Plus d'une semaine s'était écoulée depuis le carnage qu'avait fait subir Sakura au contingent en provenance de Konoha. Les funérailles des villageois innocents avaient été organisées et toute la citée avait porté le deuil durant plusieurs jours. La colère de Sakura ainsi que son chagrin s'étaient peu à peu apaisés au fil des jours et elle était de moins en moins déterminée à réduire en cendres son ancien village.
Bien évidemment, elle ne leur pardonnait pas leurs actes mais elle était plutôt en quête de justice. D'une manière ou d'une autre, elle voulait que justice soit rendue et si possible sans violence.
Toutefois, elle n'avait pas changé d'avis sur un point : elle voulait confronter Hiruzen Sarutobi face à ses méfaits. Déjà, elle savait que le Jônin sur qui elle avait apposé le sceau explosif ne tarderait pas, si ce n'était déjà fait, à provoquer des dégâts dans Konoha. Elle ne regrettait pas son acte car c'était sa façon de faire comprendre à l'Hokage qu'on ne s'attaquait pas impunément à son pays sans en subir des conséquences. Le monde fonctionnait encore ainsi, que cela soit à l'ère Sengoku ou à l'époque qu'elle avait quittée : œil pour œil !
C'était la raison pourquoi ils avaient donc convoqué le conseil militaire pour leur annoncer qu'ils partaient pour le village de la Feuille afin de régler leurs comptes. Ils n'attendaient pas leur approbation puisque Madara, en tant que Heikage avait toute autorité sur le sujet.
— Se rendre à Konoha revient à annoncer au monde que Heiwa existe, que... s'étonna Suzuki autour de la table du conseil avant d'être interrompu par Sakura.
— Oui, il est plus que temps que les nations élémentaires sachent que Ta No Kuni n'est pas à prendre à la légère !
— Mais... mais cela signifie que vous comptez annoncer le retour de Madara Uchiha ? Demanda un autre membre du conseil.
— Hai, répondit l'intéressé en gardant les bras croisés.
— Et qu'il n'est pas le seul à avoir survécu à leur traitrise ! Ajouta Ashina Uzumaki qui avait également le regard fermé.
— Mais que comptez-vous y faire ? Interrogea Suzuki qui voyait très bien que les intentions des trois shinobi assis autour de la table semblaient diverger.
— La Guerre ! Répondirent quasi-à l'unisson les deux hommes d'un ton qui ne laissait planer aucun doute sur leurs intentions réelles.
— Réclamer justice, répondit Sakura juste après l'intervention des deux autres. Son timbre de voix était plus posé et elle tourna la tête en direction de son époux en lui lançant un regard qui en disait long sur leur désaccord actuel. Et nous en viendront à la guerre si malheureusement, Konoha n'est pas en mesure de proposer une solution pacifique.
— Sakura ! Malgré toute l'estime que je vous dois, vous ne pensez quand même pas parlementer avec eux alors qu'ils ont orchestré l'assassinat d'Hashuba sans compter leur intrusion sur nos terres ! S'exclama l'Uzumaki.
— Je sais tout cela Ashina-san ! Mais Ta No Kuni ne doit pas se comporter comme le font tous les pays dans de telles situations ! J'estime avoir fait ce qu'il fallait pour protéger les nôtres et je demande juste réparation ! Hiruzen Sarutobi doit rendre des comptes et tout sera en fonction de ses réponses ! Je n'exclue pas de me battre encore une fois contre eux, mais nous valons mieux qu'eux pour répondre de la même façon qu'ils ont osé le faire avec nous !
— Et tu ne dis rien ? S'étonna Ashina et regardant l'Uchiha qui avait écouté les propos de son épouse.
En tant que Heikage, Madara était responsable des décisions militaires : il comprenait parfaitement ce que Sakura souhaitait. Elle avait été claire au début de leur rencontre : elle ne cherchait pas le conflit quand il pouvait être évité. Si une situation pouvait se régler de façon pacifiste c'était tout naturellement qu'elle exploitait au maximum cette piste.
— La Guerre est inévitable mais je suis tout de même curieux d'entendre les justifications de Konoha sur leurs actions.
— Et qu'allons-nous donc faire ? Inviter Konoha à une table ronde ? Interrogea l'Uzumaki perplexe.
— Nous partons demain pour Konoha No Sato pour une mission diplomatique, expliqua Sakura qui remerciait intérieurement son époux de ne pas avoir insisté sur sa volonté de prendre les armes. Elle savait qu'il n'avait et qu'il ne changerait pas d'avis, mais au moins il lui laissait le bénéfice du doute.
— Diplomatique ? Tss... rien n'est jamais diplomatique et vous le savez très bien Sakura ! Insista Ashina. Je veux clouer le bec à ce pleutre de Hokage !
— Et tu veux faire ça comment l'ancêtre ? Interrogea Madara intrigué.
— Je veux qu'il découvre que je suis toujours en vie ! Ainsi que tout mon clan ! Et puis, s'ils nous attaquent nous ne serons pas de trop !
Ce fut donc avec des avis divergents sur la façon de régler cette histoire que la Daimyô de Ta No Kuni, le Heikage et l'Uzukage décidèrent de partir le lendemain pour Konoha No Sato. Ashina proposa d'avoir recours au fameux bâtonnet qui les camouflerait le temps du trajet de sorte de créer la surprise à leur arrivée dans le village caché de la Feuille.
Juste avant d'interrompre la technique de camouflage, Sakura canalisa du chakra et en un simplement mouvement de bras, elle frappa les grandes portes closes du village. Ces dernières explosèrent dans un grand fracas et dans une nuée de poussière.
De l'autre côté, toute le monde était sur le qui-vive ! Qui avait pu passer les défenses de Konoha sans que l'alerte ne soit donnée ? Comment les gardes postés au-dessus des portes n'avaient-ils pas empêché une telle intrusion ? D'ailleurs où étaient passés ces hommes ?
Au moment où Sakura avait frappé les portes, Ashina avait brisé le sceau de camouflage permettant ainsi à Madara d'agir rapidement. Il avait neutralisé les quelques gardes postés au-dessus des portes sans qu'ils puissent alerter leurs camarades. Puis, l'Uchiha avait regagné sa place aux côtés des deux autres qui attendaient que la poussière s'estompe pour s'avancer vers leur ennemi.
Tout le monde avait les yeux rivés en direction de la porte d'où émanait un nuage dense de poussière. Seul Sarutobi Hiruzen et le clan Uchiha avaient une idée précise de qui pouvait se trouver derrière.
Puis, au bout de quelques secondes trois formes sombres apparurent à travers la poussière. Et au fur et à mesure que celle-ci retombait, ils reconnurent d'abord deux personnes : Madara Uchiha et Ashina Uzumaki.
La stupeur était de mise : comment ces deux hommes déclarés morts pouvaient-ils être encore vivants ? Et pourquoi étaient ils vêtus de leurs vêtements officiels de Kage ?
Il n'y avait aucun doute là-dessus, chacun de ces shinobi portait à la ceinture la coiffe traditionnelle des Kage. Concernant l'Uzumaki cela n'était pas surprenant puisqu'il était l'Uzukage, mais concernant l'Uchiha, depuis quand portait-il ce titre ? Et pour quel village ?
Aucune annonce n'avait été faite en ce sens ! Pourtant il était de notoriété que lorsque qu'un pays changeait de Kage ou en élisait un, celui-ci devait être annoncé au reste du monde.
Mais la stupeur fut également sur la présence d'Ashina Uzumaki. Il était censé avoir péri avec le reste de son village durant la Première Grande Guerre Shinobi. Et d'ailleurs, ne portait-il pas une haine viscérale à l'encontre de l'Uchiha pour avoir voulu raser Konoha en lançant le Kyûbi ? Hiruzen Sarutobi avait même découvert en devenant Hokage que Mito Uzumaki devint le Jinchûriki du démon renard à neuf queues à cause de ce combat. Alors pourquoi marchait-il aux côtés de l'Uchiha alors que sa fille avait dû se sacrifier ?
Mais ce qui attira encore plus les regards, fut cette femme au milieu des deux autres. Petite de taille par rapport à ses compagnons, mais dont la stature imposait immédiatement le respect. Il se dégageait d'elle, non pas une intention de tuer aussi prononcée que pourrait le faire Madara ou Ashina, mais clairement il fallait se méfier d'elle.
Personne ne la connaissait et à l'observer, elle portait également une tenue officielle : celle des Daimyô ! Une femme devenue Daimyô, voilà quelque chose de nouveau et d'inédit. Puis un détail particulier les percuta tous : ses cheveux étaient roses.
Se pouvait-il donc qu'il s'agisse de cette mystérieuse femme durant la précédente guerre ? Les murmures s'élevaient dans les rangs alors que tous les ninja de Konoha étaient ainsi regroupés derrière leur Hokage et face à ses trois individus.
En voyant cette femme ainsi que tous les éléments devant lui, le chef du clan Nara écarquilla les yeux. Cette femme ne pouvait être que la Daimyô dont Sarutobi avait ordonné l'assassinat ! Et à la voir ici entourée de Uchiha Madara et de Ashina Uzumaki ne signifiait qu'une chose : ils venaient pour la guerre.
Ils attendaient les ordres de leur chef militaire mais celui-ci était silencieux.
Hiruzen Sarutobi réfléchissait à grande vitesse. Comment sauver son village et ses habitants ?
Cette question prenait tout son sens une fois la poussière entièrement dispersée : les portes étaient non seulement détruites, mais la dizaine de shinobi qui était de garde avait trouvé la mort. Ces trois individus n'étaient pas venus pour une simple visite de courtoisie.
De son côté, Sakura Haruno avait une toute autre pensée envers son ancien chef de village. Où était passé l'homme empli de sagesse qu'elle avait connu dans son passé ? Comment pouvait-il avoir fomenté et surtout comment pouvait-il avoir pu cautionner de tels actes, de telles façons de faire ?
Elle l'avait toujours respecté, apprécié et même considéré comme un guide parce qu'il défendait le village avec justice. Il avait toujours tout fait pour transmettre la Volonté du Feu aux générations futures. Sakura en était l'exemple, elle avait été élevée avec cette même volonté.
Mais puisqu'elle avait été forgée dans cette vision de la vie, dans celle de la justice, c'était donc le cœur lourd que Sakura réclamait justice !
— Hiruzen Sarutobi, interpella Sakura d'une voix forte avant que les deux hommes ne parlent en premier.
Sakura savait qu'en agissant ainsi cela en choquerait plus d'un. Comment une femme pouvait oser prendre la parole ? Et surtout comment pouvait-elle oser le faire avant deux des plus grands hommes que le monde ait connus ? Et il n'y avait qu'à voir les yeux écarquillés de la foule amassée derrière l'Hokage pour comprendre qu'ils désapprouvaient cela.
— Qui t'a autorisé à parler femme ! Ne sais-tu pas qui je suis ? Rétorqua Hiruzen en voulant l'intimider. Il ne voulait pas perdre la face devant une vulgaire femme bien qu'il savait pertinemment qu'il s'agissait de cette femme, celle qui avait décimé son contingent.
— Qui tu es ? Bien sûr que je sais qui tu es, Sandaime Hokage ! Mais c'est donc comme cela que Konoha s'adresse à un Daimyô ? Où est passé le respect et la déférence que tu me dois, à moi la Daimyô de Ta No Kuni ! Répliqua Sakura avec prestance et Sakura remercie les enseignements de Tsunade.
Les murmures et les coups d'œil ne cessaient d'augmenter parmi les ninja de Konoha. Cette femme était donc vraiment un Daimyô ! Le pays voisin dont tout le monde parle avait choisi une femme pour diriger leurs terres.
Tous étaient donc concentrés sur l'échange qui allait y avoir entre leur Kage et cette femme. Tous voulaient savoir si elle était également la femme aux cheveux rose de la précédente guerre ! Car si tel était le cas, Ta No Kuni avait donc à sa tête non seulement une femme, mais surtout une guerrière redoutable !
Sarutobi sentait bien que ses shinobi étaient tous très attentifs de cette conversation qui débutait. Il devait tout faire pour mener les échanges à son avantage. En effet, s'il voulait garder le soutien de ses troupes, il devait à tout prix noyer le poisson et cacher tout ce qu'il avait orchestré dans l'ombre !
— Pourquoi vous attaquer à mon village ? Exigea Sarutobi en faisant passer Konoha pour une victime innocente.
— Tu ne récoltes que ce que tu as semé Hiruzen, dit Sakura avec dureté.
Elle avait volontairement employé le prénom de l'Hokage pour montrer à tous ceux qui les écoutaient qu'elle était bien informée sur Konoha. D'une autre façon, cela montrait qu'elle ne lui accordait aucun respect lié à son rang de chef militaire. Utiliser son prénom revenait à le rabaisser au simple statut de subalterne et elle s'élevait ainsi au-dessus de lui.
Sarutobi était bien trop concentré pour remarquer qu'elle l'avait appelé par son prénom : il cherchait comment retourner les remarques de cette femme contre elle.
— Ce que j'ai semé ? Que je sache c'est vous qui êtes en train d'attaquer mon village, rétorqua l'homme avec le chapeau d'Hokage.
Sakura leva les yeux au ciel : la prenait-il vraiment pour une débutante ?
— Bien sûr... il est toujours facile dans notre métier d'avoir des pertes de mémoire quand la mission est un échec. Sauf que vois-tu, tu t'es attaqué à la mauvaise cible cette fois-ci ! Enchaîna Sakura.
Pour les shinobis autour, cette phrase suscitait des questionnements dans leur esprit. Que voulait-elle donc insinuer ? Mais pour le chef du clan Nara, cette simple phrase prenait un tout autre sens : il avait donc la confirmation de ses doutes, Konoha prenait un chemin qui ne correspondait plus aux valeurs de la Volonté du Feu.
— Quelles sont tes motivations à venir perturber la sérénité de mon village ? Demanda Sarutobi qui voulait absolument changer de sujet. S'il continuait sur cette pente, son village apprendrait certaines vérités qu'ils ne devaient pas connaître.
— Quelles sont mes motivations ? Répéta Sakura avant de regarder tout autour de son adversaire. Elle voulait plonger son regard dans chacun de ces hommes qui attendaient le verdict de cette discussion. Même si je te le disais, cela ne changerait strictement rien... mais avoir cette discussion fera peut-être ouvrir les yeux à ton peuple.
— Tu parles comme si ta parole était la toute vérité.
— Non, mais je m'efforce à ce qu'elle soit la plus juste possible, répondit la Daimyô avant de plonger son regard froid dans celui de son ancien chef militaire. Mon but... notre but, est de réussir là où beaucoup ont échoué ! Nous voulons instaurer la paix et la justice en ce monde ! Ni plus, ni moins !
— Justice ? En quoi est-ce la justice que ce que vous faites depuis le début ? C'est toi n'est-ce pas ? Toi qui as attaqué des villages durant la dernière guerre, toi qui as fait des raids dans toutes les nations élémentaires, toi qui as éradiqué Uzushio avec ton compagnon ! Rétorqua Hiruzen qui avait vu rouge au mot : justice.
— Oh je vois, chuchota à moitié Sakura, c'est vrai que quand il s'agit de faire la guerre c'est noble quand cela vient de votre part n'est-ce pas ? C'est dans ce sens que tu vois la justice n'est-ce pas ? Ce n'est que justice quand vous tuez pour défendre votre patrie. D'après toi, qu'ont bien pu penser tous ces gens quand ils ont réalisé que vous, shinobi de la Feuille, étiez venus sur leurs terres pour les transformer en véritables champs de bataille ? Tout ça avec pour unique objectif de préserver vos terres et vos ressources. Tu trouves cela donc juste de s'attaquer aux pays plus faibles et d'augmenter le profit de Konoha au détriment de ces pauvres gens ? Riposta Sakura en haussant très légèrement le ton à chacune de ses phrases.
— Nous n'étions pas le commanditaire de la première guerre ! Rétorqua immédiatement Hiruzen.
— Peut-être... Concéda Sakura, mais dis-moi Hiruzen, où était la justice quand tu t'en es pris à ma famille ? A mes amis ? A mon pays ?
Tout le monde était pendu à ses lèvres, de quoi pouvait-elle parler ? Qu'avait fait le village contre elle et son pays ? Sakura ne laissa pas de temps à Sarutobi de se défendre qu'elle enchaîna dans la foulée, toujours sans un seul tremblement dans la voix. Au contraire, le ton était à la fois posé mais cinglant.
— C'est donc comme cela que la justice est faite dans le Pays du Feu et par Konoha No Sato ? C'est justice de mettre en avant la pénurie de nourriture pour excuser vos actes et vous en prendre aux plus faibles ? C'est justice d'exercer votre impérialisme sur les autres nations ? Tu t'en es pris à la mauvaise personne, Hiruzen !
Ce dernier voyait qu'elle ne faisait aucune accusation directe sur sa tentative d'assassinat et qu'il n'y avait que des allusions sur l'attaque menée par Nobuo. Il chercha alors de l'aide auprès de son ancien allié et posa une question :
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ? Demanda Ashina dans sa somptueuse tenue d'Uzukage avec son chapeau à la ceinture. Il n'avait pas parlé avec amicalité, il avait sa voix et sa prestance de guerrier.
— Pourquoi vous acoquiner avec cet homme et cette femme ? Continua le Sandaime Hokage en désignant Madara Uchiha d'un mouvement de menton suivit de Sakura.
— Pourquoi ne le ferais-je pas ? Répliqua toujours aussi durement l'Uzumaki.
— Mais... car il a attaqué Konoha, il a lâché le Kyûbi sur les nôtres et votre fille a dû...
— LA FERME ! Hurla Ashina quand Hiruzen eut le malheur de parler de Mito. De quel droit oses-tu parler de ma fille après ce que Konoha a osé faire aux miens ?
— Mais nous n'avons rien fait ! Rétorqua Hiruzen avec véhémence.
— Justement ! Vous n'avez rien fait ! Où était Konoha quand ses ennemis nous ont encerclés ? Où était Konoha quand ceux-ci étaient en train de nous annihiler ? Où était Konoha quand ma fille Mito A DISPARU ?! Et tu oses me demander : pourquoi ?!
L'assemblée était suspendue aux lèvres de ces quatre personnes ! Les murmures allaient crescendo car de nombreuses révélations étaient en train d'être faites. Le doute s'insinuait dans les esprits. Konoha, leur village bien-aimé, était-il vraiment capable de tout ce que ces personnes avançaient ?
— Vois-tu Hokage-teme, pendant que tes prédécesseurs faisaient joujou et sacrifiaient leurs alliés pour leurs propres intérêts, ces deux personnes ont sauvé ma personne ainsi que mon peuple ! Expliqua Ashina.
Soudain, alors que l'Uzukage terminait sa phrase, des centaines de formes apparurent au sommet de la muraille de Konoha. Ils avaient pour la majorité les cheveux rouge sang et étaient en position d'attaque : prêts à faire la guerre. Tout le monde leva la tête et fut estomaqué de constater que le clan Uzumaki était toujours sauf ! Ils reportèrent alors leur attention sur la conversation. Ils voulaient en savoir plus : Uzushio avait pourtant été éradiqué ? Comment pouvaient-ils tous être en vie ?
— Je leur dois beaucoup... donc tu peux te foutre au cul ton alliance de merde ! Rajouta Ashina qui laissa échapper une partie de son intention de tuer.
— Ce n'est vraiment pas ce que vous croyez, nous étions occupés ailleurs et n'avons malheureusement pas pu arriver à temps, tenta de se justifier Hiruzen.
— Je n'ai que faire des excuses d'un menteur comme toi ! Tu n'as aucun sens moral et tu n'es pas digne de porter le titre de Kage ! Depuis quand les Kage s'en prenne à la vie d'un seigneur ?
— Un seigneur ? Feignit Hiruzen tout en savant pertinemment à quoi faisait allusion l'Uzumaki.
— Oh, ne fais pas genre tu ne sais pas de quoi je parle ! Ajouta Ashina en continuant d'hausser le ton. Il n'aimait pas du tout qu'on le prenne pour un con et par son attitude, Hiruzen était franchement en train de l'énerver. Tu as endossé le rôle d'Hokage, maintenant assume les conséquences de tes actes ! Dis à tes shinobi ce que tu es vraiment ! Dis la vérité aux Hyûga ! Dis leur comment tu as sacrifié l'un des leurs pour tenter d'assassiner un Daimyô ! Allez, aies les couilles une fois dans ta vie de dire la vérité !
A la fin de cette tirade, le clan Hyûga tourna immédiatement la tête vers leur chef militaire en exigeant des explications. De quoi parlait l'Uzukage ? Quelle mission d'assassinat ?
— Mensonge ! Rétorqua immédiatement Hiruzen voyant que la situation tournait au vinaigre.
Ashina Uzumaki sortit alors un petit rouleau de parchemin attaché à sa ceinture avant de le décacheter. Une fois cela fait il l'ouvrit et dans un pouf de fumée apparut une tête coupée.
Ashina saisit cette tête par les cheveux avant de tendre le bras vers l'avant afin que tous puissent la voir.
— Il ne fut pas aisé d'obtenir les réponses que je voulais, mais quand j'en ai eu fini avec lui, il passa à table très rapidement... Du coup je te remercie Hiruzen, il est plutôt rare d'avoir l'opportunité d'obtenir ce genre de Dôjutsu, nargua Ashina alors que tous pouvaient voir Nao Hyûga sans ses globes oculaires. Puis, Ashina lança la tête en direction des shinobi de la Feuille.
— Sacrilège ! Dirent les membres du clan Hyûga alors que la tête retombait dans un bruit sourd.
La colère grondait parmi les membres du clan : un des leurs avait été sauvagement tué et qui plus est, un membre de la Soke ! Mais surtout, le Byakugan avait été volé. Était-ce du bluff ? Mais peu importait ce genre de détails à cet instant. Un Hyûga voulut s'élancer pour attaquer Ashina, mais celui-ci fit éclater son intention de tuer à tel point que tous les shinobi eurent un mouvement de recul.
— Fallait pas demander au clan Uzumaki de faire le sceau en cage bande de gougnafiers ! Rétorqua Ashina en position de combat.
— Stop ! Hurla Sarutobi qui ne voulait absolument que tout ceci dégénère à l'affrontement.
Sakura profita de ce moment de tension et du fait que Ashina ait chauffé les esprits pour continuer son dialogue avec le Sandaime Hokage.
— Tu as raison Hiruzen de contenir tes shinobi ! Qu'ils voient à quel point leur Hokage méprise l'être humain quand celui-ci a le malheur de réussir là où toi tu as échoué ! Depuis quand ne respectes-tu plus les accords conclus entre les nations ? N'avait-t-il pas été décidé qu'aucun shinobi n'avait le droit d'attaquer un Daimyô ? Et toi qu'est-ce que tu fais ?
— Qu'est-ce qu'une femme sait de ces choses-là ?! Rétorqua Sarutobi de manière acerbe.
Pour la seconde fois, Hiruzen Sarutobi mettait en doute ses capacités puisqu'elle n'était qu'une femme. Sakura comprit alors que l'homme qu'elle avait actuellement devant elle n'était pas celui qu'elle avait connu autrefois. Il était encore jeune et n'avait donc pas toute la sagesse de son ancien Hokage.
— Une femme, répéta Sakura avec un certain dédain. Mais toi ? Qui es-tu pour avoir ordonné ma mise à mort pour le profit de ton pays au détriment du mien ? C'est cela que tu appelles la justice ? Ah oui, elle est belle la justice de Konoha ! Siffla-t-elle entre ses dents.
— Foutaise ! Hashuba Shôta est le Daimyô de Ta No Kuni ! Il n'a jamais été fait mention d'un changement de dirigeant ! Ne joue pas à ce jeu gamine ! Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes ! Répliqua Hiruzen qui commençait sérieusement à perdre patience car elle était en train de dévoiler tout ce qu'il voulait garder secret.
— Mais c'est toi qui as joué le premier Hiruzen ! Et je suis loin d'être une gamine comme tu le prétends ! Tu t'es attaqué aux mauvaises personnes et maintenant tu vas en assumer les conséquences !
— Est-ce une menace ? Est-ce que tu oses me menacer ouvertement devant mes hommes ? Reste à ta place femme ! Tu te crois forte parce que tu fais mumuse avec des pouvoirs qui te dépassent, mais tu n'as aucunement ta place ici et encore moins devant moi !
— Ah oui ? Des pouvoirs qui me dépassent ? Ne suis-je pas celle qui a réduit ton contingent de mille hommes à néant ? Ce même contingent que tu as envoyé sur MES terres pour les saccager et les envahir ! Ils ne sont pas arrivés là par hasard : ce sont bien tes ordres qu'ils ont exécutés ? Rétorqua-t-elle en le fixant de ses yeux émeraudes avant d'ajouter d'une voix tranchante. Comment se porte ton commandant d'ailleurs ?
A l'évocation du sort des mille hommes décédés, la foule était de plus en plus stupéfaite. Si ce qu'elle avançait était vrai, elle ne pouvait donc qu'être la guerrière aux cheveux roses de la précédente guerre. Il ne s'agissait donc pas d'une simple légende.
Mais en plus de cela, tous découvraient que leur dirigeant avait pris des décisions qui méritaient de plus amples explications et surtout justifications. Pourquoi l'Hokage avait-il décidé cela alors qu'ils étaient à présent sous la menace des représailles de ce pays voisins ?
Certes, répondre à la violence par la violence n'était pas la solution, mais tous savaient que c'était ce mode de fonctionnement qui faisait loi depuis des générations. Il était donc tout à fait légitime que Ta No Kuni réclame dédommagements en déclenchant un conflit avec Konoha No Sato. Tous se demandaient comment ils allaient pouvoir sortir de cette impasse.
De son côté Sakura comprit enfin le mode de penser d'un homme de son passé. Elle se souvenait de Pain et des motivations qu'il avait pour faire régner la paix et la justice dans ce bas-monde. Aujourd'hui, plus que n'importe quel autre jour, elle comprit ce que Pain avait voulu accomplir à son époque.
— Nobuo ne méritait pas de mourir de la sorte ! Tu me juges cruel mais tu ne fais pas mieux que moi ! Ajouta Hiruzen, persuadé de faire ravaler sa fierté à cette femme qui dévoilait à tous les shinobi de la Feuille ce qu'il avait orchestré sous couvert du bien du village.
— AUCUN de mes villageois non plus ne méritait de mourir par la main de tes hommes Hiruzen ! Nous n'avons rien fait pour subir de tels traitements ! Ta No Kuni n'a jamais cherché que la paix ! La neutralité ! Et toi, tu as piétiné sans aucune once de scrupule ce que nous avons bâti !
Hiruzen était au pied du mur : il n'avait aucun autre contre argument à opposer à Sakura. En effet, il avait non seulement demandé l'assassinat d'un Daimyô, mais il avait attaqué un pays alors qu'il n'avait aucune preuve que celui-ci commanditait des exactions contre Konoha. Il avait juste décidé de rayer de la carte ce gêneur qui prospérait anormalement. Oui, il l'avait fait dans sa quête de sauver le village, mais dans les faits, il était coupable de tout ce qu'elle l'accusait.
Mais l'Hokage n'eut pas le temps de répondre que tous se tendirent encore plus en voyant Uchiha Madara s'avancer pour se mettre plus en avant. Jusqu'à présent, il avait écouté très attentivement cette conversation qui finalement n'avait pas été inutile. Cela ne faisait que confirmer ce qu'il pensait de Konoha et ce peu importait qui en était à la tête. Il balaya l'assistance du regard et plus particulièrement vers les siens.
— Avez-vous fait votre choix ?! Interrogea l'Uchiha d'une voix grave.
Quelques secondes s'écoulèrent dans un silence presque religieux. Tout le monde se posait la question de quel choix faisait-il allusion par sa question. Puis, un mouvement commença à se faire dans les rangs de Konoha. Des centaines de bruns se déplacèrent pour aller se ranger derrière le trio qui n'avait pas cessé de scruter fixement leurs potentiels ennemis.
Forcément, au fur et à mesure que les Uchiha se postaient derrière leur chef vénéré, les autres membres de l'assemblée étaient totalement abasourdis et quelques protestations s'élevaient. N'avaient-ils pas rejeté les idées de Madara lorsque celui-ci avait décidé de s'opposer au village en l'attaquant ?
— Tch... cela ne m'étonne même pas venant d'un clan avec pour chef un traître, cracha avec colère Sarutobi en voyant sa plus grande force de frappe le trahir pour rejoindre le camp ennemi.
Les rangs s'agitaient derrière lui signe que les différents clans désapprouvaient cette défection de la part des Uchiha. Quelques insultes fusèrent mais elles s'arrêtèrent immédiatement quand ils virent un homme se détacher du groupe et s'avancer vers la Daimyô de Ta No Kuni.
— Enchû ? Demanda Hiruzen complétement incrédule de voir un de ses plus proches conseillers rejoindre ses ennemis.
Le chef du clan Nara en avait assez entendu et il savait qu'il n'avait plus qu'un seul choix à faire : celui de sauver son clan. Il se dit également qu'il avait eu raison de procéder à quelques rapprochements notables avec le chef par intérim du clan Uchiha ces derniers jours.
— Désolé... mais quand je vois tout cela, je ne peux m'empêcher de constater que la volonté du Feu a disparu ! Les préceptes que Hashirama Senju nous a légué ont complètement été bafoués ! Vous me connaissez assez Hokage-sama pour savoir qu'aucune de mes décisions n'est prise sans une longue analyse. Et avec tout ce que je viens d'entendre, je sais que je fais le bon choix !
— Le bon choix ? S'étrangla Sarutobi voyant qu'il était en train de perdre la partie. Tu préfères devenir un déserteur de ton village, abandonner ta vie ici pour rejoindre ce type qui a été le premier à vouloir raser ta maison ! N'oublie pas qui il est, Enchû ! Les traîtres ne changent pas, ils resteront des traîtres toute leur vie ! C'est donc ça que tu veux pour ton clan ?
— Je préfère être un traître pour Konoha et sauver les miens ! Je ne les sacrifierai pas à cause de vos erreurs Hokage-sama ! Et il y a bien une chose que je sais reconnaître : c'est quand savoir se tourner vers ceux qui peuvent garantir une véritable sécurité pour moi et les miens !
Il continua sa route vers ceux de Heiwa et il fit un léger signe de respect qui lui fut rendu. A peine fut-il placé derrière eux que tous les membres de son clan le suivirent. Mais alors qu'Hiruzen pensait qu'ils seraient les seuls à se détourner du village, il vit également les clans Yamanaka et Akimichi emboîter le pas aux Nara.
— Alors c'est comme ça, dit l'Hokage qui voyait qu'il était désormais en large infériorité numérique. Vous n'avez donc aucun honneur pour oser rompre nos liens d'amitié alors que ce sont bien les Sarutobi qui vous forment depuis des générations !
— Cela n'a rien à voir avec les liens qui nous unissent les uns aux autres ! Et vous le savez très bien Hokage-sama, répliqua le chef du clan Yamanaka. Vous avez la possibilité de faire à présent le bon choix vous aussi !
— Ne me parlez pas de bons choix à faire ! Tu brandis la Volonté du Feu mais où est-elle ? C'est de cette manière que vous remerciez les préceptes que Hashirama Senju et Tobirama Senju vous ont offert en ce lieu de prospérité ? Répliqua le Sandaime Hokage qui voulait faire culpabiliser ces trois clans et aussi éviter que d'autres les rejoignent également.
— Les préceptes ? Intervint Madara qui ne connaissait que trop bien les préceptes de son ancien ami. Tu parles comme si cette idée de village ne venait que du clan Senju... laisse-moi donc te rafraîchir la mémoire Sarutobi : c'est par le versement du sang des clan Uchiha et Senju que Konoha a pu voir le jour. La seule différence entre Hashirama et moi c'est que j'ai vu, malheureusement trop tard, que c'était une erreur que de faire cela. Deux clans se haïssant viscéralement ne peuvent coexister sans tôt ou tard se déchirer ! Alors cesse de brandir toi aussi les valeurs que d'un seul homme ! N'oublie pas comment a été créé ce village !
Hiruzen Sarutobi comprit qu'il ne pouvait rien faire de plus face à ces individus qui avaient mis en évidence son incompétence en tant que Hokage.
— Alors que comptez-vous faire désormais ? Depuis la fin de la guerre vous me prenez mes habitants, maintenant mes shinobi... est-ce le village que vous voulez réclamer ou que sais-je encore, Hi No Kuni tout entier ? Demanda l'homme non sans une pointe d'ironie.
— Qu'on les tue ! Réclamèrent bon nombre de Hyûga après avoir vu l'état de Nao.
D'ailleurs, la quasi-totalité des Hyûga avaient leur Byakugan activé et ils ne voulaient qu'une seule chose : se battre. Peu importait pourquoi Nao avait trouvé la mort. Les Hyûga voulaient prouver qu'ils étaient le clan le plus puissant et que leur Dôjutsu était le plus mortel ! De plus, ils voulaient aussi affirmer leur allégeance à Konoha et ce malgré les erreurs de jugement qu'avaient pu commettre leur Hokage !
— On dirait que tes hommes veulent en découdre... que tu vas-tu décider Hokage ? Vas-tu laisser tes hommes décider pour toi et créer un bain de sang supplémentaire ? Ou vas-tu écouter le conseil que t'as suggéré Enchû Nara ? Demanda Madara qui devait faire un grand effort pour ne pas répondre à la provocation des Hyûga. Ses instincts de guerrier étaient en ébullition et il ne suffisait que d'un imperceptible mouvement pour qu'il riposte.
— Ce traître n'a rien proposé du tout ! Et je n'ai aucune leçon à recevoir et encore moins de toi ! Se défendit vivement le Sandaime Hokage.
— Encore une fois tu prouves à ton village que tu n'es pas à la hauteur de tes fonctions Hiruzen, intervint Sakura. Même sans avoir palabré avec lui, ton conseiller a déjà compris que nous ne voulions qu'une chose ! Mais toi, avec ton arrogance et ta suffisance tu ne vois même pas la main que ton ennemi te tend !
— Est-ce là donc la main que tu nous tends ? En faisant exploser Nobuo dans les murs de Konoha ? En réduisant à néant les portes de mon village ? Mais vas-y ! Puisque je suis si ignorant, dis-moi ce que je n'ai pas su comprendre dans vos actions à l'encontre de mon peuple !
Hiruzen Sarutobi n'avait pas dit son dernier mot, il comptait encore gagner un peu de temps pour être sûr que tous les villageois soient mis en sécurité dans les abris construits à cet effet. En effet, dès l'instant où Nobuo avait implosé, Hiruzen avait déclaré l'état d'alerte et les villageois devaient être conduits en sécurité au cas où. L'Hokage était satisfait d'avoir au moins pris cette décision, en espérant qu'ils ne soient pas obligés d'en venir aux mains.
— Je te l'ai déjà dit : Ta No Kuni ne cherche que la paix et la justice ! Pour le préjudice que tu as fait subir à mon peuple, j'exige que justice soit rendue ! Et pour commencer tu ne considéreras pas les Uchiha comme des traîtres. Que je ne vois pas inscrit sur le bingo book que l'intégralité du clan y est inscrit comme déserteur ou tu sais très bien ce qu'il t'attend en provenance de moi ! Les Uchiha ont été libres de choisir de retourner auprès de leur chef et comme Madara n'appartient plus à ce village, il est donc dans son droit d'exiger que son clan le suive.
— Tss ... qu'ils dégagent tous autant qu'ils sont ! S'ils veulent périr sous la folie de leur chef, cela les regarde ! Les Uchiha ne font plus partie de Konoha, ils seront rayés de l'histoire !
Cette remarque provoqua une vive tension parmi les rangs. Les shinobi restés aux côtés d'Hiruzen eurent des réactions positives : ils étaient d'accord avec leur Hokage.
Du côté des bruns, ils avaient alors devant eux la vraie nature des membres de ce village envers eux ! Ils n'avaient donc pas rêvé : malgré les efforts qu'ils avaient fait pour s'intégrer, les Uchiha se rendirent compte qu'ils n'avaient jamais vraiment été acceptés.
— Si c'est donc ce que tu penses, Konoha est donc tombé bien bas ! Ajouta Sakura déçue de l'attitude de son ancien Hokage.
— Je n'ai que faire de ce que tu peux bien penser, femme ! Dépêche-toi plutôt de me dire ce que ton pays veut négocier avec mon village pour ta justice de merde !
— Qu'est-ce qui est donc le plus important pour toi ? Demanda Sakura en ne relevant pas le ton de plus en plus insultant que prenait le Sandaime Hokage.
— Le village, répondit immédiatement Hiruzen comme si cela était l'évidence.
— Bien, dans ces cas-là... Remets-moi le parchemin des techniques interdites de ton village et j'estimerai que justice sera rendue, déclara Sakura qui savait très bien que toutes les techniques les plus puissantes de Konoha avait été créées par le Nidaime Hokage et qu'elles avaient été scellées dans ce fameux rouleau.
— Hors de question ! C'est cela donc ta justice : voler les techniques des autres et devenir ainsi un pays puissant ! Elle est belle ta notion de neutralité, gamine ! S'insurgea Sarutobi ne voulant absolument pas se délester de ce rouleau précieux.
— Mais au moins si le rouleau est en notre possession, vous ne serez pas tentés d'avoir recours à ces techniques-là ! De toute manière, aucun shinobi de la Feuille n'est capable d'utiliser la moindre de ces techniques ! Tobirama Senju le savait ! C'est bien pour cela qu'il a fait scellé tout cela : car d'une certaine manière, il n'avait pas confiance en ses propres shinobi pour en avoir un bon usage !
— Ne parle pas de ce que tu ne connais pas !
— Bien, alors j'applique la justice la plus commune qui existe entre les nations et je t'oblige à regarder ! Tu verras ainsi comment tes hommes ont péri de ma main, proposa sérieusement Sakura.
— Nous nous battrons si c'est la guerre que tu cherches ! Tu ne nous effraies pas avec tes menaces ! Tu as peut-être éradiqué mille de mes hommes, mais nous sommes beaucoup plus nombreux aujourd'hui et je doute que tu parviennes à tes fins !
— Sauf que nous ne resterons pas là sans rien faire petit merdeux d'Hokage ! Intervint Ashina en libérant son intention de tuer. Il souhaitait pouvoir venger sa fille et faire mordre la poussière à ce village qui lui avait tout pris !
Sakura ne se laissa pas perturber par l'intervention de l'Uzumaki et continua.
— Ah moins que tu te sacrifies pour ton village et je considérerai que justice aura été rendue, énonça calmement la femme aux cheveux roses.
Hiruzen ouvrit la bouche pour répliquer mais il la referma immédiatement. Cette femme était habile, elle lui avait laissé le choix mais quel était le bon ? D'une certaine manière, la réponse à chacune de ces propositions revenaient à choisir le village. Mais c'était juste l'interprétation qui était différente.
Lui céder le rouleau des techniques et le village était sauf mais terriblement affaibli par la perte de ce savoir et par la défection des trois clans majeurs de Konoha.
Puis, s'il acceptait de lui céder le village cela signifiait le sauver mais aussi perdre l'autorité dessus. Hiruzen n'était pas prêt à agir sans rien faire d'où sa réponse qui avait suivi. Mais cela impliquerait alors un conflit véritable et même s'il ne doutait pas de l'acharnement que mettrait toutes les troupes restantes, ils avaient quand même en face d'eux la puissance des Uchiha et des Uzumaki, associés maintenant au trio Nara-Yamanaka-Akimichi.
Et enfin ça : devait-il uniquement se sacrifier pour sauver son village ? Peut-être était-ce la solution, mais l'âme du guerrier qui était en lui refusait de se laisser tuer sans se battre. Ah moins que ... non, il n'userait pas de la technique du seppuku qu'utilisaient les samouraï en dernier recours ! Certes, il serait ainsi maître de son destin mais son instinct de survie et de combattant était beaucoup plus fort.
— Alors, quel est ton choix ? Demanda Sakura qui voyait que l'Hokage était en proie à la réflexion.
— Aucune de ces trois propositions ! Répondirent certains shinobi derrière Hiruzen ! Venez vous battre ! Nous vous attendons !
Mais l'Hokage leva la main en signe d'arrêt. Il devait contenir encore un peu la colère de ses shinobi avant que le conflit n'éclate réellement entre les deux camps. Il comprit que cette femme ne souhaitait visiblement pas en venir aux mains. Hiruzen Sarutobi venait enfin de voir ce qu'il aurait dû au lieu de se laisser aveugler par son entêtement à vouloir considérer l'ennemi comme tel. Depuis le début de leur conversation, elle n'avait jamais eu l'intention de s'en prendre au village directement. Si elle avait réellement voulu les attaquer et les réduire au silence comme elle avait fait avec son contingent, elle n'aurait pas pris tout ce temps à discuter. Non, elle était venue jusqu'à Konoha dans un unique but : celui de négocier la paix et la justice.
Hiruzen Sarutobi comprit également que si Madara et Ashina étaient restés silencieux et inactifs alors qu'eux-même auraient très bien pu attaquer de front le village c'était qu'ils soutenaient cette femme dans sa quête de justice.
Mais qui était-elle donc pour réussir cela ?
Le Sandaime Hokage eut alors une idée qui pourrait être la solution la plus juste pour les deux camps. Ils savaient que cela était un pari risqué mais il devait tout faire pour le village entier : des civils aux shinobi.
— Et si pour ta justice je te laisse accueillir tous mes villageois qui souhaitent rejoindre ton pays ! Tous ceux qui resterons ici le feront de leur plein gré !
Tous regardèrent le Sandaime Hokage avec surprise : avaient-ils tous bien entendus ? Il proposait de laisser partir en plus des quatre clans tous les civils qui le souhaitaient ? Comment le village de la Feuille allait-il se relever sans toute cette population ?
Sakura ne s'attendait pas à une telle proposition mais elle comprit qu'elle avait l'opportunité d'éviter un conflit armé et surtout d'éviter que des innocents périssent inutilement. Après, Sakura savait aussi qu'elle ne pouvait pas sauver tout le monde et elle décida que cette solution était celle qui était la plus juste à ses yeux et pour ses valeurs.
— Qu'il en soit ainsi ! Que tous tes civils qui souhaitent rejoindre notre pays le fassent de leur propre volonté, sans aucun regret. Nous les accueillerons comme toutes les populations que nous avons recueillies et ils trouveront la paix et la sécurité dans nos murs.
Les exclamations fusèrent du côté de Konoha mais elles furent vites interrompus par l'Hokage :
— Si vous n'êtes pas d'accord avec moi, vous êtes aussi libres de quitter le village et de les rejoindre ! Ma fonction de Hokage m'impose de penser au bien du plus grand nombre et si c'est une manière de sauver des innocents, je le ferai !
Durant l'heure qui suivit, sous la surveillance principale des Uzumaki, le village de Konoha fut ainsi vidé d'une partie de ses habitants. En effet, il fallut expliquer aux civils qui avaient été placés en sécurité qu'ils avaient la possibilité de quitter le village pour celui dont toutes les rumeurs parlaient. Ils n'avaient pas le temps de récupérer leurs affaires personnelles : ils devaient décider maintenant s'ils restaient ou s'ils quittaient définitivement le village.
Une fois tout le monde regroupé du côté de Sakura, force était de constater que quelques shinobi avaient également fait le choix de quitter le village sous le regard médusé et incrédule des autres.
— Voilà ! Ta justice a été rendue, maintenant quitte mon village et laisse-nous en paix, toi qui ne cesses de la réclamer.
Du temps que tout ce petit monde se réunisse, Sakura avait de son côté organisé leur retour à Heiwa en donnant quelques instructions simples. Enchû Nara avait également discuté avec la Daimyô de Ta No Kuni pour lui expliquer que les civils des clans Uchiha et des trois autres étaient déjà en dehors du village. En effet, il avait palabré longtemps avec le chef par intérim pour qu'il accepte de sauver aussi les leurs. Grâce à leurs techniques de Genjutsu, toutes ces familles avaient déjà pu sortir des murs de Konoha sans que personne ne s'en rende compte.
— Vous êtes à la hauteur de la réputation de votre clan, Enchû-san ! S'enthousiasma Sakura, contente de retrouver l'intelligence des Nara.
— Je ne fais qu'analyser les faits et de prendre les décisions qui me semblent les plus appropriées pour les miens.
— Bien ! Récupérez les vôtres et commencez à partir sur la route en direction de Heiwa.
Durant toute cette période d'attente, les shinobi qui avaient fait le choix de rester fidèles à la Feuille devaient se retenir d'attaquer leurs propres compagnons qui décidaient de quitter le village. La tension était palpable, mais elle s'expliquait aussi par la présence imposante de Madara.
Ce dernier n'avait pas besoin de laisser transparaître son intention de tuer pour effrayer ceux face à lui, sa légende suffisait. Sakura se positionna à côté de son époux qui n'avait pas bougé d'un pouce.
— Nous sommes prêts à partir, dit-elle simplement.
L'homme hôcha la tête mais il ne répondit rien et n'entama pas le mouvement pour la suivre. Sakura comprit qu'il n'en avait pas fini avec Konoha, elle le connaissait bien pour savoir qu'il avait fait preuve d'une très grande patience depuis qu'ils étaient arrivés jusqu'ici.
— Madara ? Demanda son épouse en voyant celui-ci ne pas venir
Puis après quelques secondes, il se retourna vers Sakura.
— Partez devant Sakura, j'ai une dernière chose à faire ici.
— Madara... tenta-t-elle bien qu'elle se doute très bien ce qui allait suivre.
— Sakura, vous souvenez-vous de notre conversation sur la paix et sur ce que des hommes comme moi devait accomplir ? Rappela Madara en chuchotant pour éviter que tous entendent.
La Kunoichi aux cheveux rose acquiesça, elle ne pourrait pas empêcher son époux de faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Elle était reconnaissante d'avoir pu sauver le maximum de monde, mais la vie était ainsi faite. La vie était une vraie salope et même Sakura, malgré toute sa bonne volonté, ne pouvait empêcher les hommes de se battre si tel était leur destin.
— Revenez-moi je vous prie, dit simplement Sakura avant de faire demi-tour, Ashina-san, venez et rappelez vos hommes... nous partons.
Ashina jeta un coup d'œil à Madara et il comprit : ce qu'il devait faire, il devait le faire seul. L'Uzukage interpella ses hommes et tous quittèrent le village de Konoha.
Une fois assuré que tous quittaient le village de la Feuille, Madara se retourna une nouvelle fois vers Hiruzen et ses hommes.
— La Daimyô de Ta No Kuni a obtenu justice... mais vois-tu il y a toujours un souci ! Tu as une dette à payer à mon égard, dit Madara en laissant son intention de tuer éclater.
— Je ne te dois rien ! Rétorqua le Sandaime Hokage.
— Bien au contraire ! La Daimyô te l'a dit, tu t'es attaqué à la mauvaise personne ! Et pour avoir osé commanditer l'assassinat de ma femme Sakura Uchiha, Daimyô de Ta No Kuni ! Je te condamne ainsi que ton village...à mort ! Annonça Madara avant d'assembler ses deux mains dans le signe du bélier avant qu'une quantité faramineuse de chakra ne s'accumule autour de lui.
Une bourrasque titanesque émana de sa personne, empêchant quiconque de l'approcher. Tous purent voir avec émerveillement et terreur une des techniques du légendaire patriarche Uchiha.
— Susanô ! Prononça Madara après avoir activé la troisième technique de son Sharingan dont les tomoe tournoyaient à vive allure.
Petit à petit le chakra autour de l'homme se matérialisait en un bleu roi jusqu'à former un squelette qui l'enveloppa entièrement. La forme grandit jusqu'à atteindre une dizaine de mètres de haut. Toutefois, Madara n'invoqua pas la forme complète de sa technique car il n'avait pas besoin d'utiliser autant de chakra pour ce qu'il comptait faire. Le Susanô resta sous la forme d'un squelette incomplet, seule la cage thoracique était formée. Mais malgré tout, cela garantissait une protection impénétrable à son utilisateur.
— Attaquez-le ! Ordonna Hiruzen et tous lancèrent des techniques de Ninjutsu sur l'immense source de chakra vivante.
Personne ne voulait se frotter directement à cette chose qui ignora royalement le déferlement de techniques sur sa personne. Cela ne l'affectait même pas et le Susanô de Madara mit lui aussi ses deux mains dans le signe du bélier.
Madara ne pardonnait pas ! Il ne donnait pratiquement jamais une seconde chance ! Et aujourd'hui il allait faire comprendre au monde ce qu'il advenait quand on osait s'en prendre à son clan ! A sa famille ! A sa femme ! Il allait en ce jour gagner une bataille, mais également toutes les futures en éradiquant toute potentialité de menace.
Soudain, la chevelure de Madara se mit à virevolter dans tous les sens, tant la quantité de chakra utilisé devenait gargantuesque : il utilisait une des capacités ultimes de son Rinnegan !
Alors que tous tentaient d'arrêter le Susanô de Madara, le soleil commença à disparaître au fil des secondes avant que l'obscurité soit presque totale. Beaucoup de monde leva les yeux au ciel et ce qu'ils virent les firent écarquiller les yeux.
— Que...
— C'est impossible...
Il était impossible de ne pas ressentir la masse de chakra qui provenait depuis le village. Sakura, tout comme les nombreux shinobi présents, se tournèrent en direction du village qu'ils avaient quitté. Ils furent stupéfaits de voir une sphère s'élever dans le ciel. La Kunoichi reconnaissait la technique : comment ne pouvait-elle pas la reconnaître puisqu'il s'agissait de la même chose qui avait été utilisée lors de la Quatrième Grande Guerre Shinobi. Elle ne se souvenait que trop bien de la météorite que le Madara de son futur avait jeté sur l'Alliance Shinobi.
La seule différence aujourd'hui était que la sphère était beaucoup moins grosse : probablement pour que seul le village de la Feuille ne soit ciblé !
Alors que tous regardaient cet amas de pierre, Madara Uchiha se propulsa loin du village tout en désactivant le Susanô et en criant à l'attention des derniers membres de Konoha No Sato
— Konoha et ses habitants meurent aujourd'hui ! Soyez l'exemple de ce qui se passe quand on s'en prend à Heiwa !
La météorite approchait à toute vitesse. Rien ne pourrait l'arrêter, aucun shinobi assez puissant n'était présent à cet instant pour tenter quoique ce soit pour éviter l'impact. L'air vibrait de plus en plus au fur et mesure que la sphère était attirée inexorablement vers le sol. Il était trop tard pour fuir même si certains essayèrent vainement d'échapper à ce funeste destin.
Puis l'impact eut lieu dans une terrible collision qui fit trembler le sol et dont le souffle balaya l'entièreté des bâtiments du village. Tout n'était plus qu'un amas de débris de pierres et de décombres. Aucune âme n'avait survécu. En une fraction de seconde, Konoha No Sato venait d'être rayée purement et simplement de la carte. Du village, il ne restait qu'un cratère fumant et poussiéreux.
Tous ceux qui avaient fait le choix de quitter le village assistèrent de loin à sa destruction. Ils ressentirent les vibrations du sol lors de l'impact et le bruit qui accompagna la chute de cette sphère ne laissait planer aucun doute : Konoha avait été annihilé.
Tous eurent donc cette même pensée : ils avaient échappé à la mort et ils ne regrettaient aucunement le choix qu'ils avaient délibérément fait : celui de la paix.
