Le jour où on a chié dans le salon :

Chapitre 35 : Mots :

Depuis quelques jours, le blanc était morose. Il fixait sans réel but le soleil qui filtrait au travers de la vitre de la chambre qu'il partageait avec Shigaraki et reniflait parfois lorsqu'un rayon se réverbérait dans le carreau, donnant une couleur bleutée à la pièce. Il semblait toujours dans ses songes, les yeux cernés, il ne dormait plus et les lèvres pincées, il ne laissait plus filtrer aucun sourire. Et si ce fait semblait plaire à la plupart des gens présents qui ne se sentaient bien que lorsque la dépression était marquée sur les visages, ce n'était pas le cas de Shigaraki qui voulait retrouver le Natsuo d'antan, celui qui lui avait plut pour son sourire ravageur et son côté tête en l'air et beaucoup trop enjoué.

D'un pas lent, il entra dans la pièce, comme s'il demandait l'autorisation pour entrer dans sa propre chambre. Natsuo était colérique. D'après lui et ses sarcasmes dont le bleu délavé se serait bien passé, il ne s'occupait pas assez de lui, passait trop de temps à blablater dans son grand bureau et ne lui montrait pas assez qu'il l'appréciait. Tant de reproches qui blasaient Shigaraki au quotidien au point qu'il venait d'atteindre un point de non retour. Agacé, il lui avait dit de but en blanc qu'il le préférait quand il était loin de lui et qu'il ne le collait pas autant. Lorsqu'il avait vu l'air dévasté dans le regard du blanc, Shigaraki était partit pour ne revenir que dans cet instant. Semblant calme à l'extérieur mais peu assuré à l'intérieur, Tomura s'avança avec la ferme intention de s'expliquer. Il s'était mal fait comprendre et sentait qu'il serait le moment de mettre en avant une discussion qu'ils avaient trop longtemps voulu éviter.

Natsuo lui jeta un regard noir et se leva lorsque Shigaraki s'assit. Le bleu soupira et se frotta le visage comme pour se concentrer ainsi que se calmer, déjà épuisé par l'attitude du blanc. Ce n'était pas le Natsuo qu'il avait connu et ça le perturbait beaucoup trop. Comme s'il semblait avoir lu dans ses pensées, le blanc démarra la discussion avec un ton acerbe qu'il avait surement emprunté à Dabi.

« Tu ne m'aimes pas comme je suis maintenant ? Mais dis-moi… Tu aimes quoi chez moi du coup ? Tu aimes quelque chose déjà ? Tu apprécies mon sourire je crois. Mais quand je me sens mal et ne l'ai plus alors je ne t'intéresse plus, tu me veux éloigné de toi ? Tu aimes ma joie de vivre mais eh ! J'ai des bas, comme tout le monde et tu dois m'accepter avec ça ! Je suis Natsuo Todoroki bordel ! Pas une image de l'idée que tu te fais de Natsuo Todoroki ! Et sur ces mots, il voulu partir, mais la voix de son compagnon s'éleva bien avant qu'il ne puisse.

-Reste.

-Parle moi autrement déjà ! Hurla le blanc en se tournant vers lui tout en s'approchant à grands pas. Je ne suis pas un de tes hommes de mains ! Tu ne peux pas me contrôler à ta guise et encore moins me donner d'ordre. Je ne suis pas à toi et lorsque je le veux, je peux mettre fin à tout ça ! Haleta le blanc alors que Shigaraki haussait un sourcil.

-Et pour aller où ? Natsuo ? Tu ne peux pas partir. Et il est bien là le problème. Soupira le bleu de façon ennuyée.

-À quel point veux-tu me voir loin de toi ? Couina l'autre avec tristesse.

-Ce n'est pas le problème Natsuo ! S'impatienta Shigaraki en se levant d'un bond pour se planter juste devant l'autre afin de caller sa main contre sa joue et sa nuque. Le problème Natsuo, c'est que tu ne te sens pas bien ici. Je pourrais te dire à quel point je te veux près de moi que ça ne changerai rien. Je suis content de te voir tous les jours, ne me fait pas dire le contraire. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas accepter de te voir comme un oiseau blessé qui n'attends que l'ouverture de sa grille pour se rétablir. Tu n'as pas ta place ici, pas auprès de moi en tout cas et ne l'a jamais eu. Je sais que ce que je te dis ne te plait pas. Mais si j'insiste tant sur ton sourire et ton attitude c'est pour enfin te faire comprendre que tu ne vas pas bien, que tu n'es pas toi-même. Alors ouais, ça me les brise sévère de te voir faire la gueule et ouais je préfère quand tu souris. Parce que j'ai pas choisit Dabi mais Natsuo Todoroki. Alors ouais, j'ai autre chose à faire que de te rassurer tous les soirs…

-Tu le fais pas. Souffla Natsuo.

-Parce que je sais pas faire idiot ! Je suis vilain, pas psy ! Maintenant, je veux juste te faire comprendre que la dernière personne avec qui je veux passer pour un bourreau c'est bien toi. Et j'en ai vraiment marre d'avoir cette impression tous les jours et tous les soirs en venant dans le lit ! »

Le blanc se tut et ancra ses perles grises dans les rubis de l'autre. Doucement, il se sentit grimacer et des larmes perlèrent au coin de ses yeux alors que Shigaraki remarquait qu'au moins, sa sensibilité restait la même. Natsuo eut alors un rire pathétique et se mit à pleurer dans les bras de son vilain qui ne sut que trop faire mis à part le garder un temps contre lui. Il sentit au bout d'un moment du mouvement entre ses bras et en baissant le regard, il croisa le sourire à demi assuré de Natsuo alors que son regard baignait de larmes. C'était déjà ça. Sans plus de commentaire, Shigaraki le souleva et partit le coucher. Même en plein après-midi, il était toujours temps pour le jeune homme de se reposer un peu. Doucement, Shigaraki lança un regard concerné sur le blanc, déjà partit dans les limbes du sommeil. Il observa la chevelure neige, y passa quelques doigts et observa par la fenêtre, imitant le quotidien de Natsuo.

Les oiseaux commençaient à faire leur nid, échangeant brindilles et petits morceaux de paille traînant par-ci, par là. Doucement, il inclina la tête sur le côté et songea à Natsuo. Il lança un regard curieux à celui-ci et pensa à cet appartement proposé par Re-Destro qu'il n'était jamais allé voir de peur d'y être définitivement seul. Bien que casanier, il haïssait la solitude au plus profond de son être et ne voulait certainement pas habiter seul tout en voulant garder son espace personnel. Pas le plus stable et agréable des enfants, mais même en plein paradoxe, il savait ce qu'il voulait. Inclinant la tête sur le côté, il se dit qu'il pourrait bien proposer cela à Natsuo. Peut-être que ça le rendrait moins tendu d'avoir son espace personnel, loin des vilains et de l'Alliance. C'était en effet une idée qui lui convenait dans tous les cas et ça leur éviterait de toujours se marcher sur les pieds comme c'était le cas depuis de trop nombreux jours à son gout.

L'après-midi avançait et le soleil déclinait. Après un bâillement, Tenko se sépara du visage de Shigaraki comme bien trop souvent avec le blanc, et s'allongea à ses côtés pour dormir à son tour, profitant d'une sieste bien méritée.

Un soir où la nuit était sa seule amie, Shigaraki avait décidé de l'accompagner dans un bar, seul, avec sa capuche sur la tête à une table où personne ne pourrait l'approcher. Parfois, il regrettait leur ancien bar et la simplicité des quelques jours où ils n'étaient que peu et que les seuls problèmes se résumaient à qui avait encore bouché les chiottes et qui allait arranger le coup. Il secoua légèrement la tête, songeant que l'Alliance allait au moins lui permettre d'atteindre ses objectifs, puis son esprit s'égara sur une faille présente sur la table laquée. Il y ancra son regard puis un bruit le fit sortir de sa torpeur. Un groupe de jeunes gens de son âge venaient d'entrer dans le bar et semblaient se chamailler, l'ignorant totalement. En son centre, un jeune garçon à la chevelure neige et à l'allure sportive. Il riait, les mains dans les poches et semblait s'amuser d'un de ses amis qui le mettait au défi de ne pas rentrer seul dans la soirée.

Shigaraki roula des yeux. Il y en avait vraiment qui n'avait que ça à faire. Ces petites gens et leur bassesse d'esprit qui se contentaient de vivre sans se rendre compte de ce qu'il y avait autour d'eux l'agaçaient plus que tout autre chose. Nerveusement, il se mit à se gratter et obtint, sans le vouloir, le nom du jeune homme à la chevelure neige. Natsuo… Neigeait-il en été ? Il se dit que ses parents avaient un peu raté leur coup en l'appelant ainsi, puis qu'il avait vraiment beaucoup trop de temps libre pour se faire ce genre de réflexion. Tout à ses soupirs, il vira de bord et laissa ses yeux fixer de nouveau cette faille présente sur la table.

« Allez Nat's !

-Nan les gars, vraiment.

-Mais c'est pour te remonter le moral. Imagine, si ça marche.

-Je ne veux pas d'une nouvelle relation. Vraiment. Pour le moment, je veux juste m'amuser un peu entre ami.

-Allez ! Il y en a pas un qui te plait ?

-Un ?

-Natsuo. T'es bi, on le sait tous et t'es le seul à ne pas être au courant visiblement. Rit une blondinette, suivit par ses autres amis qui approuvaient d'un hochement de tête commun.

-Ça se voit tant que ça ? S'inquiéta le blanc alors que tout le monde riait de plus belle.

-Allez mon beau, il y en a bien un qui te plait, non ? »

Natsuo roula des yeux, tout de même amusé, alors que son meilleur ami le prenait par l'épaule. Il dévia tout de même le regard sur l'assemblée, curieux, et se fixa sur un homme à capuche qui semblait bien intéressé par sa table. Surement y avait-il une faille. Il observa autour de celui-ci et vit qu'il était seul à sa table, sans personne pouvant lui tenir compagnie. Avec une grimace et une âme de Saint Bernard prêt à aider n'importe qui, il prit son verre et s'y dirigea sans même savoir réellement pourquoi il se rendait là.

Avec un sourire, il demanda si la place était libre et un sourcil relevé et deux orbes rubis lui répondirent. Il eut un léger mouvement de crainte d'être rejeté et demanda une nouvelle fois si la place était libre. Le gars en capuche hocha la tête et Natsuo s'assit avec un grand sourire. Sans même laisser à l'encapuchonné le temps de lui demander ce qu'il faisait ici, le blanc démarra la discussion tout en demandant son nom, donnant son prénom en échange. Intrigué, le bleu délavé jeta un regard vers les amis du neige qui semblaient avoir oubliés sa présence, et se redirigea ensuite vers le fameux Natsuo pour lui apprendre qu'il s'appelait Tenko Shimura. Le blanc ne donna pas son nom de famille, mais le fit bien oublier par un grand sourire joyeux et rayonnant.

La discussion eut bien du mal à démarrer, se résumant en premier lieu par un Natsuo gêné qui sentait qu'il était de trop alors que l'autre répondait brièvement tout en buvant sa bière, un sourcil inquisiteur presque constamment relevé. Mais après une bonne heure et deux bières dans le nez, le neige et le bleu délavé, se mirent à réellement parler. Natsuo sourit, rassuré et rit à quelques remarques caustiques de Tenko, ce qui semblait l'étonner. Il apprit que le blanc possédait un frère à l'humour similaire du nom de Touya et bien évidemment, ça ne dit rien à Tenko qui hocha simplement la tête.

Les paroles et les verres s'enchaînèrent ainsi et alors que la relation entre les deux jeunes hommes semblait prendre un certain essor amical, quelques regards contradictoires se perdirent. Visiblement, Tenko semblait apprécier la compagnie du neige puisque celui-ci répondit à son sourire avec plus de discrétion. Natsuo en frémit et sourit encore plus grandement à Tenko pour au final lui faire un clin d'œil subjectif. Shigaraki ne savait trop pourquoi mais Natsuo semblait bien l'apprécier et bien sûr, autrement que comme un ami. Flatté, le bleu laissa le flirt s'installer et répondait de temps à autres aux caresses faussement volages de Natsuo par d'autres tout aussi délicates. C'était bien la première fois qu'il faisait cela. D'habitude, il allait droit au but et faisait son affaire rapidement, mais là, là il appréciait la compagnie. Natsuo était agréable, sa voix, bien que rendue rocailleuse par l'alcool, était presque chantante. Un peu plus et elle le bercerait. La personnalité rayonnante et enjoué du blanc lui fit un effet étrange et sans même savoir pourquoi, il voulu en connaître plus sur lui. Mais voyant les heures défiler, il se dit qu'au final, il ferait mieux de rentrer à l'Alliance. Aussi se leva t il finalement pour partir, non sans une certaine déception, du bar.

Dehors, il se prit la claque du froid de plein fouet et se réfugia encore plus sous sa capuche. L'hiver n'était jamais loin… Et la neige non plus d'ailleurs car Natsuo, les joues rosies, le rejoignit. Il détourna le regard, gêné, puis se mit au plus proche du bleu et lui chuchota à l'oreille qu'il lui plaisait. Et si Shigaraki fut surpris d'une telle franchise et audace, il n'en laissa rien paraître et posa simplement la question habituelle qui était de savoir où ils pourraient bien passer la nuit. Et Natsuo ne tarda pas à proposer de faire ça chez lui.

Arrivés dans le petit appartement étudiant, ils ne perdirent pas de temps en paroles inutiles et s'amusèrent à disséminer des vêtements un peu partout, s'arrêtant contre chaque meuble ou mur à porté de main. Sans vraiment demander l'avis à Natsuo, ce fut Shigaraki qui prit les rênes et pour le prouver, il se mit à le dominer en toute circonstance, à coup de morsures affamées et de griffures pressées. Ce fut lorsqu'ils finirent dans le lit que sa domination fut totale et que Natsuo s'abandonna totalement aux plaisirs de la chaire dans ses bras.

Le lendemain, le soleil s'étendait haut dans le ciel alors que le blanc ouvrait un œil paresseux. Il se redressa, s'étira longuement en poussant de légers couinements et fut surpris lorsque sa main rencontra la chevelure d'un inconnu. Il mit un peu de temps mais reconnu la couleur bleue délavée de la veille et eut un sourire alors que l'autre grognait dans son sommeil, faisant montre de son mauvais caractère qu'il avait déjà plus ou moins illustré la veille.

Encore un peu dans les vapes, le blanc prit son téléphone et se mit à lire les nouvelles. Un vol, des contrebandiers arrêtés par le numéro un… Rien de nouveau sous le soleil. Rien mis à part une description détaillée et un prochain portrait robot de Shigaraki Tomura. Il haussa un sourcil. Il avait déjà entendu ce nom de son père et ça ne lui disait rien de réellement bon. Il cliqua sur le lien et réapprit ce qu'il savait déjà, à savoir qu'il s'agissait du chef de l'Alliance. Tout en jouant avec les mèches de cheveux de Tenko, il se mit à découvrir le fameux visage de ce terroriste craint maintenant par le monde entier à seulement l'âge de vingt ans. Un peu jeune tout de même pour ce niveau. De longs cheveux bleus délavés, des yeux rubis, une taille moyenne, une carrure athlétique, des marques d'irritation autour des yeux, se balade souvent avec des converses rouges au pied ainsi qu'un sweat à capuche noir. Plusieurs cicatrices sur le visage, dont une au dessus de la lèvre. Natsuo se figea d'un coup alors que Tenko bougeait, se plaignant de la chaleur, tout en s'apaisant en le serrant dans ses bras.

Le blanc observa son amant de la veille. Cette cicatrice lui disait quelque chose car il l'avait embrassé! Livide, il se sentit trembler et fit tout pour ne pas contrarier le super vilain qui l'enlaçait pour profiter de la fraîcheur de son corps. Il observa, le cœur battant sous la panique, le visage de l'autre et se retint de pousser un long cri de dépit. Famille de merde ! Elle portait vraiment la poisse. Il fallait que ça lui arrive à lui.

Il venait de coucher avec le pire terroriste du japon.

Bon! Voici le nouveau chapitre très chers lecteurs! Qu'avez vous pensé de cette rencontre entre nos deux compères? Je sais, je sais, Natsuo est un peu con, mais il faut pas lui en vouloir! Il est innocent un peu. Enfin bon, j'espère que vous aurez apprécié ce chapitre un peu mélancolique et que le prochain vous plaira aussi! Gros bisous à tous!

Donnez vos avis en commentaire! À la semaine prochaine!

Sica