Chapitre 36 : Sortie à Pré-au-Lard

Harry se réveilla à Square Grimmaurd. Il avait mal partout, comme sorti d'une sale bagarre où il se prenait une raclée monstre. Cela n'était plus arrivé depuis longtemps. Il se leva en grognant et alla se mettre sous la douche. Vingt minutes plus tard, il descendit totalement habillé dans la cuisine afin de combler le creux qu'il avait dans l'estomac.

« Eh ! Mais regardez qui nous fait l'honneur de sa présence, » sourit Sirius en posant une main sur son épaule. « Tu vas mieux ? Reg' m'a dit que tu avais subi un rituel gobelin. »

« J'ai l'impression qu'un char d'assaut m'est passé sur le corps, mais à part ça, ça va. Je meurs de faim surtout. »

« Mange pas trop, il est tard. »

« J'ai comaté pendant combien de temps ? »

« Sept heures quarante-sept minutes et trente-huit secondes, » fit Regulus en entrant dans la pièce.

« Comment peux-tu être aussi précis Reg ? » s'étonna Sirius.

« Parce qu'il a encore laissé traîner des yeux emplumés quelque part, » répondit Harry avec un sourire.

« Dis que cela te gêne. »

« Pas le moins du monde. Au contraire, cela me rassure pendant mon sommeil. Je sais qu'en cas de pépin, tu me réveilleras. »

Harry mangea quelques bouchées de ses pâtes avant de remarquer le regard soucieux de son père.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-il, les sourcils froncés.

« Le gobelin a dit que tu t'étais crispé, » dit doucement Regulus.

« Hey ! J'ai fait de mon mieux ! Je reste humain malgré tout ! Je suis endurant mais mon corps a quand même ses limites ! »

« Okay, okay ..., » fit son père en levant les mains en signe d'apaisement. « Tu es sûr que ça va ? »

« Je m'en remettrai. Comme toujours. Je vais être HS pendant un ou deux jours tout au plus. Alors ? Résultat ? »

Regulus regarda son fils un instant avant de baisser les yeux.

« Ils vont faire des recherches pour savoir si on peut te l'enlever sans te tuer. »

« Eh merde ... » Harry soupira. « Qui est au courant à part les Gobelins et ta moitié ? »

« Ce n'est pas ... »

« Oh, je t'en prie, Papa. Je sais très bien que vous vous faites les yeux doux mais que vous hésitez à reprendre votre relation à cause de votre longue séparation. Vous vous aimez ! Alors merde ! On ne vit qu'une fois ! Donc, à part Snape et les Gobelins, qui ? »

« Personne. Je n'en ai rien dit à mon frère. Il sait en partie pourquoi je ne lui ai rien dit. Il a conscience d'être un moulin à paroles. »

« Et il pourrait cracher le morceau par accident ..., » comprit Harry.

« Malheureusement, oui. Mais je lui ai affirmé que s'il m'arrivait malheur, Severus serait là pour toi et que les Gobelins lui rapporteraient tout. Cela a suffi à le calmer. Même s'il déteste Severus, il sait qu'il ne te fera rien de mal. »

« Il faudrait déjà qu'il puisse me faire du mal, » plaisanta le jeune homme. « C'est déjà pas gagné ! »

« C'est pas faux. » Ils rirent quelques instants avant de repasser à l'anglais. « Allez. Severus vient te chercher demain matin à la première heure. »

« Noté. Je serai prêt. J'ai hâte de retourner à l'école suivre quelques cours intéressants, une vie sociale ennuyeuse et sans intérêt et un harcèlement constant de quelques Gryffondors avec qui j'ai quelques liens du sang. »

« Ce n'est pas si terrible. N'exagère pas. »

« Non, ça va encore. Dudley s'est mangé le mur du couloir est la semaine dernière. Je me suis retenu suffisamment pour ne pas lui casser le nez et le faire rentrer dans sa boîte crânienne. »

Sirius s'étouffa avec sa tasse de thé.

« Je comprends mieux la réaction de James, » soupira-t-il.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? » demanda directement Harry, un sourcil relevé, curieux.

« Il se plaignait juste de toi, » répondit Regulus. « Comme d'habitude. Tu leur mènes la vie dure. »

« J'ai eu la vie dure à cause d'eux. Je ne leur ferai aucun cadeau sauf celui de mon poing en pleine figure. »

« Sinon... Tu as du nouveau ? » demanda son père avec un rictus amusé mais le regard plus froid et professionnel.

« Je me suis fait aborder par Malfoy, Crabbe, Goyle et Nott. »

« Tous des fils de Mangemort, » confirmèrent les deux frères.

« C'est ce que je me suis dit. Ils m'ont fait la propagande du côté sombre. »

« Et ? »

« Je leur ai dit que ce qu'ils proposaient ne m'intéressait pas. Malfoy a essayé d'acheter ma loyauté. Je l'ai envoyé bouler. Par contre, je l'ai invité à m'envoyer son Lord. S'il veut de mes services, il devra se bouger parce que je ne parle pas aux sous-fifres. Et encore, je me réserve le droit de veto. Comme si ce que cet homme pouvait dire m'intéresserait... »

« Par la barbe de Merlin ! » fit Sirius, surpris. « Toi, tu n'as pas froid aux yeux ! »

« Non. Mais je fais sortir le serpent de son trou. J'attise son intérêt. Il ne pourra pas résister à venir me rôder autour. J'attends juste. »

« Tu attends quoi ? »

« Qu'il montre le bout de sa langue fourchue, histoire de voir à quel genre de serpent j'ai en face de moi. J'ai bien l'intention de me montrer neutre dans cette guerre dans un premier temps, mais hostile envers les Potter pour gagner sa sympathie. Enfin, si sympathie il peut ressentir... Après je verrais bien comment cela s'enchaînera. Je resterai prudent. Je n'ai pas souvent affaire avec les sorciers. Je préfère les Moldus pour ce genre de choses. Ils sont plus ignares et imprudents. »

« Je suis bien d'accord, » fit Regulus en buvant une bière.

Ils discutèrent encore un moment et Harry profita de ce moment privilégié père-fils. Du plus loin qu'il se souvenait, ils n'avaient jamais été séparés aussi longtemps. C'était une première. Heureusement que maintenant il était capable de se défendre.

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Harry descendit calmement le chemin menant vers le village sorcier. Une sortie à Pré-au-Lard. Cela lui permettait de changer d'air. Il en avait marre d'entendre des adolescents se disputer pour des broutilles insignifiantes. Il avait besoin d'air. Il descendit aux Trois Balais et commanda un café. Le liquide chaud lui fit beaucoup de bien. Depuis le temps qu'il rêvait d'en boire un.

Il observa les autres clients de la taverne mais ne vit que des étudiants et des sorciers. Rien n'attisait son regard. Il s'ennuyait... Trois mois et pas la moindre action ! Parce que les petits entraînements en cours avec Mr Potter et les tentatives puériles du Survivant et ses amis ne représentaient pas de l'action pour lui. Juste une distraction.

Il sortit son carnet et commença à gribouiller distraitement, n'ayant pas vraiment envie de faire quelque chose de sa journée. Juste boire du café hors de Poudlard lui suffisait. Il aurait pu transplaner jusqu'au Continental mais il risquait d'avoir des ennuis avec les professeurs Potter et McGonagall qui surveillaient. Il n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête.

Il leva les yeux quand il vit quelqu'un s'installer devant lui. Il releva un sourcil en voyant qu'il s'agissait de Malfoy.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

« Tu as dit que tu ne parlerais qu'avec lui, n'est-ce pas ? »

Harry ne prit que deux secondes à comprendre de qui il parlait.

« Oui. Et ? »

« Il est venu pour te voir. »

« J'ai trois pots de colle qui me surveillent, » soupira l'Assassin. « A moins que tu connaisses un moyen d'être discret. Je ne connais pas les lieux. »

« Qui ? »

« Toujours les trois mêmes Gryffondors. Rien ne change. »

« Je ne comprends pas pourquoi ils s'acharnent sur toi. »

« Parce qu'ils sont stupides et suicidaires et qu'ils ont pris comme une trahison le fait que je sois réparti à Serpentard. Sincèrement, les maisons, j'en ai rien à foutre. C'est juste coller une étiquette sur une personne sans vraiment la connaître. »

Malfoy sembla réfléchir un instant avant de se lever.

« Retrouve-moi à la Cabane Hurlante. »

« La maison abandonnée ? »

« Précisément. »

« Très bien. Quand ? »

« Dès l'instant où tu te seras débarrassé d'eux. »

« Voilà qui ne sera pas très compliqué une fois que nous serons séparés. Je vais terminer mon café et retourner au château. »

Le blond hocha la tête et partit sans un mot de plus. Harry fit alors comme il l'avait dit et reprit assez rapidement le chemin du château. Il gardait toutefois un oeil sur les trois Gryffondors qui lui collaient aux basques grâce à Shiskha. Son plan sembla fonctionner car ils retournèrent au village quand ils comprirent qu'il 'rentrait' à l'école. Le jeune Assassin se glissa alors dans la forêt et transplana sur le chemin menant à la Cabane hurlante. Il releva sa capuche afin de dissimuler son visage et s'avança d'un bon pas vers la bâtisse.