Chapitre 36

PDV Florieans

-Je vous écoute mademoiselle.

J'étais assise face à un inspecteur au commissariat à Suga. J'étais toujours aussi stressée et continuais à jouer avec le pendentif. J'avais laissé le directeur Kwang hors du commissariat. Je ne me sentais pas capable de tout lui dire une nouvelle fois. C'était déjà assez dur pour moi comme ça. Il m'attendait dans un café par loin.

-Mademoiselle ? Fit l'inspecteur me ramenant sur Terre.

Je soupirai pur essayer de me calmer mais je recommençais à trembler.

-Mademoiselle. Vous êtes en sécurité ici.

L'inspecteur devait avoir la trentaine et avait l'air de ne pas s'être reposé depuis plusieurs jours. Il avait une barbe de trois jours. Des pattes d'oie apparaissaient sous ses yeux. Sa chemise à carreau sortaient de son pantalon. Son pull était posé néligeamment sur son bureau.

-Je... tentai-je.

L'inspecteur me sourit doucement.

-Voilà ce qu'on va faire. Vous allez d'abord vous présenter et ensuite je vais vous poser des questions. D'accord ?

J'acquiesçais d'un bref signe de tête.

-Je m'appelle Floireans Saunier. Dis-je toujours tremblante.

-Très bien. Quel âge avez vous et où êtes vous née ?

L'inspecteur tapa sur son ordinateur au fur et à mesure que je parlais.

-Je... j'ai vignt-et-an et je suis née à Elsamaa.

-Elsamaa, le petit village pas loin d'ici c'est ça ?

J'approuvai.

-C'est un coin assez jolie. Mais il n'y a pas d'hôpital. Vous êtes vraiment née là bas ?

-Les ambulanciers sont arrivés en retard.

L'inspecteur parut amusé.

-D'accord. Donc vous êtes née là-bas. Est-ce que vous y vivez toujours ?

-C'est... assez compliqué. Ma maison est toujours là-bas mais je travaille à l'étranger.

-Quelle est votre profession ?

-Je... je suis assistante costumière pour une série en Chine.

-Vraiment ? Fit étonné l'inspecteur. Vous travaillez en Chine ?

-Je vais vous montrer.

Je sortis de mon sac à main mon badge d'accès aux studios à Hengdian. L'inspecteur me précisa que ce n'était pas nécessaire.

-Bon alors vous vivez en ce moment à Hengdian et vous êtes là... pour les vacances ?

-Mes anciens camarades de classe ont organisés des retrouvailles, expliquai-je.

-Je vois. Donc vous êtes là provisoirement. Maintenant dîtes-moi ce qui vous effraie ainsi.

-Je... je...

Je fermai les yeux et respirai profondément. Dans mes oreilles résonnaient encore la voix rassurante de Yoongi m'appelant par mon prénom. Le courage revint.

-J'ai besoin de parler. J'ai besoin de tout raconter. Je... je n'arrive plus à vivre correctement depuis que je me souviens de ce qu'il m'est arrivé. En plus j'ai peur que d'autres personnes soient impliquées et souffrent et qu'il y ait aussi des gens au courant qui dissimulent la vérité.

L'inspecteur sembla très intéressé. Il se redressa sur sa chaise.

-Je suis tout ouïe.

-Mon instituteur a tenté d'abuser de moi.

Je l'avais dit à voix haute. C'était étrange de le dire devant des inconnus. Encore bien plus bizarre que devant Yoongi. C'était comme si ce que j'avais vécu n'était plus que de vagues souvenirs longtemps oubliés. C'était vrai. Ça c'était réellement produit. Pour la deuxième fois en moins de vingt-quatre heures je racontais mon calvaire. C'était dure. Vraiment dure. J'avais envie d'exploser à nouveau en sanglot mais je me contrôlais. Étais-ce parce que je n'avais plus de larmes à cause de la veille ? C'était possible.

L'inspecteur tapa ma déposition et ma plainte. Il était relativement stoïque mais je percevais bien qu'il était horrifié par ce qu'il s'était présument passé dans cette petite classe ce soir de décembre 2004. Une fois mon histoire finie et les documents attestant de mes tentatives de suicides et séances passées avec les différents psychiatres, l'inspecteur prit la parole.

-Ces accusations sont très graves et j'ai bien pris en compte votre déposition, mademoiselle Saunier. Seulement votre plainte ne risque d'aboutir.

-Pourquoi ça, demandai-je m'y attendant un peu.

-Vous avez dit que les faits remontaient à 2004. Il y a un délai de prescription qui est de dix ans dans ce genre d'affaire. Malheureusement il a été largement dépassé. Après je comprends que vos souvenirs ont été perdus à cause de votre subconscience qui vous a protégé. Mais il aurait fallut que vos souvenirs vous reviennent cinq ans plutôt.

C'est à dire au moment de ma deuxième tentative de suicide.

-Je comprend, dis-je abattue. Je m'en doutais un peu pour tout dire. C'est juste que... j'avais besoin de le dire. Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps.

-Ne vous excusez pas pour ça, mademoiselle Saunier. En fait en me basant sur ce que vous avez dit, il est fort possible que cet homme est déjà agit de la sorte ou bien qu'il recommence ou qu'il a déjà récidiver. De plus que quelqu'un tente de le protéger est aussi hautement probable au vu de ces nombreux mois d'absence. Bien, écoutez-moi. Dans l'immédiat je ne peux rien faire pour vous. Comme je vous l'ai dit les faits remontent à trop loin pour qu'une enquête soit débutée. Mais l'affaire peut être reporté au rectorat de Rennes. Ainsi si Lohan Lebesque a déjà sévit, des victimes potentielles se manifesteront. Dans le pire des cas, si aucune plainte n'est concluante, il pourra toujours être radié du corps professoral.

-D'accord, dis-je sur le point de partir. Je vous laisse vous charger du coup.

-Attendez avant de partir.

L'inspecteur attrapa une carte de visite jetée sur son bureau. Il écrivit quelque chose à dos après avoir consulté son ordinateur et me la donna.

-Si jamais vous avez des questions voilà mes coordonnées. Vous trouverez au dos ceux du rectorat de Rennes si vous souhaitez connaître l'avancer de l'affaire. Je les préviendrais que vous les appellerez. Alors n'hésitez pas à les contacter.

-Merci.

-C'est moi qui vous remercie. Et croyez-moi, si je le pouvais j'aurai porté moi même l'affaire devant le juge.

Je voyais bien que l'inspecteur était embêté. J'étais déçue et j'avais envie de hurler et de pleurer devant cette maudite prescription passée. Mais je savais que l'inspecteur n'y pouvait rien.

Je quittai le poste de police déprimée. J'envoyai un message au directeur Kwang pour le prévenir que j'allais bientôt le rejoindre. Il m'envoya la position du café dans lequel il se trouvait. Pensait-il vraiment que mon sens de l'orientation était si mauvais ? Je veux bien pour Séoul mais Suga ? C'était inutile ! Je venais dans cette ville depuis toujours. J'y avais passé mon adolescence.

D'ailleurs juste devant moi se trouvait mon ancien lycée. Il était toujours aussi stérile que dans mes souvenirs pas si vieux. Je me revoyais à quinze et seize ans, la tête plongée dans la cuvette des toilettes. Mon plateau repas volé à la cantine. Mon casier forcé. Mes affaires de sports ruinés. Les rumeurs cruelles et fausses circulant sur les groupes du lycée sur les réseaux sociaux. Les blagues à caractères sexuelles humiliantes. Je me revoyais aussi m'ouvrir les veines dans le hall de l'établissement. Je voulais que tous voient à quoi pouvez mener le harcèlement. Même si je pense que je commençais peut-être à me souvenir de ce qui s'était passé dix ans plutôt.

J'aurai dû éviter cet endroit en faisant le tour du quartier. Dommage je n'y est pas pensé. Alors que je m'approchais la douleur fantôme de la lame de rasoir me sectionnant les veines se réveilla. Je frottai par réflexe mon poignet gauche. Je sentais les cicatrices sous mes doigts.

BOUM !

-Aïeuh !

Alors je tiens à préciser que ce n'était pas moi m'était vautrée par terre. Même si je le conçois, ça aurait pu m'arriver. Les rues étaient tellement verglacées qu'il n'était pas rare de se péter la gueule. Moi même j'étais assez tombée comme ça devant le bahut. La personne qui avait les quatre fer en l'air était une jeune fille.

Je me précipitais dans un dérapage plus ou moins contrôler pour l'aider à se relever.

-Tout va bien ? Lui demandai-je en l'attrapant par les aisselles.

-Oui, oui. Merci.

Elle épousseta ses vêtements qui étaient maintenant couvert de neige. Et me regarda. Elle avait à peu près la même taille que moi. Elle était plutôt fine et ses cheveux étaient d'un châtain plus foncé que les miens. Ses yeux étaient d'un vert d'eau très joli rappelant la surface du Val sans retour dans la forêt de Brocéliande. Quelque chose m'interpella dans son regard. Il m'avait l'air très familier. Comme si j'avais déjà vu ses yeux quelque part.

La jeune fille s'éloigna de mon emprise mais trébucha. Je la rattrapais aussitôt.

-Tu t'es fait mal ? Je lui demandais.

-Ma... ma cheville, dit-elle en prenant appuie sur moi.

-Attends je vais regarder.

Je l'aider à s'asseoir sur un petit muret qui longeait le lycée. Je m'accroupis face à elle et la regardait droit dans les yeux.

-Tu m'autorises à jeter un coup d'oeil à ton pied ?

-Floireans ? Dit-elle me prenant au dépourvu. Tu es Floireans Saunier ?!

-Euh... tu me connais ? Dis-je perdue.

Le visage lugubre de la fille s'illumina instantanément.

-Bien sûr ! Tu ne me reconnais pas ?

J'avais beau l'observer elle ne me disait rien. Du moins je savais qu'elle ne m'était pas totalement inconnue mais je n'avais aucune idée où je l'avais déjà vue.

-Chloé ! Chloé Leroux ! Tu sais la fille de...

-Léonie et Gwendal Leroux, tiltai-je.

Évidemment que c'était la fille des amis de mes parents ! Ses yeux étaient assez atypiques. Dans ce village j'avais remarqué qu'on était une bonne majorité d'enfants à avoir des yeux de couleurs étonnantes. Ma mère associait cet étrange phénomène à la convergence des lignes de courants telluriques. Je devais avoir cinq-six ans quand elle est née. Mme Leroux venait régulièrement avec Chloé et je jouais beaucoup avec elle. J'avais perdu de vue la famille Leroux suite à mes multiples internements.

-Oui, c'est ça ! Ouah ! Je n'aurai jamais pensé te croiser ainsi !

-Et moi donc. Qu'est-ce que tu as grandi ! Je n'en reviens pas ! Mais comment tu m'as reconnue ?

-A ta tête, ton look, ta voix, tes yeux ! Tu n'as pas changé du tout.

Je souris faiblement. J'examinai son pied qui était pas mal enflée.

-Toi par contre tu es complètement différente.

-Tu trouves ?

J'enlevai mon écharpe après avoir accroché mon pendentif à ma ceinture histoire d'avoir les mains libres. J'enveloppais de la neige avec mon écharpe et l'appliquais sur le cheville de Chloé. Elle grimaça de douleur.

-Ne bouge pas, lui dis-je en maintenant la poche de glace improviser sur la partie enflée.

-Tu es toujours aussi gentille avec moi, Florieans.

-Parce qu'avec les autres je suis une horrible sorcière ? Lui dis-je en plaisantant.

-Je dirais plutôt froide et distante. En fait qu'est-ce que tu deviens ? Ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu !

Je la regardais. En effet. La dernière qu'on s'était vu les deux, elle était encore à l'école maternelle.

-Je travaille ici et là. Mais toi pourquoi as-tu l'air si différente de quand tu étais petite ? Tu...j'ai l'impression de me voir dans un miroir.

Je connaissais ce regard froid, éteint et craintif. J'avais eu le même pendant tellement d'années. Je fronçai les sourcils. C'était-il passé quelque chose ?

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Chloé, lui dis-je en la regardant droit dans les yeux. Qui t'a fait du mal ?

L'adolescente d'une quinzaine d'années détourna les yeux. Elle tourna la tête de manière à ce que je ne puisse plus voir son expression. J'avais raison.

-Oh fait ! Ma mère sera ravie de te revoir ! Ça te dit de venir à la maison ? On n'habite pas loin d'ici.

-Vous avez quitté Elsamaa ? Fis-je laissant tomber pour le moment mon interrogatoire.

-Oui. On n'était plus vraiment à notre place quand tu es partie au collège. Alors tu veux bien venir ?

-D'accord, cédai-je.

Je l'aidais à se relever et à marcher. Soudaine mon téléphone sonna.

Oups j'avais oublié le directeur Kwang.

-Je peux savoir ce que tu fous ?! Tu t'es perdue où quoi l'artiste !

Je tenais le portable à bout de bras alors que la voix du directeur de Big Hit explosait.

-Non, je me suis arrêtais en chemin. J'ai rencontré une amie.

-Une amie ? Quelle amie ? Sûrement pas Fiona Guillaume vu qu'elle est au village.

-Comment vous connaissez... laissez tombé, soupirai-je. Et contrairement à ce que vous pensez je n'ai pas qu'une seule amie !

-Mr Kwang ? Dit Chloé. C'est vous ?

-Cette voix... Chloé Leroux ?

-Oui c'est ça ! J'emmène Floireans prendre le goûter à la maison. Vous voulez venir ? Ma mère sera également ravie de vous voir !

Ce fut ainsi que nous nous retrouvions dans le charmant salon de l'appartement des Leroux. Mme Leroux, en me reconnaissant, ne m'avait pas lâché d'une semelle et s'évertuait à sortir tous les gâteaux, biscuits et différents thés présents dans la maison.

-Minki, fit Mme Leroux une fois sûre que ma tasse était remplie de ce délicieux arôme de cannelle et de citron. Je ne savais pas que tu étais rentrée en France.

-Oh je ne reste pas longtemps, Léonie. Juste des petites choses à régler pour le travail. Je suis venu avec certains des garçons dont je m'occupe.

-Tu aurais dû les amener alors ! Je suis curieuse de voir à quoi ressemble en vrai des stars de la Kpop. Ma petite Chloé n'est pas tombée dans la Kpop mais elle n'a d'yeux que pour Arianna Grande.

-Je ne préfère pas qu'ils se montrent trop. Ils sont assez indisciplinés en ce moment.

Alors que les adultes continuaient leur conversation, je jetais des coups d'oeil à Mme Leroux et à Chloé. Je pouvais vois que sa maman ne savait pas pourquoi sa fille avait un étrange comportement. Je sirotais mon thé réfléchissant à ce qui avait bien pu se passer. Une boule d'angoisse commença à se former à mesure que les scénarios germaient dans ma tête.

Est-ce que...Est-ce que Lohan Lebesque t'as fait du mal ?

-Pardon ? Dit Mme Leroux.

-Hein ? Fis-je sortant de ma torpeur.

-Qu'est-ce que tu as dit ? dit effrayée Chloé.

Zut. L'avais-je dit à haute voix ?

-Comment... comment tu le sais ? Continua l'adolescente.

SPLASH !

J'avais laissé tombé ma tasse, inondant la table.

-Il... il t'a vraiment agressée ! M'écriai-je en me levant et me précipitant vers la jeune fille.

-Que... Floireans, qu'est-ce que tu racontes ? Dit Mme Leroux essayant de sourire tant bien que mal.

Je pris Chloé par les épaules.

-Dis-moi ce qu'il t'a fait ? Pourquoi avoir quitté Elsamaa ?

-Florieans, calme-toi, m'ordonna le directeur Kwang en me forçant à me rasseoir.

Dès que je fus assise je demandai encore à Mme Leroux.

-Pourquoi avoir quitté Elsamaa ?

-Tu es très étrange Floireans. On est partie il y a neuf ans déjà. Chloé n'était plus vraiment à sa place. Elle commençait à se rebeller. Elle nous a fait une crise d'adolescence assez précoce. Elle avait besoin d'être en ville. On a déménagé en cours d'année. J'avais peur que Chloé n'arrive pas à s'intégrer mais elle s'en ai plutôt bien sortie.

-En ville ? Rebellée ? Repris-je sans quitter des yeux cette enfant que j'avais vu presque grandir. Il y a neuf ans ? Comment pouvez-vous être aussi stupide ?

-Floireans, intervint le directeur Kwang.

-Six ans ! Dis-je. Chloé tu as été agressée par ton instit du CP à Elsamaa ! C'est bien ça ?

Et là, j'avais comme lâchée une bombe. La pauvre Chloé explosa en sanglot et s'excusa encore et encore. Je la pris dans mes bras, une colère sourde s'emparant de moi. Elle déballa tout. Quand elle était entrée à l'école primaire, je venais tout juste d'intégrer le collège à Suga. Lohan Lebesque n'avait pas arrêté de la solliciter de la même manière que moi. Mais alors que moi j'avais réussi grâce à une balle perdue à m'enfuir, elle n'avait pas eu cette chance. Ma colère croissait alors que Mme Leroux fut horrifiée.

Qui aurait pensé que la petite fille, dont j'étais presque la baby-sitter avait subie le même calvaire que moi ? Pire ! Alors que moi j'avais échappé de peu à mon agresseur, elle n'avait pas eu cette chance.

-Floireans, fit toujours choquée Mme Leroux. Comment... comment as-tu compris ?

Mme Leroux était pâle et ne semblait pas réaliser que sa fille avait été agressée par le pire de l'humanité à l'âge tendre de six ans.

-Parce que Chloé n'est pas la seule victime, dis-je en contrôlant tent bien que mal ma respiration.

-Quoi ? Toi... toi aussi ? Mais... mais pourquoi n'as-tu rien dit ?!

Alors qu'elle la colère s'emparait de cette mère, le directeur Kwang calma le jeu.

-Léonie. As-tu déjà entendu de l'amnésie dissociative ?

-Non.

-C'est un mécanisme de défense neurologique qui permet à une personne de survivre à un stress extrême.

-Et le rapport...

-La nuit de mon agression, continuai-je serrant plus fermement Chloé contre moi. J'ai fait quelque chose pour essayé de tout oublier. Quand mes parents racontaient que j'étais en pension pour corriger mon caractère, j'étais en fait internée car j'ai tenté de mettre fin à ma vie.

Mme Leroux plaqua une main sur sa bouche.

-Je n'arrivais plus à contrôler mes émotions, racontai-je. J'étais submergée. Je voulais en finir avec tout. Mon cerveau m'a fait tout oublier.

-Comment... comment t'es-tu tout rappelée ?

Je fermai les yeux un bref instant.

-Tout m'es revenue, quand quelqu'un a tenté d'abuser de moi encore une fois. C'était cet été.

-Et ce n'est que maintenant que tu en parles ?

-J'avais d'autres soucis en tête.

-Florieans est allée porter plainte, appris le directeur Kwang. D'ailleurs comment ça c'est passé ?

-Ils ne peuvent rien faire directement. Mon agression remontant à plus de quinze, la prescription des faits est dépassée.

-Quoi ?! C'est inadmissible ! Ils vont laisser un salopard s'en tirer après avoir violé des enfants de six ans ?!

-La police va contacter le rectorat de Rennes. Elle pense peut-être que ça poussera des victimes potentielles plus récentes à se présenter.

-Combien de temps a-t-on pour porter plainte ? Demanda Mme Leroux.

Elle était devenue soudainement froide. Elle ressemblait à une lionne défendant ses petits. Ma mère n'avait jamais eu cette expression, même quand elle avait appris que j'étais harcelée au lycée suite à ma tentative avortée numéro deux.


Mme Leroux avait appelé d'urgence son mari et avec sa fille s'était rendue directement au commissariat. Je voulu les accompagner mais le directeur Kwang m'en dissuada. Il m'avait obligée à retourner dans la voiture et envoyé dans ma chambre pour que je dorme après m'avoir forcer à prendre un vrai repas dans l'auberge du village. Les garçons n'étaient pas à la maison. Apparemment ils étaient vraiment allés se perdre dans la forêt.

Je pensais que je n'arriverais pas à dormir mais avec l'estomac plein, et après avoir vidé complètement mon sac, mon corps voulait seulement s'accorder enfin le repos mérité.