Jour 610

— Heiwa tu dis ? Répéta un homme au milieu de plein d'autres personnes qui étaient réunies autour d'un autre.

La scène se déroulait dans un des petits villages d'Hi No Kuni et les habitants étaient en train d'écouter ce que l'un des leurs avait à raconter de son dernier périple vers un pays voisin. En effet, les rumeurs allaient grand train et parlaient d'un pays qui n'avait aucunement souffert de la dernière guerre. Au contraire, il semblait sortir du lot par sa richesse, son commerce ainsi que le travail qu'il pouvait fournir à ceux qui désiraient s'y installer.

— Hai ! C'est un endroit comme je n'en ai jamais vu ! S'exclama l'homme au centre de l'attention tout en faisant de grands gestes devant son public. La capitale se situe dans une vallée qui grouille de monde et la nourriture y est cultivée à foison.

— Grand comment ? Interrogea une autre personne intriguée par ces révélations.

— A perte de vue ! Affirma le marchand. J'ai vu des champs faisant probablement un kilomètre de longueur.

— Impossible ! S'insurgea un des paysans qui ne pouvait pas imaginer de telles plantations. Il faut des dizaines et des dizaines d'hommes pour pouvoir cultiver de telles surfaces !

— Je le jure ! C'est ce que j'ai vu ! On se connaît depuis des années et je ne suis pas du genre à mentir, surtout que ce n'est rien en comparaison de la capitale. C'est indescriptible tellement il y a de choses... ce n'est même plus une ville tellement il y a d'habitations et d'habitants. Ceux qui y vivent parlent de cité car elle dépasse largement les milliers de résidents.

Cette nouvelle affirmation provoqua des exclamations et des échanges de regards surpris et incrédules parmi les villageois. L'homme avait réussi à susciter chez eux la curiosité et l'envie de voir par eux-mêmes tout ce qu'il venait de décrire.

— Comment font il ? Demanda une autre personne toujours sous le choc de ces descriptions surréalistes.

— Je ne sais pas, en tout cas le Daimyô de ce pays doit être immensément riche pour avoir tout cela. La cité est entourée d'une muraille faisant bien quatre fois la plus haute de nos maisons si ce n'est plus ! Et les ressources... les gens ne semblent manquer de rien ! Il n'y a pas la famine, la joie et la sérénité sont présentes dans les rues de cette endroit...

— Si c'est si bien que cela pourquoi être revenu ?

— Car ils ont besoin de main d'oeuvre, répondit le marchand ambulant.

— Comment cela ? Demandèrent en même temps plusieurs personnes de l'assemblée.

— Je voulais m'installer là-bas mais ce n'est pas si simple. Il y a beaucoup d'étapes à franchir avant d'être autorisé à y vivre. Mais une fois ça de fait, ils vous demandent si on connaît des gens cherchant une nouvelle vie où ils ne manqueront pas de travail et où ils seront en sécurité. Et si j'en connais, je devais aller les trouver et leur parler de Heiwa pour les emmener là-bas. En faisant ça, ils m'ont promis que je serai grassement payé.

Cette explication suscita encore des chuchotements de plus en plus importants dans l'assemblée. Depuis quand un pays payait ses citoyens si ceux-ci amenaient d'autres populations à s'y installer. Cela semblait totalement incroyable mais le marchand qui était en train de donner ses informations n'était pas réputé pour raconter des bobards. Ce qu'il disait ne pouvait donc qu'être la vérité.

— Sécurité ? S'inquiéta tout de même quelqu'un.

— Oui ! Leur dispositif est impressionnant ! Je n'ai jamais vu autant de soldats en un seul endroit ! Les routes sont parcourues par des cavaliers qui surveillent, des escadrons circulent dans les rues et il y règne une telle discipline que je ne me suis jamais senti autant en sécurité que dans les rues de cette cité.

— Qu'est-ce qui te fait croire que nous allons te suivre ? Interrogea quelqu'un sceptique qu'une telle possibilité existe. Il était normal qu'il se pose autant de questions car ce que l'homme décrivait ressemblait à un mirage.

— Je vous l'ai dit : ils sont vraiment désireux que d'autres personnes les rejoignent.

— Et comment irions-nous jusque là-bas ? Nous avons à peine de quoi subvenir à notre survie ici ! Il n'y a plus rien et nous n'avons pas les ressources pour entreprendre un aussi long trajet, rétorqua l'un des anciens du village.

— Justement ! Quand je leur ai dit d'où je venais et que mon village serait susceptible de venir, ils m'ont fourni un chariot avec des vivres à l'intérieur... ils m'ont juste prévenu que si je les trahissais ils le sauraient et... et... je préfère ne pas penser à ce qu'ils pourraient me faire, dit le marchand en frissonnant.

En effet, le marchand se souvenait très bien de ce jour-là. L'homme qui lui avait confié le chariot accompagné du cheval avait été clair sur ce point : il n'avait pas intérêt à trahir la confiance qu'il mettait en lui. Le marchand avait été même effrayé parce qu'il avait découvert ce jour-là : que les pouvoirs magiques décrits parfois n'étaient pas qu'une légende, au contraire, ils existaient vraiment et cela eut fini de le convaincre qu'il n'avait effectivement aucun intérêt à trahir cette cité qui l'accueillait les bras ouverts.

En tant que commerçant il était bien placé pour dire que tout dans la vie avait un prix, et celui d'une vie en paix était celui de la loyauté sans faille. Il ne fallait pas faire de grands calculs savants pour comprendre que ce n'était finalement pas grand-chose que cela soit exigé, la contrepartie était tellement supérieure à cette exigence.

Mais ce genre d'événement n'était pas un cas isolé, au contraire, des scènes similaires avaient lieu dans toutes les nations élémentaires. Le monde était en train d'apprendre l'existence de Ta No Kuni et ce qu'il avait à offrir, le tout sans violence. Et en cette période de paix, les populations meurtries par le dernier conflit étaient totalement réceptives à de telles conditions de vie.

Cependant, ce qui était pris comme une rumeur au début prit une ampleur au travers des nations élémentaires qui ne pouvaient plus ignorer l'existence plus que probable d'un lieu où les conditions de vie étaient exceptionnelles. Cette situation ne plaisait pas à tout le monde et encore moins aux différents dirigeants des différents pays qui ne pouvaient qu'assister impuissants à l'exode des populations.

En effet, quand il s'agissait des civils, ceux-ci étaient libres de quitter leur village sans aucune explication : ils n'avaient de compte à rendre à personne. Mais en ce qui concernait le corps militaire, soldats et shinobi, il ne pouvait pas faire comme bon leur semblait. Ils avaient même interdiction de partir sous peine d'être considérés comme des déserteurs. Et s'ils enfreignaient la loi, les sanctions pouvaient être terribles, jusqu'à l'exécution.

Et, en ces temps d'après-guerre, les dirigeants devaient faire face non seulement à la diminution de leur population civile mais aussi au risque de désertion élevée de leur corps armé.

Dans les deux cas, cela n'était pas une situation très sereine, car chaque pays peinait grandement à se remettre du précédent conflit.

Ce fut donc dans ce contexte tendu que Hiruzen Sarutobi, le Sandaime Hokage de Konoha décida qu'il était temps d'en apprendre plus sur cette cité qui étaient sur les lèvres de tous ces villageois. Et avant d'entreprendre quoique ce soit, il missionna l'un de ses meilleurs espions :

— Va ! Tu sais ce que tu as à faire. J'aviserai selon ton rapport.

L'homme, un genou au sol, acquiesça et se leva avant de disparaître dans un pouf de fumée.

Hiruzen Sarutobi regardait son village qui se relevait difficilement de la guerre : il devait à tout prix découvrir les secrets de cette citée pour qu'elle suscite autant d'attrait.

Jour 650

Du côté de Ta No Kuni, les inquiétudes étaient d'une toute autre nature. Trois hommes marchaient le long de la route principale juste à l'extérieur de Heiwa. L'un d'eux s'arrêta alors qu'ils pouvaient observer les limites de la cité florissante qu'ils construisaient depuis tant de mois.

— Voilà notre problème du jour Uchiha-dono, Uzumaki-dono, dit Daiki

— Eh bien ? Demanda Ashina avec désinvolture.

— L'évolution démographique est de plus en plus importante chaque jour. A ce rythme, la cité ne pourra plus accueillir personne d'ici la fin de l'année. Et cela serait une perte de temps et de ressources que de refaire la muraille, expliqua Daiki en désignant la fortification d'un geste.

— Ce n'est pas un problème, affirma Madara en regardant ladite muraille.

— Comment cela ? S'inquiéta Daiki, perplexe que le Heikage soit aussi peu inquiet de la situation.

— Selon vos calculs, il faudrait agrandir la ville de combien ? Questionna Madara en ignorant la question précédente.

— Minimum un quart, mais agrandir est trop contraignant.

— De quel côté ? Ouest ou est ? Demanda le brun d'un ton sec, signe qu'il voulait avoir les données essentielles pour agir.

— L'ouest serait le mieux indiqué, répondit Daiki qui ne savait pas trop pourquoi Madara posait ces questions.

Le fils du Daimyô se demandait ce qu'il comptait proposer : ils rencontreraient quand même un problème dans cette partie puisqu'il y avait une montagne qui prendrait des années à creuser pour la terrasser en zone habitable. Il s'apprêtait à faire cette dernière remarque mais il fut décontenancé par l'attitude de l'Heikage. Ce dernier avait fait demi-tour et se dirigeait d'un pas lent, à la manière des civils en direction de l'Ouest de la ville. Ashina lui emboîta le pas, se demandant lui-même ce que l'Uchiha allait pouvoir proposer pour régler le souci énoncé.

Ils arrivèrent à l'Ouest de la ville et se postèrent devant un pan de montagne.

A première vue, il n'y avait aucune possibilité d'agrandissement hormis faire sauter la montagne mais cela prendrait quand même du temps pour préparer le terrain et construire une muraille protectrice.

— Que comptes-tu faire Madara ? Demanda l'Uzumaki qui ne voyait qu'une seule technique susceptible d'être une solution : Doton Terafomingu.

Mais l'Uchiha ne répondit rien, il fixa la montagne devant lui et se concentra. Il maîtrisait le Doton mais il fallait voir plus grand qu'une simple manipulation de l'élément terre.

Il enchaîna les mudrâ du coq, du chien, du dragon et du serpent tout en activant son Rinnegan dont les anneaux concentriques s'écarquillèrent. Il canalisa son chakra sous les regards silencieux d'Ashina et de Daiki.

Alors que personne ne s'y attendait, un craquement sourd commença à se faire entendre jusqu'à retentir dans toute la vallée. La montagne venait de se fendre et les bruits de craquements de la roche continuaient régulièrement jusqu'à tout doucement s'élever dans le ciel.

La vallée vivait un véritable capharnaüm visuel et sonore qui provoqua quelques réactions de stupeur et d'inquiétude puisque toutes les personnes qui s'étaient tournées en direction de ce bruit assourdissant étaient en train d'assister à quelque chose de complètement dément. La montagne continuait de se disloquer en différents morceaux de roches qui s'arrachaient du sol pour flotter un moment avant de retomber dans un vacarme tout aussi assourdissant à des endroits vraisemblablement précis.

Tous ceux qui étaient assez prêts de la zone ouest constatèrent que le phénomène auquel ils assistaient était uniquement le résultat de la magie pratiquée par Madara Uchiha. Ce dernier était en train de faire une muraille naturelle avec tous ces blocs de roches arrachés de la montagne.

Au bout d'un certain moment, le bruit s'arrêta tout aussi brutalement qu'il avait commencé.

— Voilà... vous avez désormais une muraille naturelle et l'équivalent de la moitié de la cité actuelle en plus pour bâtir de nouvelles zones d'habitation, je retourne à mes occupations, dit Madara avant de disparaître sous les yeux ébahis de tous.

Il y avait de quoi être choqué par ce qui venait de se produire car personne jusqu'à présent n'avait vu pareille chose : Madara Uchiha avait fait ce que l'on pourrait appeler : terraformation.

Ashina regardait en silence ce que venait d'accomplir le brun et tout en se caressant lentement la moustache, il réfléchissait à ce qu'il pouvait faire pour continuer ce qu'il avait entrepris.

— Hmmm, je pense qu'une amélioration de cette muraille naturelle s'impose, ainsi que sur celle déjà construite, énonça Ashina pour lui-même mais le fils du Daimyô l'avait entendu

— Comment voulez-vous l'améliorer ? Elle a été bâtie par les meilleurs architectes et tout a été pensé pour avoir la meilleure défense possible, se défendit Daiki.

— Oui mais pas contre des shinobi... laissez-moi faire, je vais installer des formules de Fûinjutsu afin de la rendre plus solide, répondit Ashina qui réfléchissait déjà à un bon nombre de formules différentes pour rendre ce mur imprenable.

Jour 710

Presque un an s'était écoulé depuis que Tsunade Senju avait fait l'amère découverte de la disparition de tous les derniers membres de son clan. La guerre avait été tellement longue à trouver une issue que son défunt oncle n'avait pas eu d'autres choix que de recruter jusqu'aux enfants et aux femmes ayant des aptitudes au Ninjutsu et ce quel que soit leur âge.

Mêmes les mères avec des enfants en bas âge durent partir au front laissant leurs progénitures au bon soin des quelques vieilles femmes encore en vie. Mais la guerre et surtout le manque de ressources eurent ces funestes conséquences sur les derniers membres du clan : famine, puis la mort.

Et depuis cette horrible découverte qu'elle n'était plus que la dernière de sa famille à être en vie, l'adolescente blonde n'avait eu qu'une idée en tête : devenir plus forte.

Elle passa donc les mois suivants à étudier tous les jours, des mois à parfaire sa maîtrise du chakra. Elle n'avait pas cessé de parcourir le livre fourni par Sakura Haruno. Elle le connaissait de long en large afin de devenir une ninja médic tel qu'il y était décrit.

Toutefois, elle avait entrepris cette formation dans le plus grand secret en compagnie de Jiraiya. L'adolescent était le seul à qui elle s'était confiée... il était après tout un des rares à pouvoir comprendre sa douleur et surtout il avait été celui qui avait eu les mots justes pour la réconforter.

Mais aujourd'hui, Tsunade Senju n'étudiait pas, l'heure n'était plus à l'apprentissage mais au passage de la première épreuve. La blonde était assise en tailleur devant une table basse. Elle avait posé dessus le livre à la couverture verte que lui avait fourni la femme aux cheveux rose.

Ce livre était unique en son genre déjà par la quantité d'informations qui y étaient inscrites mais aussi car Sakura l'avait adapté pour Tsunade. En effet, elle avait appliqué des sceaux de Fûinjutsu qui ne s'activeraient que lorsque Tsunade serait prête à découvrir la finalité de tout cet apprentissage.

La jeune blonde avait dû étudier et mettre en pratique tous les exercices du livre pour arriver jusqu'à la fin : où était simplement inscrit : « Penses-tu être prête ? Si oui, active-moi ».

Tsunade inspira profondément, elle était confiante malgré la légère appréhension qu'elle pouvait ressentir. Cela était compréhensible puisqu'elle ignorait ce qui allait se produire quand elle déclencherait le sceau. Elle canalisa son chakra et posa son doigt sur la formule de Fûinjutsu inscrite juste en dessous de la dernière phrase : le sceau s'activa et un petit pouf de fumée se matérialisa ce qui tira un petit sursaut à la jeune fille.

Une fois dissipée, la fumée laissa place désormais à une pile de feuilles.

— Un examen ? Lut Tsunade en prenant les feuilles en main : c'était son test !

Alors, durant les heures suivantes, la blonde répondit du mieux qu'elle put à toutes les questions devant elle. Beaucoup lui apparurent comme une évidence alors que d'autre demandèrent à la jeune fille plus de réfléxion. Mais ce fut avec un grand soupir de soulagement et de satisfaction que Tsunade déposa sa plume après avoir répondu à la dernière question.

— Fiou...

Quelques secondes à peine après qu'elle ait déposé sa plume, la dernière feuille s'illumina d'un sceau de Fûinjutsu qui rendit le parchemin vierge avant que n'apparaisse une phrase :

Retrouve moi à Heiwa.

— Heiwa ? Lut à voix haute Tsunade.

Elle avait entendu parler de cet endroit, comme de plus en plus de monde. Est-ce que cette femme vivait là-bas ? Est-ce qu'elle était responsable de ce qui s'y passait ? Est-ce que se serait la bonne chose que de la rejoindre ? Tellement de questions envahirent l'esprit de la jeune blonde qu'elle s'allongea sur le sol avant de regarder le plafond.

— Qu'est-ce que j'ai à perde ? Chuchota Tsunade alors que doucement la boule de tristesse lui revenait dans le fond de la gorge. Elle se souvenait qu'elle n'avait pratiquement plus rien à Konoha, plus de famille... même son sensei.

Depuis la fin de la guerre, le sensei de l'équipe sept, Sarutobi Hiruzen avait peu de temps à consacrer à ses élèves. La survie de son village était primordiale et cela lui prenait la majorité de son temps. Son coéquipier Orochimaru avait également changé depuis la fin de la guerre... ou plutôt, depuis la mort de ses parents.

Tsunade avait mal véçu la perte de tout son clan, mais contrairement à Orochimaru elle avait eu le soutient de Jiraiya. Mais du coup, à part le jeune adolescent aux cheveux blanc, rien ne l'a retenait dans ce village.

Elle tourna son regard vers la table basse sur laquelle était disposée l'examen qu'elle venait de compléter. Elle n'arrivait pas à comprendre, mais elle ressentait le besoin de rejoindre cette personne, comme si elle savait que c'était la seule chose qu'elle devait faire : une intuition.

— Demain...

— Quoi demain ? Dit la voix de Jiraiya qui venait de rentrer dans la pièce.

Tsunade était tellement dans ses pensées qu'elle avait oublié que son ami venait la voir pratiquement tous les jours chez elle pour vérifier comment elle allait.

— Rien, dit précipitamment la blonde en se redressant pour rassembler tous les papiers devant elle.

— Tu es sûre ? Insista l'adolescent qui savait très bien quand la blonde lui mentait. C'était rare, mais il la connaissait suffisamment et il était un ninja très observateur pour déceler la moindre trace de mensonge.

— H-Hai...

— Tu sais que tu peux tout me dire Tsunade, je suis la dernière personne dans ce village qui divulguera tes secrets, dit doucement Jiraiya en se rapprochant de la blonde.

La concernée ramena ses jambes contre sa poitrine avant de les entourer de ses bras. Elle enfouit par la suite sa tête dedans en soupirant.

— Promet-moi que tu ne t'énerveras pas...

— Moi m'énerver ? Rétorqua-t-il surpris, ce n'était pas vraiment dans son tempérament.

— Tu as raison... promet-moi de ne rien faire de... stupide, rectifia la blonde.

— Tu m'en demandes beaucoup Hime, mais pour toi oui, je te le promets, concéda l'adolescent en faisant une petite moue.

Tsunade soupira avant de redresser la tête et de regarder autour d'elle pour vérifier s'il n'y avait personne de caché.

— J'ai l'intention de quitter le village demain, dit finalement la blonde.

— Pourquoi ? Demanda Jiraiya complétement perdu.

— J'ai fini le livre de Sakura et à la fin était caché un examen... et... et j'ai réussi.

— Pourquoi la réussite de cet examen te pousse à quitter ta maison ? S'étonna le garçon.

— Car suite à la réussite de celui-ci, une phrase est finalement apparue et je sais où trouver Sakura. Et... et j'aimerai lui demander de devenir son apprentie, avoua Tsunade qui n'avait que cette idée en tête depuis qu'elle avait longuement étudié le livre.

Au début de ses études, elle s'était plongée totalement dans les explications et les exercices, mais sans s'en rendre vraiment compte, elle voulait pouvoir en apprendre encore plus et seule Sakura pouvait le lui apporter. Et maintenant qu'elle l'avait formulé à voix haute et dévoilé à quelqu'un d'autre, c'était clair comme de l'eau de roche : c'est ce qu'elle désirait le plus au monde.

— Et nous ?

— Comment cela nous ? S'étonna la blonde.

— Sensei... Orochimaru... moi... précisa l'adolescent.

— Jiraiya... tu sais très bien ce que je ressens, je ne veux plus jamais être impuissante, je ne veux plus voir ceux qui me sont chers mourir.

— Sauf que tu vas laisser les derniers que tu aimes derrière toi.

— Je n'ai plus rien Jiraiya, souffla-t-elle avec le désespoir dans la voix.

En entendant cette phrase le jeune garçon sentit son cœur se serrer. Il comprenait bien évidemment ce à quoi elle faisait allusion, mais cela ne l'empêchait pas d'être, d'une certaine manière, déçu. N'avait-elle toujours pas compris ?

— Tu m'as moi, chuchota Jiraiya en baissant le yeux vers le sol.

— S'il te plaît Jiraiya, tu m'as dit que tu m'aiderais à devenir aussi forte que cette femme, alors s'il te plaît n'essaye pas de me faire changer d'avis.

L'adolescente s'était rendue compte qu'elle avait dû blesser le jeune homme par ses paroles. Bien sûr qu'il était là, il l'avait toujours été. Elle n'ignorait pas les sentiments qu'il avait pour elle et elle ne s'en moquait pas non plus. Mais c'était le chemin qu'elle voulait prendre, elle ne pouvait pas lui imposer cela. Oui, elle savait les conséquences de déserter son village et elle connaissait bien le garçon qui ferait sûrement tout son possible pour l'empêcher de mettre à exécution son projet.

— Si je ne peux pas te convaincre de reste à Konoha, permet-moi de venir avec toi, proposa Jiraiya sûr de lui.

— Pardon ?

— Si tu pars, je n'aurai plus personne moi... je n'ai que toi Tsunade.

Jour 715

Un homme, à l'apparence quelconque, était installé dans un endroit à l'abri de la foule et des regards de la cité de Heiwa. Cela faisait des semaines qu'il avait été envoyé en ces lieux pour découvrir si ce pays était une réelle menace pour le monde.

Personne ne l'avait vu, personne ne pouvait se souvenir de lui car c'était une de ses capacités principales : être transparent. Pas au sens littéral, mais parce qu'il pouvait se fondre totalement dans la foule sans attirer l'attention sur lui.

Ce n'était pas pour rien que Hiruzen Sarutobi avait fait appel à lui, parmi ses confrères, il était le seul capable d'exécuter la mission demandée.

Il n'était pas un shinobi exceptionnel par ses aptitudes au combat mais bien par ses aptitudes pour l'espionnage. En effet, sa réserve de chakra était à peine plus élevée que celle d'un civil ce qui lui permettait de la camoufler très facilement sans éveiller les soupçons s'il rencontrait des ninja sensoriels.

Ensuite, son Dôjutsu lui permettait d'observer et de chercher les informations voulues : le Hyûga était donc le candidat idéal pour accomplir la mission demandée par le Hokage.

Durant donc toutes ces semaines, il avait observé, écouté, calculé, pris des notes et il fut surpris de la logistique mis en place pour gérer cette place. Il y avait juste une chose qui était étrange, il y avait une partie de la ville qu'il ne pouvait pas explorer. Dès qu'il s'en approchait, il avait l'irrésistible envie d'aller voir ailleur, et c'est ce qu'il faisait.

Assurément, cette zone avait été protégée par le fameux bâtonnet d'illusion retravaillé par Ashina : personne et surtout pas les étrangers à la cité ne devaient connaître l'existence des troupes ninja que comptaient Heiwa.

Même s'ils avaient confiance en leur système de sécurité, l'Uchiha et l'Uzumaki savaient pertinemment que tôt ou tard, les villages cachés voisins enverront des espions jusqu'à eux. La quête d'informations était la clé et tous les dirigeants le savaient : on ne peut pas juger son voisin et le classer comme allié ou ennemi sans en savoir plus sur lui. Ils ne pouvaient donc rien faire pour empêcher l'espionnage au risque de révéler inutilement certains détails comme le fait que Madara était toujours en vie.

Et après toutes ces semaines d'observation, l'espion fit son rapport pour son Hokage.

Ce n'est plus un village, ce n'est plus une ville, c'est largement au-dessus. Je dénombre facilement plus de dix mille habitants dans toute la vallée. Il y a une organisation et une gestion du pays comme jamais je n'en ai vu ailleurs.

Le commerce est florissant, les ressources abondantes et je ne parle même pas des richesses du pays. J'ai réussi à m'infiltrer dans les coffres de la cité et ce que j'y ai vu m'a laissé bouché bée : de l'argent à perte de vu.

Je pense que le Daimyô à découvert une mine d'or ou d'argent dans la montagne pour avoir une telle richesse et c'est ce qui fait qu'ils se sont à tel point développés. Grâce à cela ils ont également augmenter leur troupe armée, cependant il n'y a aucun shinobi ou s'il y en a ils se comptent sur les doigts d'une main.

J'attends votre réponse pour la prochaine phase du plan.

Oiseau en cage.

Jour 720

Sakura venait de finir sa séance de rééducation post-accouchement. Cela faisait plus de cinq mois qu'elle était devenue mère et dès que son état physique le lui avait permis, la Kunoichi avait entrepris de prendre en charge son corps qui avait été transformé par la grossesse et elle avait recommencé à s'entraîner. Plus que n'importe quelle autre mère, Sakura ne pouvait pas se permettre d'avoir le moindre souci d'ordre physiologique.

Elle était contente d'avoir les connaissances suffisantes pour aider son corps à se remettre d'une telle épreuve. Elle était d'ailleurs en train d'étudier une pile de parchemins sur lesquels elle travaillait pour son centre de soins.

Pendant ce temps, Madara n'était pas loin derrière elle. L'homme avait découvert les joies de la paternité. Les premiers temps il avait agi comme un ninja de sa trempe, il avait observé ce petit être qui était sa chair et son sang, mais il n'avait pas osé interagir avec.

Il était à la fois curieux mais aussi un peu effrayé de ne pas savoir s'y prendre. Crainte légitime des hommes de cette époque qui considérait ce domaine comme réservé aux femmes. Mais Sakura n'était pas une femme de l'ère Sengoku et elle avait décidé de réveiller la fibre paternelle chez son époux. Elle était persuadée qu'il était capable de s'occuper très bien de leur fille ; c'est pourquoi, un jour, alors qu'Espoir n'avait que quelques semaines, Sakura glissa le nourrisson dans les bras de Madara.

_ Je vous la confie Madara, je dois commencer ma rééducation et je ne peux pas m'occuper d'elle durant un moment.

L'homme avait voulu protester mais le ton déterminé de son épouse lui faisait bien comprendre qu'il n'avait pas le choix. Et, depuis ce jour-là, Madara prit plaisir à s'occuper de leur enfant. Un nourrisson n'était pas si effrayant et n'était pas si fragile qu'il le pensait. Au contraire, il constata rapidement les évolutions rapides liées au développement physique et moteur de l'enfant.

Aujourd'hui, bientôt âgée d'une demi-année, Madara profitait de chaque instant qu'il avait pour passer du temps avec sa fille. Il était un père affectueux tout en étant autoritaire. Mais quand Sakura se prenait à les observer du coin de l'œil, son cœur se serrait de joie. Le lien qui unissait ces deux êtres étaient si forts que l'homme n'avait pas besoin de l'exprimer oralement. Il suffisait de voir la façon dont il avait de plonger son regard dans celui d'Espoir pour comprendre ce qu'elle représentait pour lui : un avenir de paix.

Madara ne l'avouerait jamais ouvertement, mais il était le plus heureux des hommes : il avait trouvé la femme qui remplissait sa vie de bonheur, il était devenu père, il avait réussi à bâtir sa propre cité où la paix était le maître mot. Rien ne pouvait être plus parfait que tout ce que Sakura avait fait depuis son combat avec Hashirama : il était heureux qu'elle ait choisi de le sauver et de l'aider à accomplir son rêve... ses rêves.

— Sakura-sama, s'annonça un garde à la jeune femme qui était plongée dans sa pile de parchemins. Quelqu'un désirerait vous voir, poursuivit l'homme en ce mettant au garde à vous.

— Qui est-ce ? Demanda la rose qui avait encore du mal avec toutes ces marques de respect et de protocole à son égard. Elle avait réussi à gagner le respect de ses pairs dans son ancien temps, mais cette fois-ci c'était différent... on la respectait en tant que supérieur.

— Ils ont préféré rester dans l'anonymat, mais ils ont dit qu'ils venaient de votre part.

— Faites-les entrer, dit Sakura qui se mit à réfléchir de qui il pouvait bien s'agir. Elle avait parcouru le monde pendant tellement de temps et parlé à tant de personnes qu'elle ne se souvenait plus à qui elle avait bien pu convier de venir la rejoindre ici.

Puis la porte s'ouvrit sur deux personnes et Sakura eut le coeur qui s'emballa de plaisir, un sourire apparut sur son visage et elle dut retenir des larmes qui lui montaient aux coins des yeux. Elle était heureuse de voir les nouveaux venus, surtout une jeune fille qui se tenait fièrement devant elle.

— Tu as finalement réussi, dit Sakura en posant le parchemin qu'elle était en train de lire.

— Hai, répondit la nouvelle venue.

— Je présume que si tu es là c'est que tu as une demande à me faire.

— Nous aimerions devenir vos apprentis pour devenir comme vous, répondit Tsunade avec conviction.

— J'accepte ta demande Tsunade, mais je ne peux pas satisfaire l'entièreté de ta requête.

— Comment cela ?

— Je peux te former toi Tsunade, car tu as le contrôle de chakra, tu as les bases, tu as la motivation et car je ne désire qu'un seul apprenti. Donc je me vois dans l'obligation de refuser ta demandé concernant ton équipier, dit Sakura avec sérieux.

Un malaise s'installa subitement dans la pièce suite à l'annonce de Sakura. Les deux adolescents ne s'attendaient pas du tout à cela et ils étaient en train d'encaisser la nouvelle.

—Que va-t-il advenir de moi alors ? Qui pourrait me former moi ? Demanda Jiraiya qui parla pour la première fois depuis le début. Il était d'une certaine façon triste de ne pas pouvoir être formé par cette puissante femme, mais surtout il était inquiet de ce qu'il allait devenir si personne ne s'occupait de lui. Devrait-il retourner à Konoha ?

Mais alors que toutes sortes de questions lui traversaient l'esprit, une main se posa sur son épaule et il tourna la tête pour tomber nez à nez avec un torse. Il redressa la tête et vit un homme qui lui fit écarquiller les yeux de stupeur.

— Moi ! Moi je vais te former...

Devant lui se tenait Uchiha Madara.