour.

Ils se saluèrent et finalement, Itachi reprit sa marche en direction du studio, son esprit s'égarant de nouveau du côté de son colocataire. Il n'eut pourtant pas réellement le temps de s'appesantir sur les raisons qui avaient poussé Nagato à se comporter de si protectrice façon, ces derniers jours – comme s'il envisageait de s'en plaindre… Il aimait bien trop ça et il espérait que ça allait durer encore un long moment.

À sa droite, au fond d'une ruelle, un mouvement attira son attention et il s'arrêta net, se figea, tous les sens en alerte, avant de s'engager à pas lents dans l'impasse. Un bruit résonna de nouveau, métallique, se mêlant à un feulement de douleur et il n'hésita plus, s'avançant franchement dans l'endroit sombre pour s'approcher des poubelles et y découvrir un chaton tout noir, famélique. S'accroupissant près de l'animal, il lui tendit une main qui se voulait rassurante, un petit sourire sur les lèvres.

— Bonjour, toi. T'as pas l'air en forme…

Le miaulement silencieux que fit le chaton le poussa à approcher un peu plus pour le saisir. La bestiole tenait dans sa main et il le porta à ses yeux, louchant légèrement, regardant l'animal mort de peur.

— Je ne peux pas te garder, je suis allergique, maugréa-t-il d'un air déçu. C'est dommage, je suis sûr que Mikan aurait adoré avoir un petit cha– atchoum !

Effrayé par le son de l'éternuement, le chat planta ses griffes dans sa paume et il grimaça de douleur.

— Aïe, doucement, t'inquiète pas, je ne vais pas te laisser là. Je vais t'amener avec moi, on n'est pas loin du travail. D'accord ?

Il cala le chat dans le creux de son bras, déploya son parapluie quand une nouvelle averse commença et reprit sa marche ponctuée d'éternuements, serrant contre lui le petit animal tremblant et il entra précipitamment dans les locaux d'Akatsuki Productions, les yeux pleins de larmes, le nez rouge et la respiration un peu sifflante, alertant immédiatement Sakura qui passait par là.

Elle se jeta presque sur lui pour le débarrasser du félin, lui offrant un regard à la fois attendri et sévère, pendant qu'il s'étouffait dans son asthme allergique le temps de rejoindre la salle de pause où se trouvaient la pharmacie et son traitement. Il farfouilla dans l'armoire et s'administra son médicament avec soulagement, alors que Sakura ouvrait le frigo à la recherche d'un peu de lait à donner à la petite bête.

— Il faut que tu arrêtes de recueillir tous les chatons abandonnés qui passent, gronda Sakura quand il retrouva une respiration normale. Regarde dans quel état tu es.

Il lui jeta une œillade entendue, elle leva les yeux au ciel.

— Ne compte pas sur moi, je me suis fait avoir une fois, je n'ai pas la place pour un second chat. Katsuyu prend déjà toute la place dans le lit. Kisame ne survivrait pas à une autre bestiole poilue qui le pousserait hors du lit.

— Je vais le garder, lança-t-il. J'ai bien réfléchi sur le trajet et je suis sûr que Mikan et Nagato adoreraient avoir un chat.

— Hmhm…

Sakura observa l'animal qui lapait avec délices le lait qu'elle lui avait servi. C'était assez courant qu'Itachi revînt à moitié suffocant, un chaton serré dans ses bras. À peu près tout le personnel d'Akatsuki Productions avait cédé à son air autoritaire quand il plaçait le chaton sous la protection de quelqu'un.

— Et tu lui as dit, à Nagato, que tu étais terriblement allergique aux chats ?

— Non.

Il s'approcha de l'évier dans l'objectif de se laver les mains, résistant à l'envie de caresser l'animal.

— Mais est-il obligé de le savoir ?

— Il est vrai que la dernière fois que tu lui as caché quelque chose, ça s'est super bien passé, ironisa Sakura et Itachi lui accorda ce point. En plus, quand tu te seras étouffé à moitié dans ton asthme plusieurs fois, je pense qu'il saura faire le lien.

— Tu as raison… Mais je ne pouvais pas le laisser mourir… J'ai noté que tu m'avais subtilement dit que Kisame et toi étiez enfin ensemble, précisa-t-il, mais je ne relève pas parce que c'était une évidence.

Il sortit son téléphone de sa poche, accédant au menu des messages pour envoyer à Nagato : « J'ai recueilli un chaton. On peut le garder ? Par souci d'honnêteté, Sakura me dit de préciser que je suis gravement allergique. »

Il reposa son téléphone en levant les yeux vers Sakura qui lui souriait d'un air heureux.


Discrètement, Nagato arracha son téléphone de sa poche, veillant bien que le commissaire ne le vît pas faire, s'attirant un regard horrifié de la part de Neji qui s'était installé près de lui pour la réunion des gradés.

La convention voulait que les différentes unités se placent côte à côte, mais ni Nagato – isolé du reste de son service – ni Neji – dernier arrivé et encore mal intégré parmi ses confrères – ne se sentait légitime à prendre place au milieu de sa brigade. Ils avaient donc choisi des sièges dans le fond, pendant que le plus vieux des deux inspecteurs contemplait son ancienne équipe s'installer tout devant, bien en vue du commissaire.

Ce dernier était tendu depuis le début de la réunion. Il vociférait beaucoup, chaque personne qui osait attirer un peu trop l'attention – en respirant, par exemple – était susceptible d'en prendre pour son grade.

C'était donc une opération à haut risque de saisir son téléphone pour consulter un SMS, mais c'était la cinquième fois depuis le début de la réunion qu'il vibrait et Nagato craignait que ce fût quelque chose d'important. Il se retint de rouler des yeux en lisant la demande de son colocataire, suivi de quatre photos du chat en question, certes très mignon, mais potentiellement mortel pour Itachi.

Il tapa un rapide « NON. » parce qu'il oublia de retirer le verrouillage de la majuscule, grogna sourdement quand Itachi répondit « Je ne vais tout de même pas l'abandonner… Je l'ai trouvé dans une ruelle humide, froide et mal famée ».

Nagato le savait pertinemment, ça, il était derrière. Il avait collé au train de son colocataire tout le trajet, des sueurs froides glissant contre sa colonne vertébrale quand il avait vu le vieux prêtre l'approcher.

Son niveau de stress avait monté davantage encore quand il avait disparu dans une ruelle où il ne pouvait pas suivre sans prendre le risque d'être repéré et il avait été très difficile pour lui de regarder ce que fabriquait Itachi dans cette fichue impasse de façon discrète.

La porte de la salle de réunion s'ouvrit sur Yahiko, trempé, l'air désespéré et lessivé, couvert de traces de boue et le commissaire tonna :

— Ah, Nakamura, c'est gentil d'avoir pu vous libérer pour passer nous voir.

Se tassant pour rejoindre la chaise libre tout devant, Yahiko esquiva le regard du commissaire, balayant rapidement la salle pour repérer Nagato tout au fond, avec le nouveau de la Crim'. Il se glissa sur son siège en marmonnant :

— Pardon, chef, j'étais coincé à cause d'un accident et–

— Gardez vos excuses, j'ai bien assez avec les prétextes vaseux d'Hatake, on ne va pas rajouter les vôtres.

Kakashi, à côté de Yahiko, grimaça sous le masque qu'il portait en permanence ou presque et le commissaire changea de cible en entendant un murmure provenir du fond de la salle. Neji s'était penché vers Nagato, lui demandant ce qu'il se passait et ce dernier pestait dans sa barbe après la requête d'Itachi. Il raconta rapidement à l'inspecteur de la Crim' le temps qu'il avait perdu dans sa filature, à poireauter au bord de la ruelle pendant que son colocataire volait au secours de cette minuscule créature. Le marmonnement fit sourire Neji qui murmura :

— Je suis sûr que, malgré tes râles agacés, tu as trouvé ça adorable.

Papillonnant des cils et tortillant de malaise sur sa chaise, Nagato finit par donner raison à Neji d'un hochement de tête hésitant.

— Oui… Quand on le voit, il paraît sévère, hautain et presque inhumain, mais… Le voir si doux avec cet animal, j'ai trouvé ça… Attendrissant ? proposa-t-il en se sentant un peu cruche.

Yahiko sursauta sous le cri.

— UZUMAKI, HYUUGA ! Je vous dérange pas trop, ça va ? Vous voulez que je vous fasse apporter des petits gâteaux ?

Les deux inspecteurs se tassèrent sur leurs chaises, déglutissant et Hanzô finit par soupirer en secouant la tête.

— Vous avez de la chance d'être parmi mes meilleurs éléments, vous deux. Bon, Hyuuga, on commence par vous. L'affaire Terumi, elle en est où ?

Neji se leva promptement, énonçant d'une voix forte qu'il attendait prochainement un témoignage décisif pour une autre piste qu'il fallait explorer, affirmant ne pas être satisfait de l'hypothèse de la femme qui tue son mari. Au fil de l'enquête, il avait découvert que Mei Terumi n'était pas du genre jaloux – bien au contraire, elle et son mari, Ao, vivaient dans une union libre où ils papillonnaient allègrement, que ce fût pour des tournages ou de simples amants.

— Seulement une piste que j'aimerais vérifier, précisa-t-il avant de sourire.

Le commissaire hocha la tête.

— N'hésitez pas à vous entourer, félicita-t-il à demi-mot, continuez comme ça. Uzumaki, à votre tour.

Yahiko, au premier rang, grimaça. L'air du commissaire vu de près ne laissait présager rien de bon. Derrière, la chaise de Nagato racla le sol alors qu'il l'écartait pour se lever. Hanzô soupira, offrant à son inspecteur dissipé une bonne dose de compliments et de félicitations, l'enjoignant à ne pas se relâcher, puis il passa à l'élément suivant. Yahiko savait que ça allait tomber sur lui. Ça faisait vingt ans que son nom était toujours accolé à celui de Nagato, le commissaire n'était plus capable de dire « Uzumaki » sans préciser « et Nakamura ».

— On en vient donc au deuxième larron, soupira Hanzô en portant son regard dur et froid sur le lieutenant des forces spéciales. Yahiko… À sa façon, votre unité brille également.

Cependant, Yahiko ne se laissa pas prendre au jeu. Il connaissait les intonations de son supérieur, ce n'était probablement pas un compliment qui allait suivre.

— Par son absence de résultats, compléta Hanzô. Explications. Maintenant.

Il pataugea, s'emmêla dans ses explications, rougissant sous l'œil sceptique du chef qui examinait sa tenue avec surprise et quand il se rassit, ce fut pour espérer que le sol allait s'ouvrir pour l'avaler tout cru.

Cette journée ne pouvait définitivement pas être pire qu'elle ne l'était déjà.


Quand, en fin de journée, il posa ses yeux sur une caisse de transport pour chats, il eut envie de pleurer. Ça pouvait définitivement être pire. Un courrier était posé dessus, adressé à Konan, et disait :

« Comme convenu, je te confie Susanô, pour Mikan. J'aurais adoré le garder, mais Itachi étant allergique, ça ne sera pas possible et tu sais combien notre fille voulait avoir un petit chat. En échange, comme convenu, j'accepte de prendre à ma charge les honoraires de Kagemane Immobilier. Je te remercie.

Embrasse notre fille pour moi.

Nagato. »

Le fou rire qui provenait du bureau de Kakashi lui donna envie de pleurer. Ce n'était qu'une déconvenue de plus dans une longue suite de catastrophes survenues tout au long de la journée.

— Ce n'est vraiment pas ma journée, dit-il les larmes aux yeux, en regardant de l'urine glisser par la fente de la caisse sur sa paperasse, son bureau et tomber sur le sol. Putain de karma.

Entreprenant de tout nettoyer avant d'embarquer l'animal chez Konan – où il devait de toute façon se rendre puisqu'elle possédait le double des clés de chez lui –, il laissa son coéquipier lui raconter l'histoire de cet animal.

Apparemment, Nagato et l'inspecteur Hyuuga étaient partis ensemble en début d'après-midi pour que Nagato pût présenter le témoin dont parlait Hyuuga à la réunion du matin. Quand son ancien meilleur ami était revenu, il était armé de cette stupide boîte contenant un stupide chat noir.

Il avait alors raconté que son colocataire l'avait recueilli, mais que tous ses collègues avaient déjà récupéré un chaton sauvé par Itachi et que pour éviter d'envoyer l'animal à la fourrière où il serait probablement euthanasié, Nagato avait négocié avec son ex-femme, pour ne pas rendre triste l'homme avec lequel il vivait.

Konan avait cédé, elle aussi incapable d'imaginer le pauvre petit chat mis à mort parce qu'il ne trouvait pas de maison. Et c'était lui, Yahiko, qui était chargé de faire l'intermédiaire entre les deux. Et de nettoyer les besoins du petit chat.

Pour la forme, il protesta que son bureau allait puer la pisse, puis il embarqua la bête, lui jetant un regard noir et colérique.

Quand il arriva à la maison, Mikan ne prit même pas la peine de le saluer, se précipitant immédiatement sur la caisse qui contenait le petit chat et il dut batailler pour qu'elle se calmât avant d'envisager de le libérer.

Elle accepta finalement de s'éloigner quand sa mère menaça de rendre le chaton et elle partit bouder dans sa chambre, lançant un regard colérique à Yahiko, comme si c'était lui qui venait de prendre la décision : au moins, lui, contrairement à Konan et Nagato, n'avait pas oublié que l'enfant était censée être punie pour avoir ligoté Konohamaru et recouvert de peinture le sol d'un appartement si cher que même une latte du plancher valait six fois son salaire.

Bougonnant, il alla s'installer sur le canapé du salon, rapidement rejoint par Konan qui se pelotonna contre lui, déposant un baiser sur sa joue.

— Eh bien, mon amour, demanda-t-elle doucement, ça ne va pas ?

— Non, grogna-t-il. Cette journée était naze.

Sous l'impulsion du regard interrogateur, il lâcha tout, absolument tout, s'attardant longuement sur son repas oublié dans le bus dans la précipitation, son subordonné qui avait envisagé haut et fort de se faire muter à la brigade financière parce que la rumeur courait que Nagato allait monter en grade et qu'il voulait retourner sous ses ordres, les cookies au chocolat qui étaient en fait des cookies aux raisins secs et il termina dans un soupir déchirant.

— Et pour finir, cette lettre avec le chat. À vrai dire, je m'en fiche du chat, c'est seulement que si Nagato accepte de payer tout seul les frais, ça… Je voulais… Je voulais te demander de venir vivre avec moi, avoua-t-il enfin, mais maintenant t'as plus aucune raison de dire oui, si tu peux prendre ton appartement toute seule.

Konan lui porta un regard amoureux, l'enlaçant encore plus fort, mordillant son cou avec tendresse.

— Aucune raison ? répéta-t-elle doucement. Vraiment ?

Il lui retourna une œillade, se détendant quand il perçut tout l'amour qu'elle lui destinait et il accepta enfin de lui rendre ses caresses, bien qu'il fût réticent à être si visiblement amoureux lorsque Mikan n'était pas loin.

La petite finit par sortir de la chambre, plus calme, et s'approcha de lui pour lui faire un câlin, avant de redescendre pour ouvrir la cage du chaton et revenir près du couple enlacé.

— Dis, Parrain… Maman elle a dit que t'allais venir vivre avec nous, c'est vrai ?

Il papillonna des cils, incroyablement ému, puis il déglutit en hochant la tête, embrassant tour à tour l'une et l'autre. La petite fille se colla encore plus contre son parrain en disant :

— C'est trop cool ! Kyoshiro il dit que tu vas être mon nouveau papa, mais t'es pas Papa, t'es Parrain, parce que Papa c'est Papa, il me gronde quand je mange pas tous mes petits pois, mais pas toi. Puis Kyoshiro il dit que c'est bizarre parce que j'ai trois papas et une maman, mais Itachi, c'est pas mon papa. Itachi, il voudrait bien être l'amoureux de Papa, je suis sûre, mais Papa il veut pas, alors Itachi c'est mon grand frère. Mais toi, Parrain, tu restes Parrain ? Je veux pas que tu me grondes parce que je mange pas mes petits pois.

— Bien sûr que non, je serai pas Papa. Je reste Parrain.

Il baissa la voix pour chuchoter avec une moue complice :

— Moi non plus, j'aime pas les petits pois, c'est pas bon.

Et le rire de l'enfant apaisa son cœur comme il ne l'avait encore jamais fait.

Alors non, il ne serait jamais le père de Mikan. Il ne serait pas non plus son beau-père. Il était son parrain, et c'était probablement la plus belle des places, la plus importante des missions que lui avait confiées son meilleur ami. Et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'accomplir jusqu'à la fin.

Il échangea un regard avec le chaton qui se figea en se sentant observé, lui tendant un « miaou ? » interrogatif.

— Oui, c'est ça, commenta-t-il d'un air fatigué. Miaou toi-même.


À bientôt !