Bonjour à tous !
J'espère que vous allez bien.
Un chapitre de transition pour aujourd'hui. J'espère qu'il vous plaira. J'ai pris pas mal de retard dans l'écriture ces derniers temps suite à pas mal de soucis, mais j'ai encore un peu d'avance alors je pense pouvoir tenir le rythme.
Je vous remercie pour vos commentaires tous aussi touchants et drôles les uns que les autres.
Je vous embrasse et vous dit à vendredi prochain,
Tendrement,
Lou De Peyrac.
Chapitre 47 :
Mak s'assit sur le carrelage de sa cuisine, tentant de reprendre une respiration lente et régulière.
Putain mais cette foutue blonde cesserait-elle un jour de lui faire un tel effet ?
Elle avait fait quelques recherches là-dessus à une certaine époque, se demandant bien, aux alentours de la deuxième année à l'attendre, si son attirance pour Elsa allait finir par passer.
Elle avait épluché pas mal d'articles tous plus profonds les uns que les autres une nuit où elle n'arrivait pas à dormir, prise d'angoisse, désirant tout comprendre.
Elle avait découvert que, pour savoir pourquoi une personne nous plaisait, tout était une histoire d'hormone.
On rencontre quelqu'un et suite à notre vécu, la personne nous plait. Pourquoi ? Foncièrement personne ne le sait vraiment puisque tout se déroule dans les méandres de l'inconscient. Qui sait ? Si Mak avait eu un passé différent, peut-être qu'Elsa ne lui aurait jamais plu. Mais elle avait beau chercher, rien de son passé ne pouvait coordonner avec son attirance pour la blonde. Et puis, finalement, en y réfléchissant, elle se rendit compte que le plus gros point commun qu'Elsa et Emma partageaient, étaient que toutes deux étaient blondes. Peut-être avait-elle un truc avec les blondes. Peut-être que vers l'âge de deux ans, une jolie jeune femme blonde lui avait fait de l'effet… ?
Elle secoua la tête, ces réflexions ne la mènerait nulle part.
Et pourtant, elle se souvint avoir lu que, à ce moment-là, au moment des 0,13 secondes qu'il faut à l'être humain pour tomber amoureux, des zones du cerveau s'activent et sécrètent tout un tas d'hormones censé provoquer motivation, plaisir, euphorie, bien-être, attachement. Tous ces mots en ine que Mak adorait retenir. Dopamine, Endorphine, Sérotonine, Ocytocine…alors autant dire qu'Elsa était un shot mortel de tous ces trucs-là.
Mais, elle avait été rassurée en découvrant que, généralement, l'amour ne dure que trois ans. Pourquoi ? Elle avait cru comprendre que c'était le temps que la nature jugeait suffisant pour élever un gosse. En gros, les parents se mettent ensemble et s'aiment pour se reproduire et assurer la survie de l'espace humaine, mais, au bout de trois ans, lorsque mère nature croit que l'enfant a eu assez de temps pour se développer, les parents n'ont alors plus aucune raison de rester ensemble. L'attirance perd alors en intensité.
Elle avait attendu, et encore attendu, puis les trois ans étaient passés, mais elle aimait Elsa toujours autant. Elle ne comprenait pas, tout lui échappait. Pourquoi ne pouvait-elle pas cesser de l'aimer comme toute personne saine d'esprit l'aurait fait ? Alors encore une fois, elle s'était renseignée, ne laissant jamais un moment de répit à son esprit. Elle avait lu qu'on restait avec une personne pour un amoncellement de petites choses combinées en un attachement profond. Une main dans des cheveux, la douceur d'une peau, l'éclat d'un regard, une odeur…
L'odeur d'Elsa… il était sûr qu'elle l'aimait en partie pour ça. L'odeur, c'était le même principe. On n'aimait une odeur parce que, dans le passé, on l'avait associé à un moment T. Le délire du syndrome de Proust… Mais alors pourquoi l'odeur d'Elsa lui plaisait tant ? Qu'est-ce qu'elle lui rappelait exactement ? Le dernier Noël avec son père ? Elle en doutait.
Elle passa une main sur son visage en soupirant… et voilà, elle s'était encore faite avoir, son cerveau recommençait à faire ça, à gamberger sur des pensées incohérentes et elle sentait déjà un mal de tête marteler ses tempes. Elle se pinça l'arête du nez en grognant, se levant maladroitement en espérant quelque part se fracasser la tête contre le carrelage. Elle avait besoin de Xanax. Seul Xanax arrivait à calmer ses réflexions intempestives.
Tu vas encore prendre cette merde… ? Osa demander la petite voix.
- Oui, pour te faire taire. Je n'en peux plus de t'entendre, grogna Mak et Colonel se demanda à qui elle parlait.
Alors elle décapsula deux comprimés et les fourra dans sa bouche sans se poser de questions, ne désirant qu'une seule chose : que son cerveau s'arrête.
Elsa se surprit à ressembler à une adolescente, allongée sur son lit, son téléphone éternellement dans la main, souriant comme une idiote en observant le message.
Monsieur Stark… Mak ne l'avait jamais appelé ainsi et pourtant, elle ne savait pourquoi mais elle sentait que ce surnom lui collait déjà à la peau. Peut-être que Mak préférait Monsieur Stark à Madame Lange… peu importe, pour elle, elle pouvait bien être n'importe qui…
Alors Mak avait changé de numéro elle aussi ? Peut-être que comme elle, avait-elle voulu tourner une page. Et Elsa s'était un peu reconnu en la personne de Sarah Lichtenstenner en continuant, durant toute ses années, à payer son abonnement téléphonique ne serait-ce que pour pouvoir encore entendre sa voix.
Les premiers temps, elle avait eu droit à un message par semaine. Mak, toujours étrangement enjouée dans le ton de sa voix, lui racontait alors ses journées dans les moindres détails. Lui expliquant à quel point elle lui avait manqué, un soir où elle avait passé une soirée en compagnie de ses amies pendant les vacances d'été qui avaient suivi son année de Terminale. Alice avait joué de la guitare, Esméralda et Ralph s'étaient affrontés à Mortal Kombat pendant des heures, et Kuzco avait tellement bu qu'il avait fini la tête dans les toilettes. Et même si elle n'y avait pas répondu, ce message avait réchauffé le cœur de l'enseignante qui imaginait sans peine une Mak rire entourée de ses amis.
Puis le temps avait passé, et Elsa ne recevait alors plus qu'un message par mois. Mak lui avait alors fait part du fait qu'elle ne savait toujours pas qu'elles études elle devait choisir, que la vie d'adulte ne l'intéressait vraiment pas pour le moment et qu'elle aurait bien besoin d'une certaine prof de philo pour jouer les conseillères d'orientation. Ce message avait fait sourire Elsa et ne l'avait pas inquiété une seule seconde. Car même si Mak avait un sévère penchant pour l'indécision, Elsa savait que son élève était débrouillarde et s'en sortirait toujours. Le fait qu'elle travaille dans un bar actuellement ne l'avait pas plus étonnée que ça d'ailleurs, Mak faisait ce qu'elle savait faire, ce qu'elle avait en partie apprit avec Oaken. La suite viendrait avec le temps, l'enseignante savait que l'avenir de son ancienne élève ne serait jamais compromis.
Et ce fut ainsi durant des années, même si Elsa remarquait maintenant que Mak ne lui avait jamais parlé d'Emma dans aucun de ses messages. Peut-être avait-elle peur de provoquer une certaine jalousie en elle. Jalouse ? Elle l'aurait été, c'est sûr. Et ce fut ainsi jusqu'au dernier message, reçut quelques semaines plus tôt, qui lui annonçait qu'elle ne l'attendait plus, message qui l'avait fait revenir.
Mais dans l'instant, elle n'avait pas envie de penser à ce message déchirant, ni à Emma Swan d'ailleurs. Mak lui avait envoyé un message. Mak laissait une porte ouverte pour elle. Mak laissait une chance à Tony Stark alors si ce qu'Elsa devait devenir pour pouvoir de nouveau lui appartenir, elle n'hésiterait pas une seconde à enfiler une armure en acier trempé.
Mak, assommée par les deux comprimés qu'elle venait de prendre, se dirigea vers la salle de bain.
Elle lança de la musique sur son téléphone qu'elle posa sur le meuble de l'évier et se déshabilla, mettant son t-shirt taché au sale avant de se glisser sous l'eau chaude de la douche.
Alors que l'eau brûlante se glissait entre les mèches de ses cheveux bleus, Note pour trop tard d'Orelsan résonna dans la salle de bain.
J'avais ton âge, y a à peu près ton âge
Le passage à l'âge adulte est glissant dans les virages
Devenir un homme, y a pas d'stage, pas d'rattrapage
Maintenant t'es dans l'grand bain, devine comment on nage
T'auras toujours une espèce de rage, envie d'prendre le large
D'éclater les types qui jouent d'la guitare sur la plage
Comme à chaque fois qu'tu déménages, c'est un monde qui s'écroule
Écoute, l'histoire s'écrit en tournant les pages
Écoute, j'ai pris quelques notes
Elle aimait profondément cette chanson, pour une fois qu'un artiste lui livrait un mode d'emploi sans qu'elle n'ait à le construire de toute pièce, c'était véritablement appréciable pour elle. Elle regrettait seulement que le chanteur n'ait pas fait cette chanson plus tôt, délivrant ici tout ce qu'un adolescent avait besoin de savoir pour vivre au mieux cette période transitoire souvent trop douloureuse qu'était l'adolescence. Peut-être que si Orelsan s'était décidé à créer cette chanson pendant son année de Terminal, Mak aurait sans doute fait moins de connerie…
Ah oui, personne t'oblige à fumer d'la weed
En fait, ça marche mieux sur les hyperactifs
Disait le chanteur, et Mak ne pouvait qu'être d'accord avec lui, même s'il ne parlait même pas des hypersensibles.
Être défoncé, c'est même pas la partie qu'tu préfères
Quand t'es déchiré, tout c'que tu fais c'est faire semblant d'être clair
Faire semblant d'être clair ? Elle avait essayé. Elle avait échoué. Elsa était partie… Qui sait, peut-être que si Orelsan avait sorti cette chanson plus tôt, tout se serait passé différemment. Peut-être qu'elle n'aurait jamais accepté de prendre cet ecstasy à la con, peut-être que Weselton n'aurait alors jamais découvert leur relation, et peut-être qu'Elsa n'aurait alors pas été forcée de partir… Mak se demanda alors si elle devait ces cinq dernières années tortueuses à Orelsan. Il serait si simple de remettre la faute sur Orelsan. De se déculpabiliser comme ça, en un claquement de doigt, de tout pardonner à Elsa, de tout effacer, de recommencer en se disant que de toute façon, si leur relation avait merdé, tout n'était que de la faute d'Orelsan. Mais non, c'était bien trop cruel… déjà que ce type lui offrait un mode d'emploi tous frais payés, elle ne pouvait pas lui mettre la responsabilité de deux cœurs brisés sur le dos, c'était bien trop lourd à porter.
Et puis en y réfléchissant, Orelsan ne l'avait jamais prise pour une idiote car cette chanson n'était pas une note pour tout de suite, mais bien une note pour trop tard…
De plus en plus déglinguée, elle sortit de la douche et se sécha rapidement avant de s'enrouler dans une serviette. Colonel grattait à la porte de la salle de bain. Il avait toujours détesté quand sa maîtresse s'enfermait quelque part sans lui. C'était sans doute son côté chat.
Mettant fin au supplice de son chien, elle ne prit même pas la peine de s'habiller et sortit de la salle de bain. Colonel lui sauta dessus en couinant, manquant de peu d'arracher la serviette nouée autour de sa poitrine.
- Oui mon grand, on s'est quitté il y a dix minutes, mais moi aussi je suis contente de te voir, sourit-elle en offrant une caresse sur la tête du gros chien.
Elle se dirigea ensuite vers la chambre d'Emma après avoir attrapé son téléphone et entra sans faire de bruit. Son gentil flic dormait paisiblement, ses longs cheveux blonds couvrant son visage. Mak sourit, attendrie par cette vision et s'approcha silencieusement avant de se glisser sous les draps, laissant sa serviette de bain sur le sol. Son mal de tête n'était pas passé et ses muscles la tiraient malgré la douche chaude. Elle avait l'étrange et désagréable sensation que son corps, qui lui était resté fidèle jusque-là, l'abandonnait peu à peu depuis le retour d'Elsa, comme s'il lâchait prise malgré elle, comme s'il n'était plus quelqu'un sur qui compter.
Elle inspira profondément en s'allongeant confortablement près d'Emma. Rester près d'Emma, ça marchait généralement pour la rassurer. Emma était d'ordinaire plus douée que Xanax.
- Hey… salua paresseusement la blonde en entrouvrant les yeux.
- Hey, je peux dormir avec toi ? Murmura Mak.
- Viens, sourit la blonde en tendant un bras vers la jeune fille.
Mak ne se fit pas prier et logea son nez dans le cou de la blonde, posant sa tête sur son épaule, passant un bras en travers de son ventre, et une jambe blessée entre les siennes.
- Tout s'est bien passé au boulot ? Demanda Emma d'une voix qui trahissait son besoin de sommeil.
Mak hocha la tête, refusant de parler d'Elsa, de son arcade fendue, de leur discussion teintée de larmes. Quelque chose lui intimait que ça devait rester entre elles… Emma passait et repassait une main tranquille dans les cheveux bleus alors que Mak tombait peu à peu dans le sommeil. Mais son téléphone, n'étant pas décidé à la laisser dormir, bipa. Elle grogna, désirant ignorer le message mais se souvint qu'il pouvait s'agir d'Elsa. Alors elle tendit un bras vers la table de nuit et attrapa l'objet.
De Régina :
Bonne nouvelle Miss Lichtenstenner,
Je vais engager des extras et vous offre quelques jours de repos.
Je crois que vous avez des choses à régler. Reposez-vous. Bonnes vacances.
Mak fronça les sourcils en lisant le message. Elle connaissait Régina et savait pertinemment que ces vacances forcées n'étaient pas un cadeau mais bien un moyen de lui dire qu'elle avait merdé hier soir et qu'elle avait intérêt à être en forme quand elle reviendrait. Si Régina acceptait qu'elle revienne…
- Vas te faire foutre… râla-t-elle en jetant son téléphone sur le lit sans prendre la peine de répondre.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Emma qui avait refermé les yeux depuis un moment.
- Je suis en vacances, soupira Mak en se réinstallant confortablement.
- Et c'est pas bien ?
- Etant donné que m'arracher au boulot est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas devenir complètement dingue, c'est pas ouf, non… expliqua minablement la jeune fille. Franchement je ne sais pas ce que je ferais si Régina en venait à me virer…
Emma, peu habituée à ce que la jeune fille se livre ainsi, ouvrit les yeux en l'observant une seconde. C'était étrange de la voir ainsi, si affaiblie. Mak, pour la première fois, avouait qu'un problème persistait dans sa tête. Car malgré les traitements, les crises de larmes en cachette, les journées à ne pas sortir de sa chambre sans raison, Mak n'avait jamais soulever le fait qu'elle pouvait avoir un problème. Aujourd'hui, Emma ne savait pourquoi, la jeune fille semblait si brisée, si fragile, qu'elle ne pouvait que se livrer à l'évidence. Elle sourit alors tristement et posa une main sur sa joue.
- Regarde-toi… tu es épuisée, fit-elle remarquer en se confrontant à ses cernes, ses traits marqués, des rides qu'elle ne devrait pas avoir à son âge et ses yeux rougis. Ces vacances pourraient peut-être te faire du bien. Ce boulot va finir par te tuer, ma jolie, essaya-t-elle doucement en prenant l'une de ses petites mains dans la sienne.
Emma ne lui demanda pas si elle avait pleuré, c'était inutile, elle le voyait bien. Elle sentait la bière aussi. Emma fut agacée le temps d'une seconde, mais ne releva rien, car même si elle veillait à ce qu'elle ne boive pas d'alcool avec son traitement, ce n'était pas une simple bière qui allait la tuer non plus… Et puis sa coloc avait l'air d'avoir davantage besoin de tendresse que de reproche.
Mak haussa les épaules, vraiment très peu convaincue et se contenta de cacher son visage dans les cheveux de la blonde.
- Je n'aurais jamais pensé dire ça d'un flic un jour mais, tu es la plus belle personne que j'ai rencontré dans ce monde de fou, tu le sais ça ? Demanda Mak alors qu'Emma sentait son souffle mourir près de son oreille.
- Je sais, dans le genre bleu, tu n'es pas mal non plus, sourit la blonde en embrassant le haut de sa tête. Alors ce week-end avec ta mère ? C'était comment ? Demanda-t-elle.
- C'était cool, ça m'a fait du bien, répondit la jeune fille, complètement exténuée en sombrant peu à peu dans les méandres du sommeil, comme si Xanax l'enlaçait délicatement dans une étreinte délicieusement mélancolique.
Emma sourit à cette réponse, rassurée que sa colocataire ait pu prendre un peu de temps pour elle et pourtant pour le reste, elle savait qu'elle lui mentait. Après tout, elle était flic, elle se doutait bien que vu l'état de fatigue et le message de Régina, quelque chose s'était passé hier soir sans qu'elle ne sache quoi exactement. Elle verrait ça plus tard, tant pis, pour l'heure, toutes deux avaient besoin de dormir.
Ce ne fut que deux heures plus tard que le réveil d'Emma se mit à sonner. La blonde l'éteignit immédiatement, ne voulant pas réveiller Mak. Pourtant, la fille aux cheveux bleus grogna au creux de ses bras en fronçant les sourcils.
- Je vais bosser. On se voit ce soir, rendors-toi, murmura Emma avant d'embrasser son front et de s'extirper du lit.
Emma s'habilla rapidement et sortit de sa chambre. Elle offrit une caresse encore endormie à Colonel et opta pour un chocolat chaud saupoudré de cannelle dans la cuisine avant d'attaquer sa journée. Elle fronça les sourcils en remarquant deux bouteilles de bière vides sur la table ainsi que deux mégots de cigarettes dans le cendrier.
- Tiens, tu n'es pas rentrée seule hier soir, murmura-t-elle pour elle-même.
Elle remarqua aussi tout en préparant son chocolat que l'un des mégots portait des traces de rouge à lèvres.
- Et tu étais avec une femme de goût, sourit-elle.
Elle attrapa sa tasse fumante et s'assit à la table de la cuisine. Elle jeta un œil à la pile de papiers qui y était déposée. Des factures principalement, des papiers que Mak adorait remettre au lendemain. Mak avait un réel talent pour la procrastination. Pourtant, une série de chiffres écrite à la va vite d'une écriture qu'elle ne reconnaissait pas attira son attention.
- Il est à Elsa ce numéro ? Demanda-t-elle à l'attention d'un Colonel qui était couché sur le carrelage, bien décidé à finir sa nuit. T'es comme ta maitresse, toi. Tu n'es pas décidé à me faciliter la tâche, commenta Emma alors que le chien ne relevait même pas une oreille. Eh ben, soupira-t-elle en finissant rapidement le fond de son chocolat, je ne suis pas aidée avec vous deux, dit-elle en enfilant sa veste.
Colonel s'agita, et vint se poster à ses pieds en prenant un air d'imbécile heureux.
- Ah non hein ! Tu ne viens pas avec moi aujourd'hui, arrêta de suite Emma. Mak est rentrée, elle va s'occuper de toi, et je te défends de la réveiller, ordonna-t-elle en pointant un doigt autoritaire vers le chien qui sembla comprendre puisqu'il retourna se coucher. Je suis flic moi, pas maitre-chien, râla la blonde en offrant une dernière caresse à Colonel avant de sortir discrètement de l'appartement.
Colonel observa quelque seconde la porte qu'Emma venait d'emprunter. Il était content de rester avec Mak aujourd'hui, sa maîtresse lui avait manqué c'était une certitude. Mais il devait avouer que le bureau d'Emma lui faisait envie quand même. D'autant plus que tous les collègues d'Emma avaient semblé joyeux en le voyant. Il l'avait tous caressé et l'un d'eux lui avait même offert un morceau de son sandwich.
Emma se gara, déterminée, sur le parking du Storybook. Elle s'était levée tôt pour y faire un crochet avant de partir bosser. Hercule n'était pas à l'entrée pour une fois et elle remarqua aussi qu'une affiche stipulant qu'ils étaient en recherche de personnel était scotché à la devanture. Elle fronça les sourcils alors que sa colère montait encore d'un degré et tenta d'ouvrir la porte. Fermée, évidemment.
Pourtant, elle ne se laissa pas abattre et toqua sans douceur contre la vitre. Elle plissa les yeux en remarquant que tout était éteint. Il était encore tôt pourtant, elle avait vivement espéré croiser Régina Mills, autrement dit, la femme qui se plaisait à mettre sa coloc sur la touche. Soupirant, elle toqua encore, plus fort, cette fois, exactement comme quand elle frappait à la porte d'un criminel en hurlant, Police, ouvrez !
Enfin, elle perçut du mouvement à l'intérieur. Régina apparut au fond de la pièce et elle la vit très clairement soupirer en comprenant qui venait la déranger.
La brune ouvrit la porte.
- Shérif, que me vaut le déplaisir de votre visite ? Chantonna-t-elle en soupirant.
Toujours aussi aimable… pensa Emma.
- J'aimerai savoir pourquoi vous avez viré Mak, déclara la blonde en entrant dans le bar. Et je veux un chocolat chaud aussi, réclama-t-elle alors que Régina tenait toujours la porte. Avec de la cannelle, précisa-t-elle, s'attirant une grimace de dégout de la part de la brune qui finit par soupirer en gagnant son comptoir.
- Je vous en prie, entrez, ironisa Régina en s'affairant pourtant à préparer sa boisson, notant que cette blonde avait un réel problème avec l'entrée par effraction.
Pour un flic, c'était désolant…
- Merci, sourit Emma en s'asseyant sur un tabouret, refusant de relever la pique. Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ? Demanda-t-elle plus sérieusement.
- Vous voulez parler d'une blonde qui vide un cocktail sur ma barmaid ou de cette même blonde qui agresse l'un de mes clients ? Demanda Régina en déposant la tasse fumante devant la blonde.
- Attendez, quoi ? Demanda Emma. Une blonde ? Elsa Lange ?
- Comment voulez-vous que je le sache ? Je vous rappelle que c'est vous qui vivez avec Miss Lichtenstenner, pas moi. Vous devez probablement être plus au courant de ses fréquentations, expliqua-t-elle alors qu'Emma roulait des yeux. Mais si vous cherchez à savoir si cette blonde était la même que sur mes caméras de surveillance, oui, c'était elle.
- Qu'est-ce qu'elle voulait ?
- D'après ce que les clients présents m'ont dit, elle était furieuse et elle a déversé sa colère sur un client quelque peu…insistant, dirons-nous.
Emma n'eut besoin d'aucune précision supplémentaire pour comprendre ce que voulait dire Régina par insistant… pourtant un détail lui échappait.
- Et vous savez pourquoi elle était si furieuse ?
- Miss Swan, enquêter est votre job, pas le mien, grogna Régina en s'appuyant au bar.
Emma soupira une énième fois en sachant qu'elle ne tirerait rien de plus de cette femme.
- Et c'est pour ça que vous avez viré Mak ? Pour les actes d'Elsa Lange ? S'énerva-t-elle tout de même.
- Je n'ai viré personne. J'ai besoin de personnel concentré et apte à travailler. Et il est évident que Miss Lichtenstenner n'en est pas capable en ce moment, expliqua calmement Régina. Elle devrait plutôt me remercier de lui offrir des vacances.
- De lui offrir des vacances ? Répéta Emma, indignée. Elle n'a pas pris un seul jour de congé depuis qu'elle bosse pour vous. Ce boulot, elle y tient, argumenta-t-elle alors que sa colère gagnait encore en force.
- Raison de plus pour qu'elle prenne un peu de recul si elle veut le garder, trancha Régina sans s'énerver.
Emma tapa du poing sur le comptoir.
- Vous l'avez dit vous-même, elle est la meilleure barmaid que vous avez engagée, elle ne vous a jamais rien demandé ! Cria-t-elle. Elle s'arrache pour faire vivre votre établissement et maintenant qu'elle a besoin de vous, vous l'envoyez chier ! Pour une tenancière d'un lieu qui prône la tolérance et la compréhension, vous avouerez que vous êtes dégueulasse, accusa-t-elle alors que le regard de Régina devenait noir. Et ce n'est pas parce que vous êtes jolie que vous pouvez vous permettre de vous comporter comme une salope ! Termina Emma, folle de rage en se levant de son siège.
Jolie ? Elle a dit qu'elle me trouvait jolie ? Se demanda Régina qui croyait avoir mal entendu alors qu'Emma se dirigea en de grandes enjambées vers la sortie.
- Emma ! Entendit-elle pourtant.
La blonde s'arrêta net. Tiens, pas de Miss Swan, pas de Shérif, c'était inhabituel. Prise de curiosité, elle se retourna. Régina n'avait pas bougé, mais son regard n'était plus aussi meurtrier que la seconde d'avant, et elle voyait même un brin de malice y briller.
- Quoi ?
- Mon chocolat chaud n'est pas gratuit, vous me devez un verre.
Emma roula des yeux. Comment avait-elle pu croire qu'une once d'humanité persistait dans le cœur de cette femme ? Alors elle soupira et sortit un billet de sa poche. Et alors qu'elle s'apprêtait à le poser sur le comptoir, Régina précisa :
- J'ai dit que vous me deviez un verre. Je ne veux pas de votre argent. Vous avez une carte ? Demanda-t-elle de manière plus légère avec un sourire en coin qui déstabilisa totalement la blonde sans qu'elle ne puisse rien y faire.
Cette brune avait toujours eu des yeux si charmants ou son esprit lui jouait-il des tours ?
Comme branchée sur mode automatique, complètement happée par ses yeux noirs aux teintes chocolatées, Emma rangea alors le billet dans la poche arrière de son jean et en sortit à la place une carte professionnelle qu'elle gardait toujours sur elle avant de la tendre lentement à Régina qui se retenait pour ne pas se moquer de son air abasourdi.
- Bien, consentit la brune en jetant un œil à la carte et au numéro de téléphone en particulier. En ce qui concerne Miss Lichtenstenner, je ne suis pas prête à me séparer d'elle. Elle m'est bien trop précieuse. Mais je crois sincèrement que ces vacances pourraient lui faire le plus grand bien, expliqua-t-elle calmement d'une voix profonde, si profonde qu'Emma aurait pu s'y perdre. Et pour le verre, je vous contacterai, sourit-elle enfin. Vous pouvez disposer, termina-t-elle.
Emma resta stupide plusieurs secondes, ses yeux dévorant la brune comme s'il agissaient d'eux-mêmes. Elle avait surtout l'impression de devenir un papillon complètement obnubilé par une flamme qui risquait pourtant de le tuer.
- Je n'ai pas été assez claire ? Demanda Régina en voyant que la blonde ne réagissait pas.
Emma revint alors subitement à elle, et hocha la tête bêtement avant de baragouiner quelque chose d'incompréhensible et de se retourner pour sortir. La blonde ne s'en doutait pas un instant, mais c'est une Régina souriante et amusée qui l'observa s'enfuir. Lui avait-elle fait peur ? Elle le craignait. Utiliserait-elle ce numéro de téléphone malgré tout ? Elle en était certaine.
Mak parvint à ouvrir les yeux quelques heures plus tard. Quelle heure était-il ? Elle peinait à le savoir. Il semblait que depuis qu'Elsa était retour dans sa vie, elle perdait dangereusement la notion du temps. Elle ne se souvenait pas avoir entendu Emma partir et Colonel dormait encore près du lit. Elle se rappela alors qu'elle n'avait plus aucune raison de se presser puisqu'elle entamait son premier jour de vacances. Elle soupira d'avance. Mon dieu qu'elle allait s'ennuyer… Ne rien faire, elle n'était plus habituée à ces choses-là. Son cerveau allait surement se remettre à gamberger.
Elle jeta un œil à son téléphone. Pas de message d'Emma et encore moins d'Elsa… Bordel que son cerveau allait gamberger. Il fallait qu'elle s'occupe, d'une manière ou d'une autre. Elle ne pouvait pas se permettre de rester accrochée à son portable en espérant minablement un message de Tony Stark. Son cœur ne le supporterait pas, il ne supportait plus depuis longtemps ce processus.
Alors, refusant de se laisser abattre comme si un peu de persévérance restait en elle, elle se leva, et offrit une caresse à son chien avant de commencer son rituel du matin. Comme toujours elle s'autorisa un café, deux cachets, un soupir et une cigarette.
L'appartement était plongé dans un silence qu'elle ne supportait plus. Le silence…encore un synonyme de l'absence qu'elle ne voulait plus entendre. Alors elle connecta son portable à la chaîne hi-fi du salon et les enceintes hurlèrent presque instantanément. Hot d'Avril Lavigne se lança alors que la blonde criait à qui voulait l'entendre qu'elle rêvait de s'envoyer en l'air avec son mec.
Mak sourit, cette chanson lui avait si souvent fait penser à Elsa, chose qu'elle s'était bien gardée de lui dire d'ailleurs, se disant qu'à l'époque, son tendre professeur se serait sans doute moqué d'elle si elle savait qu'elle l'associait à une chanson de midinette en corset et bas-résille qui rêvait de se faire prendre contre un mur.
Mak secoua vivement la tête, refusant de penser à Elsa en ces termes, se rappelant qu'il fallait qu'elle s'occupe. Alors son regard scanna l'appartement. La pile de linge sale, la vaisselle qui traînait encore dans l'évier… Elle n'était pas grande fervente du ménage et Emma non plus d'ailleurs. Mais parfois, dans le cas où son cerveau s'affolait un peu trop, ça se révélait être un bon moyen de duper ses pensées.
Alors elle entreprit de nettoyer son appart de fond en comble. Il lui fallait au moins ça pour oublier qu'elle attendait un message d'Elsa. Elle choisit volontairement de laisser son téléphone sur la table du salon, histoire de ne pas être tentée de le regarder chaque minute de chaque quart d'heure. Faire la vaisselle en balançant des hanches sur une musique hurlante seule dans son appartement, elle avait depuis longtemps adopté ce concept.
La musique fut remplacée par un bip provenant de son téléphone. Elle ne put s'empêcher d'aller voir immédiatement si ce message ne provenait pas d'Elsa et fut malgré tout déçue en constatant que ce n'était autre que Kuzco qui lui demandait ce qu'elle comptait faire pour les vacances qu'il prévoyait cet été.
Elle hésita une seconde. Devait-elle accepter ? Après tout, plus rien ne la retenait à Lyon maintenant. Et si Elsa décidait de tenter quelque chose ? Non, elle ne devait pas, elle ne pouvait pas se permettre de penser comme ça. Elle ne voulait pas organiser sa vie en fonction d'Elsa. Elle devait se souvenir qu'elle l'avait entendu pendant 5 ans, alors Elsa Lange pourrait bien l'attendre quelques jours.
Décidée, elle formula une réponse positive et l'envoya à Kuzco qui lui répondit aussitôt par un tas d'émoticônes sans réel sens, affichant un message complètement illogique. Mak fronça les sourcils, mais comprit vaguement que son meilleur ami était seulement heureux. Et ainsi, la musique reprit possession de l'appartement.
Après une heure et demi de ménage intensif, Mak se laissa tomber sur le canapé alors que son chien posait immédiatement sa tête sur sa cuisse.
- Merci de ton aide mon grand, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi, ironisa-t-elle en prenant le temps de souffler un peu. Toi tu n'es bon qu'à laver ta gamelle, hein ? Sourit-elle en caressant la tête de Colonel qui sembla tout à fait heureux de cette affirmation, se fichant pas mal qu'elle se moque de lui puisqu'il l'aimait tellement, de loin, elle était son humaine préférée.
Et alors que Colonel réclamait toujours plus de caresses, la sonnerie de l'appartement retentit. Mak fronça les sourcils. Elle n'attendait personne.
Tu crois qu'Emma a encore oublié ses clés ? Demanda-t-elle à son chien qui dressa ses oreilles avant de sauter rapidement du canapé pour se diriger vers la porte, suivi de près par sa maîtresse.
Mak ouvrit la porte et tomba face à un jeune homme les bras chargés d'un énorme bouquet de tournesols.
- Bonjour, j'ai une livraison pour Mademoiselle Lich… il hésita en lisant le bloc note qu'il tenait péniblement dans sa main.
- Lichtenstenner, sourit Mak qui savait que son nom de famille était encore une épreuve pour beaucoup de monde.
- C'est ça, sourit l'homme en collant le bouquet dans les mains d'une Mak tout à fait surprise. Bonne journée ! S'exclama-t-il gaiement avant de s'enfuir.
Mak resta stupide une seconde, puis referma la porte alors que Colonel l'observait avec un air curieux.
- Plus le temps passe, plus Emma devient romantique, sourit-elle en jetant un œil au magnifique bouquet de fleurs.
Elle attrapa un vase dans le salon et posa le tout sur la table de la cuisine avant de remplir le vase d'eau, et retira le papier transparent qui protégeait le bouquet. Elle coupa méticuleusement chaque tige et, en y regardant mieux, elle trouva une petite carte entre les pétales jaunes. Elle l'attrapa délicatement et put y lire :
"Dix fois il faut te réconcilier avec toi-même ; car s'il est amer de se surmonter, celui qui n'est pas réconcilié dors mal"
_ Tony Stark.
Du Nietzsche pendant ses vacances ? Il n'y avait véritablement qu'Elsa pour lui imposer ça. Elle se demandait même si Emma savait qui était Nietzsche.
- Tiens, Iron Man s'est décidé à m'offrir mes fleurs préférées, sourit-elle malgré tout en disposant doucement le bouquet dans l'eau. J'ai de la chance dis donc… soupira-t-elle tout de même en ne sachant quoi penser de ce bouquet qui débarquait sans qu'elle ne s'y attende sur la table de sa cuisine. C'est Emma qui lui a dit que j'aimais les tournesols ? Demanda-t-elle à l'intention de Colonel.
Pour seule réponse, Colonel aboya avant de se frotter le nez à l'aide de sa grosse patte avant. Tous ces problèmes d'humain, lui, il s'en fichait pas mal. Tout ce qu'il savait, c'est que ces fleurs le faisaient éternuer. Enfin bon, son humaine avait souri en les voyant, alors il pourrait faire un effort. Après tout, les fleurs ne duraient jamais très longtemps.
