AN 2
Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que Tsunade avait rejoint Heiwa pour demander à devenir l'apprentie de Sakura. Cette dernière avait demandé à son élève de la rejoindre ce matin afin qu'elles discutent plus en détails des attentes de l'adolescente quant à son souhait de devenir une ninja medic.
— Si tu as pu parvenir jusqu'ici c'est que tu as réussi mon premier test, donc je vais éviter tout le blabla inutile sur ce que être ninja medic implique, commença Sakura en marchant le long de la route principale de Ta No Kuni accompagnée de Tsunade.
— Est-ce que tout cet enseignement me permettra de devenir aussi forte que vous ? Demanda la blonde avec une certaine excitation mélangée à l'admiration qu'elle avait pour la jeune femme aux cheveux roses.
— Que recherches-tu exactement ? Interrogea la rose pour mieux cerner les propos de son ancien maître.
— Je ne veux plus jamais voir mourir ceux que j'aime ! Je ne veux plus me sentir aussi impuissante que je l'ai été pendant la guerre ! Je... Je veux être assez forte pour toujours faire pencher la balance ! Répondit la blonde avec conviction et détermination.
Sakura observa du coin de l'œil la jeune fille et elle se rendit compte que cette Tsunade semblait beaucoup plus vulnérable que la femme qu'elle était devenue dans son futur. Sakura réalisa que, quelques soient les temporalités, Tsunade était passée par des épreuves terribles pour devenir une kunoichi redoutable.
— Tu sais que la majorité de ton temps va être centré sur des études et non sur la manière de te battre, précisa Sakura pour calmer l'adolescente.
— Mais... Comment avez-vous fait pour devenir aussi puissante au combat tout en apprenant la médecine ? Je vous ai vu vous battre ! Vous avez maîtrisé ces ninja avec tellement d'aisance que vous avez dû aussi apprendre à vous battre, non ?
— Car j'ai étudié les bonnes choses pour devenir ainsi, répondit Sakura alors qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres, mais je te l'accorde, je me suis aussi beaucoup entraînée car étudier fait partie de l'entraînement.
— Je ne comprends toujours pas en quoi étudier va me rendre forte, s'exclama Tsunade perplexe devant ces paroles. Elle était déçue car elle s'était imaginée que cette femme allait lui apprendre à devenir une grande shinobi, pas une simple soignante, et au vu de ce qu'elle affirmait les études concerneraient uniquement l'aspect médical du Ninjutsu.
Sakura s'arrêta alors au milieu de la grande route avant de se tourner vers la jeune fille. Elle pouvait aisément comprendre qu'elle soit déçue puisque Tsunade n'imaginait pas encore à quel point la maîtrise de son chakra ferait d'elle, non seulement une ninja medic hors pair, mais aussi une kunoichi redoutable au combat. La rose sut qu'il fallait qu'elle le lui démontre, non pas avec des mots, mais avec quelque chose de concret, quelque chose qui finirait de la convaincre. Elle regarda autour d'elle avant de repérer une pierre correspondant à ses attentes. Elle se baissa avant de ramasser une grosse pierre qui faisait la taille de sa main.
— Vois-tu cette pierre ?
— Hai ? Répondit la blonde qui ne voyait pas où voulait en venir son sensei.
— Est-il possible de la briser par la force ?
— Non.
A peine Tsunade eut fini de prononcer ce mot qu'elle vit ladite pierre se briser en mille morceaux. Elle écarquilla les yeux tant elle était impressionnée : elle n'avait jamais vu personne faire ce genre de chose. Sakura semblait avoir exercé une simple pression des doigts sur la pierre pour obtenir ce résultat.
— Co-comment !? Demanda aussitôt Tsunade qui n'en revenait pas.
— Car j'ai étudié le corps humain et le chakra très assidûment, répondit Sakura en époussetant la poussière de sa main. Actuellement, je suis la seule personne au monde à être capable de faire ce que tu as vu. Tous mes adversaires pensent que j'ai une force surhumaine obtenue grâce à un Kekkei Genkai. Mais sache que ce que je viens de faire peut être fait par n'importe qui : il suffit de travailler dur pour cela et surtout d'étudier très assidûment.
— Tout le monde ? S'étonna la blonde devant une telle affirmation. Cela pouvait impliquer que si n'importe quel ninja était capable d'autant de force, les prochains conflits n'en seraient que plus dévastateurs.
— Presque tout le monde... mais seulement si ont leur dit comment faire, et toi Tsunade, si tu travailles vraiment dur tu y parviendras, rectifia la rose en reprenant sa marche, et crois-moi, je suis persuadée que tu y arriveras.
— Comment les livres et la médecine vont pouvoir m'apprendre à briser une pierre par ma seule force ? Et à quoi cela pourra bien me servir ? Demanda Tsunade curieuse.
— Par le contrôle de ton chakra.
— Mais je le contrôle déjà, si je ne le faisais pas je ne pourrais pas exécuter certaines techniques, affirma l'adolescente.
— Oui tu as les bases de tous ninja. Mais c'est en étudiant le corps humain et sur comment le soigner que tu vas pousser au maximum ton contrôle du chakra. Tu seras capable de l'utiliser avec plus de précision, tu découvriras même des façons de l'utiliser que tu n'imagines même pas... Ta maîtrise du chakra sera telle que personne ne pourra l'atteindre. Et un jour tu sera capable de briser des montagnes, expliqua Sakura en se souvenant de son ancien maître au summum de sa grandeur.
— Vous parlez de moi comme si vous étiez sûre que j'y parviendrai.
— Parce que je sais que tu y arriveras, j'ai tout de suite vu en toi le potentiel requis pour pouvoir supporter cette formation. Nous ne serions pas là si tu n'avais pas réussi le test que j'avais placé dans le livre que je t'ai confié, se rattrapa Sakura qui ne pouvait pas lui révéler la vérité.
— Je comprends sensei.
— Autre chose Tsunade... la force brute n'est pas toujours la solution, parfois une petite attaque peut être beaucoup plus efficace.
— Comment cela ?
Sakura leva son index avant d'y accumuler du chakra. Celui-ci devint soudainement vert et un scalpel se forma le long de son doigt sous le regard ébahi de la blonde. Elle plaça ledit doigt juste au niveau de la jugulaire de la Senju, à une distance tout à fait sans danger pour l'adolescente.
— Un simple geste de mon doigt, et tu te viderais de ton sang en quelques secondes avant de mourir. Tu vois, il ne faut pas une force surhumaine pour réussir cela, mais juste en utilisant une infime quantité de chakra, démontra Sakura avant de désactiver sa technique. Être médecin ne veut pas dire que nous sommes seulement là pour sauver des vies... au contraire, c'est parce que nous avons les connaissances pour en sauver... que nous savons également comment l'enlever efficacement et de manière à ce que l'ennemi ne s'en doute absolument pas.
En expliquant tout cela, Tsunade n'eut plus de doute, elle voulait devenir comme cette femme.
— Sensei...
— Oui Tsunade ?
— Qui vous a appris tout cela ?
— Une femme formidable, répondit Sakura avec un sourire tendre tout en regardant Tsunade dans les yeux.
Pendant que Sakura entraînait Tsunade, Madara était actuellement en compagnie du dénommé Jiraiya. L'ambiance entre les deux hommes était toute autre : l'adolescent ne savait pas du tout comment réagir face à cet homme de légende. Celui-ci d'ailleurs le scrutait de son regard perçant et cherchait à comprendre pourquoi son épouse lui avait assuré que ce garçon, aux allures gauches, avait un réel potentiel. Madara avait les bras croisés et sondait l'adolescent tout en étudiant son langage corporel : il était évident que ce Jiraiya était mal à l'aise en sa présence à tel point qu'il le vit déglutir d'appréhension.
— Sensei ? Finit par demander fébrilement le jeune garçon.
— Hai ?
— Est-ce... est-ce que c'était vous qui accompagniez Sakura-sama lors de la guerre ?
— Formule ta vraie question, exigea Madara d'un ton sec.
— Euh... êtes-vous le shinobi au kimono marron et au chapeau de paille dont tout le monde parle ?
— Hai, dit Madara de façon toute aussi froide que depuis qu'il avait commencé à parler.
D'en avoir la confirmation ne rassura pas du tout Jiraiya qui se demandait s'il pouvait oser demander tout ce qui lui passait alors par la tête. En effet, il avait entendu de la part de ses anciens camarades de la Feuille tout un tas de rumeurs. Étaient-elles vraies ? Ou n'étaient-elles que des exagérations de faits rapportés ? Jiraiya hésitait, pouvait-il poser ces questions sans se recevoir les foudres de ce shinobi de renom ? Mais la curiosité l'emporta, c'était dans sa nature de savoir.
— Est-ce que... est-ce que..., mais il était tellement tiraillé par son tempérament curieux et par la peur de la réaction de son maître qu'il n'arrivait pas à s'exprimer correctement.
— Jiraiya ! Quelle que soit ta question, pose-la ! Exigea Madara à limite de l'exaspération. Il gardait son calme mais n'appréciait aucunement le manque de contrôle des émotions de l'adolescent, cela n'était pas digne d'un ninja de qualité. Il faudrait qu'il y remédie et vite !
— Est-ce que les rumeurs sont vraies comme quoi vous avez détruit Uzushio ? Demanda finalement le jeune garçon.
— Hai, répondit sans une once d'hésitation Madara.
A cette réponse toute aussi franche que brutale, Jiraiya se sentit encore plus vulnérable face à cet homme. Il n'arrivait pas à croire qu'il allait être formé par le légendaire Uchiha Madara. Mais finalement ce qui le perturbait le plus, à la limite de la honte et de la peur, c'était qu'il allait être l'élève d'un meurtrier sanguinaire qui n'avait pas hésité à éradiquer tout un peuple. Cela n'échappa pas au brun qui lui demanda sans détour : « As-tu peur ? »
— N... Non, répondit Jiraiya pas très sûr de lui.
A peine avait-il commencé à répondre par la négative que Madara réagit au quart de tour et combla la distance qui séparait le jeune garçon de sa position. Il saisit Jiraiya par le col de son kimono et le souleva de terre avec une telle force que l'adolescent ferma les yeux par peur et par réflexe juste avant de les rouvrir en entendant la voix de son maître.
— Ne me mens jamais Jiraiya, tonna Madara avec une voix menaçante. J'ai accepté de te former uniquement parce que ma femme voit en toi un potentiel qui mérite d'être exploité. Mais j'en doute fortement ! Ce que je vois ne mériterait même pas mon attention, alors je te repose la question pour la dernière fois : as-tu peur, Jiraiya ?
L'Uchiha tenait non seulement l'adolescent dans les airs avec vigueur mais il activa également son Sharingan dont les trois tomoe se mirent à tourner lentement.
— Oui... oui j'ai peur ! Avoua Jiraiya en voyant soudainement les trois tomoe du Dôjutsu de Madara tourbillonner. Il avait entendu bons nombres d'histoires concernant les capacités de ces pupilles et il n'avait absolument pas envie de subir une technique de ce genre.
— Bien ! Dit l'Uchiha en désactivant son Sharingan. J'espère que tu sais à quoi t'en tenir si tu t'avises de me mentir à nouveau ! Est-ce que c'est clair ?
— Très clair sensei ! Répondit aussitôt Jiraiya avant d'être reposé sur le sol.
— Première leçon : en tant que futur shinobi, tu vas devoir apprendre à mieux mentir car c'est la base de notre métier. Mais, il y a trois personnes à qui tu ne devras jamais mentir à Heiwa, commença à enseigner Madara.
— Qui sont-ils ?
— Ma femme, moi-même et l'Uzukage, dévoila le brun.
Le terme d'Uzukage fit froncer les sourcils du jeune homme.
— Euh... je ne suis pas sûr d'avoir compris, commença Jiraiya avant de se prendre un violent coup de poing dans le ventre lui coupant le souffle. Il tomba à genou à cause de la douleur ressentie et s'estima chanceux de ne pas vomir son déjeuner.
— Je déteste me répéter... formule directement ta question et ne tourne pas autour du pot ! Exigea Madara sévèrement.
Le garçon pris une bonne minute à reprendre son souffle tout en frottant son ventre car la douleur l'élançait toujours.
— Si vous avez détruit Uzushio, comment se fait-il que je ne doive pas mentir à un homme sensé être mort ?
Même si Madara ne le montra pas, il était intérieurement content que l'adolescent ait eu cette réflexion. Après tout, Sakura avait peut-être raison sur les capacités de ce jeune garçon.
— Deuxième leçon : un ninja n'est pas seulement un assassin ou un combattant, il est dans la plupart des cas un collecteur d'informations. Voici donc ta première mission à long terme Jiraiya : réponds-toi-même à ta question. Dans un mois tu me feras un rapport sur les informations que tu auras découvert ainsi que sur la conclusion que tu auras commencé à te faire... le tout sans que personne ne découvre ce que tu fais.
— Hai ! Dit aussitôt Jiraiya qui comprenait que même si ses méthodes étaient peu orthodoxes, ce ninja de légende lui donnait une chance de faire ses preuves.
— Pourquoi être venu jusqu'à Heiwa ? Interrogea Madara.
Jiraiya s'apprêtait à dire qu'il ne comprenait pas la question, mais il s'interrompit dans son inspiration en voyant l'œil gauche de Madara se froncer légèrement. En voyant ce regard, Jiraiya en vint à se demander s'il n'arrivait pas à lire dans sa tête ? Quoi qu'il en soit, le jeune garçon sentit qu'il venait d'échapper à un autre violent coup de poing et décida de dire la vérité.
— Car à part Tsunade je n'ai personne.
— Il me semble que tu avais pourtant un autre coéquipier et ton sensei est toujours vivant aux dernières nouvelles.
— Nah ! Orochi-teme n'est qu'un imbécile et sensei... mon ancien sensei n'avait plus vraiment le temps de s'occuper de nous, expliqua Jiraiya en baissant les yeux en pensant à cette époque révolue.
— Ne montre pas ce genre d'émotions Jiraiya ! Tu as le droit de les avoir, mais en privé, là où personne ne pourra les voir et surtout là où personne ne pourra s'en servir contre toi. Tu peux les montrer à une personne qui t'es cher, mais le reste du temps tu montreras une attitude infaillible.
— Hai sensei, se reprit immédiatement le garçon.
— A partir de demain tu rejoindras la cellule militaire de Heiwa sous la supervision de Matsuo-san des six heures du matin et ce jusqu'à midi tous les jours ! Par la suite tu mangeras à ta faim, suivit d'une sieste d'une heure pour que ton corps récupère de la matinée. L'après-midi si je suis disponible je m'occuperai de ta formation, si je suis dans l'incapacité à cause de mes obligations tu accompliras ta mission... bien entendu tu es libre d'exécuter ta mission à n'importe quelle heure de la journée et de la nuit.
— Bien sensei.
— Une dernière chose, quand tu intégreras le corps militaire il faut que personne ne se doute que tu es un nouveau venu, que personne ne se souvienne de toi, rajouta Madara faisant écarquiller les yeux de Jiraiya.
— C'est impossible...
— Faux ! Tu es un shinobi Jiraiya ! Donc pense comme un shinobi ! En tant que mon apprenti tu dois apprendre à penser comme tel et non plus comme un débutant ! Donc maintenant explique-moi comment tu vas t'y prendre ?
— Je... je... hmm, commença Jiraiya avant de réfléchir en faisant une moue concentrée.
— Tu as le droit de ne pas savoir, rajouta Madara après quelques secondes de silence.
— Le seul problème c'est que j'aurai besoin de temps.
— Explique-toi.
— Si j'avais du temps pour observer la routine de ce que fait la cellule de Matsuo je serais plus à même de me fondre parmi son unité, expliqua Jiraiya qui songeait déjà quelques idées.
— Sauf que malheureusement la vie ne fonctionne pas toujours de la manière dont on l'espère et on doit sans cesse pouvoir improviser le moment venu, rétorqua le brun. Donc, en sachant que tu es pris par le temps, que ferais-tu pour intégrer cette unité maintenant ?
— Euh... je...
— Pense comme un shinobi ! Rappela Madara.
— Je... je vais là où les hommes se préparent, je me débarrasse d'un des soldats avant de prendre sa place avec un Hengen pour pouvoir suivre l'entraînement, répondit Jiraiya avec un petit sourire content de sa proposition fait à l'improviste.
— Bien, maintenant que tu as compris comment un shinobi doit penser, trouve une autre solution avant demain matin qui ne mettra aucune vie en danger dans le corps militaire, dit Madara avant de disparaître dans un tourbillon de feuilles.
Jour 731
— D'ici combien de temps penses-tu que vous aurez fini les sceaux Ashina ? Questionna Madara.
— D'ici la fin de la semaine tout devrait être terminé et la muraille devrait avoir l'équivalent de l'ancienne muraille d'Uzushio si ce n'est mieux, dit le concerné.
S'il y avait bien une chose que devait reconnaître Madara, c'était l'efficacité des sceaux Uzumaki et ceux-ci avaient fait leurs preuves sur la muraille d'Uzushio. En effet, lors de l'attaque Shinra Tensei de Madara, seuls les remparts demeurèrent debout.
— Suzuki-san, quelles sont les nouvelles concernant le corps d'armée que dirige Matsuo-san ?
— Rien à signaler. Nous notons une grande amélioration et tout se passe au mieux.
Pour les personnes autour de la table, cette réponse était tout à fait satisfaisante, mais pour Madara la réponse lui inspirait deux choses. D'une part, il était lui aussi content des résultats du corps d'armée, mais d'autre part, cela signifiait que Jiraiya avait réussi à s'infiltrer sans se faire repérer. Certes, le maître pouvait être content de son élève mais cela confortait ses inquiétudes sur la possibilité plus que certaine que d'autres ninjas puissent avoir la même idée. Mais l'Heikage ne craignait toutefois rien, si cela devait arriver, il savait qu'ils arriveraient à se défendre et à protéger cette paix qu'ils désiraient tous conserver.
Au même moment, un oiseau fit son entrée dans la salle avant de se poser devant Sakura. Elle reconnaissait le volatile et s'empressa de retirer le message à sa patte.
Nibi cloîtré dans une grotte a dix kilomètres de la frontière est de Ta No Kuni. Prendre la direction nord du village de Kasigai jusqu'à un fleuve et le remonter.
Je vous attends.
Kakuzu.
— Madara, intervint Sakura en interrompant le conseil militaire du jour après avoir lu le message de Kakuzu.
— Hai ?
— Il en a trouvé un autre, répondit Sakura avant de plonger le papier dans un brasero.
— Bien, Ashina je te laisse voir la suite avec Suzuki ! Le devoir nous appelle, ordonna Madara avant de se lever suivi de sa femme.
— Vous revenez d'ici combien de jours ? Demanda Suzuki alors qu'Ashina se penchait sur les parchemins du jour.
— Demain si tout se passe bien, répondit Sakura.
Au même moment, à l'autre bout de la ville alors que Sakura et Madara quittaient la cité, un homme était en train de manger un bol de riz accompagné de morceaux de poulet. Il attendait les ordres de son chef militaire et celui-ci avait donc pris une chambre dans une des auberges de la cité. Il en changeait tous les trois jours afin de ne jamais être au même endroit et éviter ainsi les questions.
Il était actuellement en train de manger à une table en extérieur dans l'arrière court de l'auberge. Il commençait à y avoir du monde étant donné que l'heure du repas de midi allait bientôt sonner.
Mais cela ne l'inquiétait guère car le domaine dans lequel Nao Hyûga était considéré comme le meilleur, c'était dans sa capacité à se rendre invisible en plein milieu de la foule. Il était tellement compétent et à l'aise qu'il se fondait aisément comme le commun des mortels.
Soudain, son repas fut interrompu par un joli petit oiseau qui se posa sur la table où il mangeait. Pour ne pas paraître suspect, Nao sorti une petite bourse de sa poche. Il l'ouvrit et piocha dedans une petite pincée de graines avant de les étaler sur la table en bois.
— Tiens mon beau, mange, dit le Hyûga délicatement alors que le petit oiseau faisait des mouvements d'hésitations avant de finalement picorer tout doucement.
Pour toute personne extérieure, ce n'était qu'un homme banal qui nourrissait un simple volatile, mais la vérité était tout autre. Alors qu'il déposait une autre pincée de graines, Nao parvint à caresser le délicat animal et à en retirer le minuscule message attaché à sa patte.
Le Hyûga serra le bout de parchemin dans sa main avant de reprendre son repas comme si de rien était. En mettant un morceau de poulet dans sa bouche il canalisa faiblement son chakra dans ses yeux pour y activer son Byakugan et ainsi lire à travers sa main.
Le pion prend le roi.
Pour quelqu'un de lambda ce ne serait qu'un mouvement d'une partie d'échec sur un bout de papier, mais pour Nao cela avait une tout autre signification. Cette phrase était le déclencheur qui signifiait qu'il était temps de mettre en place la seconde phase de sa venue en ces lieux.
Il était envoyé les trois-quarts du temps pour des missions d'infiltrations et d'espionnages, mais aujourd'hui son Hokage lui demandait de commettre une des missions les plus dangereuse au monde. Une mission d'un grade que pratiquement personne ne connaissait l'existence.
Mission de classe SS : assassiner un Daimyô !
Nao termina son bol de riz en profitant de ce succulent poulet avant de se désaltérer avec un verre de saké comme digestif.
Alors qu'il observait le petit oiseau devant lui, Nao ressaisit une petite pincée de graines pour rapprocher l'animal de lui. Quand celui-ci fut assez proche il accrocha d'un geste fluide et quasiment invisible un message à la patte du volatile avant de se lever.
— Tavernier ! Dit Nao en déposant quelque pièce de ryô sur la table à la vue du responsable qui lui fit un signe de tête.
Il se dirigea vers la sortie de l'établissement et en un instant il se fondit dans la foule comme s'il n'avait jamais existé.
En tout temps Nao avait un Hengen sur ses yeux afin que ceux-ci paraissent marron, lui permettant ainsi de camoufler son Byakugan et surtout de l'activer quand bon lui semblait. Il put grâce à cela éviter bons nombres de patrouilles qui circulaient dans la cité en faisant de temps en temps des contrôles. Car oui, dans cette cité chaque personne résidant en ce lieu avait des papiers identitaires, ce qui était révolutionnaire pour l'époque.
— Excusez-moi monsieur, je crois que je me suis perdu, interpella Nao à l'attention d'un homme devant son stand de tissus.
— Bonjour à vous, il n'y a aucun problème, que cherchez-vous ? Demanda le concerné alors qu'une troupe de soldats traversait la rue derrière le Hyûga.
— Le quartier noble est dans quelle direction ? J'ai un message à livrer et je suis déjà en retard, répondit Nao en soulevant un sac attaché sur son flanc droit.
— Alors, vous continuez à suivre la route jusqu'à la prochaine intersection, vous tournez à droite et vous devriez voir au loin une muraille interne, c'est par là-bas.
— Je vous remercie, dit Nao qui connaissait parfaitement la route, mais qui avait besoin de faire semblant le temps que la patrouille s'éloigne de lui. L'espion aurait très bien pu utiliser les toits pour se déplacer, mais ignorant si des shinobi étaient présents, il préféra utiliser la manière semi-civile.
Une fois en vue de la muraille interne, Nao réactiva son Byakugan et dénombra une dizaine de gardes situés à la porte, derrière la herse et au-dessus de celle-ci. En analysant leur position il trouva un angle mort et canalisa rapidement du chakra dans son corps alors que personne ne regardait vers lui. Il se transforma en un noble qu'il avait repéré et qui passait souvent par cette entrée.
Il changea sa démarche ainsi que son allure avant de passer devant les gardes qui le saluèrent. Il rendit le salut sans oublier d'ajouter un sourire à sa comédie. C'était une des choses qu'il aimait le plus dans son métier : tromper l'ennemi.
Il continua de marcher tranquillement dans la rue alors que les bâtisses devenaient beaucoup plus sophistiquées et belles. Il pouvait voir plus en hauteur la demeure du Daimyô et profita au détour d'une maison pour modifier son Hengen en celui d'un serviteur avant de patienter.
A cette heure-ci de la journée, la demeure du chef administratif devait normalement être réapprovisionnée en nourriture. Donc il attendit quelques minutes qu'un grand chariot rempli de matières premières passe dans la rue pour se faufiler. Grâce à ses mouvements améliorés, il monta à bord du chariot sans que personne ne le voit.
Une fois à l'abri des regards il changea de nouveau sa forme et se transforma grâce à la technique du Hengen en un tonneau avant et se laisser bercer par le mouvement du chariot pour les prochaines minutes.
— Halte ! Ordonna un des gardes postés devant la bâtisse du Daimyô.
— Ohhh, doucement ma belle, dit le cocher en tirant sur les rênes de sa monture.
— Ôhayo Kenzo, livraison habituelle ? Demanda l'un des gardes alors qu'un autre s'était positionné devant le cheval pendant qu'un troisième était monté dans le chariot pour en vérifier le contenu.
— Ouep, tout va bien de votre côté ? Demanda le dénommé Kenzo.
— On fait aller.
— Tout est en ordre, dit un homme en sortant du véhicule.
— Tu peux passer Kenzo, dit le garde.
Le cocher donna un léger coup de cravache à sa monture et le mouvement reprit.
Une autre minute s'écoula avant qu'un nouvel arrêt ne soit effectué, sauf que cette fois-ci le conducteur descendit et commença à décharger sa cargaison vite suivi par beaucoup de serviteurs.
— Vite ! Amenez cela en cuisine et dans le garde-manger ! Il faut que tout soit stocké pour que nous puissions commencer le repas de ce soir ! Dit ce qui semblait être le maître d'hôtel de la demeure.
Une dizaine de personne se mirent à la tâche de vider le contenu du chariot avant de le transporter dans la cave de la cuisine.
Et c'est ainsi que Nao Hyûga pénétra chez sa cible sans être repérer par qui que ce soit : Il se faisait transporter en étant transformer en un tonneau.
Nao patienta dix minutes dans sa forme inanimée avant de finalement relâcher le Hengen pour reprendre son ancienne apparence. Immédiatement il activa son Byakugan pour voir où le monde se situait et également repérer sa cible.
— Seulement trois gardes proches de lui, chuchota pour lui-même Nao avant d'ouvrir la porte de la cave.
Grâce à son Dôjutsu, il ne fallut à Nao que deux minutes pour arriver au couloir conduisant aux appartements du Daimyô. Les trois gardes étaient disposés de manière assez espacée et de façon à pouvoir se voir. De plus, la porte donnant sur les appartements de sa cible était également ouverte. Nao sortit un kunaï de sous sa veste avant de courir en direction des trois hommes lui barrant la route.
Grâce à son Byakugan il lança avec une précision chirurgicale son arme en direction de la gorge de celui qui était le plus éloigné de sa position. Par ce geste il allait faire une pierre deux coups : détourner l'attention et éviter une éventuelle alerte. L'arme se planta dans la gorge du garde et celui-ci tomba au sol dans un bruit sourd accompagné d'un horrible gargouillement de sang.
Les deux autres personnes tournèrent immédiatement la tête vers leur camarade au sol et Nao en profita.
Dès qu'il fut à portée de frappe d'un autre garde il arma son bras. Ses yeux étaient en train de fixer la respiration de sa future victime : Maintenant !
Il planta son deuxième kunaï au moment même où sa cible avait expiré tout l'air de ses poumons et ainsi il ne put émettre aucun son quand l'arme le pénétra.
— Ghn !
Alors que le second s'effondrait au sol, Nao avait déjà combler la quasi-totalité de la distance qui le séparait du dernier garde qui avait dégainé son sabre et se préparait à frapper l'assassin.
Le Hyûga dévia aisément l'arme avec le style de combat du Clan Hyûga avant de porter son index et son majeur en plein dans la gorge de son adversaire. La décharge de chakra coupa l'artère carotide, tétanisant le dernier garde de douleur qui se noya dans son propre sang en quelques secondes... le tout sous le regard du Daimyô qui ne bougea pas un instant.
— Vous ne semblez pas être surpris, remarqua Nao en se tournant vers Hashuba.
— Je savais que tôt ou tard ce jour viendrai, énonça calmement le Daimyô qui n'était visiblement pas effrayé du sort qui l'attendait.
— Je comprends.
— Qui ?
— Quelle importance, dit Nao en observant avec son Byakugan les alentours pour voir si quelqu'un approchait de leur position : personne.
— Elle en a une pour moi, et si je dois mourir j'aimerai connaître la personne qui a ordonné mon assassinat, dit Hashuba Shôta imperturbable tout en se levant le fourreau à la main.
— Konoha, répondit Nao en se rapprochant.
— Je vois... cependant, il y a juste un petit détail qui va vous déplaire, rajouta le Daimyô en écartant lentement ses pieds dans une position de combat.
— Lequel ?
— Je ne suis pas comme les autres Daimyô et je n'ai pas l'intention de me laisser faire sans combattre, répondit Hashuba en dégainant son sabre dans une position de combat.
Nao ne traîna pas plus longtemps et dégaina deux nouveaux kunaï de sa sacoche avant de charger sa cible confiant. Après tout, quoique le Daimyô puisse affirmer, il n'était qu'un civil qui savait manier le sabre : cela ne devrait pas être très compliqué d'en venir à bout.
Sauf que Nao avait sous-estimé le Daimyô. En effet, Hashuba était un épéiste émérite et c'était en partie grâce à cela qu'il avait pu prendre la tête de Ta No Kuni.
Ses mouvements étaient fluides, imprévisibles et il était toujours dans l'esquive et la défensive : il ne prenait aucun risque inutile car il savait que la moindre erreur pourrait lui coûter la vie.
Se battre faisait du bruit et Nao devait se dépêcher d'en finir rapidement alors il utilisa plus de chakra que ce qui était prévu pour sa mission afin d'accélérer les mouvements de son corps. Mais ce qui était surprenant voire déstabilisant, c'était que le Daimyô suivait ses mouvements.
— Comment fais-tu ? Demanda Nao qui ne comprenait pas comment un simple civil pouvait lui tenir tête. Certes, sa faible quantité de chakra l'empêchait d'aller aussi vite que la majorité des ninja, mais il allait bien plus vite que n'importe quel œil civil. Mais ce que le Hyûga et pratiquement le monde entier ignorait était que Suzuki et Hashuba maîtrisaient les rudiments du chakra ainsi que quelques techniques de rang E. Et c'était pour cette raison que Hashuba arrivait à tenir tête à son assassin, et qu'il avait toujours caché ce secret bien gardé.
— Contrairement à toi je ne suis pas assez con pour te répondre, rétorqua Hashuba.
— Tch ! S'agaça Nao qui chargea une nouvelle fois le Daimyô et un nouvel échange d'arme se fit dans un miroitement d'étincelles et de tintements.
— Est-ce tout ce que Konoha a à m'envoyer ? Provoqua Hashuba en régulant son souffle.
Alors qu'il faisait cette provocation, le Hyûga lança un de ses kunaï vers le Daimyô qui dévia le projectile avec son sabre dans un mouvement fluide, mais Nao en profita pour passer sa garde et planter son deuxième kunaï en plein dans le corps de sa cible.
Quand Nao sentit son arme pénétrer la chair il eut un petit sourire sur les lèvres en sachant qu'il avait réussi.
Sauf que le Daimyô se mit soudainement à vibrer l'espace d'une demi seconde avant d'exploser en un nuage de fumée pour finalement dévoiler un coussin embroché sur son arme.
— Kawarimi ? Se demanda Nao complètement surpris.
Hashuba venait d'effectuer une technique de substitution avec un des coussins derrière Nao. Dans cette position plus qu'avantageuse, le Daimyô arma son sabre dans l'optique de décapiter son agresseur. Dans la tête du chef d'Heiwa il était victorieux : personne ne pouvait esquiver ce coup qu'il portait.
Mais malheureusement, son adversaire était un Hyûga et celui-ci avait une vision à 360°. Et le Genjutsu mis en place sur ses yeux l'empêcha de connaître cette information. Nao se contorsionna pour esquiver la lame avant de frapper avec son index et son majeur le poignet du Daimyô qui lâcha aussitôt son arme avec un petit cri de douleur.
Nao saisit immédiatement le sabre à deux mains avant de le planter en plein dans le torse de sa cible.
— Urgh ! Gémit Hashuba en sentant le fil de sa lame le transpercer de part en part.
Il avait le souffle coupé et la douleur se fit encore plus grande quand l'assassin retira l'épée de son corps.
Il sentait un liquide chaud couler sur son torse et imbiber ses vêtements. Il sentit ses jambes trembler avant de tomber à genoux. Il eut à peine le temps de réaliser ce qu'il venait de se passer qu'il s'effondra au sol avant qu'une flaque de sang ne s'élargisse au fil des secondes.
Alors que le ninja de Konoha s'apprêtait à s'enfuir, une personne s'interposa en pénétrant dans la pièce.
En voyant cet homme devant lui, l'assassin ne sut quoi faire et cela arrêta immédiatement son geste.
— Uzukage-dono ?! Dit Nao complétement surpris de voir cet homme qu'il pensait disparu.
— Alors, en plus de ne pas respecter ses engagements et ses alliances, Konoha se permet d'assassiner les dirigeants des pays voisins ? Rétorqua Ashina avec froideur en voyant Hashuba au sol, une flaque de sang autour de lui. C'est à se demander si le responsable de la dernière guerre n'était pas Konoha lui-même !
— Ce n'est pas vrai ! Réfuta immédiatement le Hyûga.
— Ah non ?! Alors ça ressemble à quoi ?! Exigea Ashina avant de taper le sol avec son pied.
Dès que son pied toucha le sol, il émana une multitude de sceaux de Fûinjutsu qui se répandirent dans pratiquement l'entièreté de la pièce sous le regard effaré de l'assassin.
— Ce que je vois c'est un ninja assassin, qui par ses réactions, son chakra et son Dôjutsu ne peut venir que d'Hi No Kuni ! Et je vois le Daimyô de Ta No Kuni derrière toi dans son sang... si ce n'est pas une déclaration de guerre, je ne vois pas ce que c'est !
— Ce n'est pas ce que vous croyez ! Se défendit le ninja qui ne savait pas quoi répondre dans cette situation. Il voulait s'expliquer sur le fait qu'ils étaient arrivés trop tard pour les sauver de l'éradication de Uzushio, mais à quoi bon ? Il venait d'assassiner le dirigeant de cette immense cité alors que ce peuple ne désirait que la neutralité.
— Pas ce que je crois ?! Que je sache, cet homme que tu viens de tuer... commença à dire Ashina en avançant lentement vers le possesseur du Byakugan. Il ne désirait qu'une seule chose : la paix et la prospérité de son pays ! Alors qu'est-ce qui justifie que Konoha No Sato déclare son assassinat !
Dès qu'il termina sa phrase, Ashina libéra son intention de tuer et l'assassin se sentit extrêmement mal d'être dans cette situation. Il ignorait à quoi servait les sceaux de Fûinjutsu mis en place par Ashina mais cela ne devait pas être plaisant.
[En espérant que cette histoire vous plait toujours :]
