- Bande de vieux ploucs pourris ! La prochaine fois que vous partez en balade, prévenez-nous ! rugit El. On a failli se lancer à votre recherche, vous auriez pu être en danger, ou n'importe quoi !

- C'est bon, fit Draco, on a rien fait de rocambolesque. Juste une rando dans le coin.

- Ouais, une rando d'une journée, sans laisser aucun mot pour nous avertir !

- Je pense que l'important, c'est qu'ils soient revenus, et qu'ils ne leur soient rien arrivés, intervint Granger.

El, toujours furax, s'éloigna à grands pas pour rejoindre Luna, qui était en grande conversation avec un des nains de jardin. Hermione, quant à elle, leur adressa un mince sourire avant d'accompagner son petit-ami pour mettre les couverts sur la table qui avait été déplacée à l'extérieur en raison du temps beau et doux de début de printemps. Les parents de Weasley les avait laissés entre jeunes, et étaient partis chez des amis pour quelques jours – ils avaient préféré ne pas poser trop de questions sur ce qui se tramait, préférant les laisser gérer leurs affaires comme des grands – ce qui avait provoqué une grande gêne chez Draco quand il l'avait appris, mais qui, en même temps, le soulageait fortement. Il pouvait tendre la main pour prendre le sel sans craindre de croiser par inadvertance le regard de Molly Weasley… Seul problème lorsqu'on prend les condiments posés sur une table, c'est qu'on risque de frôler la main des autres – péril extrême pour personnes au cœur mal accroché (comme Draco, surtout lorsque ladite main est celle de Potter) (oui, même après s'être littéralement donné la main dans un champ comme des adolescents, Draco avait toujours le cœur en branle lorsqu'il effleurait la peau du brun) (oui, c'était assez pathétique).

Comme le jour qui suit une tempête, tout était calme. Peut-être que personne n'aurait abordé le sujet, si Granger n'avait pas mis les pieds dans le plat après avoir fini son dessert (tarte aux fraises).

- Il faut qu'on parle. Après la mésaventure dans la nuit de lundi, je crois qu'il faut sérieusement qu'on réfléchisse. Clairement, c'était une mauvaise d'idée de vous laisser partir tous les deux – Harry et Draco – sans plus d'information que ça, et surtout sans certitude que ta mère était bien au manoir… C'était une erreur de débutant, il est vrai, je n'ai pas été assez rigoureuse…

- Mais Hermi –

- Non, Harry, vraiment, tu sais bien comme j'avais insisté, à l'époque, pour qu'on vérifie que Sirius n'était pas chez lui avant d'aller au Ministère ; et là, je n'ai même pas posé la question, je suis – enfin, je… je suis désolée.

Luna lui adressa un grand sourire.

- Ne t'en fais pas Hermione, nous ne sommes plus les mêmes depuis la guerre. Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça, c'est difficile de replonger dans les ténèbres après avoir cru que c'était fini pour de bon.

La Gryffondor ne répondit pas tout de suite ; elle renifla un bon coup, expira, se donna une claque sur les joues avant de reprendre.

- Ok, trêve de sensiblerie. Repartons à zéro. Expliquez-nous en détails cette fois-ci ce qui s'est passé de votre côté et ensuite on fera la même chose, comme ça on partira tous avec une symétrie d'informations.

Potter hocha la tête, comme s'il était parfaitement habitué à suivre les indications de sa meilleure amie, et se lança dans le récit – Draco ne se permit de faire aucune intervention. Potter relatait les évènements comme ils s'étaient déroulés, oubliant – délibérément – de mentionner leur petite escarmouche de rien du tout tandis qu'ils moisissaient dans les cachots. Le Gryffondor ne lui lançait même pas un microscopique coup d'œil – étrange après leur journée ensemble, mais Draco essayait de ne pas s'en formaliser. Ce n'était rien. Peut-être que tout ça n'était rien, rien, rien, et ne voulait rien dire.

- Et ensuite, vous avez débarqué, et voilà, termina le brun. Et vous, comment avez-vous fait pour pénétrer dans le manoir ? Et surtout pour battre des sorciers qui nous ont terrassé comme des première année ?

- On n'a pas tergiversé longtemps après votre départ, pour tout vous avouer, déclara El. On était tous d'accord pour dire qu'affronter Lucius et un potentiel démon à deux, ce n'était pas vraiment suffisant ; j'ai vraiment regretté de ne pas avoir insisté pour vous retenir, mais c'était trop tard… On a pensé à prévenir McGo, mais quand Hermione et moi on a voulu monter dans son bureau, on a croisé le professeur Flitwick et il nous a dit qu'elle était absente pour la soirée.

- Oui, reprit Granger, du coup le plan B était de suivre le même trajet que vous, sauf que là encore on a déchanté : le passage s'est refermé derrière vous et impossible de l'ouvrir de nouveau – j'ai pourtant essayé tous les sortilèges que je connais, et rien n'a fonctionné, c'est certainement un système magique de verrouillage automatique qui assure ainsi une sécurité optimale pour ceux et celles qui l'empruntent, c'est vraiment très ingénieux, je me demande ce qui…

- Hermione, chuchota Ron.

- Oui, pardon. Bref, je disais… Vu que le passage était fermé, on a testé la Salle sur Demande, et là encore, impossible de la faire apparaître, impossible d'y entrer ! Ce que je trouve, par ailleurs, plus difficile à comprendre que pour le passage secret, car la Salle a été conçue justement pour répondre aux demandes de ceux et celles qui en ont besoin, et nous avons, évidemment, suivi la procédure à la lettre, sauf que rien ne s'est produit ! J'ai beau y avoir sérieusement réfléchi, je ne trouve pas d'explication satisfaisante à –

- Hermione, répéta Ron d'un ton un peu plus pressant.

- Oui, Ronald, j'ai bien vu que je t'emmerdais quand je parlais, donc tu peux continuer tout seul !

- Non… je, ce n'est pas, bredouilla-t-il, ce n'est pas ce que je voulais dire, c'est juste que…

La brune haussa les sourcils bien hauts tandis que la voix du roux se faisait murmure.

- Bon, très bien, si tu arrêtes de me couper la parole pour un rien, je vais peut-être pouvoir continuer. Comme je le disais avant d'être interrompue, la Salle sur Demande nous a fait faux pas. La seule solution que je voyais pour sortir de l'enceinte de Poudlard, c'était soit aller trouver les Sombrals dans la Forêt Interdite – ce qui est pratique avec la guerre, c'est qu'on a tous vu la mort de nos propres yeux, donc au moins ils nous sont visibles – soit se rendre à pieds jusque Pré-au-Lard pour transplaner. Le problème étant que Poudlard est encerclé par des sortilèges de protection bien plus puissants qu'autrefois et que des patrouilles sillonnent le périmètre toute la nuit ; et que la Forêt demeure un lieu très… incertain.

- J'aime beaucoup les Sombrals, intervint Luna.

- On a essayé de passer la patrouille de garde cette nuit-là et on a été confrontés à de véritables…

- Débiles, continua El. On a eu beau expliqué que la situation était urgente, que merci bien on pouvait se défendre tout seuls, rien à faire, ils n'ont pas voulu nous laisser passer. De vrais suiveurs d'ordre sans cervelle.

- Exact, donc on est allés dans –

- La Forêt Interdite, compléta Ron avec un air lugubre de personne qui n'aimait pas du tout aller dans la Forêt Interdite.

- Et vous avez retrouvé les Sombrals ? questionna Harry.

- Absolument ! fit Luna. Ils étaient heureux de nous voir…

- Le sentiment n'était pas réciproque, grommela Weasley.

- Ron ! rouspéta Hermione. Tu devrais être un minimum reconnaissant, ils ont tout de même accepté de nous emmener jusqu'au manoir.

- Ouais, super, répondit le rouquin, et tout ça en passant en plein milieu de nuages bien fournis en gouttes de pluie, sans compter les deux ou trois attaques d'oiseaux enragés qu'on a eues sur le chemin.

- Ce n'était pas la faute des Sombrals ! répliqua la brune avec un air furax. Veux-tu arrêter un instant de palabrer ? Ces oiseaux « enragés », comme dit Ronald, étaient des Aegypius, des animaux magiques qui s'apparentent aux vautours, sauf qu'au lieu de se nourrir de charognes, ils absorbent l'essence des sorciers et sorcières. En résumé, ils peuvent nous vider de notre énergie. Et ils sont tombés sur nous parce qu'on dégageait une puissance importante, à quatre.

- Comment tu sais ça ? Ils peuvent nous enlever notre magie ?!

- Tu ne sais donc toujours pas ouvrir des livres Harry ? soupira Granger en levant les yeux au ciel. Merlin… Et non, ils ne peuvent pas. Ils ne font pas de dommages permanents sur les sorciers, à moins qu'on reste sous leur emprise pendant très longtemps, ce qui n'a pas été notre cas. Luna a été géniale sur ce coup, elle a lancé son Patronus sur eux, et leur a demandé de bien vouloir nous laisser tranquille, ce qu'ils ont fait !

- Oh, ce n'était pas bien compliqué, fit la Serdaigle. Il suffisait de leur expliquer que nous étions pressés.

- Mais ils vous ont attaqués plusieurs fois alors ?

- Oui, en effet, poursuivit Hermione. Une fois, ils se sont approchés d'assez près, j'ai senti toute ma force me quitter un instant, puis ils sont partis. Donc rien de grave, mais c'est sûr que ça nous a ralentis. On a mis de longues heures de vol à arriver jusqu'au manoir Malfoy. On a réussi à pénétrer dans l'édifice sans problème..

- Et c'est là que c'est devenu chaud patate ! intervint El avec fougue. Quand on est arrivés à l'intérieur, on a tout de suite pigé que quelque chose de louche se tramait. Il y avait des volutes de fumée noire qui sortaient d'une pièce, et des chants bizarres et graves. Je me suis avancée, discrète et tout, et j'ai vu tous ces gars en noir, avec leur capuche ridicule, qui étaient assis en cercle autour d'une flamme. Trop flippant le truc, le feu était bleu, noir et orange, et c'était de là que venait la fumée. Bref, ils étaient tellement accaparés par leur machin que personne nous avait captés. Du coup, j'ai fait signe aux autres de s'approcher, sauf que vu que Ron est très peu doué, il s'est cassé la gueule en trébuchant sur un truc par terre. Donc, les gars ont arrêté direct leur cérémonie chelou, et après, c'était le bordel !

- Oui, bah j'avais pas vu… C'est quand même pas ma faute s'ils laissent traîner des bougies de partout…

- Tu devrais vraiment arrêter de ronchonner, conseilla Luna, en lui donnant une petite tape réconfortante sur le bras.

- Vous les avez affrontés en combat direct ?!

- Eh ouais, tu crois quoi, qu'on est des autruches et qu'on allait enfoncer nos têtes dans le sol en attendant que ça se passe ? Bien-sûr qu'on les a combattus !

- Mais ils nous ont terrassés en cinq minutes avec Malfoy !

- Cinq minutes, tu exagères, fit Draco. Ayons un minimum de dignité. Dix minutes au moins.

- Non mais calme-toi le Sauveur du monde hein, ça arrive à tout le monde de se faire battre, t'inquiète, tu vas pas perdre ton statut de héros pour autant. Disons qu'on a eu de la chance parce que : 1) ils étaient affaiblis par leur rituel et beaucoup ont eu du mal à sortir de leur transe bizarre, 2) on était quatre et pas deux, et 3) je pense qu'on les a surpris, parce qu'on se battait un peu n'importe comment, et ils ne s'attendaient pas à ça. Vous êtes trop conventionnels , très chers, voilà tout.

- Trop forte El, sourit Draco.

Lorsqu'ils furent tous exactement au courant de ce qui s'était passé pour les autres, ils purent essayer de réfléchir à un plan. Ce pour quoi ils n'étaient pas très talentueux, il fallait l'avouer.

- Je vous avais soumis l'idée de faire un piège, commença la brune, mais ça me semble un peu compromis, maintenant que Lucius et ses collèges savent que nous savons. Donc, je me demande s'il faut vraiment faire un plan…

- Quoi ? Qui es-tu et qu'as-tu fait à Hermione Granger ? s'exclama Ron en rigolant.

- Tu penses que le mieux c'est d'y aller en impro ? questionna Potter.

- Eh bien, reprit-elle, je crois que Lucius Malfoy est très instable et qu'il est difficile de prévoir ce qu'il fera.

- Certes, fit Draco. Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? On attend de voir, sans rien préparer ? On retourne au manoir pour casser la gueule de mon père ? On en parle de nouveau à McGo pour avoir le secours des Aurors ? On devrait peut-être s'entrainer au fameux sortilège-multiple de Lucinda Blackfyre…

- Déjà ça m'étonnerait fort que ton père et ses toutous soient restés dans ton beau manoir, ils ont dû partir très rapidement après s'être réveillés. S'entraîner au sortilège est bien entendu une bonne idée, nous devrions en effet faire cela. Je pense, d'ailleurs, que c'est la seule chose que nous devrions faire. Rentrer à Poudlard, s'entraîner, être prêts pour la prochaine attaque.

- Et si le démon transforme tout le monde en statues, comme la dernière fois, qu'est-ce qu'on est censés faire ? Si jamais Potter et moi sommes de nouveau les seuls à ne pas être paralysés, on ne pourra pas effectuer le sortilège, et on va se faire encore massacrer par mon père et ses potes, sans mentionner si Arioch nous fait un petit ensorcèlement type magie démoniaque.

- Ah oui, c'est un problème ça, dit Ron comme s'il faisait la révélation de l'année.

Draco ne savait pas s'il faisait exprès d'avoir l'air bête ou si c'était naturel chez lui. Il était à deux doigts de casser la bonne ambiance avec une réplique bien sentie, mais heureusement Hermione l'en empêcha en reprenant la parole.

- Oui, j'ai également réfléchi à cette possibilité. J'ai noté des sortilèges de protection personnelle lorsque je faisais les recherches pour trouver des informations sur la créature qui avait attaqué Harry. Les formules sont anciennes et plutôt puissantes, je pense que ça pourrait nous permettre de nous prémunir contre ce genre d'ensorcèlement.

Ils avaient continué de parler jusqu'à ce qu'Hermione les pressât pour aller dormir, comme si elle était leur mère et que c'était une soirée pyjama d'anniversaire entre des enfants de dix ans. Draco savait que les Moldus foutaient des ballons multicolores partout pour cette occasion, même s'il avait du mal à comprendre pourquoi.

Quoi qu'il en fût, ils devaient retourner le lendemain matin à Poudlard. Partis lundi soir en trombe, ils ne seraient de retour que jeudi au château. Le blond préférait ne pas imaginer la réaction de la directrice lorsqu'ils débouleraient dans son bureau et lui expliqueraient ce qui s'était passé. C'était déjà un miracle qu'aucune Beuglante n'ait surgi par surprise dans la journée. Peut-être ne savait-elle pas où ils étaient et pensait-elle qu'il était préférable de faire profil bas, et ne pas propager la nouvelle qu'ils n'étaient plus à Poudlard ? Pourtant, cela se remarquait assez vite lorsque des noms aussi célèbres que Potter, Granger, Weasley et Malfoy manquaient à l'appel. Il chassa vite ces pensées de son esprit. A quoi bon se torturer le cerveau avec ces questions ? Il avait d'autres choses plus importantes à penser. Comme par exemple, à quel point El avait une sale mine. Elle avait pourtant fait preuve d'autant d'énergie et répartie que d'ordinaire, toujours avec son sens très avancé de l'éloquence, mais quelque chose clochait. Il l'avait vue grimacer à plusieurs reprises, sans raison apparente. Et puis son teint… un peu trop pâle. Grisâtre. Peut-être était-il seulement un peu paranoïaque et se faisait des idées… Il ne pouvait s'empêcher de nourrir des inquiétudes à son égard. Mais comme pour McGonagall, il avait peu de réponses disponibles à ses interrogations.

Peut-être que tout irait mieux le lendemain. Pourquoi pas ? Parfois la nuit peut résoudre bien des problèmes.


chapitre de mise au point, j'espère que ce n'était pas trop long et chiant à lire haha (c'était un peu fastidieux à écrire lol). je m'excuse des éventuelles incohérences et imperfections, faire avancer le scénario c'est pas mon plus grand talent, je l'avoue

un énorme merci à celles et ceux qui continuent de lire, c'est un plaisir immense de savoir que cette histoire est lue et appréciée, donc je vous envoie du love qu'importe où vous vous trouvez dans le monde.