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Chapitre 36

L'interrupteur cliqueta quand Itachi y passa ses doigts, ouvrant la porte de l'autre main, et la pièce à vivre de l'appartement 1301 s'éclaira d'une lumière tamisée, laissant les deux colocataires s'engouffrer dedans dans un silence gêné. Aucun des deux n'osait affronter le regard de l'autre, le malaise palpable entre eux se propageant à travers tout l'espace.

En silence, ils ôtèrent leurs manteaux et leurs chaussures, Itachi retirant ses lunettes pour essuyer les gouttes de pluie qui avaient réussi à souiller les verres et il nota une fois de plus qu'il fallait absolument qu'il prît rendez-vous chez l'ophtalmo. Hésitant, il observa la démarche raide d'embarras de Nagato qui toussota en ne se risquant pas à prendre la parole.

Ils n'avaient pas parlé depuis le truc à Akatsuki Productions. Truc auquel le policier ne voulait pas repenser. Il tourna et vira un instant à la recherche de quelque chose à faire qui pourrait absorber cette sensation de malaise. Il trouva, choisissant de préparer le repas et, alors qu'il extirpait les ustensiles nécessaires des placards, Itachi prit la parole.

— Tu sais, commença-t-il d'une voix malhabile, pour Jiraiya, à peu près n'importe quelle position est propice à la fellation.

Le bruit de casseroles résonna dans toute la cuisine et, de là où il se trouvait, Itachi distingua nettement les oreilles de Nagato virer au rouge, comme le reste de son visage.

— Je suis mortifié, répondit le policier en s'adressant aux ustensiles. Faisons comme si personne n'avait jamais vécu cette scène, je te prie.

Sur le papier, c'était une super idée de jouer de la plaque de police à l'entrée d'Akatsuki Productions pour pénétrer dans les locaux, accompagné par Neji pour lui présenter Sakura. Ça possédait l'avantage non négligeable de lui donner une excuse pour ramener Itachi jusqu'à la maison et de lui assurer une sécurité pour cette journée. En plus, Neji pouvait être introduit auprès de Sakura avec sa caution, histoire que la jeune femme ne se braquât pas face à un officier de police autre que lui, vu qu'elle avait une certaine défiance à l'égard des forces de l'ordre.

Sur le papier, donc, il n'y avait que des avantages. Dans les faits, en revanche, c'était une tout autre histoire. Les deux officiers avaient débarqué sur le plateau et c'était en passant la porte que Nagato s'était rappelé que son colocataire était acteur, certes, mais pornographique et qu'il y avait, par conséquent, de fortes chances qu'il fût nu et en action au moment d'entrer, chose qu'il était certain de ne pas vouloir voir.

Dans la précipitation, au souvenir de la profession, il avait donc fermé les yeux en passant la porte et Neji lui avait demandé de les garder clos encore plus longtemps, sous peine d'éclater d'un rire qui risquait de perturber le tournage. Évidemment, une injonction de ce genre ne pouvait que susciter l'effet inverse. Il avait donc ouvert les paupières, pour se trouver face au spectacle navrant d'acteurs – dont Itachi – qui brandissaient des armes en plastique n'importe comment.

Itachi était le moins pire, dans le lot, ses heures de visionnage de thriller se ressentant dans sa gestuelle, mais ce n'était toujours pas ça. Il avait donc senti sa bouche bayer et avait sifflé un sonore « j'aurais préféré une scène de sexe, ils auraient été plus crédibles, je pense » qui avait fait pâlir Sakura – principalement parce que Jiraiya les avait entendus.

Interrompant le tournage d'un tonitruant « COUPEZ ! », le réalisateur s'était orienté vers lui pour le fusiller du regard, alors que les acteurs dans le décor se relâchaient.

— Encore vous ? avait rouspété Jiraiya. La première fois, vous venez casser un mur, la seconde fois, vous venez casser le moral de mes acteurs…

Il s'était levé avec un soupir et s'était approché, tonnant un dernier « Tsuki, tu restes en place, on reprend dans quelques minutes ! » quand Itachi avait voulu quitter le plateau pour s'enquérir des intentions de Nagato. Jiraiya avait serré les deux mains tendues :

— Inspecteur Neji Hyuuga, avait présenté Nagato, et inspecteur Nagato Uzumaki. Mon partenaire souhaite s'entretenir avec Sakura, dans le cadre de l'enquête Ao Terumi.

Jiraiya l'avait foudroyé du regard et les avait attirés dans un coin, baissant la voix.

— Je n'ai pas encore dit à mes gosses ce qui est arrivé à Ao, avait murmuré le réalisateur d'un air embêté. Je sais pas comment leur dire, surtout que l'enquête est en cours et ça me paraît fou que ce soit Mei qui ait fait le coup. C'était une furie, mais elle l'aimait, son Ao.

— Je suis l'inspecteur chargé de l'enquête, avait précisé Neji en échangeant un regard avec Nagato.

Ça avait été le moment pour lui de s'éloigner. Il n'était pas sur l'affaire et il aurait été vraiment bête de saccager le travail de son collègue pour un vice de procédure aisément évitable. Il s'était donc avancé vers Sakura, assise sur un siège, pour la saluer. Dans le décor, Itachi, visiblement mal à l'aise de le voir sur son lieu de travail, l'observait et il avait fini par s'approcher.

— Vu que tu n'as pas le droit de bouger, c'est moi qui viens à toi.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Itachi n'avait pas goûté à la plaisanterie et son stress avait monté d'un cran. Nagato s'était tourné, désignant Neji qui s'approchait de Sakura.

— J'accompagne l'inspecteur Hyuuga, il avait quelque chose à dire à Sakura. Détends-toi, elle n'est accusée d'aucun crime.

Un silence était passé, durant lequel Itachi avait hoché la tête, avant de pincer les lèvres.

— Tu penses que je ne suis pas un bon acteur ? avait-il chuchoté, embarrassé.

S'était ensuivie une longue conversation sur le rôle que tenait Itachi, celui d'un agent de terrain armé et Nagato avait incité Itachi à regarder Neji, ce que l'acteur avait fait avec attention avant de se tourner vers Nagato.

— Il porte son arme à la ceinture, avait-il remarqué. Où se trouve la tienne ?

Nagato avait alors désigné son veston, le plus discrètement qu'il avait pu, puis avait orienté la discussion sur les armes, signalant à Itachi que, dans sa façon de tenir la sienne, il était visible que c'était une réplique en plastique de mauvaise facture et que c'était le manque de leste de ce jouet qui rendait possibles les fantaisies qu'il se permettait. Itachi avait saisi son accessoire pour le brandir, sans comprendre.

Nagato avait alors entrepris de modifier sa position : il avait effleuré les épaules, vérifiant la tension, porté une main aux poignets pour affermir la prise et avait fini par descendre le long du buste de son colocataire, s'accroupissant à ses jambes, devant lui, pour l'inciter à écarter un peu plus les pieds, levant les rétines pour expliquer quelque chose à Itachi.

Sur le moment, il n'avait pas vraiment compris pourquoi son colocataire s'était mis à rosir légèrement, embarrassé, et sa voix s'était éteinte en saisissant l'œillade qu'Itachi lui jetait.

C'était à ce moment que Jiraiya s'était approché pour tourner autour d'eux, puis avait lancé un terriblement gênant « c'est comme ça que toute bonne pipe devrait commencer. » qui avait fait se redresser Nagato précipitamment, avant de quitter le plateau les joues rougies.

— J'aurais dû prendre l'arme en plastique, grommela Itachi en dressant la table pour deux.

— Pourquoi ? interrogea Nagato en oubliant la scène inconfortable qu'il avait vécue.

Itachi fit une pause dans ses gestes, tournant ses yeux vers son colocataire, de l'autre côté de la pièce à vivre.

— Pour m'entraîner, bien sûr. Ce serait dommage que tu aies consacré du temps à m'apprendre un placement correct si je l'oublie.

Nagato dodelina de la tête, puis rajouta des épices à sa préparation.

— En effet.

Il cligna des yeux et les ramena sur son colocataire.

— Est-ce que tu as déjà pratiqué un sport d'autodéfense ?

Idéalement, si ça pouvait être le cas, ça rassurerait grandement Nagato. Même sans avoir pratiqué à haut niveau, une petite connaissance de l'autodéfense lui permettrait au moins de ne pas paniquer en cas d'attaque. Parce que vu la vitesse à laquelle il progressait dans cette enquête, il aimerait mieux avoir cette possibilité.

— Non. Enfin, j'ai appris quelques techniques pour éviter les enlèvements, quand j'étais petit, mais c'est tout. Ça compte ?

— Pas vraiment, soupira Nagato. Tu n'es plus un enfant…

Itachi lui jeta un regard perplexe, il secoua la tête.

— Si tu avais eu une première expérience d'un sport de combat ou d'autodéfense, ça aurait été plus facile, prétexta-t-il en touillant le repas, replongeant dans ses pensées.

Ce n'était même plus qu'il piétinait, il avait franchi un cap en plus dans l'immobilisme. Dans toute autre affaire, il aurait simplement pris son mal en patience, en se disant qu'il avait fait ce qu'il avait pu. Mais c'était personnel, et c'était difficile de garder une distance par rapport à cette épée de Damoclès au-dessus d'Itachi.

L'odeur sur la dernière lettre avait fini par s'estomper, au point qu'il l'avait oubliée, incapable de la décrire. Les bandes de vidéo surveillance ne donnaient rien et la seule chose qu'il avait pu conclure des informations recoupées avec celles d'Asuma était que les menaces étaient déposées entre vingt-trois heures et six heures du matin.

Alors c'était maigre : un homme qui oscillait entre fascination et dégoût – tendant tout de même plus vers le dégoût, et ça allait en empirant – à l'encontre d'Itachi, qui était levé entre vingt-trois heures et six heures du matin.

Il lui porta un regard attentif, analysant le moindre début d'expression et, sous le regard, Itachi baissa les yeux vers la table.

— Ce n'était pas ce genre de hobbies que j'avais durant mon enfance et mon adolescence, soupira Itachi.

Mal à l'aise, il se rappela les mots que Jiraiya avait glissés à son oreille quand Nagato avait quitté le plateau : « Il y a tellement de tension sexuelle, entre vous… ». Il avait repoussé la phrase comme il avait pu, contemplant la silhouette de son colocataire avec envie, avant d'offrir un sourire à son père de substitution, pour nier une quelconque attirance réciproque. Si tension sexuelle il y avait, elle provenait de lui et uniquement de lui.

Le réalisateur avait ri, amusé, avant de constater qu'il était sérieux. « Tu dégages ça tout seul ? » s'était étonné Jiraiya, « je devrais le faire venir sur le plateau plus souvent ». Bien sûr, Itachi avait entendu la réplique dans un autre sens et il avait soupiré qu'il aimait mieux que personne ne fît venir Nagato, à part lui. L'étrange possessivité de la phrase les avait fait échanger un regard perplexe et Itachi avait mis le sentiment de côté.

— Que faisais-tu ?

Le problème de tant patauger, c'est que ça rendait Itachi vulnérable. Tout le monde était suspect, donc personne ne l'était plus qu'un autre et il était physiquement impossible de garder une attention rivée ainsi en permanence. Il n'allait pas avoir le choix. Et il se répugnait à faire ça, vraiment, s'il ne s'était agi que de lui, il aurait préféré crever comme un chien.

— De l'équitation. Du golf. Des voyages culturels et linguistiques à l'étranger.

— Fils à papa, va.

Itachi se renfrogna, touché malgré lui par l'insulte. C'était grotesque, bien entendu, Nagato ne pensait pas le blesser en disant une telle chose, totalement vraie en outre. La fatigue parut s'abattre sur lui d'un coup et il exhala, acceptant avec plaisir de s'installer à table pour dîner.

— Et toi ? Tu faisais quoi, quand tu étais jeune ?

— Sports de combat. Et du foot avec les copains. Et de l'e-sport, aussi, il y a vingt-cinq ans, environ. Des compétitions de jeu vidéo. J'ai arrêté à mon entrée à l'école de police, ce n'était plus compatible.

— J'oublie toujours que tu es vieux, commenta Itachi. Je suis sans cesse surpris quand tu évoques des dates il y a plus de vingt ans.

— Ah ben, je te remercie.

— J'ai jamais dit que c'était mal, nia Itachi. C'est très bien. Moi, j'aime bien les vieux.

Il eut envie de mourir sur l'instant. Nagato ne releva pas, toujours partiellement plongé dans ses pensées.


— Et là, raconta Itachi le visage caché dans ses mains, j'ai conclu en disant que les vieux c'était très bien, que j'aimais bien ça.

Madara n'en pouvait plus, mordant si fort dans sa main qu'il allait avoir la trace de ses dents imprimée. Des larmes de rire parlaient au bord de ses paupières et il les essuya en levant les yeux sur le plafond, reprenant une contenance le temps de prononcer :

— On sent en toi toute la maîtrise de la séduction des Uchiha.

L'homme d'affaires repartit à rire alors qu'Itachi écartait les doigts pour contempler son oncle.

— Riez donc, bouda-t-il. C'était très gênant. Heureusement qu'il a la tête ailleurs, c'était lamentable. Cette journée était étrange, de toute façon. Toute la semaine a été étrange.

Cela faisait sept jours qu'il était allé visiter la maison de Nagato et depuis, l'homme n'avait cessé de surprendre sur lui le regard scrutateur et pensif de son colocataire, sans qu'il pût déterminer quelle en était l'origine. Il avait fini par s'en accommoder – comme l'avait dit Kisame, si un seul regard le dérangeait, que faisait-il dans un métier comme le leur ? –, il n'en restait pas moins que les scènes étranges s'étaient multipliées.

— Ensuite, continua-t-il sans tenir compte de l'hilarité de son oncle qui perdurait, il m'a offert une arme. Un pistolet à billes, précisa-t-il en surprenant l'étincelle inquiète dans l'œil de Madara.

— Une réplique d'airsoft, apprécia Madara. Oui, c'est logique, pour te familiariser avec le poids réel d'une arme à feu, le mieux, c'est ce genre d'imitations. C'est plus lourd qu'on le pense.

Itachi fronça les sourcils.

— Avez-vous déjà porté une arme ? s'horrifia-t-il.

Madara haussa les épaules pendant que son neveu l'examinait avec appréhension.

— Je pensais que vous aviez, tout comme moi, la violence en horreur.

L'homme d'affaires confirma d'un hochement de tête déterminé.

— Bien sûr. Je n'en fais moi-même jamais usage. Cependant, je suis plus vieux que toi et j'ai connu le service militaire. C'est d'ailleurs ça qui a forgé ma répugnance pour les armes à feu.

Derrière lui, Izuna esquissa un sourire, approuvant les dires de son frère aîné.

— C'est un des collègues de Nagato qui lui a conseillé celle qu'il m'a achetée. Donc le soir, il s'amuse à vérifier mes postures, il m'apprend à désarmer efficacement quelqu'un, il dit que ça pourrait me servir pour mon rôle, il m'apprend quelques bases d'autodéfense…

— Ce ne sont pas les hobbies habituels pour un comptable.

— C'est vrai, approuva Itachi. Mais… Il n'est pas exactement comme les autres comptables que j'ai croisés. Celui d'Akatsuki Productions est austère.

Le souvenir de l'homme le fit lever les yeux au ciel et Madara sourit, moins fort qu'en temps normal. De ce que son neveu lui disait, il aurait presque pu croire que le colocataire le formait à parer à des menaces directes. Il échangea un regard avec son cadet qui était arrivé aux mêmes conclusions, puisqu'il s'était tendu subitement.

— Et malgré toute cette virile proximité, tu passes ta Saint-Valentin avec ton vieil oncle… Étonnant, vu les fracassantes démonstrations de tes talents pour la drague…

Embarrassé, Itachi rit un peu.

— J'ai déjà dit que je préfère les vieux et vous êtes plus vieux que lui. Normal que je vous choisisse. Il est à un double rencard, admit-il, avec son ami Zetsu. Apparemment sa petite-amie a une connaissance qui pourrait plaire à Nagato.

— Là, commenta Izuna, c'était clairement de la jalousie, au fond de ta voix.

— Non, se buta Itachi en fronçant les sourcils.

Il se détendit quand il croisa les regards sceptiques des deux frères.

— Peut-être… Oui. Mais c'est ridicule et ça me passera. Seulement, je ne pensais pas qu'il voudrait si vite être de nouveau à un rencard. J'imaginais qu'il voudrait prendre le temps de faire le deuil de son ex-femme avant de recommencer à chercher une compagne. Je pensais qu'il me laisserait le temps de cesser de considérer chaque femme dans sa vie comme une menace potentielle.

— N'est-ce pas incompatible avec ta vision de la relation de couple ?

— Si… C'est parfaitement stupide. En plus, ça lui ferait beaucoup de bien de s'envoyer en l'air, il est considérablement tendu, en ce moment…


Pourtant, les yeux perdus dans le vide, n'écoutant qu'à peine ce que racontait la femme face à lui, Nagato ne cessait de consulter son téléphone toutes les deux minutes, ses pensées inquiètes coulant vers Itachi à chaque instant. Même s'il savait que son oncle lui envoyait une voiture qui le ramenait devant la résidence, il ne pouvait s'empêcher de craindre le pire.

Après tout, il ne savait rien de la sécurité qui entourait le fameux oncle, il ne connaissait rien des mesures qui pourraient être prises en cas de problème et ça l'angoissait.

Il se força à sourire à la femme – environ trente-cinq ans, bossant dans un service clientèle, elle était la meilleure amie de Kaguya et était divorcée depuis peu, elle aussi – et il la trouva trop blonde à son goût.

Le restaurant choisi par Zetsu aurait sûrement plu à Itachi : c'était un établissement suffisamment chic pour ne pas qu'il ait l'impression de manger dans une baraque à frites insalubre, mais pas assez huppé pour qu'il s'y sentît déplacé. C'était une information qui avait énormément surpris Nagato, d'ailleurs. Deidara lui ayant confirmé qu'Itachi était bel et bien issu de la haute bourgeoise, le policier s'était imaginé qu'Itachi se plaisait à fréquenter ces lieux richement décorés. Son colocataire avait nié avec force, avouant s'y sentir déplacé.

Son ami et Kaguya étaient quelques tables plus loin et Zetsu ne cessait de lui envoyer des regards lourds de sens pour l'inciter à être plus entreprenant envers son rencard. Elle finit par se taire et l'observer, avant de soupirer.

— Je ne t'intéresse pas, n'est-ce pas ?

— Pardon ?

Elle se pencha en avant, faisant cliqueter ses bijoux contre la peau nue de son décolleté.

— Physiquement. Tu n'es pas sexuellement attiré par moi.

Il jappa, attrapant son verre pour temporiser le temps d'une gorgée.

— Je dois bien l'admettre, finit-il par avouer en lui tendant un sourire contrit. Ce n'est pas contre toi, tu es tout à fait désirable.

— Mauvais endroit, mauvais moment, commenta-t-elle.

C'était vraiment regrettable, parce que Nonô avait tout pour lui plaire, si on omettait cette blondeur trop prononcée – en fait, elle tirait plus vers le châtain, s'il devait être honnête, mais… Il hocha la tête avec prudence, inquiet de la froisser.

— Je suis vraiment désolé. Je n'ai simplement pas la tête à ça, ces temps-ci.

— J'imagine que ça me permet au moins de ne pas passer la soirée seule, rit-elle. À vrai dire, je n'avais pas spécialement envie de venir, c'est Kaguya qui m'a forcée.

— Elle est aussi dans cette phase où, nouvellement en couple, elle essaie de convaincre tout le monde que la vie c'est mieux à deux ?

— Oh oui, qu'est-ce qu'elle est pénible.

Les yeux roulèrent exagérément et Nagato se sentit se détendre. Il porta tout de même un regard à son téléphone et s'installa un peu mieux sur sa chaise.

— C'est ton divorce qui te préoccupe tant ? demanda-t-elle.

— Non, mon colocataire. Mon divorce, j'essaie de ne pas trop y penser.

Et il s'en tirait à merveille. À présent qu'il avait pris la décision de se sortir Konan et Yahiko de la tête, il remarquait qu'il y pensait de moins en moins. Ça faisait toujours traîtreusement mal à des moments inattendus, mais il était en bonne voie pour clore ce chapitre de sa vie.

— Je ne t'ai pas parlé de mon colocataire ? s'enquit-il avec un sourire.

Finalement, la soirée se passa bien mieux qu'il ne l'avait prévue. Il parla longuement d'Itachi, expliquant à quel point il admirait l'homme, consultant toujours aussi régulièrement son téléphone. Une fois sorti de l'optique de séduction dans laquelle Zetsu avait absolument tenu qu'il soit, il était prodigieusement plus facile de parler, de se raconter et Nonô avait commenté « tu mets plus d'entrain à parler de lui qu'à parler de toi ». Le sourire qui lui avait échappé était éblouissant « parce qu'il est bien plus digne d'être raconté que moi. » et elle avait hoché la tête.

Lorsqu'ils se séparèrent, Kaguya et Nonô partant ensemble et laissant Zetsu et Nagato seuls, le premier des deux hommes soupira exagérément :

— Bon, explique-moi pourquoi on rentre pas tous les deux pour s'envoyer en l'air ?

— C'est une proposition alléchante que je me dois de décliner, rétorqua Nagato en regardant son téléphone une nouvelle fois.

Pas de notification. Difficile d'en conclure qu'il n'y avait pas de problème. Zetsu papillonna des cils.

— T'es con, lança-t-il.

Finalement, Nagato encouragea Zetsu à rattraper les deux femmes qui n'étaient pas si loin et il tourna les talons, pressé de rentrer chez lui. Dès la semaine suivante, il allait prendre le taureau par les cornes. Ce n'était pas possible de passer tout son temps à stresser par rapport à Itachi, il fallait qu'il fît quelque chose pour clôturer cette affaire.


À bientôt !