Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur
la première partie du chapitre vingt-sept du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.
Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…
À l'attention de Dramionymus et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court 😉 !
Réponse aux review anonymes :
Hope0625 : Bonjour à toi Hope ! Merci pour ta review qui m'a réellement fait plaisir ! 6 chapitres d'un coup ? Et bah dis donc ! Tu ne lésines pas quand tu te penches sur une histoire ! Je suis réellement heureuse que l'histoire continue de te plaire
Fred et Harry tu vas encore les voir mais petit à petit ils passeront en quelque sorte au second plan
George et Luna, j'avoue que je m'amuse beaucoup à écrire sur eux, et à sortir de l'image qu'on a d'eux tout en gardant tout de même les caractères de base, j'espère que ça te plait ?
Ah pour une possible future grossesse de Fleur, je ne vais rien dire, imagine qu'elle ne tombe jamais enceinte ? Tu serais déçue avoue
En effet, tu as bien compris, Hermione à bien perdu le bébé, mais si ça peut te rassurer, je ne fais jamais rien sans raison, c'est une ligne de conduite de ma part !
Je te souhaite une très bonne lecture et un bon chapitre, en espérant avoir tes réactions bientôt,
Bisou
Mya
J'espère vraiment que cette histoire continue de vous plaire ! Au programme de ce soir : un Drago dans tous ses états et une conversation longtemps attendue, des Serpentard au bout du rouleau, des Gryffondor qui ne sont pas mieux, des élèves terrifiés, un Charlie totalement paumé et une Katya étrangement humaine !
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Chapitre 27 : au nom du père
Drago
Ah je la retiens, Padma ! « Va voir ton père, Drago ! », « il ne va pas te manger, Drago ! », « il veut sûrement simplement apprendre à te connaître comme un fils et non comme son filleul, Drago ! », « je suis sûre que tout se passera bien, Drago ! ». Et la réalité, d'après elle, c'est quoi ? Du pudding de Noël ?
Bon sang ! Elle le sait bien, pourtant, que je ne suis pas à l'aise avec l'idée d'aller le voir et lui déverser toute une symphonie de niaiseries digne du plus pitoyable Gryffondor ! Mais non ! Il a fallu qu'elle déballe ses obus dans sa lingerie fine, et toutes idées de pensées cohérentes se sont enfuies à dos de Nimbus 2 000 !
Résultat des courses – et parce que, franchement, ça ne devrait pas être permis d'avoir des seins qui défient à ce point les lois de la gravité – je me retrouve pour la deux-centième fois en un mois à arpenter le couloir du troisième étage où vit ma mère.
Pourquoi ? Eh bien c'est tout simple ! Parce que je suis faible devant une paire de cuisses galbées et un décolleté à tuer un asthmatique… La vie est bien cruelle, quand on y pense…
C'est vrai, après tout ! J'étais bien, moi, l'année dernière, à me concentrer sur ma survie et celle de ma mère – et assez souvent celle de Severus – à tenter de tempérer les Serpentard autant que possible dans l'ombre, à jouer les héros au grand cœur sans que personne n'en ait conscience !
Mais non, il a fallu que je me prenne d'affection pour la petite indoue avec qui j'ai partagé un appartement, la vie, et accessoirement un nombre obscène de parties de jambes en l'air ! Ah quelle cruelle destiné qu'est la mienne…
Cependant, je dois bien avouer que la vie avec elle était vraiment rafraîchissante. Certes, ce n'était pas beau tous les jours – merde ! Blaise était tout de même tous les soirs sur notre canapé à vomir des conneries plus grosses que lui, et elle ne l'a jamais renvoyé chez lui ! – mais la vie était bien plus simple à ce moment-là…
Pourtant, il a fallu dire adieu à notre appartement avec la reprise des cours, et même si nous en avons vraiment beaucoup profité – et dans toutes les pièces possibles – je suis quand même satisfait d'avoir retrouvé la salle commune des professeurs. Enfin, pas tout le temps…
L'ambiance est vraiment étrange depuis que nous sommes tous revenus. Enfin, tous, si ce n'est Granger et Weasley… Eux ont toujours la possibilité de vivre leur truc dans leur coin sans que cette commère de Sinistra ne vienne y foutre son nez !
Quoiqu'il faut dire que, depuis deux semaines, Weasley a officiellement réintégré ses quartiers dans la salle commune, et vu la verve de Granger depuis leur retour à Poudlard, je comprends parfaitement ce repli stratégique !
Mais là n'est pas la question ! Non, là, je dois décider si, cette fois, je frapperais à la porte, ou si comme tout bon lâche que je suis, je vais encore une fois fuir devant cette conversation en tous points gênante, encore une fois…
Ah ! On ne m'y reprendra plus, à me laisser distraire par des obus ! Non, je me mens à moi-même là et je le sais parfaitement…
Peu importe ce qu'elle a à me dire, peu importe à quel point ma conviction est forte et puissante, quand elle fait tomber son soutif, c'est comme si une barrière acoustique naturelle se déployait, et que plus aucune volonté ne m'habitait… Faible que je suis face à un corps nu…
L'amoncellement d'élèves dans le couloir à vingt heures me donne l'indication parfaite sur la marche à suivre ! Un Malefoy n'est jamais hésitant ! Il est un meneur et ne s'abaisse jamais à se laisser aller à une quelconque preuve de faiblesse !
Oui mais voilà, le problème, c'est que je ne suis pas un Malefoy, et que la personne – ou tout du moins le fantôme de la personne – que je suis venu voir, lui, n'a jamais transgressé aucune de ses propres règles… Alors que faire ?
— Tu comptes rester encore longtemps devant ma porte à attendre que le déluge ne passe, ou cette fois tu vas te décider à entrer ?
Merde ! Je n'aurais pas dû rester plongé aussi longtemps dans mes pensées… Ça à donner le temps à ma mère de me surprendre, et si j'en juge son visage fermé et ses traits tirés, elle n'a toujours pas digéré la petite joute verbale dans la Chambre des Secrets… Fait chier…
— Mère…, soupiré-je en me remettant bien droit, lissant un pan de ma cravate contre mon torse.
C'est fou ça ! J'ai beau mesurer près de quarante centimètres de plus qu'elle, quand elle me regarde avec ces yeux réfrigérants, j'ai l'impression de redevenir le petit Drago de six ans qui a lancé accidentellement un sort de pilosité bleu à l'un de nos elfes !
Je dois bien avouer que c'était marrant, mais me retrouver enfermé dans ma chambre pendant trois heures, je ne peux pas vraiment appeler ça de la pédagogie ! Certes, si Lucius avait été le parent à retrouver une Gipsy aux poils bleus, la punition aurait été bien plus douloureuse, mais tout de même ! Trois heures ! Et j'avais simplement six ans !
— Drago, hoche-t-elle sèchement la tête. Si tu es là pour venir t'enquérir d'une possible sous-location de ta « chambre d'enfant », je te rassure tout de suite, ce n'est pas prévu pour le moment !
Bingo ! J'en étais sûr ! Bordel, ça ne devrait pas être permis d'avoir quarante ans et d'être revanchard comme un Weasmoche de dix-neuf ans… Mais l'idée même que Severus et elle aient un quelconque rapport sexuel est bien plus dérangeante que le fait que ce soient mes parents qui le fassent…
Bon sang… Pendant des années, j'ai très clairement évité toutes les pièces où je pourrais tomber sur ce genre de spectacles, fuis toute odeur de vanille à chaque fois que Lucius allumait une bougie parfumée – parce que, si j'ai bien compris son mode opératoire, ce genre de choses est ce qu'il appelle des préliminaires… – et évité de passer devant l'aile de la chambre de ma mère à chaque fois que ladite bougie était allumée…
Mais non ! Il semblerait que, même si la guerre est maintenant derrière nous, il reste toujours certaines méthodes de tortures approuvées par le Ministère, comme celle consistant à exprimer très clairement son point de vue à son enfant sur la mise en activité ou non d'un utérus…
— Et vous m'en voyez ravi, Mère ! grimacé-je fortement. J'ai de si bons souvenirs dans cette pièce… Les longueurs de brasses coulées du matin, le service en chambre à toute heure du jour ou de la nuit, pouvoir me tripoter le cordon quand je le souhaitais… Ah… Quelle belle époque ce fut !
Je trouve la preuve ultime que cette pointe de sarcasme à trouver sa cible lorsque les coins de sa bouche tressautent vivement, signe ultime de son amusement.
— Que puis-je faire pour toi, Drago ? demande-t-elle, s'étant radoucie.
C'est maintenant le moment de vérité… Celui où je reste un petit enfant paralysé à l'idée de recevoir un coup de canne ou un Doloris si jamais ce que je dis ne plaît pas, ou bien devenir un adulte, l'un de ceux qui parviennent à mener leurs combats et pouvoir fièrement dire « je l'ai fait »…
— Je voulais parler à Severus, soupiré-je encore une fois, ayant pris ma décision. Je sais qu'il est là puisque j'ai croisé la vieille McGo dans les couloirs qui cherchait après lui pour donner des cours d'éducation sexuelle aux septième année, et qu'en bons Serpentard que nous sommes, nous savons toujours où aller nous cacher pour éviter de paraître faibles ou poltrons !
Bon sang ! Je crois ne jamais m'être autant retenu de rire que depuis ce soir précis d'octobre où Granger est passée pour moi – psychologiquement du moins – du stade de la sainte-nitouche en personne, à la petite cochonne dévergondée qu'elle nous a montré !
Mais merde quoi ! Voir ce genre de choses, en plus d'être vraiment dégoûtant, était presque aussi drôle que de voir McGo croire qu'elle peut donner envie à quiconque de pratiquer un coït avec quelqu'un grâce à des cours dispensés par Severus !
À moins que ce soit ça, l'idée ! Peut-être se dit-elle que leur laisser l'image imperméable de Sev en train de leur montrer les gestes à faire, les choses à dire ou ne surtout pas faire, éradiquera totalement toute forme de libido en eux… Non… Ce genre d'idées est bien trop Serpentard pour que la Reine Mère des lionceaux puceaux l'ait eu…
Quoique, si l'on regarde bien, depuis la fin de la guerre, les lions ont rattrapé, et de loin, les serpents ! Merde, alors ! Même Potter le Gryffondor jusqu'au bout des ongles à tirer un coup avec le Weasley encore intact !
— D'après Zilkonys, il l'a vu venir ici, fais-je, cassant mon propre fil de pensées.
Parce que s'il est bien une chose à laquelle je ne veuille jamais penser, même en échange d'une somme d'argent plus que conséquente, c'est bien à la vie sexuelle de Potter ! Merde ! J'en étais venu à le croire puceau devant l'éternel !
— Le concept d'intimité ou de vie privée est-il mort avec la fin de la guerre, gronde la voix d'outre-tombe de Severus en sortant du mur de la chambre de ma mère, ou bien ces fichus Poufsouffle ne savent-ils rien faire comme tout le monde ?
D'accord, surtout, ne pas paniquer… Mais bordel de merde ! Que faisait-il dans la chambre de ma mère ? Elle qui est si pure, si délicate, si… Ah non, si elle m'a eu, elle ne peut plus être vierge… Foutue Granger avec ses idées à la con de se faire enfanter par l'Esprit Saint…
Elle a beau être – à mon corps défendant, je le rappelle – la meilleure de notre promo, toutes années confondues, il n'en reste pas moins que depuis qu'elle tire des coups à tout va avec son rouquin, ses idées sont de plus en plus tordues…
Mais bon, le résultat de ses recherches a eu le mérite de faire sourire – autant qu'il lui en soit possible, je le reconnais – Severus, et visiblement, même s'il ne peut pas lui mettre un T par acquit de conscience et volonté de garder des bases saines, il a vraiment eu l'air absorbé par ses recherches !
— Je crois que la mort ne te fait pas que du bien, parrain ! raillé-je en faisant un pas pour entrer dans l'appartement. Souviens-toi de tes années d'études à Poudlard : il n'existe pas de vie privée entre les pierres de ce château !
Et pourtant, certains secrets parviennent tout de même à rester bien enfermés derrière des portes blindées, comme celui de mon aventure avec Padma, ce dont je remercie infiniment toutes les personnes avec qui j'ai passé Noël d'ailleurs…
C'est vrai, je le reconnais, jamais je n'aurais parié sur une amitié entre nous tous, ou tout du moins un semblant d'amitié, mais Potter était dans le vrai, ce soir-là. Pour la première fois depuis toujours, je crois, j'ai vraiment eu l'impression de vivre un réveillon en famille.
Certes, le départ des enfants à la fin des douze coups de minuit a été un déchirement pour chacun de nous, et l'ambiance après a eu un mal fou à redémarrer – ce qu'étonnement, nous devons à un Dennis Crivey tellement éméché qui nous a, à tous, proposés de suivre un cours de natation dans les petits bassins, et une Luna Lovegood un peu trop terre à terre qui m'a filé froid dans le dos.
Mais j'ai vraiment apprécié cette émotion, cette sensation de communion qu'il y a eu ce soir-là… Et je ne regrette absolument pas la manière dont la nuit s'est terminée, bien loin de là, même !
— C'est si adorable Drago, lorsque tu tentes de rassurer les gens ! ricane-t-il sarcastiquement.
Il est vrai que j'apprécie d'être le héros de l'histoire, mais il ne faut pas pousser non plus ! Rassurer les gens, oui, mais pas la Terre entière non plus, et hormis une poignée excessivement restreinte de personnes, je ne compte pas m'approcher de la tour des Gryffondor avant une éternité !
— Sois magnanime, je ne fais que m'échauffer, en ce moment !
— Tu m'en vois ravi ! lève-t-il les yeux au ciel en se détournant. Je n'aurais voulu manquer le moment où tu atteindras le paroxysme du sentimentalisme pour rien au monde !
Au moins, en gardant la même manière de me parler qu'avant, il parvient facilement à me mettre à l'aise, ce qui, je dois bien l'avouer, me fait du bien.
Parce que si, pour la plupart des gens, se retrouver face à un Severus Rogue au top de sa forme les met mal à l'aise, pour moi, c'est simplement la normalité faite personne, et ça me fait un bien fou. Au moins, sur ce terrain-là, je sais comment jouer.
— Alors je peux renvoyer ma tasse « le meilleur papa du monde » au magasin ?
— Je peux toujours tenter de t'ouvrir le crâne pour y trouver ce qui cloche, ricane-t-il, mais pour ça, il faudrait que Granger accepte de me redonner mon enveloppe humaine, et être poli avec elle me tuerait plus vite que ce putain de serpent…
Je ne le lui dirais jamais, et certainement pas en étant sobre, mais le soir de Yule, lorsqu'elle s'est élevée dans la grande salle, illuminée de l'intérieur, les pans de sa robe qui fouettait autour de son corps, elle m'a foutu la trouille de ma vie.
C'est vrai que c'était niais à souhait, empli d'une sensibilité à vomir et que l'odeur des bougies à la vanille qui flottaient dans toute la salle m'a filé la gerbe de ma vie, mais rien que pour la réaction de Weasmoche et sa petite sœur, ça en valait la peine !
Je ne sais pas comment les jumeaux ont fait pour les immobiliser, et je crois que, dans le fond, je m'en fous royalement, mais pouvoir sentir et voir la haine qui s'échappait par flot continu de leurs corps pendant que Granger se faisait littéralement baiser du regard par son dragonnier, ça, ça n'avait pas de prix !
Elle avait beau avoir l'air totalement épuisé, à bout physiquement et moralement, il n'en reste pas moins qu'elle dégageait vraiment quelque chose de magnifique ce soir-là quand elle a débarqué dans la Grande Salle au bras de Potter.
J'aurais dû m'y attendre, pourtant, après le coup qu'elle nous a joué, le soir du bal du Tournoi des Trois Sorciers, à apparaître accrochée au bras de Viktor Krum comme un Sombral à un morceau de viande sanguinolente ! Mais non, encore une fois, elle m'a surpris.
N'importe quel abruti pouvait voir qu'elle pleurait tout au long de leur première danse, et en soi, je trouve même l'inquiétude de Potter, des jumeaux, Lovegood, Weasley le loup-garou et la Vélane Delacour normale ! De là à envoyer le petit Crivey briser ce moment de préliminaire sur piste de danse, je trouve ça tout de même assez petit de leur part…
Mais elle a quand même réussi le petit prodige de rendre son enveloppe charnelle à Severus pour vingt-quatre heures, ce qui a rendu ma mère aussi extatique que sa condition de femme Sang-Pur le lui permettait en public, et rien que pour ça, je lui serais à jamais reconnaissant.
Jamais de ma vie, je n'avais vu cette étincelle de bonheur dans son regard, jamais je n'avais vu ce sourire lui manger le visage comme ce soir-là, jamais je ne l'avais vu, eh bien, comme une femme tout simplement, et non comme ma mère. Mais ce soir-là, Granger a rendu l'espoir à ma mère, et cet espoir, j'espère qu'elle le gardera à jamais.
Néanmoins, je me serais passé de devoir aller serrer la main de Severus, ce soir-là… Dans le fond, j'aurais espéré qu'il fasse le premier pas, qu'il soit celui à mettre les pieds dans le plat et peut-être, je ne sais pas, m'appeler fiston ! Mais non… Ce soir-là, j'ai juste retrouvé mon parrain, et non pas mon père, et je crois que c'est ça qui m'a le plus fait de peine…
— Je n'y arriverais pas…, soupiré-je en m'avachissant contre le mur, la tête entre les mains.
— À quoi ?
Je ne sais pas s'il a suivi le même fil de pensées que moi, mais sa posture est bien trop rigide pour qu'elle puisse paraître normale, même pour lui ! Bon sang ! Même ses sourcils sont froncés, et ses yeux expriment une inquiétude et une peur latente dans leur fond ! Mais qu'est-ce qui nous arrive ?
Avant, nous pouvions avoir des conversations durant des heures, que ce soit à propos de potions, de Quidditch, de botanique ou même de perspectives pour moi sans qu'il n'y ait un seul tabou !
Alors pourquoi, maintenant que ce voile a été levé par les bons soins de Granger et son incapacité à ne pas se fourrer – et le reste de l'humanité dans son sillage – dans les ennuis, ne parvenons-nous plus à le faire ?
Mais peut-être est-ce ça, la clef ? Foncer dans le tas comme un bon Gryffondor stupide, sans ne jamais penser aux conséquences… Ça a eu l'air de fonctionner pour Potter et même pour Granger, alors pourquoi pas pour moi ?
— Faire comme si toute cette situation était normale, soufflé-je en relevant la tête. Faire comme si le fait que tu sois mon père et non mon parrain ne me perturbe pas, comme si je n'étais pas perturbé que tu as aimé ma mère au point de vouloir te jeter l'Oubliette…
Autant je trouve ce geste d'une stupidité sans nom, autant je loue l'ingéniosité, l'inventivité et la ruse dont il a fait preuve, le jour de ma naissance ! Sans ça, nous serions tous les trois morts, et je ne doute pas un seul instant que ma mère et lui auraient subi bien pire que quelques Doloris…
— Personne ne te demande de le faire, Drago…
Il en a de bonnes, lui aussi, tiens ! Comment veut-il que je ne me penche pas sévèrement sur la question, alors que chaque fois que je vois celle qui m'a mis au monde, Padma ou même Granger et encore plus lui, j'y pense au point de me faire un claquage au cerveau ?
— Je veux que ma mère soit heureuse, Sev, soupiré-je, mal à l'aise, et son bonheur passe par le fait que j'accepte ça ! Mais comment veux-tu que je fasse ça alors que sans Granger et sa volonté de toujours vouloir avoir réponse à tout, ni toi, ni moi n'aurions jamais su quoi que ce soit ?
Bordel… Ce genre de conversations, toute ma vie, j'ai tout fait pour les fuir, pourquoi n'ai-je pas réussi à éviter celle-ci ? Pourquoi suis-je en train de verser un peu trop mièvre à mon goût, et Salazar m'en garde, je sens que le moment où toutes mes insécurités vont se déverser va être un cataclysme pour moi…
— Tu n'as pas besoin de m'appeler papa ou père pour qu'elle soit heureuse, Drago…
Mais bien sûr ! Comme si je ne voyais pas la douloureuse attente dans son regard identique au mien ! Comme si je ne voyais pas qu'elle se retient de pleurer depuis ce fameux soir où elle m'a raconté la vérité ! Comme si je ne ressentais pas un malaise à chaque fois qu'elle détourne les yeux lorsqu'elle aborde mon ancien professeur de potions dans une conversation !
Et ne parlons même pas de cette incapacité quasi physique que je ressens à l'idée même de devoir me décider entre le fait de l'appeler Papa ou bien Parrain !
Merde ! Ne peuvent-ils pas comprendre à quel point je me sens mal vis-à-vis de lui de ne pas réussir à me décider sur ce point si particulier, d'avoir la trouille que cette relation forte que nous avions, puisse se retrouver chamboulée par ce changement de dénomination, que je me sens sale de le comparer à Lucius quelques fois ?
Bon sang, toute ma vie j'ai voulu qu'il soit mon père, toute ma vie j'ai voulu qu'il se pointe comme une fleur sur le perron du manoir Malefoy pour nous emmener, maman et moi, loin de tout ça, et ces deux dernières années bien plus que les autres !
Mais je n'y arrive pas ! Je n'arrive pas à m'enlever de la tête que devenir son fils ferait s'écrouler les bases même de ce que je suis, de ce que j'ai toujours été !
J'ai grandi en étant persuadé que j'étais un Malefoy, que tout m'était dû du fait de ma naissance, que je valais mieux que n'importe qui parce que mon sang était bien plus pur que le commun des sorciers pourrait se l'imaginer ! Alors pourquoi ai-je si peur de ce changement ?
Tout simplement parce que je ne sais pas ce que ce serait que d'être le fils illégitime de Severus Rogue. Je ne sais pas comment je serais perçu par la société sorcière. J'ai peur que les autres me jugent moins bien encore en étant le fils de leur détesté professeur de potion, plutôt que celui du bras droit de Voldemort…
D'après Granger, Potter et Londubat, je ne devrais pas être si regardant sur l'opinion qu'ont les autres sorciers britanniques, mais passer dix-huit ans à apprendre comment se faire bien voir et avoir son nom en Une de La Gazette du Sorcier ne s'efface pas comme ça, en un claquement de doigts, malheureusement…
— Et toi ? soufflé-je en me ratatinant inconsciemment, dans l'attente d'un coup qui pourrait venir. Qu'est-ce que toi tu veux ? Que je reste ton filleul ou tu préférerais que je sois ton fils ?
Incontestablement, une vie de sévices très souvent donnés simplement parce que Lucius n'était pas content de sa journée ne s'efface pas comme ça…
Je la vois cette douleur, dans le regard de Severus, lorsqu'il me voit me recroqueviller contre le mur. Je sais qu'il ne m'en veut pas de le comparer inconsciemment et instinctivement à Lui. Je sais qu'il ne m'en veut pas. Mais pourtant, je tremble de tous mes membres face à sa manière de me regarder.
Comme si elle avait compris instinctivement que le reste de cette conversation ne devait pas être entendu par elle, maman quitte le salon pour aller se promener Merlin sait où, me pressant le bras doucement et adressant un regard significatif à Severus. Décidément, on pourra dire tout ce que l'on veut, elle sait se faire aussi bien comprendre que lui lorsqu'elle le veut bien !
— Tu sais aussi bien que moi que, dans le fond, je t'ai toujours considéré comme mon fils, commence-t-il après qu'elle a refermé le tableau. Le fait que la génétique le prouve n'est qu'une preuve de plus que la magie est bien supérieure à tout ce que toi et moi avons toujours pensé, c'est tout !
Tant de rationalité dans une chose qui en demande, somme toute, un peu plus, est totalement aberrante, même de sa part ! Et pourtant, je l'ai écouté me détailler point par point comment éviscérer une grenouille pour en récupérer les meilleurs ingrédients de potions lorsque j'avais dix ans…
— C'est trop bizarre…, chuchoté-je, mal à l'aise.
— Personne ne te demande de m'accepter comme tel tout de suite, Drago, fait-il en réduisant l'écart entre nous. Tu as le droit de prendre ton temps et de trouver tes marques dans tout ça avant de faire ton choix.
Et comment veut-il que je fasse ça ! Que je dresse une liste ? D'un côté les points positifs à être son fils, et de l'autre tous les points négatifs ? La première colonne serait assez facilement remplissable avec une seule phrase : il n'est pas Lucius !
— Que tu sois mon fils ou mon filleul, je continuerais toujours de t'aimer et de te soutenir dans tes choix de la même manière. Seule la dénomination de notre relation changera, pas ce qu'elle est.
— Et si je voulais que tu sois mon père ?
Je m'en veux à l'instant même où j'ai soufflé cette phrase. Pas parce qu'elle me fait paraître bien trop faible à mon goût, pas parce qu'elle est en contradiction même avec ce que j'étais parvenu à définir ces derniers temps, mais bien parce qu'elle cristallise clairement ce que je voudrais du plus profond de mon âme. Avoir un père presque normal et non un sociopathe sans cœur.
Photographies sorcières à l'appui, je sais qu'il est celui qui m'a appris à marcher, qu'il est celui à m'avoir fait monter sur mon premier balai-jouet, qui m'a appris à créer ma première potion et qui m'a écouté pendant des heures déblatérer sans fin sur ma haine viscérale envers Potter, Weasmoche et Granger sans jamais m'interrompre.
— Je te dirais que, génétiquement parlant, c'est déjà le cas !
Bordel ! C'est énervant lorsqu'il fait ce genre de choses ! À croire que, comme il vient de le dire, le sarcasme est un trait génétique que l'on se passe gaiement de père en fils depuis la nuit des temps ! C'est dingue ça !
— Arrête trente secondes d'être un connard sans cœur et sois honnête, s'il te plaît ! grogné-je en me redressant, quittant ainsi le mur. C'est important pour moi de le savoir.
— J'en serais aussi fier que lorsque Charlie m'a raconté ce que tu as fait, le soir de la bataille finale, soupire-t-il en relâchant quelques secondes le masque. Je ne savais toujours pas que tu étais mon fils, mais crois-moi, je n'ai jamais autant ressenti de fierté pour toi que lorsqu'il me l'a dit. J'ai eu l'impression d'avoir fait quelque chose de bien pour la première fois de ma vie.
Même si, et de loin, ce rouquin-là me paraît être le plus fréquentable de tous les Weasley, il n'en reste pas moins que l'idée qu'ils puissent être amis me dépasse totalement ! Comment Severus, qui est quand même une personne assez sensée, a-t-il bien pu devenir ami avec un Gryffondor ?
Certes, sur ce coup-ci, je suis un peu mauvaise langue, puisque, moi-même, je me suis découvert des affinités avec certains étudiants de cette maison honnie – même les jumeaux Weasley ont réussi à me faire rire certaines fois ! – mais tout de même !
— Je voulais juste que l'espoir dans les yeux de maman ne s'éteigne pas à tout jamais…, chuchoté-je, me replongeant inconsciemment dans les souvenirs de cette nuit en particulier.
Jamais, de toute ma vie, je n'ai eu aussi peur que lorsque je n'ai pas vu le visage de Severus dans la foule de Mangemorts, ce soir-là, aux côtés de ma mère. Jamais je n'ai eu aussi fortement envie de rendre les armes que lorsque j'ai pu plonger dans le regard baigné de larmes de ma mère.
Ce moment de flottement, celui où Granger m'a appelé par mon prénom, je crois que c'est ça qui a fait sauter les vannes. Ça et le fait qu'elle m'ait si facilement fait accéder à ses pensées sans même que je n'aie besoin de pratiquer de la legilimancie sur elle.
J'ai ressenti sa tristesse et sa haine lorsqu'elle m'a fait voir la mort de Severus. La douleur et l'incompréhension lorsqu'elle l'a allongé dans un canapé et lui a mis une couverture sur le ventre alors qu'il était mort. La joie et une certaine forme d'espoir lorsqu'il s'est mis à flotter dans son dos. J'ai tout ressenti.
— Tant que tu es en vie, que tu respires, elle continuera d'espérer le meilleur pour toi. C'est ta mère Drago, elle t'a porté, elle t'a donné la vie, elle t'a aimé. C'est une femme merveilleuse et je sais que tu en as conscience.
Merlin ! Que cette conversation me met mal à l'aise ! Par l'enfer, je voulais exprimer une simple opinion, pas avoir droit à un réquisitoire sur pourquoi j'ai été le pire fils de la création depuis Satan en personne !
— Je sais pertinemment que tu cherches ta place dans tout ça, que tu essayes de comprendre comment évoluer dans le monde en ayant perdu tous tes fondements et que tu crois que tu ne t'en sortiras jamais tout seul. Mais crois-moi, elle a fait de toi quelqu'un de fort, d'assez fort en tout cas pour pouvoir toujours te sortir de tout.
Me sortir de tout ? Est-il sérieux, là ? J'ai passé des mois à m'embourber méthodiquement dans un alcoolisme profond et aigu pour éviter de repenser aux cris de Vince, pour éviter de songer au fait que je me sois battu contre des camarades de ma propre maison et contre mon propre père sur le champ de bataille !
À vrai dire, je crois que je ne dois ma survie qu'à cette expérience étrange et surtout un peu trop réaliste de plongée dans le monde adulte où cette cohabitation forcée avec Padma m'a permis de voir plus loin que les bords de mon verre…
Avec le recul, je prends conscience de ma mauvaise humeur chronique, des crises et autres choses peu élogieuses que je lui ai fait subir sans qu'elle ne bronche jamais et en continuant toujours à me traiter avec douceur et gentillesse.
Elle avait bien plus important à gérer comme troubles émotionnels, bien plus dur à digérer comme tragédies, et pourtant, elle n'a pas faibli un seul instant. Elle m'a tenu à bout de bras jusqu'à avoir la possibilité de tout évacuer, de pouvoir lâcher totalement prises une bonne fois pour toutes.
C'est vrai, elle continue, encore maintenant, à demander pardon à son Kevin toutes les nuits même si nous ne les passons plus ensemble – je le sais parce que ses yeux sont cerclés de rouge quand elle vient me rejoindre sous la douche tous les matins – mais elle avance à son rythme, et je me sens un peu trop fier à chaque fois que je la vois sourire.
C'est stupide, j'en ai conscience, mais j'ai vraiment cette impression d'être celui qui lui a permis de remonter sur le ring, qui lui a remis les gants sur ses petites mains pour qu'elle puisse retourner affronter la vie.
Elle a encore un long chemin à parcourir, comme chacun de nous, elle a ses démons à combattre lorsque les ténèbres l'entourent, mais ma Serdaigle n'abandonne pas, au contraire même !
Elle avance à son rythme, modère ses efforts, mais comme lorsqu'elle était Poursuiveuse durant le match amical de Quidditch de la réunion de pré rentrée, elle n'abandonne jamais la partie. Et ça me rend fier d'être l'artisan qui a pu mettre en œuvre ce retour à la vie.
— Comment peux-tu dire ça ? demandé-je, secouant vivement la tête pour faire partir Padma de mes pensées.
— Parce que j'ai pu te voir grandir et devenir ce que tu es, devenir le leadeur des Serpentard, la voix de la paix inter maisons depuis la rentrée et que je te vois te démener pour que tous tes amis accèdent à leur happy end.
Non, j'en suis persuadé, entendre ce genre de mots sortir de sa bouche me fera toujours aussi bizarre… Bon sang ! Ça ne devrait pas être permis de devenir aussi fleur bleue qu'un Poufsouffle en manque d'adoration tout ça parce qu'on est mort !
— Je veux juste faire amende honorable pour tout ce que je leur ai fait vivre pendant des années…, haussé-je les épaules avec désinvolture. Ils ont tout supporté pour moi durant si longtemps, que je me sens redevable pour leur amitié…
— Et Miss Patil ? ricane-t-il narquoisement. C'est par charité que tu couches avec elle ? Parce que si c'est le cas, je dois louer ton sens de la dévotion !
Rectification ! C'est CE genre de conversations que je ne veux jamais avoir avec lui ! Finalement, je comprends cette bonne vieille McGo ! Maintenant, il y a de très fortes probabilités qu'à chaque fois que Padma fasse chuter son soutif tout aussi sensuellement qu'elle en a l'habitude, mon érection suive le même chemin !
— On est vraiment en train d'avoir la discussion sur les filles ? ricané-je, masquant bien mal mon malaise, je le reconnais. Parce que si c'est le cas, sache que je me protège, que je connais les risques à avoir des relations sexuelles, chose que tu aurais quand même dû te souvenir quand tu as fait la même chose avec ma mère, et qu'elle est consentante à chaque fois !
Par Salazar… Je donnerais vraiment très, très cher pour savoir ce que Granger a découvert en faisant ces recherches… Parce que je suis sûr que le peu qu'elle m'ait dit n'est que la face visible d'un iceberg très conséquent !
— Je suppose que c'est un bon début, en effet…, grimace-t-il.
Bordel ! Je n'ai pas dit ce genre de choses pour qu'il fronce les sourcils ou qu'il ait cette lueur étrange qui ressemble à un je-ne-sais-quoi de pitié ou d'inquiétude ! Nom d'un filet du diable ! Je voulais qu'il comprenne que tout allait bien, au contraire !
— Écoute, on s'amuse bien, et ça lui permet d'oublier un peu les conséquences de la guerre et la mort de son copain et de ses amis. Je sais que c'est mal de profiter de cet état de faiblesse de sa part, mais je te promets qu'on ne fait de mal à personne en couchant ensemble !
Et franchement, qu'on soit bien claire, ce genre de chose arrive très, très souvent ! Je crois même que plus un seul placard à balais de cette vénérable institution ne pourra jamais plus être catégorisé de « vénérable » ! Profaner ces lieux saints pour Rusard a été la meilleure partie de ce « retour à la normale » !
D'accord, l'espace est restreint, et il faudrait très franchement qu'il songe à enlever toutes les toiles d'araignée et autres saletés qui peuplent ces cagibis, mais c'est l'endroit parfait pour une rencontre au sommet après des heures à écouter ce bon vieux Vector !
— Je m'en doute, Drago ! grogne-t-il, tout aussi mal à l'aise que moi. Je veux juste que tu te protèges, toi ! Que se passera-t-il quand elle se dira qu'elle préférerait continuer à rêver de monsieur Enthwistle ?
— Elle y pense toujours, alors je suppose que je connais déjà la réponse…, grimacé-je à mon tour.
— Et ça ne te fait rien ?
Bien sûr que ça me fait quelque chose, je ne suis pas insensible non plus ! Évidemment que l'entendre chuchoter le nom de son copain décédé la première fois où je lui ai donné un orgasme a mis un coup sévère à mon égo !
Mais elle se bat, chaque jour, pour tenter de retrouver une vie plus ou moins normale, pour réussir à retrouver ses marques malgré la douleur latente qu'elle doit ressentir depuis la bataille finale !
Alors oui, c'est vrai, savoir qu'elle a toujours des pensées pour lui me fout les boules à chaque fois, mais c'est une chose normale, et je crois que ce n'est pas à moi de lui dire ce qu'elle doit faire en ce qui le concerne…
Je suis simplement content qu'elle me fasse assez confiance pour l'aider à guérir, et accessoirement à accepter de coucher avec moi pour moi et non pour sentir les caresses d'un mort sur son corps !
— Nous avançons tous à notre rythme, Sev…, soupiré-je de lassitude en me frottant le visage. Elle met juste plus de temps que certains autres parce qu'elle était vraiment très amoureuse de lui, c'est tout. Je sais qu'elle mettra du temps à accepter sa mort, leur mort, mais je sais que je peux l'aider, et j'ai vraiment envie de l'aider à avancer un peu sur le chemin.
Je prends conscience en le disant à quel point c'est vrai. J'ai vraiment envie de l'accompagner dans cette épreuve, j'ai envie de lui tenir la main pour qu'elle apprenne à avancer sans ses démons et sa colère contre elle-même. Lui apprendre à comprendre qu'elle ne marchera jamais seule.
Que peu importe où elle sera sur cette Terre, ceux qu'elle a aimés seront toujours là pour veiller sur elle, comme son Serdaigle de malheur qui m'a fait jouir comme un putain de petit précoce la première nuit parce que je ne m'attendais pas à ce qu'elle dise son nom !
— On ne finira peut-être pas notre vie ensemble, mais je sais que quand on est ensemble, je parviens à lui redonner le sourire, et juste ça, j'aime le voir sur son visage. Elle mérite de trouver la paix, et si je peux l'y aider, alors ça me fait plaisir.
— Tu es en train de tourner Poufsouffle ! ricane-t-il en se détourant.
— Non, papa, j'apprends juste à être un homme bien.
Il se fige instantanément et j'en fais de même. Bon sang, je ne m'attendais pas à ce que ce mot sorte avec une telle facilité entre mes lèvres ! J'ai passé des semaines, des mois à me demander comment je devais l'appeler, si rien ne changerait, si tout resterait pareil, et la seule chose que je ressente en l'ayant dit, c'est la justesse de ce terme.
Comme si, en un instant, tout venait de se mettre à sa place, comme si le grand puzzle de l'humanité venait de m'être révélé et que le monde venait de se remettre à tourner sur son orbite. Juste. Normal.
— Ce n'est pas facile tous les jours, soufflé-je maladroitement, parfois même ça me donne envie de me jeter de la tour d'astronomie, mais j'essaye juste de ne pas refaire les mêmes erreurs que j'ai produites, ou bien que Lucius a produites.
Faire entendre raison à Blaise et Pansy sur cet amour entre eux qui couve depuis une éternité, ne pas vomir quand je vois Daphnée rougir sous les chuchotements de Londubat à son oreille, tenter de comprendre cette fascination étrange qu'a développée Théo pour Lady Bones…
Prendre de mon temps pour enseigner à ces fichus Gryffondor comment changer les couches d'un bébé tout en évitant de salir leurs habits, essayer de conseiller Granger – ce qui n'est pas chose aisée – continuer à être un con avec Potter parce qu'il a autant besoin que moi de cette haine cordiale entre nous…
Bon sang… Je fais tout ça parce que j'ai bien conscience que c'est ce qui est juste, que c'est ce qu'une personne normale doit faire ! Mais je sais aussi que, si Padma ne m'avait pas dit cette chose en particulier, si elle ne m'avait pas soufflé à quel point elle pensait que j'étais quelqu'un de bien, je ne l'aurais pas fait. Parce que ce n'est pas dans mes habitudes de me soucier d'autrui.
— Elle pense que je suis quelqu'un de bien, quelqu'un qui vous ressemble, à maman et toi, et j'ai vraiment envie qu'elle ait raison. J'ai envie de lui prouver que je peux être assez bien pour être ton fils et non celui d'un dégénéré adepte du Doloris sur mineur, terminé-je sur une grimace significative et un haussement d'épaules mal à l'aise.
Putain… Toute cette conversation, de son début à sa fin, n'a été qu'une très longue succession de moments de malaise et de gène…
— Ah ces Serdaigle…, ricane-t-il doucement. Toujours à chercher des héros dignes de leurs livres…
— Peut-être, mais en tout cas j'adore quand elle m'appelle « mon héros » ! souris-je en coin tout en haussant les sourcils de manière suggestive.
Oh bon sang oui, j'ai vraiment adoré cette soirée-là… ça a très certainement été l'une des premières fois où je l'entendais rire pour de vrai depuis le début de l'année scolaire, et ça a aussi été la première fois où elle n'a pas demandé pardon à son Serdaigle juste avant de jouir…
Bon sang… Quelle nuit inoubliable… Pas tant dans ses performances artistiques que dans le fait que, pour une fois, je n'avais pas cette impression étrange de faire ménage à trois avec ce cher Enthwistle…
— Garde tes idées libidineuses pour ta Serdaigle, tu me feras plaisir ! grimace fortement Severus.
Me prend-il pour le dernier des abrutis ? J'ai peut-être été assez con pour suivre à la lettre toutes les doctrines de Lucius, mais j'ai encore un peu d'estime pour moi-même, tout de même ! Et je ne suis pas aveugle non plus !
— Tu crois que je suis assez stupide pour ne pas me douter de ce qu'il s'est passé dans cet appartement le soir de Yule ? fais-je, retenant très fortement mon envie de vomir rien qu'à l'idée. Je suis ton fils, pas le jumeau de Weasmoche !
— Drago !
Ah, voilà ! Là, je le reconnais ! Là, je retrouve le Severus qui m'a expliqué, quand j'avais dix ans, qu'il était normal d'avoir une érection !
Je ne sais pas lequel de nous deux a été le plus gêné par cette conversation, mais si j'en juge l'extrême pâleur qu'il a démontrée ce jour-là, je crois que ce moment en particulier restera dans les annales comme celui où j'ai appris que le grand Severus Rogue lui aussi sait être mis mal à l'aise par les questions gênantes d'un enfant en bas âge !
— Quoi ? levé-je les yeux au ciel, assez amusé, je dois le reconnaître. Je n'ai plus cinq ans ! Je sais très bien que les bébés ne viennent pas des licornes, et je me doute bien que plus de vingt-cinq ans de frustration sexuelle ne doivent pas s'évacuer comme par magie dans le siphon de la douche !
Par Merlin ! Ce que c'est bon de savoir que l'on a toujours ce pouvoir incroyable que si peu de personnes ont en leur possession ! Même en tant que fantôme, il parvient à faire blanchir sa peau, et pour un peu, je remercierais sa mort, parce que je sais qu'il pourrait me maudire sur dix générations pour le mettre dans cet état d'embarras profond !
— Crois-moi, ce que je fais avec Padma, ça doit sûrement être tout aussi répréhensible que ce que tu as fait avec ma mère cette nuit-là ! Et dans ma grande générosité, je vais passer sur cet écart de conduite ! Mais respecte ma mère, la prochaine fois !
Je crois que je ne me suis pas amusé à ce point-là depuis une éternité, et je dois bien avouer que ça me met vraiment de très bonne humeur de savoir que je parviens toujours à mettre quelqu'un de si mauvais poils !
Peut-être que si je cherche bien, je pourrai même trouver Weasmoche et lui faire savoir que Drago – peu importe son nom – IS BACK ! Ce rouquin de malheur a vraiment trop pris la grosse tête depuis quelque temps ! Heureusement que Granger et ses problèmes menstruels font à eux seuls drastiquement baisser toutes possibilités de rencontres fortuites entre nous !
Mais il faut dire que, en colère ou frustrée, la Granger a vraiment le don de foutre les jetons à tout un chacun… Pire même ! Elle en est redevenue violente ! La semaine dernière, elle a même osé me mettre un coup de poing comme en troisième, mais cette fois-ci en plein hall d'entrée !
Elle ne doit le fait que je ne sois pas parti en guerre contre elle que parce que Padma a été bien assez charitable pour accepter de faire consciencieusement baisser mon niveau de furie à coups de reins bien placés ! Du coup, l'ancienne classe de McGo y est passée, elle aussi…
Comme quoi, tout lieu de savoir est bon à visiter ! Mais vu ce qu'il s'y est passé, cette salle, tout comme les placards à balais de Rusard, ne pourra plus jamais être considérée comme vénérable par quiconque en ma présence !
— Trop aimable de ta part, mais j'ai quarante ans, je peux encore mener ma vie, ou même ma mort, comme je l'entends, Drago, merci bien ! renifle-t-il de mépris.
Finalement, j'ai pris ma décision ! Weasmoche peut bien aller crever ou se plaindre de ses problèmes existentiels, j'ai une Serdaigle à la poitrine magnifique à aller visiter, et je crois bien que l'ancienne salle de potions a besoin d'un petit coup de neuf !
— Et évite de penser à des choses salaces quand tu es avec elle ! ricané-je en me détournant, fier de ma décision. C'est de ma mère dont il est question, pas l'une des prostituées de l'Allée des Embrumes !
Le tableau se referme sur son cri outré qui résonne comme une merveilleuse musique à mes oreilles. Finalement, ma petite indoue avait raison, cette discussion m'a fait le plus grand bien, et dans toute ma générosité, je compte bien la remercier à la hauteur de ce qu'elle a provoqué !
CW/HG * SDD * HG/CW
Charlie
— Elle m'a menacé de me couper les couilles avec un couteau en plastique si je continuais de regarder dans le vide alors qu'elle m'expliquait un point simple de l'arithmancie à ses yeux ! s'égosille Dennis.
Je n'ai aucune putain de foutue idée de comment une telle idée peut lui être venue en tête, mais je suis presque sûr que l'émasculation grâce à ce procédé doit être affreusement douloureux, et que le proposer à un homme qui vient à peine de découvrir à quoi peuvent bien servir des organes génitaux est une autre forme de torture !
— Elle a transformé mes habits en une couche pour bébé, avec la tétine qui va avec, sous prétexte qu'ainsi « j'aurais une vraie raison de bavé sur Daphnée » ! grimace Neville en mimant ses propos par des guillemets aériens.
— Dis-toi que l'expérience a été aussi dérangeante pour toi que pour les personnes qui ont pu te voir si peu vêtu, Londubat, soupire Théo.
— Tu veux que je lui dise que tu l'as traité de folle à lier frigide, de garce froide et sans cœur, hier soir ? susurre froidement l'ancien Gryffondor.
— Fais gaffe, le préviens Blaise. Elle a un crochet du droit qui fait vraiment mal…
Affalés tous les trois sur le canapé de la salle commune des professeurs, le métis avec une poche à glace sur le nez, Neville avec un air horrifié et Nott plus grimaçant que jamais, ils ont vraiment l'air au bout du rouleau. Mais ce n'est rien comparé à la furie qui passe le portrait, ses cheveux noirs volant dans son sillage.
— Je me fous parfaitement de ce que tu feras, je me tape totalement des moyens que tu mettras en œuvre pour le faire, je n'en ai rien à faire que tu trouves le procédé révoltant, humiliant ou je ne sais quoi encore, susurre vicieusement Pansy, mais tu vas me faire le plaisir de prendre tes couilles dans tes mains et aller calmer la garce qui te sert de femme, sinon je peux te jurer que, professeur ou non, je te ferais la peau, Weasley !
Je suppose que je dois simplement me sentir chanceux que Drago ne soit pas là ce soir, sinon la diva des huitième m'aurait sûrement fait la peau…
Il faut dire que ce coup de poing magistral en plein hall d'entrée qu'elle lui a donné a vraiment été un spectacle en soi ! Je ne sais pas comment elle est parvenue à un tel prodige, mais il a littéralement volé au travers de la pièce…
— Ah, Charlie ! Tu es là ! J'ai besoin de te parler en privé tout de suite !
Et bien sûr, quand l'on a l'impression qu'une situation ne pourrait pas être pire, comptez sur Katya Sermirov pour vous faire comprendre à quel point la divination est un art qui se perd…
— Ce n'est pas le moment, là, Kat, soupiré-je en me prenant le visage entre les mains.
— Ce que tu n'as pas l'impression de comprendre, mon cher, c'est que je ne te laisse pas le choix ! gronde-t-elle. Tu vas lever ton cul de ce fauteuil, et tu vas me suivre immédiatement dans ta chambre, sinon je peux te jurer par Morgan que je te ferais regretter le sortilège de découpe que ta timbrée de femme m'a envoyé pendant le cours cet après-midi !
Putain mais cette journée n'en finira-t-elle donc jamais ? Combien de personnes vont-elles encore venir se plaindre auprès de moi pour une chose qui n'est pas de mon ressort ? Combien de personnes vont encore croire que je puisse faire quoi que ce soit pour assainir les relations que ma sorcière a avec l'entièreté du château, il semblerait ?
J'ai bien conscience d'avoir réagi comme un con égoïste, il y a trois semaines, j'ai compris à quel point j'ai bien pu me fourvoyer lorsque Harry a envoyé Severus pour m'expliquer clairement la situation… Mais à quoi pouvaient-ils s'attendre, tous autant qu'ils étaient ?
— Bouge-toi, Cha ! s'impatiente Katya. Je ne vais pas passer ma vie à attendre que tu daignes sortir de tes pensées foireuses !
— Tu permets, Sermirov ? grimace Pansy. Nous étions là d'abord !
— Oh ! Tu m'en vois navrée, Parkinson ! ricane-t-elle en levant les yeux au ciel. Je l'ai vu nu, j'ai donc la priorité.
— J'ai moi-même eu le malheur de te voir nue plusieurs fois, et crois-moi, ce n'est pas une tâche que j'aimerais reproduire de sitôt !
— Stop ! soupiré-je, retenant une grimace de lassitude. Suis-moi, Katya, allons parler.
— Le cul mène à tout, Parkinson, tu devrais y penser, sourit-elle vicieusement.
J'attrape vivement Katya par le poignet pour la tirer en direction des dortoirs, évitant ainsi à la furie brune de se sentir obligée de sortir sa baguette pour lui jeter tous les sortilèges de son répertoire qui, je le sais, est tout aussi vicieux qu'elle, étonnement !
Reprendre le chemin de ma chambre avec elle me laisse vraiment une impression étrange. Comme si je trompais ma femme… Bon sang, cette expérience nous aura vraiment tous retourné le cerveau…
Enfin, au moins, il est sorti quelque chose de positif de tout cela, puisque de nombreux couples en sont ressortis plus forts, et que, pour certains comme Susan et Théo, c'est une forte relation d'amitié qui a émergé.
— Tu veux bien arrêter de ruminer tes idées noires plus de trente secondes, s'il te plaît ? grimace Kat. Tu me files le cafard…
Je n'ai même pas pris compte que nous étions dans ma chambre, ni même qu'elle était toujours à l'entrée de celle-ci alors que je me suis assis contre la tête de lit, les genoux repliés contre mon torse. Définitivement, ce genre de situation est vraiment inédite entre nous !
En temps normal, soit nous serions en train de nous engueuler à propos d'Hermione, soit nous serions déjà nus et sauvagement en train de coucher ensemble… Vraiment, les choses ont bien changé depuis que cette expérience a eu lieu…
En un sens, c'est vrai, je préfère vraiment notre relation telle qu'elle est désormais. Certes, nous ne nous voyons plus autant qu'avant, puisqu'elle a décidé de garder la cabane de Hagrid comme lieu de vie, ce que Minerva a accepté de bon cœur, mais je dois dire que j'apprécie d'aller y faire un tour, après le travail, pour pouvoir discuter quelques minutes avec elle.
Il est vrai que, les premiers temps, ça a été bizarre de me retrouver en sa présence sans qu'on ne se jette sauvagement l'un sur l'autre comme avant. Mais je dois dire que grâce à ça, j'ai découvert une autre facette de Kat que je ne connaissais pas : elle est plus empathique que je ne le serais jamais.
Je sais, c'est fou, surtout lorsque l'on voit de quelle manière elle a traité ses élèves, et même moi, certaines fois, les premiers mois qu'elle a passé à Poudlard. Mais parallèlement à ça, je dois dire qu'elle a vraiment été de bon conseil en ce qui concerne tout le reste…
— Bon, qu'as-tu fait, cette fois-ci ? soupire-t-elle en venant s'asseoir au bout du lit.
Ça aussi, ça me fait bizarre… Ai-je perdu tout mon sex-appeal pour que maintenant, elle ne tente même plus de me sauter dessus ?
— Qui te dit que c'est moi qui ai fait quelque chose de mal ? froncé-je les sourcils.
— Je vais t'expliquer une chose primordiale en ce qui concerne les relations entre femmes, Charlie, lève-t-elle les yeux au ciel. Je couche avec toi, elle me lance un sort. Je lui en lance un en représailles, elle couche avec toi. Point. Pourtant, cette fois-ci, je sais pertinemment que je n'ai pas couché avec toi, et je me suis quand même pris un sort dans la gueule en plein cours, alors excuse-moi de t'emmerder avec ça, mais qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'elle pète un plomb à ce point, la petite Granger ? Tu lui as volé son goûter ?
— Elle a perdu le bébé…
Voilà très exactement LA chose que je ne voulais jamais lui dire, ni même dire à qui que ce soit. Pas parce que je n'ai pas confiance en elle, après tout, nous avons passé deux ans à soigner des dragons ensemble, et s'il n'y a pas une certaine forme de relation de confiance entre deux dresseurs, la mort est la seule issue. Non, c'est pour autre chose.
Lui dire, c'est mettre des mots sur une chose que je n'accepte pas. Certes, j'avais plutôt bien intégré le fait d'être le « père » de Diana durant un mois, et je crois même que j'ai plutôt bien géré cette peur. Mais là…
Là, c'était tout autre. Là, ce n'était pas uniquement pour une expérience. Cette fois-ci, c'était vraiment moi qui l'avais mise enceinte. C'était vraiment notre enfant qu'elle a dû pleurer pendant des heures quand elle a appris qu'il était mort. Et ça me fout une trouille bleue.
J'ai peur parce que pendant que Severus m'annonçait la nouvelle, je pouvais sentir la douleur, la détresse, l'angoisse et l'agonie que ressentait Hermione, à travers notre lien. Je sentais que, même si elle ne se savait pas enceinte à ce moment-là, elle s'est attachée à cet enfant. Et encore une fois, elle a perdu un être qui aurait pu former sa famille.
Et j'ai eu mal pour elle, comme rarement je n'ai eu mal dans ma vie. Cette fois-ci, ce n'était ni un parent, ni même un ami proche qu'elle perdait. Cette fois-ci, c'était un petit être innocent, qui n'avait rien demandé à personne. Un être qu'elle a aimé à l'instant même où elle a su qu'il grandissait en elle. Ou plutôt qu'il ne grandirait plus jamais en elle…
C'était stupide et je m'en veux, mais j'ai fait la première chose qui me soit passée par la tête, lorsque Severus est reparti pour Poudlard : j'ai fui.
J'ai pris la poudre de cheminette, j'ai crié le nom de la réserve, et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, j'étais déjà sur le dos de Veyser et je fendais les airs. Tout pour oublier que, comme un con, je me suis laissé avoir par Circé, et que j'ai oublié qu'aucun sort contraceptif ne fonctionnait durant une transformation en Dame Dragon.
Pendant une semaine, je n'ai fait que ça. Fuir, fuir le plus loin possible pour ne pas entendre cette phrase encore et encore dans ma tête, celle où Severus m'annonce que ce n'est pas elle qui est morte, mais notre bébé.
Et puis il a fallu revenir à la vie réelle, retrouver les problèmes tout aussi intacts que lorsque les ailes de Veyser m'ont emporté au loin, affronter les conséquences de mon départ brutal.
Le coup de poing de Fred ne m'a pas surpris. Celui de George oui. Le sort cuisant de Harry m'a presque fait du bien. La gifle de Fleur m'a mis les larmes aux yeux. Le reniflement dégoûté de Bill m'a mis à genoux.
Mais rien n'a été comparable à ce que j'ai ressenti, lorsque j'ai vu que la porte de notre appartement me restait, dorénavant, close. Elle ne voulait plus de moi pour avancer. Cette fois-ci, sans même que je ne la voie, elle m'a mis à terre.
J'ai eu beau tenter de la trouver dans les couloirs, essayer de croiser son regard durant les repas, la coincer quelque part pour pouvoir parler, en vain. Elle m'est définitivement fermée depuis des semaines.
— Par un bébé tu veux dire…, souffle Kat, me ramenant au présent.
— Je ne m'y connais pas trop en fœtus humain, mais je suppose qu'il devait faire environ la taille d'une larme de dragon, ricané-je amèrement.
Il ne m'a fallu que quelques minutes pour réussir à comprendre ce que Circé nous avait prédit. Lui reprendre quelque chose dont elle était sûre qu'il ne lui manquerait pas. Un bébé. C'est ça qu'elle lui a pris. C'est ça qu'elle nous a pris.
Amèrement, je sens les larmes traîtresses vouloir affluer dans mes yeux, menaçant à chaque instant de vouloir se déverser, mais je ne peux pas. Je n'ai pas le droit de pleurer pour cet enfant qui ne verra jamais le jour.
— Charlie, je…
— Ne le dis pas, l'arrêté-je, secouant douloureusement la tête. Juste, s'il te plaît, ne le dis pas…
Non, me dire qu'elle est désolée ne m'aidera pas. Me dire qu'elle s'en veut pour la manière dont elle a traité Hermione ces derniers jours n'aidera personne, encore une fois, et ça, c'est bien malheureux…
Parce que ma femme me manque, sentir ses pieds froids contre mes mollets quand elle venait me rejoindre la nuit me manque, sentir le poids rassurant de sa tête contre mon torse le matin me manque… Merde ! Même ses plats immangeables me manquent !
— Comment vas-tu ? chuchote Kat en me prenant la main, une moue peinée sur le visage.
Perfidement, je fais naviguer une partie de ma magie entre nos deux mains, pour qu'elle puisse ressentir l'état émotionnel dans lequel je suis en ce moment. Son souffle se bloque avant de devenir erratique, ses yeux s'écarquillent de choc et se mettent à pleurer douloureusement.
Je crois que c'est en ça, que cette situation a tout d'inédit. Parce que c'est la première fois, en plus de deux ans que je la connais, où je peux la voir comme une femme capable de pleurer, d'être sujette à des émotions douloureuses.
Lentement, je fais revenir ma magie jusque dans mon corps, la barricadant en moi pour éviter qu'elle ne s'échappe à nouveau, comme ce jour-là, dans la salle de quarantaine.
— Je me sens à peu près comme ça à chaque instant depuis Noël, soufflé-je dépité.
— Je crois que je comprends mieux pourquoi elle a l'air si… Quel est le mot qu'emploient les Moldus déjà ? Kamikaze, c'est ça ?
Je n'en ai foutrement aucune putain d'idée, mais si ça signifie vouloir se mettre dans tous les problèmes, déclencher des bagarres à tour de bras – plus en une seule semaine que Ron en un mois, ce qui relève du record à mes yeux – faire pleurer quelques première année, mettre plus de T aux devoirs de ses élèves que Severus face à une classe de Gryffondor ou donner des coups de poing à tout va, alors je suppose que kamikaze est en effet le bon terme…
— Cha, si toi tu te sens comme ça, imagine comment, elle, elle se sent ! s'agace-t-elle.
Suis-je passée, sans que je ne m'en rende compte, dans une dimension parallèle ? Depuis quand Katya – la salope sans cœur – Sermirov se met-elle à éprouver de la peine ou même de l'empathie pour ma femme ?
— Ne te méprends pas ! me détrompe-t-elle immédiatement, son nez plissé de dédain. Je n'ai aucune once de pitié en moi pour elle, mais en tant que femme, je sais parfaitement que je serais à deux doigts de craquer et commettre un meurtre si une telle chose se produisait.
Merlin merci, je n'aurais pas su gérer une Kat sentimentale, je crois ! Ce genre de chose se doit de rester aussi rare que l'apparition d'un Ronflak Cornu !
Mais dans le fond, elle a raison. Si moi je me sens à ce point mal, avec l'envie de chialer comme un gosse à chaque fois que j'aperçois sa touffe de cheveux bruns, l'impression d'être le pire bâtard de l'univers pour être parti sans la soutenir et incapable de me regarder en face depuis des jours, ça doit être bien pire pour elle…
— Qu'est-ce que je dois faire, Kat ? soupiré-je. Dis-moi ce qu'elle veut que je fasse ! Je n'en ai aucune idée…
— Essaye de parler avec elle déjà, ça peut peut-être aider !
— Elle a bloqué mon accès à l'appartement…
— Offre-lui des fleurs avec une carte, hausse-t-elle une épaule.
— Je veux m'excuser, pas devenir niais à souhait ! grogné-je.
— Ce que tu n'as pas l'air de comprendre, mon grand, c'est qu'il va te falloir sortir de ta zone de confort si tu veux l'aider à remonter la pente ! Et si j'étais toi, je me presserais de le faire, parce que Rogue et McGonagall menacent de lui retirer son poste de professeur et la renvoyer de Poudlard si elle continue à agir comme elle le fait en ce moment !
Putain ! Je savais que j'aurais mieux fait de rester dans ma réserve en Roumanie quand la directrice m'a proposé le poste vacant de Hagrid ! Mais non ! Il a fallu que je sois plus con que jamais en acceptant !
Pourtant, je sais que je suis de mauvaise foi en disant ça. Ou peut-être simplement déçu, blessé et triste. Parce que, en toute honnêteté, je ne me suis jamais autant amusé que depuis que je suis revenu ici.
Certes, être professeur n'a jamais été l'une des carrières vers lesquelles je me dirigeais, mais je me suis vu apprendre à aimer ce que je faisais, à apprécier de travailler avec d'autres animaux que les dragons.
Mais c'est surtout le fait de pouvoir être proche de ma famille, pouvoir les voir évoluer et devenir de vrais adultes, qui me plaît. C'est vrai ça ! Si j'étais resté dans ma réserve, combien de chances y aurait-il eues pour que je sache les histoires démentielles que doit subir Bill quand Fleur est en période d'ovulation ?
Combien de chances aurais-je eu de savoir que Fred est finalement parvenu à toucher son rêve du bout du doigt, et qu'il s'y accroche désespérément maintenant ?
Combien de chances de voir, pour la première fois de ma vie, George ramer comme un fou pour qu'une fille accepte un rencard avec lui ?
Combien de chances pour avoir la possibilité d'être présent, le jour où mon petit frère deviendra papa ? En toute honnêteté, je sais que sans ce poste, je n'en aurais pas eu une seule. Parce que j'ai beau les aimer, j'aime tout autant mon indépendance, si ce n'est plus quelques fois. Et puis il y a elle…
Bon sang… Jamais je n'aurais pu imaginer que je me prenne tant à ce jeu entre nous, à ce simulacre de relation que nous entretenons – avons entretenu – depuis ce midi où elle a joué avec son pied sur mes boules, au square…
Il est vrai qu'entre nous, rien n'a jamais été rose, et très sincèrement, je crois que cette année, nous avons atteint un nouveau summum en ce qui concerne les armes pour blesser l'autre. Mais paradoxalement, elle m'a aidé à comprendre pourquoi la séparation avec ma réserve ne m'était pas si dure.
Pourtant, nous en avons vécu des choses, depuis ce midi-là jusqu'à ce jour où j'ai bien cru qu'elle était morte, au Terrier.
Que ce soient les transformations en Dame Dragon, les coups bas, les insultes, les sorts, les parties de jambes en l'air à toute heure du jour ou de la nuit, et même le rituel à Gringotts, elle a tout affronté la tête haute, sans jamais se plaindre, sans jamais baisser les bras ou même attenter à sa vie.
Non, c'est faux… Une fois, elle a tenté de le faire, même si elle ne s'en est pas rendu compte. Une fois j'ai dû aller la récupérer jusque dans son esprit parce qu'elle venait d'apprendre la mort de ses parents. Ça a été l'une des deux fois où je l'ai vu rendre les armes. Là, et durant ce rêve où elle épousait Ron.
— J'ai trouvé ! crié-je en me levant d'un bond, ne prenant pas garde à Kat, perdue dans ses pensées elle aussi.
— Trouver quoi ? fronce-t-elle les sourcils.
— Le moyen de la ramener à la maison !
Si elle ne comprend pas un traître mot de ce que je raconte, pour ma part, en tout cas, je suis déjà en train de courir dans le couloir des dortoirs, ne m'arrêtant que lorsque je trouve la touffe ébouriffée des cheveux de Harry, assis entre Padma et Pansy.
— Potter ! l'apostrophé-je. Quel est le mot de passe des appartements de ma femme ?
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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la seconde partie du chapitre 27 !
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Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
