Chapitre 27 - K : Et après ?
Les mois puis les années passèrent. Dale était reconstruite en majeure partie par les humains mais aussi grâce à l'aide de leurs voisins. Fíli régnait avec l'aide de Kíli et de multiples conseillers. Grâce à leurs richesses obtenues avec la reconquête d'Erebor, les nains de la compagnie s'installèrent confortablement sous la montagne. Étant en période de paix, les Nains d'Erebor profitaient pour le mieux de leur montagne. Les elfes de la Forêt Noire réussirent à chasser les araignées géantes petit à petit et leur royaume devint plus paisible. Tauriel était restée à Erebor et s'occupait des relations entre les nains et les elfes. Le roi Thranduil s'y était d'abord opposé mais il avait fini par s'y résoudre.
Après la reconstruction de Dale, Aghäte était venu habiter à Erebor. Elle avait fini par apprendre le Khuzdul et Fíli lui avait laissé en charge la bibliothèque de la ville. Au départ, elle avait eu beaucoup à faire. Ranger, trier, organiser, elle s'activait avec l'aide d'un vieux nain et de deux jeunes naines. Au bout de quelques années, elle avait fait le tour de la cité et l'ennui la hantait de plus en plus. Elle voulait partir, voyager, sortir de cette montagne. Pourquoi ne pas enrichir la bibliothèque de nouveaux ouvrages ?
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Un jour, Aghäte rangeait des livres arrivés de Bree. La bibliothèque était calme et silencieuse et peu de nains y venait. L'idée de partir en voyage pour ramener de nouveaux livres la hantait et elle ne pouvait penser à autre chose. Elle avait déjà discuté de son projet avec Tauriel mais elle angoissait d'avance d'en parler Kíli. Néanmoins, elle avait pris sa décision. Elle avait même déjà acheté ce qu'il fallait pour son départ.
Ce soir-là, elle avait demandé à Tauriel de passer après son travail pour discuter de son départ puis elles iraient boire un verre à la taverne. Quand son amie arriva, elle posa ce qu'elle était en train de faire et la rejoignit. Elles s'asseyèrent sur une chaise pour discuter.
- Nous n'allons pas déranger à discuter ici ?, demanda l'elfe.
- Non, il n'y a personne. C'est plus des archives qu'une bibliothèque. Peu de nains viennent réellement ici. De plus, mes assistants sont déjà partis.
- D'accord... Tu voulais me parler de ton départ, n'est-ce pas ? Tu as prévu une date ?
- Oui mais-
- Ton départ ?, s'écria une voix qui résonna dans toute la pièce.
La semi-humaine sursauta et regarda autour d'elle. Elle remarqua que Tauriel ne semblait pas surprise et regardait même dans une direction précise. Derrière une colonne, Kíli sortit en avançant rapidement.
- Ton départ ?, répéta-t-il énervé.
Aghäte se leva de sa chaise et recula de quelques pas. Elle vit Tauriel se lever également.
- T-tu savais qu'il était là ?, demanda-t-elle choquée à son amie.
- Oui je l'ai entendu mais-
- Laisse-là en dehors de ça !, s'exclama le nain en arrivant devant Aghäte. Tauriel, peux-tu nous laisser seuls ?
L'elfe acquiesça et sortit rapidement. Pensant qu'elle allait s'enfuir, Kíli lui prit le poignet. Elle paniquait mais elle se disait qu'il fallait bien le mettre au courant à un moment. La tenant fermement, il attendait qu'elle lui réponde.
- Je vais quitter Erebor un petit moment. Kíli, ce n'est absolument pas contre toi mais je ne peux pas rester dans cette bibliothèque et sous cette montagne indéfiniment. J'ai besoin de m'aérer. Je vais partir quelques jours pour rechercher de nouveaux livres.
- Combien de temps ?, demanda-t-il en essayant de garder son calme.
- Hum, quinze jours.
- Quand pars-tu ?
- Ah. Hum… Dans trois jours, dit-elle en évitant son regard.
- Et tu ne m'as rien dit ?!, s'écria-t-il en serrant davantage le poignet qu'il avait en main. Aghäte, tu… Tu comptais partir sans me le dire ?
Il finit par lui lâcher le poignet et son regard changea de la colère à la tristesse. Elle s'avança vers lui et le prit dans les bras. Elle n'avait pas du tout prévu que cela se passerait ainsi.
- Pas du tout ! Je voulais te le dire calmement et te demander de venir avec moi. Et pourquoi te cachais-tu ?
Voyant qu'il ne disait rien, elle répondit à sa place.
- Tu voulais encore me faire une plaisanterie nulle. Avoue…
- Absolument pas ! Enfin peut-être mais elle n'était pas nulle !
Aghäte rit légèrement et relâcha Kíli. Il avait toujours l'air de ne pas avoir digéré la nouvelle. Il se recula un peu avant de parler.
- Hum, laisse-moi jusqu'à demain matin pour y réfléchir, dit-il en regardant le sol.
- Oui bien sûr !, sourit-elle.
Elle s'avança doucement pour l'embrasser mais il recula d'un pas. Elle n'insista pas et elle le vit sortir de la pièce silencieusement sans la regarder une seule fois.
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Le lendemain matin, Aghäte s'habillait lentement. Ayant très peu dormi, elle avait du mal à se réveiller. Elle n'était encore qu'en sous-vêtement lorsque quelqu'un tapa à la porte. Elle allait s'avancer vers la porte pour dire qu'elle n'était pas encore habillée mais elle la vit s'ouvrir avant. Kíli ferma rapidement la porte avant d'avancer vers elle d'un pas décidé.
- Kí-Kíli, bafouilla-t-elle en reculant de quelques pas. Je ne suis pas encore habillée. Si c'est pour hier, je-
Elle ne put dire un mot de plus car le nain l'avait attiré vers elle et l'embrassait passionnément. Plus que surprise au début, Aghäte bloqua puis finit par répondre à son baiser. Kíli mit doucement fin à leur baiser.
- Je veux bien que tu partes mais à une seule condition, murmura-t-il.
- Oui ?
- Je veux que tu aies toujours cet objet sur toi.
Il recula un peu et sortit un petit objet de la poche de sa veste. Aghäte ne put le voir qu'au moment où Kíli le déposa dans ses mains. Il s'agissait d'un bijou de cheveux. Elle savait très bien ce que signifiait cet objet. Elle voulut parler mais il la devança.
- Je ne te demande pas de m'épouser... Juste d'accrocher ce bijou à tes cheveux tous les jours.
- Bien sûr !, sourit-elle en glissant sa main sur la joue du nain et en le regardant affectueusement. Je l'aurais toujours sur moi ! Promis !
Kíli s'avança alors vers sa semi-humaine et l'embrassa tendrement.
…
Les mois puis les années passèrent rapidement. Aghäte était souvent en voyage mais revenait toujours à Erebor. Au début, les voyages duraient des semaines puis certains durèrent des mois. Certaines fois, elle revenait même blessée et devait passer par la Forêt Noire pour se faire soigner avant de rentrer.
Elle avait ramené un nombre considérable de livres de toutes langues à la bibliothèque d'Erebor. Le roi Fíli lui avait même permis d'agrandir la pièce.
Un jour, en fin de soirée, la semi-humaine venait de rentrer de voyage. Elle déballait ses affaires dans la chambre qu'elle partageait avec Kíli. Depuis qu'elle avait décidé de voyager, son nain lui avait dit de partager la même chambre pour qu'ils puissent se voir au maximum avant qu'elle reparte. Généralement, elle restait plusieurs semaines avant de partir.
Kíli avait dû apprendre son retour par quelqu'un car il venait de se précipiter dans la chambre pour la prendre dans ses bras. Elle ne put s'empêcher de grimacer quand il la serra. Avec l'âge, il avait gagné en force et ne savait pas très bien la gérer ; surtout quand elle revenait d'un long voyage. Il allait l'embrasser quand il remarqua sa grimace.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es partie longtemps mais je n'ai pas tant changé que cela, plaisanta-t-il. Tu n'as pas oublié mon visage ?
- Comment pourrais-je oublier un nain aussi idiot ! Non c'est seulement que… Je me suis cassée le bras et-
- Quoi ?, s'écria-t-il. Qu'as-tu encore fait pour récupérer un livre ?
- Calme-toi et assieds-toi, je vais te raconter.
Ils s'assirent côte à côte sur le lit et comme à son habitude, Aghäte lui raconta son voyage. D'habitude, il adorait l'écouter narrer ses expéditions mais là un détail changeait des fois précédentes. Elle avait failli y perdre la vie. Plus elle continuait son histoire, plus elle le voyait bouillir intérieurement. Il était devenu plus patient au fil des années et elle voyait bien qu'il la laissait finir.
Le récit terminé, elle se tut en attendant sa réaction. Il s'approcha pour lui caresser les cheveux et prendre une petite tresse avec un bijou au bout.
- Il est tant que tu arrêtes tes voyages, Aghäte. Fais-le pour moi s'il te plait. Je n'en peux plus de m'inquiéter pour toi constamment… Tu as vu dans quel état tu rentres maintenant ?
- Je suis désolée Kíli… Je t'avoue que j'ai vraiment eu peur cette fois-ci. En vérité, je voulais attendre à la Forêt Noire que j'ai fini de guérir mais tu me manquais beaucoup trop.
Il la prit dans ses bras et le serra fort avant qu'il ne la sente se raidir. Sous l'émotion, il n'avait pas fait attention à sa blessure.
- Ce n'est pas grave. J'irais mieux dans quelques jours.
- Évidement que c'est grave. Ne part plus seule en voyage. Reste à Erebor avec moi, dit-il en lui caressant la joue.
- Ou sinon tu viens avec moi ! Je suis certaine que le roi peut se passer de toi !, dit-elle en commençant à le chatouiller sur les côtes.
- On verra cela plus tard. Et arrête ça ! Tu sais que je déteste les chatouilles !
- C'est bien pour cela que je t'en fais !, rit-elle en continuant.
- Je vois. Alors tu ne m'en voudras pas si je te fais pareil ?
Kíli passa ses mains sous le haut de la semi-humaine et commença à la chatouiller. Elle se tordit dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle perde l'équilibre et que le nain la rattrape de justesse.
- Un bras cassé ne te suffit pas ?, dit-il avec un sourire victorieux. J'ai gagné ou on continue ?
- Je m'avoue vaincue, oh grand Kíli. Peux-tu me lâcher maintenant ? J'ai des choses à faire avant d'aller dormir.
- C'est hors de question, murmura-t-il en approchant de l'oreille d'Aghäte. Pour le moment, nous allons profiter de notre nuit de retrouvaille comme il se doit !
Le nain déposa de légers baisers dans le cou de celle qu'il aimait tout en gardant ses mains sous son haut. Aghäte posa sa main sur la joue de Kíli pour qu'il passe de son cou à ses lèvres. Le nain la laissa faire tout en la faisant basculer doucement sur le lit.
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Le temps continua son cours et Aghäte reprit la gestion de la bibliothèque. Kíli et Fíli passaient la plupart de leur temps ensemble avec d'autres conseillers à gérer Erebor. Elle lui rendait visite de temps à autre et croisait souvent les nains de la compagnie. Quand elle allait à Dale, elle rendait visite à Bard, qui était maintenant vieux et prêt à céder Dale à son fils, et à ses enfants qui avaient eux-aussi des enfants désormais.
Les jours et les mois s'enchaînaient et se répétaient. Aghäte était heureuse de vivre avec Kíli mais elle sentait qu'il lui manquait quelque chose. Comme précédemment, elle voulait repartir. Elle était torturée entre l'envie de partir et la peur de perdre Kíli si elle le faisait.
Elle en avait parlé à Tauriel, qui occupait toujours le même poste toutes ses années. Aghäte ne comprenait pas pourquoi son amie était restée à Erebor toutes ses années mais elle devait s'y plaire puisqu'elle ne se plaignait pas. L'elfe lui avait conseillé d'en discuter avec Kíli pour éviter la même dispute de l'autre fois. Elle finit par se convaincre de lui parler.
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Un soir d'été, Kíli et Aghäte étaient assis sur leur rempart favori, les jambes dans le vide et à discuter un verre à la main.
- Il est très bon cet alcool !, dit le nain en le buvant d'un coup sec.
- Oui mais fais attention, il donne mal à la tête. Tu te souviens de la soirée à Fondcombe après avoir perdu mon pari ? C'est le même alcool, sourit-elle nostalgiquement.
- Oui je me souviens… On avait tellement rit. Même mon oncle avait bien rit, soupira-t-il.
- Vous vous en sortez avec Fíli sur l'histoire des taxes entre les nains et les humains ?, demanda-t-elle pour changer de sujet.
- Oui, on a presque fini. Je crois que Fíli voulait voir quelques points avec toi.
Le nain servit les deux verres vides et tourna son regard vers l'horizon. Le calme et la paix régnaient à perte de vue. Kíli attendit qu'Aghäte boit son verre pour lui reprendre la conversation.
- Tu voulais me parler de quelque chose ?
- P-pardon ?
- Tu veux toujours venir ici quand tu as quelque chose d'important à m'annoncer. Comme la fois où tu pensais être enceinte, rit-il gentiment. Qu'est-ce que c'est aujourd'hui ?
Aghäte hésitait encore à lui parler. Elle posa son verre vide et regarda ses genoux.
- J'aimerais repartir voyager, dit-elle doucement.
- On en a déjà discuté…
- Essaie de me comprendre !, s'écria-t-elle plus fort qu'elle ne le voulait.
- Non, toi essaie de me comprendre ! Tu pars pendant des mois !
- Viens avec moi alors ! Si tu voyais tout ce qu'i découvrir en dehors de cette montagne !, dit-elle en lui attrapant le bras. Même les montagnes bleues ont beaucoup changé.
- Je ne peux pas venir avec toi et tu le sais très bien. Il est hors de question que je laisse Fíli seul ici !, s'écria-t-il à son tour.
- Mais il n'est pas seul ! Et nous reviendrons toujours ici quoi qu'il arrive !
- Tu me demandes de choisir entre mon frère et toi. Tu connais déjà ma réponse, non ?!
- Non je ne te le demande pas…, murmura-t-elle les larmes aux yeux en lâchant le bras du nain. Je voudrais seulement pouvoir rester avec toi tous les jours et te faire découvrir tout ce que j'ai vu en dehors de cette montagne…
- Et si je n'en n'ai pas envie ?, demanda-t-il fermement sans la regarder.
- Dans ce cas, il vaudrait peut-être mieux que chacun vive sa vie de son côté…
Aghäte se leva difficilement. Elle fit quelques mètres et au détour d'un couloir, elle finit par craquer. Ses larmes ruisselaient sur ses joues. En marchant, elle percuta quelqu'un. Elle s'excusa en cachant son visage et voulut continuer son chemin mais le nain l'arrêta.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Aghäte ?, demanda Fíli qu'elle reconnut malgré l'obscurité de l'endroit.
- Ce n'est rien, dit-elle en tournant rapidement sa tête. Juste une dispute avec Kíli.
- Ce n'est pas rien, dit-il en glissant sa main sur le visage d'Aghäte pour lui sécher ses larmes dans le coin des yeux. Je ne te vois jamais pleurer. Qu'a-t-il fait encore cet idiot ?
- C'est moi, répondit-elle en souriant au mot « idiot ». Je voulais repartir en voyage mais Kíli ne veut pas.
- Vu l'état dans lequel tu es rentrée la dernière fois, je le comprends. À sa place, je ne t'aurais jamais laissé partir du tout !
Entre les paroles du roi et sa main sur sa joue, Aghäte commençait à être gênée. Elle lui retira sa main et recula un peu avant de continuer de parler.
- Je lui ai proposé de venir avec moi mais il ne veut pas. Je peux le comprendre mais… Enfin bref, j'imagine que c'est normal que nos chemins se séparent un jour, dit-elle en essayant de se convaincre et de ne pas pleurer.
- Veux-tu que je te fasse préparer une autre chambre ?, demanda-t-il aimablement. J'imagine que tu ne retournes pas dans celle de mon frère.
- Je vais aller dans la chambre de Tauriel. Mais je te remercie pour la proposition. Et merci de m'avoir écouté. Je te souhaite une bonne nuit, Fíli.
Fíli lui souhaita également une bonne nuit et Aghäte repartit de son côté pour se rendre dans la chambre de son amie.
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Le lendemain, Aghäte décida de partir. Elle ne voulait pas rester plus longtemps sous la montagne. Elle avait besoin de se changer les idées. Son amie Tauriel avait essayé de la dissuader mais elle n'y réussit pas.
Le matin, elle rédigea une lettre pour Kíli dans laquelle elle expliquait qu'elle partait un moment et qu'ils discuteraient quand elle serait revenue, s'il le souhaite. Elle attendit qu'il quitte sa chambre pour préparer ses affaires et déposer la lettre.
Après être passée à la bibliothèque pour prévenir ses collègues qu'elle partait plusieurs semaines, elle alla à la Forêt Noire. Elle resta quelques jours avec son père avant de reprendre la route.
Sa destination finale était la Comté. Dans la dernière lettre qu'elle avait reçu de Bilbon, il lui avait expliqué qu'il avait recueilli un neveu et elle voulait lui rendre visite. Elle passa chez Beorn quelques jours puis elle s'arrêta à Bree un bon moment. Quitte à rendre visite à un hobbit, autant arriver les mains pleines !
Plus d'un mois s'était écoulé depuis qu'elle était partie d'Erebor, ses journées bien remplies lui permettaient d'oublier sa dispute avec Kíli. Elle n'y pensait que le soir lorsqu'elle se couchait. Du bout de ses doigts, elle remuait le bijou qu'il lui avait donné et qu'elle accrochait toujours à ses cheveux. Elle se disait qu'elle réfléchirait à son retour à Erebor après sa visite chez Bilbon.
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Un jour chaud d'automne, Aghäte arriva à la Comté avec son cheval fatigué à cause de tout ce qu'il portait. Arrivée à Hobbitebourg, elle était descendue de celui-ci pour l'alléger ; avant de monter la dernière colline qui l'attendait.
C'était l'après-midi et le soleil s'était installé haut dans le ciel. Étant déjà venue plusieurs fois, elle connaissait bien le chemin.
Enfin arrivée devant la maison de Bilbon, elle vit la porte de la maison de Bilbon grande ouverte et un jeune hobbit en sortir en courant. Il bouscula Aghäte et s'arrêta devant elle. Elle lui sourit puis entendit Bilbon rouspéter de l'intérieur de la maison. « Je vais devenir fou si cela continue… » qu'il disait.
Quand Bilbon sortit enfin, il vit Aghäte et son énervement s'envola.
- Aghäte ! Comme je suis heureux de vous voir !, dit-il souriant en s'approchant d'elle. Je vous présente Frodon. Il est gentil mais il est encore jeune. Il me fait courir partout…
- Enchantée de faire ta connaissance Frodon !, lui dit-elle avec enthousiasme.
- Enchanté…, répondit timidement le jeune hobbit.
- Vous vous en sortez avec les enfants ?, demanda-t-il fatigué en caressant les cheveux de son neveu.
- Plus ou moins. J'ai réussi à gérer Kíli alors je devrais pouvoir gérer un jeune hobbit, plaisanta-t-elle.
Bilbon rit à sa plaisanterie et s'avança vers le cheval de la semi-humaine. Frodon, encore plus curieux que son oncle, commença à toucher aux sacoches. Bilbon le gronda légèrement avant qu'il ne se tourne vers Aghäte.
- Vous avez amenez bien des choses. Il ne fallait pas !
- Je n'allais pas arriver les mains vides. J'ai même des jouets pour les enfants qui sont sages, dit-elle au jeune Frodon en lui faisant un clin d'œil.
- En parlant d'enfants sages, nous allons commencer à décharger votre cheval avec Frodon. Il y a un autre enfant dans la maison, pouvez-vous aller le chercher pour qu'il nous aide ?
- Oui, bien sûr !
Après avoir caresser son cheval pour le rassurer de la présence des deux hobbits, Aghäte se dirigea vers la maison de Bilbon. Même si la porte était ouverte, elle y toqua dessus pour signifier sa présence. Elle n'entendit aucune réponse mais elle entra tout de même.
À l'intérieur, elle avait du mal à y croire mais le désordre était partout, dans chaque pièce. Le pauvre Bilbon avait en voir de toutes les couleurs avec ses deux enfants.
Elle entra dans chaque pièce pour trouver l'autre enfant que Bilbon voulait qu'elle ramène. Pourtant elle avait beau l'appeler ou fouiller chaque pièce, il n'y avait personne. « Peut-être qu'il est déjà parti rejoindre Bilbon dehors. » se dit-elle en se dirigeant vers l'extérieur.
Au moment où elle s'avança pour sortir du bureau, elle sentit des mains lui recouvrir les yeux. Elle ne voyait plus rien et décida de jouer le jeu de l'enfant. Elle comprenait maintenant pourquoi Bilbon était fatigué…
- Je suis désolée mais je peux pas deviner qui tu es, jeune hobbit. Tu es de la famille de Bilbon ?, demanda-t-elle d'une voix douce.
Voyant qu'il ne répondait pas, elle posa ses mains sur celles qui lui couvraient les yeux. Elle réalisa soudainement qu'il ne s'agissait pas de mains de jeunes hobbits mais d'un homme. Elle commença à paniquer et essaya de retirer les mains qui lui bloquaient la vue tout en reculant.
Cependant, l'homme en avait décidé autrement. Bloquée par le corps de l'homme derrière elle, Aghäte ne pouvait plus bouger et elle n'avait pas envie d'en arriver aux mains.
Alors qu'elle allait effectuer une manœuvre pour retirer les bras de l'homme autour d'elle, elle sentit le souffle de celui-ci dans son cou. Cela plus l'odeur dégageant de l'homme, elle ne mit que quelques secondes pour comprendre de qui il s'agissait.
Ne voulant pas y croire, elle posa ses mains sur celles qui étaient toujours sur ses yeux, puis continua à tâter le bras. À cette hauteur et avec des bras aussi musclés, il ne s'agissait pas d'un homme mais bien d'un nain.
Sous le choc, elle articula difficilement le nom de Kíli. Elle sentit alors ses yeux se libérer. Se retournant précipitamment sur elle-même, elle constata qu'il s'agissait bien de lui. Il avait échangé ses traditionnels habits princiers par des vêtements de voyage. Il souriait jusqu'aux oreilles, de son sourire malicieux. Souriait-il simplement de la voir ou riait-il de sa plaisanterie ? Aghäte ne le savait pas. Mais ce qu'elle ne savait pas par-dessus tout c'est pourquoi était-il ici !
Elle agrippa alors le vêtement du nain au niveau de sa poitrine et les serra de toutes ses forces.
- Kíli !? Mais que fais-tu ici ? Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi souris-tu ainsi ? Tu-Je-, bafouillant à en perdre la raison.
Aghäte vit Kíli exploser de rire. Reprenant alors son sérieux, elle le lâcha.
- Si tu es venu ici pour te moquer de moi ou pour me demander de revenir à Erebor, je.., dit-elle en reculant d'un pas.
- Non Aghäte !, s'écria-t-il en la rattrapant par le bras. Ce n'est pas ce que tu penses ! Je-
- Kíli !, s'écria Frodon en entrant en courant vers le nain. La dame a amené plein de choses ! Viens voir !
Le jeune hobbit avait abandonné son oncle pour retrouver Kíli à l'intérieur de la maison. Il lui fit signe de le suivre à l'extérieur. Bilbon arriva alors les mains chargées de sacoches.
- Oh ! Vous avez trouvé le deuxième enfant de la maison. Bravo ! Je vous serais éternellement reconnaissant de le prendre avec vous Aghäte, soupira-t-il. Voyez-vous ce qu'il a fait de ma maison ? Une vraie pagaille ! Frodon vient m'aider !
Elle ne put retenir un rire avant de se reprendre et faire face à Kíli qui la regardait. Son sourire était revenu et il attendait qu'elle parle.
- Depuis combien de temps es-tu ici ?
- Une semaine, je crois.
- Que fais-tu ici ? Tu m'as dit que tu avais plein de projets sur lesquels tu travaillais avec Fíli, dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- Je t'attendais, répondit-il en croisant lui aussi ses bras sur son torse.
- Jusqu'à quand vais-je devoir te poser des questions avant que tu ne m'expliques ce qu'il se passe ?, demanda-t-elle en haussant le ton.
- Tu es tellement mignonne quand tu t'énerves !, dit-il en souriant.
Aghäte n'eut pas le temps de répondre qu'il l'attira dans ses bras et la serra fort ; assez fort pour qu'elle ne puisse pas s'échapper. Il s'approcha de ses oreilles pour lui murmurer : « Tu m'as manqué. ».
Perdant ses forces et sa résistance, elle enfouit sa tête dans le torse du nain alors que ses joues rougissaient. Elle finit par lui répondre doucement : « Moi aussi… ».
Toujours en la serrant, Kíli lui expliqua.
- Je suis venu te retrouver pour que l'on parte en voyage ensemble à partir de maintenant. C'est une fois que tu es partie que je me suis rendu compte de mon erreur… Moi aussi je voulais partir en voyage depuis longtemps je pensais que mes responsabilités envers Erebor étaient plus importantes que mes envies… et que toi…
- Mais elles le sont Kíli. Avec Fíli, vous êtes les héritiers d'Erebor et c'est normal que-
- Plus maintenant, coupa-t-il. Tant que Fíli et moi n'avons pas d'héritier, il a été décidé que ce serait Thorin III, le fils de Dáin, qui serait l'héritier légitime.
Après cette révélation, Aghäte était partagée entre le sentiment de tristesse de voir son nain se faire déshériter et la joie de pouvoir l'avoir à ses côtés désormais. Elle le regarda alors dans les yeux.
- Mais Fíli…
- Il est d'accord pour que je t'accompagne. Il m'a confié de nombreuses missions pour lesquelles je devrais aller inspecter les régions naines au nom d'Erebor. On devra souvent faire des détours, sourit-il. Et pour la succession, son choix était fait depuis longtemps. Ce n'est pas la première fois qu'il nous disait qu'il ne se marierait jamais…
Aghäte détourna son regard pour réfléchir et accepter tout ce qu'elle venait d'apprendre. Cela lui paraissait trop beau pour être vrai mais elle avait encore de nombreuses questions à lui poser.
- Tu es sûr de vouloir abandonner Erebor ? Et nous ? Si nous avons un garçon, comment ça se passera ? Et-
- On verra cela quand et si cela arrive. En attendant, tu n'as pas l'air très heureuse de la nouvelle !, dit-il en faussant un air déçu.
- M-mais si bien sûr !, lui sourit-elle enfin.
- Quand partons-nous ?, demanda-t-il avec un grand sourire.
- Mais je viens à peine d'arriver !, rit-elle.
Son rire calmé, Aghäte fixa le nain qu'elle aimait dans les yeux. Elle s'approcha de lui pour lui sauter au cou et l'embrasser passionnément. Bien que gêné par la situation, Kíli répondit à son baiser et glissa ses mains dans son dos pour la serrer contre lui.
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Leur premier voyage ne dura qu'un mois de plus avant de rentrer à Erebor. En revanche, les voyages qui suivirent furent de plus en plus longs. Au bout de quelques années, le couple eut la joie de mettre au monde une fille puis une deuxième quelques années plus tard.
Le temps continua de filer pour tous. Fíli prenait son rôle de roi très au sérieux. Les nains de la compagnie restèrent à Erebor, confortablement installés ; sauf Balin qui partit reconquérir la Moria avec Óin et Ori. Tauriel resta un très long moment à Erebor puis décida de partir parcourir le monde à son tour.
…
Les années puis les décennies passèrent et la guerre de l'anneau ne les épargna personne. Dale fut totalement détruite une nouvelle fois. Lors de la bataille contre les Orientaux envoyé par Sauron, le roi Brand de la ville de Dale, petit-fils de Bard périt en défendant sa ville. Kíli et Aghäte eurent le temps de rentrer à Erebor pour participer à la bataille mais ils ne purent empêcher la mort du roi Fíli. La bataille dura trois jours et les Hommes de Dale finirent par se réfugier chez les Nains.
À la chute de Sauron, les Nains et les Hommes retrouvèrent leur courage et leur motivation pour se battre. Les nouveaux rois, Bard II, fils de Brand, et Thorin III, fils de Dáin, vainquirent l'envahisseur et ainsi leurs royaumes retrouvèrent enfin la paix.
Le Quatrième âge annonça la fin des elfes sur la Terre du Milieu. Aghäte choisit de rester aux côtés de sa famille et vieillit avec elle. Ensemble et heureux, Kíli et Aghäte continuèrent leurs voyages jusqu'à la fin de leur vie. Leurs filles grandirent. L'une d'elle s'installa à Erebor et reprit la bibliothèque de sa mère tandis que l'autre préféra s'installer à Dale au sein des Hommes.
Fin
