Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur
la seconde partie du chapitre vingt-six du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.
Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…
À l'attention de Dramionymus, JusteMarianne et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court 😉 !
J'espère vraiment que cette histoire continue de vous plaire ! Au programme de ce soir : une Luna émotive, un Charlie concilient, un peu de Percy et de Pénélope, un cadeau de mariage bien utile et une tempête !
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Précédemment dans le Souffle Du Dragon :
chapitre 26 ( part 1):
— Bien sûr que oui ! élève-t-il la voix en la dardant d'un regard furieux. Moi je suis son fils, alors que toi, tu me fais perdre de l'argent en écartant les cuisses à tout va !
— C'est à ma femme que tu parles, là, blondinet ! susurre Charlie d'une voix polaire qui rend fier Severus. Modère tes paroles, ou toi aussi, tu vas te retrouver avec une baguette sous la gorge !
Le frisson involontaire d'Hermione me fait sourire en coin. Évidemment qu'elle se souvient de ce moment précis où il a menacé en russe Zabini de lui jeter un Avada s'il songeait même à lui toucher l'épaule.
Merde alors ! Ils dégageaient tellement d'attraction tous les deux, ce soir-là, qu'ils auraient pu alimenter tout le château en lumière pendant des mois…
— Père pense que vous vous tournez autour pour éviter de vous avouer que vous vous aimez, déclare Queen, un sourire narquois au coin des lèvres. C'est vrai ?
— Chérie, souffle Blaise, blanc de peur. J'avais dit que tu ne devais jamais répéter ce genre de choses en dehors de l'appartement…
— Tu as aussi dit que mère ne savait pas cuisiner et que tonton Dray ferait mieux d'aller voir un Psychomage pour ses problèmes existentiels ! accentue-t-elle son sourire en coin. Dois-je parler aussi de l'obsession maladive que tu trouves que tonton Théo a développé envers Lady Bones, de même que l'envie de tuer Daphnée quand elle devient mièvre à souhait à roucouler avec tonton Nev ?
— On va avoir des choses à se dire, Zabini ! chuchote Pansy, la voix froide. Je ne sais pas cuisiner ? Vraiment ?
— Je n'ai pas dit ça ! s'exclame-t-il, détournant les yeux. J'ai juste dit que le matin, j'aimais avoir des œufs à la coque et non brouillés, c'est tout !
— En fait, ce n'est pas vraiment ça, qu'il a dit, continue Queen. Il a dit que les œufs brouillés étaient la seule chose que tu savais faire sans tout cramer et que si un mage noir devait réapparaître, il t'enverrait lui faire la cuisine pour deux ou trois jours et qu'il mourrait sûrement sur le coup.
— Mais putain, Queen ! Tu ne peux pas te taire un peu ? s'écrie Blaise.
— Tout dépend, hausse-t-elle un sourcil. J'ai le droit d'embrasser Lucifer ?
Cette jeune fille vient d'obtenir tout mon respect ! À n'en pas douter, elle n'a pas démérité sa place chez les Serpentard ! Cette tactique de sa part était vicieuse et rusée à souhait ! S'en prendre à celle qu'il aime… Bonne technique !
— Embrasse-le, marie-toi avec, faites des enfants ! Peu m'importe, mais par pitié, Queen, tais-toi ! la supplie-t-il. Tu n'imagines même pas les ennuis dans lesquels tu viens de me mettre, là !
— Merci père ! s'écrie-t-elle, rayonnante de plaisir en allant s'installer sur les genoux de Lucifer. Et pour que tu comprennes à quel point, si, je sais dans quoi je t'ai embarqué, je vais juste te rappeler une chose : il est très compliqué d'apprendre à cuisiner quand on se retrouve enfermé dans un donjon.
— Queen…, souffle-t-il, maintenant très mal à l'aise et triste.
— Et saches que Drago n'a pas de problème existentiel, continue-t-elle, balayant sa remarque d'un geste de la main. Sa vie entière n'a été qu'un mensonge et il ne sait plus où se trouve sa place dans une société qui ne le voit que comme le fils d'un sociopathe dégénéré.
— Et mon père n'a pas d'admiration malsaine pour Amélia, s'élève doucement la voix de Perséphone. Il est juste admiratif de ce qu'une femme comme elle, avec son vécu familial et ce qui a jalonné sa vie, peut accomplir.
— C'est vrai ? souffle doucement Susan.
Finalement, je crois que je comprends le petit sourire en coin et la lueur de fierté qui brille en ce moment même dans les yeux de Severus. D'une certaine manière, l'intervention des enfants est ce qu'il fallait pour les remettre dans le droit chemin, leur permettre de s'ouvrir au reste du monde.
— Bien sûr que oui, soupire, mal à l'aise, Théo. Elle a réussi à se reconstruire après le drame qui a touché ta famille, t'élever pour que tu deviennes la femme que tu es aujourd'hui, mener sa vie de femme et sa carrière politique sans que jamais un seul faux pas ne soit à dénoter. Ta tante n'est pas seulement brillante, Susan, elle est aussi une personne dont de nombreux sorciers devraient s'inspirer pour leur propre vie, plutôt que de lire ce torchon qu'est La Gazette.
— Merci.
Son sourire discret, ses joues rouges et ses yeux qui se baissent sur la table sont tout simplement adorables ! Elle est vraiment mignonne, lorsqu'elle laisse son masque imperturbable au vestiaire !
— Et je ne suis pas dégoulinante de mièvrerie, Blaise Zabini ! gronde Daphnée. Je profite simplement de la vie et de ce qu'elle a à m'offrir, en l'occurrence Neville. Tu sais à quel point c'est compliqué de trouver un homme qui soit gentil, cultivé, doux, tendre et aimant en Grande-Bretagne ?
— Hey ! protestent de nombreux mâles autour de la table.
— Oh, je vous en prie ! s'agace-t-elle en élevant légèrement la voix. Toi, Charlie, tu es raide dingue de ta femme, et ne dis pas le contraire, la photo qu'a fait Dennis est plus parlante que n'importe quoi !
— Terrain miné, Daph, lui souffle Blaise. Ils ont tous les deux la gâchette facile, si tu vois ce que je veux dire.
— D'accord, soupire-t-elle encore. Restez à baigner dans votre cocon de non-dits, et prévenez-moi lorsque la préparation du mariage sera à faire, je suis très douée dans ce domaine. Presque autant que Blaise.
— Je ne sais pas comment je dois le prendre…
— Et toi, Fred, on sait tous que tu es littéralement amoureux de Potter, mais ça ne nous gêne pas ! gronde-t-elle en se levant. Bordel mais vous ne voyez pas que tout ce que vous faites à force de vous repousser, c'est de vous faire du mal ? Et toi, Harry, tu n'es pas mieux, alors ne proteste pas !
Bon sang… Je crois qu'avant la fin de cette soirée, nous allons devoir récupérer de la cervelle de Serpentard à la petite cuillère si ces quatre-là continuent à la fusiller du regard de cette manière-ci…
— On t'a tous vu baver sur son cul, et franchement, je le comprends parfaitement ! Mais arrête de croire que tu n'as pas le droit d'être heureux, parce que ce sont des conneries. Toi, plus que quiconque, tu as le droit de le vouloir, tu as le droit de l'avoir ! Merde à la fin ! Tu as vaincu Voldemort et tu as peur d'être amoureux ! Mais c'est quoi ton problème, à la fin ?
— Là encore, c'est un terrain miné, Daphnée, ricane Bill. Si j'étais toi, je passerais à un autre des joyeux convives réunis ce soir !
Merde alors ! Il a vraiment l'air de s'amuser en plus ! Bon, c'est vrai, moi aussi, j'apprécie de voir que je ne suis pas la seule à craquer totalement ce soir. Peut-être est-ce dû à l'alcool, mais voir l'aînée des Greengrass péter un plomb à ce point est jouissif !
— Excusez ma sœur, elle ne tient pas vraiment l'alcool…
— Oh, mais ne t'en fais pas, Asto, ton tour arrive, comme celui des autres ! sourit-elle doucement. Si tu étais moins centrée sur toi-même comme tu l'as toujours été, tu verrais qu'il est parfait pour toi, Dennis ! Il ne te regarde pas comme si tu n'étais qu'un jouet sexuel bon uniquement à passer dans son lit et basta ! Au contraire, même ! Il te regarde comme si tu étais Merlin en personne !
— Qu'on soit bien d'accord, quand même, grimace ledit Dennis. Je n'ai rien contre l'homosexualité, au contraire même ! Mais je joue de l'autre côté du stade, Daphnée… Alors, s'il te plaît, tu pourrais la décrire autrement que comme un sorcier grabataire certes hyperpuissant, mais aussi hypervieux et masculin !
— Alors peut-être que tu devrais arrêter de penser à ce que ton frère penserait de toi et rendre ma petite sœur heureuse, tu ne crois pas ? lève-t-elle les yeux au ciel.
— Daphnée, ça suffit maintenant ! gronde Neville. Je crois que tu en as assez dit pour ce soir !
Il a beau être embarrassé à l'extrême de voir l'état dans lequel est sa copine, de même que l'étendue de la merde dans laquelle elle s'est fourrée en sortant ce genre de choses, il n'en reste pas moins qu'il est un Gryffondor jusqu'au bout des ongles ! Prêt à se mettre dans les pires emmerdes avec un grand sourire !
— C'est vrai, j'en ai peut-être trop dit, mais j'ai de la peine pour vous, souffle-t-elle en se rasseyant, les larmes aux yeux. Vous avez beau tous vous aimer, vous vous faites du mal tous autant que vous êtes. Tous, ici, nous avons tous perdu quelqu'un qui nous était cher, mais tous autant que nous sommes, nous continuons de nous détruire sans aucune raison. C'est vrai, aucune des relations n'est facile, mais regardez-vous enfin !
Si les enfants s'étaient, jusqu'à présent, tenus tranquilles, le réveil brutal des quatre bébés les fait se réveiller tout aussi brusquement. Les jumeaux de George et Luna prennent la tête du cortège qu'ils forment tous les dix, ne laissant plus que les adultes à table.
— Toi, Padma, avoue que de passer du temps avec Drago t'aide un peu à oublier le soir de la bataille finale et que tu aimerais pouvoir continuer votre aventure après la fin de cette expérience, demande-t-elle doucement.
— C'est vrai, ça me plairait, avoue la petite indoue en baissant la tête, les joues roses.
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? fronce les sourcils Drago.
— Parce qu'on est bien comme on est, sans parler des problèmes et des cauchemars et que j'apprécie ça avec toi ! hausse-t-elle les épaules. Et j'aime le fait d'avoir pu voir ce que tu es sous ta carapace. J'aime le Drago gentil et sexy qui sait aussi m'écouter et qui me rassure.
— Tu es un cas désespéré, Patil…, soupire-t-il. Viens là.
D'un bras passé dans son dos, il la tire contre lui, la calant contre son torse tout en assassinant du regard quiconque pourrait se moquer du tableau qu'ils forment. Mais aucun de nous ne le fait. Parce qu'elle a l'air bien, ainsi. Calme et apaisée. Sereine, en quelque sorte.
— Toi, Pansy, fait Daphnée en se tournant vers son amie brune, ose me dire que tu n'aimerais pas que Blaise arrête de céder à tous tes caprices et qu'il t'avoue enfin qu'il t'aime.
— Tu m'en demandes beaucoup, là, Daph, soupire-t-elle à son tour.
— Alors embrasse-le au moins ! lève-t-elle les yeux au ciel. Qu'il n'ait pas mis une cravate pour rien…
Le regard de défi que la petite Greengrass envoie à Pansy est presque aussi moqueur que celui de Drago ou même Théo. Tous, ici, nous savons à quel point elle en pince pour son métis adoré !
— Je te hais, Greengrass ! susurre-t-elle. Je te le rendrais au centuple sous peu !
— Embrasse-le et on en reparlera après, Parkinson, ricane-t-elle. Ça fait des années que ça couve et je crois qu'il est temps que tu lui offres un vrai cadeau de Noël, tu ne crois pas ?
— Je lui ai offert un balai l'an passé ! fait Pansy, outrée et les joues roses de gêne. Je ne vois pas ce qui…
La fin de sa phrase est engloutie sous la pression des lèvres d'un Blaise au regard brûlant et déterminé. Pourtant, le baiser ne dure qu'une petite minute avant qu'il ne s'éloigne, souriant comme un dément.
— Mille fois mieux qu'un balai, souffle-t-il en rouvrant les yeux.
La gêne de Pansy atteint des sommets, mais lorsque ses yeux s'ouvrent à leur tour, il n'est plus question de colère et de haine à l'encontre de Daphnée. Il n'y a plus que de la peur et de la tristesse résiduelle dans ceux-ci.
— Tu n'aurais pas dû faire ça, chuchote-t-elle, un sanglot refoulé menaçant de la submerger.
— Je sais, sourit-il amèrement. Mais j'en avais envie.
Elle hoche doucement la tête, se détachant lentement de l'étreinte de Blaise. Les yeux rivés au bois de la table, ses épaules qui tressautent, signe qu'elle pleure, ne sont couvertes que lorsqu'il vient passer un bras autour d'elles.
— Tu n'as qu'à te dire que c'est un juste retour des choses pour ce mariage quand nous avions cinq ans ! sourit-il encore, cette fois-ci plus sereinement.
— Je me demande d'ailleurs où était Drago ce jour-là ! gronde-t-elle à l'adresse du petit blond. C'était toi que j'étais censé épouser ce jour-là !
— Demande à ton cher mari ! gronde-t-il. C'est sa faute si j'ai passé des heures dans le cachot du manoir !
— Blaise !
— Quoi ? hausse-t-il les épaules, désinvolte. Il ne te méritait pas !
— Vous voyez ? demande Daphnée en souriant tendrement. C'est de ça que je veux parler. Aucun de nous n'a une histoire facile et pour certains, ce n'est pas forcément de l'amour, mais tous, autour de cette table, nous avons trouvé dans la tourmente quelqu'un sur lequel nous appuyer, quelqu'un qui puisse nous tenir par la main pour apprendre à avancer.
La main de Bill trouve la mienne sous la table, ses doigts se mêlent aux miens alors que mon visage se lève vers le sien. C'est vrai, j'ai de la chance. Cet homme me connaît et m'aime quand même malgré ma croisade pour avoir un enfant, il accepte toutes mes excentricités et mes insécurités.
— La vie est dure, le monde est cruel et dans le fond, nous sommes tous toujours désespérément seuls. Mais nous avons tous su trouver une personne qui nous voit pour nos forces et nos faiblesses, qui nous accepte malgré nos peurs et nos douleurs. On mérite tous de trouver le bonheur et ça ne tient qu'à nous de pouvoir l'accepter.
Le regard amoureux que coulait Bill sur moi dévie quelques secondes, passant de l'amour à la tendresse toute masculine qu'il offre toujours à son petit frère. Intriguée, je me détourne légèrement sur le côté, m'apportant un sourire tout aussi heureux que celui de mon mari.
Eux, plus que quiconque, symbolisent à mes yeux ce qu'est l'amour dans ses grandes largeurs. Celui où l'on donne tout de soi-même. Que ce soient les cicatrices d'Hermione ou leurs insécurités, tous les deux savent qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre en toutes circonstances. À la vie, à la mort.
Pour une fois, ce n'est pas le désir brûlant qui semble embraser leurs prunelles, mais simplement des remerciements, un abandon total, encore une fois, pour tout ce que l'autre fait pour le maintenir debout.
— Regarde George ! souffle-t-il, tout excité, les yeux tournés dans leur direction.
Là où, plus tôt, il y avait une certaine distance entre eux, cette fois-ci, elle n'existe plus. Le bras de George autour de sa taille, sa tête dans son cou, c'est lorsqu'il pose sa main sur sa joue qu'elle redresse le visage dans sa direction, son regard baignant d'incertitudes.
Lentement, comme au ralenti, je peux voir son regard ne quittant pas le bleu hypnotisant de celui de Luna, son visage s'avancer encore et encore, et finalement, au terme de ce qui me paraît être des heures, il finit par ravir ses lèvres dans un baiser doux et tendre.
— Enfin ! s'écrie Fred, tenant Harry sur ses genoux. Il était temps !
Je ne saurais dire où, ni même quand cela s'est produit, mais il semblerait que, pour ce soir au moins, leur malaise de s'afficher en public soir remisé au placard, de même que la peur d'être jugés qu'ils ont en masse tous les deux.
— Je peux poser une question qui m'intrigue depuis le début de l'année ? demande doucement Dennis, nous sortants tous plus ou moins de nos conjoints respectifs et leurs regards.
— Qu'y a-t-il ? demandé-je, lui souriant gentiment.
Mal à l'aise, le regard méfiant et serrant doucement Astoria contre lui, je le trouve, lui aussi, adorable. Mais il faut dire que leur couple, à lui et la petite Greengrass, s'est créé sur des bases vraiment incroyables, et j'ai pu vivre l'histoire Hermione/Charlie depuis le début de celle-ci !
— Tu sais que ce n'est plus mon genre de me mêler de ce qui ne me regarde plus, Charlie, mais je voudrais que tu m'expliques pourquoi tu continues de sortir avec Sermirov alors que tu es marié avec Hermione, fait-il d'ailleurs, tentant vaillamment de ne pas frissonner sous le regard que lui envoie mon beau-frère.
— Je ne suis jamais sorti avec Katya ! grogne-t-il.
— Pourtant ça y ressemblait cruellement ! rétorque Harry de la même manière.
— Sans déconner, Cha ! soupire George en le regardant lassement. Je ne compte même plus le nombre de fois où Hermione est venue dormir dans mon lit parce que tu t'amusais à te taper ta blondasse ! Sans offense, Fleur.
— Pas de mal, balayé-je son excuse, attendant, moi aussi, son explication.
— Je veux bien que, ce qu'il s'est passé à la maison ou à la Chaumière soit sans conséquences, mais ce qu'il s'est passé à Vegas, ça, ça en était une ! poursuit-il, ne prenant pas en compte le regard assassin de Charlie. Je t'avoue que je ne comprends pas pourquoi tu as mis sur le dos d'Hermione le fait que tu aies craqué et couché avec elle…
— George arrête, le prévient Bill. Ça devient dangereux pour toi, là.
— Je peux faire une supposition ?
La voix hautement mal à l'aise de Narcissa Black résonne dans la pièce. À ses côtés, intrigué, Severus lève un sourcil dans sa direction, ne voyant visiblement pas où va conduire toute cette conversation et en quoi l'intervention de sa femme va pouvoir arranger les choses.
— Allez-y, soupire Fred, de toute façon, je doute même qu'il sache mettre des mots sur le pourquoi du comment il en est arrivé à coucher avec elle, ce soir-là…
— Severus m'a expliqué l'étendue de votre relation depuis le jour où vous vous êtes rencontrés, il y a quelque temps. Vous n'êtes pas ce qu'on pourrait qualifier de couple ordinaire.
— Nous ne sommes pas un couple ! grondent-ils en même temps.
— Dans ce cas, Miss Granger, dites-moi avec combien d'homme avez-vous couché dans votre vie ? susurre-t-elle vicieusement.
— Je n'ai pas à vous le dire !
— Vous n'avez pas à le faire, vous l'avez déjà dit tout à l'heure ! ricane-t-elle. À vu de nez et parce que le rouquin en bout de table est tout blanc, je dirais deux, trois, à l'extrême rigueur, et même là, j'ai beaucoup de mal à le croire !
Cette histoire va vraiment mal finir… Déjà qu'en temps normal, Hermione n'est vraiment pas à l'aise pour parler de sa vie sexuelle devant moi, mais devoir le faire devant un parterre de près de vingt invités, dont la sœur de celle qui l'a torturée, voilà qui risque de faire de cette soirée une tentative de meurtre sur blonde quarantenaire…
— Et moi je vous en parle de votre mariage foireux avec un sociopathe dégénéré ? la menace-t-elle. Vous êtes vraiment bien mal placée pour me parler ainsi, Lady Malefoy !
— Granger ! claque la voix de Severus.
— Quoi ? s'énerve-t-elle. Si elle ne voulait pas que je l'attaque sur ce point, elle n'avait qu'à y songer avant de venir nous insulter, Fred et moi ! Merde ! On est bien, Charlie et moi, comme on est ! Pourquoi voulez-vous toujours mettre des mots sur des choses ?
— Granger, ce n'est pas ce qu'elle a voulu dire, tente de la détromper Pansy.
— Bien sûr que si, c'est ce qu'elle a voulu dire et tu le sais parfaitement ! s'écrie-t-elle. Vous avez toujours en travers de la gorge le fait que je vous aie dit que vous étiez soumise et docile comme femme ? Ou bien est-ce parce que j'ai dit de votre sœur qu'elle était une tarée de psychopathe ?
Je ne suis pas sûre qu'on puisse mettre ça dans la case « excuses » mais je dois dire que j'aurais adoré voir ce moment de mes propres yeux ! Bon sang ce que ça fait du bien de voir que quelqu'un a dit de cette folle furieuse qu'elle était une tarée psychopathe !
— Ça ! continue Hermione en relevant sa manche de sa robe. Cet immonde dessin qu'elle m'a gravé dans le bras avec sa putain de dague empoisonnée, ça ne partira jamais !
Les larmes lui sont montées aux yeux malgré sa haine refoulée. Elle a mal et elle est triste de se sentir mutilée à vie. Je connais ça… Je vis avec un demi-loup garou qui ressent la même chose depuis plus de deux ans…
— Mais je vais vous dire, Narcissa, susurre-t-elle froidement, durant le rituel où nous avons renvoyé la Dame dans son enclos, je me suis fait un réel plaisir de la torturer et de la tuer comme elle l'a si bien fait avec moi ainsi que tant d'autres !
— Arrête ça, bébé, souffle Charlie en la prenant dans ses bras. Tu te fais du mal pour rien. Elle est morte maintenant.
— Oh merde !
Ce qui ressemble le plus à du choc sur le visage fantomatique de Severus après son exclamation sidérée fait relever les yeux de Charlie vers lui, les sourcils froncés.
— Qu'y a-t-il, Sev ? soupire-t-il.
— Je… Je ne suis pas sûr… Il faudrait que je la voie, mais… Non, ça ne peut pas être ça ! Et pourtant ça ferait sens ! baragouine-t-il dans son coin, faisant les cent pas.
— Merde, Rogue ! Réponds-moi ! s'écrie Charlie, la peur et la colère enflant dans son ton.
— Tu pourrais me montrer à quoi ressemble la dague qu'a utilisée la folle ? lui demande-t-il en flottant au-dessus de la table.
Le souffle laborieux à cause des larmes contenues difficilement par ses yeux, Hermione fait apparaître une image de la fameuse dague en question avec une précision extraordinaire, je dois bien le reconnaître !
— Oh la salope !
Si le choc nous cloue tous sur place à l'entendre invectiver une morte – grand bien nous fasse, soit dit en passant – il a au moins le mérite de défaire Hermione de la douleur qu'elle emmagasinait jusqu'à présent.
— Professeur Rogue ? chuchote-t-elle. Que se passe-t-il ?
— Je leur avais dit, à Poppy et Minerva, que quelqu'un tentait de vous empoisonner ! Mais non ! s'énerve-t-il en reprenant sa marche. Elles ont préféré continuer de se bercer de douces illusions !
— Severus, viens-en au fait, le presse Charlie.
— Je sais qui a empoisonné ta femme, assène-t-il froidement.
L'espace de quelques secondes, je sens mon corps ballotter lourdement dans l'étreinte que me procure Bill. C'est le son de son grondement bas et profond, annonciateur de mille et une tortures et promesse de mort douloureuse qui me ramène sur terre.
— Qui ? grognent Charlie et mon mari de concert.
— Moi.
Le silence choqué dans la pièce n'est même pas entrecoupé par le son des cris des bébés. Uniquement un calme glacial, douloureux et tendu. Le calme avant la tempête.
— Comment ça « toi » ? gronde Charlie en assassinant Severus du regard.
— Drago, fait-il en se tournant vers le blond après avoir levé une main en direction de mon beau-frère, dans la potion que tu as injecté à Miss Granger, y avait-il du venin de Basilic ?
— Évidemment ! lève-t-il les yeux au ciel.
— Ce qui explique que, couplé à l'adrénaline sécrétée ce jour-là, la réaction ait mis tant de temps à se produire…
— Pardon de ne pas avoir crevé ce jour-là ! siffle Hermione, vrillant un regard malveillant sur le directeur.
— Ne dis pas ça, bébé ! chuchote Charlie, l'implorant à demi-mot.
— Ce que je voulais dire, Granger, c'est que vous avez réussi à endiguer, pour un temps, l'asphodèle présent dans le poison que contenait la dague.
— Comment peux-tu connaître cette dague et le poison qu'elle contenait ? fronce les sourcils Cha.
Ce qui ressemble le plus à des excuses se met à briller dans les yeux du fantôme lorsqu'il les pose sur Charlie puis sur Hermione.
— Elle était à toi, n'est-ce pas ? souffle-t-il. C'est pour ça que tu connais le poison qui était dessus.
— Elle m'a été volée lorsque j'ai pris mes quartiers à Poudlard, hoche-t-il la tête doucement. Je l'avais laissé à l'impasse du Tisseur avant de prendre mes fonctions.
— Mais pourquoi l'avoir fabriquée ? grogne Charlie. Merde ! Tu devais bien te douter que n'importe quel Mangemort tombant sur ce genre d'artefact allait te le voler !
— L'impasse était sous Fidelitas ! réfute Severus. Les seules personnes à y avoir eu accès…
— Bella et moi, lorsque je t'ai demandé de faire avec moi un Serment Inviolable pour protéger Drago, souffle Narcissa.
— J'aurais dû lui couper la tête et les mains pour faire bonne figure ! siffle encore une fois Hermione.
— Je me serais bien vu lui offrir des funérailles vikings ! ricane sombrement Harry. Avec les flèches enflammées et la barque qui chute d'une cascade.
— Je t'avais bien dit que tu y viendrais à l'idée de danser sur les cendres de quelqu'un, Potter ! rit légèrement Pansy.
— POTTER ! Un peu de res… Non, en fait continuez, fait Severus après avoir souri de manière terrifiante.
— Severus, on parle de ma sœur, là ! souffle Narcissa.
— La plus grosse salope de tous les temps, je sais, merci bien ! gronde-t-il. Si elle n'avait pas volé cette dague, Granger ne serait pas entre la vie et la mort depuis deux mois ! C'était pour ton bâtard de mari que j'ai créé cette dague ! Un poison fait sur mesure, qui aurait réagi avec ses gènes de Vélanes en deux temps trois mouvements ! Merlin… Ça aurait été le plus beau jour de ma vie…
Waouh… Celle-là, je dois bien avouer que je ne l'avais pas senti venir ! Et si j'en juge la pâleur mortelle qu'affichent Dennis et Neville, eux non plus ! Loin de là, même !
Mais peut-être que, finalement, j'ai trouvé un maître dans l'art d'imposer le respect à autrui ! Peut-être même a-t-il des tuyaux à me donner pour contenir ma belle-mère ! Voilà qui est une idée à très sérieusement creuser !
— Vous êtes diabolique ! souffle Hermione, une touche de respect dans la voix. Je n'aurais jamais songé à empoisonner quelqu'un après l'avoir poignardé…
— Sachez, Miss Granger, susurre-t-il la voix soyeuse, que tout sorcier peut très bien se remettre d'un coup de poignard. En revanche, un poison qui attaque les gènes de créatures dans le sang est indétectable et surtout mortel !
— C'est tordu ! chuchote Dennis.
— Mais c'est tellement romantique…, souffle Luna, les yeux dans le vide.
— Fais gaffe, George ! ricane Fred, mal à l'aise lui aussi. Si elle est du genre à aimer être menacée pour faire l'amour, tu n'es pas sorti des Trois Balais !
La remarque de son jumeau fait doucement rire George ainsi qu'une bonne partie de la tablée, malgré son choc. Et sincèrement, tout aurait pu rester aussi « bon enfant » que ça si seulement Luna n'avait pas quitté son air rêveur pour un qui soit bien plus vibrant et terre à terre.
— Ne t'en fais pas, George, susurre-t-elle en mettant sa main sur son torse. J'ai des épées, des dagues, des lances et même des lassos dans mon armoire.
L'envie et le besoin s'allument violemment dans son regard jusqu'au moment où les paroles qu'elle lui a assenées fassent sens dans son cerveau atrophié par son surplus d'hormones. Alors seulement, l'incrédulité s'inscrit dans ses yeux qu'il relève vers Fred.
— Je te le promets, hoche-t-il la tête, un jour, ce sera ma femme !
Sincèrement, je ne veux même pas savoir quelle idée tordue s'est développée dans son petit cerveau de tordu lui aussi, mais vu la faim qu'expriment ses prunelles, je ne doute pas que leurs parties de jambes en l'air risquent d'être assez sportives !
Et maintenant :
Suggestion de Playliste pour le chapitre 26 (part 2) :
-Hold On – Chord Overstreet
-Diamond Heart – Alan Walker
-Stay – Michelle Featherstone
-Let Her Go - Passenger
Hermione
— Allez, Miss Granger, il est l'heure de se lever, maintenant…
Il a beau essayer d'y mettre tout l'entrain qu'il avait à sa disposition, il m'aurait proposé un aller simple pour la guillotine que j'aurais trouvé ça bien plus festif…
— Franchement, on ne peut pas dire que je suis malade et me laisser ruminer dans mon coin ? demandé-je, pleine d'espoir.
— J'aimerais que ça puisse se passer comme ça, tu te doutes bien, mais elle a trop lourdement insisté auprès de Harry, et il a accepté à condition que tu viennes…
Fichu Harry et son incapacité à savoir dire non à Sainte Molly Weasley… Ça devrait être interdit d'avoir si peu de volonté en ce qui la concerne… Merde alors ! Si les choses se passent comme je l'ai imaginé tant de fois, nous courrons tous au désastre… Et par là, je ne parle pas des intoxications alimentaires et autres vomissements intempestifs ô combien sensuels…
Mais pour sa défense, Charlie a vraiment pris le temps de réfléchir avant de m'opposer son refus, je dois bien l'avouer… Et puis, il faut bien le dire, même si moi je ne me sens pas du tout heureuse à l'idée de devoir aller fêter Noël avec eux au Terrier, je ne doute pas que, pour lui, surtout après la soirée d'hier, cela tienne plus de l'enfer qu'autre chose…
Le départ des enfants a vraiment été une épreuve douloureuse et difficile pour chacun d'entre nous. Voir les yeux ruisselants de larmes de Padma a été une épreuve très compliquée, tout comme voir Dennis s'effondrer dans les bras d'Astoria…
En toute honnêteté, je crois que si je ne m'étais pas préparée à cette épreuve ces derniers jours, j'aurais sûrement fondu en larmes comme l'ont fait Harry et Luna. Néanmoins, cet entraînement aura eu le mérite de me faire attendre d'être dans la douche pour pouvoir déverser le torrent de chagrin qui menaçait de se déverser de mes yeux depuis le début de la soirée…
Il faut dire qu'entre les révélations de l'implication du professeur Rogue dans mon empoisonnement à l'asphodèle, le cadeau absolument adorable, mais foutrement déstabilisant de Dennis, et le départ des enfants, mon quota d'émotions fortes était atteint depuis bien avant que nous entamions le dessert…
Je le savais doué, vraiment, mais en passant devant la photo où Charlie m'embrasse dans la Grande Salle, le soir de Yule, pour aller récupérer une petite robe noire, je dois louer son travail et sa maîtrise de son art. Parce qu'il faut le reconnaître, il est vraiment très doué avec un appareil photo entre les mains !
Je crois vraiment que c'est ce qui me perturbe dans cette photo… L'émotion vive présente sur mon visage, et même celle sur celui de Charlie, ce n'était pas simplement de l'attraction. C'était bien plus. Le genre de chose qu'on peut aisément voir sur celles du mariage de Bill et Fleur… Et malgré la douche chaude censée me réveiller, je sais que ce n'est pas à cause de l'eau, que mes joues doivent être rouges…
Alors oui, c'est vrai, peut-être que tenter de masquer la douleur ressentie lors du départ de Diana par le sexe toute la nuit n'a pas été une très bonne idée, et peut-être aussi que retenter encore et encore de le faire une très large partie de la nuit n'était pas une bonne idée du tout, mais il faut dire que Charlie ne s'en est pas plaint !
Alors pourquoi devrais-je le faire ? Pour la simple et bonne raison qu'en temps normal, je ne gère pas mes problèmes de la sorte, et que, d'habitude, lorsque je suis triste ou stressée, je m'enferme dans un bon livre pour m'évader totalement. Mais là, je ne peux pas…
Je me suis tellement habituée à avoir les petits bruits étranges mais étonnements attendrissants qu'elle faisait pendant que je lisais, ses yeux qui me regardaient comme si ce que je faisais était extraordinaire… Toutes ces choses, toutes ces habitudes, je sais que je vais devoir les oublier rapidement et rien que cette idée me vrille le ventre…
Quand je sors enfin de la salle de bains, je dois retenir le rire qui menace de me submerger à la vue d'un Charlie concentré à l'extrême, tentant de faire tenir dans l'une de ses mains un plat avec son gâteau, et une montagne de cadeaux dans l'autre.
— Tu sais que j'ai un sac sans fond, n'est-ce pas ? gloussé-je.
Il sursaute fortement, menaçant lourdement de faire s'échouer la montagne qu'il souhaite faire tenir à bout de bras au sol pour m'envoyer un regard empli de colère.
— Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt, au lieu de me laisser faire l'abruti ? grommelle-t-il.
— Mais tu t'y prends si bien, chéri ! raillé-je ne le rejoignant, prenant le premier cadeau dans mon sac. Si je devais te donner dix points à chaque fois que tu dis ou fait quoi que ce soit de stupide, Gryffondor gagnerait la coupe haut la main !
— Si c'est ta manière de me présenter des excuses pour ton comportement, saches que c'est raté ! grogne-t-il, masquant bien mal un sourire en coin.
— Sois conciliant, veux-tu ? Je prends des cours avec Pansy, ricané-je.
— Ceci explique donc cela…, marmonne-t-il.
— Pardon ?
— Quoi ! Tu ne vas pas me dire que Parkinson est la Sainteté en personne tout de même ! Un Basilic détalerait devant sa mauvaise volonté et son autoritarisme !
Je dois le reconnaître, il n'a pas tort. Certes, je me suis étonnamment bien acclimatée à cette étrange fille venue tout droit de la maison des serpents, mais il faut dire qu'elle a une manière bien à elle de faire marcher tout son petit monde à la baguette !
Entre les Serpentard qui disent oui à tout ce qu'elle ordonne, certains Gryffondor à qui elle parvient à faire peur, les Serdaigle qui la regardent comme si elle était une expérience génétique foireuse et les Poufsouffle qui fuient tous sa présence, je le lui accorde, Pansy Parkinson est vraiment un sacré phénomène !
Mais il faut dire qu'elle était si mignonne, si attendrissante, hier soir, quand Blaise l'a embrassé… On se serait cru dans un conte de fées des temps modernes, et pourtant je ne doute pas un seul instant qu'à peine les portes de la Chambre des Secrets ont été passées, elle a repris en main son caractère !
— Où sont les tiens ? me coupe-t-il dans mes réflexions en me montrant d'un signe de tête le sac contenant ses cadeaux.
— Avec les tiens, souris-je faiblement.
— Un pour chaque personne présente au repas ? hausse-t-il un sourcil surpris.
— Absolument !
Reste maintenant à savoir si Lavande va apprécier son présent ! Et je sens que je vais me délecter de sa réaction lorsqu'elle ouvrira l'emballage pour trouver la dernière acquisition que je me suis permis, en provenance directe de Fleury et Bott : Comment réussir sa vie en ayant raté ses ASPIC !
— Tu sais que tu es vraiment flippante quand tu te mets à sourire aussi froidement tout en ricanant de cette manière ? fait-il en me tenant la porte ouverte.
— Tu sais quoi, Charlie ? susurré-je en rejoignant le couloir. Je sens que, finalement, ce repas va vraiment être génial !
— Dois-je m'attendre au pire ? hausse un sourcil Harry.
Son air sombre et ses yeux cernés me ramènent malheureusement à des pensées bien moins joyeuses que les perspectives peu glorieuses d'avenir de Lavande Brown…
Pendant quelques secondes, l'image de mon frère s'effondrant en larmes dans les bras d'un Fred tout aussi secoué que lui me revient, réduisant à néant toutes certitudes que ce repas soit si formidable que je ne l'avais imaginé…
— Je ne pensais pas que l'idée de passer Noël avec ma mère, ma sœur et Brown te mettrait de si joyeuse humeur, Mione ! rit doucement George en sortant de son appartement.
— Où est ta moitié, ma chère moitié ? hausse un sourcil Fred.
— Elle ne vient pas…
Il est étonnant de voir à quel point, malgré la guerre, les problèmes que nous connaissons tous en ce moment n'ont pas réussi à affecter leur manière d'être, l'un avec l'autre. Leur amour fraternel semble même s'en être senti grandi avec toutes ces épreuves !
— Pas envie d'affronter Molly ? fais-je de la même manière que Fred.
— Elle m'a dit qu'elle était malade, soupire-t-il.
— Je connais le remède pour ça, ricane Charlie.
Lui envoyant un regard interrogatif, je l'observe s'avancer à grands pas jusqu'à la porte, toquer puis ne pas lui laisser le temps de répondre avant de faire le premier pas.
— Alors comme ça, tu ne viens pas au Terrier ce midi ?
— Je lui ai posé très exactement la même question ce matin ! lève les yeux au ciel George en regardant lui aussi la scène.
— Pourtant je t'ai fait un fraisier ma grande ! Ça devrait compter, non ? demande-t-il prudemment en reculant d'un pas.
— Intéressant ! chuchote Harry en nous rejoignant. Il l'appâte comme si elle était un animal craintif.
— Je dirais plutôt comme si elle était un Weasley ! ricané-je. Ils ont une relation amoureuse particulièrement fusionnelle avec leur estomac.
— Ça se tient, penche-t-il la tête en souriant en coin.
Si je pensais que la technique employée peut être un peu déplacée, je dois bien avouer qu'il a mis dans le mile ! Lentement, nous pouvons voir apparaître la pointe du nez de Luna, suivit de ses longues mèches blondes sur le pas de la porte.
— Avec de gros morceaux de fraises ? demande-t-elle en plissant les yeux, la voix rêveuse.
— Comme tu me l'as demandé, oui, hoche-t-il la tête.
— Avec un coulis de fruit rouge et des framboises qui décorent ?
— Et je t'ai même fait un cœur coulant, jeune fille, sourit-il doucement.
Ses yeux qui, jusqu'à présent, ne se concentraient que sur l'œuvre culinaire qu'il s'est évertué à faire hier après-midi, se relèvent pour se fixer sur son visage et ne plus vouloir se décrocher de son regard.
— Viens par ici, soupire-t-il en posant son plat au sol avant de tendre ses bras dans sa direction.
Un sourire doux se tend sur mes lèvres face au tableau qu'ils forment. Il a beau avoir du mal en ce qui concerne les rapports humains, Charlie est vraiment attentif aux émotions que ressentent les gens. Parfois, je l'avoue, je lui envie cette qualité.
— Frustrée de ne pas être à sa place ? chuchote George en passant un bras autour de mes épaules.
— Pourquoi le serais-je ? haussé-je un sourcil. J'en ai profité toute la nuit et encore ce matin de sa gentillesse !
— Et Malefoy qui te prenait pour une sainte-nitouche, ricane-t-il.
— Prends-t'en à ton frère, c'est lui qui a ouvert la voie !
— Lequel des deux ? ricane-t-il.
Je ne sais pas vraiment ce que Charlie lui chuchote à l'oreille, mais sa tristesse et ses yeux embués de larmes ont l'air de s'apaiser, de même que sa posture bien trop rigide, bien trop peu… Luna… Lentement, ils se décrochent l'un de l'autre, entreprenant leur marche dans le couloir après un signe de tête de la part de mon mari, qui nous enjoint à les suivre alors qu'elle reprend son babillage.
La seule bonne chose, si je peux le dire ainsi, qui est ressortie de ce réveillon de Noël au demeurant foireux, c'est que j'ai enfin pu remettre au directeur l'étendue de mes recherches sur le pourquoi du comment Drago peut être son fils, et je ne suis pas peu fière de pouvoir dire que j'ai vu, pour la première fois de ma vie, de l'intérêt briller dans le regard du professeur de potions si acariâtre.
Certes, il ne s'agissait que du balbutiement de mes recherches, tout au plus de nombreuses suppositions, mais quand il a vu que le globe s'actionnant au son de sa voix lui délivrait l'équivalent fantôme d'un livre, je suis presque sûre de l'avoir vu sourire de plaisir.
— Prêts pour aller fêter Noël, jeunes gens ? nous accueille le professeur McGonagall avec un sourire crispé.
— Je crois que je préférerais me couper une jambe pour ma part, soupire Fred.
— Il doit bien me rester un ou deux nougats Néansang si tu veux, Gred, ricane George.
— Pas sûr que ce soit une bonne idée, fais Harry sombrement. Elle serait capable de laisser Ron vous soigner, et nous savons tous à quel point ses charmes d'Episkey sont dévastateurs sur nos épidermes sensibles…
Il est vrai que le peu de fois où nous l'avons laissé exécuter des charmes de soins sur nous durant notre cavale, les dégâts étaient rarement moins conséquents après qu'il les a lancés…
C'est un fait récurant chez les sorciers qui n'ont pas confiance en eux, ou bien même en leur magie, malheureusement… Comme l'a si souvent dit Bill, cet été, lorsque nous nous entraînions, la magie est quelque chose de très capricieux, qui suit ses propres règles et ne se gêne pas pour agir comme bon lui semble…
— On passe en premier ? me souffle George, me tenant toujours par les épaules.
— Ensemble ? froncé-je les yeux.
— Bien sûr ! Ce sera bien plus drôle comme ça ! s'exclame-t-il.
Me retenant de lever les yeux au ciel à sa faculté de s'amuser toujours de tout, je le laisse me conduire jusqu'à la cheminée, jeter la poudre dans l'âtre et me serrer bien plus fort contre lui pendant le voyage.
Il n'y a pas à dire, ces voyages sont vraiment ceux que je déteste le plus à égalité avec ceux en balai… Même voler sur le dos d'un dragon me paraît bien moins dangereux pour mon estomac… Et le fait de me faire secouer dans tous les sens n'aide pas du tout mon mal de ventre à passer, malheureusement…
— Ah ! Hermione !
Le cri de Molly m'agresse à peine les secousses se sont-elles arrêtées. Je n'ai pas fait un pas en dehors de la cheminée, que déjà les bras de la mère de famille me tirent à elle, me serrant au point de m'étouffer contre elle.
Mon malaise augmente lorsqu'elle se détache brusquement de moi, me mettant à bout de bras pour m'observer d'un œil critique, les sourcils froncés de sévérité.
— Tu devrais dormir bien plus, ma chérie ! Tu as des cernes atroces ! Et tu devrais manger plus ! Tu as l'air si maigre…
Suis-je en train de rêver ou bien est-elle me gronde-t-elle réellement comme si j'avais deux ans et que je ne voulais pas manger mes brocolis ? Je lui en parle, moi, de ses cheveux et de ses kilos en trop ?
— Merci Molly, souris-je faussement, masquant plutôt bien ma grimace intérieure. Je vous souhaite un très joyeux Noël !
— J'ai dû dire au revoir à mes petits enfants hier soir, tu sais, fait-elle en se taponnant les yeux avec les coins de son tablier. Ils étaient magnifiques, tu sais ? Ron a vraiment fait du bon travail.
Le bras de George se resserre une nouvelle fois dans mon dos, m'empêchant de céder à un mouvement d'humeur mettant en scène la rencontre percutante entre mon poing et sa bouche qui semble pouvoir déverser un flot d'inepties particulièrement corsées ce matin !
Oui, c'est vrai, j'aurais pu faire un petit effort et porter une des somptueuses robes que m'a commandée Fleur en début d'année. Oui, j'ai des cernes prononcés et mon maquillage léger ne les cache pas vraiment. Oui, mes cheveux ne sont pas aussi bien coiffés que lorsque ma belle-sœur joue à la poupée avec eux.
Mais merde à la fin ! Je suis fatiguée, je n'ai pas dormi de la nuit si ce n'est une pauvre petite heure avant que Charlie vienne me réveiller, je suis triste que Diana soit repartie et j'ai pleuré tout au long de ma douche.
Alors oui, c'est vrai, je n'ai pas autant de patience qu'en temps normal et ce n'est même pas à cause des résidus du rituel de Yule. Mais de là à me dire à quel point les enfants que j'aurais adorés, en début d'expérience, avoir avec Ron sont magnifiques, il n'y a qu'un pas minime à franchir avant que la violence gratuite n'entre en jeu !
— Ah, Hermione ! Je suis content de te voir !
Délaissant sans aucune mauvaise conscience George auprès de sa mère, je rejoins Arthur d'un pas rageur, les larmes de colères que je maintiens sous bride menaçant de s'écouler de mes yeux à chaque instant.
— Bonjour monsieur Weasley, souris-je un peu plus franchement. Je vous souhaite un joyeux Noël.
— Tous mes enfants et leurs conjoints seront là cette année, que pourrais-je rêver de plus, non ? rit-il doucement, une étincelle malicieuse dans le regard.
Ainsi donc, Ginny aurait donc sauté le pas et invité ce cher Michael Corner à venir fêter Noël avec nous ? Bon sang… Entre lui, elle, Lavande et Molly, je sens que ça ne va pas être de la tarte… Il ne manquerait plus qu'une nouvelle joute orale, voire physique entre Ron et Charlie n'éclate, et ce sera le pompon !
— Et moi qui vous avais pris un aspirateur ! fais-je de la même manière.
— Qu'est-ce que c'est ? chuchote-t-il, les yeux brillant d'étoiles. C'est moldu ?
— Le cadeau que toute femme rêverait d'avoir à un moment donné de sa vie !
C'est ce que j'aime avec monsieur Weasley. En dehors de son excentricité pour les Moldus, il est quelqu'un de positivement joyeux en toutes circonstances. Je pense que tout dépressif devrait venir faire une cure à ses côtés pour voir les bons côtés de la vie.
Certes, sa passion pour l'autre monde m'a coûté nombre de fous rires ou de rougissements incroyables, mais il est vraiment adorable, et je ne doute pas un seul instant qu'il puisse aimer tous ses enfants de la même manière. De tout son cœur.
— Si tu veux voir Lavande, Ginny, Michael et Ron, il va falloir que tu patientes encore un peu, s'excuse-t-il, une moue gênée sur le visage. Je crois qu'ils ne sont toujours pas levés.
L'arrivée à point nommé de Percy et Pénélope me permet d'échapper à un moment extrêmement embarrassant. Tout en cris et en tapes fraternelles dans le dos, les retrouvailles entre les différents frères Weasley sont vraiment amusantes à voir.
Je pensais, avant cette année, avant même la fin de la guerre, que Percy était le vilain petit canard de cette fratrie, qu'il était, comme le disait Ron, le chieur de service.
Mais au contact de ses frères, j'ai découvert un autre Percy, et je dois bien avouer que je le trouve bien plus drôle qu'à Poudlard, même si je ne doute pas un seul instant qu'il doit toujours se plonger à corps perdu dans ses livres.
— Bonjour monsieur Weasley ! sourit la femme dudit Percy. Joyeux Noël !
C'est à cet instant que je me rends compte que plus rien ne sera jamais pareil. Je ne verrais plus jamais mes parents pour qu'ils me donnent mon cadeau de Noël, Diana ne va pas revenir après un court séjour chez ses grands-parents, et je me retrouve tout simplement seule. Encore une fois.
— Ça me le fait aussi, me souffle Harry en m'enserrant de ses bras. À chaque fois que je fête Noël, j'ai toujours cette sensation.
Les larmes se mettent à couler d'elles-mêmes alors qu'il me serre plus fortement contre lui, nous éloignant de la cohue des arrivées simultanées de Bill et Fleur ainsi que de Charlie et Luna que je suppose avoir été retenus par la directrice.
— Comment fais-tu pour sourire ? chuchoté-je contre sa chemise.
— Je me rappelle simplement qu'à la même date, l'an passé, je n'avais plus vraiment d'espoir, si ce n'est de te maintenir en vie, hausse-t-il les épaules. Maintenant, je sais que nous ne sommes plus seuls et ça m'aide beaucoup.
Je dois bien l'avouer, j'étais assez sceptique, au début, lorsqu'il m'a parlé de faire le réveillon avec tous ces couples dans la Chambre des Secrets. Mais j'avais tort. Je me suis vraiment sentie en famille, hier soir, et rien que pour ça, je remercie de tout cœur Harry.
Certes, cette famille est assez dysfonctionnelle, et par tous les dieux de la création, jamais je ne pourrais voir Narcissa comme en faisant partie, mais je me suis vraiment amusée malgré les révélations chocs et les coups durs.
C'était plaisant de pouvoir voir Pansy un peu moins dirigiste et Blaise un peu moins… niais. À vrai dire, je crois que mon meilleur moment à tout de même été celui où Queen a fait preuve toute sa ruse de Serpentard ! Merlin… Je ne doute pas que le petit Zabini va en entendre parler pendant un très long moment encore de cette réflexion à propos de sa cuisine.
Mais même Neville et Dennis, que je ne côtoie plus autant maintenant que nous vivons tous séparés, ça m'a fait du bien de les voir un peu moins sombres, un peu moins renfermés.
— J'ai eu l'impression d'être en famille hier, rit-il, suivant le même fil de pensée que moi.
— Je doute réellement qu'on puisse dire de Rogue qu'il soit le tonton joyeux de la bande ! ricané-je.
— Je dois dire que j'ai apprécié de l'entendre me dire de continuer à traiter Lestrange de tarée dégénérée !
— Avoue que c'était ton plus beau cadeau de Noël, celui-là, souris-je en coin.
— J'en ai eu un bien meilleur, fait-il mystérieusement, les yeux brillant.
— Harry Potter ! grondé-je doucement. Me ferais-tu des cachotteries ?
— Est-ce que moi je te demande ce que Charlie et toi vous avez fait, la nuit de Yule ?
Le simple rougissement très prononcé de mes joues est une réponse en soi… Merde alors… Il était vraiment parfait cette nuit-là… Puissant, dominateur, sensuel, doux et tendre à la fois… Une chance pour moi que les elfes gardaient les enfants jusqu'au petit matin, parce que je sais parfaitement que je n'aurais pas été en état de m'occuper de Diana…
— C'est bien ce que je disais ! ricane-t-il en se détachant de moi pour rejoindre son homme avant de lancer par-dessus son épaule. Je ne demande pas si je ne veux pas savoir ! Tâches d'en faire de même, Mione !
Je sais parfaitement que, lorsqu'il se sentira prêt, il me dira ce qu'il cache. C'est un fait, avec Harry, la patience a toujours été la clef.
— Joyeux Noël Hermione ! s'écrie une Pénélope tout sourire en se postant devant moi, Bill et Percy dans son dos.
— À toi aussi, ris-je doucement.
— Tu devrais t'asseoir Penny, soupire son mari. Ou peut-être que tu veux un massage ? Tu as faim peut-être, non ?
— Tout va bien Percy, je te promets ! grimace-t-elle tout en le fusillant du regard.
— Tu n'arrêtes pas de te crisper ! Tu as des contractions, c'est ça ? Tu veux que je demande au Gynécomage de te prendre en urgence ?
— Si toi, tu pouvais te transformer en Gynécomage, là, tout de suite, maintenant, c'est comme ça que je pourrais être heureuse !
Si je retiens un éclat de rire à la réplique cuisante de la jeune future mère, il en est tout autre pour Bill, malheureusement.
— Penny, on en a déjà parlé…, soupire-t-il, fatigué.
— Très bien ! lève-t-elle les bras au ciel. Eh bien va pour un verre d'eau dans ce cas !
— Plate ? Pétillante ? Température ambiante ?
— Surprends-moi ! rit-elle.
C'est fou ça ! Je n'avais jamais vu qui que ce soit, passer aussi rapidement de l'énervement à l'amusement, et Pénélope Deauclaire vient de me démontrer par A + B que les hormones, en plus de détraquer le corps d'une femme, lui font aussi perdre les pédales !
— Tu sais qu'il est capable de te ramener un verre des trois, n'est-ce pas ? ricane Bill en regardant Percy se précipiter en cuisine.
— Je n'en peux plus, fond-elle en larmes. Ça fait deux mois qu'il ne veut plus me toucher, je n'ai pas vu à quoi ressemblent mes pieds depuis une éternité et j'ai envie de faire pipi à longueur de journée !
Dans un acte démontrant le courage légendaire des Gryffondor, Bill prend la poudre d'escampette, me laissant sur les bras le soin de gérer une Pénélope aux hormones en folie et dont les larmes dévalent les joues… Que faire maintenant…
— Tout ira bien, Penny, je te le promets, soufflé-je en la prenant contre moi. C'est bientôt terminé. Tu es bientôt à terme.
— C'est à cause de ça qu'il ne veut plus me toucher, renifle-t-elle, des hoquets rendant ses mots compliqués à comprendre. Il croit qu'il est monté comme un hippogriffe et qu'il pourrait défoncer le crâne du bébé.
Bien ! Il semblerait donc qu'à chaque fois que je suis en présence d'une des femmes Weasley, je me trouve dans l'obligation de parler vie sexuelle avec leur conjoint… À choisir, je crois que je préférais encore affronter les Mangemorts… Où est Fleur quand on a besoin d'elle ?
— Je lui ai bien dit qu'il n'avait pas une corne de licorne à la place du pénis, mais il ne veut pas prendre de risques, hoquette-t-elle toujours. Résultat des courses, je n'ai pas fait l'amour depuis un mois et il ne m'a pas touché depuis deux mois ! Et je suis en manque, Hermione !
— Je… Heu… Je ne sais pas quoi te dire, Penny, soufflé-je, mal à l'aise.
Je m'attendais à beaucoup de réactions face à mon peu de coopération, je dois bien le reconnaître. Mais en aucun cas je ne m'attendais à ce qu'elle relève vers moi un regard brillant d'espoir et de larmes contenues, comme si elle avait trouvé l'idée du siècle… Bon sang… Que va-t-il me tomber sur le coin du nez, encore ?
— Dis, Hermione, tu m'aimes bien, n'est-ce pas ? chuchote-t-elle.
— Oui, déclaré-je, ne comprenant toujours pas où elle souhaite en venir.
— Et tu ferais n'importe quoi pour le bonheur de cette famille, n'est-ce pas ?
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens venir le coup fumeux à des kilomètres à la ronde… Bordel ! Mais que fait Fleur ?
— En effet, hoché-je la tête.
— Prête-moi ton homme ! s'exclame-t-elle avidement.
— Pardon ?
Mon regard papillonne de très nombreuses secondes, plus ou moins le temps que met mon cerveau à imprimer les paroles qu'elle vient d'assener. Lui prêter mon homme ? Mais pour quoi faire ? Et de quel homme parle-t-elle ?
— On parle de moi ?
Évidemment ! Il fallait que cet abruti de Charlie débarque dans la conversation comme un cheveu sur la soupe alors que Pénélope est très clairement en pleine surchauffe hormonale ! Mais si j'en juge ses yeux pleins de concupiscence, le fameux homme qu'elle voulait me voir lui prêter était celui-ci…
— Charlie ! Justement ! L'homme que je cherchais ! s'égaye-t-elle en s'agrippant à son bras.
— Et pourquoi ça ? hausse-t-il un sourcil interrogateur.
— Écoute, commence-t-elle en lui envoyant des yeux suppliants, si tu veux, tu n'auras même pas besoin de me toucher, je ferais tout le travail moi-même. Mais s'il te plaît, baisse ton pantalon, juste pour moi, s'il te plaît !
Oh ! Je comprends donc maintenant quel était l'accomplissement final de sa demande première, et si j'en juge la pâleur de Charlie, il vient lui aussi de comprendre le bourbier dans lequel il s'est fourré, sans aucun jeu de mots.
— Je ne crois pas, non ! gronde-t-il en se reculant d'un pas, les sourcils froncés. Tu es devenue folle ou quoi, Penny ?
— Écoute-moi bien, Weasley ! susurre-t-elle froidement. Je suis en manque, je suis frustrée, je suis obligée de faire chambre à part depuis un mois, et je ne me souviens même plus à quoi ça peut bien ressembler ! Alors ne fait pas l'enfant et baisse ce pantalon immédiatement ou ce sera moi qui le ferais !
— C'est vrai ça, Charlie, pourquoi tu ne te laisses pas faire ? souris-je en coin en voyant Percy sortir de la cuisine. Je suis sûre que tu apprécierais !
— Vous êtes toutes les deux folles, souffle-t-il.
Mon plan pour voir Percy totalement fou de jalousie et emporter sa femme à l'étage et lui faire l'amour est brusquement arrêté lorsque sa propre mère l'interpelle dans la salle à manger.
— C'est parce que je suis grosse et moche, c'est ça ? se remet-elle à pleurer. Je sais bien que c'est à cause de ça que Perce ne veut plus coucher avec moi. Je le dégoûte !
Eh merde… Elle avait pourtant l'air de s'être calmée ! Pourquoi faut-il que ce genre de choses n'arrive qu'à moi…
— Arrête, Penny, soupire Charlie en venant la prendre dans ses bras. Tu sais très bien que tu es certes grosse et un peu dégoûtante quand tu manges ces derniers temps, mais tu es toujours aussi jolie qu'avant !
— Tu es censé me dire des gentillesses, pas me dire que je suis grosse et dégoûtante ! crie-t-elle en se débâtant.
Il m'envoie un regard désespéré, ne comprenant visiblement pas ce qu'il est censé faire dans une situation comme celle-ci. Mais qu'attend-il de moi ? Que je lui ponde une réponse toute prête ? Bon sang ! Je ne me suis jamais retrouvée dans une situation comme celle-ci !
Trouver la réponse à qui est l'inventeur de la Pierre philosophale ? Ça, j'ai su faire. Définir ce qui courait dans les canalisations de Poudlard ? Là encore, j'ai trouvé. Comment éloigner le professeur Lupin des Harry, Ron, Hermione et Rogue de trois heures plus tôt ? Pareil !
Mais savoir à sa place ce qu'il doit faire quand sa belle-sœur enceinte jusqu'aux yeux, à deux doigts d'accoucher, si on en juge sa circonférence, et en manque lui demande de se mettre nu et lui faire des choses peu catholiques ? Là, non, mon cerveau s'est mis en pause depuis un moment… Jusqu'à ce qu'un souvenir affreusement gênant commence à s'imposer à moi…
— Très bien, soupire-t-il en se reculant de quelques pas, la main sur le bouton de sa braguette. Tu ne pourras pas dire que je ne fais rien pour que ton mariage avec mon frère ne tienne pas !
Je ne sais pas qui, de Pénélope ou moi-même, est la plus frustrée lorsque Percy débarque, tous verres oubliés et baguette au poing, au moment où la braguette est enfin ouverte et où ses doigts commencent à tirer sur l'élastique de son boxer.
— Songe même à continuer ce que tu es en train de faire et je te coupe tout ce qui se trouve dans ton caleçon ! susurre-t-il froidement.
Merde alors ! C'est bien la première fois que je peux voir un Percy à ce point… non conforme à ce qu'on pourrait attendre de lui ! Qui l'eut cru ! Lui aussi a le gène un peu sanguin des Weasley !
— J'avais prévu de crier joyeux Noël en la sortant de son emballage, ricane Charlie.
— Tu m'en vois ravi, mais fais-le devant ta femme et non la mienne, tu seras gentil ! continue-t-il.
— Perce, amour, chéri, soupire Penny en fermant les yeux. C'était l'expérience la plus érotique que j'ai eue depuis des mois et tu viens de me gâcher mon plaisir !
— Parce que ça t'excite de voir mon frère à poil ? s'insurge-t-il.
Franchement, je ne vais pas mentir, moi en tout cas, ça me fait saliver par avance… Parce que, soyons clairs encore une fois, je sais parfaitement ce qui se trouve sous le pantalon serré et le boxer noir, et Merlin m'en est témoin, la corne de licorne n'est pas loin !
— J'ai eu un orgasme en mangeant un fraisier la semaine dernière, j'ai failli jouir quand mon Gynécomage m'a examiné hier et pourtant, tu vois, le bébé n'est pas encore sur le point d'arriver ! s'agace-t-elle en le vrillant de ses prunelles grises. Tu vois, tu es le seul à ne pas vouloir me faire du bien ! Même la pâtissière du bout de la rue m'en fait plus que toi !
— Dur, frangin, ricane mon rouquin.
— La ferme, Charlie ! gronde-t-il. Et par pitié range ton bazar !
— Je voulais juste rendre ta femme heureuse, moi !
— Offre-lui des fleurs ou des chocolats, mais arrête de vouloir exposer ta…
— STOP ! CA SUFFIT ! crié-je, n'en pouvant plus de ce combat stérile.
Je n'en ai pas vraiment conscience sur le moment, mais toutes les conversations autour de nous se sont éteintes et les quelques couples encore présents dans le salon tournent leurs yeux vers nous.
— Toi, tu viens avec moi, fais-je en désignant Penny avant d'en faire de même avec Charlie. Toi, tu me remballes tout ton attirail et tu n'oublies pas tout l'entrain que tu as mis à le sortir parce que je vais en avoir besoin à Poudlard.
Si j'en juge le sourire conquérant que mon cher mari arbore, ce soir non plus, je ne risque pas de dormir ! Mais tant mieux ! Après une journée au Terrier, il me faudra au moins ça pour décompresser, je suppose…
— Et toi, soupiré-je en assassinant Percy du regard, arrête de croire que tu es monté comme un dragon ! À moins que tu n'aies la capacité fabuleuse de transformer tout ton attirail en pique à brochette, crois-moi, tu n'es pas près de toucher la tête de ton bébé ! Merde à la fin ! Il y a un monde entier entre un utérus et un vagin ! Ouvre un livre, bordel !
Énervée comme rarement je ne l'ai été, j'empoigne le bras de Pénélope pour qu'elle me suive jusqu'à un monsieur Weasley abasourdi, qui me regarde comme si une seconde tête m'était poussée dans la nuit, et à qui je demande bien gentiment la clé de son atelier qu'il me cède, toujours autant abasourdi.
— Tu sais que c'est la première fois que je t'entends parler de sexe, Hermione ? rit doucement Penny lorsque nous entrons dans le domaine d'Arthur.
— J'évite d'en parler, en général, haussé-je les épaules.
Toute concentrée sur la tâche que je me suis fixée, j'en oublie totalement à quel point tous mes muscles me font mal, à quel point cette douleur au ventre, que je sais venir de l'angoisse persistante depuis le rituel de devoir perdre sous peu quelque chose, me vrille l'estomac. Juste trouver la boîte. Uniquement ça.
— Il a été génial, tu sais ? soupire-t-elle.
— Qui ? demandé-je vaguement, aucunement concentrée sur la discussion.
— Percy, précise-t-elle. Lorsque je lui ai annoncé ma grossesse.
Oui ! Enfin ! Je l'ai trouvé ! Mais qui a donc bien pu avoir l'idée totalement folle de cacher ce genre de chose aussi haut sur l'établi ? Rectification, je sais parfaitement que c'était moi, et je sais aussi pourquoi je l'ai fait… Bon sang, ce souvenir est vraiment une chose atroce…
— Je ne l'avais appris que depuis quelques jours lorsque nous nous sommes remis à nous fréquenter, mais quand je lui ai dit, pas un seul instant il n'a eu peur, souffle-t-elle, les yeux dans le vague.
— Il a changé avec la guerre, chuchoté-je, mais dans le fond, il est toujours le même. Il prend toujours ses responsabilités à bras-le-corps.
C'est vrai, il a bien changé le petit préfet-en-chef gringalet qui admonestait même les élèves de sa propre maison lorsqu'ils dépassaient le couvre-feu d'une seule minute. À dire vrai, je me suis beaucoup inspiré de sa méthode lorsque, moi-même, je suis devenue préfète…
Certes, il n'était pas vraiment apprécié par les autres élèves, mais au moins, lorsqu'un travail devait être fait, il l'était. La seule fois où je l'ai vu déroger à la règle, c'est le soir où Penny et moi sommes revenus, après avoir reçu le philtre de mandragores.
Réellement, je crois que même s'il y a eu une scission dans leur famille durant notre cinquième année et qu'il a préféré suivre l'avis du ministre Fudge, dans le fond, et malgré tout le mal qu'ont pu en dire certains membres de cette famille, Percy est resté profondément le même.
Parce que, sinon, comment expliquer que, même en sachant parfaitement qu'il finirait à Azkaban, il a été prêt à se livrer aux autorités pour avoir jeté un Avada durant la bataille finale ? Mince alors ! Rien que le fait qu'il l'ait fait prouve à quel point il est toujours le même homme que celui qui a quitté Poudlard il y a cinq ans !
— Le lendemain, quand je suis venu le voir dans son appartement sur le Chemin de Traverse, continue-t-elle en souriant doucement, il avait acheté une trentaine de livres qui parlaient de la grossesse, des maux de femme durant la gestation et tout le reste. Il a vraiment été génial.
— C'est une bonne chose puisque tu es sa femme ! ris-je.
— Je sais que c'est grâce à toi si aujourd'hui, lui et moi, nous en sommes à ce stade, soupire-t-elle en redevenant terre à terre. Je ne sais pas ce que tu lui as dit ce jour-là, mais je sais que ça a changé les choses pour lui. Si tu savais comme il s'en voulait après la bataille… Je ne le reconnaissais plus…
— Je n'ai rien fait de particulier, fais-je en rougissant de gène. Je lui ai juste dit des choses qu'il avait besoin d'entendre et je l'ai remercié de m'avoir sauvé la vie. Rien de plus.
— Merci quand même, Hermione, sourit-elle en me prenant la main. Merci de m'avoir rendu mon mari.
J'ai apprécié Pénélope dès le début de mes études à Poudlard. Certes, elle n'était pas vraiment bavarde, et à vrai dire, elle était vraiment très renfermée. Mais elle a toujours accepté de libérer un coin de table pour que je puisse venir m'asseoir dans la bibliothèque lorsqu'elle était pleine à craquer.
De nombreuses fois, j'ai pu la voir avec Percy assis à la même table, s'échangeant des sourires discrets ou de simples effleurements sur la main. C'est vrai, il y a bien plus sensationnel comme couple, bien plus explosif ou même fusionnel, mais de l'amour entre eux, j'en ai toujours vu. Par de simples attentions ou un mot doux versé au creux de l'oreille.
— Et si tu m'expliquais ce que nous sommes venus faire ici ? s'excite-t-elle en vrillant un regard sur la boîte que je tiens entre mes mains.
Rouge de gêne au possible, je l'ouvre, lui révélant ce qu'elle contient tout en détournant les yeux. Une chance pour moi, Pénélope est une née-Moldue tout comme moi, ce qui m'évitera l'embarras de devoir lui expliquer comment et à quoi sert ce que je tiens désormais en main.
— Merlin, Hermione ! s'écrie-t-elle en ne masquant pas son amusement et sa gêne. C'est vraiment…
— Un vibromasseur ? soupiré-je de lassitude. Oui.
— Mais comment savais-tu qu'il était là ? me demande-t-elle, choquée et les yeux brillant de malice. Attends ! Tu savais parfaitement où le chercher ! C'est toi qui l'avais caché là ! Tu t'en es déjà servie, petite perverse !
Par tous les Fondateurs et Merlin réunis… Jamais de toute ma vie je n'ai eu aussi honte qu'en ce moment, et pourtant, après sept ans dans le monde des sorciers, je pensais avoir tout connu… Il semblerait qu'il n'y ait pas de justice !
— Je t'arrête tout de suite, ce n'est pas ce que tu crois ! m'écrié-je paniquée. Je l'ai planqué parce que monsieur Weasley voulait l'offrir à Fleur pour son mariage avec Bill l'an passé !
— C'est sûr que c'est un super cadeau de mariage ! éclate-t-elle de rire.
— Je crois que le pire, c'est la carte qu'il avait glissée dans la boîte, soufflé-je, moi aussi amusée. « Chère Fleur, j'espère que tu apprécieras mon cadeau quand Bill sera en mission à l'étranger. ».
— Tu te moques de moi, là ?
— J'aimerais beaucoup, crois-moi ! grimacé-je. Je sais que c'est ma faute, mais franchement, je ne voudrais jamais revivre pareille scène un jour…
— Raconte ! pépie-t-elle.
À vrai dire, en le prenant avec beaucoup de second degré, je dois bien avouer que ce souvenir est plutôt drôle !
— Je venais de débarquer de chez mes parents quelques jours plus tôt, et là je vois monsieur Weasley avec ça à la main comme s'il s'agissait d'une épée, commencé-je à raconter. Tu n'imagines même pas l'embarras dans lequel j'étais lorsqu'il m'a demandé ce que c'était !
— Et tu lui as dit quoi ? me presse-t-elle.
— Que voulais-tu que je lui dise ? Il me menaçait avec un pénis en silicone au milieu du salon ! Je lui ai sorti la première chose qui m'est passée par la tête !
Je crois ne jamais avoir vu Fred se retenir à ce point d'éclater de rire. À deux doigts des larmes, le poing fermement énoncé dans sa bouche et George n'en menant pas plus large à ses côtés… J'ai bien compris qu'aucune aide ne me viendrait de ce côté-là…
Et puis, débarquant comme une fleur de sa cuisine, Molly nous a tous admonesté de mettre la table pour pouvoir manger… Et là est venue mon idée.
— Je lui ai dit que c'était un fouet électrique…, soufflé-je, piteuse.
Elle explose de rire, me faisant rougir encore plus d'embarras. Bon sang… J'ai mis des jours à pouvoir regarder Arthur dans les yeux après ce moment-là…
— J'aurais adoré voir ça ! crie-t-elle en se retenant à l'établi.
— Du coup, tu n'auras qu'à penser à lui quand tu l'utiliseras ! ricané-je malicieusement.
— Merci Hermione ! bougonne-t-elle. Tu viens de détruire toute possibilité pour que je retrouve une vie sexuelle, maintenant !
— Évite de faire baisser son pantalon à Charlie, dans ce cas !
— On devient possessive avec son mari, Miss Granger ? rit-elle en bougeant suggestivement ses sourcils.
— Je te disais ça pour que ce soit à Percy de baisser son pantalon ! crié-je en rougissant.
— Hum…, renifle-t-elle amusée. Pardonne-moi, mais je ne te crois pas !
Continuant de rire, elle me fait signe de la rejoindre après avoir désillusionné le jouet pour adulte. Son rire ponctue toute notre traversée du jardin jusqu'à ce que l'atmosphère lourde du salon me prenne à la gorge. Merde… Je me suis vraiment trop habitué à la température de notre appartement…
— Ginny chérie, monte réveiller ton frère et Lavande, veux-tu ? nous accueille la voix de Molly à notre retour. Nous allons passer à l'ouverture des cadeaux maintenant que les filles sont revenues.
Bon sang mais qui a bien pu lui donner de tels poumons ! Que ce soit pour crier ou simplement parler doucement, c'est toujours le même ton, la même inflexion… Toujours, lorsque je l'écoute, j'ai cette impression qu'elle ordonne plus qu'elle ne demande…
— Heureuse d'être de retour ? ricane Fleur.
— Tu n'as pas idée…, soupiré-je, retenant un léger rire. Entre les problèmes de frustration de Penny et la douce voix adorable de Molly, j'ai l'impression de ne jamais être partie du Terrier…
— Dis-toi que dans quelques heures tu pourras retourner chez vous avec Charlie ! hausse-t-elle les épaules. J'ai prévu de ne surtout pas rester pour le repas du soir ! Ma ligne n'y survivra pas… J'ai l'impression de ressembler à une dinde à chaque fois que je repars d'ici, c'est inadmissible !
Le plus drôle avec cette magnifique Vélane, c'est que même si elle sait parfaitement que son mari est obnubilé par elle, malgré le mariage et même la famille Weasley – certes charmante, mais au demeurant envahissante – elle continue de faire attention à sa ligne… Et Merlin ce que je tuerais pour avoir la même qu'elle.
Je le reconnais, j'ai pris du poids. Pas que je sois vraiment regardante en ce qui concerne mon physique, ce serait même tout l'inverse, mais lorsque je vois que je ne parviens plus à fermer mes pantalons, ou bien que je commence à avoir besoin d'aide pour fermer mes robes, je m'inquiète…
Deux mois et demi. Cette information me percute avec la violence d'une bombe nucléaire. Cela fait très exactement deux mois et demi que je n'ai pas eu mes règles… Certes, avec tout ce qui se passe ces derniers temps, il est assez normal que je n'y ai pas pensé, mais tout de même ! Comment est-ce possible ?
Mon corps se met à trembler sans que j'en aie réellement conscience, ma tête se met à tourner, l'air refuse même d'atteindre mes poumons. Merde ! Comment une telle chose a bien pu arriver ? Comment ?
— Fleur ? soufflé-je.
— Oui, ma belle ? hausse-t-elle un délicat sourcil dans ma direction.
Son air avenant change du tout au tout lorsqu'elle voit l'état dans lequel je suis. Merde, je dois très sûrement être en train de faire une foutue crise d'angoisse ou je ne sais quelle autre chose… Mais putain ! Je ne peux pas être enceinte !
— Dis-moi que ce n'est pas vrai…, chuchoté-je, la suppliant réellement. Dis-moi que je n'ai pas été assez conne pour tomber enceinte de Charlie, s'il te plaît !
— Ah, Hermione ! Tu es enfin arrivée !
Maudit Ron et maudit timing défectueux à la Weasley ! Si seulement il était arrivé une seule seconde plus tard, peut-être que Fleur aurait eu le temps de me rassurer ! Après tout, elle trouve toujours les bons mots, non ?
Mais non, il a fallu que Ron descende de sa chambre en pyjama, me serrant rapidement dans ses bras en me collant une bise sur le front. Maudit soit-il ! Ne pourrait-il pas, pour une fois, avoir un peu moins de retenue et me serrer très fortement dans ses bras ?
Pour une fois, juste une fois, j'aurais aimé que quelqu'un comprenne à quel point je suis terrifiée, à quel point je me sens à deux doigts de rompre sous la folie ! Merde ! Juste une seule putain de toute petite fois !
— Bonjour Ron, soufflé-je encore une fois, les yeux brillant de désespoir. Joyeux Noël.
— Je te souhaite un très joyeux Noël, moi aussi ! s'écrie-t-il, rayonnant de joie. Tu t'es amusée avec tes parents pour le réveillon ?
Le monde vacille une nouvelle fois, les larmes dévalent mes joues et la douleur qui, jusqu'à présent, se cantonnait à mon ventre, s'étant à tout le reste de mon corps. Mes parents…
— Ronald ! gronde la voix de Fleur, passant difficilement le bourdonnement dans mes oreilles. Ça suffit maintenant !
— Je ne faisais que lui demander des nouvelles de ses parents ! s'agace-t-il. Je ne lui ai pas annoncé leur mort !
— Tu fais chier, Ronald !
En moins de trente secondes, des bras chauds et puissants, sentant le soufre et la menthe avec une légère pointe de parchemin ancien flottant jusqu'à mes narines, alors que ma tête est profondément enfoncée dans un torse, viennent m'entourer. Charlie. Je reconnaîtrais son odeur entre milles.
— Tout va bien, bébé, chuchote-t-il doucement en caressant mes cheveux.
— Mes parents Charlie…, soufflé-je en levant des yeux brillants de larmes vers lui. Je les ai tués…
Ses yeux se ferment alors qu'un soupir douloureux, triste et amer passe la barrière de ses lèvres. Il sait que je ne parle pas uniquement de ce qu'il s'est passé durant cette sorte de transe. Il sait que je parle aussi de les avoir oublietté et envoyé en Australie.
Si je ne l'avais pas fait, ils ne se seraient pas promenés dans la rue ce soir-là. S'ils ne s'étaient pas promenés, alors ce conducteur ivre ne les aurait pas percutés. S'il ne les avait pas percutés, ils ne seraient pas morts. Mais le pire de tout, reste ce moment atroce où le sortilège a cessé de fonctionner. Hermione. Le dernier mot de mon père.
La bile remonte dans ma gorge, la colère et la douleur se créent une place de choix dans mes émotions et si je ne sentais pas les bras forts et sécurisants de Charlie, je sais que je me serais déjà écroulée au sol depuis un bon moment.
— Ce n'était pas ta faute, murmure-t-il en posant son front contre le mien. On ne peut pas jouer contre le Destin, chérie, tu le sais très bien…
Je sais qu'il a tort, je sais que c'est entièrement ma faute s'ils ne sont plus là, mais bordel ce que ça peut faire du bien d'entendre ce genre de chose, d'avoir l'impression d'être soutenue… Je donnerais tout pour pouvoir ressentir ce genre de chose encore et encore jusqu'à la fin de ma vie…
— Qu'a donc encore la parfaite petite préfète Granger ? soupire Lavande de sa voix de crécelle en descendant les escaliers et me vrillant de son regard marron narquois. Ton papa ne t'a pas offert le livre que tu voulais pour Noël ?
Le peu de paix apportée par les bras et les paroles réconfortantes de Charlie vole en éclat sous son ton nasillard. Je ne peux déjà pas la supporter en temps normal, mais cette fois-ci, elle a dépassé les bornes dans les grandes largeurs !
Qu'elle le sache ou non, je n'en ai rien à faire, j'ai simplement besoin d'évacuer le stress, la peur et la souffrance sanguinolente qui parcourent mes veines aussi sûrement et durement qu'un feu de forêt, embrasant tout sous son passage.
Ma baguette est dans ma main avant même que je n'y aie pensé, mon corps tendu de tout son être vers la blonde, le sort sur le bout des lèvres.
Ce n'est, encore une fois, que les bras de Charlie me retenant avec une force incroyable qui l'empêche d'être défigurée. Ou, tout du moins, encore plus que par les marques de griffes de Greyback sur sa joue.
— Ils sont morts, salope ! hurlé-je à m'en briser les cordes vocales. Morts le soir de la bataille finale ! Je n'ai plus de parents parce que j'ai été trop faible pour pouvoir les ramener à la vie, trop lâche pour pouvoir les sauver ! C'est ça que tu voulais savoir ? Félicitations ! Tu viens de découvrir mon talon d'Achille !
Je dois très certainement avoir l'air d'une folle, mais très franchement, à l'instant présent, je n'en ai rien à faire. Tout ce que je voudrais, du plus profond de mon cœur, en cet instant, c'est qu'elle ait aussi mal que moi, qu'elle comprenne à quel point les autres n'ont pas cette faculté qu'elle a à passer au-dessus de tous les malheurs qu'a entraînée la guerre.
Elle, elle a continué sa vie, a repris une relation avec le même Ronald dont les bras sont passés autour de sa taille pour éviter qu'elle ne se jette, elle aussi, sur moi. Elle, elle a toujours ses parents, sa vie, sa famille. Moi, je n'ai plus rien. Rien, si ce n'est la supposition que j'ai fait tout à l'heure.
Mais si elle est vraie, alors je perds aussi mon pilier, ma force et ma raison de me battre tous les putains de jours que Merlin m'a accordé de plus sur cette foutue planète… Parce que Charlie, même s'il a eu l'air de s'amuser avec Diana, je sais parfaitement qu'il n'est pas prêt à avoir un enfant, et encore moins avec moi.
— Putain bébé, contrôle-toi ! siffle Charlie en me serrant plus fort. Je n'arrive même pas à atteindre ton esprit pour dresser tes barrières à ta place !
— Ce n'est pas la peine, Charlie, minaude-t-elle en lui faisant les yeux doux. Toute personne un peu sensée sait qu'il ne faut jamais croire ce qu'elle dit. Elle te fait passer Helga Poufsouffle pour la Marie-couche-toi-là de l'Histoire de Poudlard, sinon !
— Ce n'est pas le moment, Brown ! gronde Harry. Retourne donc tortiller du cul auprès des profs pour avoir une bonne note !
C'est en voyant à quel point il a l'air de souffrir que je me souviens de la raison première pour laquelle je ne voulais pas venir ici : les barrières d'occlumancie trop faibles pour contenir les images de mes pires souvenirs.
Vicieusement, j'ai cette idée qui se forme lentement en moi, s'imposant avec une force insoupçonnée jusqu'à présent, jusqu'à devenir un but. Lui montrer à quel point elle a tort. Lui montrer les conséquences de la guerre.
— Luna ! crie Fred. Maintenant !
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la main de mon amie de Serdaigle se pose sur mon front, chuchotant d'une voix faible, en gaélique, ces quelques mots : « trouve le sommeil et la paix ». Puis plus rien. L'obscurité m'entoure.
À mon réveil, je mets de longues minutes à comprendre que je ne suis plus dans le salon, mais bien dans une chambre. Sur un lit. Mais cette pièce ne me dit rien. Jusqu'à ce que je remarque, sur les murs, des posters de dragons et de Quidditch.
— Charlie ? appelé-je d'une voix rocailleuse.
— Désolé, Hermione ce n'est que moi.
Je ne peux empêcher la tristesse qui m'envahie à l'idée de voir Percy dans cette chambre et non mon mari. J'aurais tant apprécié que ce soit lui que je trouve à mon réveil et non son petit frère…
— Ce n'est pas grave…, soufflé-je, tentant tout de même de sourire. Que s'est-il passé ?
— Disons que maintenant, j'y regarderais à deux fois avant de te chercher des noises, ricane-t-il doucement. Comment te sens-tu ?
Fatiguée et engourdie sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit. Puis, lentement, mes nerfs ont l'air de se remettre à fonctionner puisque je sens enfin la douleur revenir, contractant mon dos comme rarement jusqu'à présent.
— Ça ira, ne t'en fais pas, soupiré-je. Tu joues le garde malade par bonté d'âme ou tu as été désigné d'office en punition par Penny ?
— À vrai dire, j'ai renvoyé Penny à la maison avec la promesse de la tenir au courant de ton état de santé lorsque tu te réveillerais, grimace-t-il. C'est Bill qui a décidé de me faire jouer le rôle de garde du corps quand il a vu que les choses s'envenimaient en bas.
— Comment ça ? froncé-je les sourcils.
— Disons que Charlie, les jumeaux, Harry et Fred sont partis en croisade contre Lavande lorsqu'elle a commencé à faire son intéressante, marmonne-t-il. Le plus ironique dans tout ça, c'est que c'est très exactement ce qu'elle te reproche : faire ton intéressante !
Bon sang ! Ne peut-elle pas voir que le monde ne tourne pas uniquement autour de sa propre petite personne ? Que Lavande Brown n'est pas le centre de la Terre, et que malgré tout ce que la précédente année a fait vivre à chacun, elle s'en est plus ou moins bien tirée ?
— Charlie m'a demandé de te remettre ton cadeau, si tu le souhaites ! tente-t-il de me détourner de mes pensées.
— Un cadeau ?
— C'est Noël même pour les asociales comme nous, Miss Granger ! ricane-t-il en s'asseyant sur le bout du lit de Charlie, un paquet rouge enrubanné d'or entre les mains. Je te l'accorde, même pour moi, ce cadeau fait bien trop Gryffondor !
— Tu aurais dû voir celui que j'ai offert au professeur Rogue hier, dans ce cas ! ris-je, me crispant rapidement sous la douleur.
— Tu as osé faire une telle chose ? écarquille-t-il les yeux d'effroi. Ne dis jamais une telle chose à Ron, il risquerait de mourir d'une crise cardiaque !
— Ce n'était pas dans mes projets, ne t'en fais pas ! ricané-je à mon tour.
Précautionneusement, il fait coulisser le paquet jusqu'à moi, attendant ensuite, dans un calme si différent de celui de Ron les matins de Noël auxquels j'ai pu assister à ses côtés, que je l'ouvre.
À l'intérieur, sur un joli coussin de velours bleu, qui prend quelques teintes violettes lorsque le soleil tape dessus, maintenant recousu à la corne et possédant un nœud papillon d'un vert qui tranche sévèrement avec le rouge de ses écailles, attend bien sagement de sortir de sa boîte.
— Doudou dragon, soufflé-je, le cœur au bord des lèvres.
Les larmes doivent encore une fois dévaler mes joues, mais je crois que, ces derniers temps, c'est ce que je sais le mieux faire, à égalité avec le fait de me mettre en colère. Je l'ai cherché durant des heures, hier après-midi, parce que je voulais qu'elle puisse repartir avec même si je savais que c'était impossible.
Puis, lorsque nous sommes revenus à l'appartement, juste avant que je ne supplie Charlie de me faire l'amour pour oublier, je l'ai encore inlassablement cherché. En désespoir de cause, j'ai cru que, comme pour le reste des vêtements et objets, les elfes étaient simplement venus les rechercher, m'enlevant cet objet si unique aux yeux de Diana. Mon bébé.
Pendant un mois, elle a été mon bébé, et elle a été le sien. Pendant un mois, nous avons été une famille. Certes, cette famille était dysfonctionnelle, mais c'est cette idée qui m'a permis de tenir, lorsque Bellatrix s'amusait une nouvelle fois à me taillader le bras. Lui, Diana et moi. Une famille. Ma famille. Notre famille.
— Hermione ? s'inquiète Percy. Tu es toute pâle. Tu vas bien ? Tu veux que j'appelle quelqu'un ?
Même si je suis assise, le monde se remet encore à tourner, et mon envie de vomir se précise un peu plus. Une main sur la bouche, je tente vaillamment de ne pas m'écrouler au sol lorsque je me relève. La douleur cuisante dans tout mon dos me fait un mal de chien et parvenir à atteindre la salle de bains sans tomber une seule fois dans les escaliers relève plus du miracle que de la vaillance.
Mais lorsque enfin je parviens à relever la tête de la cuvette des toilettes, mes oreilles bourdonnent de plus en plus furieusement, ma tête, mon corps et tout mon être, j'ai l'impression, sont eux aussi en train de tanguer.
Courageusement, je rejoins le lavabo pour pouvoir me rincer la bouche, mais l'image de moi-même qui apparaît, une fois de l'eau passée sur le visage, est atroce !
Le sort de Glamour a lâché, mes cernes sont bien plus marqués qu'à notre arrivée, mon teint blanc rivalise avec celui du professeur Rogue de son vivant, et même mes lèvres me paraissent d'une pâleur extrême.
Dans une vaine tentative de retrouver face humaine, je bloque la porte avec des runes basiques en celtiques dont je sais que peu de personnes, si ce n'est Bill et peut-être George et Charlie, saura briser, avant de sortir ma baguette pour relancer le sort. Grand mal me prend.
Les points blancs se mettent à danser devant mes yeux, le bourdonnement se fait de plus en plus persistant, et même les bruits des cris persistants à l'étage du dessous ne me parviennent plus. Juste le noir qui recommence à m'engloutir. Mais cette fois, je n'ai plus assez de force pour pouvoir le contrer. Je suis faible, et je viens de perdre totalement prise.
CW / HG * SDD * HG / CW
Charlie
Si je ne sentais pas la douleur de plus en plus fortement par le lien qui nous unit, Hermione et moi, je n'aurais certainement pas concentré une bonne partie de mon attention sur l'étage, ni même sur le bruit de ses pas.
Laissant Bill gérer la défense d'Hermione avec sa femme, je m'élance vers les escaliers lorsque j'entends qu'elle claque la porte de la salle de bains, Percy à sa suite, certainement dans l'idée de suivre bien scrupuleusement l'ordre que je lui ai donné, à savoir la garder à l'œil, même contre sa propre volonté.
Parce que je la connais, la petite Granger ! Dans l'état dans lequel elle était juste avant que Luna ne la plonge dans un sommeil réparateur, elle aurait pu dévaster l'entièreté du Royaume-Uni juste pour pouvoir exprimer sa douleur dans son entièreté.
Peut-être est-ce notre problème, à nous les Gryffondor, peut-être est-ce propre à notre maison que de toujours tout ressentir au centuple, comme si chaque émotion devait, à chaque fois, être amplifiée jusqu'à l'extrême.
— Perce ? l'apostrophé-je devant la porte. Que se passe-t-il ?
— Elle vient de s'enfermer dans la salle de bains et je n'arrive pas à trouver le contre-sort pour la faire sortir !
Rares ont été les fois où j'ai pu le voir agacé à ce point, mais il faut dire que ma femme est très douée dans son genre lorsqu'il s'agit de faire sortir de ses gonds quelqu'un ! Je me suis vu m'échiner pendant des heures sur la porte de la chambre de Diana, un mois jour pour jour plus tôt, pour la faire sortir. En vain.
— Elle a sûrement apposé des runes, soupiré-je en m'adossant au mur. Elle fait ça lorsqu'elle perd la maîtrise de ses émotions.
— Bill pourrait nous aider ? hausse-t-il les sourcils.
La douleur et la peur panique irradient douloureusement de mon poignet. Un bruit sourd. C'est ce qui me fige. Le son d'un corps qui tombe lourdement, trop lourdement au sol. Plus aucune émotion ne provenant du lien. Mon cerveau s'éteint.
L'angoisse naît et atteint son apogée en moins de quelques secondes en moi. La peur panique vrille mes entrailles lorsque je tente de jeter le moindre sort mais rien ne fonctionne. La colère de savoir qu'elle n'est qu'à quelques mètres de mois, qu'une simple porte nous sépare, mais je ne peux l'atteindre.
— Charlie ? Que se passe-t-il ? Tu en mets un temps pour revenir ! Mais que fais-tu ?
Pas une seule seconde je ne pense à lui expliquer ce qu'il se passe. Tout ce que je veux, c'est pouvoir passer cette putain de foutue porte pour pouvoir faire s'apaiser cette peur et cette douleur plus qu'atroce qui mûrit de plus en plus.
Après que Percy l'a mis au courant de la situation, Bill prend les choses en main, me faisant comprendre de reculer d'une simple main sur l'épaule, sa baguette déjà prête pour pouvoir faire ce qu'il sait faire de mieux : briser des sorts et des runes.
Les secondes me paraissent durer une putain de longue éternité jusqu'à ce qu'enfin il marmonne vaguement dans sa barbe le mot celtique. Deux mouvements de poignet plus tard, une goutte de sang versé au sol et une grimace, il me laisse faire à mon aise ce que j'attendais depuis des heures, il me semble.
Mon coup d'épaule dans la porte résonne dans toute mon articulation, mais je n'en ai que faire. Parce que tout mon être se déchire totalement, mon cœur tombe dans mon corps et mon envie de crever se réveille comme une folle. Ce tableau me hantera très longtemps. Sûrement jusqu'à ma mort.
Là, étendue sur le sol, une flaque de sang s'étendant entre ses cuisses, tout charme de Glamour envolé : je prends conscience de la réalité. Elle est en train de mourir. C'est la seule chose qui tourne en boucle dans ma tête.
— Bébé, soufflé-je en mettant sa tête sur mes genoux. Bébé, s'il te plaît, réponds-moi !
J'ai beau la supplier, lui répéter inlassablement de me répondre ou même de serrer ma main, rien ne vient. Elle reste simplement inerte sur le sol, d'une blancheur cadavérique, les traits tirés en une grimace affreuse de douleur.
— Bill ! le supplié-je. Fais quelque chose, je t'en prie ! J'ai besoin qu'elle vive !
— Je…
C'est la première fois que je le vois être à court de mots, la première fois que je sens mon monde s'effondrer de cette manière, avec cette force puissante et dévastatrice. Cette femme, ma femme, je suis en train de la perdre…
— Spero Patronum !
Le cri de Percy me fait lever quelques secondes le regard sur lui jusqu'à ce que je voie son Patronus de puma s'élever dans les airs, avant de venir se poser face à lui sur ses pattes antérieures, attendant de lui qu'il délivre son message.
— Va porter la missive à Madame Pomfresh : « venez immédiatement au Terrier. Hermione en grave danger. S'est évanouie. Flaque de sang. Aucune réponse aux appels ». Va maintenant !
Les minutes qui suivent se ressemblent toutes, si ce n'est que, peut-être cinq ou dix plus tard, un vacarme assourdissant dans la montée d'escaliers fait grimacer Bill, de même que Percy. Tous deux s'élancent dans le couloir, faisant barrage au reste de la famille pour qu'ils ne la voient pas ainsi.
— C'est par ici ! indique mon petit frère.
Si je pensais avoir déjà vu Poppy perdre ses moyens le soir de la bataille finale dans la Grande Salle lorsqu'elle soignait les blessés, je découvre à l'instant même que ce n'était pas le cas. Cette fois-ci, le cas de la patiente la touche trop fortement.
— Vous devez reculer, monsieur Weasley, fait-elle, reprenant ce ton professionnel qui me fait frissonner de peur.
— Pourquoi ? chuchoté-je.
— Je vais devoir la placer sous stase le temps de la déplacer jusqu'à Poudlard.
Mes yeux papillonnent d'incrédulité et de panique profonde. Pourquoi ? Pourquoi faut-il qu'il n'arrive ce genre de choses qu'à elle ? Pourquoi ne peut-elle pas avoir un minimum de paix et de bonheur dans la vie sans que tout ne vienne s'écrouler dans les heures qui suivent ?
Bordel ! Je l'ai haï du plus profond de mon âme durant des années, j'ai cherché à la remiser dans ses retranchements, agressée, combattue, humiliée verbalement, et pourtant, à l'heure actuelle, tout ce que je souhaite, c'est son bonheur.
Tout ce que je voudrais, c'est pouvoir la voir me sourire comme elle le faisait, lorsqu'elle me voyait m'occuper de Diana. Pouvoir la voir s'exciter lorsqu'elle défend un point de l'une de ses théories. Gronder toute sa colère parce que j'ai fini la tarte au citron qu'elle voulait manger pour son goûter de minuit.
Sentir ses pieds froids se blottir contre mes jambes lorsqu'elle me rejoint dans le lit en pleine nuit. L'entendre me supplier de lui faire l'amour comme la nuit dernière et sentir mon cœur battre trop fortement pour que ce soit normal. La voir me mettre à genoux et me susurrer des insanités pour mon plus grand plaisir. La voir pleurer de bonheur parce que je l'ai fait jouir.
L'entendre m'appeler encore une fois Charlie. Juste une seule fois. Pas pour ressentir la montée brusque de mon excitation, pas parce que cette décharge d'adrénaline est ce qui me permet en général de garder la tête plus ou moins froide avec elle.
Non. Simplement parce que ça me prouverait que je ne suis pas en train de la perdre comme Tonks ou même comme Diana.
— Je vous promets de faire tout ce que je peux, mais vous allez devoir vous reculer, monsieur Weasley ! raffermit-elle sa voix en tentant de me dégager.
— J'ai besoin d'elle, avoué-je en chuchotant. Je vous en supplie, sauvez là.
Son visage se crispe durant quelques infimes secondes, mais c'est assez pour que je puisse voir l'étincelle de pitié, de douleur et de colère mêlée, faisant luire son regard bleu d'une manière étrange.
— Je vais faire tout ce que je pourrais, Charlie, je vous le promets ! hoche-t-elle la tête, sa voix tranchant l'air.
— Merci.
Avec révérence, je laisse mon visage tomber jusqu'au sien, mes lèvres trouvant avec une facilité déconcertante les siennes pour un baiser qui représente toute la tendresse que j'éprouve pour elle, et toute la détresse que je ressens.
— Bats-toi, chuchoté-je contre elle. Reviens à la maison, bébé. Je t'attends de pied ferme. Ne me laisse pas seul, je t'en prie.
C'est en sentant le goût salé qu'ont pris ses lèvres, que je me rends compte que je suis encore une fois en train de pleurer pour cette femme-là. Serrant une dernière fois sa main, je repose doucement sa tête contre le carrelage froid de la salle de bains me recroquevillant contre le mur.
En moins d'un an, j'ai perdu tous mes repères – allant de la femme que j'aime à la certitude que, si j'y mettais assez du mien, je parviendrais à ce que personne ne s'accroche jamais à moi. Mais comme il y a trois ans, elle a débarqué dans ma vie, et elle a tout foutu en l'air.
— Habitus !
Le jet bleu gris touche son petit corps rigide avec une douceur insoupçonnée malgré la puissance que Poppy semble y avoir mis. Un autre sort pour vérifier ses constantes plus tard, elle fait apparaître une civière sur laquelle elle place ma sorcière, la faisant léviter à quelques centimètres du sol.
— Potter ! Weasley ! Avec moi ! gronde-t-elle.
— Moi ? demande Ron.
— Non, pas vous ! fait-elle de la même manière. Son mari !
Il me faut l'aide de mes frères pour pouvoir me relever et tenir droit, et même une fois que nous avons descendu l'escalier pour atteindre le salon, je ne jurerais pas de ma stabilité pour autant… J'ai tellement peur. Peur de ne plus la voir ouvrir les yeux, sourire ou même s'énerver. Peur qu'elle ne meurt. Peur de laisser une partie de moi s'enfuir avec elle.
— On y va, Charlie ! me dirige Harry d'une voix autoritaire.
Totalement dans le flou, c'est grâce à sa main sur mon bras que je parviens à rejoindre l'âtre, et encore une fois de son chef que nous parvenons à atteindre l'antre de Minerva.
— Derrière le tableau d'Armando Dippet, lui montre-t-elle d'un mouvement de menton. Severus est déjà parti avec Poppy pour tenter tout ce qu'ils peuvent.
Ni Harry, ni moi ne répondons, uniquement concentrés sur notre but, à savoir l'entrée réservée aux professeurs dans l'infirmerie. Courageusement, j'ouvre la porte de l'aile de quarantaine, mais encore une fois, je me retrouve face à un mur. Ou plutôt, face à un paravent.
— Je dois la voir ! chuchoté-je, de plus en plus paniqué.
— Vous ne pourrez y aller que lorsque l'infirmière vous donnera le feu vert, déclare McGonagall en arrivant par le même chemin que nous. Pas avant.
— Mais nous devons la voir ! gronde Harry, sa magie commençant à faire des siennes autour de lui.
— Et c'est à cause de réactions comme celles-ci que vous n'irez pas, monsieur Potter ! soupire-t-elle.
— Mais c'est ma femme !
C'est la première fois de ma vie que je hausse le ton devant cette femme, mais c'est aussi la première fois où je sens que tout autour de moi s'effondre méthodiquement, que je n'ai plus aucune emprise sur le monde ou ce qui m'entoure. Juste du vide et cette sensation que, si elle ne se réveillait pas, alors je perdrais tout.
Et bordel ! Depuis quand ce petit bout de femme d'un mètre soixante est devenu le centre de mon univers ? Depuis quand est-elle ce qui représente le plus un foyer à mes yeux ? Douce, aimante, chaleureuse, intelligente, drôle, réconfortante… Elle est tout ça et bien plus encore pour moi…
— Et Poppy est la meilleure infirmière sur laquelle Hermione pouvait tomber, Charlie, soyez en sûr ! tente-t-elle de me rassurer.
En vain. Tant que je n'aurais pas vu de mes propres yeux qu'elle va bien, qu'elle est en vie et en bonne santé, alors je continuerais de m'inquiéter.
Pendant la demi-heure qui suit, Harry et moi faisons les cent pas dans le petit espace restreint de la salle de quarantaine, nos deux magies s'électrisant l'une l'autre à chaque fois qu'elles entrent en contact, tandis que Minerva reste sagement assise dans un fauteuil qu'elle a fait apparaître, fixant le paravent comme s'il pouvait lui donner la réponse à tous les mystères de l'univers.
Enfin, le fantôme de Severus passe au travers du drap à une lenteur incroyable, semblant porter le poids du monde sur les épaules.
Je pensais qu'il nous dirait, à Harry et moi, de faire moins de bruit, de contrôler nos magies ou que sais-je, mais il n'en fait rien. Il ne fait qu'adresser un regard long à Minerva, ferme douloureusement les yeux puis secoue la tête.
Le sanglot non retenu qu'elle émet ne fait que briser le peu d'espoir qu'il me restait. Elle est partie. Elle m'a laissé. Je suis tout seul. Elle ne sera plus jamais à mes côtés.
Mon corps s'effondre au sol, ma magie s'échappe sauvagement de celui-ci, réduisant les quatre fenêtres de la salle à une multitude de cristaux de verre autour de moi.
Elle menace de m'engloutir, elle me fait gémir ma douleur et mon mal-être et j'accepte avec une sorte de bienveillance lorsqu'Harry vient jusqu'à moi, touchant ma bague portoloin en dernier recours alors que ses cris pour me faire revenir à la raison ne fonctionnent pas.
— Spring break ! crie-t-il de manière désespérée.
La traction derrière le nombril me prend de court durant quelques secondes jusqu'à ce que le monde devienne flou, que mon corps se mette à flotter, et enfin je m'étale de tout mon long dans l'aile de l'infirmerie du square.
Si j'étais resté à Poudlard, j'aurais sûrement pu voir le globe de lumière juste au-dessus du ventre de ma femme faiblir de plus en plus, clignotant de plus en plus lentement, puis enfin, s'éteindre totalement.
Dans le fond, je le sais, je le ressens. Ce moment, cet instant qui me dit que c'est la fin, je le ressens quand le lien créé la nuit où nous avons contracté cette Union Sorcière Traditionnelle de Sang Pur me brûle comme un millier de Doloris, me menant tout droit aux ténèbres.
Ça y est. C'est la fin. Je n'ai plus rien.
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Dites-moi tout ! À vos claviers ! Qu'avez-vous pensé de cette fin de chapitre ? Cette Luna un peu plus terre à terre vous a-t-elle plu ? Et ce Charlie plus sensible ? Ce Percy plus humain et moins tête d'ampoule ? Avez-vous voulu tuer Ron et Lavande ? Moi oui, je ne vous le cache pas ahah ! Et le « cadeau de mariage » d'Arthur pour Fleur ? Soyons honnêtes, dites-le, vous aussi vous aimeriez avoir un beau-frère aussi prévenant que Charlie dans vos moments de frustration (ma chère bêta, ce moment est et restera pour toi ) ET maintenant les questions qui fâchent… La réaction de Charlie à la scène dans la salle de bains vous a-elle plu ? Et celle dans la salle de bains ? Qu'avez-vous compris de la fin du chapitre ? Je sais, je sais, je vous demande beaucoup, mais j'en ai une dernière que vous connaissez bien : Qu'attendez-vous pour la suite de cette histoire ?
Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la première partie du chapitre 27 intitulé : « Au nom du père » !
Au programme : un Drago dans tous ses états et une conversation longtemps attendue, des Serpentard au bout du rouleau, des Gryffondor qui ne sont pas mieux, des élèves terrifiés, un Charlie totalement paumé et une Katya étrangement humaine !
Je vous ai donné envie ? Si c'est le cas, ne manquez pas notre prochain rendez-vous, lâchez une review et mettez cette histoire en favori !
Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
