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Chapitre 39

La nervosité s'était emparée d'Itachi à l'instant même où il avait franchi la porte de l'appartement, se demandant comment il allait bien pouvoir parler d'une telle chose à Nagato.

Même si l'interview dans Porn Mag ne dévoilait rien des identités de ses deux colocataires, il n'en restait pas moins que la mention faite d'eux – et cette phrase qui laissait penser qu'ils étaient amants – risquait de faire le tour de sa communauté.

Il entendit le bruit de l'ascenseur et la voix de Mikan qui racontait ses jeux avec ses copains et son stress s'accentua encore alors qu'il cessait de bouger, déglutissant. La porte s'ouvrit, la petite fille franchissant le seuil en premier, s'approchant de lui pour l'embrasser pendant qu'il ne quittait pas son père des yeux, hésitant.

Il ouvrit la bouche une première fois, puis une seconde, avant de finalement se lancer :

— Nagato, il y a un problème.

La volte-face immédiate du policier, le regard ancré sur lui, scrutateur, attentif et vif lui fit penser que son colocataire était déjà au courant de tout. Il le laissa approcher, les yeux violets le parcourant comme pour s'assurer que tout allait bien.

— Que se passe-t-il ?

La bouche sèche, Itachi hésita encore avant de baisser les yeux, puis il les releva.

— J'ai donné une interview à un magazine spécialisé, dans la semaine, expliqua-t-il. Et le magazine est sorti aujourd'hui. Le journaliste a très mal interprété certaines choses et… L'article parle de Mikan et toi.

Il prit un silence pour laisser à Nagato le temps de digérer. Il fallut une seconde à ce dernier pour se rappeler qu'il n'était pas censé être au courant, fronçant les sourcils. Itachi ferma les yeux.

— L'article sous-entend que nous sommes amants, toi et moi, ajouta-t-il.

Le policier eut un rire qui partit du cœur et fendilla un peu celui d'Itachi. Soulagé, Nagato s'éloigna. Le ton de la voix d'Itachi lorsqu'il l'avait interpelé l'avait vraiment inquiété, surtout avec tout le souci qu'il se faisait par rapport aux menaces de mort. Il retourna vers l'entrée pour terminer de retirer ses chaussures et son manteau, s'étirant longuement.

Pour faire en sorte qu'Itachi n'eût pas envie de sortir le week-end, il suffisait de proposer un atelier pâtisserie et une journée « plaid, sucrerie et film », peut-être même organiser cette soirée jeux qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de faire alors qu'Itachi était malade.

De toute façon, ils n'avaient pas besoin de quitter l'appartement. Les courses avaient été faites. Leurs fenêtres étaient blindées, se rappela-t-il et ils vivaient au treizième étage. L'endroit était donc parfaitement sécurisé.

Quand il émergea de ses pensées, ce fut pour remarquer qu'Itachi n'avait pas bougé et le considérait d'un air étonné, peut-être un peu blessé – ce qu'il ne comprit pas. Papillonnant des cils, il posa une question muette, s'approchant de la cuisine en avisant l'heure. Il était temps de commencer à préparer le repas.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il tout de même.

— Je pensais que ça te contrarierait plus que ça.

À vrai dire, ça l'avait « contrarié plus que ça », mais il avait eu le temps de passer outre. Il était possible, pour lui, de savoir que l'article faisait mention de sa fille uniquement parce qu'il avait toutes les informations, personne d'autre ne le pouvait.

— Je suis désolé, j'ai été négligent, j'aurais dû changer le fond d'écran de mon téléphone ou expliquer comment il s'était retrouvé là, ça aurait évité les spéculations.

— Mais arrête de t'angoisser pour si peu, s'agaça Nagato. Je te parais si con que ça pour m'énerver de quelque chose dont tu n'es pas responsable ? Ta communauté pense maintenant que tu as quelqu'un dans ta vie, la belle affaire. Qu'ils croient ce qu'ils veulent, après tout, toi et moi savons que ce n'est pas vrai, ça n'aura aucune incidence sur nos existences.

Sauf si le corbeau en venait à penser qu'il était parfaitement inadmissible qu'Itachi pût être en ménage et s'occuper d'une enfant. Il souffla et leva les yeux vers Itachi.

— De toute façon, tu n'aurais pas commis l'erreur de nous citer explicitement. Je sais que tu protèges ta vie privée donc je ne suis ni vexé, ni furieux. D'accord ?

L'acteur hocha la tête.

— Bon, va prendre ta douche, on mange dans trente minutes, précisa-t-il en consultant sa montre avant d'écarquiller les paupières. Oh… Pardon, réflexe avec Mikan.

Le sourire esquissé par Itachi était légèrement crispé, mais il s'exécuta sans discuter, son soupir s'interrompant lorsqu'il posa un pied sur la première marche, Nagato l'interpelant.

— Quand j'ai emménagé, il était fréquent que tu ailles vomir en rentrant du travail… Ce n'est plus le cas… Tu étais malade ?

— Oh, non, répondit Itachi, c'est seulement qu'avaler sans rien avoir dans le ventre me donne la nausée.

Il vit, malgré la distance qui les séparait, toute l'incompréhension qui passait sur le visage de Nagato, comme si la phrase n'avait pas de logique et, mordillant sa lèvre, il lança une œillade en direction de la chambre de Mikan avant de faire demi-tour, pour être plus près et affirmer moins fort :

— Si j'avale du sperme en trop grandes quantités, sans me nourrir, j'ai la nausée, éclaircit-il en rivant ses rétines dans celles de son colocataire.

Nagato ferma brutalement les paupières, ne retenant pas la légère moue de dégoût qui le saisit quand il entendit les mots. Il finit par les rouvrir, soufflant le plus discrètement possible et se força à sourire.

— D'accord.

— Que tu tiennes absolument à me faire partir avec un déjeuner le midi, ça a résolu le problème.

— Tant mieux, alors, je continuerai, même après avoir remis Mikan à la cantine.

Ce fut au tour d'Itachi d'être perplexe et de lui jeter une œillade emplie de questions. Nagato cessa d'observer son colocataire pour repartir à la préparation du repas, manipulant son couteau en essayant de ne pas y laisser un doigt.

— Quand la maison sera vendue, j'aurai bien plus d'argent à la fin du mois. Je ne vais pas partir, ajouta-t-il en lançant une œillade amusée sur Itachi qui lui tira la langue. Mais le poids en moins sur mon budget va me permettre de remettre Mikan à la cantine.

— Oh, ce serait embarrassant que tu ne t'embêtes que pour moi, dit-il. Ce n'est pas grave, je peux me débrouiller.

— De toute évidence, non, si tu te retrouves à te rendre malade.

La réplique était tombée, douce et attentionnée, alors que Nagato secouait la tête, puis il releva des yeux pleins de considération vers son colocataire.

— Je verrai avec Mikan ce qu'elle préfère, trancha Nagato. Mais de toute façon, il est hors de question que tu restes à faire un travail physique sans manger. Je prends soin des miens, ajouta-t-il en percevant l'œillade étonnée que lui retournait Itachi.

Il tendit la main, posant son couteau, et se rétracta au dernier moment, saisissant de nouveau sa lame.

— Va prendre ta douche, insista-t-il. Sinon, tu vas te sentir mal toute la soirée.

Fronçant légèrement les sourcils – « mais comment il sait ça ? » – Itachi finit par se détourner pour s'exécuter. Il était vrai qu'il préférait se laver dès qu'il revenait d'Akatsuki Productions, même s'il prenait toujours le temps de passer dans les douches des vestiaires avant de rentrer.


Trop, c'était trop, décréta Kakashi. Le magjacking qu'il avait subi de la part de son supérieur était en soi déjà intolérable, surtout quand il n'avait eu la possibilité de lire l'interview que trois fois. Mais que Yahiko se payât le luxe de conserver Porn Mag tout le week-end, alors que cet entretien avec Tsuki avait fait du bruit dans la communauté et que tout le monde y allait de son analyse de texte – sauf lui, puisqu'il n'avait pas le magazine sous les yeux – c'était presque humiliant.

En temps normal, il était parmi les premiers sur ce genre de coup. Tous ses amis du forum lui avaient demandé s'il allait bien, s'il n'était pas malade, vu qu'il n'avait émis aucun avis ni aucune analyse.

Pour lui, la photo en fond d'écran n'était pas une relation amoureuse, même s'il y avait un homme et une enfant. C'était assez évident quand on connaissait Tsuki comme lui connaissait Tsuki. Il ne prétendait pas pouvoir analyser dans le fondement ses intentions, mais il ne relationnait pas. Tout court. Jamais.

L'excuse du « je ne mélange pas vie privée et vie professionnelle » – bien connue dans leur communauté, ils ne faisaient pas partie de ces idiots qui s'étaient convaincus qu'ils arriveraient à faire en sorte que Tsuki les remarquât en le harcelant de colis et de lettres –, ce n'était qu'un prétexte pour dire qu'il ne veut pas d'une relation amoureuse, clairement évidente, et ça le sidérait que quelqu'un pût penser que Tsuki avait un petit ami.

Alors bien sûr, quand il avait fallu argumenter, il n'avait pas pu, puisqu'il n'avait pas le magazine. Il était à présent fermement motivé à aller le chercher.

Pourtant, quand il arriva dans son service, il remarqua bien vite que le bureau de son chef était inoccupé. Il sonda donc ses coéquipiers, désignant la place de Yahiko d'un mouvement du menton.

— Il est où, le chef ? Il est pas arrivé, encore ?

Tenzô leva les yeux de son rapport, les tournant brièvement vers l'endroit délaissé désigné par son camarade.

— Chez Nagato. Sont de nouveau toujours fourrés ensemble, ces temps-ci.

— Y a vraiment des privilégiés, grommela Mui, un autre homme de l'unité. Une fois, Nagato m'en a voulu pendant un mois parce que j'ai mangé un bout de gâteau et il pardonne en quelques semaines à Yahiko de s'être tapé sa meuf ?

Le regard atterré que lui retournèrent Tenzô et Kakashi l'incita à se taire et à faire profil bas, mais les deux autres devaient bien lui donner raison. Nagato était réputé pour avoir la rancune tenace et le fait d'avoir été le meilleur ami tenait plus de la circonstance aggravante que du privilège.

— Ahlalala, soupira Kakashi. Bon, je vais voir là-bas. Il a un objet à moi en sa possession et j'aimerais bien qu'il me revienne.

Il quitta l'open-space, se perdant de nouveau dans ses pensées et dans tous ces avis qu'il n'avait pas pu donner.


Yahiko était arrivé au tout début de la pause déjeuner en traînant derrière lui le large tableau blanc monté sur roulette, les dents serrées sur un paquet de stylos-feutres effaçables.

Ils avaient tout repris point par point, traçant sur le tableau deux colonnes, mettant à gauche les menaces de mort et à droite tout ce qui contenait une référence sexuelle.

L'analyse de texte fournie par leur logiciel n'avait pas révélé grand-chose, outre la binarité des lettres, ce qui les avait conduits à établir ce schéma, permettant d'y voir plus clair – tout du moins dans la théorie.

Ils étaient tous deux appuyés contre une armoire basse, contemplant ce tableau, touchant à peine à leurs repas.

— C'est à n'y rien comprendre, marmonna Nagato. C'est un désir de domination ?

— Comment ça ?

Nagato secoua la tête.

— Eh bien, tu as déjà fait des avances sexuelles à une femme en lui disant ce genre de choses, toi ? Tu penses vraiment que ça marcherait ? Ça ressemble plus à un besoin d'asseoir sa domination qu'à une demande de relation sexuelle, tu vois ce que je veux dire ?

Posant son sandwich sur le haut de l'armoire, Yahiko hocha la tête.

— Ouais, je vois. Mais comme c'est à destination d'un acteur de X… Je sais que tu n'as jamais vu de porno, mais… C'est comme ça qu'ils parlent dans les films. J'imagine qu'un fan désaxé peut très bien penser que ce genre de vocabulaire peut séduire quelqu'un.

— Eh bien, je maintiens, grogna Nagato, c'est à n'y rien comprendre. Si quelqu'un me parlait comme ça pendant l'acte, ça me refroidirait net.

Les coups frappés à la porte du bureau furent suivis de l'entrée de Kakashi qui parcourut la pièce et finit par trouver Yahiko.

— Chef, je te cherchais. Est-ce que tu peux me rendre mon Porn Mag, s'il te plaît ?

Le regard toujours braqué sur le tableau blanc, Yahiko désigna mollement le bureau de Nagato.

— Vas-y, il est sur le bureau de Nagato. Arrête de lire ces trucs pendant ton service, ça va te jouer des tours.

— Si quelqu'un ne me l'avait pas emprunté, j'aurais pu le lire ce week-end, s'insurgea Kakashi en relevant la tête sur les deux autres après avoir récupéré son bien. En plus, franchement, vous êtes mal placés pour parler…

Nagato tiqua et tourna la tête vers son ancien subordonné.

— On n'a pas lu ton magazine au bureau et probablement pas avec les mêmes intentions, se justifia-t-il en piquant un fard.

— Ah non, coupa Kakashi, je ne parlais pas du Porn Mag, mais de votre tableau.

Il lut plus en détail toute la colonne droite, la seule partie visible de son visage se crispant d'interrogation.

— Ce ne sont que des citations des films de Tsuki, murmura-t-il.

Il leur jeta un regard trahi.

— Vous êtes en train d'analyser la filmographie de Tsuki sans moi ?

La révélation sembla paralyser les deux hommes qui fixaient Kakashi sans bouger et il ne le remarqua pas immédiatement, son œil attiré par les lettres qui s'étaient trouvées sous son magazine. Il en saisit une pour la lire, la compara avec le tableau et, d'un coup, il perdit toute trace de plaisanterie.

— Ok, qu'est-ce qu'il se passe, ici ? Qui reçoit ces lettres ?

Nagato finit par bouger, se déplaçant jusqu'à la porte pour la fermer convenablement après avoir consulté Yahiko du regard.

— Si je te demande simplement de nous aider sans poser de questions, est-ce que tu le feras ?

Kakashi hocha la tête.

— Ouais, bien sûr. Alors, c'est quoi le topo ?

Nagato lui dressa un rapide état des lieux de l'ensemble des piétinements qu'ils effectuaient depuis le début de cette enquête et, au bout de dix minutes, il se tut, laissant un soupir ponctuer la fin de son discours.

L'homme aux cheveux gris passa en revue toutes les lettres plusieurs fois, levant régulièrement les yeux vers le tableau puis il en tendit une à Yahiko qui l'attrapa.

— Celle-là, ça doit être la première reçue, je me trompe ?

Le lieutenant de police se tourna vers son ancien ami qui confirma d'un hochement de tête, interrogeant l'autre agent des forces spéciales sur comment il l'avait su.

— C'est une réplique du tout premier film de Tsuki, L'Étoile du Matin. C'est sa seule réplique de tout le film et c'est celui-là qui l'a fait repérer, bien avant Sperminator. Toutes les lettres semblent citer une réplique d'un des titres de la filmographie de Tsuki. Toutes… Sauf une.

Il tira un papier parmi les autres et le tendit à Nagato.

— Croyez-moi, enchaîna Kakashi, je connais ces films par cœur. Et cette réplique, je ne la connais pas.

L'air enchanté de Kakashi les laissa perplexes et Yahiko se frotta les yeux.

— En quoi ça nous avance, au juste ? grogna-t-il.

— Si je ne la connais pas, c'est qu'elle est issue de la live-performance de Tsuki au Salon de l'Érotisme de l'automne dernier.

Yahiko leva la main, pendant que Nagato se massait douloureusement les tempes.

— Attends, c'est quoi, une live-performance ?

— Une prestation effectuée en direct par des acteurs de X, expliqua Kakashi. Cette année, pour fêter la sortie en VR de Time Travel, Tsuki se produisait en direct et je n'ai pas pu y aller… Par contre, votre corbeau y était, sinon, il n'aurait pas pu connaître cette citation.

Un sourire éblouissant prit naissance sur le visage de Yahiko.

— Génial ! Voilà qui réduit considérablement le champ des suspects, il ne doit pas y avoir tant de personnes que ça qui vont dans ce genre d'événements.

Ce fut au tour de Nagato de grogner, coupant l'herbe sous le pied de Kakashi.

— Nan, laisse tomber, chaque année, ce sont des milliers de personnes qui sont attendues au Salon de l'Érotisme, ça se compte en dizaine, voire en centaine dans des grandes villes… C'est un événement clé dans la carrière d'une pornstar.

— Exactement, confirma Kakashi en lui portant une œillade étonnée, et c'est très étrange que toi, entre tous, sois au courant de ça. La particularité de la live-performance, c'est que c'est du porno en direct, donc ça s'effectue dans un salon privé avec des places limitées.

— Et y a un moyen de savoir à qui ont été vendues les tickets ? espéra Nagato.

Kakashi secoua la tête en pinçant les lèvres.

— Bordel, jura Yahiko. Comme on n'a pas de plainte, on pourra jamais obtenir les autorisations pour perquisitionner les vidéos de surveillance, qui de toute façon prendront des semaines à arriver, c'est une impasse !

Démoralisés, Yahiko et Nagato soupirèrent bruyamment alors que les yeux du troisième homme passaient de l'un à l'autre avec suspicion. Il s'assit sur le bord du bureau et croisa les bras.

— Vous cherchez à avoir vue sur le public, c'est ça ? J'ai peut-être une solution pour vous.

Il hésita, puis se lança.

— Normalement, on le dit pas trop, même sur le forum, parce que les live-perf ne sont pas filmées et le public n'a pas le droit de prendre des vidéos… Cependant, on contourne la règle… Et quelques administrateurs de mon forum préféré peuvent avoir les vidéos. Je peux essayer de faire fuiter ça, ce soir, si vous voulez.

Nagato hocha frénétiquement la tête, du soulagement dans les yeux.

— Oui, s'il te plaît. C'est notre première piste, souffla-t-il avec émotion.

Ses épaules se relâchèrent et Kakashi rattrapa son magazine, le serrant précieusement contre lui.

— Je vais demander dès que je rentre chez moi, je vous envoie un texto si j'ai du positif. Maintenant, chef, la pause est finie, on doit retourner travailler.

Ils se séparèrent, chacun partant vaquer à ses occupations et, pour la première fois depuis des jours entiers, Nagato put se concentrer sur son travail sans avoir l'impression d'être en train de perdre son temps. Parce que cette fois-ci, l'attente était justifiée.

Ils avaient enfin une piste.


Itachi passa une main dans ses cheveux encore chauds du souffle du sèche-cheveu qu'il avait utilisé pour éviter de sortir trempé alors qu'il faisait froid, puis, dans son casier des vestiaires, il attrapa sa chemise qu'il enfila et boutonna avant de récupérer sa montre. Il la considéra, avisant l'heure tardive et il se pencha pour mettre ses chaussures, les laçant rapidement.

S'il se dépêchait, il aurait encore le temps de passer par la librairie avant de rentrer. Il avait promis à Mikan de lui trouver une nouvelle histoire et, même si elle était absente, il préférait s'acquitter de sa tâche tant qu'il y pensait.

Son manteau sur son dos, il quitta les vestiaires et repassa par les plateaux pour saluer Jiraiya. Hinata le saisit au vol pour le prévenir qu'elle aurait un peu de retard le lendemain, puisqu'elle avait un rendez-vous chez l'orthophoniste, puis Sakura l'arrêta également dans sa course pour lui demander de bien penser à revoir les scènes prévues : elle lui avait expédié un courriel indiquant quelques changements qui avaient été effectués et qu'il faudrait qu'il consultât avant d'arriver.

Hochant la tête, il finit par la contourner après avoir déposé un baiser sur le haut de son crâne, puis, l'heure avançant bien trop vite, il choisit de sortir par-derrière, ce qui lui faisait gagner quelques minutes. Normalement, il ne fallait pas utiliser ces portes qui étaient prévues pour l'évacuation en cas d'incendie, mais bon, ce n'était pas comme si elles étaient réellement reliées à une alarme – il fallait tout de même que Jiraiya investît un jour dans un système de sécurité convaincant.

Une fois dehors, il prit une minute pour respirer l'air frais, sortir ses lunettes de leur étui pour les enfiler.

Il entendit un bruit, dans l'allée qui menait vers l'avenue principale. C'était un passage relativement sombre où il n'y avait jamais personne d'habitude. Pourtant, ce jour-ci, des bruits de pas se faisaient entendre et trois hommes finirent par émerger de l'ombre, le considérant avec dédain.

— Hé, mais tu serais pas le mec en couv' de Porn Mag, toi ? tenta celui du milieu – le plus grand.

Ils continuèrent d'approcher alors qu'Itachi reculait jusqu'à la porte. Il n'était pas vraiment difficile de deviner les intentions de ces hommes, pas plus qu'il n'était nécessaire de les respirer pour savoir qu'ils devaient empester l'alcool.

— Le pédé, là ? demanda un deuxième d'un ton aviné.

Le premier qui avait parlé hocha la tête.

— Ouais, celui qui dit qu'il est pédé, mais qui se tape quand même Hime.

— C'est dégueulasse, sérieux, Hime, elle est bonne, elle a besoin de vrais mecs.

Finalement, c'était une chance que ce fût lui et non sa collègue qui eût choisi de sortir par ce côté.

Ne rien dire était, pour l'instant, la meilleure des options. Pourtant, Itachi savait très bien comment ça allait finir. Il écoperait de plusieurs jours d'incapacité temporaire de travail et de pas mal d'hématomes partout.

Glissant la main dans sa poche, il récupéra l'étui de ses lunettes et les retira, pour être certain qu'elles ne seraient pas abîmées pendant l'opération.

— Que puis-je pour vous, messieurs ? finit-il par demander quand il ne fut plus possible de demeurer silencieux.

Les sourires tordus des hommes le firent frissonner. Il essaya rapidement de se souvenir de ce que lui avait appris Nagato pour se défendre, mais rien ne lui venait.

— Si on te démonte la gueule, demanda le troisième. Est-ce que tu crieras comme une pute ?

Des phalanges craquèrent. Itachi heurta la porte en reculant le plus possible.


À bientôt !