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Chapitre 41

Kakashi, Nagato et Yahiko s'étaient donné rendez-vous directement dans le bureau du deuxième et il fut le dernier arrivé, bien que ce ne fût plus lui qui s'occupât de la filature le matin.

Itachi avait absolument tenu à retourner travailler et à vrai dire, l'inspecteur n'avait pas réellement lutté pour l'inciter à rester à domicile : s'il était seul dans leur appartement, il serait tenté de sortir pour aller à la librairie et ça donnait le champ libre au tueur. Ainsi, il était largement préférable qu'il se rendît à Akatsuki Productions.

— Désolé, s'excusa-t-il, je suis à la bourre, j'ai eu du mal à me réveiller correctement.

Yahiko hocha la tête, lèvres pincées, bras croisés et un regard dur braqué sur lui. Des cernes commençaient à se dessiner sous ses yeux, il avait le teint pâle et quelque chose de particulièrement accusateur sur ses traits.

Le lieutenant n'osa pas, cependant, passer un maxi savon à son ancien ami pour sa bagarre de la veille. Aucun des trois pauvres types ayant eu la malchance d'énerver Nagato n'aurait de séquelles de cette rixe, mais il n'en restait pas moins qu'il n'aurait jamais dû répondre à la moindre provocation.

Pourtant, Yahiko n'avait pas le cœur à disputer celui qu'il considérait toujours comme son meilleur ami. Disons que les temps avaient été durs pour lui, entre le divorce et les menaces de mort envers son colocataire… Et puis, il n'était pas très difficile de comprendre ce qu'il s'était passé, vu que l'alerte provenait d'Akatsuki Productions.

Quand la pièce fut ouverte, Nagato fut le dernier à entrer, Kakashi s'empressant de contourner le bureau pour s'installer sur le fauteuil et brancher sa clé USB sur la tour de l'ordinateur, allumant l'écran et bougeant la souris.

L'engin sortit de sa veille et Kakashi tapa le mot de passe en soupirant :

— Le prénom de ta fille et la date de naissance de ton ex-femme. Franchement, Nagato, ce mot de passe laisse à désirer.

Alors qu'il tournait son regard vers l'inspecteur qui eut la bonne grâce de paraître gêné, baragouinant des justifications bancales, rosissant un peu, les rétines de Kakashi heurtèrent le cadre qui trônait sur le bureau et il papillonna des cils en le saisissant à pleines mains pour mieux l'observer.

Ses lèvres bayèrent légèrement alors qu'il approchait l'image encore plus près de ses yeux, pour être sûr. Mais il savait qu'il ne se trompait pas. Il ne pouvait tout simplement pas faire une erreur, pas sur Tsuki, jamais sur Tsuki, il était bien trop spécialiste. Il reposa le cadre et le sérieux sur son visage surprit les deux autres. Finalement, il consentit à prononcer :

— Quels sont tes liens avec Tsuki ?

Nagato s'assit au bord de son bureau, saisissant le cadre pour l'observer une seconde, puis il le remit à sa place en secouant la tête, alors que Yahiko s'installait sur l'autre chaise de la pièce.

— C'est mon colocataire, admit finalement Nagato.

Kakashi se para d'un sourire triomphant qui remonta jusqu'à ses yeux, les illuminant d'une victoire bien méritée.

— Je le savais, jubila-t-il. J'ai passé des heures entières à argumenter que le fond d'écran de Tsuki n'était pas une relation amoureuse, expliqua-t-il en terminant d'allumer l'ordinateur pour accéder au contenu de la clé USB. Ça va bon train sur les forums, les autres essaient de deviner qui est l'homme sur la photo, tout le monde parie sur un petit ami, mais je n'y croyais pas une seule seconde.

— Pourquoi ? s'interrogea Yahiko.

— On s'en fout, interrompit Nagato, on n'est pas là pour faire des pronostics sur la vie privée de mon colocataire. T'as quelque chose ?

— Oui, confirma Kakashi en oubliant presque ce qu'il venait d'apprendre.

Rien ne l'empêchait de revenir plus tard vers Nagato pour l'interroger plus en détail. Ce n'était pour l'instant pas le moment de tout mélanger. Il reporta ses yeux sur l'écran, à la recherche de l'icône symbolisant sa clé USB et il double-cliqua dessus.

— Zobinator n'était pas très partant pour me passer les fichiers, mais je l'ai travaillé au corps. On a la live-performance en entier sous plusieurs angles, maintenant, il a récupéré un max de vidéos, pour me les filer. Par contre, précisa Kakashi, il se réserve le droit de me demander un truc sans que je puisse refuser. J'espère que je n'ai pas accepté de coucher avec lui sans le savoir, je ne suis absolument pas gay.

Il cliqua sur la première icône vidéo pendant que Nagato et Yahiko venaient se placer derrière lui. Ajustant le son de sa main gauche et la taille de la fenêtre de la droite, Kakashi s'installa plus confortablement dans son siège.

Les deux autres policiers étaient bien loin d'être aussi à l'aise. Il se passa plusieurs minutes durant lesquelles ils oublièrent pourquoi ils regardaient de la pornographie au travail. La tête penchée, les paupières mi-closes pour essayer de comprendre ce qu'ils étaient en train de voir, l'un comme l'autre sentait ses joues cuire doucement en observant les hanches se mouvoir, en devinant les grincements, les grognements, et Nagato finit par sursauter quand son téléphone vibra dans sa poche.

Il détourna les yeux de l'écran en se raclant la gorge, faisant revenir les deux autres aux considérations qui les intéressaient vraiment et Kakashi toussota avec force.

— En termes qualitatifs, la prestation est d'enfer. Rien d'étonnant de la part de Tsuki, il fait jamais les choses à moitié.

« J'ai pris du poids depuis ma dernière visite médicale », signalait Itachi par SMS. « Je pense que c'est à cause de mon changement d'alimentation ».

Nagato roula des yeux et envoya une réponse succincte « Abdos, pompes, tractions, dans un mois, ça se verra plus. »

— Par contre, cette vidéo donne une très mauvaise vue sur le public, rajouta l'inspecteur de la brigade financière en rempochant son téléphone.

Il ignora la vibration suivante et se pencha par-dessus l'épaule de Kakashi pour se rapprocher de l'écran et scruter le peu qu'il apercevait des spectateurs. Il fronça les sourcils et s'avança plus encore, veillant à concentrer son esprit sur le détail qu'il venait de noter et pas sur la nudité de son colocataire ni l'érection impressionnante qui figurait sur l'image. Il posa son doigt, laissa une marque.

— Là. Il faut qu'on arrive à choper un autre angle, y a quelque chose, là.

— « Un autre angle », grommela Kakashi, t'es marrant, mais je ne sais pas si on aura mieux.

Yahiko soupira.

— De toute façon, on n'a pas le choix, on va devoir se farcir toutes les vidéos… Ça dure combien de temps ?

— Quarante-cinq minutes, environ. J'ai cinq vidéos, dont certaines tournées depuis les coulisses, apparemment.

— Oh bordel, s'horrifia Nagato. Même à nous trois, ça va nous prendre des heures à tout analyser.

— Nous trois ? réagit Kakashi, son sourire se devinant sous son masque. Ravi de faire partie de l'équipe, ça va être la meilleure enquête de ma vie.

Soudain, il reprit son sérieux, oubliant immédiatement qu'il se trouvait devant une prestation qu'il avait voulu voir absolument, réfléchissant profondément.

— Le mieux, ce serait encore de se partager les vidéos et de rester en contact.


Depuis que Kakashi avait quitté son bureau, Nagato avait une question au bord des lèvres, qu'il ne parvenait pas à s'extraire de l'esprit ni à formuler de façon à rester discret sur l'enquête qu'il était en train de mener.

À vrai dire, s'il devait être honnête avec lui-même, le policier s'avouerait que, même si la vie de son colocataire était en jeu, il prenait beaucoup de plaisir dans cette enquête. Ça lui faisait du bien d'avoir de nouveau des secrets à cacher, des montées d'adrénaline et des casse-têtes sans nom sous les yeux.

La brigade financière ne lui offrait pas exactement ce genre de dossier. Il était très rare qu'il allât sur le terrain pour débusquer des méchants, très rare qu'il pût se mettre à la place d'un criminel qu'il pourchasserait, s'imprégner de son mode de pensée et tenter de le comprendre pour pouvoir l'anticiper.

Même s'il était incroyablement mauvais à cet exercice, il aimait s'y prêter et il avait adoré regarder Kakashi et Tenzô – les deux experts du profilage des forces spéciales – se lancer dans leurs jeux de rôles, campant des personnages à l'esprit retors.

Il rentra peu de temps après Itachi, profitant pour toucher deux mots de leurs avancées à Asuma qui, lui-même, avait précisé qu'il y avait, sans surprise, une nouvelle lettre qui avait été reçue. Même si le corbeau avait fait le tour de la filmographie de Tsuki, pour Kakashi, il était évident que les menaces allaient s'accélérer jusqu'au passage à l'acte.

Un ordinateur portable sous le bras, la clé USB de Kakashi au fond de la poche, Nagato soupira, attirant l'attention d'Itachi qui s'empressa de s'approcher de lui pour l'examiner avec minutie :

— Tu vas bien ? s'enquit-il avec inquiétude.

Nagato fronça les sourcils, scrutant à son tour son colocataire. Le teint légèrement pâle, la lèvre maltraitée par une canine, tout en lui symbolisait une angoisse visible.

— Tu n'as pas eu de problèmes, au travail, à cause d'hier ?

Nagato eut un sourire doux qu'il adressa à son colocataire en posant l'ordinateur en équilibre sur le meuble de l'entrée. Il entreprit de se déchausser avec calme, relevant ses yeux vers Itachi qui le contemplait toujours avec anxiété.

— Ne t'inquiète pas pour moi, écarta-t-il. Ils ne vont pas me renvoyer parce que j'ai un peu malmené trois agresseurs.

Ça n'avait pas empêché Yahiko de rester dans son bureau après le départ de Kakashi et de lui passer un savon monstrueux, le suppliant d'arrêter de prendre les procédures par-dessus la jambe quand il s'agissait de son colocataire. Bien entendu, Nagato s'était contenté de hausser un sourcil provocateur, demandant gentiment à son ancien meilleur ami comment, exactement, il comptait le forcer à respecter le protocole.

La vie d'Itachi avait été en jeu, il avait agi de façon proportionnée et il n'avait tué personne. Si les trois hommes s'étaient retrouvés à l'hôpital, aucun n'avait voulu admettre qu'une seule personne les avait mis dans un tel état. Les versions avaient divergé, s'étaient emmêlées, la fierté des agresseurs avait pris le dessus et finalement, ils avaient choisi de ne pas déposer de plainte. Cette préférence avait été vivement encouragée par Yahiko qui s'était dès lors chargé de disputer Nagato.

— À vrai dire, Yahiko a étouffé l'affaire, confessa-t-il avec une grimace.

Itachi lui lança un regard surpris, l'observant alors qu'il rangeait ses chaussures avec minutie et récupérait son ordinateur portable sous le bras.

— Pourquoi a-t-il fait ça ?

Nagato haussa les épaules.

— La fraternité dans les forces spéciales. Ce n'est pas la première fois qu'il couvre mes conneries, ajouta-t-il en essayant d'avoir l'air désolé.

L'étincelle d'espièglerie dans ses yeux fit pétiller quelque chose dans l'esprit d'Itachi et il secoua la tête, perplexe.

— Comment ça ?

— Je ne t'ai jamais raconté ma rencontre avec Konan ?

— Non, jamais.

Paraissant réfléchir, Nagato dodelina de la tête avant de marcher jusqu'à la table du salon où il déposa son ordinateur, suivi par son coloc. Ils s'assirent et Nagato poussa un soupir de bien-être. Le canapé était rudement confortable et il était toujours difficile de s'en extraire pour faire autre chose.

— Nous étions novices, avec Yahiko. Alors il faut nous imaginer avec vingt ans de moins, plus agiles, plus affûtés…

Itachi laissa ses yeux se promener sur le corps de son colocataire qui, s'il ne l'avait jamais vu nu, lui paraissait déjà très en forme. Surprenant son regard, Nagato secoua la tête.

— Non, vraiment, je me suis empâté, avec l'âge.

— Tu es quand même très bien, pour tes quarante ans.

Le policier esquissa un sourire mal à l'aise et toussa un peu.

— Quarante-et-un, j'ai fêté quarante-et-un ans en septembre dernier.

Itachi grimaça, déçu d'avoir raté la date, puis il incita d'un geste son colocataire à reprendre le fil de son histoire, se retenant d'attraper un des coussins du canapé pour le serrer contre lui et mieux s'installer pour écouter le récit.

— Comme on était des novices, nous n'étions pas envoyés sur le terrain. On devait passer notre épreuve du feu peu de temps après, mais en attendant, nous passions nos journées à être sous pression, à nous entraîner… Combat au corps à corps, maniement des armes, désamorçage de bombes – sommaire, bien sûr, c'est l'équipe de déminage qui s'occupe de ça, on savait seulement le strict minimum, on apprenait à décrire ce qu'on voyait avec un vocabulaire précis, à transmettre des infos, à parer au plus urgent… Tout ce qu'il fallait pour être une unité d'élite. Avec les autres novices, il nous arrivait de nous retrouver après le boulot pour boire un coup. Parfois, un peu ivres, on déclenchait des bagarres, pour le plaisir de la baston.

— On peut prendre plaisir à se faire taper dessus ? questionna Itachi.

— Tu serais étonné, s'amusa Nagato. Forcément, après de telles bagarres – on cherchait des noises à des pompiers, des militaires, des rugbymen, des gens qui savaient se défendre, bien sûr. Évidemment, ils répliquaient et il est arrivé plusieurs fois qu'on se retrouve à l'hôpital. Konan était une jeune aide-soignante, elle travaillait le soir et la nuit, principalement. Elle m'a plu dès l'instant où je l'ai vue. Sauf que je suis terriblement manche avec les filles et j'étais incapable de prononcer le moindre mot cohérent quand elle s'approchait. À la fin, comme j'arrivais pas à lui parler, je déclenchais des bagarres exprès pour la revoir.

Itachi ouvrit la bouche pour faire un commentaire et la referma aussitôt, une moue intriguée sur le visage. Était-ce romantique ? Lui n'aimerait pas ça. Il n'aimerait pas que quelqu'un fît du mal à autrui uniquement pour pouvoir le voir, c'était inquiétant.

— On fait des choses stupides, ponctua Nagato, quand on est amoureux et jeune. Avec le recul, je trouve ça ridicule et dangereux. Mais bon, Yahiko me couvrait à chaque fois. Notre chef nous voyait arriver dans son bureau et il avait toujours l'air fatigué, amusé et désespéré en même temps.

La nostalgie sur ses traits se changea en tristesse quand il soupira, réalisant une fois de plus que tous ces moments n'étaient rien de plus que des souvenirs et que plus jamais il ne voudrait partager ce genre de choses avec Yahiko. Qu'il ne le pouvait de toute façon plus, vu qu'il faisait désormais partie de la brigade financière.

Ses pensées revinrent vers l'enquête et sur la question qui l'avait taraudé toute la journée. Il finit par prendre son élan pour se résoudre à l'énoncer :

— Je... Hm... Est-ce normal que des vidéos de tes live-performances, filmées depuis les coulisses, soient disponibles sur internet ?

Itachi considéra Nagato avec étonnement, papillonnant des cils et se demandant vraiment comment il avait pu avoir accès à cette information. Déglutissant pour ravaler la pensée fugace que peut-être son colocataire avait cherché ses films, il finit par soupirer. L'idée que Nagato allât fouiller dans sa filmographie le rendait inconfortable, principalement du fait qu'il refusait de nouer des relations avec des personnes ayant vu ses films pour le plaisir.

— Oui. C'est un pan de la stratégie visant à faire de moi une légende du hard. C'est Sakura qui les filme et qui les poste sur quelques sites choisis avec soin, comme le forum porn-hot. Elle se fait passer pour un membre, Goéland, et envoie les images à l'administrateur. Que ces images soient quasiment inédites et diffusées comme des trophées et des raretés, ça permet de renforcer ma popularité au sein de mes communautés, les administrateurs se sentent privilégiés. Ça aide aussi à limiter la propagation de fausses informations à mon sujet, les responsables de ces sites redoublant d'attention en espérant une récompense. Pourquoi ?

— Un de mes collègues m'en a parlé, esquiva Nagato. Comme il sait que la pornographie me met mal à l'aise, il fait tout pour m'en parler à n'importe quelle occasion. Aujourd'hui, c'était pour m'expliquer qu'il avait enfin pu voir une de tes performances qu'il avait ratées. Et je vivais mieux sans savoir que tu te produis en direct.

Il grimaça, se rappelant que cette prestation en direct, il allait devoir l'analyser sous toutes les coutures pour essayer de repérer les comportements agressifs dans la foule. Un nouveau soupira franchit ses lèvres.

— C'est toujours très embarrassant. Je ne sais jamais comment éviter ces discussions.

Il se leva finalement pour aller récupérer l'ordinateur portable qu'il avait abandonné, se dirigeant vers sa chambre pour se délester de son arme et poser le pc sur son lit.

— J'ai du travail, ce soir, annonça-t-il d'une voix douce, donc je ne pourrai pas regarder le film avec toi. Ça ne t'embête pas j'espère...

Déçu, Itachi haussa les épaules.

— Ce n'est pas grave. Demain soir ? espéra-t-il.

Nagato lui adressa un sourire éblouissant.

— Demain soir, promis.


C'était la quatrième fois d'affilée qu'il reprenait la vidéo depuis le début, les lumières de sa chambre éteintes, la couverture remontée jusque sous les aisselles. C'était la quatrième fois d'affilée qu'il s'infligeait le spectacle de cette prestation. Il connaissait trop bien les enchaînements, le bruit des gémissements et des peaux qui se touchent, savait précisément quand la vue sur le public serait gâchée par une paire de fesses.

La première diffusion l'avait mis mal à l'aise, il avait d'ailleurs coupé le son pour ne plus entendre la voix de son colocataire prononcer ces phrases inconvenantes qui rosissaient ses joues, ne plus entendre les râles de plaisir de son partenaire.

La deuxième fois, à la suite d'une fausse manipulation de sa part, s'était faite avec les râles, les claquements, les raclements de gorge dans la foule spectatrice et il s'était dit qu'en fait, la bande-son pouvait avoir son importance. Le silence qui régnait en maître dans le public lui avait fait prendre conscience que peut-être que le corbeau réagirait vocalement à l'entente de la phrase qu'il avait scrupuleusement retranscrite dans sa lettre de menace.

Il enfonça la barre espace pour faire pause quand il reçut un SMS de la part de Kakashi : « La minute 36 ». Étonné, Nagato fit défiler le curseur du timer jusqu'à arriver sur la minute en question et la repassa plusieurs fois d'affilée, scrutant le public qu'il apercevait avec attention les premières diffusions et laissant ses yeux s'attarder sur l'expression qu'arborait Tsuki. Ses pupilles suivirent le sillon de transpiration qui descendait sur le bord de son visage, s'arrêtèrent sur le regard embué, sur les lèvres entrouvertes. Finalement, il secoua la tête et empoigna son téléphone : « Eh bien quoi ? Je ne vois rien. »

Il quitta finalement cette vidéo pour ouvrir la suivante, espérant obtenir plus d'indices. Il guettait la moindre trace de colère, d'agressivité, mais il était parfois difficile de la différencier des envies empreintes de luxure qu'il distinguait sur les figures des personnes présentes dans le public.

Son portable vibra alors qu'il entamait la deuxième minute de la seconde vidéo. L'angle de prise de vue était totalement différent : si le premier était filmé par Sakura, le second, lui, était pris depuis la caméra d'un smartphone qui dépassait d'une poche. Nagato doutait que ça puisse réellement être exploitable, les vidéos provenant des coulisses offrant encore le meilleur des panoramas.

« Je voulais seulement noter qu'à ce moment-là, Tsuki était particulièrement désirable. Tu ne trouves pas ? »

Roulant des yeux, Nagato remit la pause sur le film qu'il était en train de regarder pour expédier un lapidaire « Je ne désire pas mon colocataire. Travaille sérieusement. ». L'avantage de la vidéo ayant un autre point de vue était qu'il pourrait voir la partie du public cachée par la paire de fesses.

« Sans aller jusqu'à le désirer, tu peux au moins reconnaître qu'il est canon, non ? »

Automatiquement, ses yeux revinrent sur la vidéo. Il examina la silhouette d'Itachi, notant l'absence totale de poils sur l'ensemble de sa peau. Il papillonna des paupières, parcourut le reste de son corps. Des hommes bâtis comme lui, en termes de musculature, il en avait vu beaucoup dans les forces spéciales. Il ne s'arrêta pas sur les parties génitales, refusant clairement de penser à un moment qu'il avait regardé avec attention le sexe de son colocataire.

Finalement, il soupira, consentant à lâcher : « Oui, il est canon. Je ne vois pas en quoi ça sert notre affaire. »

La réponse arriva quelques secondes plus tard : « Ça ne sert pas notre affaire. Je voulais seulement que tu regardes avec attention un acteur de X nu et dans l'exercice de ses fonctions. Plus sérieusement, j'ai un truc louche à la minute 25, mais j'ai mauvaise vue. À droite, côté public, pas loin de la scène, il y a un mouvement que je ne distingue pas, mais qui attire mon œil. »

— Salopard, sourit Nagato à voix basse avant de retourner à la minute 25.

Sur la seconde vidéo qu'il avait récupérée, la minute 25 examinait le fond de la poche du propriétaire du smartphone. Et sur l'autre, il y avait un cul devant. Soupirant, il envoya un message à Yahiko pour le prévenir, avant d'expliquer à Kakashi ce que donnaient ses propres vidéos.


À bientôt !