Avertissement : à partir de ce chapitre, l'histoire prend un tournant plus délicat. J'évoque des pensés suicidaires, des troubles du comportement alimentaire et un comportement autodestructeur. Cette mise en garde est pour les gens qui pourraient être affectés par ce sujet, je sais que c'est quelque chose qui peut heurter certaines personnes.

Après un crochet par une épicerie bio, la seule qui n'était pas bondée, pour trouver de la ciboulette, Meredith et Margot arrivent à la maison. De la rue, on pouvait voir les gens s'agiter à l'intérieur, et une chaude lumière irradier à travers les fenêtres. Le cœur de Meredith se réchauffa. Elle avait toujours aimé voir cette maison remplie de monde, loin de son enfance seule avec la baby-sitter dans cette grande maison sinistre.

« Tu as une belle maison, Grey. »

« Vous êtes déjà venue. »

« Oui, eh bien mes souvenirs ne sont pas très nets. »

Elles entèrent et tombèrent directement sur Owen.

« Ah, tu es enfin là. J'espère que tu as la ciboulette, Kepner est sur le point de péter un câble. »

Mer trifouilla dans son sac à main et lui tendit un sachet en papier.

« Tiens. »

« Super. Oh, bonsoir docteure Paulson. »

« Bonsoir, Hunt. Besoin d'aide en cuisine ? »

« Ce ne sera pas de refus. »

« Je vous préviens, mes talents sont limités dans ce domaine-là. »

« Il y a sûrement des rondelles à couper ou un truc du genre. »

Owen disparut avec la ciboulette et Margot fit un clin d'œil à sa résidente.

« Tu vois ? je suis capable de sociabiliser. »

« On n'est arrivées depuis trente secondes. »

« Justement ! Et j'ai déjà fait connaissance avec un homme. Si je n'étais pas lesbienne, je pourrais aller encore plus loin dans mon effort de sociabilisation et le ramener chez moi. »

« Owen est fiancé. »

« Peu importe. »

« Bon, il faut que j'aille me changer. Vous pouvez mettre votre veste dans le bureau, juste là, » elle montra la pièce d'un mouvement de tête et s'empressa ensuite de grimper les escaliers.

« Et ne buvez pas toute ma tequila ! »

Une fois dans sa chambre, Meredith se débarrassa de ses vêtements qui sentaient l'hôpital et l'antiseptique et empoigna un gros carton de déménagement qui trainait dans un coin de la pièce. Armée de ciseaux pour les cheveux et seulement vêtue de ses sous-vêtements, elle entreprit de déballer le carton. À l'intérieur, elle trouva plusieurs robes de soirée et choisit la plus neuve, qu'elle n'avait porté qu'à une soirée à Johns Hopkins en l'honneur de la retraite du chef de la chirurgie. Cette robe avait coûté une vraie fortune, alors elle l'avait vue tous les matins dans son placard, ayant trop peur de la porter et de la ruiner en une soirée.

Mer l'enfila rapidement. C'était une robe bleu nuit qui arrivait mi-cuisse et qui cintrait sa taille. Lorsqu'on s'approchait de plus près, on pouvait voir de minuscules points blancs, semblables à des étoiles dans une galaxie. Meredith se regarda un moment dans le miroir. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi bien habillée. La robe avait un col plongeant jusqu'au milieu de sa poitrine et des longues manches. Dedans, elle se sentait belle, alors elle fit un grand sourire satisfait et fila à la salle de bain. Un coup de peigne et une utilisation maladroite de sa trousse à maquillage plus tard, son apparence était un peu moins cadavérique et ses cernes presque camouflés. Elle choisit des escarpins bleu foncé. Normalement, son dévolu se serait jeté sur des chaussettes mais ce soir, elle voulait se sentir belle, pas pour ses invités ni pour Derek, mais pour elle.

Depuis son retour à Seattle, les choses n'avaient jamais été aussi bien. Même si l'ambiance entre elles était toujours froide et tatillonne, Meredith et Cristina commençaient à essayer de recoller les morceaux. Avec Derek, ils passaient des bons moments, et plus aucun secret ne planait au-dessus d'eux. Et Alex était Alex. C'était facile, intuitif, avec lui. Les choses se faisaient d'elles-mêmes.

Une bouffée de joie et de bonheur traversant son corps, Meredith sortit de sa chambre en laissant ses affaires éparpillées sur le lit. Elle s'en occuperait plus tard. Elle commença par la cuisine. C'était un vrai champ de bataille. April remuait de la sauce dans une énorme casserole tandis que le docteure Paulson coupait des carottes, qu'Alex et Jackson parlaient et qu'Arizona riait aux éclats, une conserve de potiron dans une main et un berlingot de crème dans l'autre.

« Vous vous en sortez ? »

« Ah, salut Meredith, ce sera prêt dans une dizaine de minutes. La dinde est dans le four, je m'occupe de la sauce avec le docteure Paulson et Arizona essaie de faire une tarte au potiron. »

Margot adressa un grand sourire ironique à Mer, coupée par Arizona, visiblement surexcitée.

« Désolée de nous être incrustées. Callie est dans le salon. Mais nos plans sont tombés à l'eau à la dernière minute et April nous a invités. Mon père a fait une mauvaise chute, rien de grave, ce n'est qu'une entorse, mais ils n'ont pas pu venir. »

« Pas de problème, vous êtes les bienvenues. Vous avez amené Sofia ? »

« Non, elle est chez nous avec Adam et la baby-sitter. »

« Euh, tu es sûre que tu t'en sors avec ta tarte ? Je n'en ai jamais fait mais il me semble qu'elle n'est pas sensée mousser comme ça. »

« Merde ! »

Tandis qu'Arizona se débattait avec sa préparation foireuse, Meredith passa au salon.

Sur le canapé, Owen venait de rejoindre le docteure Bailey et semblait très intéressé par ce qu'elle lui racontait. Juste à côté, Richard dressait une très longue table. Cela faisait des années que Meredith n'avait pas vu autant d'assiettes, de chaises dépareillées et de verres à vins dans sa maison, les souvenirs lui firent chaud au cœur.

« Besoin d'aide, Richard ? »

« J'ai presque fini, mais il manque encore des chaises. Tu sais où je peux en trouver plus ? »

« Vous avez regardé dans la buanderie ? »

Richard fit un geste de la tête en direction des deux chaises de jardin décrépies déjà disposées dans la salle à manger.

« La cuisine ? Le bureau ? »

« Déjà fait. Il en manque toujours une. »

« Il y en a une dans ma chambre. Je vais la chercher. »

« Très bien. Au fait, est-ce que tu as de l'eau pétillante ? »

« Sûrement dans le frigo et sinon, demandez à Alex. »

Une seconde fois, elle remonta les escaliers. Dans sa chambre, elle débarrassa la vieille chaise à accoudoirs, héritage de sa mère, de magazines et d'une impressionnante pile de vêtements froissés et, à bout de bras, entreprit de passer le cadre de la porte. Elle n'aurait jamais soupçonné que cette chaise soit aussi lourde. Dans le couloir, elle la posa au sol pour faire une pause. Ces talons n'étaient pas confortables du tout, encore moins quand il s'agit de transporter des meubles, elle regretta de n'avoir opté pour des chaussettes.

Alors que Meredith se préparait à descendre les escaliers avec la chaise qui, au passage, ressemblait plus à un trône qu'à un siège, la porte de la salle de bains s'ouvrit.

« Besoin d'aide ? »

Même dans le noir, Mer le reconnut en une seconde.

« En fait, oui, on n'a pas assez de chaises en bas et j'essaie de descendre ce truc. »

« Le fauteuil de ta mère ? Il pèse une tonne. »

« Eh bien je n'avais jamais remarqué. »

Il s'approcha et tenta maladroitement de dissimuler son sourire en la regardant.

« Tu es magnifique. »

« J'ai mal aux pieds. »

« Je suis content de te voir. On n'a pas vraiment eu l'occasion de se croiser, ces derniers jours. »

« Je sais c'était la folie, avec tous ces traumas à gérer. »

Ils se regardèrent, la seule lumière du rez-de-chaussée éclairant leur visage.

« Moi aussi je suis contente de te voir. »

C'était tentant, de se laisser aller dans la pénombre, juste pour quelques secondes. Depuis le mariage d'April et Jackson, elle ne pensait plus qu'au baiser. Le corps de Derek se pressant contre le sien, ses mains habiles dans ses cheveux, la chaleur de son regard.

« Tu crois que tu pourrais… »

Elle montra la chaise.

« Oh, oui bien sûr. »

Durant ces longues secondes d'observation silencieuse, ils avaient pensé à la même chose. Leurs yeux ne mentaient pas.

La sensation de leurs mains qui se frôlent fut électrique mais rapidement, ils s'écartèrent et Derek commença à descendre les escaliers.

Une fois au rez-de-chaussée, Meredith fut assaillie par Cristina, qui avait déjà un verre à la main.

« Super sexy, ta robe. T'as vu Owen ? »

« Il est juste là, avec Bailey. »

Cristina interrompit la discussion de son fiancé et le tira hors de la salle à manger, laissant le docteure Bailey perplexe.

Mais rapidement, Owen fut remplacé par Callie, qui avait l'air plus que ravie de parler à Miranda. Elle avait un verre dans la main, mais ce n'était sûrement pas le premier de la soirée. Avant de s'assoir sur le canapé, elle serra Meredith dans ses bras, la prenant par surprise.

« Merci d'avoir organisé ce repas, ça faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas tous retrouvés en dehors de l'hôpital ! »

« Euh pas de problème. »

« Je suis contente qu'on soit amies, maintenant. T'es vraiment marrante et super canon, quand tu le veux. »

Callie ne l'avait toujours pas lâchée.

« Euh, merci. »

Alors que Mer commençait à étouffer de tout ce contact rapproché, la sonnette retentit dans toute la maison et elle put enfin s'extirper de l'étreinte du docteure Torres.

« Il faut que j'aille ouvrir, mais merci pour ces compliments, Callie. C'est… très gentil. »

Avec un grand sourire, Callie s'assit aux côtés du docteure Bailey et Grey se dirigea vers la porte d'entrée.

Derrière, elle trouva Mark.

« Grey ! Oh wow, tu es… » s'exclama-t-il, la mâchoire sur le point de se décrocher.

« Merci, Mark. »

Elle le laissa entrer et prit la bouteille de vin qu'il avait apporté.

« Tu peux déposer tes affaires dans le bureau. Le dîner est presque prêt. »

Il la suivit jusque dans la cuisine, où elle déposa la bouteille de vin, puis dans le salon. Avant de faire le tour des invités, il se pencha vers l'oreille de Meredith.

« Non, sans rire, Shepherd serait le plus gros con de l'univers s'il ne tente pas quelque chose ce soir. Et s'il ne le fait pas, tu peux toujours venir chercher du réconfort chez moi, ma porte n'est jamais fermée pour toi, Grey. Surtout si tu viens avec cette robe. »

En riant, elle détourna le regard et croisa celui de Derek, qui discutait maintenant avec Ben Warren. Il l'observait intensément, comme incapable de détourner les yeux.

Alors qu'elle bougeait çà et là dans la pièce, Mer sentait le regard de Derek peser sur elle, brûlant. C'était tellement difficile, de l'ignorer. Elle aurait voulu évacuer tous les invités hors de la maison et rester juste avec Derek, abandonnés à eux seuls, sans plus rien pour les retenir.

Mais heureusement, April la sortit de sa torpeur en apportant la dinde sur un plateau d'argent.

Hôtes et invités prirent placent à table, plus ou moins confortablement assis. Aux extrémités de la table, Richard et en face, Alex. Les autres s'assirent désordonnément, Meredith se retrouvant par un curieux hasard entre Derek et Cristina. Ben commença à découper la dinde, bien plus adroitement que Mer l'en aurait imaginé capable.

« Comment ça se fait que le seul autour de cette table à ne pas être chirurgien découpe la dinde ? » demanda Cristina.

« Est-ce que quelqu'un d'autre sait couper une dinde ? » répliqua Alex.

Personne ne répondit.

« Qui est-ce que je sers en premier ? »

« Kepner, c'est elle qui a cuisiné, » proposa Arizona.

« D'ailleurs, merci, sans toi, Alex et moi serions restés dans le canapé à manger des chips et à boire. J'ai presque l'impression de passer un Thanksgiving normal. »

« Meredith ? » lui demanda Ben, la main tendue.

Elle se tut et lui tendit son assiette, bientôt remplie de morceaux de dinde.

Bailey commença à servir les airelles, Jackson les petits pois et les pommes de terre rissolées, croquettes à la purée et carottes au miel passèrent de mains en mains. Deux bouteilles de vin et demi furent nécessaires pour remplir tous les verres, April et Richard se contentant d'eau pétillante.

Une fois tout le monde servi, Derek et son verre se levèrent. Les convives se turent.

« Ce soir, comme tous les jours depuis plus de trois ans, je pense à Lexie. Je sais qu'elle aimait Thanksgiving et qu'elle aurait adoré nous voir tous réunis autour de cette table. J'espère qu'elle sait qu'on pense à elle, de là où elle est. »

Tous levèrent leur verre. Certains, comme Mark et Meredith, avec une expression plus grave que d'autres.

« Et à O'Malley, » dit Owen.

Ils attaquèrent le repas.

« April, c'est délicieux ! »

« Merci, docteur Webber. Le docteure Paulson m'a aussi aidée. »

« Oh, je n'ai fait que couper les carottes. »

« Eh bien les carottes sont très bien coupées, » sourit Richard.

« Vous me flattez. »

« Je pense que les présentations officielles n'ont jamais été faites alors, docteure Paulson, voici mon mari, Ben Warren. »

Séparés par Derek, Mer et Cristina, Ben et Margot s'adressèrent un grand sourire.

« Enchanté. Ben Warren. »

« Margot Paulson. Alors vous êtes pompier ? »

« J'ai été anesthésiste pendant longtemps mais je me suis reconverti il y a quelques années. »

« Quel parcours. »

« J'imagine que vous êtes aussi chirurgienne. »

« Cheffe de la chirurgie générale. »

« Vous venez d'arriver ? Je ne crois pas me souvenir de vous. »

« Oh, en fait, je suis ici depuis trois ans mais… »

« Son travail lui prend beaucoup de temps, le docteure Paulson n'a pas le choix que de sauter les dîners ou les fêtes, » la sauva Mer, qui envoya un clin d'œil discret à sa cheffe.

« Je comprends totalement. Vous savez, j'ai l'habitude, avec Miranda qui ne jure que par le travail. Une fois, c'était notre anniversaire de mariage. Et… »

« Oh non, tu ne vas pas raconter cette histoire encore une fois ! Tu le fais exprès pour me faire sentir coupable. »

« Mais non, chérie, le docteure Paulson n'a jamais eu l'occasion de l'entendre. Je suis sûre qu'elle va l'adorer. »

« Allez-y, je suis curieuse. »

« Donc, c'était notre anniversaire de mariage. Le deuxième. J'avais prévu… »

Un téléphone sonna, Arizona fit un grand sourire.

« Je reviens, c'est la baby-sitter. Je vais dire bonne nuit à Sofia. »

« Attends, je viens avec toi, » s'exclama Callie, particulièrement enthousiaste à cette idée.

« Tu sais, je crois qu'il vaudrait mieux que Sofia ne se demande pas pourquoi sa maman est aussi joyeuse, » dit April.

Callie leva les yeux au ciel et piqua un morceau de dinde sur son assiette, Arizona s'éclipsa dans la cuisine et Ben continua à raconter son histoire à Margot, qui commença à rire, entrainant le docteur Webber.

« Alors, le mariage ? C'est pour quand ? » demanda Mark.

« Un peu plus de deux semaines, » répondit Cristina.

« Le 15, plus précisément, » renchérit Owen.

« Et vous faites ça où ? Parce que je ne vois pas Yang se marier dans une église. Ce serait… »

« Du déjà-vu. »

« Oh, tais-toi Alex. »

Mark ignora Yang et se pencha vers Alex.

« Dis-moi tout, Karev. Je ne connais pas encore cette histoire. »

Pour couvrir la discussion des docteurs Sloan et Karev, Derek demanda à Owen,

« Et vous avez déjà choisi des témoins ? »

« Cristina a choisi Meredith, et moi j'ai proposé à Richard d'être mon témoin. »

« Et j'ai accepté avec plaisir ! »

« Si vous cherchez une organisatrice, je peux le faire avec plaisir. J'adore organiser des mariages ! Je peux y arriver en deux semaines. »

« April a organisé le nôtre, » précisa Jackson.

« On s'est décidés pour quelque chose de simple, mais c'est gentil de proposer. »

« Simple ? C'est-à-dire ? » demanda Jackson.

« Pas de demoiselles d'honneur, désolée Kepner, je sais que tu rêvais d'avoir un rôle privilégié dans mon mariage, pas d'église ni de robe blanche, on passe à la mairie et puis on vient faire la fête chez Meredith. Enfin si elle dit oui. Dis oui, Meredith. »

« Ça ne me pose aucun problème. »

« Et voilà ! Notre mariage est organisé. Je peux avoir les airelles ? » conclut Cristina avec un grand sourire.

« Elle ne s'en fiche pas autant que ça en a l'air, » dit Owen à l'ensemble de la tablée.

Arizona revint s'assoir et au même moment, Alex finit son histoire. Mark jeta un regard mi étonné mi admiratif à Cristina.

« Tu me surprends, Yang. »

Elle lui répondit par un regard noir.

« Alors, comment va le petit Adam ? » demanda Bailey

Jackson et April sourirent jusqu'aux oreilles.

« Il est adorable. »

« C'est un bébé parfait, il ne se réveille pas beaucoup la nuit et est toujours sage. »

« Oh, attendez qu'il ait 3 ans et il sera moins adorable, je vous le garantis. »

« Ne leur faites pas peur, Bailey, » dit Richard.

« Ils doivent bien être préparés ! On ne m'avait pas préparée et je me suis retrouvée avec un vrai petit diablotin, à me demander ce que j'avais bien pu faire au ciel. »

« Vous avez un fils ? » demanda Margot.

« William, mais on l'appelle Tuck. Il a six ans. »

« Ce doit être génial, d'avoir une mère médecin et un père pompier. Le rêve de tous les enfants. »

« En fait, Tuck n'est pas le fils de Ben. Son père et moi sommes séparés depuis un moment. »

« Oh, excusez-moi, je ne savais pas. »

« Il n'y a pas de mal. »

« C'est le pied pour Tuck, il n'arrête pas de se vanter à tous ses amis que Ben éteint des feux et que sa maman sauve la vie des gens. Je crois que tous les gamins de l'école sont jaloux, » sourit Ben.

« Et vous voulez en avoir d'autres ? » demanda le docteur Webber à April et Jackson.

« On aimerait beaucoup mais pas dans l'immédiat. »

« Vous savez, une fois qu'un en a eu un, tout ce qu'on veut, c'est recommencer. »

« Mais il faut prendre son temps, profiter de chaque moment. Quand il est encore minuscule, et qu'il est constamment attaché à vous, c'est le début, la découverte. Je pense qu'il faut vraiment prendre le temps d'apprendre à connaître son bébé, » expliqua Arizona.

« Vous voulez que Sofia soit grande sœur ? » questionna April.

« Ce serait génial. Mais là, elle est au stade où elle commence à dire maman, elle sourit tout le temps et elle n'arrête pas d'explorer l'appartement. C'est difficile de sauter le pas, de se replonger dans les couches et les insomnies parce qu'on a peur de rater plein de précieux moments avec Sofia, » répondit Callie, qui semblait s'être calmée avec l'alcool.

« Je sais que c'est tôt mais en ce moment, j'ai l'impression qu'Adam commence à essayer de sourire. »

« Elle observe tout le temps son visage alors à mon avis, si elle le dit, April a raison. » sourit le docteur Avery.

« Je la comprends ! La bouille de ce bébé est tellement mignonne, il a l'air tellement innocent, » dit Arizona.

« C'est un des plus beaux bébés que j'ai vus, » approuva Callie.

Meredith se leva brutalement, tira sa chaise et s'en extirpa.

« Excusez-moi. »

Puis elle grimpa les marches de l'escalier à la vitesse de l'éclair et disparut à l'étage. La salle à manger fut plongée dans le silence. Jusqu'à ce que les convives entendent une porte claquer à l'étage et bientôt, du verre se briser.

Derek se leva, suivit à une seconde près de Cristina.

Une autre explosion de verre retentit à l'étage et, tandis que Derek et Cristina faisaient mine de monter, Bailey se leva.

« Je m'en occupe. Restez là. »

Elle monta les escaliers et dans la salle à manger, le silence continua à régner.

« Est-ce qu'on a dit quelque chose de mal ? » demanda doucement April.

« C'est pas ta faute, Kepner, » répondit Yang et se resservant de vin.

En biais, elle jeta un regard noir au docteur Shepherd. Il n'avait pas non plus l'air d'aller bien.

Alex quitta la table.

« Je vais chercher à boire. »

« Quelqu'un veut des pommes de terre ? » demanda Richard, incertain de la conduite à adopter.

« Meredith ? Tout va bien ? »

Miranda n'obtint aucune réponse. Derrière la porte de la salle de bain où Mer s'était enfermée, aucun bruit.

« Meredith ? Ouvre-moi, s'il te plait. »

Toujours le silence.

« Tu es blessée ? »

Meredith regarda so n reflet dans le miroir désormais brisé en mille morceaux par son coup de poing. Ses yeux secs glissèrent jusqu'à ses mains. La gauche était ensanglantée, parsemée de petites coupures. Elle avait mal, ça brûlait, ça irradiait dans tout son corps, mais Mer avait toujours l'impression de ne rien ressentir, d'être totalement vide. D'être morte.

Elle regarda les éclats de verre qui avaient atterri sur le sol, chacun reflétant davantage la vie qu'elle aurait pu avoir. La vie qu'on lui avait prise. Elle prit doucement un long morceau pointu, aux bords lisses. Dedans, elle se vit, avec deux bébés, un dans les bras de Derek, un dans les siens, il y avait sa sœur, et Georges, ce morceau de miroir lui faisait pendre ses rêves sous le nez. Des rêves Inatteignables. Son cœur se serra, ses yeux s'asséchèrent encore.

Le cliquetis d'une clé dans la porte fit sursauter Meredith et le morceau de verre tomba sur le carrelage. Elle pensa sérieusement à détruire les doubles de chacune des clés de cette maison. Lorsqu'Alex entra, suivit de Bailey, Mer avait poussé les éclats de miroir sous le meuble lavabo et se lavait tranquillement les mains.

« Mer ? Tout va bien ? »

Elle adressa un sourire rassurant à son ami.

« J'étais un peu énervée, il va falloir remplacer le miroir. »

« Et ta main ? Tu t'es blessée. » dit Miranda en entrant dans la salle de bain.

« Non, juste une ou deux coupures. J'ai passé de l'eau et il n'y a presque plus rien. Je vais juste désinfecter et mettre un sparadrap, tout va bien. Il n'y pas besoin de vous inquiéter. »

« Tu es sûre ? » demanda Miranda.

« Oui, je suis sûre. Retournez manger, les plats vont refroidir. Je reviens dans une minute. »

« Bon. Tu n'as pas intérêt à mentir, Meredith Grey. »

Elle partit mais Alex resta.

« C'est bon, Alex, c'est juste des petites coupures. »

Il l'ignora, sortit l'iso bétadine de l'armoire à pharmacie, et en appliqua sur la main de Meredith. Elle se retint de grimacer et resta docile alors qu'il posait deux sparadraps sur le dos de sa main meurtrie.

« Voilà. Si tu es énervée, ne tape pas dans les miroirs ou même dans les murs. Ne donne pas de coup de poing, en fait. Jette un truc, ça t'évitera d'être sur la touche pour le bloc. »

« Merci. »

« Tu veux que je les fasse tous sortir et qu'on regarde la télé toute la nuit ? »

Elle sourit à contrecœur.

« C'est Thanksgiving, Alex. Tu ne peux pas les jeter dehors. »

« C'est toi qui vois. »

« C'est bon. Ce n'est qu'un dîner. Et c'est bientôt terminé. Je vais y arriver. »

« D'accord. »

Alors qu'elle s'attendait à ce qu'il sorte, Alex commença plutôt à ramasser les morceaux de verre sur le sol. Il attrapa la petite poubelle en plastique et les jeta tous dedans. Ensuite, il quitta la pièce avec. Sûrement dans l'intention de s'en débarrasser.

Maintenant seule dans la salle de bain, Meredith regarda longuement le plus grand morceau de miroir, resté caché sous le meuble. Elle s'imagina revenir pendant la nuit, verrouiller la porte, prendre délicatement le débris et le faire glisser sur la peau de ses poignets. Elle s'imagina, libérant toute sa douleur par le sang, oublier les rêves, les cauchemars, qui miroitaient sur l'éclat de verre. Elle s'imagina, enfin libre, avec Lexie, Georges, ses bébés, sa mère, sa famille.

« Alex. »

Sa gorge lui brûla instantanément, comme si son corps savait que c'était une erreur.

Il revint.

« Quoi ? »

Mer attrapa le long morceau de verre, sentit son poids dans sa main, imagina ses bords tranchants caresser sa peau, et le tendit à Alex.

« Tu en as oublié un. »

Il le mit dans la poubelle, la posa sur le sol et prit Meredith dans ses bras. D'abord raide comme un piquet, elle se détendit et posa la tête dans le creux de l'épaule d'Alex.

« Il y en a d'autres ? Des morceaux de verre. »

Elle secoua faiblement la tête.

« Bien. Tu ne vas pas faire ça, Meredith. D'accord ? Tu vas t'accrocher. Et si tu laisses tomber, je te jure que je te tue. Parce que je ne te laisserai jamais te tuer. Jamais. Tu as compris ? Peut-être que ce sera une bombe, un tireur fou, une noyade, peut-être même un crash d'avion, un accident de voiture. Mais ce ne sera pas toi. Je te l'interdis. Tu m'entends ? »

Elle hocha la tête.

« Et si tu ne vas pas bien, que tu as trop mal et que tu sens que tout t'échappe, tu me le dis pour que je sache que je ne dois pas te quitter. Que je sache que je dois rester avec toi pendant la nuit pour être sûr que tu continues à te battre. »

Petite précision, ici, Ben est directement passé de l'anesthésiologie aux pompiers de Seattle. Il n'a donc pas fait la moindre seconde d'internat en chirurgie. Aussi, bien qu'il soit arrivé en saison 2, Mark n'était pas au courant de tout l'histoire entre Burke et Yang. Ça n'apporte rien à l'histoire, c'est juste une petite modification que j'ai faite.