Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur

la seconde partie du chapitre vingt-huit du Souffle Du Dragon !

Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !

Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.

Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…

À l'attention de Dramionymus et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court !

Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !


*** Bonne lecture ! ***


Précédemment dans le Souffle Du Dragon :

Chapitre 25 : Le don de soi

— Je ne peux pas faire ça, Charlie, souffle-t-elle, la gorge obstruée par les sanglots contenus. Je ne peux pas faire ce rituel ! Imagine que je me trompe ! Que se passera-t-il si je me trompe ? Merde, Charlie ! Je ne peux pas jouer l'avenir du monde à pile ou face ! Nous venons de terminer une guerre, je ne peux pas en déclencher une nouvelle sous prétexte que je ne suis pas assez forte, ni même assez puissante !

Je trouve que pour une femme dont tous les boucliers d'occlumancie ont chuté, dont toutes les émotions sont à fleur de peau et dont les hormones doivent la mettre au supplice en ce moment, elle arrive à garder une emprise assez impressionnante sur ce qu'elle ressent !

— Ça n'arrivera pas ! affirme-t-il, un sourire dans la voix.

— Comment peux-tu en être aussi sûr ? souffle-t-elle.

Bon sang ! Ne se rendent-ils pas compte à quel point tout, des émotions qui naviguent entre eux, jusqu'à la main de la sorcière qui se resserre fortement sur ses doigts, en passant par l'espoir qu'elle véhicule dans son ton, montre toute l'étendue de leur relation ?

Ils ont une confiance si accrue l'un en l'autre, un abandon si palpable lorsqu'il est question de son vis-à-vis, qu'il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'ils s'aiment ! À ce point-là, il n'est même plus question d'un simple désir, une simple attraction, comme cet été. Non, cette fois-ci, ils ont vraiment sauté du Magyar en vol…

— J'en suis sûr parce que tu es Hermione Granger, sourit-il, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. J'en suis sûr parce que tu n'échoues jamais. Pas lorsque la vie de Harry pourrait être menacée.

— Et si je faisais quand même une erreur ? chuchote-t-elle.

Parfois, ça en devient presque obscène de les voir interagir l'un avec l'autre. Elle a tellement de retenue, de force, et elle véhicule tellement d'espoir, que ce soit à nos générations ou à celles qui viennent d'entrer à Poudlard, que de voir qu'il n'y a que lui qui sache comment lui parler et la remettre debout, lui insuffler de la confiance et de la vaillance, me trouble profondément.

Parce que ce Charlie-là, même avec Tonks, je ne l'ai jamais vu agir de la sorte. Il n'y a qu'avec elle, que pour elle, qu'il laisse totalement tomber le masque. Avec elle, il est simplement Charlie, le gamin qui adore les dragons plus que tout, qui ferait tout pour la famille et celui qui s'est montré assez faible mentalement pour fuir en Roumanie.

Pas un dragonnier, juste un homme. Pas un ressortissant slave, juste Charlie. C'est comme si, à chaque fois qu'ils étaient ensemble, ils étaient à nu, à vif, dans l'attente du baume réparateur que sont les caresses ou les sorts entre eux.

— Alors je te rattraperais ! affirme-t-il en soufflant. Toi et moi, bébé, nous serons côte à côte, ou bien face à face pour l'éternité. Tu es condamnée à devoir me supporter à perpétuité.

— Je suppose que ça fait de moi une Charliette ? rit-elle en haussant un sourcil narquois.

— Absolument ! hoche-t-il la tête, perdant tout son sérieux. Tu peux te mettre à genoux et embrasser ma bague !

— Tu sais bien que, si je me mets à genoux, ce n'est pas ta bague que j'embrasserais, Charlie, susurre-t-elle.

Quand je disais que de les voir évoluer entre eux était obscène… Mais au moins, ça aura eu le mérite de faire drastiquement chuter la terreur de la petite Miss Granger, et redonner ce sourire insolent à Charlie qu'il ne semble réserver qu'à elle !

— Tu joues avec le feu, chérie, sourit-il en coin, lui prenant la main pour retourner au milieu de l'enchevêtrement de cercles.

Ces deux-là ont à peu près autant d'endurance que ma femme en période de rut ou lorsqu'elle veut plus que tout un bébé… Bon sang ! Il lui en a fallu, des lessives à Fleur, pour que leurs deux odeurs s'en aillent des draps, après ces deux semaines de vacances. Et encore ! Finalement, pour plus de sécurité, j'ai préféré les brûler. Mon loup a décidément un odorat bien trop développé…

— Avant que tout ça ne commence, fait-elle en se tournant vers lui, un sourire aux lèvres alors que Gripsec peint sur son bras une première rune, ou que tout prenne fin, je voulais te dire…

— Tu ne diras rien du tout maintenant, Granger ! gronde-t-il, se forçant à rester immobile pour qu'un autre gobelin trace le symbole sur son poignet.

— Mais c'est important ! s'énerve-t-elle, les sourcils froncés.

— Alors ne fait pas comme s'il s'agissait de tes dernières volontés, par Merlin ! Nous n'allons pas mourir, tu m'entends ? se détourne-t-il de la créature pour attraper la main de sa femme.

— Et si c'était le cas ? souffle-t-elle en plongeant son regard dans le sien.

— Tu n'as pas intérêt à mourir, Granger, chuchote-t-il, la voix serrée. Je n'ai toujours pas eu droit à ma première danse, et je refuse de me faire poser un lapin par ma cavalière le soir du bal.

Bordel ! Il y a tellement de douleur et de tristesse dans sa voix… Si j'avais encore le moindre doute quant au fait qu'il soit vraiment mordu de sa petite sorcière aux cheveux crépus, je n'en ai plus un seul lorsqu'il relève les yeux vers moi…

Il n'y a pas de mot pour décrire la profondeur de sa détresse, l'immensité de la souffrance qu'il ressent à l'idée qu'elle puisse nous quitter, et plus encore, le quitter lui.

— Ce n'est pas vraiment une façon très conventionnelle de me demander d'être ta cavalière, ça, sourit-elle au travers de ses larmes, la tête profondément enfoncée dans sa robe de cérémonie.

— Que voudrais-tu, dans ce cas ? hausse-t-il un sourcil en se reculant d'un pas.

— Le grand jeu, bien sûr ! s'amuse-t-elle, se donnant un air similaire à celui de Drago dans ses plus grands jours.

L'étincelle de malice, que j'ai si souvent vue dans le regard des jumeaux lorsqu'ils préparent une farce de leur cru, s'allume immédiatement dans les yeux de Charlie. Souriant en coin, lui tenant toujours la main, il pose un genou à terre, se lançant dans du grand Weasley.

— Hermione Jean Granger, ma déesse, ma femme, ma belle, susurre-t-il en lui envoyant un regard joueur. De toutes les femmes, sorcières ou créatures magiques peuplant cette planète, je te le demande humblement, à genoux devant toi : veux-tu m'accompagner, ce soir, à ce bal de Yule, faire de moi le sorcier le plus possessif de la soirée, et très certainement le plus fier d'avoir une femme telle que toi à mon bras ?

Parfois, je me demande vraiment s'il a conscience de flirter un peu trop avec le côté dangereux de la situation. Ni l'un, ni l'autre, n'est prêt à s'avouer qu'il est désespérément amoureux de l'autre, et pourtant, il n'a aucun mal à tourner une banale demande pour l'accompagner à un bal en un simulacre de demande en mariage… Certaines fois, mon propre frère me désespère…

— Je suppose qu'encore une fois, je n'aurais droit ni à mes fleurs, ni à mes bougies, ni au reste, n'est-ce pas ? s'amuse-t-elle visiblement.

— Je peux t'offrir mon corps en compensation ! hausse-t-il les épaules, souriant en coin.

— Là, je te reconnais bien ! ricane-t-elle en retrouvant rapidement son sérieux et un sourire doux. Ce sera avec plaisir, Charlie. Je te rejoindrais dans la Grande Salle pour vingt heures.

— Une chance pour moi que Fleur m'ait forcé à m'acheter un costume ! grimace-t-il en se relevant. Parfois, je pense qu'elle a des dons de voyance !

— Je crois que tu n'es pas loin de la vérité, fait-elle en laissant Gripsec reprendre les runes sur ses bras.

[...]

— Hermione ? l'appelle doucement Charlie en se tournant vers elle douloureusement. Tu vas bien ?

— J'ai mal…, gémit-elle, les larmes aux yeux. J'ai l'impression qu'un million de poignards sont en train de me déchirer de part en part et je sais que toi aussi. Je suis tellement désolée, Charlie…

— Que disent les moldus, déjà, lorsqu'ils se marient ? fronce-t-il les sourcils, attrapant doucement sa main.

— Les vœux ? demande-t-elle en se coulant dans son étreinte.

— Non, ce que dit le mage, secoue-t-il la tête. Un truc avec des riches et des pauvres.

— Dans la richesse comme dans la pauvreté, souffle-t-elle en levant les yeux vers lui. Dans la santé comme dans la maladie. Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Elle a l'air si fragile, et en même temps si serein de le voir à ses côtés dans ce qui pourrait être leurs derniers instants sur Terre, que ma gorge se serre douloureusement.

Merde… Même une larme m'échappe lorsqu'ils posent leurs fronts l'un contre l'autre, une main sur la joue de son vis-à-vis, un sourire d'une douceur incroyable sur le visage. À les voir, on ne pourrait croire que la mort est à leur porte. Merlin… Ils semblent si amoureux et si confiants…

— Merci d'avoir été un aussi bon ennemi, Charlie, souffle-t-elle en effleurant ses lèvres des siennes. Merci de m'avoir donné le meilleur et le pire de toi.

— Ce sont encore des adieux, ça, bébé, chuchote-t-il en resserrant son front contre le sien, effaçant une larme sur sa joue tandis que les spasmes d'Hermione se font de plus en plus violents.

— C'est simplement ma manière de te remercier pour tout, bébé, sourit-elle douloureusement, la voix de plus en plus faible. On se retrouve de l'autre côté ?

— Je t'ai promis de toujours te ramener à la maison, chérie, chuchote-t-il en pressant leurs lèvres ensemble. Attends-moi là-bas. J'arrive pour toi.

[...]

— Je ne suis pas jalouse, Weasley ! grogné-je en tentant de me défaire de son étreinte.

— Oh si, tu l'es, chuchote-t-il en embrassant la peau de mon cou. Et tu sais à quel point j'adore te mettre dans cet état.

Mon corps qui, auparavant, tentait de réguler ma fureur, se débat maintenant avec une envie puissante, féroce, de pouvoir le sentir me toucher, me caresser, m'embrasser et coucher avec lui. Putain… J'ai vraiment un problème…

Jamais, pas même avec Ron, je n'ai eu ce besoin constant de sa présence, de sa peau contre la mienne ou même ce désir si puissant qui me vrille le corps… Il n'y a que lui qui me fasse cet effet, et c'est vraiment très dérangeant pour moi…

— Tonks, chuchoté-je.

C'est un coup bas de ma part, mais très certainement la dernière ligne de défense qu'il me reste avant de céder à mes pulsions… Cependant, l'effet est immédiat ! Il se recule directement de quelques pas, le visage fermé et la tête basse.

Le plus triste dans tout ça, c'est que je sens mon cœur se déchirer en le voyant s'éloigner de moi. Cette déchirure, cette douleur que je ressens au fond de moi me fait un mal de chien, me coupe le souffle. Est-ce qu'un jour, moi aussi, quelqu'un m'aimera assez pour avoir ce genre de sentiments que, même après la mort, Charlie semble lui porter ?

— J'en déduis que vous savez déjà lequel des deux vous voulez essayer de sauver en premier ? demande Circé en me ramenant à la situation actuelle.

Ce qui n'est pas plus mal puisque mon souffle bloqué et mes yeux embués de larmes auraient pu donner à Charlie une image bien peu reluisante de moi… Bon sang… Mais que se passe-t-il avec moi, cette année ? À croire que survivre à cette guerre n'était pas assez !

Mais je me voile la face, et je le sais très bien. Ce que je ressens, ce sont les conséquences d'avoir trop longtemps flirter sur la corde raide entre la haine et l'amour. Je l'ai haï si fort, durant tellement longtemps, que maintenant que je tombe, j'ai peur de finir amoureuse de lui. Et alors là, j'aurais vraiment tout perdu.

Parce que même si je finissais par tomber amoureuse de lui, ce qui n'est pas près d'arriver puisque son petit frère occupe toujours une place importante dans mon cœur, il n'en reste pas moins que, lui, reste fermement accroché à Tonks.

Mais peut-être est-ce ça le plus douloureux, dans toute cette histoire, et en même temps, le plus excitant. Jouer avec le feu, en profiter autant que l'expérience durera, et enfin, au terme de cette grande envolée, s'échouer lamentablement au sol parce qu'on s'est brûlé les ailes ?

Pourtant, je ne peux pas lui en vouloir de l'aimer. Elle était si vive, si belle, si brillante, si drôle, si intelligente ! Comment une personne comme moi pourrait-elle rivaliser avec une femme comme elle ?

— On sauve Tonks, chuchoté-je, la gorge nouée.

La tête de Charlie se redresse brusquement dans ma direction. Je ne sais pas ce qu'il cherche dans mon regard, mais je ne dois vraiment pas avoir très bonne mine en cet instant puisqu'il fronce les sourcils, faisant un pas dans ma direction, mais je l'arrête.

— On a tous droit à notre happy end, Charlie, soufflé-je, tentant de sourire maladroitement.

— Bébé…

La boule dans ma gorge grossit une nouvelle fois, me forçant à fermer les yeux douloureusement pour ne pas rencontrer son regard brûlant d'incompréhension et d'espoir.

— Si nous parvenons à rentrer avec elle, je t'offrirai le divorce que tu voulais, murmuré-je en levant la tête dans sa direction. Il ne tiendra plus qu'à toi de faire une déclaration d'amour enflammée à Tonks pour qu'elle accepte de t'épouser.

Et alors à ce moment-là, j'aurais tout perdu. Mon adversaire, mon amant, mon meilleur ennemi et l'homme que j'ai commencé à aimer, ces derniers mois. Celui qui m'a aidé à me relever et à me battre. Celui qui est venu me chercher même aux confins de mon esprit pour que je n'abandonne pas la lutte. Mais ça, je ne peux pas lui dire…

Pourtant, mon amie me manque, et elle lui manque à lui aussi. Viscéralement. Alors peut-être est-ce ça, mon destin : tomber amoureuse de la mauvaise personne, l'aider à trouver celle qui lui convient et repartir comme je suis venue. Une Mary Poppins des temps modernes, en somme…

— Et risquer que tu puisses mourir ? grogne-t-il en me rejoignant. Il n'en est pas question, Granger !

— Souviens-toi de sa lettre, soufflé-je en souriant douloureusement. Elle t'a dit que vous vous rencontrerez pour son anniversaire. Peut-être est-ce aujourd'hui que nous devons la sauver, et qu'il lui faudra du temps pour se remettre de ses séquelles.

— Je suis venu avec toi, et je repartirais avec toi ! gronde-t-il, m'attrapant par les épaules. Je t'ai promis de te ramener à la maison.

— Sois honnête, Charlie, chuchoté-je, de nous deux, si tu devais n'en sauver qu'une, laquelle ce serait ?

Sa réaction est si vive qu'elle me laisse pantoise quelques secondes. Ses bras se referment douloureusement autour de moi, me serrant à m'en faire mal aux côtes contre lui, avec l'énergie du désespoir, il semblerait.

— Ne me force pas à choisir, souffle-t-il, la voix enrouée de larmes. Je t'en supplie, s'il te plaît, ne me force pas à choisir entre vous deux.

Peut-être est-ce ça qui me fait le plus mal. Cette douleur poignante dans le ton de sa voix, je ne peux pas l'imaginer. Elle est si puissante, si vibrante qu'elle en devient palpable. Comme lorsqu'il a perdu le contrôle de sa magie, il y a quelques semaines, dans notre cuisine.

Mon front se colle à son torse, laissant les larmes dévaler mes joues sans honte. Je le sais, d'une certaine manière, je suis en train de lui faire mes adieux, mais je refuse de les lui faire en face. Alors, doucement, je mets mes mains sur son ventre, acceptant cette dernière étreinte.

— Pardonne-moi, chuchoté-je, la voix emplie de larmes, après quelques minutes à avoir profité de sa chaleur.

Intrigué, il desserre ses bras, me laissant juste assez d'espace pour que je puisse m'enfuir. Mais il a compris ce que j'allais faire. D'un geste vif, je tire ma baguette.

— NON ! crie-t-il. Ne fais pas…

— Petrificus Totalus, chuchoté-je en le regardant dans les yeux.

Je le vois se raidir instantanément puis tomber au sol. Son regard paraît vouloir me jeter tous les sortilèges les plus douloureux qu'il connaisse, mais je ne recule pas. Je n'en ai plus le droit. Ma décision est prise.

— Tu me promets que, si je réussis ce test, elle reviendra vivante ? soufflé-je à la Vélane.

— Oui, hoche-t-elle la tête. Je te rendrais son âme et tu pourras la faire revenir dans votre monde. C'est le pouvoir que nous détenons : celui de rendre corps à une âme sur Terre.

— Ouvre le portail, Circé, ou peu importe la manière dont tu te plais à appeler le moyen de transport jusqu'à ta fameuse épreuve, soupiré-je.

.*.*.

Chapitre 27 : Au nom du père

— Tu crois qu'on aurait été de bons parents ? chuchote-t-elle en me ramenant au présent.

Je n'avais pas conscience de m'être laissé emporter par mes divagations au point de passer mes bras autour de sa taille, mes mains posées nonchalamment sur son ventre. Un ventre qui ne grossira plus. Un ventre qui ne donnera jamais aucun coup de pied. Ou peut-être plus tard ?

— Honnêtement ? soufflé-je contre ses cheveux.

— J'aimerais beaucoup, oui, fait-elle de la même manière.

Je ne sais pas si elle a conscience d'avoir resserré sa poigne autour de mes doigts, ni même de la tension qui émane de nos deux corps réunis de cette manière-ci pour la première fois depuis des semaines, mais moi j'en ai conscience.

La dernière fois, c'était le matin de Noël, avant qu'elle ne soit trop fatiguée pour accepter d'entamer un énième round dans le lit. La dernière fois, elle avait la voix tout aussi brisée qu'en cet instant, mais pas pour les mêmes raisons. La dernière fois, elle était enceinte. Mais ce n'est plus le cas.

Alors que lui dire ? Que dois-je dire qui puisse l'aider et être en même temps la vérité ? – parce que j'ai bien conscience qu'il s'agit de la seule chose qu'elle veuille en cet instant – Je ne sais pas…

— En toute honnêteté, je pense que nous n'étions pas prêts, soupiré-je en laissant ma tête retomber contre son cou. Avoir un enfant, ce n'est pas simplement changer des couches ou lui donner à manger, c'est aussi être liés à vie, toi et moi, plus encore qu'en restant mariés. Je ne sais pas si j'aurais été capable de le faire, et je doute que, toi-même, tu l'aurais fait…

— Si, je l'aurais fait sans hésiter ! contre-t-elle en se tournant vers moi.

— Non, chérie, je te parle de rester ensemble même si on venait à se détester, même si on venait à vouloir tuer l'autre, secoué-je la tête. Ça, je n'en aurais pas été capable.

— Vouloir me tuer et me détester, ou vivre avec moi ?

Bon sang mais pourquoi ne sais-je jamais rester loin de toute dispute ou de tout type de conflit avec elle ? Je le savais, pourtant, que parler de ce genre de chose n'allait aboutir qu'à une seule alternative : mettre le feu aux poudres !

— Sois honnête avec toi-même quelques secondes, et vois la vérité en face, bébé, soupiré-je en me reculant d'un pas. Que ce soit toi ou moi, nous avons une montagne de problèmes, qu'ils soient personnels ou relationnels, à devoir gérer avant même de pouvoir envisager l'idée d'avoir un jour une famille, qu'elle soit ensemble ou séparée !

Bon sang ! Elle s'accroche à cette idée stupide d'un amour éternel avec Ron alors qu'elle ne voit même pas qu'à force de s'éloigner l'un de l'autre, ils n'ont plus rien en commun ! Pas qu'ils aient déjà eu quoi que ce soit en commun auparavant, si ce n'est Harry, bien sûr…

— Tu veux dire quoi, par là ? siffle-t-elle vicieusement.

Aïe… Ce n'est vraiment pas bon pour moi si ses yeux commencent à luire étrangement de cette manière-ci… Et je suis sûr et certain que c'est de la colère et non la réverbération des bougies dans ses prunelles…

— Je fuis toutes relations amoureuses parce que la première femme à qui j'ai déclaré mon amour m'a très clairement fait comprendre que je n'étais que son meilleur ami, voire le grand frère qu'elle n'a jamais eu, grogné-je amèrement.

— Charlie, ce n'est pas…, souffle-t-elle, gênée.

— Mais tu es pareil que moi, Hermione ! soupiré-je encore. Tu crois encore que Ron va tomber amoureux de toi après tant d'années, alors qu'il aurait très bien pu venir te voir cet été pour te déclarer son amour !

Je sens sa colère grandir en elle à mesure que sa magie se met à gronder encore une fois. Mais je refuse de baisser les bras. Pas cette fois ! Il faut qu'elle voie la vérité en face une bonne fois pour toutes, et si elle finit par me détester, et bien, je suppose que je suis habitué à cet état de fait !

— Merde ! Vous avez passé deux semaines ensemble avec Harry en Bulgarie, et tu étais toujours célibataire à ton retour ! C'est moi qui suis venu te rechercher dans ton esprit ! Moi qui t'ai fait l'amour parce que tu avais besoin qu'on te fasse sentir belle et aimée ! Moi qui t'ai tenue dans mes bras quand Diana est partie ! Moi qui suis là avec toi, pour t'aider à dire au revoir, et non lui…

J'ai la sensation d'avoir été le souffle de vent qui abat totalement son château de cartes branlant lorsqu'elle se met à respirer douloureusement, ses yeux laissant se déverser un torrent de larmes et son corps convulsant tant elle a mal. J'ai brisé cette femme. Encore une fois.

— Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire, ou non ? chuchoté-je en m'accroupissant auprès d'elle, la tenant dans mes bras.

— Il ne m'aime pas, c'est ça ? gémit-elle.

— Pas comme un homme est censé aimer une femme, et je pense qu'il finira par te faire plus de mal que de bien si tu continues de t'accrocher à lui de cette manière-là, murmuré-je, désolé.

.*.*.

— Merde, Rogue ! grogné-je en balayant les débris de verre d'un coup de baguette. Annonce-toi, la prochaine fois ! Ou bien met une clochette !

— Je suis un fantôme sombre abruti, pas une maudite vache de prairie ! siffle-t-il.

Certes, ça se tient, mais il aurait tout de même pu allumer les lumières, ou même toussoter vaguement pour faire savoir sa présence dans la pièce, nom d'un Boursouflet à poils longs ! Et je dois vraiment être épuisé pour qu'une telle injure sorte de ma bouche…

— Que fais-tu là ? soupiré-je en me servant un verre de Pur Feu maintenant que ma bouteille n'est plus.

— Je venais voir comment tu allais et si j'allais enfin pouvoir arrêter de recevoir une procession d'élèves apeurés par ta dulcinée dans mon bureau pour les avoir terrorisés, grimace-t-il.

Même s'il le cache plutôt bien, je dois le reconnaître, le regard suspect qu'il coule vers elle est plus inquiet que moralisateur. Finalement, le grand Severus Rogue a un cœur ! Comme quoi, il ne faut jamais douter de rien !

— Je pense qu'elle ira mieux, soupiré-je encore une fois en m'asseyant sur le fauteuil adjacent au canapé. Elle avait juste besoin d'évacuer le trop-plein, je suppose…

— Et toi ? hausse-t-il un sourcil en imitant ma position. Tu comptes le faire un jour ?

— De quoi ?

— Ton deuil, crétin de Gryffondor décérébré ! grogne-t-il.

Mais encore une fois, je peux sentir toute l'inquiétude qu'il ressent lorsque son regard navigue entre elle et moi, s'arrêtant quelques secondes sur ma main qui joue négligemment avec sa chevelure hirsute.

— Comme je le lui ai déjà dit, dis-je en laissant ma tête partir vers l'arrière, un jour, mais pas maintenant. Je préfère me concentrer sur ce qui peut être sauvé.

— Et toi ? Qui te sauvera ?

— Tu ne comptes pas venir me délivrer du mal sur ton cheval blanc ? ricané-je cyniquement. Voilà qui détruit tous mes plans pour un avenir radieux !

Avec beaucoup de fatigue, je redresse la tête, mon verre venant rejoindre mes lèvres assez facilement pour que je puisse en remercier Merlin. Bon sang… Cette soirée a vraiment été trop longue pour moi…

— Je suis très sérieux, Charlie, soupire-t-il en se massant l'arête du nez. Que tu veuilles l'aider, c'est charitable je suppose, mais si c'est pour te revoir dans l'état que tu étais, le jour où tu es revenu à Poudlard, crois-moi, je préfère encore te faire interner de force ! Merde ! As-tu conscience que Minerva et moi nous sommes battus contre Poppy pour qu'elle ne vienne pas te proposer cette solution-là ?

— Je ne vais pas si mal que ça, Sev ! levé-je les yeux au ciel.

— Tu te fous de moi ? siffle-t-il méchamment. Tu traînes le souvenir de Miss Tonks attaché à ton corps, tu perds le contrôle de ta magie comme un gamin de première année, tes barrières d'occlumancie doivent être plus trouées qu'un gruyère et tu as couché avec Sermirov alors que tu es marié ! Bordel, Charlie ! Réveille-toi ! Quand est-ce que tu comprendras que tu viens de toucher le fond du gouffre ?

En quelques secondes, je viens de me retrouver en première année dans sa classe, après avoir foiré lamentablement ma toute première potion et récolter le tout premier T de ma vie… Le premier d'une longue suite dans sa matière, soit dit en passant…

— Toi et Miss Granger, vous êtes pareils ! gronde-t-il. Aucun de vous deux ne veut admettre qu'il a un sérieux problème et que même avec tout le sexe que vous aurez, ça ne résoudra rien. Vous avez besoin d'être aidés par quelqu'un.

Le juge Marvel nous l'avait imposé, mais grâce à l'aide inopinée de Minerva et Severus, nous avons pu y échapper, ce qui n'était pas pour me déplaire. Mais avec le recul, je crois qu'en effet, nous en aurions eu bien besoin, même si ce n'était pas d'une thérapie de couple dont il est question, dans notre cas…

— Et qui proposes-tu ? haussé-je un sourcil sarcastique. Toi ? Ne me fais pas rire, tu ne supporterais pas de nous entendre nous plaindre durant des heures !

— J'ai donné cours à des Gryffondor et des Poufsouffle durant près de vingt ans, et Drago est mon fils, renifle-t-il. Crois-moi, des jérémiades, j'en ai entendu plus que tu ne pourrais le croire !

Pourtant, dans le ton de sa voix, on peut très clairement percevoir la fierté qu'il exprime de pouvoir dire que Drago est son fils. Bon sang… Si on m'avait dit ça un jour… Severus Rogue, papa… Putain ! J'aurais fait interner la personne en soins intensifs à Ste Mangouste !

— Vous deux, et les huitième année en général, vous devriez vraiment suivre une thérapie auprès de quelqu'un, vous savez ? soupire-t-il. Au point où vous en êtes, ce n'est plus seulement nécessaire, c'en devient vital… Si Minerva n'avait pas croisé Potter dans les couloirs tout à l'heure lorsque les détecteurs de magie se sont enclenchés, de même que celle d'un portoloin, vous auriez été bons pour un sermon de plusieurs heures de sa part…

— Alors que proposes-tu ?

Je suis tellement fatigué… J'aimerais tellement pouvoir transformer le canapé en un lit et pouvoir m'allonger pour profiter de quelques heures de paix et d'une certaine forme de sérénité. Mais ce ne sera pas possible tant qu'il n'aura pas obtenu gain de cause, et ça, je le sais très bien…

Mais son inquiétude et sa tristesse me mettent mal à l'aise. Rarement j'ai pu le voir exprimer tant de regrets, tant de peines à voir l'état dans lequel notre génération est en train de s'enfoncer…

— Quand ta femme a fait placer Gregory Goyle en service fermé, j'ai pris contact avec sa thérapeute, pour pouvoir m'assurer qu'elle faisait du bon travail, commence-t-il calmement. À l'heure d'aujourd'hui, il va un peu mieux, accepte de s'ouvrir un peu plus au reste du monde, mais il ne se sent pas encore prêt à affronter tout le reste, et d'après elle, ça va mettre encore un moment avant qu'il n'accepte la mort de monsieur Crabbe.

— Tu crois que ça pourrait l'aider ? soufflé-je, incapable de refréner l'élan d'espoir qui grandit en moi.

— Si ça n'avait tenu qu'à moi, je vous aurais tous envoyé chez elle une fois que j'ai été sûr qu'elle respectait le secret médical autant que toi tu le fais avec tes dragons, rechigne-t-il. Mais tu connais la loi…

— Un sorcier ne peut être placé sous thérapie que s'il en demande l'accès ou si un membre de sa maison le fait pour lui, soupiré-je en me massant le visage.

— Exact…

Je sais que je pourrais l'y placer moi-même, que je pourrais demander son internement ou même simplement la forcer à suivre cette thérapie puisque je suis son mari, mais je refuse de lui enlever son libre arbitre.

Pourtant, je pense que Severus à raison. Elle en a besoin. Rien que les dernières semaines me prouvent qu'elle a besoin d'aide extérieur, d'un type d'aide que je ne peux pas lui offrir, même avec toute la bonne volonté du monde…

Mais je sais aussi que la forcer à une telle extrémité, sans même lui faire part, au préalable, de cette décision, annihilerait ce semblant de retour à la normale qu'elle nous a permis ce soir… Alors que faire ?

— Arrête de réfléchir autant, soupire-t-elle en entrouvrant légèrement les yeux. Je vais y aller, mais à une seule condition.

— Tu es réveillé depuis longtemps ? froncé-je les sourcils.

— À peu près au moment où tu as crié comme une fillette devant une araignée, grommelle-t-elle. Bon sang ! Même Penny ne crie pas aussi fort, et moi aussi je l'ai entendu appeler George, cette fois-là ! Je suis sûre que tu as même réveillé le Groenland avec ta voix de pucelle !

Note à moi-même : ne surtout jamais réveiller la lionne endormie après une journée aussi pourrie que celle que nous venons de passer…

— Quelle est votre condition, Miss Granger ? l'interrompt-il.

— Je veux que tu viennes avec moi, déclare-t-elle en vrillant son regard au mien. Tu n'es pas obligé de venir à chaque séance, ni même de parler si tu ne veux pas le faire, mais je pense que ça nous serait salutaire à tous les deux.

— Bébé…, soufflé-je.

— Vois ça comme une réunion de travail après une semaine à la réserve ! tente-t-elle de sourire.

Merde… Je peux voir qu'elle est proprement effrayée à l'idée d'aller voir cette inconnue et lui étaler ses problèmes. Elle est terrifiée de devoir l'affronter seule. Mais suis-je assez fort pour en faire de même, moi aussi ?

— D'accord, soufflé-je en fermant douloureusement les yeux. D'accord, je t'accompagnerais à la première séance, et ensuite, nous aviserons, d'accord ?

Son sourire se fait un peu moins tordu et la tension de son corps se décrispe, elle aussi,, mais la terreur est toujours là, bien tapie au fond de ses yeux.

Merci, Charlie, fait-elle de la même manière, joignant ses doigts aux miens. Merci de ne pas m'abandonner.

Et maintenant :


Chapitre 28 : Ce qui est sacré en ce monde

Hermione

Je déteste ce sentiment, cette sensation qui me prend à la gorge à chaque fois que je me retrouve devant cette porte. J'ai beau venir ici tous les mercredis et vendredis pendant deux heures, je me sens toujours aussi mal. Même après trois semaines…

Mais le pire, ce n'est pas le fait de devoir venir inlassablement dans cette pièce, c'est le fait que, pour une fois, je ne sois pas seule à cette séance. Non, cette fois, caché dans sa veste en cuir de dragon, Charlie est venu me tenir compagnie sous les directives du sphinx derrière la porte…

D'habitude, nos séances se suivent, et jusqu'à présent, ça m'allait très bien ! Mais recevoir le message de la Psychomage samedi, m'a laissé dans un profond état d'angoisse que même Harry et les jumeaux n'ont pas su apaiser…

— Hermione, Charlie, bonjour ! nous accueille la guérisseuse Hawks. Merci à vous de vous être déplacés un lundi matin, je sais que vos cours sont très importants pour vous, ma chère.

Bon sang, elle a beau n'avoir qu'une vingtaine d'années de plus que moi à vue de nez, il dégage d'elle une impression de paix qui, paradoxalement, me met assez mal à l'aise, je dois bien le reconnaître… Et pourtant, si l'on omet tout le mal-être que je ressens constamment dans cette pièce, je parviens à parler avec elle de choses que même Charlie ne doit pas savoir, et Harry encore moins.

Si la première séance s'est passée dans un silence très tendu où j'ai bien failli jeter l'éponge une bonne dizaine de fois, elle est restée calme, me laissant jouer avec le mini-râteau dans un carré de sable tout aussi ridiculement petit pour me calmer.

Alors, au terme de la séance, elle a enfin pu entendre le son de ma voix. Un simple « pardon » mais c'était assez pour elle à ce moment-là. Elle voulait simplement évaluer la somme de travail qu'elle aurait à produire pour que je parvienne à m'ouvrir et retrouver la paix, selon ses dires…

Maintenant, elle subit mes crises de larmes, de cris et de magie sans rechigner, toujours protégée par une bulle de protection qu'elle érige avant chacune de nos séances. Une idée salutaire, si elle veut mon avis…

— Ce n'est rien, ne vous en faites pas, et puis vous m'évitez une heure avec sa maîtresse, haussé-je les épaules en montrant Charlie d'un geste vague de la main. Comme ça, tout le monde est content !

Bordel… Ce que j'ai pu me sentir mal à l'aise, la première fois où elle m'a demandé de lui parler de ma « relation » avec Charlie, et plus encore les répercussions qu'a eu notre mariage sur notre dynamique…

Elle a subi sans broncher les silences gênants, les regards pesants, les crises de rage et les moments de panique, gardant toujours son masque d'impassibilité fermement ancré sur son visage jusqu'à ce que je lui fasse comprendre que cette manière de faire me mettait mal à l'aise.

Depuis ce jour-là, elle ne se gêne pas pour rire à certaines remarques que je puisse faire sur cette blondasse décolorée, pour rire de mes tentatives visant à énerver Charlie, ou même sourire doucement, un air maternel collé au visage quand je lui ai parlé de la relation entre Harry et Fred.

Le grondement de Charlie me ramène au présent, et un sourire en coin s'épanouit sur mes lèvres à ce son. Nos relations ont beau être un peu moins tendues depuis qu'il m'a emmené sur la tombe de mes parents, il n'en reste pas moins que je ne peux oublier tout le reste.

La peur de m'être réveillée seule à l'infirmerie, la détresse quand Harry m'a appris que j'avais perdu le bébé, la culpabilité d'être responsable de la mort de mon bébé, la colère pour le départ de Charlie, la haine puissante que j'ai ressentie pendant des jours… Non, je n'ai rien oublié… Je garde simplement tout au fond de moi.

D'après la Psychomage, le fait de garder toutes ces émotions enfermées en moi ne m'aide pas à apaiser la douleur de tout ce qu'il s'est passé, mais je ne suis pas sûre qu'il parviendrait à comprendre tout ce que j'ai bien pu ressentir… Et ce n'est pas assis sur un divan que nous y arriverons…

— Savez-vous pourquoi je vous ai fait venir en couple cette fois-ci, et non séparément comme d'habitude ?

— Nous ne sommes pas un couple !

Je le lui accorde, le calme apparent qu'elle marque, contrairement à Harry, Bill, les jumeaux ou même Fleur lorsque l'un de nous dit ce genre de choses, est assez incroyable ! Combien de fois, eux, ont-ils éclaté de rire ?

— Nous avons déjà abordé le sujet, Charlie, rappelle tranquillement Hawks. Quand deux personnes sont ensemble, nous appelons cela un couple.

Je l'ai maudit, lorsqu'elle m'a dit le même genre de choses, à notre quatrième séance… Et puis j'ai compris qu'elle parlait d'un couple de manière sémantique et non romantique, et ça m'a apaisé, en quelque sorte…

— Mais vous y mettez toujours une connotation amoureuse déplaisante…, grommelle-t-il.

— Alors comment vous définissez-vous, dans ce cas ?

J'ai pensé, pourtant, qu'après toutes les péripéties depuis le début de l'expérience avec les enfants, il avait appris à apprivoiser, au moins un peu, sa peur panique du couple et des relations amoureuses… Il semblerait qu'encore une fois, je me sois trompée…

— Nous sommes deux personnes, qui se sont retrouvées mariées par erreur et qui doivent subir les idées toutes plus débiles les unes que les autres d'un fantôme taciturne…

J'éclate doucement de rire face à sa définition. Est-il sérieux ? Certes, la dénomination se tient, mais de là à le dire à haute voix… Son regard courroucé fait redoubler de force mes gloussements, et ses sourcils froncés ne m'aident pas vraiment non plus…

— Quoi ? ricané-je. Ne me regarde pas comme ça ! C'est toi qui l'as choisi comme meilleur ami ! À choisir, j'aurais pris le calmar géant moi ! Au moins, lui, si tu lui proposes une petite baignade au clair de Lune, il est toujours partant pour un câlin !

— Parce que tu aurais voulu lui faire un câlin de son vivant, à Severus, peut-être ? Et pire encore, prendre un bain de minuit avec lui ? hausse-t-il un sourcil, amusé.

— À condition d'avoir un collier d'ail et de nager dans de l'eau bénite, oui, pourquoi pas ! souris-je en coin.

Bon sang… Nous avons beau avoir de nombreux problèmes personnels et relationnels, tous les deux, je dois bien avouer que ce genre de conversations m'avait manqué… J'ai l'impression étrange de retrouver le Charlie avec qui j'ai partagé mes appartements pendant un mois, et putain ce que ça fait du bien…

— Ce n'est pas un vampire, tu sais, fait-il de la même manière. Il a juste cultivé l'art de repousser les gens au point d'en faire une science.

— Chez moi, on appelle ça être asocial…

— Et chez lui, on appelle ça être normal ! rit-il. Les goûts et les couleurs…

Je sens une piqûre de plaisir sous la rougeur augmentant dans mon cou lorsque son clin d'œil malicieux et légèrement charmeur m'atteint. Bon sang, ce genre de choses aussi me manque…

J'aimais sentir ses mains sur mon corps lorsque je me réveillais, l'impression de devenir le centre de son monde pendant quelques secondes lorsqu'on se battait ou qu'on couchait ensemble. Mais par-dessus tout, c'est cette manière qu'il avait de me regarder, avant, qui me manque…

— Lors de notre seconde séance, je vous ai demandé à tous les deux de vous définir dans la vie, reprend la parole la Psychomage. Aimeriez-vous que je vous rappelle ce que vous m'avez dit ce jour-là ?

Mon léger froncement de sourcil ne passe pas inaperçu si j'en juge l'œil intrigué que m'envoie Hawks avant d'écrire quelques mots sur son calepin.

Se pourrait-il que Charlie n'ait pas pu parler durant sa première séance, lui aussi ? Se pourrait-il que, lui aussi, se soit senti pris au piège pendant une heure, face à une femme aussi impassible qu'un sphinx ? Se pourrait-il que je ne sois pas la seule à ne plus réussir à m'ouvrir au reste du monde ?

— Je suis curieux, chérie, penche-t-il la tête. Qu'as-tu bien pu dire de toi ?

L'espace de quelques ridicules secondes, je sens mon souffle se bloquer dans ma gorge douloureusement. Chérie. Bon sang… J'ai l'impression qu'il ne m'a pas dit ce genre de choses depuis si longtemps… Tout mon corps en frissonne de plaisir, à mon plus grand désespoir. Pourquoi mon corps me lâche-t-il, lui aussi ?

— La vérité, tout simplement, haussé-je les épaules.

J'ai beau tenter de ne pas le faire, mes yeux partent à la rencontre des siens, se plongeant entièrement dans le puits bleu nuit de ses prunelles. Bordel… J'avais même oublié à quel point il sait être envoûtant lorsqu'il s'en donne les moyens…

— Vous avez dit, et je vous cite, commence Hawks brisant cet instant malaisant, « Je suis étudiante à Poudlard et je suis aussi professeur. Mais si vous demandez à Charlie, il vous dira sûrement que je suis aussi un rat de bibliothèque et une gourgandine ! ».

Si je ne m'étais pas assurée que sa Plume à Papote écrivait exactement les mots que je dis, et non des inepties comme celle de Skeeter, jamais je n'aurais accepté qu'elle en utilise une durant nos séances !

Mais il faut dire qu'elle a été persévérante durant cette seconde séance, et qu'il lui a fallu me sortir un dictaphone moldu de son bureau de même que son diplôme d'Oxford pour me prouver qu'elle prenait vraiment son rôle au sérieux, et que la santé de ses patients passerait toujours avant une possible notoriété acquise par la revente de secrets tels que ceux qui pourraient sortir de cette pièce !

Finalement, peut-être est-ce ça, plus particulièrement, qui m'a permis de baisser la garde : savoir qu'elle était née de Moldus elle aussi, ou simplement qu'elle n'était pas réfractaire à leur existence, poussant même le vice jusqu'à faire des études dans l'une des meilleures universités moldue…

— Je n'ai pas vraiment saisi le principe de gourgandine, rit-elle doucement, mais j'ai plus ou moins défini un concept de prostitution. Changeriez-vous votre réponse aujourd'hui ?

— Non, secoué-je la tête. Rien n'a changé.

— Qu'auriez-vous à répondre à cela, Charlie ?

D'accord… J'en déduis donc que le directeur en a eu marre de recevoir des lettres du juge Marvel pour savoir l'évolution de nos séances de thérapie de couple… Merde… Moi qui pensais pouvoir y échapper jusqu'à ce qu'il nous accorde le divorce…

— Qu'elle se trompe lourdement, fait-il sans même y réfléchir.

Je tourne la tête vivement dans sa direction. Comment peut-il dire une telle chose avec un ton si plat, alors que tout son visage est froissé de quelque chose qui ressemble à de la colère ?

— Pourquoi ? lui demande-t-elle.

— Parce qu'elle ne voit pas les choses telles que moi je les vois, soupire-t-il en se frottant le visage. Je pense qu'il faut beaucoup de courage pour accepter tout ce qu'elle a enduré et savoir rester digne et forte comme elle le fait.

En moins d'une seconde, je me retrouve, encore une fois, dans ce foutu cimetière, avec l'impression que le monde me tombe sur les épaules à chaque question que j'ai pu lui poser… Je me sentais si seule, bordel… Si triste et si en colère…

Je lui en voulais tellement de m'avoir laissé seule, et si furieuse de me rendre compte que j'avais besoin de lui plus que de n'importe qui pour pouvoir affronter cette nouvelle épreuve… J'avais tellement besoin de lui… J'ai tellement besoin de lui…

— Je pense qu'elle ne voit pas tout le bien qu'elle fait autour d'elle et comment elle parvient à aider ma famille, ses amis et la nouvelle génération à se remettre des séquelles de la guerre, sans s'en rendre compte.

Je n'ai pas l'impression d'aider qui que ce soit comme il a l'air de le penser… Harry, même s'il semble tout de même beaucoup moins sombre et en colère qu'au début de l'année, je sais que je ne suis pas la responsable de sa nouvelle bonne humeur. Pareil en ce qui concerne ses frères…

Même moi, je n'arrive pas à me sauver, alors comment pourrais-je le faire avec d'autres ? Je n'arrive toujours pas à entrer dans la Grande Salle sans avoir une pensée pour Tonks, Remus et surtout le petit Teddy qui continue de vivre avec sa grand-mère…

Je sais que Harry se sent coupable de le laisser chez Andromeda, d'ailleurs, mais lui aussi, comme de nombreux autres, a pris la décision de prendre sa vie en main. J'ai beau être fière de lui, je me demande parfois s'il ne m'en voudra pas, dans le futur, de lui avoir gâché des mois où il aurait pu prendre soin de son filleul…

— Si, moi, je devais te décrire aujourd'hui, continue-t-il inlassablement en soupirant, je dirais que tu es une amie fidèle, une sœur aimante pour Harry et une très grande partie de ma fratrie, une femme extrêmement intelligente et passionnée, une chercheuse qui pourrait même faire de l'ombre à Severus et pas seulement en potion, une élève assidue et un professeur exceptionnel.

Sa dernière affirmation fait étrangement écho en moi avec ce dernier cours du mois de septembre que j'ai dispensé à mes première année. Je m'attendais à ce que, comme durant mes études, les étudiants s'endorment ou fassent Merlin sait quoi ! Mais non.

Ils sont attentifs, ils participent, s'en fichant parfaitement de la couleur de leur blason ou même de leur année d'étude. Durant trois heures, ils sont simplement des élèves, qui apprennent dans un amphithéâtre et qui se passionnent pour ce que je leur explique.

Sincèrement, si la directrice m'avait dit à quel point on se sentait fière et importante en pouvant décerner des O à une grande majorité de ses élèves, je ne l'aurais pas cru. Maintenant, c'est le cas.

Je me suis sentie si mal, lorsque j'ai dû revenir dans cette salle de cours, après le détour par l'Australie… Si mal en voyant la suspicion dans leur regard en s'attendant à recevoir une remarque sanglante ou un T…

— Mais, par-dessus tout, bébé, tu es ma femme et tu es une mère. Il n'est peut-être pas venu au monde, mais pendant quelques minutes, tu as été la mère d'un enfant, et ça c'est important.

Les larmes viennent emplir mes yeux immédiatement. C'est instinctif. Je m'en veux tellement… Je sais, j'ai compris que Circé est la responsable de cette mort, mais bordel ! Ce que ça peut me faire mal…

Alors voir cette émotion si violente, si puissante dans le regard de Charlie en m'avouant ça, c'est plus qu'il n'en fallait pour que les larmes se mettent à couler d'elles-mêmes sur mes joues. Ses doigts viennent rejoindre mes pommettes, essuyant les sillons salés de son pouce, un sourire désolé sur le visage.

— Merci Charlie, soufflé-je en serrant ses doigts.

Merde, je n'avais pas conscience, jusqu'à présent, d'à quel point son toucher pouvait me faire du bien, m'apaiser… Comme s'il était un baume apaisant sur des cicatrices invisibles…

Certes, elles ne sont toujours pas guéries, et je doute même qu'elles guérissent un jour, mais pendant quelques innombrables secondes, versées dans ses yeux, sous la pulpe de ses doigts, je me sens mieux, moins sur la brèche, moins à deux doigts de couler…

— Et vous, Hermione, souhaiteriez-vous savoir de quelle manière Charlie se voit ? me coupe-t-elle dans ma contemplation des émotions qui vibrent dans son regard.

Bordel… Ça ne devrait pas être permis de faire circuler tant de choses par un simple regard… La tristesse, l'inquiétude, la peur… Tout résonne dans son regard, tout est si puissant, asphyxiant, empoisonnant tant je me reconnais dans les choses qu'il ressent…

— Bien sûr qu'elle va vouloir le savoir ! ricane-t-il en levant les yeux au ciel, brisant cet instant de communion. Cette fille adore tout savoir !

La coupure brutale avec ses yeux me glace de l'intérieur. Je ne m'attendais pas à ressentir cette impression de vide à la simple perte de son regard accroché au mien… Alors, comme à chaque fois que je me sens vulnérable, je réagis à l'instinct.

Immédiatement, les longues disputes que nous avons pu avoir, lui et moi, au début de notre « relation », les insultes qui revenaient sans cesse, mais surtout celle-là, tout revient me hanter. Rat de bibliothèque. Celle qui m'a fait le plus mal. Parce que si souvent entendue…

— J'hésite à définir s'il s'agit d'un compliment quand tu dis ça comme ça…, grogné-je.

— Combien de fois avons-nous profané le canapé parce que tu étais en train d'étudier sur les mécanismes de l'occlumancie ? hausse-t-il un sourcil grivois tout en souriant en coin. Crois-moi, bébé, c'était vraiment un compliment.

Une chaleur incroyable m'enserre le cœur, diffusant sa douceur dans toutes les fibres de mon corps. Oui, je m'en souviens, et je peux avouer avoir aimé chacune de ces fois, tout comme j'ai bien souvenir d'avoir plus d'une fois joué de ce fait sur lui !

Mais il a cette façon bien particulière de savoir cacher ce qu'il est, que lui aussi est bien plus intelligent que la moyenne, que parfois, j'en oublie à quel point j'ai eu de la chance de me retrouver en binôme avec lui, pour cette expérience.

Voir son regard s'enflammer à chaque fois qu'il rentrait de cours pour me trouver installée sur le tapis du salon, un grimoire ouvert devant les yeux sur la table basse… Bordel… Ça agissait comme un aphrodisiaque sur moi… Mais ce regard n'existe plus, et en retrouver certains aspects durant cette séance me fait un bien fou…

— Dans ce cas, souris-je doucement, j'aimerais beaucoup savoir.

À sa grimace mal contrôlée et son froncement de sourcil alors qu'il reprend une posture bien plus droite sur le divan, je sens que je ne vais pas apprécier ce que je vais entendre. Et ça ne manque pas, en effet…

— Charlie se définit lui-même comme étant un professeur, un mauvais fils, un bon dresseur de dragon et un queutard invétéré si l'on devait vous interroger. Qu'en pensez-vous ? demande-t-elle en reposant son carnet.

— Tu ne te vois vraiment que comme un bon dresseur de dragon ? demandé-je, incrédule.

— Je crois que j'aurais préféré que tu t'insurges pour le « queutard »…, grommelle-t-il.

Comment peut-il croire une seule seconde n'être que ça ? Certes, quelques mois en arrière, j'aurais moi-même dit la même chose ! Mais bordel ! Il est tellement plus ! Tellement plus qu'un simple dresseur de dragon et un mauvais fils…

— Charlie…, soupiré-je en balayant sa dernière remarque d'un mouvement de poignet. Tu es l'un des meilleurs dragonniers qui existe et pareillement en ce qui concerne ton métier de dresseur de dragon. Je n'ai jamais rencontré qui que ce soit d'aussi passionné que toi par son travail, et pourtant j'enseigne au petit Zilkonys, crois-moi, je sais de quoi je parle ! Ce gamin te voue un culte !

Merde… Ce gamin est un Charlie Weasley en puissance… Combien de fois ai-je dû faire sortir Hog le dimanche pour qu'il puisse le voir ou même le toucher ?

Mais je dois avouer qu'en plus de me faire un bien fou par la décharge de magie requise pour le faire apparaître, c'est surtout voir les yeux du petit première année briller avec tant de force qui m'apaise.

Voir l'émerveillement et l'espoir dans un si jeune garçon me fait du bien. Comme si le monde n'avait pas totalement sombré, comme si l'espoir était toujours permis. Comme si la vie continuait son court, nous laissant juste le temps de retrouver assez de nos forces pour réapprendre à vivre…

— Mais je le suis devenu pour de mauvaises raisons, souffle-t-il amèrement.

— Et aujourd'hui, tu répares tes erreurs en étant présent pour tes frères, fais-je en plaçant ma main sur son bras.

— J'en doute…

— Ah bon ? haussé-je un sourcil amusé. Je sais que tu es celui qui a demandé à Fleur d'envoyer certains ouvrages à George parce que tu veux qu'il ait son Happy End. Tu as aidé Fred dans sa relation avec Harry, l'as soutenu et l'as aidé à comprendre que son orientation sexuelle ne faisait pas de lui un monstre. Tu as soutenu Bill quand Fleur en avait après ses parties génitales. Merde, Charlie ! Tu as été prêt à te mettre à poil devant Penny pour que leur mariage, à Percy et elle, continue !

Il m'a fallu quelque temps, et de nombreuses heures de lecture pour comprendre ce que j'avais bien pu voir dans la tête de mon amie blonde si apaisante, mais une fois que j'ai trouvé, je me suis demandé comment George, un sorcier élevé dans le monde de la sorcellerie depuis sa naissance, n'avait pas, lui, pu comprendre !

Et puis je me suis souvenu de pourquoi mes recherches sur ces images avaient été si compliquées : les Anglais ont oublié ces peuples depuis si longtemps qu'il en devient dur de pouvoir dénicher des livres sur eux… Voilà la raison pour laquelle il a fallu que ce soit Viktor qui me fasse parvenir les livres, le jour de leur arrivée pour la première tâche !

— Je crois que je préférerais que tu oublies ce passage…, grimace-t-il.

— Crois-moi, on préférerait tous l'oublier ! hoché-je la tête.

— Pardon ?

— Tu es mon mari ! levé-je les yeux au ciel. Je devrais être la seule à te voir nu !

Avec le recul, je me doute que les hormones ont dû jouer un gros rôle dans cet état de transe dans lequel je me suis plongée en le voyant ouvrir son pantalon, ce jour-là, mais bordel ! Il dégageait tant de sensualité que j'aurais pu en baver d'envie dans le salon du Terrier… Fichu Percy et sa moralité à toute épreuve… Je suis même sûre que Penny lui en veut encore pour ça, elle aussi !

— Ça peut toujours s'arranger ça, tu sais ? sourit-il en coin.

— On a dit la même chose à mon grand-père Joe, mais il est quand même mort avec une jambe en moins, fais-je de la même manière.

— Gourgandine ! sourit-il, amusé.

— Crétin.

— C'est comme ça que tu m'aimes, tu n'as qu'à te l'avouer à toi-même !

Je me prends sa remarque comme une gifle en pleine tête. Merde, il n'a pas conscience à quel point accepter mon début de sentiments naissant pour lui a été dur, à quel point je me suis sentie mal et sale quand j'ai compris qu'encore une fois, je ne faisais pas que désirer un Weasley, je développais des sentiments pour lui !

J'aurais pu en pleurer, ce soir-là, lorsque Blaise est venu me demander de l'aide pour Pansy… Cette constatation m'a prise par surprise, mais elle n'était rien comparée à cette certitude que ces sentiments n'étaient pas que passagers le soit de Yule…

J'ai bien conscience que le fait d'avoir mes boucliers d'occlumancie au plus faible et une plus forte propension à subir les effets des lignes telluriques sur mon état émotionnel, mon cœur a tout de même raté de très nombreux battements avant de battre la chamade en voyant son visage et surtout son regard sur moi, lorsque les dragons sont venus se joindre au rituel.

Il était magnifique et parfait sous le clair de Lune, éclairé par les pulsations de la magie et plus serein que d'habitude. Comme s'il était parvenu à trouver, lui aussi, des réponses.

— Je me suis déjà avoué que tu me manquais, ne m'en demande pas trop non plus…, soupiré-je en resserrant mes jambes contre moi.

— Je te manque ? souffle-t-il de la même manière, plongeant son regard dans le mien.

J'aurais dû faire tout mon possible pour éviter un contact visuel, mais sa main sur mon bras m'a fait réagir instinctivement. Mes yeux se sont relevés, et encore une fois, je me suis sentie aspirée par cette couleur hypnotisante.

— J'aimais bien avoir de la compagnie quand je rentrais de cours, et c'était agréable de discuter avec quelqu'un qui ne se lance pas sur une discussion sur le Quidditch ou le shopping dès que je dis « optimisation du flux d'ondes en termes d'occlumancie »…, haussé-je vaguement les épaules. Toi, tu comprends ce genre de choses, et ça me manque d'avoir un interlocuteur avec qui échanger.

C'est vrai, pendant un mois, j'avais l'impression que quelqu'un arrivait à entrer dans mon monde, à décoder les choses que je dis sans se sentir dépasser dès que je m'éloigne un peu trop de ce fichu sport…

Mais il n'était pas simplement à l'écoute, il savait aussi m'aiguiller, comme il le faisait en laissant des annotations dans mon carnet. Combien de fois les mots qu'il y laissait m'ont permis de me recentrer et ne pas partir dans toutes les directions ? Trop, bien trop souvent…

— Je peux toujours passer un soir, si tu veux parler, propose-t-il doucement. J'aimerais bien voir où tu en es de tes recherches sur la transe d'occlumancie.

Parfois, ironiquement, je me dis que ce n'est pas Diana qui a été notre bébé, à tous les deux, pendant un mois, mais bel et bien ces recherches sur la transe d'occlumancie…

Peut-être qu'un regard neuf sur mes hypothèses et tâtonnements me permettrait de voir plus clair pour la suite ? Et qui sait, peut-être le directeur accepterait-il même de me donner de son temps pour répondre à quelques questions s'il est celui qui lui demande !

— J'aimerais beaucoup ça, moi aussi, souris-je timidement. Ce soir ?

Bon sang… Pourquoi me sens-je si mal à l'aise et désagréablement timide avec lui ? Jamais je n'ai été effrayée par lui, ou même par la perspective de passer une soirée avec lui ! Bordel ! Rien que notre troisième rencontre s'est passé à bout de baguette ! Alors pourquoi là, ai-je l'impression d'être en train de me liquéfier sur place ?

La réponse est simple : parce que j'ai peur que tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps lui fasse refuser de se retrouver en ma présence uniquement… J'ai peur d'être entrée un peu trop profondément dans son intimité et qu'il me déteste pour l'avoir forcé à accepter certaines choses qu'en temps normal il préfère tenir à distance…

— Dix-neuf heures ? propose-t-il encore, souriant grandement.

— Plutôt dix-huit, ris-je doucement, heureuse qu'il accepte. Tes pâtes carbonara me manquent.

— Donc, si je comprends bien, tu invites des gens chez toi, et tu leur demandes de te faire à manger, c'est ça ? hausse-t-il un sourcil amusé.

— Je ne vais pas demander aux elfes de faire une double dose de travail ! m'insurgé-je. Et puis, je t'ai déjà vu à l'œuvre avec un tablier…

— Qu'on soit bien d'accord, tu parles de la fois où je portais quelque chose en dessous ou de toutes les autres où je n'avais rien ?

Oh bordel de Merlin… Combien de fois ai-je bien pu saliver de le voir se déplacer dans l'appartement en ne portant en tout et pour tout que ce fichu tablier blanc, une spatule à la main, alors qu'il n'était sorti de la salle de bains qu'une dizaine de minutes plus tôt…

— Les deux, fais-je masquant très mal mes rougissements.

Si j'en juge le regard profondément amusé qu'il me renvoie, je ne dois pas être la seule de nous deux à me souvenir de ces moments-là… Mais il faut dire qu'il avait vraiment l'art et la manière de me déconcentrer dans mon travail quand il s'en donnait la peine !

— Je me disais bien qu'on ne pouvait pas faire autant de fautes dans le mot « hypothalamus » sans le faire exprès ou être vraiment très distrait…, ricane-t-il.

— Porte un caleçon la prochaine fois, ça m'évitera la distraction !

— D'accord, je garderai mes vêtements ce soir dans ce cas…, hausse-t-il les épaules, désinvolte.

— Trop aimable à toi ! ris-je, gênée.

Bon sang, je ne devrais pas jouer à ce jeu avec lui, pas quand on regarde d'où toute la situation a découlé entre nous… Si je m'étais abstenue de lui proposer ce jeu, il y a des mois, au square, est-ce que je me retrouverais dans cette position aujourd'hui ?

Mais je me voile la face, et je le sais parfaitement. Sans lui et cette proposition, je n'aurais pas eu, durant quelques mois, la sensation d'être sexy à chaque fois qu'il me regardait ou me touchait. Il a été ma planche de salut bien plus que je n'ai été la sienne…

Et depuis Noël, je n'ai pas pu regarder une seule fois mon corps sans me mettre à fondre en larmes parce que je comprends.

Je comprends qu'il ne veuille plus me toucher parce que j'ai été assez stupide pour me laisser tomber enceinte alors que ce n'était qu'un jeu qui était censé n'avoir aucune conséquence, qu'à chaque fois qu'il me regarde, il doit m'imaginer avec un gros ventre, qu'il doit me détester de lui avoir fait encore une fois un coup en traître…

— Charlie, l'interrompt Hawks alors qu'il va pour rebondir sur ma dernière remarque, vivez-vous toujours dans le dortoir ?

— Oui, pourquoi ? fronce-t-il les sourcils.

Dans le fond, je crois que ce n'est pas plus mal qu'elle m'ait interrompue dans mon introspection. Je me connais assez désormais pour savoir où toute celle-ci m'aurait conduite : des larmes et encore des larmes… De quoi le rebuter encore plus…

Ce n'est pas plus mal qu'il ne vive plus dans notre appartement, ainsi, il ne subit pas mes crises de larmes, mes pertes de contrôle sur ma magie quand je commence à m'en vouloir encore un peu plus de l'avoir mis face à une possibilité encore plus profonde d'attaches sociales et relationnelles qu'un mariage, à tous les miroirs cachés sous des tentures noires et les murs roses de la chambre de Diana que je conserve pour me souvenir.

Me souvenir que je ne suis pas quelqu'un de bien, que je lui fais du mal à chaque fois… Que ce soit par ce qu'il s'est passé durant le jugement de divorce ou ce jour de Noël, il semblerait que je me sois donné pour mission inconsciente de lui faire le plus de mal possible…

— Et vous, Hermione, se tourne-t-elle vers moi, vivez-vous toujours dans l'appartement que vous partagiez ?

— C'est exact, réponds-je froidement.

Elle y travaille depuis des semaines maintenant, mais il semblerait que comme dans le cas du souvenir du manoir Malefoy, il lui faille encore de très nombreuses séances pour éviter de subir encore et encore mes pertes de contrôle sur ma magie et faire cesser cette culpabilité qu'elle pense normale mais non nécessaire…

— Pourquoi n'avez-vous pas réemménagé, Charlie ? demande-t-elle en déposant ses lunettes sur son carnet.

— Je me suis dit qu'elle avait besoin de place et d'espace pour se remettre de tout ce qu'il s'est passé depuis Yule, hausse-t-il les épaules, mal à l'aise.

Je fronce les sourcils quelques secondes en détournant le regard de la Psychomage, pour me concentrer sur son profil bien trop droit. Si je ne le connaissais pas, je ne pourrais déduire de son malaise une part de mensonge, et pourtant, rien qu'à sa manière de se repositionner sur le divan, je pourrais jurer qu'il est en train de lui mentir éhontément, et à moi aussi, par la même occasion !

— Vous m'avez tous les deux parlés de Yule, mais vous n'êtes jamais rentrés dans les détails. Pourquoi ? Hermione, que s'est-il passé ce jour-là ?

— C'est compliqué…, soupiré-je.

Le problème avec nous, c'est que tout est malheureusement toujours compliqué, et que Yule n'a été que la cristallisation de toute cette dualité entre nous, de tout ce qui cloche entre nous…

Même si on voulait être heureux ensemble, il y aurait toujours ces moments de flottement où le souvenir de Tonks ou la présence de Ron nous freinerait…

Pourtant, j'étais vraiment heureuse, bien même, dans ses bras, ce soir-là. J'avais vraiment l'impression d'être une femme normale, qui allait à son premier bal au bras de son copain… Mais tout n'est qu'une image… Nous ne savons pas être normaux. Nous ne savons pas faire les choses normalement. Nous ne savons pas profiter de ce que la vie nous offre sans se faire du mal…

— Je ne vous cache pas que je me suis mise en relation avec les gobelins pour pouvoir discuter de ce qu'il s'est passé, durant ce rituel, commence Hawks.

— Mais vous n'aviez pas le droit ! crié-je en me levant.

— Qu'auriez-vous préféré que je fasse alors que, même après six séances, vous continuez de détruire mon bureau systématiquement, que ce soit l'un ou l'autre d'ailleurs, quand je vous demande d'en parler ? hausse-t-elle un sourcil.

Bon sang, mais ne pourrait-elle pas comprendre à quel point ce qui s'est passé durant ce rituel est privé ? À quel point, parfois, lorsque j'y pense, je me mets à vomir tant le souvenir du plaisir indicible ressentit en torturant Bellatrix me prend à la gorge ?

Ne comprend-elle pas à quel point je me sens sale et mauvaise de ressentir le genre de sentiments que j'ai pu ressentir lorsqu'il m'a dit qu'il serait prêt à mourir pour que mes parents vivent ? Ne comprend-elle pas à quel point ce genre de choses est privé ? Extrêmement privé, même ?

Merde ! Pendant ce rituel, je suis passée par toutes les émotions ! De la joie de voir Tonks en vie au soulagement qu'elle ait l'air de comprendre ce qu'elle était en train de vivre alors que moi non.

De cette paix intérieure pendant que je me remémorais ce moment dans le lit avec Charlie et Diana pendant que Lestrange me charcutait le bras à nouveau, à la déferlante de haine et de douleur quand l'Avada de Bellatrix a touché le corps de mon amie.

De la peur de le voir en danger dans le Département des mystères, à ce sentiment d'accomplissement lorsque nous sommes partis de cette stupide cérémonie de mariage.

Tout n'a été qu'une énorme partie de montagnes russes où je n'ai fait que subir, du début à la fin, toutes mes émotions, pleurer toutes les larmes de mon corps et ressentir à quel point j'étais seule à cause de mes choix. Que peu importe ce que je choisirais de faire, je serais toujours seule et je blesserais toujours quelqu'un…

Mais il y a Charlie, et avec lui, j'ai trouvé mon point d'ancrage dans la vie. Que ce soit dans la haine comme dans ce qui nous relie ces derniers mois, il est toujours présent.

Peut-être Harry avait-il raison, début décembre : dans l'avant comme l'après-guerre, peu importe la situation, il est toujours là. Que ce soit pour me jeter un sort ou bien pour me tendre la main. Alors peut-être, aussi, est-ce pour ça que j'en veux tant à Charlie et même à la Psychomage.

Parce que, à poser ce genre de question, à aller rendre visite aux gobelins pour essayer d'avoir des informations, ils vont finir par comprendre que je me suis trop attachée à Charlie, que ce que je ressens pour lui est plus important qu'une simple petite amourette, et que ces trois semaines sans pouvoir le voir ou en me refusant à lui parler parce que j'avais tant de rancœur contre lui, c'était simplement de l'amour.

Et par égo, je sais que je refuse d'être la première à perdre au petit jeu qu'il m'a proposé au bal de Yule. Le premier de nous deux qui dit je t'aime a perdu… Bon sang… S'il savait à quel point j'ai voulu lui dire, ce soir-là… À quel point toutes les fibres de mon âme me poussaient à le lui avouer, le lui crier, le lui faire ressentir…

Mais je n'ai pas pu, j'en ai été arrêté par le grondement d'un dragon, et dans le fond, ce n'est pas plus mal… Je n'étais pas prête à un refus ou même le voir se moquer de moi. Mais le pire, je crois, c'est s'il s'était éloigné de moi… Je n'aurais jamais pu survivre à la perte de Diana, puis celle du bébé si je ne l'avais pas eu à mes côtés à ce moment-là.

Certes, c'était mauvais joueur de ma part de lui demander de me faire l'amour cette nuit-là, mais j'avais tellement besoin de ça, besoin de le sentir doux et aimant, que je n'ai pas pu retenir ma question.

— Ça ne vous concernait pas ! grondé-je en sortant ma baguette.

Ma magie, tout comme celle de Charlie qui s'est lui aussi levé du divan, s'agite, entrant en résonance quelques secondes avant que la voix de la Psychomage, désespérément calme et patiente, ne s'élève.

— Vous m'avez demandé mon aide pour aller mieux, et c'est ce que je fais, Hermione, fait-elle en se frottant l'arête nasale. Votre santé passe par le fait que vous réappreniez à dormir correctement sans que des réminiscences ne viennent vous perturber.

J'aimerais tellement lancer ma magie à l'assaut de sa bulle de protection, la voir voler en éclat, et peut-être même envoyé cette foutue femme s'écraser contre le mur… Mais l'arrêt brusque de la cavalcade de celle de Charlie me détourne inconsciemment de mon envie de vengeance.

Ses sourcils ne sont plus froncés de colère, mais bien d'inquiétude, et son pas en avant pour me cacher totalement la vue de la Psychomage ne fait que nous enfermer, encore une fois, dans cette bulle étrange que nous avons réussi à créer. Parfois, lorsqu'il agit ainsi, j'ai l'impression qu'il me prend pour l'un de ses dragons, et je dois bien avouer que l'attention est vraiment plaisante…

— Tu ne dors toujours pas correctement ? chuchote Charlie en pressant doucement mon poignet. Pourtant, tu allais mieux, les derniers temps…

Son toucher me brûle comme de la lave en fusion. S'il tente de maintenir sa prise sur ma peau, il ne le fait que durant quelques infimes secondes avant de soupirer et me faire signe de retourner sur le divan.

— Tu dormais avec moi, les derniers temps, soufflé-je de mauvaise grâce en refermant les bras autour de moi. Ça m'aidait…

Pas besoin de lui faire un dessin pour qu'il comprenne que sa simple présence physique m'apaisait assez, le soir, pour que je parvienne à fermer les yeux plus de quelques minutes sans que les cauchemars ne reviennent…

Maintenant, je ne vois plus que des successions d'images sans fin où se mêlent une Tonks vivante et souriante, une Bellatrix Lestrange lui jetant un Avada, la même folle me tailladant le bras, et des images d'un enfant au visage indistinct me criant que tout est ma faute, qu'il est mort à cause de moi. Oui, définitivement, mes nuits depuis décembre ne sont pas de tout repos…

— Comment vont tes boucliers ? fronce-t-il les sourcils d'inquiétude.

— Bien ! m'agacé-je. Et c'est ça qui m'agace ! Parce que si c'était à cause de mes boucliers, je saurais quoi faire pour arrêter les cauchemars, mais là, je sais que ce n'est pas ça et ça m'angoisse encore plus…

Je ne saurais dire le nombre de sessions que j'ai pu passer, enfermée dans mon esprit, à vérifier scrupuleusement si toutes les portes étaient fermées, à parquer les Sombrals très profondément dans la Forêt interdite, sous la bonne garde des Centaures, et à remonter à bloc tous mes pièges. Si j'étais présomptueuse, je dirais que mes boucliers sont infranchissables, désormais…

— Circé est revenu ? chuchote-t-il.

— Oui, soupiré-je de lassitude.

Bon sang… La crise de panique n'était pas loin lorsque j'ai vu la forme gigantesque se promener à l'orée de la forêt, gambader aux côtés d'une Acromantule à qui elle racontait Merlin seul sait quoi…

— Et tu ne penses pas que c'est elle qui te fait voir ces cauchemars ? suppose-t-il.

— Non, elle a besoin de moi en bon état, ricané-je cyniquement. Je crois même qu'elle essaye de me jouer de bons souvenirs pour que je dorme bien, d'ailleurs…

— Tu veux que Severus et moi nous assurions que tes barrières sont bien remontées ? propose-t-il.

Le laisser envahir mon esprit est le meilleur moyen pour être sûr qu'il découvre mes sombres secrets tel que les sentiments ambivalents que je développe pour lui ces derniers temps… Mais, en même temps, je n'ai pas fait de vraie nuit depuis un mois et demi, et l'épuisement n'est pas loin d'avoir raison de moi… Alors que choisir ?

— Je veux bien, acquiescé-je, fatiguée. Ce soir ?

— Ça marche.

Je laisse ma tête repartir vers l'arrière, la posant lourdement contre le haut du dossier, épuisée. Merlin… Qu'ai-je fait… À ce train-là, avant même la fin de la nuit, je me retrouverais définitivement toute seule, et je n'aurais, encore une fois, plus que mes yeux pour pleurer…

— Revenons à cette soirée de Yule, nous recentre Hawks. Pourquoi cette soirée était-elle à ce point importante pour vous pour que vous soyez si réticente à en parler, Hermione ?

Bon sang… Pourquoi ai-je accepté déjà ? Ah oui… Parce que j'avais besoin de trouver un moyen de passer au-dessus de mes cauchemars… On ne peut pas dire que, pour le moment, ce soit une franche réussite…

À chaque fois que je ressors de cette pièce, je me sens plus ou moins comme l'était Harry en revenant d'une session d'occlumancie avec le professeur Rogue, les larmes et le corps tremblant de sanglots en plus…

— J'avais besoin de réponses, tout simplement, haussé-je les épaules avec désinvolture.

— Les avez-vous eues ?

— J'en ai eu certaines, en tout cas, soupiré-je.

— Que vouliez-vous savoir ?

Ne pourrait-elle pas interroger Charlie plutôt, pour une fois ? Ne pourrait-elle pas comprendre que je fais déjà de très nombreux efforts en me mettant à nu devant lui, là, alors que s'il parvient à mettre les choses bout à bout, il comprendra à quel point, à trop jouer avec le feu, j'ai fini par m'y brûler les ailes ?

— Si un jour j'arriverais à me pardonner la mort de Tonks, commencé-je en redressant légèrement la tête, si Charlie avait été sincère durant la transe, s'il était capable de surmonter ses propres peurs… Ce genre de choses…

— Pourquoi ce dernier point ?

Je confirme, je préférerais qu'elle l'interroge lui, plutôt que moi… À moins que lui n'ait déjà répondu à ce genre de questions en séances individuelles parce qu'il avait compris qu'en cas de non-dit, elle nous forcerait à en parler face à face… Bon sang… Si sa maison n'était pas Serpentard durant ses études à Poudlard, je ne comprends pas…

— Parce que, s'il en est capable, alors moi aussi, tout simplement ! fais-je, comme une évidence.

— Vous parlez de sa peur du couple et des relations amoureuses en général, n'est-ce pas ?

Le grognement mécontent provenant de ma gauche m'apporte un léger sourire sur les lèvres. Il a beau détester les relations sociales, il n'aime vraiment pas que les gens parlent de lui comme s'il n'était pas là !

— En effet, hoché-je la tête, redevenant sérieuse. Durant la transe, pour me faire rentrer à la maison, il m'a dit qu'il serait capable de mourir pour moi, que je méritais qu'on m'offre des fleurs et des bougies, ce genre de choses… Qu'on soit romantique avec moi, en quelque sorte…

Dire le mot « romantique » en sa présence n'était peut-être pas une si bonne idée que ça si j'en juge son corps qui se tend et son souffle qui se coupe durant quelques secondes…

— Et qu'en avez-vous pensé ?

Ce que j'en ai pensé ? Bordel ! Il aurait vraiment fallu être pointilleuse sur les détails ou s'appeler Drago Malefoy pour ne pas être émerveillée par l'atmosphère enchanteresse de la Grande Salle ce soir-là !

Mais ce n'est pas tant le décor que la personne qui m'attendait au bout de l'allée qui a retenu toute mon attention cette nuit-là… Putain… Non, je crois que même Drago aurait avoué à quel point il était diablement sexy, tout de noir vêtu, dans ses robes de Lord… Il dégageait tant de prestance et d'assurance…

— C'est Fleur qui a choisi ton costume, n'est-ce pas ? souris-je doucement en me tournant vers lui.

— J'ai dû littéralement la menacer de la balancer à Veyser pour qu'elle arrête de vouloir me faire porter son stupide costume à queue-de-pie…

— Tu étais très beau, souris-je encore avec tendresse. Tu avais raison de te défendre. Et je suppose que l'effet « entrée dans une église moldue pour une cérémonie de mariage », je le dois à Harry ?

— Ils lui mangent tous dans la main, et Fred le premier ! s'agace-t-il, poussant un grondement désespéré. Mais j'ai réussi à imposer les roses blanches, c'est déjà ça… Si tu avais vu ce qu'ils voulaient mettre… On se serait cru dans une prairie au printemps !

Mon rire résonne quelques secondes dans la salle. J'imagine parfaitement Harry, avec sa voix légère et ses grands yeux vert, parvenir à convaincre tout le monde autour de lui de ce qu'il veut, et comme le dit Charlie, Fred le premier !

— Laisse-moi deviner, ris-je doucement. Bill et Fleur voulaient des roses rouges pour symboliser l'amour. George voulait des gardénias en symbole d'amour et de mariage, Fred voulait des pâquerettes et Harry des lys, je me trompe ?

— C'est un sans-faute ! s'écrie-t-il, les yeux écarquillés. Je cherche encore pourquoi Fred voulait en mettre partout de ses putains de pâquerettes… En plus, ça pue, c'est une horreur…

Je retiens un faible rire à sa remarque. Bien sûr que Fred voulait en mettre partout… Pour lui, cette fleur est la quintessence même d'une preuve d'amour… Finalement, je plaindrais presque Harry si je ne savais pas qu'il n'en a rien à faire des fleurs…

— C'est ma faute, souris-je, nostalgique. Avant que nous ayons notre premier rendez-vous tous les deux, je lui avais offert un livre sur le langage des fleurs parce que je voulais qu'on m'en offre un jour, sans que je ne sois malade, à l'infirmerie, que je sois tout juste dépétrifiée ou que ce soit mon anniversaire…

Je jurerais l'avoir vue ! Vraiment ! Je jurerais avoir vu, durant quelques secondes, la pointe de jalousie qu'il montrait par le passé lorsque l'un de ses frères me faisait un compliment !

Mais bien trop vite pour que je puisse m'en assurer, l'étincelle disparaît, et mon sourire fond comme neige au soleil. Encore une fois, je me suis laissé abuser par mes espoirs… Quand vais-je comprendre que je ne suis pas assez bien pour quelqu'un comme lui ? Qu'en dépit de tout le mal qu'il se donne, dans moins de deux mois, nous retrouverons nos vies en parallèles l'une de l'autre, peut-être même à nous envoyer des sorts pour compenser le manque de la présence de l'autre ?

— D'accord, c'est très bien tout ça, fronce-t-il les sourcils, mais pourquoi des pâquerettes ? Il aurait pu choisir les orchidées, les roses ou n'importe quelles fleurs, alors pourquoi des putains de pâquerettes ?

— À cause de la comptine moldue. « Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout », lui expliqué-je.

— Mais, du coup, j'ai bien choisi ? grimace-t-il.

Cette fois-ci, j'en suis sûre ! Plus que l'inquiétude de ne pas avoir choisi la bonne fleur pour m'offrir le meilleur bal de ma vie, il était jaloux de cette anecdote à propos de son frère ! Maintenant, il ne me reste plus qu'à définir s'il s'agit de possessivité puisque je suis toujours sa femme, ou s'il me reste encore quelques espoirs…

Bon sang… Depuis le début de l'année, j'ai l'impression étrange d'avoir fait une plongée sans brassards dans la mer… J'ai l'impression de vivre des secousses à tout instant avec lui… C'est épuisant…

Je ne sais jamais sur quel pied danser. Quand nous n'étions qu'ennemis, tout allait bien ! Je lui envoyais des sorts et des vacheries, et il répondait. Puis nous sommes passés sur un autre plan, et c'est à partir de ce moment-là que les choses ont commencé à prendre un mauvais tournant…

Finalement, Tonks avait raison… Le sexe n'apporte que des problèmes… Quand ce n'est pas une MST ou un bébé, ce sont des sentiments… Décidément, la vie d'adulte n'est vraiment pas simple…

— C'était parfait Charlie, vraiment parfait, souris-je doucement.

Son bras se tend sur le dossier du canapé, ses doigts viennent quelques secondes jouer avec la pointe de mes cheveux, puis sans que je n'en comprenne la manière, il m'attire à lui, son bras m'enserrant contre son torse alors que mon soupir m'échappe, bien heureuse. Comme se retrouver à la maison après un très long voyage…

— Je peux te poser une question, et après je te promets de ne plus jamais en parler à nouveau ? demandé-je rapidement.

Cette question, malheureusement, me tourne dans la tête depuis que nous sommes revenus d'Australie, voire depuis le rituel à Poudlard… Tous les jours, insidieusement, elle revient me hanter, me rendant folle à force…

— Demande toujours…, fait-il, intrigué.

— Tu étais sincère ? soufflé-je en versant mon regard au sien. Ce jour-là, quand tu m'as dit que ce n'était pas grave, tu le pensais vraiment ?

Il déglutit difficilement, comprenant immédiatement de quel moment je veux lui parler. Pendant cette chanson bien précise, le soir du bal. Quand je lui ai demandé pardon de ne pas avoir pu faire revenir la femme qu'il aime…

— Je suppose que je ne pourrais pas y échapper, n'est-ce pas ? soupire-t-il en renversant sa tête contre le dossier du canapé.

— Tu n'es pas obligé de répondre si tu n'en as pas envie, dis-je précipitamment. Je comprendrais.

Bon sang… Je crois que le son rauque de la douleur qu'a pris sa voix en disant ces quelques mots est presque pire que de sentir sa poigne sur mon corps se desserrer pour que je puisse reprendre ma place dans le canapé…

— On a choisi d'être honnête en venant ici, non ? grimace-t-il en se redressant. Et je ne t'ai jamais menti, donc ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer…

Il se lève, commençant à arpenter le sol de la salle de thérapie, et je dois bien avouer que je me fous pas mal que la Psychomage soit présente en ce moment.

Tout ce sur quoi je parviens à focaliser toute mon attention, c'est la détresse qui émane de son corps, ses mains qui passent et repassent dans ses cheveux qu'il noue et détache de son catogan, ses gestes brusques et la tension qui sort par vague de lui.

Tout en lui me fait comprendre qu'être sincère en ce qui concerne ce sujet est dur, bien plus dur que ce à quoi il s'était attendu en venant ici… Puis il s'arrête devant la fenêtre, dans une posture qui me rappelle un souvenir doux-amer : celui du jour où je suis venue le voir à la Chaumière après qu'il m'a ramené entre les vivants à coups de Doloris…

— Tu m'en veux toujours ? chuchoté-je.

— Non ! s'écrie-t-il précipitamment en se tournant vers moi. Bien sûr que non ! Mais en même temps, oui, Granger, je t'en veux à mort ! Comment as-tu pu croire une seule seconde que je te laisserais te sacrifier aussi facilement sans même me poser de questions ?

Sa tension augmente d'un cran et la détresse se bat la première place dans son regard avec une colère sans nom. Le même regard qu'il m'a lancé, durant le rituel, lorsque je lui ai lancé le Petrificus Totalus juste avant de plonger dans le vortex créé par Circé. Pour tenter de ramener ma meilleure amie…

— Mais c'était Tonks…, tenté-je d'expliquer.

— Mais je n'en ai rien à foutre, bon sang ! crie-t-il réellement cette fois-ci. Quand comprendras-tu que tu n'as pas besoin de te sacrifier pour le monde entier, de sourire tout le temps pour que tout le monde aille bien, de supporter les problèmes des autres et les aider alors que personne ne le fait pour toi !

Encore une fois, je prends sa remarque comme une gifle. Il a raison, entièrement raison. Même si la bataille finale s'est terminée il y a presque dix mois, je continue encore à sourire pour faire croire que tout va bien. Mais dans le fond, ce n'est pas vrai.

J'ai toujours peur lorsque la lumière s'éteint, quand les gens autour de moi parlent trop fort, quand quelqu'un se met à crier un peu trop fort, au son de certains sorts et même lorsque je vois la dague que l'on utilise pour les potions.

Ce genre de chose, personne ne le sait. Personne, si ce n'est lui. Parce que, dans toute cette histoire, il doit bien être la seule personne à savoir toute la profondeur de mon être. Le bon et le mauvais. Les rêves et les cauchemars. Les peurs et les espoirs…

— Merde, bébé ! Tu es humaine ! Tu as complètement le droit de péter un plomb, d'envoyer chier qui tu veux ou de coller la droite de sa vie à Drago si ça te chante !

Je n'en suis vraiment, mais alors vraiment pas fière, de ce moment-là… Certes, sur le moment, tout comme en troisième année, ça m'a fait du bien. Mais maintenant, lorsque je le regarde dans les yeux, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir.

Que je le veuille ou non, Drago est devenu important dans ma vie sans que je n'en comprenne vraiment la raison. Je sais uniquement qu'un jour je le détestais, et le lendemain, il a été la seule personne sur qui j'ai pu poser mes yeux pour faire céder mes boucliers et placer mes espoirs.

Et depuis, je lui ai appris que toute sa vie, tout ce qu'on lui avait toujours appris, tout cela n'était que des foutaises. Que Drago Malefoy n'avait jamais existé, mais que Drago Prince, lui, oui. Et je dois bien avouer que Drago Prince, je l'aime bien. Bien plus que Drago Malefoy !

Mais la détresse de Charlie est de retour, me vrillant l'estomac avec une force insoupçonnée, me faisant chavirer et je sens enfin les larmes qui coulent lentement, religieusement sur mes joues. Sa peur résonne en moi, faisant écho à la mienne.

— Tu t'es effacée de la mémoire de tes parents pour les protéger, tu es partie en cavale pendant un an avec mon abruti de frère et le tien qui attire encore plus les emmerdes que toi, ce qui n'est pas peu dire ! Tu t'es fait torturer et tu as vu plus de morts et de choses horribles que nombre de sorciers centenaires !

S'il savait toute la peur que j'ai pu ressentir durant un an, perdu au milieu de nulle part, sans savoir si nous allions tous mourir…

Déjà à cette époque, je pouvais m'avouer que ses compétences de duelliste nous auraient bien aidées pour nous sortir de certaines situations… Mais je ne suis pas sûre qu'avec l'Horcruxes autour du cou il aurait pu être supportable… Il y avait tant de rancœur en lui à ce moment-là… Pas que ses émotions soient moins vives maintenant, mais elles sont différentes, peut-être un peu plus palpables aussi…

Pourtant, lorsqu'il parvient à se calmer assez pour venir s'accroupir devant moi, j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas. Parce que sa dernière assertion est la pire. Elle déclenche la tempête en moi, encore une fois, et les larmes reprennent de plus belle.

— Tu as perdu tes parents, ta meilleure amie et on a perdu le bébé ! Tu ne crois pas que tu es parfaitement en droit de vouloir être un peu égoïste ? De vouloir penser à toi de temps en temps ?

— Je voulais juste que tu sois un peu heureux…, soufflé-je.

Si je lui avais envoyé une potion particulièrement corrosive au visage, il aurait sûrement eu l'air tout aussi hébété durant quelques secondes avant que la colère ne reprenne le pas dans ses émotions, le faisant se relever vivement, reculant d'un pas pour me darder d'un regard sombre où la fureur est plus puissante encore qu'il ne me l'a jamais fait ressentir… Définitivement, ce n'étaient pas les mots à dire pour le calmer…

— Et tu crois que je le serais si je te perdais, toi aussi ? hausse-t-il encore le ton, bâtant un bras dans le vide. Putain ! Je suis venu te chercher dans ton esprit je ne sais combien de fois, je me suis rendu passible d'Azkaban pour toi ! J'ai fait ce putain de rituel pour toi ! Je suis revenu à Poudlard après Noël pour toi !

Nous nous figeons en même temps à ses derniers mots. Lui, parce qu'il se rend compte qu'il n'aurait pas dû les dires, et moi, parce qu'ils me choquent. Pour moi ? Mais pourquoi avoir fait une telle chose ?

Ce moment semble lui faire retrouver ses esprits puisqu'il soupire, se frotte le visage, rattache ses cheveux en catogan et me tend la main pour me mettre debout. Un instant déstabilisé par la masse de signaux contradictoires qu'il envoi en un seul monologue, je me laisse tout de même faire, retrouvant en moins d'une seconde la chaleur de ses bras, mon nez se nichant contre son torse.

— Ça fait quatre ans que tu es ma bouée de sauvetage et mon moyen de décompression, chérie ! Depuis qu'on s'est revus au square… Je ne sais pas être normal si tu n'es pas là pour me montrer comment faire…, murmure-t-il enfin.

— Tu crois qu'un jour nous parviendrons à nous parler normalement, sans que l'un de nous ne crie sur l'autre ? soufflé-je contre sa chemise.

— Nous n'avons jamais su faire ça, bébé, ricane-t-il.

— C'est vrai qu'entre nous, ça à plutôt mal démarré…, fais-je de la même manière.

Bon sang… Il s'agit là de l'euphémisme du siècle ! Si seulement je pouvais savoir ce que j'ai fait de mal, ce jour-là, pour qu'il s'en prenne à moi… Parce que je ne croirais jamais Tonks quand elle m'a dit qu'il s'agit de l'expression refoulée d'un amour inconditionnel ! Il y a des limites à la niaiserie que je ne suis pas encore apte à traverser…

— Avec le recul, je me dis que j'aurais sûrement pu trouver plus percutant que : « Tiens ! Mais ne serait-ce pas la petite Sainte-Nitouche inculte Hermione Granger ? » secoue-t-il la tête.

— D'autant plus que je n'avais fait que te dire « salut »…

Bordel… La déferlante de haine et de colère qui m'a vrillé l'estomac lorsqu'il m'a dit ces mots… Je pense que j'ai totalement perdu la tête ce jour-là, mais voir le choc et cette incompréhension si marquée sur son visage lorsque le premier sortilège de découpe a atteint son abdomen… J'en ai souri durant des jours ! Certes, l'issue du combat restera pour toujours inconnue, mais bon sang, ce fut mon premier vrai duel, et il restera longtemps marqué en moi au fer rouge !

— Que veux-tu, personne ne résiste à mon charme, ricane-t-il.

— Le côté mystérieux d'un Sombral et le charisme d'un Boursouflet, c'est ça, n'est-ce pas ? souris-je en coin en reprenant ma place sur le canapé. Je ne me trompe pas ?

Toute la tension qui l'habitait quelques minutes plus tôt s'est totalement échappée, ne reste maintenant plus que le Charlie Weasley que j'ai appris à découvrir durant les vacances à la Chaumière ou même durant ce mois de cohabitation.

— J'aimerais que l'on parle de votre fausse couche quelques instants, Hermione, dit doucement Hawks. Comment vous sentez-vous, après un mois ?

Bordel… Je l'avais oublié celle-là… Et très sincèrement, si toute cette séance avait pu se terminer sur cet échange précédent, je crois que j'aurais largement préféré, plutôt que cette question qui remue encore et toujours le même chagrin en moi… Mais dans l'intérêt de garder ma magie – Marvel a été très clair sur ce point précis – je suppose que je dois répondre à sa question, encore une fois… Bon sang… Cette année n'en finira jamais…

— Même si j'ai compris ce que m'a dit Charlie ce jour-là, je me sens toujours coupable. Je sais que vous m'avez dit que ça prendrait du temps, mais je pensais que j'étais plus forte que ça…, grimacé-je de colère.

D'après elle, le traumatisme est trop profondément ancré… La question, maintenant, est de savoir de quel traumatisme il est question, parce que je ne vois pas en quoi la perte du bébé pourrait bien être l'expression d'un trauma !

J'ai survécu à une année de cavale, à des tortures, à un champ de bataille plein a craqué d'ennemis tous plus vicieux et violents les uns que les autres, à la mort de mes parents, à celle – orchestrée – de Harry, alors pourquoi, d'après elle, celle de mon bébé serait-elle différente ?

— En avez-vous parlé autour de vous ? fronce-t-elle les sourcils.

— Non. Mais je suppose que Harry ou Charlie l'ont fait et qu'il s'agit de la raison pour laquelle les gens que j'ai blessés ne m'en veulent pas trop… Je ne sais pas…, soupiré-je de lassitude.

— Je n'ai rien dit, secoue la tête Charlie, et je sais que Harry non plus. Je lui ai posé la question il y a quelques jours.

Je suppose que partager ses quartiers et ses samedis après-midi avec lui et ses frères permet de faire bien plus que si, comme moi, on préfère rester reclus dans son appartement et éviter la compagnie de quiconque, qu'elle soit amie ou ennemie…

Mais c'est si dur de voir le bonheur des autres et de ne ressentir que de la colère et de la haine. Si dur de voir les gens que l'on aime, que l'on considère comme de sa famille, et vouloir leur faire du mal pour qu'ils arrêtent de sourire… Parfois, il vaut mieux rester chez soi…

— Pensez-vous que Charlie pourrait vous aider à vous sentir mieux ?

— Je ne sais pas…, soufflé-je, mal à l'aise. Peut-être…

— Qu'est ce qui te bloque ? fronce-t-il les sourcils à son tour, inquiet.

— Tout, je crois…


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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la première partie du chapitre 28 !

Je vous ai donné envie ? Si c'est le cas, ne manquez pas notre prochain rendez-vous, lâchez une review et mettez cette histoire en favori !

Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.