Chapitre 48 : Descente

Résumé :

Severus, Dumbledore et Madame Goswami (et Abhay) entament la descente vers la Chambre.


Madame Goswami entra la première dans les toilettes du deuxième étage. Quand elle eut confirmé qu'aucun élève ne s'y trouvait, Severus et Albus suivirent.

- Il y a plus de magie de serpent que de vraie odeur de serpent ici, » rapporta Abhay. « Plus fort dans ce coin. » Il pointa la tête en direction du lavabo le plus éloigné de la porte, qu'ils savaient déjà être celui où Jedusor avait utilisé Mlle Weasley pour entrer dans la Chambre.

Pendant ce temps, Albus avait verrouillé et bloqué la porte derrière eux, pour éviter qu'un élève entre dans les toilettes pendant qu'ils exploraient, et attaché un étrange appareil or et cuivre sur le mur. Severus ne posa pas de question. Le but de cet objet serait révélé, ou pas.

Madame Goswami tendit un bandeau à Severus. « Le mot de passe, » dit-elle, « est, en fourchelang, 'Ouvre la voie pour la chambre de Serpentard'. Je vous conseille de regarder Abhay quand vous essaierez de le dire. »

Severus s'éclaircit la gorge, serra sa baguette dans sa main, et plongea son regard dans celui d'Abhay avant de répéter « Ouvre la voie pour la chambre de Serpentard. »

Le robinet de cuivre du lavabo le plus éloigné de la porte blanchit et se mit à tourner sur lui-même. Puis le lavabo tout entier se mit à bouger, s'enfonçant dans la pierre. Là où il se tenait, se trouvait maintenant une volée de marches s'enfonçant dans le sol, vers une voûte de pierre basse, sous le miroir des toilettes.

- … Eh bien, » dit Madame Goswami. « Voilà qui s'annonce amusant. » Elle tapota la tête d'Abhay avec sa baguette, et une paire de cache-œils apparut (« Je déteste ce sort » marmonna Abhay), puis attacha son propre bandeau atour de ses yeux. « Voulez-vous mener la voie, Directeur ? » proposa-t-elle. « Puisque vous pouvez voir où nous allons ; Severus, vous pouvez vous mettre derrière moi. »

- Bien sûr, » dit Albus avec sérieux, sortant les lunettes périscope de sa poche et murmurant quelques sorts avant de les placer sur son nez. « Il faut un petit temps d'adaptation, » commenta-t-il. « Hmm. »

Severus attacha son propre bandeau et attrapa la canne qu'il avait calée sous son bras, testant sa capacité à percevoir son environnement avec. S'il la faisait glisser sur le sol devant lui, il pouvait percevoir l'irrégularité des pavés – bien. Mais c'était moins efficace pour lui indiquer la forme des objets qui ne touchaient pas le sol – il savait que les portes de plusieurs cabines étaient ouvertes, mais il ne pouvait pas savoir où. Il fronça les sourcils, et ajusta légèrement son bandeau afin d'avoir un petit champ de vision de chaque côté de son nez s'il regardait directement vers le bas. Il était peu probable qu'il voie le Basilic avant de l'entendre, et une meilleure perception de son environnement valait le risque.

- Je suis prêt, » dit-il. « Albus ? »

Il entendit les pas d'Albus et le bruit de ses robes frottant le sol, puis un froissement de tissu – peut-être son bras qu'il bougeait. « Il semble que nous avons là un escalier en spirale, » rapporta Albus. « Les marches sont de taille régulière. Il y a une distance d'environ quatre-vingt-dix centimètres entre le pilier central et le mur. »

Severus grimaça et glissa sa canne sous son bras. Il n'y aurait presque pas la place de bouger là-dedans, et il serait plus à l'aise en posant une main sur le pilier.

- Ça a l'air très bien, » dit Madame Goswami devant lui. « Si vous pouvez commencer à descendre, je vais vous suivre. Je vais essayer de rester quelques pas après vous. »

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Ils avancèrent ainsi, descendant l'escalier un par un. La légère lumière que Severus pouvait percevoir autour de son bandeau se réduisit fortement après le premier tour de spirale, mais ça n'avait pas vraiment d'importance. Il faisait confiance à ses pieds bien plus qu'à ses yeux, tâtant la profondeur et la hauteur de chaque marche avant de déplacer son poids, restant du côté le plus large des marches, contre le mur. Il ne pouvait entendre que le froissement des vêtements, les pas des deux personnes qui le précédaient, et leur respiration.

Ils descendirent encore et encore, et encore, sa perception du temps se perdant dans la monotonie du trajet. L'air était devenu immobile et froid comme dans les cachots, et Severus regrettait de ne pas avoir pensé à compter les marches.

Enfin, Albus reprit la parole. « Nous arrivons en bas des marches. » Sa voix résonnait de façon différente, indiquant un espace plus vaste, et quelques instants plus tard, le bruit de ses pas s'interrompit. « Encore quatre marches, Madame, » dit-il d'une voix aimable. « … Avancez maintenant, voilà. Severus, encore trois marches. »

Ce fut un soulagement de poser les deux pieds sur le sol égal, et Severus entendit Madame Goswami murmurer « Mes cuisses ne vont pas me remercier pour le trajet retour. »

- Et maintenant ? » demanda Severus. Même si l'écho suggérait un endroit plus grand, ça ressemblait à un couloir, pas à une grande pièce.

- Nous sommes dans un tunnel de pierre, » révéla Albus. « Environ deux mètres quarante de largeur et de hauteur. Il y a un trou circulaire dans le plafond au dessus de nous, d'environ un mètre. Le sol est recouvert de squelettes de petits animaux – des rongeurs, il me semble. »

- Des squelettes ? » demanda Madame Goswami, surprise. Severus entendit un froissement de vêtements, puis elle prit la parole à nouveau, beaucoup plus près du sol. « Abhay, que sens-tu ? L'observateur dit qu'il y a des os. »

Une pause. Puis : « Des os vieux, secs. Humide. Un Basilic passe par ici parfois. » Une pause plus courte. « Moins barbant que les escaliers. »

Severus retint un sourire, amusé. « Le Basilic passe ici de temps en temps, » essaya-t-il de traduire, espérant que ça sortait en anglais. « Est-ce que le tunnel est droit ? »

- Il tourne vers la gauche, » répondit Albus, pensif. « Si vous gardez votre main sur le mur, vous pourrez suivre la courbe. Je pense que ce ne sera pas le seul virage. Allons-y, qu'en dites-vous ? »

Après réflexion, Severus décida de suivre le mur à l'aide de sa canne – plus facile de la laisser tomber s'il y avait un sort. Le groupe se remit en mouvement, les os craquant sous leurs pas. Le tunnel tournait, en effet, dans toutes les directions et repartant même en arrière plusieurs fois, mais le chemin ne se sépara jamais, même si Albus signala la présence d'autres ouvertures dans le plafond. Leur passage ne déclencha aucun maléfice, aucun piège – selon toute apparence c'était simplement un tunnel de pierre où des centaines de rongeurs malchanceux s'étaient retrouvés pris au piège et étaient morts de faim.

Et puis…

- Attention, » siffla Abhay, Madame Goswami le répétant en anglais.

Tous trois s'immobilisèrent.

- Que se passe-t-il ? » demanda Madame Goswami.

Une pause. « Odeur plus forte devant nous. Peut-être vieux. Pose-moi, je vais vérifier. »

Severus entendit un froissement, puis le cliquetis d'os se frottant les uns contre les autres. « Abhay vérifie la suite du couloir, » expliqua Madame Goswami à Albus. « L'odeur du Basilic est plus forte dans cette direction. »

Ils attendirent une minute. Deux. Trois.

Plus, à nouveau le cliquetis d'os, et la voix d'Abhay. « Une mue, encore souple. Quelques jours. Pas d'odeur plus fraîche. »

Severus poussa un grand soupir alors que Madame Goswami traduisait, roulant ses épaules afin de soulager la tension.

- J'aimerais collecter la peau avant que nous continuions, » ajouta Madame Goswami. « À moins que l'un de vous s'y oppose ? »

Severus pouvait comprendre l'impulsion – la peau de Basilic était très rare. « Pas moi, » reconnut-il.

- Du moment que je peux examiner ce que vous prenez avant que vous quittiez l'école, » dit Albus.

- C'est raisonnable, » dit Madame Goswami, se relevant. « Allons-y. »

Quand Albus annonça qu'ils avaient atteint la mue, Severus souleva son bandeau pour regarder, et cligna des yeux avec stupéfaction. La peau n'était pas un tissu translucide aux bords déchirés, mais un tube d'un vert éclatant, lisse et entier à part la tête.

Madame Goswami, qui s'était agenouillée sur le sol du tunnel pour ramasser la peau, leva les yeux vers lui et sourit. « Une fois que la tête est passée, ils peuvent rétrécir pour se dégager du reste, » expliqua-t-elle. « La magie qu'ils contiennent garde la peau fraîche pendant environ une semaine. » Avec efficacité, elle roula la peau sur elle-même, et la glissa dans un sac de toile qu'elle avait tiré de sa besace. « Et voilà. » Elle se leva, et remit son bandeau en place. « Allons-y. »

Severus, lui aussi, remit son bandeau en place, et le groupe continua son chemin.

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Enfin, Albus indiqua : « Nous arrivons au bout du tunnel. Il y a un mur qui bouche le passage, gravé de deux serpents enlacés, avec des yeux de gemmes vertes. Vous voudrez peut-être regarder cela avant de continuer, Severus. »

Severus réfléchit attentivement, puis souleva son bandeau pour se joindre à Albus dans l'examen du mur. Le fait qu'il soit enchanté était facile à confirmer. Les 'yeux' étaient le foyer – ce que n'importe qui pourrait voir. Severus arriva à bout de sorts bien avant Albus, mais ils aboutirent à la même conclusion ; les enchantements agissaient sur la porte en elle-même, et ne devraient pas affecter quelqu'un qui se tenait devant.

- Peut-être est-il temps d'essayer de leur parler ? » suggéra Madame Goswami. « Mlle Weasley se rappelle leur avoir demandé de s'ouvrir. »

Severus observa les serpents d'un air méfiant. « Je suppose. » La lueur du lumos d'Albus faisait scintiller les yeux d'une façon qui semblait leur donner vie, et il lui fut étrangement facile d'employer le langage adapté quand il demanda « Je suis le Directeur de la Maison Serpentard. Puis-je entrer ? »

Les serpents se mirent en mouvement, ondulant à travers la pierre jusqu'à être pleinement séparés, puis le mur se fendit à la verticale en plein milieu et les deux moitiés se séparèrent.

Severus ferma les yeux avant de voir ce qui les attendait de l'autre côté, mais il entendit Albus s'avancer et dire, sa voix résonnant dans un grand espace : « Je crois, Severus, que nous avons atteint la Chambre. »


Notes de l'autrice :

- Utiliser une cane pour se déplacer demande un certain talent, et se déplacer dans un endroit inconnu sans rien voir est difficile. Severus utilise donc plusieurs outils. Dans le prochain chapitre, nous rencontrerons enfin le Basilic !

- À propos des canalisations :

Après que j'ai fait des commentaires sur la taille des canalisations de plomberie, plusieurs lecteurs de la VO m'ont signalé l'existence des égouts romains (Cloaca Maxima) comme exemple de canalisations très larges avant le Xe siècle. Vous avez raison : la Cloaca Maxima est faite de très gros tuyaux qui laisseraient facilement passer un Basilic de la taille de celui que Harry a combattu. CEPENDANT,

1) Ces tuyaux sont des égouts. Ils sont là pour emporter les eaux sales et les détritus hors de la ville, donc leur vitesse d'écoulement peut être très faible. Ils utilisent la légère pente descendante vers l'issue pour arriver à ça.
2) Ces tuyaux ne se trouvent pas à l'intérieur des murs d'un château.

L'eau aime se déplacer vers le bas. Si l'eau doit se déplacer vers le HAUT, il faut créer une pression supplémentaire pour l'y envoyer. Pour transporter de l'eau depuis le Lac de Poudlard (sous la Grande Salle) jusqu'aux toilettes du deuxième étage, il faut la faire monter sur au moins dix mètres, probablement quinze. Elle doit probablement monter encore plus haut, afin que les élèves dans les tours de Gryffondor et de Serdaigle puissent avoir des salles de bain et toilettes dans leurs dortoirs.

Si un tuyau est trop étroit, l'eau se déplace moins vite à cause de la friction sur les parois. Si le tuyau est trop large, il faut beaucoup plus d'effort pour atteindre la pression nécessaire. Par exemple, pour faire monter de l'eau sur 15 mètres, il faut exercer une pression d'environ 1 kilo par centimètre carré*. Un tuyau plus grand représente plus de surface, donc le besoin d'une pression plus importante.

* Note de la traductrice : 17 livres par pouce carré. J'ai traduit directement. Si un plombier/physicien/mathématicien me lit et que c'est faux, n'hésitez pas à me le dire dans les commentaires.

Cela signifie que la plupart des canalisations qui transportent de l'eau sur plusieurs étages dans un même bâtiment ne sont probablement pas très larges. Quinze centimètres de large, oui. Trente centimètres, peut-être. Un mètre ? Très, très improbable.

Quel que soit le système de canalisations qu'utilise Poudlard, il n'a probablement pas été installé avant le 19e siècle. Peut-être même plus tard. Avant ça, la seule façon de transporter de l'eau dans des étages était de porter des seaux – et même si la magie a pu rendre ça plus facile, ça n'a rien à voir avec un système de canalisations. Les tuyaux d'égouts qui transportent l'eau sale hors d'un bâtiment sont plus anciens, mais je n'ai pas envie d'imaginer un Basilic nageant dans des égouts. Installer des canalisations dans des murs en pierre massive a probablement nécessité des travaux très importants, mais disons juste que la magie a pu rendre ça plus facile. Cependant, à moins que quelqu'un se soit donné la peine d'appliquer des sorts de modification de l'espace à l'intérieur de toutes les canalisations (afin d'avoir besoin de moins de pression, vous suivez ?), il a fallu faire tenir les tuyaux dans les murs. Les murs externes d'un château PEUVENT faire plusieurs mètres d'épaisseur, mais a) Harry n'a jamais semblé avoir de mal à observer le parc du château à travers les fenêtres, ce qui suggère qu'il n'avait pas à regarder à travers un petit tunnel, et b) au moins une fois, après l'Anniversaire de Mort, Harry entend le Basilic se déplacer à travers un mur INTERNE, qui ne ferait probablement pas plus d'un demi-mètre d'épaisseur.

En plus de tout ça, le Basilic doit pouvoir SORTIR des canalisations. Même si le lavabo des toilettes du deuxième étage peut s'effacer pour laisser sortir un très grand serpent, le Basilic attaque également Colin dans les escaliers près de l'Infirmerie, et Justin dans un couloir donnant sur des salles des classe, et cependant aucun des portraits n'a signalé avoir vu passer un énorme serpent (nous savons que les portraits PEUVENT parler de ce qu'ils voient, à cause des réponses de la Grosse Dame dans le troisième livre). Cela signifie soit que le Basilic sort des canalisations juste à côté des lieux d'attaque (auquel cas il existe plusieurs issues de grande taille, ou alors le Basilic peut passer à travers des tuyaux plus petits) et/ou que le Basilic est assez petit pour ne pas être remarqué.

Bref, j'en arrive à ceci : je ne pense pas qu'il soit réaliste qu'un Basilic de taille maximale puisse se déplacer dans les canalisations, et puisse en sortir sans être repéré. C'est mon opinion personnelle, et j'en conclus que le Basilic peut changer de taille.