Jour 520
Ichibi découvert et surveillé au nord-est de Kaze No Kuni à dix kilomètres au sud, sud-est de Maetô.
Kakuzu
— C'est hors de question, dit aussitôt Madara en lisant par dessus l'épaule de Sakura. Il savait très bien ce dont il était question dans ces quelques lignes car il savait ce qu'elle avait demandé à Kakuzu de faire pour en avoir longuement discuté avec elle.
— Les Bijû sont une des raisons qui provoquera de nombreuses guerres dans le futur, dit Sakura avant de brûler la lettre dans un des braseros avoisinant.
— Il n'est pas question de paix ou de conflit Sakura, il est question que vous êtes enceinte et qu'il est hors de question que ma femme parte s'exposer à deux mois d'accoucher et qui plus est pour probablement combattre un Bijû ! S'enflamma Madara en haussant le ton.
— J'ai beau être enceinte, je suis tout à fait capable de me déplacer, je ne suis pas une faible chose qui doit être préservée dans une chambre. N'oubliez pas qui je suis Madara, rétorqua vivement Sakura qui intérieurement était très flattée de voir le brun s'inquiéter pour elle et sa santé.
— Ma réponse reste inchangée, femme ! Tonna l'homme d'une voix puissante, pensant la faire céder à son injonction.
— Je n'ai pas demandé votre avis Madara et vos grands airs de chef de clan ne me font pas peur, j'ai bien l'intention de partir pour Kaze No Kuni pour rejoindre Kakuzu et accomplir ce pour quoi on se bat depuis le début, dit Sakura avant de se lever sous le regard abasourdi du triumvirat militaire. Celui-ci était composé d'Ashina Uzumaki, Sakura Haruno et de Suzuki.
— Y'a pas à dire j'adore la voir te faire fermer ton caquet, dit Ashina avec un petit sourire.
— La ferme ! Tu devrais m'aider à la raisonner plutôt que de déblatérer pareil connerie ! S'agaça Madara en se levant à son tour pour rejoindre sa femme.
— Ça enlèverai le plaisir de voir le grand Uchiha Madara en chier devant sa femme ! Cria Ashina après que le brun soit sorti de la salle.
— A quel point Sakura-sama est elle puissante Uzumaki-dono ? Demanda Suzuki après cet échange verbal assez particulier entre son Heikage et son épouse alors qu'ils venaient de quitter la salle.
— Je l'ignore... je n'ai eu qu'un aperçu de ses compétences durant la Première Grande Guerre Shinobi et je peux dire qu'en tant que ninja elle atteint un stade que peu de personne ont atteint.
Jour 530
Un effroyable cri se fit entendre sur plusieurs kilomètres dans le désert de Kaze No Kuni. L'air vibra pendant un long moment avant que le son ne s'arrête. C'était le son légendaire du célèbre Bijû : Ichibi. Il était de notoriété que si ce rugissement se faisait entendre cela signifiait qu'il y avait peu de chances de survivre au déferlement de violence qui allait s'en suivre.
D'ailleurs, il était raconté dans les histoires et les légendes que cette créature venait la nuit détruire des villages afin d'assouvir sa soif de sang et de destruction. Ce fut donc presque naturel que tous les habitants avoisinants prirent peur quand ce cri retentit. Personne n'avait jamais entendu ce son, mais tous comprirent immédiatement de quoi il s'agissait.
— Merde ! Ils nous a repéré, dit le Nidaime Kazekage.
En effet celui-ci était accompagné d'une cinquantaine de shinobi et ils avaient encerclé la position du Bijû. Lors de la première guerre, son Jinchûriki avait perdu la vie permettant ainsi au démon à queue de se libérer et de se cacher. C'est pourquoi, le Kage voulait à tout prix reprendre possession de cette créature qui lui apportait sécurité et prospérité à son pays. En effet, lors des négociations de paix et d'équilibre entre les nations orchestrées par Hashirama Senju, le Shodaime Kazekage avait exigé de posséder l'Ichibi car celui-ci avait la particularité de rendre la terre très fertile. Cela avait permis pendant longtemps à ce que le pays du vent subvienne par lui-même à s'approvisionner en ressources alimentaires.
Mais depuis que le démon n'était plus sous contrôle, le pays du vent était au bord de la famine et cette situation ne pouvait plus durer.
— Déployez-vous ! On s'en tient au plan ! Ordonna le Kazekage alors que ses troupes courraient le plus silencieusement en direction du monstre.
Un autre rugissement put être entendu à travers les dunes de sable avec un ciel étoilé comme seul témoin de ce qui se profilait.
Soudain, le vent se mit à souffler très fortement venant de toute part pour converger vers un seul point : le Bijû. En effet celui-ci était en train d'emmagasiner du chakra et inspirer profondément pour cumuler l'air environnement en une immense boule d'air amassée dans sa bouche. Une fois l'air équilibré dans ses poumons et sa bouche, la créature expulsa sa technique de vent droit devant lui. L'attaque partit à une vitesse faramineuse en éradiquant tout ce qui se trouvait sur son passage. Une mini tempête de sable se forma par le mouvement d'air et des particules de sang se mélangeait à tout cela : une dizaine de soldats venait de perdre la vie par cette simple attaque.
— Tenez bon ! Cria le Nidaime Kazekage qui déplaçait une grande quantité de sable autour du démon des sables afin de réduire au maximum ses mouvements.
— Petit insecte ! Tu crois franchement qu'utiliser l'élément qui me compose a la moindre chance de succès contre moi ? Demanda la voix gutturale de l'Ichibi alors que son regard se tournait vers le Kage. D'un mouvement de queue, la moitié du sable qui l'entravait disparut avant que de nouvelle vague de sable le remplace.
— C'est ça... concentre-toi sur moi, chuchota le Nidaime pour lui-même alors que la créature ignorait les autres shinobi.
Cependant, quelque chose attira le regard du Kage sur la gauche au loin : une boule de feu de bonne taille était apparue avant d'exploser suivi d'un cri de douleur. Aucun des ninja qu'il avait emmené avec lui ne maîtrisait le Katon, alors d'où pouvait venir cette technique ? Puis soudainement son œil capta comme un éclat de lumière semblable à un éclair dans le ciel.
— On nous attaque ! Hurla un de ses hommes avant de trouver la mort la gorge tranchée.
L'air se remit une fois de plus à bouger dans tous les sens pour converger de nouveau en direction de la bouche du Tanuki qui le regardait droit dans les yeux. Si ses hommes ne faisaient rien très rapidement le Nidaime allait soit mourir, soit devoir annuler sa technique de maintien pour esquiver cette technique de vent qui s'amassait dans cette gueule géante.
La créature faisait plusieurs dizaines de mètres de haut et la moindre attaque de sa part pourrait raser une ville aisément. Mais alors que la créature aller relâchait son attaque de vent, une multitude de sceaux de Fûinjutsu apparurent sur le Bijû et un sourire se dessina sur le visage du Nidaime Kazekage.
— Ils ont réussi, soupira de soulagement le chef alors que sa technique maintenait correctement l'Ichibi en place afin qu'il ne puisse pas briser le scellement.
Cependant, étant concentré sur son objectif, il ne vit pas la personne apparaître derrière lui et il ne comprit que trop tard ce qu'il se passait alors qu'un bras traversait littéralement sa cage thoracique. La douleur le tétanisa et il cligna des yeux quelques secondes avant de baisser la tête pour voir ce qu'il se passait. Un bras ensanglanté sortait de son torse et son cœur encore chaud battait dans la main de son ravisseur.
— Ton cœur remplacera avec joie celui en ma possession pour le Futon, dit Kakuzu à l'oreille du Nidaime avant de retirer d'un seul coup son bras du corps de l'homme qui s'effondra immédiatement après.
Des centaines de fils noir sortirent de toutes parts du corps de Kakuzu et un masque cousu dans son dos se détacha pour aller jusqu'à sa main. Le masque s'ouvrit en deux et intégra le nouveau cœur en son sein avant de rejoindre le corps de Kakuzu.
— Hmmm tellement de puissance dans ce cœur, jubila le déserteur qui ressentait la puissante affinité qu'avait l'ancien Kazekage. L'immortel porta son regard vers le Bijû qui, dès la mort de son ravisseur, avait pu retrouver un minimum de liberté et ainsi déchaîner la mort et la destruction sur ceux qui tentaient de le sceller. Sans le soutien du Kazekage ils n'avaient aucune chance et Kakuzu apprécia en silence ce carnage au milieu de la nuit froide.
Il ne fallut pas plus d'une minute à Shukaku pour tuer tous ses adversaires avant de tourner son regard vers Kakuzu qui n'avait toujours pas bougé de sa position. Les deux être se regardaient sans broncher, à se juger avant que finalement le démon à queue ne posa une question :
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Tuer tous ceux qui tenteront de te capturer, répondit sans détour le déserteur qui était prêt à se battre si nécessaire contre ce Bijû.
— Pourquoi ? Demanda le Bijû très méfiant. Il avait appris avec le temps à toujours se méfier du genre humain.
— Car je lui ai demandé ! Dit une nouvelle voix, attirant le regard de Kakuzu et du Bijû.
— Qui es-tu insecte ? Demanda la gigantesque créature à cette femme aux cheveux rose avant d'apercevoir l'homme qui l'accompagnait. Soudainement son corps se hérissa et il montra ses crocs alors que sa gueule se froissait de rage. Non ! Je ne me ferais pas sceller de nouveau ! Ne m'approche pas Madara !
— Il n'est pas là pour vous sceller Shukaku-sama ! Intervint immédiatement la femme enceinte en mettant ses mains vers l'avant.
— Comment connais-tu ce nom ? Demanda le concerné complètement surpris. Personne dans le monde ne connaissait ce nom que lui avait donné son père adoré.
— Car celui qui vous l'a donné m'a envoyée afin de vous offrir asile à vous et vos frères et sœurs, dit Sakura avec un doux sourire.
— Mon père ? Répéta le Bijû très méfiant.
— Hai, Ôtsutsuki-sama ne vous a pas oublié Shukaku-sama, rassura Sakura qui jouait à un jeu très dangereux. Elle savait que l'Ichibi était le démon le plus instable et l'un des plus sadiques des démons à queue. La moindre erreur serait dangereuse voire mortelle pour elle.
Juste à côté Kakuzu et Madara écoutaient très attentivement et l'immortel se posa énormément de questions sur qui pouvait bien être cette femme et ce Otsutsuki-sama.
En entendant ce nom, Shukaku ce détendit immédiatement, personne dans le monde de vivant n'avait connaissance de son père et encore moins de son nom. Ce qui signifiait que cette femme ne pouvait dire que la vérité.
— Que désire-t-il ?
— La paix...
Jour 570
S'il y a un mois Sakura pouvait encore se mouvoir sans problème, aujourd'hui ce n'était plus le cas. Elle se souvenait encore de la dernière action qu'elle pouvait faire sans avoir trop difficultés. C'était quand elle avait parcouru la moitié des terres élémentaires pour guider un Bijû à venir à Ta No Kuni. Les habitants du pays furent absolument surpris voire effrayés au début de voir ce gigantesque monstre dans la vallée... mais ils furent rapidement rassurés quand ils virent deux personnes sur son crâne et qu'il traversa la vallée pour se diriger vers le nord. Une annonce fut confiée à toute l'armée afin qu'elle informe le peuple que cette créature était là pour les protéger et qu'il ne fallait pas le craindre.
Sakura savait qu'elle ne pouvait physiquement plus accomplir certaines choses car dans les prochains jours elle donnerait la vie mais elle n'était pas inquiète outre mesure. Comme à son habitude, elle avait longuement étudié les manuscrits médicaux qu'elle avait emporté avec elle et savait tout de la théorie. Elle savait quoi faire pour soulager les douleurs des contractions, comment favoriser la descente du bébé et comment éviter toutes déchirures intimes ou du moins comment les soigner le cas échéant. Elle avait pratiqué quelques accouchements dans sa précédente vie, mais l'exercice auquel elle allait participer avait quelque chose de plus difficile car c'était elle la concernée. Elle avait déjà demandé à ce que Hitomi, Amaya et Hana soient présentes pour l'aider à enfanter. D'ailleurs, Hitomi était revenue à la capitale pour se tenir près d'elle dès que le moment serait venu.
Elle avait eu une grossesse qu'elle pourrait qualifier de facile puisqu'elle n'avait connu aucun désagrément décrit par tant de femmes dans son état. Ce n'était que vers les dernières semaines qu'elle avait commencé à sentir le poids du bébé sur sa morphologie longiligne. Sakura se disait qu'elle avait un avantage sur de nombreuses femmes du fait de son entraînement de kunoichi : son corps était tonique et elle avait pu effectuer toutes les tâches du quotidien jusqu'à présent.
Mais ce matin-là Sakura se sentit étrange à son réveil, elle était pourtant confortablement assise de sorte à soulager le poids de son ventre sur son dos, mais elle savait que ce matin n'était pas comme tous les autres. Elle n'était pas plus fatiguée et n'avait pas de douleurs particulières. Mais elle avait cette intuition qu'aujourd'hui serait sûrement le jour où elle deviendrait mère. Elle décida alors de ne pas se concentrer sur l'issue mais plutôt sur les propres réactions de son corps.
Elle s'installa dans un fauteuil avant de poser délicatement sa main sur son ventre rond tout en le caressant lentement. Elle n'avait jamais compris pourquoi les femmes enceintes faisaient ce geste si souvent, mais quand son ventre avait commencé à s'arrondir elle s'était surprise à machinalement le faire elle-même, comme si cela était ancré en elle. Elle sut alors que c'était une manière inconsciente de créer les premiers liens, certes invisibles, entre la mère et l'enfant. Même si le fœtus ne le ressentait que très faiblement, Sakura savait que cette sensation imperceptible rassurait l'être en son sein. Et la jeune femme avait cet avantage qu'en manipulant le chakra avec précision, elle pouvait augmenter ce lien.
C'était d'ailleurs grâce à Madara qu'elle avait pu utiliser le chakra de cette façon. Elle se souvenait de comment l'homme avait fait usage de l'énergie pour l'apaiser. Elle savait que cela n'aurait aucune conséquence sur le développement du fœtus car le chakra transmis n'avait aucune vertu thérapeutique et n'interférait aucunement avec ses cellules. Alors Sakura utilisait cette technique comme une caresse enveloppante qu'elle fournissait au fœtus et elle avait même permis à Madara de la pratiquer lui-même afin d'assurer ce lien père-enfant
Dès l'instant où elle lui avait annoncé son état, la jeune épouse s'était préparée à ce qu'à un moment donné ils fassent chambre séparée comme cela était pratiqué à l'ère Sengoku. Mais à sa plus grande joie, l'homme avait refusé qu'elle quitte leur chambre conjugale.
— Comment pourrais-je veiller sur vous si vous n'êtes pas à mes côtés Sakura ? Vous êtes mon épouse et la mère de mes enfants : votre place est avec moi et ce peu importe votre état !
Ils avaient donc partagé jusqu'au bout toute cette grossesse : cela avait été une expérience particulière pour l'homme. En effet, il avait dû s'habituer au changement physique de la jeune femme et dépasser ses craintes les plus naturelles : pouvait-il encore la toucher et la faire sienne vu son état ? Sakura l'avait bien évidemment rassuré et ils avaient tous les deux appris au fur et à mesure de l'évolution de la grossesse à se découvrir encore plus et de différentes manières dans l'intimité de leur chambre. Puis, le brun avait également dû apprendre à faire taire son tempérament ultra-protecteur.
Sakura était toute sa vie, son avenir et elle devait être absolument en sécurité mais c'était sans compter sur le caractère de la rose qui ne supportait pas d'être traitée comme une petite chose fragile. Bien des fois, ils se chamaillèrent sur ce que lui jugeait impossible à faire pour elle alors qu'elle était tout à fait en mesure de l'accomplir.
Sur les dernières semaines Sakura avait ralenti le rythme de ses journées car elle ne pouvait effectivement plus marcher de longues heures à travers la cité, le poids du bébé et la fatigue naturelle lié à son état ne le lui permettaient plus. Le brun s'occupait et veillait au développement de leur paix qu'ils construisaient petit à petit.
Ce matin, alors qu'il s'apprêtait à laisser son épouse, il l'observa et trouva qu'elle avait l'air différente. Elle n'avait pas l'air inquiète, mais il savait reconnaître quand la jeune femme était préoccupée par quelque chose.
— Sakura ? Je vous trouve soucieuse, est-ce en rapport avec le bébé ?
Elle posa ses yeux sur l'homme qu'elle aimait et lui accorda un tendre sourire alors que sa main caressait machinalement l'arrondi de son ventre.
— Je n'en suis pas encore totalement sûre, mais je pense que le moment est venu, répondit-elle les yeux brillants d'émotion.
L'homme la fixa longuement essayant de comprendre ce qu'elle était en train de lui faire comprendre jusqu'à ce que cela lui éclate au visage : * le moment était venu*.
— Vous... vous êtes sûre de vous ? S'étonna-t-il lui-même d'oser poser la question alors qu'il n'avait jamais douté des paroles de la jeune femme.
Sakura sourit à la question tant elle pouvait comprendre l'émotion qui pouvait assaillir son époux. Madara Uchiha avait beau être le plus puissant des shinobi, il n'en restait pas moins un homme et surtout un époux inquiet.
Madara avait parfaitement confiance aux capacités médicales de son épouse, mais l'homme savait que parfois les naissances ne se passaient pas aussi bien que prévues et que l'inévitable survenait. Alors qu'il avait trouvé en cette femme sa raison d'être et sa motivation à poursuivre son rêve de paix, il lui était inconcevable qu'elle puisse y laisser la vie en la donnant voire de perdre ces deux êtres qu'il chérissait totalement.
Mais Sakura savait que jamais il ne l'avouerait devant elle : elle avait compris à force de vivre à ses côtés qu'elle ne pourrait jamais exiger de cet homme qu'il lui exprime à longueur de journées son amour pour elle. En bon Uchiha qui se respecte, Madara n'était pas friand de longues conversations surtout quand il s'agissait de sentiment à exprimer.
Sakura s'y était habituée et avait appris à mesurer la différence entre les simples paroles qu'il aurait pu dire et toutes les attentions qu'il avait à son égard. Elle avait découvert à ses côtés que l'expression de l'amour pouvait prendre différentes manières d'être exprimées et l'homme savait très bien lui témoigner la force de ses sentiments.
— Oui Madara, je suis formelle c'est prévu pour aujourd'hui. Mon corps ne peut pas me tromper, affirma-t-elle toujours en souriant avec tendresse.
En effet, Sakura avait été à l'écoute des signaux de son corps et elle avait perçu les premières contractions qui s'exerçaient sur l'ensemble de son ventre arrondi. Les premières étaient passées inaperçues ou plutôt comme normales au vu de son état. Mais Sakura avait fini par noter leur régularité et surtout l'augmentation progressive, pourtant encore infime, de leur intensité. Son ventre se tendait régulièrement depuis quelques heures et quand la douleur commença à devenir une gêne sourde, Sakura sût que leur enfant allait arriver dans les heures qui suivraient.
— Que dois-je faire pour vous aider Sakura ? Demanda Madara en faisant preuve d'une grande maîtrise de lui-même alors qu'il se rendait compte qu'il ne maîtrisait rien du tout en cet instant. Prévoir l'issue d'un combat était beaucoup plus simple que cette affaire-là.
— Allez prévenir Hitomi, Amaya et Hana, elles sauront ce qu'elles doivent faire, dit la future mère avec une voix calme afin d'apaiser son époux.
L'homme s'exécuta immédiatement non sans avoir déposer un léger baiser sur son épouse.
Les trois jeunes femmes arrivèrent rapidement et l'émotion qu'elles ressentaient était visible de tous. Sakura fut émue de les voir devant elle et un sourire heureux s'étira sur son visage avant qu'elle ne se mette à froncer des sourcils alors qu'une contraction plus intense se fit sentir.
— Toutes les combien ? Demanda calmement Amaya en attendant que Sakura puisse à nouveau répondre une fois la douleur passée.
— Toutes les dix minutes depuis une heure et j'ai vérifié le bébé va bien.
— Bien ! Il va être temps d'y aller alors, répondit Amaya. Hana, pourrais-tu t'occuper des affaires ?
Les trois femmes s'occupaient de la future maman s'en se soucier de Madara qui était tout simplement ignoré par les femmes qui s'affairaient autour de son épouse. L'accouchement était visiblement une affaire de femmes et les hommes n'avaient pas leurs mots à dire. Toutefois, l'Uchiha bouillonnait intérieurement d'être ainsi mis à l'écart.
— Que comptez-vous faire avec Sakura ? Prononça-t-il d'une voix un peu forte ce qui fit se tourner toutes les têtes vers lui.
— Uchiha-sama, répondit Hitomi tout en s'inclinant devant l'homme, pardonnez-nous de ne pas vous avoir expliqué plus en détails ce qui se passerait lorsque le moment serait venu. Mais faites-nous confiance, nous nous chargeons de veiller à ce que tout se passe pour le mieux tant pour la mère que pour l'enfant à naître.
Le brun regarda durement les trois femmes avant de porter ses yeux vers ceux de son épouse qui désapprouvait son côté autoritaire dans cette situation.
— Madara, je souhaite que vous me fassiez confiance. J'ai choisi ces femmes pour qu'elle puisse m'aider à donner naissance à notre enfant. Vous m'avez accompagnée et soutenue à chaque instant, mais vous ne me serez d'aucune aide à présent. Laissez ces femmes prendre le relais : elles ont l'expérience nécessaire pour que tout aille pour le mieux.
Sakura avait été sincère comme à son habitude, sa voix avait été douce et posée. Elle faisait comprendre au brun qu'elle-même s'en remettait aux savoirs de ces femmes et qu'il n'avait pas d'autres choix que d'en faire autant. L'Uchiha comprit en voyant son épouse aussi détendue malgré les quelques grimaces de douleurs qui pouvaient apparaître sur son visage, qu'elle était entre de bonnes mains.
— Soit ! Mais il est hors de question que vous marchiez jusqu'à ce centre que vous appelez ''hôpital'' Sakura ! Vous avez vu la distance à parcourir ! S'offusqua le brun persuadé qu'il était dans son droit de soulever cette évidence.
— Ô non mon seigneur, rétorqua Amaya, il le faut malheureusement pour que le bébé prenne le chemin de la sortie. Et plus nous attendons, plus la distance sera difficile à parcourir. Vous pouvez nous accompagner jusque-là si vous le désirez, mais Madame doit marcher et ce malgré les contractions.
Madara était décontenancé : il se rendait bien compte que la physiologie d'une femme enceinte le dépassait complètement et il se résigna à suivre les directives de ces femmes en qui son épouse avait placé toute sa confiance.
Il aida Sakura à se lever de son fauteuil et lui proposa le bras comme soutien. Ils se dirigèrent alors lentement, au rythme de la future maman et des contractions qui la faisaient s'arrêter de plus en plus régulièrement et de plus en plus longtemps. Mais la jeune femme gardait le sourire et son époux restait stoïque devant la douleur qu'il ne pouvait pas soulager.
Pourtant, il avait eu des blessures lors de batailles, mais il réalisait que ce qu'endurait une femme à cette période de sa vie devait être beaucoup plus difficile qu'une blessure par une arme. Il était admiratif devant la ténacité de la rose et eut une pensée pour sa propre mère. Elle avait accompli ce miracle pour chacun des enfants à qui elle avait donné la vie.
Son père avait-il été présent ou avait-elle dû affronter cela seulement entourée de femmes ? Voilà bien quelque chose qu'il ignorait sur ses parents et sur la conduite qu'il devait avoir lui-même aujourd'hui.
Il n'osait pas lui demander à chaque fois qu'elle s'arrêtait si elle allait bien puisque l'expression de son visage suffisait à exprimer la douleur qu'elle subissait. Mais alors qu'il restait encore une centaine de mètres à parcourir jusqu'à l'hôpital de Heiwa, Sakura s'arrêta un plus long moment que les autres fois et elle s'était légèrement recroquevillée sur elle-même pendant qu'une contraction plus douloureuse était en train de lui prendre le ventre, elle serra d'ailleurs sans s'en rendre compte un peu plus fortement le bras de son époux.
— Sakura, comment vous sentez-vous ? Nous sommes bientôt arrivés et vous n'arriverez pas à continuer à ce rythme, s'inquiéta l'homme qui n'en pouvait plus de voir la femme qu'il aimait grimacer de douleur. Pourquoi s'infligeait-elle cela alors qu'elle avait fait des miracles avec lui quand il était sur le point de mourir ?
— Madara, je vous remercie de votre inquiétude, mais je dois passer par ces étapes. Les contractions sont plus douloureuses et plus longues mais cela est un très bon signe. Notre enfant se prépare pour sa venue au monde, le rassura-t-elle quand la contraction s'estompa.
— Ne pourriez-vous pas utiliser une de vos formules de Fûinjutsu pour annuler la douleur ?
La jeune femme ria doucement devant la demande et elle caressa lentement le bras du brun en signe qu'ils pouvaient reprendre la marche.
— Il est prévu que j'y ai recours, mais si je coupe de suite mes circuits de la douleur, je ne saurai pas si les choses se déroulent bien pour l'enfant comme pour moi. Nous, les femmes enceintes, devons passer par cette étape des contractions, mais je vous avouerai que je n'imaginais pas que la douleur pouvait être autant difficile à supporter.
— Pouvez-vous m'expliquez ce que vous ressentez ? Demanda l'Uchiha qui voulait au moins comprendre ce que son épouse traversait depuis qu'ils avaient quitté la demeure.
— Hmm, disons que les muscles de mon ventre se contractent fortement et de façon régulière de sorte que cela exerce une pression sur la poche où se trouve le bébé. Forcément, par réflexe lorsqu'un muscle se contracte, le phénomène inverse se produit mais le relâchement musculaire ne dure pas assez longtemps pour compenser la douleur que provoque la contraction. En plus, vous imaginez bien que le bébé se trouve à l'étroit à l'intérieur de moi alors tout mon corps est soumis à des fortes pressions et tensions.
— Alors pourquoi marcher alors si cela vous provoque autant de douleurs ?
— Parce que cela permet au bébé de descendre. Le corps d'une femme est fait de sorte que lorsque l'enfant est prêt à naître, il entame une descente vers la sortie. Les contractions, associées à la marche et au fait que les choses sont naturellement attirées vers le sol guide le bébé à trouver le chemin de la sortie. Et je sais que tout se passe pour le mieux et que notre enfant est dans la bonne position puisque je sens de plus en plus une lourdeur qui appuie à l'intérieur de moi.
Il aimait profondément cette femme et il était fière qu'elle soit son épouse et la mère de sa descendance. Une fois les portes de l'hôpital franchies, Madara n'eut plus eu d'autres choix que de laisser Sakura aux mains expertes des personnes qu'elle avait choisi. Il l'embrassa tendrement son épouse sur le front et fit éclater autour d'elle et de l'enfant une petite dose de chakra réconfortant. Sakura l'accueillit avec bienveillance et regarda une dernière fois l'homme qu'elle aimait avant de suivre les trois femmes vers une des salles dédiées à l'accouchement.
Madara resta un moment debout à regarder sa femme être emmenée et se sentant impuissant face à l'instant, il quitta les lieux pour marcher au dehors en direction de la muraille.
— C'est frustrant n'est-ce pas ? Demanda Ashina qui avait lui aussi rejoint la muraille. C'était un homme qui savait toujours se trouver un bon endroit au bon moment.
— Je déteste ne pas avoir le contrôle de la situation, répondit Madara en faisant les cents pas sur la muraille.
— Comme tous les hommes de pouvoir, il n'est pas dans notre nature de ne pas pouvoir tout contrôler, mais malheureusement ce sont des affaires de femmes et n'avons pas notre mot à dire sur cela.
— Toi plus que quiconque devrais comprendre ma crainte, rétorqua Madara et Ashina eu un voile de tristesse dans son regard.
— Oui... je comprends mieux que quiconque, répéta doucement Ashina avant de regarder l'horizon. Il repensait à sa femme qui avait perdu la vie en mettant au monde leur fille Mito. Mais tu as l'avantage d'avoir une femme avec des connaissances hors du commun.
— J'espère que tout ira bien...
— Bah, elle t'a épousé... le plus pénible est déjà fait, taquina Ashina.
Une fois Madara laissé en arrière, Sakura laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Elle était soulagée d'une certaine manière qu'il ne soit pas présent pour assister à l'accouchement. Elle ne voulait pas qu'il soit choqué par ce qui allait se dérouler par la suite. En effet, pour en avoir déjà réalisé, la naissance d'un enfant était certes un acte magnifique dans la conception mentale mais les hommes n'étaient pas forcément prêts à voir comment cela se déroulait physiquement. Car après tout, le corps et surtout l'intimité de la femme pouvaient ne plus être perçus comme une zone de plaisir mais uniquement comme destinés à enfanter. Sakura se souvenait parfaitement de la première femme qu'elle avait aidée et même si elle n'était pas effrayée par le sang et l'acte en lui-même, voir un enfant sortir d'une femme pouvait être quelque chose de particulier à observer quand on n'avait pas un œil totalement médicalisé sur l'évènement. Et pour rien au monde elle aurait souhaité que son époux assiste à cela et elle remerciait, malgré tout, les pensées actuelles qui excluaient les hommes et les pères de cette partie de la vie d'une femme.
— Sakura-sama ? Comment vous sentez-vous ? Demanda Amaya tout en l'aidant à se dévêtir afin qu'elle soit plus à l'aise pour la suite.
— Cela peut aller Amaya, contractions toutes les cinq minutes depuis trente minutes je pense et je sens que la tête appuie vers le bas.
— Bien, nous allons regarder cela de plus près si tu veux bien t'installer, indiqua Hitomi en lui désignant la table qui était présente au milieu de la pièce.
Les trois femmes se préparèrent également en se lavant soigneusement les mains et en s'habillant de vêtements adaptés que Sakura avait fait faire lorsqu'elle avait créé l'hôpital. En effet, Sakura avait commencé à instaurer les premières règles d'hygiène concernant les salles de blocs opératoires, comme ce qu'elle connaissait dans son futur. Même le mobilier et le matériel étaient révolutionnaires pour l'époque actuelle mais ils avaient déjà fait leurs preuves.
Sakura s'installa du mieux qu'elle put sur la table d'accouchement qu'elle avait également fait faire grâce à tous les plans qu'elle avait ramené dans ses affaires. La jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de trouver la situation étrange de se trouver à la place d'une patiente alors que jusqu'à présent c'était elle le médecin.
Lorsqu'elle s'installa en position semi-assise, une vive douleur lui prit tout le bas du dos en remontant vers son ventre. Aucun doute possible, la pression du bébé appuyait sur son bassin et sur les nerfs qui innervaient son sacrum et la zone pelvienne. Elle grimaça de douleurs et se concentra sur autre chose pour essayer de canaliser la sensation. Elle ferma les yeux et respira lentement de sorte à calmer son rythme cardiaque et surtout déterminer quand elle pourrait appliquer le sceau de Fûinjutsu qu'elle avait placé entre sa troisième et quatrième vertèbre lombaire.
Sakura avait fait de nombreuses recherches et elle avait décidé qu'elle soulagerait la douleur provoquée par l'accouchement sans pour autant l'annuler. Elle voulait pouvoir ressentir le travail mais rester suffisamment consciente et actrice de son accouchement. Elle savait qu'à l'aide du Fûinjutsu il serait plus facile pour elle d'endormir certaines racines nerveuses sans pour autant les bloquer définitivement. Elle aurait pu se fabriquer un sérum qui lui aurait donné ces mêmes effets mais Ta No Kuni n'avait pas assez développé les plantes médicinales.
En se concentrant sur ses ressentis, Sakura sût qu'il était encore trop tôt pour appliquer son sceau et elle eut la confirmation lorsque Hitomi se plaça entre ses cuisses afin de vérifier où en était l'avancée du travail.
— Ce n'est pas encore pour tout de suite... courage ma fille, tu t'en sors très bien. Est-ce que tu arrives à gérer la douleur ? S'inquiéta la quadragénaire en observant la jeune femme qui tentait de garder le sourire malgré les contractions qui se faisaient de plus en plus proches.
—Oui ça peut aller, mais les douleurs sont beaucoup plus tranchantes si je peux les décrire ainsi.
— As-tu peur Sakura ? Demanda Amaya qui s'était positionnée à l'arrière de la jeune femme, sur sa droite, alors qu'Hana était sur sa gauche.
La future mère garda le silence un moment face à la question tout à fait légitime.
— Un peu... je sais parfaitement comment le corps d'une femme fonctionne à cette étape mais je ne pensais pas que la douleur pouvait être aussi aléatoire et aussi vive selon les moments.
— Rassure-toi, tu n'es ni la première ni la dernière à connaître cela, fais-nous confiance et tu verras tout se passera bien.
Sakura n'avait plus aucune notion du temps car tout était rythmé en fonction des contractions qui se faisaient de plus en plus rapprochées. Après un autre contrôle de l'état de son col, Hitomi suggéra à la jeune femme que si elle voulait utiliser sa technique de magie il serait mieux que cela soit fait maintenant car à tout moment la délivrance pouvait arriver.
Hana et Amaya aidèrent la jeune femme à se redresser qui se plaça le dos rond. Elle fit passer ses doigts sur ses vertèbres à la recherche de l'espace où elle avait placé le sceau. Sakura ferma les yeux et se concentra, il était difficile de faire le vide dans son esprit, tant la douleur de la contraction était vive dans cette position et surtout qu'elle avait peu de temps entre chaque pour agir. Mais Sakura avait l'habitude de rester calme et d'agir au moment opportun.
Quand elle réussit à se caler sur le rythme de son propre corps, elle activa le sceau tout en maintenant quelques secondes sa respiration. Immédiatement elle sentit comme un relâchement au niveau de son bassin et de toute sa zone pelvienne. Elle ressentait l'action mécanique de la contraction mais la douleur n'était plus du tout aussi vive. Elle était comme étouffée, toujours présente mais beaucoup moins intense. Les deux servantes aidèrent à nouveau Sakura à s'installer sur la table qui profitait de cet instant de répit au niveau du ressenti de la douleur pour se concentrer sur sa respiration et sur les autres signaux de son propre corps.
Puis soudain, une contraction se fit plus forte, elle ne l'avait pas senti venir et elle en eut le souffle coupé lorsqu'elle ressentit la pression qui s'exerçait sur son ventre suivi d'une sensation d'aspiration lorsqu'elle se rendit compte qu'un liquide s'écoulait d'entre ses jambes.
Hitomi n'avait pas perdu une miette de ce qui était en train de se dérouler : la rose venait de perdre les eaux ce qui signifiait que le moment était tout proche.
— Sakura, tu vas ressentir l'envie irrépressible de pousser. Ne te retiens surtout pas jusqu'au moment où je te l'ordonnerai. Mais le moment est arrivé, il va falloir pousser pour faire sortir cet enfant. Cale-toi sur les contractions et n'oublie pas ce que nous avons appris, d'accord.
A peine Hitomi venait de lui donner ses recommandations que Sakura sentit comme la sensation que le bébé glissait littéralement de son corps. Malgré le sceau de Fûinjutsu, la douleur était puissante et irradiait dans tout son bassin, et comme si elle avait fait cela toute sa vie, Sakura sût qu'elle devait accompagner par sa poussée ce que la contraction faisait de son côté.
Elle entendait à peine les conseils des deux femmes derrière elle qui lui tenaient la main. D'ailleurs, Sakura ne se rendait pas compte de la force qu'elle employait quand elle serrait ses deux mains sur celles de ses amies. L'effort était indescriptible mais elle sentait clairement l'enfant descendre vers la sortie. Son corps se modifiait à chaque poussée et elle ressentit une espèce de déchirement interne non douloureux quand la tête de l'enfant passa vers l'extérieur.
A cet instant, Hitomi lui ordonna d'arrêter de pousser de sorte qu'elle puisse se saisir manuellement de l'enfant. Une fois complètement dehors, Sakura ressentit comme une espèce de vide en elle, la douleur et les contractions s'étaient estompées. Toute son attention était à présent portée vers le nourrisson qui était en train de pousser son premier cri : celui de la vie
Sakura versa une larme de joie, tout comme les femmes à ses côtés. Elle avait réussi : elle venait de donner naissance à son premier enfant. Amaya avait rejoint Hitomi pour se saisir de l'enfant et lui prodiguer les premiers soins après que la quadragénaire avait coupé le cordon qui reliait le nourrisson à sa mère.
— C'est une fille Sakura, une magnifique petite fille, dit la voix pleine d'émotions Hitomi.
— Est-ce qu'elle va bien ? Demanda la rose qui était bouleversée par ce qu'elle venait de vivre
— Oui, tout va bien. Amaya va s'occuper d'elle le temps que nous finissions ici. Tu vas de nouveau ressentir des contractions et c'est normal, nous devons finir d'expulser ce qui te reliait à ton enfant. Tu es prête ?
Effectivement, plusieurs minutes s'écoulèrent encore avant que les contractions ne reprennent. Hitomi aidée d'Hana s'occupa de Sakura afin de vérifier qu'il n'y avait aucun saignement anormal lié à l'accouchement. Et une fois tout cela fait, Amaya s'approcha avec l'enfant qui était placé dans une serviette épaisse pour ne pas qu'elle attrape froid.
La femme déposa l'enfant sur la poitrine dénudée de la nouvelle maman afin que le premier contact en peau à peau se fasse. Sakura avait les larmes aux yeux devant cette petite merveille encore toute fripée : le miracle de la vie avait eu lieu et il se tenait tout contre elle.
Naturellement, l'enfant chercha le sein nourricier de sa mère et le temps semblait comme suspendu tout autour d'elles. Sakura ne remarqua même pas que Hana les avait couvertes de sorte qu'elles ne soient pas dans les courants d'air ni même que les femmes s'étaient retirées après avoir nettoyé la pièce pour que Madara puisse venir voir sa femme et son enfant.
La jeune femme était plongée dans la contemplation de cette enfant blottie contre elle quand son époux fut autorisé à entrer dans la pièce. Madara n'était pas connu pour être quelqu'un d'émotif mais alors qu'ils n'étaient que tous les trois dans la pièce, l'homme sentit son cœur éprouver un mélange d'émotions qu'il ne connaissait pas encore : un mélange de joie et de fierté.
Il n'avait jamais imaginé être un jour autant attendri devant une telle scène. Sa vie n'avait été faite que de guerres, de sang et de mort. Jamais il n'avait envisagé que la vie pouvait être aussi simple que cette constatation : la vie pouvait être aussi synonyme de vie, de bonheur et d'amour.
Sakura lui avait appris à aimer et lui avait montré qu'il avait droit lui aussi au bonheur sur cette terre malgré la guerre et les conflits. Et à présent, il connaissait un autre bonheur : celui d'être un père. Il ne savait pas comment définir ce qu'il ressentait à l'intérieur de lui-même, mais il pouvait facilement se faire une idée de ce que son père et tous les autres pères avant lui avaient pu éprouver dans cette situation identique.
Mais ce dont il était sûr à l'instant présent, c'était qu'il était soulagé de voir que sa femme et son enfant avaient survécu à l'accouchement.
— Tout va bien ?
— Hai, chuchota très faiblement Sakura épuisée par cette expérience.
— Est-ce un garçon ou une fille ?
— Une fille.
Leur enfant avait déjà une petite touffe de cheveux brun, caractéristique du clan Uchiha et alors que Madara fixait sa fille celle-ci ouvrit les yeux.
— Elle semble avoir vos yeux, chuchota Madara complétement ému. Comment allons-nous l'appeler ?
— Espoir...
Alors que le couple était plongé dans cette bulle de bonheur, ni l'un ni l'autre ne savait qu'ils étaient observés et ce depuis un long moment.
En effet quelqu'un était très attentif à ce qu'il venait de se passer et un sourire satisfait apparut sur son visage avant de chuchoter une phrase tellement faiblement qu'elle ne fut perçue que par lui-même :
— Enfin...
