Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.

Je partage un long chapitre avec vous aujourd'hui. Un chapitre long en grande partie grâce à Syndranys qui a eut la gentillesse de grandement m'aider à écrire la partie concernant Emma et Régina. Je n'aurais jamais pu poster quelque chose d'aussi qualitatif sans son aide alors un immense merci à elle !

J'ose espérer que ce chapitre vous plaira. J'attends bien sûr vos retour avec impatience.

Je vous embrasse et vous dis à Vendredi prochain ;)

Chapitre 49 :

Elsa parcourait un compte Instagram qu'elle connaissait à présent par cœur. Depuis des années déjà, les nombreux clichés d'une certaine LittlePlanet polluaient son téléphone pour son plus grand bonheur. Mak avec son chien. Mak partageant une cigarette avec Hercule. Même Mak, souriante, près de sa patronne qui semblait exaspérée. Même si elle n'avait pris aucune nouvelle de la jeune fille durant ces cinq ans, elle avait continué à parcourir ce profil encore et encore comme si Anna lui avait donné des cours de stalkage.

Elle soupira en fermant l'application. Voilà que Mak partait prochainement pour des vacances entre amis et qu'elle se retrouvait à devoir l'attendre. Elle ne lui en voulait pas. Évidemment que non, elle serait un être cruel de lui en vouloir pour quelque chose qu'elle lui avait imposé tellement de temps… mais elle allait lui manquer, c'était une certitude. Terriblement lui manquer alors qu'elle ne l'avait même pas encore totalement retrouvée.

Elle voulait seulement partager des moments avec elle. Tout partager avec elle après réflexion. La sonnerie de son téléphone la fit sursauter. Minablement, elle avait espéré un appel de Mak. Elle s'était trompée, bien sûr.

- Oui, Anna ?

- Salut ma sœur ! Comment vas-tu ?

- Tout va bien, et toi ?

- Tout va vraiment bien ou tu dis ça pour me faire plaisir ?

- Mak part en vacances, je déprime déjà… avoua immédiatement Elsa avec une moue boudeuse sans vouloir cacher ses émotions plus longtemps, en prenant en compte qu'Anna aurait su de toute façon.

Anna avait toujours eu le don de tout savoir sur elle.

- Oh… s'exclama la rousse, quelque peu surprise que sa sœur se livre si facilement. Elle part quand ?

- Je ne sais pas… soupira Elsa.

- Elle revient quand ?

- Je ne sais pas…

- Elle va où ?

- Je ne sais pas…

- Oui bon, tu ne sais rien quoi… soupira Anna à son tour, répondant au ton morose de sa sœur. Et pourquoi tu ne lui as pas demandé ? Ça ne s'est toujours pas arrangé vous deux ?

- Si, ça avance, mais, je ne veux pas l'étouffer. Je ne veux pas qu'elle pense que je la surveille ou que je l'enferme…

- Elsa, ce n'est pas l'enfermer que de lui demander pour combien de temps elle part.

- Je ne suis pas en droit de lui demander ça. Je sais que ça serait anodin pour n'importe qui d'autre, mais, pour moi, avec ce que j'ai fait, je ne peux pas. C'est tout, conclut l'enseignante.

- Tu veux que je te laisse te flageller encore cinq minutes ou ça te suffit ? Demanda Anna sans se laisser démonter une seule seconde.

- Anna ! Gronda Elsa.

- Quoi ? Tu ne cesses de te plaindre alors envoie lui un message ! Râla Anna. Dans le pire des cas, elle t'enverra te faire foutre, et après quoi ? Ce ne sera pas la première fois, ni la dernière en la connaissant.

- Pour lui dire quoi ? Demanda la blonde, résignée en se pinçant l'arête du nez.

- Ce que tu ressens, répondit Anna comme une évidence. Et sois douce et délicate pour une fois !

- Je le suis toujours avec elle !

- A d'autres Elsa… soupira Anna.

L'enseignante rongea son frein puis admit enfin :

- Je ferai attention, assura-t-elle.

- Bon, consentit Anna. Et pendant son absence, tu comptes te laisser mourir dans ta chambre d'hôtel ou tu vas enfin passer me voir ? Demanda-t-elle.

- Je ne sais pas Anna, je lui ai promis d'être là à son retour…

- Ah non ! Tu la connais, elle ne m'a rien dit la dernière fois qu'elle est venue alors je t'interdis de te défiler ! Je veux tout savoir ! S'exclama la rousse. Et tu seras rentrée bien avant elle.

- D'accord Anna, je te promets que j'essaierai de passer, répondit une Elsa qui savait qu'elle n'avait pas le choix en ressentant un manque certain envers sa sœur.

- Bien, tiens-moi au courant.

- Promis.

- Alors que vas-tu faire sans perdre une minute de plus ?

- Je vais lui envoyer un message, assura sagement Elsa.

- Et tu seras ?

- Douce et délicate, répéta Elsa en souriant malgré tout. Merci Anna... souffla-t-elle.

- De rien, idiote. A bientôt !

Elsa raccrocha, quelque peu plus rassurée, puis comme promis, ouvrit la conversation qu'elle entretenait depuis peu avec Blue. Elle soupira bruyamment en passant une main dans ses cheveux. Que pouvait-elle écrire ? Que pouvait-elle lui dire ? Comment formuler en un simple et unique message tout ce qu'elle ressentait ? Alors, sans réfléchir, elle écrivit :

De Tony Stark :

Salut ma douce, dis-moi, j'aimerais savoir, quand est-ce que tu comptes revenir ? Juste histoire que je sache quand exactement je pourrais respirer de nouveau. Parce que tu n'es même pas encore partie que j'ai déjà l'impression de manquer d'air. Reviens-moi vite je t'en prie…

Elsa branla de la tête. Non. Bien sûr que non ! Elle ne pouvait pas envoyer ça ! Elle n'avait même jamais envoyé un message aussi niais à une fille et pourtant...ça ressemblait tellement à ce qu'elle ressentait.

Non. Elle effaça le message et entreprit de recommencer.

De Tony Stark :

Bonjour ma belle. Je déteste Kuzco de t'enlever à moi. Ces vacances sont-elles si importantes ? Es-tu réellement obligé d'y aller ?

Douce et délicate on a dit… grogna-t-elle toute seule en effaçant un message de plus.

Excédée d'elle-même, elle se laissa pourtant une dernière chance.

De Tony Stark :

Lichtenstenner bonjour,

Je ne sais pas exactement quand tu pars, mais je tenais tout de même à te souhaiter de bonnes vacances. Amuse-toi, profite de tes amis, fais attention à toi. J'espère que te dire que tu me manqueras beaucoup ne paraîtra pas trop cavalier de ma part. Reviens-moi vite.

Elsa relut le message cinq ou six fois. Celui-ci lui convenait même si elle le trouvait encore très fleur bleue. Mais elle ne pouvait pas ignorer le sentiment de manque, de ne pas être entière quand elle était loin d'elle. Elle ne pouvait pas lui mentir plus longtemps, il fallait qu'elle lui dise. Sans réfléchir davantage, elle envoya le message. Mak verrait une facette faible et fragile d'elle. Tant pis, ce n'était pas la première fois.

Mak remplissait un grand sac de sport troué de différents t-shirts et pantalons. Elle pensa également à un pull si l'air se rafraîchissait en fin de soirée. Elle avait appris en vieillissant qu'un pull pouvait se révéler utile. Elle y fourra aussi quelques shampooings, son maillot de bain, des sous-vêtements. Et ses médicaments, bien sûr.

Kuzco lui avait envoyé un message la veille :

Salut Litchi ! Rendez-vous demain, 12h, à la villa.

Ps : Alice n'est pas au courant, ne gaffe pas !

S'en était suivit un mail avec l'adresse et même l'itinéraire détaillé qu'elle devrait suivre pour arriver à destination. Soit Kuzco devenait un pro de l'organisation, soit il avait refilé ce travail à l'un de ses stagiaires, ce que Mak trouvait plus probable.

Elle vérifia une dernière fois son sac, il lui semblait qu'elle n'avait rien oublié. Puis son regard glissa sur le petit tiroir de sa table de nuit en bois clair. Elle l'ouvrit et retrouva un petit pingouin en peluche qu'elle connaissait bien. Elle le saisit délicatement et comme un mauvais réflexe l'approcha de son nez. Il ne sentait plus rien évidemment. Les années étaient passées et lui aussi avait tenté de la fuir. Elle hésita une seconde puis le reposa à sa place avant de refermer le tiroir.

Elle ferma son sac, le jeta sur son épaule et entreprit de sortir de sa chambre lorsque son portable vibra au creux de sa main. Elle fut surprise de recevoir un message d'Elsa. Apparemment elle manquait à Tony Stark. Elle connaissait Elsa et son caractère parfois anxieux et surprotecteur. Sa belle blonde s'inquiétait même si elle ne lui disait pas. Elle voulut répondre mais ne trouvant pas les bons mots au bon moment, se contenta de fourrer son téléphone dans sa poche. Pourtant, elle rouvrit le tiroir de la table de nuit et glissa le petit pingouin dans son sac avant de sortir de sa chambre.

Elle laissa un mot à Emma qui ne rentrerait que quelques heures plus tard :

Je suis partie. Je ne rentrerai pas avant une bonne semaine je pense. J'ai rempli le frigo pour toi et j'ai racheté des croquettes pour Colonel. Faites attention à vous. Vous allez me manquer. Bisous. Mak.

Elle offrit une dernière caresse à son chien et descendit l'escalier de son immeuble pour rejoindre sa voiture.

Elle envoya valser l'itinéraire de Kuzco et paramétra son GPS.

- Quatre heures de route ? Putain il aurait dû choisir encore plus loin...grogna-t-elle en se disant qu'elle avait bien fait de se lever tôt.

Elle lança alors une longue playlist, alluma une cigarette et démarra la R5.

YoungBlud hurlait par les enceintes de la voiture et Mak hurlait avec lui, un bras pendant en travers de la fenêtre, des lunettes de soleil sur le nez, l'esprit plutôt tranquille aujourd'hui. Coupant la parole à la voix du GPS, son portable, posé maladroitement sur le tableau de bord de manière à ce qu'elle voit l'écran, ne cessant de sonner.

Elle n'y avait pas vraiment prêté attention, mais de ce qu'elle avait compris, Kuzco n'avait pu s'empêcher de créer une nouvelle conversation de groupe qui s'intitulait "AnniversaireAlice" de laquelle, bien sûr, la petite blonde était exclue. Les messages du colombien, ainsi que ceux de Ralph et d'Esméralda s'enchaînaient donc, la faisant soupirer.

Et deux heures plus tard, lorsque la fatigue pointa le bout de son nez alors qu'elle n'était qu'à mi-chemin, elle jugea préférable de s'arrêter sur une aire d'autoroute. Elle n'oubliait pas le fait qu'avec son traitement, elle n'avait normalement même pas le droit de conduire si longtemps. Emma le lui avait d'ailleurs défendu avant qu'elle parte. La blonde l'avait incité à prendre un train, ou même un covoiturage. Mais la jeune fille solitaire qu'était Mak avait refusé l'idée en bloc. Supporter des gens qu'elle ne connaissait pas alors qu'elle pouvait profiter de la tranquillité de sa voiture ? Très peu pour elle.

Elle pénétra dans le petit établissement. Il était encore tôt. Elle remarqua quelques routiers, ou au contraire des familles qui partaient ou revenaient de vacances. Elle fouilla ses poches et y trouva suffisamment d'argent pour se payer un de ces cafés dégueulasses que proposent ces machines qui ne fonctionnent que très rarement. Alors elle attrapa son gobelet en plastique, se brûla les doigts au passage, grimaça puis sortit avant de s'installer sur une petite terrasse au soleil. Planquée derrière ses lunettes, elle alluma une cigarette et profita de ce moment de calme.

Elle observa les gens rentrer, les gens sortir, les gens s'engueuler sur le meilleur itinéraire à prendre. Les gens, eux aussi, l'observaient quand ils passaient près d'elle.

Et voilà, comme à chaque fois qu'elle quittait Lyon, ses cheveux bleus intriguaient, parfois dérangeaient… A vrai dire, elle n'y prêtait plus attention.

Elle sortit son téléphone de sa poche, et lut alors tous les messages qu'elle avait en retard.

De Kuzco :

C'est bon les gars ? Vous vous en sortez ? On est à la villa. On vous attend.

#AliceVaEtreTropContente. #VousLuiAvezManqué. #JeSuisLeMeilleurPetitAmiDuMonde.

De Esméralda :

Yes, j'ai enfin réussi à choper mon train. Il avait du retard. Je ne sais pas si je serais à l'heure !

#NiqueLaSNCF. #PasFacileDeVivreàParis.

De Ralph :

Je serai en avance. Esméralda, je peux passer te chercher à la gare si tu veux ?

#ToujoursLàPourRattraperVosConneries.

De Kuzco :

Oui ! Prends-la au passage !

#EsméraldaEstToujoursEnRetard.

De Esméralda :

Je veux bien, merci ! Quelqu'un a des nouvelles de Litchi ?

#TaGueuleKuzco.

De Kuzco :

Connaissant Litchi, on n'aura pas de nouvelle avant au moins deux bonnes heures.

#LitchiEstUnFantôme.

Mak soupira en riant malgré tout à la lecture des messages. Ces amis la connaissaient plutôt bien. Coinçant sa cigarette entre ses lèvres, elle plissa les yeux et répondit enfin :

De Litchi :

Je suis sur la route. Je serai à l'heure.

#VousMeFatiguezDéjà. #J'enAiMarreDeVous. #OnNeChoisitPasSaFamille. #JeVousAimeQuandMême.

De Esméralda :

Oh ! Tu as dit que tu nous aimais ?!

#LesMiraclesExistent.

De Kuzco :

Oh ! Litchi est vivante et nous répond ?!

#LesMiraclesExistent.

De Ralph :

Oh ! Litchi sera à l'heure ?!

#LesMiraclesExistent.

De Litchi :

Putain mais fermez-là…

La jeune fille rit franchement après avoir envoyé son dernier message. Elle écrasa sa cigarette, et s'étira avant de se motiver à reprendre la route. Pourtant, avant de se lever, elle prit le temps d'écrire un tout autre message, cette fois destiné à Iron Man lui même :

De Blue :

Je suis partie ce matin. Je devrais rentrer dans une semaine.

Sans réfléchir, elle envoya le message. Puis elle grimaça. Elle y pensa une seconde, écrivit de nouveaux parce que ses amis n'avaient pas que des idées à la con.

De Blue :

#LesGensNeSaventPasConduire. #TaVoitureAuraitEtePlusConfortable. #TuVasMeManquerAussi. #FaisAttentionàToiTonyStark.

Elle envoya. Cette réponse lui plaisait. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais ça lui plaisait. Les hashtags, elle n'avait pas vraiment saisi l'essence même du concept, mais ça l'amusait.

Elsa fut heureuse de savoir que sa petite bleue serait rentrée dans une semaine. Une semaine, ce n'était pas la mort même si elle lui manquait déjà. Par contre, elle resta stupéfaite face au deuxième message. Elle ne comprenait pas vraiment ce que Mak avait tenté de lui dire. Mak devrait pourtant savoir qu'elle était déjà vieux jeu à 24 ans, non ? Alors pourquoi pensait-elle qu'elle avait évolué là-dessus cinq ans plus tard ?

L'enseignante préférait l'oublier mais elle se devait d'avouer qu'elle approchait maintenant dangereusement de la trentaine… Elle s'était alors posé tout un tas de questions futiles mais légitimes. Mak la trouvait-elle trop vieille à présent ? Avaient-elles encore le même point de vue sur la vie ? Pourraient-elles se trouver des projets communs ? Car même si leur différence d'âge n'avait pas changé, Elsa ne pouvait s'empêcher de se voir vieillir. Elle espérait seulement que ça ne serait pas un problème pour Mak. Et d'un autre côté, elle avait bien deviné qu'Emma, elle aussi devait avoir environ 30 ans, alors elle se rassurait en se disant que Mak avait sûrement un faible pour les femmes plus âgées.

Mais ça ne l'aidait pas à répondre à ce message incompréhensible. Tant pis, sur ce coup-là encore, Anna serait sa roue de secours…Elle envoya alors un message à sa sœur, lui stipulant qu'elle prenait la route.

Mak arriva à l'adresse indiquée à midi pile. Comme elle l'avait dit, elle était à l'heure. La villa était perdue au milieu d'un vignoble. Elle s'imposait grande, sur deux étages, à la mode du Sud de la France, faite de vieilles briques derrière une grande terrasse munie d'une piscine creusée. Mak haussa un sourcil, cette maison puait le fric, Kuzco avait fait fort.

Il était nécessaire de passer un grand portail en fer avant d'entrer sur la propriété et devant ce grand portail, elle reconnut la voiture de Ralph. Son ami ainsi qu'Esméralda étaient adossés à la voiture et patientaient sagement. La jeune fille sourit en se garant.

Elle fut à peine sortie de sa voiture que, déjà, Esméralda lui sautait au cou. en souriant de toutes ses dents alors que Ralph riait près d'elle face à l'excentricité légendaire de la parisienne.

- Je n'arrive pas à croire que tu aies pu venir ! S'exclama Esméralda en ébouriffant les cheveux bleus.

- C'est vrai que c'était inespéré, tu te fais rare ces derniers temps, appuya Ralph en passant un bras autour des épaules de Mak.

- J'ai eu pas mal de boulot, répondit-elle seulement, refusant de parler d'Elsa, de tous ses questionnements, de ses sentiments contradictoires.

Non, elle voulait garder Elsa pour elle seule, du moins, encore un peu. Ses amis la fixèrent une seconde, intimant silencieusement une réponse plus convaincante, mais encore une fois, Mak choisit la carte de l'ignorance.

- Bon, on y va ? Demanda-t-elle gaiement, se doutant que ses amis l'avaient attendu pour entrer.

Esméralda et Ralph partagèrent un regard lourd de sens. Cela faisait peut-être un an qu'il ne l'avait pas vu, bien trop occupés les uns et les autres. Une année durant laquelle Mak ne leur avait donné que très peu de nouvelles. Cela ne les étonnait pas, Mak n'avait jamais eu un caractère très sociable, mais ils ne pouvaient s'empêcher de remarquer sa perte de poids.

Ils choisirent pourtant d'un commun accord de ne rien relever, et suivirent docilement la jeune fille.

Mak sonna au grand portail et après quelques instants, elle vit Kuzco sortir de la maison. Il courut vers eux aussi discrètement que possible et les fit entrer.

- Hey, ça va ? Chuchota-t-il en souriant, refermant doucement le portail sans faire de bruit.

- Ouais, où est Alice ? Demanda Mak en notant que Kuzco avait bien vite repris un jeans troué et un large t-shirt délavé.

- En haut, ça fait une heure qu'elle range nos affaires, expliqua le colombien en leur intimant de le suivre.

Ils s'exécutèrent et passèrent une immense baie vitrée pour entrer dans un salon tout aussi guindé.

Kuzco leur intima de se taire et cria :

- Chérie ? Il y a quelqu'un pour toi !

- Qui ? Entendirent-ils.

- Je ne sais pas exactement, répondit Kuzco. Je les ai trouvés devant le portail, plaisanta-t-il un rire au fond de la gorge. Ils sont un peu chelou mais ils ont l'air sympa.

- Hein ? S'étonna la voix d'Alice alors qu'on entendait ses pas à l'étage. Mais qu'est-ce que tu racontes ? Demanda-t-elle en descendant le grand escalier de la maison.

Et bientôt c'est une Alice en jolie robe d'été qu'on vit se figer en plein milieu de l'escalier alors que son regard se posait sur ses amis.

- Bon anniversaire ! Crièrent-ils tous en chœur.

Le visage d'Alice s'illumina instantanément et elle cria avant de dévaler le reste des marches et de se jeter dans les bras de ses amis pour un câlin groupé.

- Vous êtes tous là ! S'exclama-t-elle comme si elle peinait à y croire.

- C'est ton mec qu'il faut remercier, sourit Esméralda.

- Tu ne croyais tout de même pas qu'on allait louper ça ? Sourit Ralph.

- Il fallait bien qu'on soit là pour te voir vieillir, taquina Mak.

- Je n'arrive pas à croire que vous ayez tous pu vous libérer pour moi, déclara Alice alors qu'une larme de joie perlait au coin de son œil.

- Chiale pas, on est venue pour l'argent de Kuzco, le fait que ça tombe pour ton anniversaire est un pur hasard, plaisanta Mak en déposant un baiser sur le front de la blonde qui rit en oubliant bien vite ses larmes.

Alice se tourna alors vers le jeune colombien et le remercia d'un tendre baiser.

- Bon, on boit quoi ? Demanda Ralph à l'attention de Kuzco en passant ses grands bras autour des épaules des trois filles, faisant rire tout le monde.

- Attends, rembobine, comment ça tu as voulu lui casser la gueule ? Demanda Anna, perplexe en regardant sa sœur qui sirotait gentiment une tasse de chocolat chaud, confortablement assise sur le canapé du salon.

Elsa était arrivée à Arendelle aux alentours de midi et avait directement rendu visite à sa sœur. La rousse lui était tombée dans les bras, profondément heureuse de la retrouver, lui disant à quel point elle lui avait manqué. Les deux sœurs s'étaient vues à de nombreuses reprises après le départ d'Elsa, même souvent en fait, la blonde refusant de laisser sa sœur de côté. Mais ce n'était tout de même rien en comparaison de vivre ensemble. Aujourd'hui, Kristoff bossait, elles en profitaient pour passer un moment ensemble, teinté de chocolat, comme autrefois.

- Tu aurais entendu ce qu'il disait à son sujet, c'était révoltant, appuya Elsa. Je regrette seulement de ne pas l'avoir frappé plus fort.

- Wow, qui êtes-vous et qu'avez fait de ma sœur ? Rit Anna, jurant qu'elle avait toujours connu Elsa, malgré ses excès de colère, comme quelqu'un de stable et réfléchit.

Elsa avait toujours été dans le contrôle, diplomate, dans la demi-mesure. Son caractère si psychorigide ne lui accordait jamais de se laisser submerger par ses sentiments. Mais il semblait que cette règle volait en éclat quand il s'agissait de Mak.

- J'admets que j'aurai mieux fait d'appeler le vigile, mais il la mettait mal à l'aise, je n'ai pas supporté.

- Et tu as gagné au moins ?

- Même pas, soupira l'enseignante. On s'est fait virer du bar et elle m'a ramené chez elle.

- Oh, ça devient intéressant, sourit Anna.

- Pas tant que ça, arrêta immédiatement Elsa. On a parlé, et elle m'a fait comprendre que si je voulais retrouver ma place dans sa vie, elle allait m'en faire baver, soupira-t-elle en se laissant couler dans le canapé.

- Sage décision, remarqua Anna en haussant les épaules.

- Et comme toujours, tu es de son côté… sourit tendrement Elsa que cette réaction n'étonnait pas.

- Je ne suis du côté de personne, mais je la comprends. Et cette Emma Swan ? C'est un problème ?

- C'est ce que je croyais, mais elle a l'air de vouloir m'aider.

- Et tu y crois ?

- Que j'y crois ou pas, Mak a été claire : Je n'ai pas le droit de lui demander de choisir.

- Tu te lances dans le polyamour, ma très chère sœur ? Taquina Anna.

- Je suis prête à faire des efforts, mais n'abuse pas non plus, argua Elsa en grimaçant.

Anna rit en imaginant mal, c'est vrai, sa sœur s'engager dans un couple à trois.

- Elle ressemble à quoi cette nana ? Demanda-t-elle curieuse, en se souvenant de toutes les questions qu'elle n'avait pas osé poser à Mak.

- Mon âge, grande, blonde, fine, yeux clairs, définitivement mignonne en tous points, mais pas du tout mon genre, déclara Elsa en haussant les épaules, profitant d'une gorgée de chocolat pour faire passer la pilule Emma Swan.

- Mais éternellement le genre de Mak de toute évidence, réfléchit Anna. Elle doit avoir un truc avec les trentenaires blondes.

- Tu crois que je devrais essayer de m'entendre avec elle ?

- Tu t'en sens capable ?

- Elle est importante pour Mak, c'est évident. Je ne peux pas débarquer dans sa vie après tant de temps et affronter la personne qui a été son pilier pendant cinq ans… réfléchit l'enseignante à haute voix. Alors j'imagine que j'ai tout intérêt à faire un pas vers elle, même si ça me coûte… soupira-t-elle.

- Wow, s'étonna une deuxième fois Anna. Je ne pensais pas que tu étais devenue si douée en interaction humaine, sourit-elle.

- C'est maintenant que je te rappelle que je suis prof de philo et que ça fait partie de mon job ? Se défendit Elsa.

- C'est maintenant que je te rappelle que malgré ton job, tu as toujours été à chier dans ce domaine et que c'est quand même grâce à moi que tu as pu t'ouvrir à cette gosse ? Contre-attaqua Anna, rieuse.

- Oui, Anna, je sais… soupira Elsa en roulant des yeux.

- Tu l'avoues enfin ! S'exclama la rouquine. Bon, je suis contente de voir que la situation n'est pas si catastrophique que ça, conclut-elle plus sérieusement.

Elsa haussa les épaules, c'était un bon résumé. Elle savait que ça aurait pu être pire, Mak aurait pu la renvoyer d'où elle venait sans même lui adresser un regard.

- Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as… soupira-t-elle enfin.

- Comment ça ?

- Tu as trouvé Kristoff, la personne qui te convenait alors que, bon, les chances sont de quoi ? Une sur sept milliards ? Je crois que la population mondiale s'élève à peu près à ça aujourd'hui...grogna l'enseignante.

- Ne sois pas si défaitiste, répondit Anna en battant l'air d'une main. Toi aussi tu l'as trouvé, mais tu as choisi une gamine au sale caractère que veux-tu que je te dise ? Rit la rouquine, espérant consoler un peu sa sœur. Et puis si on y réfléchit, heureusement que c'est une emmerdeuse qui est capable de te tenir tête.

- Pour quelqu'un qui n'est, soi-disant, du côté de personne, je trouve que tu la défends beaucoup…

- Je ne la défends pas, je dis seulement qu'elle te va bien puisqu'elle ne se laisse pas marcher dessus, et tu ne l'avoueras jamais, mais je crois que ça te plait puisque tu es toujours accro à elle, même après tout ce temps, sourit Anna. Elle est ce qu'il te faut, appuya-t-elle. Il fallait bien que tu trouves quelqu'un capable de te remettre à ta place, ça ne te fait pas de mal, expliqua-t-elle alors qu'Elsa, malgré son air renfrogné, ne pouvait qu'admettre que sa sœur avait raison sur toute la ligne.

- D'ailleurs, j'ai besoin de tes lumières ! S'exclama soudainement l'enseignante en sortant son portable de sa poche avant de la présenter à Anna, l'écran ouvert sur un message en particulier. Ça veut dire quoi ça ?

La rouquine lu le message en fronçant les sourcils.

- Je ne pensais pas qu'elle était du genre hashtag, mais en gros tu lui manques et elle aurait voulu t'emmener avec elle, traduit-elle en souriant.

- Tu es sûre ? S'étonna Elsa.

- Certaine, assura Anna. Le langage Mak, je connais, rappela-t-elle. Par contre, pourquoi elle parle de Tony Stark ?

- C'est comme ça qu'elle aime m'appeler maintenant.

- Amusant, sourit Anna.

- Elle peut bien m'appeler comme elle veut, tant qu'elle continue à vouloir de moi, déclara Elsa en haussant les épaules.

- Ma sœur… tu deviens si fleur bleue, se moqua gentiment Anna, s'attirant un regard noir de la part d'Elsa.

Les cinq jeunes gens s'étaient accordés pour manger tranquillement sur la terrasse autant de temps que ça leur plairait. Il faisait très chaud, cet après-midi-là, le soleil cognait si bien qu'ils jugeaient préférable de rester à l'ombre, sous le parasol sans doute hors de prix dont était pourvu la terrasse. Ils n'avaient pas beaucoup mangé d'ailleurs, seulement quelques fruits histoire de se rafraîchir de l'intérieur. Ils avaient bu très peu d'alcool également, une bière leur tapant déjà la tête avec cette chaleur. Mak s'était contenté d'un grand verre de coca avec beaucoup de glaçons. Personne ne s'était posé de question quand elle avait refusé la bière que Kuzco lui avait tendu. Au moins, elle n'aurait pas à expliquer pourquoi l'alcool lui était interdit.

Chacun avait raconté un morceau de sa vie avec bonheur après que les garçon aient jeté une Esméralda encore toute habillée dans la piscine. La brune les avait insultés de tous les noms sous les rires de Mak et d'Alice. Et voilà qu'ils se retrouvaient ici, autour d'une grande table en bois.

Kuzco avait raconté à quel point son boulot était chiant. Ralph avait ajouté que même si la gestion de cette entreprise l'ennuyait, au moins, ça leur permettait de s'offrir de belles vacances. Alice, au contraire, avait vanté les louanges de son café littéraire qu'elle était finalement parvenue à acheter après des années d'économie, refusant que Kuzco lui paye quoi que ce soit. C'était un accomplissement, la jolie blonde pouvait enfin noter "mangez-moi" sur les gâteaux qu'elle vendait.

Esméralda, elle, râla sur la galère d'être danseuse à Paris.

- Je paye une fortune pour vivre dans un placard, grognait-elle, et quand un gars me propose un job, c'est soit pour me payer à moitié, soit pour mon cul, soupira-t-elle.

- Pourquoi tu ne prends pas un coloc ? Demanda Alice.

- Mon appart est si petit que je n'aurai même pas la place d'y mettre un poisson rouge…

- Pourquoi tu ne viendrais pas sur Lyon ? C'est moins cher que Paris et je suis sûr qu'il y aurait du taff pour une danseuse, intervint Mak, assise à côté d'elle.

- Tu te proposes de m'héberger pour que je puisse t'entendre t'envoyer en l'air avec ta fliquette ? Plaisanta Esméralda alors que Mak roulait des yeux.

Mak eut en effet une pensée pour "sa fliquette" comme aimait l'appeler Esméralda. Comment allait-elle ? Son pseudo-rencard s'était-il bien passé ? La jeune fille ne se doutait simplement pas que, la veille, alors qu'elle se remettait des émotions qui l'avaient traversées à passer la journée avec Elsa, sa colocataire s'était offerte une agréable moment avec sa patronne.

La nuit était tombée depuis peu. Dehors, la température était encore très élevée et promettait aux noctambules une soirée agréable. Emma, en faisant claquer la porte de sa coccinelle jaune, prit un instant pour inspirer l'air tiédie de cette soirée d'été. Vêtue d'un jean slim noir, de bottines à talon de la même couleur et d'un débardeur blanc, la seule touche de couleur était sa veste en cuir rouge qu'elle ne semblait jamais quitter. Celle-ci était assez légère, elle pouvait donc la porter en toute saison semblait-il.

Face à elle, la devanture du Storybrook. Et, un peu partout autour de l'entrée, des groupes de jeunes et de moins jeunes venues profiter de l'ambiance et des cocktails. Et, pour une fois, si Emma était là, c'était pour la même raison.

Quoi que, dans son cas, on pouvait rajouter un rencard avec une belle brune. La simple idée de boire un verre avec Regina lui laissait les mains moites. Des mains que Emma, pour se donner une contenance, mit dans les poches arrière de son jean alors qu'elle pénétrait enfin dans le bar.

Elle croisa Hercule, qu'elle salua d'un hochement de tête, puis se mit à chercher Regina du regard. La trouver ne fut pas bien difficile : celle-ci était derrière le bar. Elle était en train de faire un mojito, semblait-il, et la fille à côté d'elle était en train de servir un whisky sur glace. Emma devina au premier coup d'œil que la remplaçante de Mak, pendant ses vacances, n'était clairement pas aussi douée qu'elle. Ses gestes étaient beaucoup moins sûrs que ceux de la barmaid aux cheveux bleus. Elle la détailla une seconde. Une jeune rousse avec une masse de cheveux incroyables qui s'imposait en de nombreuses boucles rebelles comme si la gravité elle-même n'avait aucun pouvoir sur elles.

Emma s'approcha du bar et s'accouda non loin de Regina, qu'elle observa à la dérobée. Celle-ci portait également un jean noir et des talons, sans doute pour être bien à l'aise. Mais, là où la blonde avait préféré un débardeur, la brune portait une belle chemise bordeaux dont la texture reflétait légèrement les lumières du bar. Tout cela lui donnait un côté "chic and choc" qui plaisait beaucoup à la flic. Et qui plaisait beaucoup aux autres clients, semblait-il. Les regards des hommes comme des femmes se portaient sur la silhouette de la propriétaire sans discrétion.

Mais Regina, telle une reine, ne leur prêtait pas la moindre attention. Ses gestes étaient rapides et précis, son unique objectif étant de servir rapidement ses clients. Mais, quand son regard croisa celui d'Emma, quelque chose dans son attitude changea. La brune termina de prépara son mojito, qu'elle posa devant une femme dont la moitié du crane était rasé, puis elle s'approcha d'Emma, un léger sourire aux lèvres.

- Bonsoir miss Swan.

- Regina.

La brune avait toujours mis mal à l'aise la blonde et cela n'avait pas changé. Regina lui offrit pourtant un grand sourire éclatant, qui révéla des dents blanches parfaitement alignées. À côté d'elle, quelques clients semblaient soudainement jaloux.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

- Mmh… Un whisky coca.

Face à la commande, Regina ne put s'empêcher de lever un sourcil inquisiteur et Emma se sentit immédiatement bête. C'était une boisson d'ado ! bordel. Mais, avec un léger sourire, Regina confectionna la boisson de la jeune femme et la déposa devant elle. Elle se servit ensuite un verre de cidre et contourna le bar, non sans chuchoter quelque chose à l'oreille de la remplaçante de Mak pour se faire entendre malgré le bruit.

- Venez.

- Entendre est bien la seule chose à laquelle tu auras droit, même si je sais que tu rêverais de participer, rétorqua la petite bleue en plissant les yeux.

- Ah non ! Intervint Alice. Vous ne commencez pas toutes les deux ! A chaque fois c'est pareil.

Alice avait bien raison. Ça ne loupait jamais. Les années étaient passées et pourtant, Mak et Esméralda ne se lassaient jamais de se chamailler, flirtant de temps à autre pour se chamailler encore par la suite. Telle était leur dynamique, comme ça qu'elles s'entendaient, exactement comme durant leurs années lycée. Mais malgré tout, elles avaient appris à se connaître au fil du temps et elles savaient qu'elles pouvaient compter l'une sur l'autre. Leurs nombreuses joutes verbales n'étaient rien d'autre qu'un jeu.

C'est vrai, elle aurait pu choisir Esméralda pour essayer minablement de se sevrer d'Elsa. La parisienne aurait fait l'affaire. Mais elle savait aussi qu'elle aurait alors choisit de jouer avec son cœur. Un cœur fragile que la brune lui aurait donné volontiers. Chose qu'Emma ne s'était jamais risquée à faire.

Docilement, Emma suivit Regina à travers le Storybrook. Devant elle, le passage semblait s'ouvrir comme la mer face à Moïse, les clients s'écartant les uns après les autres pour laisser passer la brune. Celle-ci finit par monter un petit escalier qui arriva sur une petite plateforme où étaient disposés une table basse et deux canapés. Regina s'y assit sans attendre et Emma fit de même, en face d'elle. Il s'agissait sans aucun doute d'un carré VIP et Emma prit quelques instants pour regarder autour d'elle. De là où elle se trouvait, elle pouvait observer la salle sans être parfaitement visible grâce à la hauteur.

- Vous aimez la vue, Miss Swan ?

- Beaucoup. J'aime pouvoir observer sans être vue. Déformation professionnelle, sans doute, répondit la blonde en souriant.

Elle se détourna pourtant pour faire face à Regina. Même assise, elle avait tout d'une reine, songea Emma.

- Alors, dites-moi, comment va Miss Lichtenstenner ?

- Mak ? oh, et bien… Elle profite de ses vacances, répondit d'abord Emma, prise de court par la question. Elle est partie voir des amis, en fait.

La réponse sembla plaire à Regina, qui hocha la tête d'un air satisfait.

Il y eu un blanc, puis Emma prit les devants.

- Puisque vous m'avez invité, pourquoi ne me parleriez-vous pas de vous ?

- J'ai une meilleure idée, Miss Swan. J'ai toujours voulu faire parler un flic.

Le sourire de la brune devint carnassier l'espace d'une seconde, avant qu'un léger rire ne lui échappe.

- Je vous pose une question, vous répondez. Ensuite ce sera à votre tour.

- C'est d'accord, répondit Emma en souriant à son tour, amusée par la tournure des choses.

- Très bien. Pourquoi devenir flic ?

Emma se permit une gorgée de son verre avant de répondre.

- Parce que je suis douée, répondit-elle sans trop réfléchir.

Face à elle, Regina haussa un sourcil face à cette assurance effrontée.

- Sérieusement. Je suis bonne quand il s'agit de retrouver les gens et résoudre des problèmes. Rentrer dans la police me semblait donc tout indiqué. Et vous, pourquoi ce bar ?

Regina bu une gorgée de cidre.

- Au départ, je voulais faire mon propre cidre, commença Regina.

Face à elle, Emma sembla soudainement impressionnée.

- C'est ce que j'ai fait. Puis, plutôt que de le vendre à d'autres magasins, je me suis dis que l'offrir moi-même dans mon établissement serait bien plus agréable. C'est ainsi que le Storybrook est né.

- Wow, c'est super classe, ça, répondit Emma en observant le verre tenu par la patronne d'un air différent. Et vous l'avez fait seule ?

- Oui, répondit brusquement Regina en plongeant son regard dans celui d'Emma. Je n'avais besoin de personne pour atteindre mon but.

Une certaine tension s'était soudainement installée. Rien de malaisant, mais Emma sentit ses mains devenir moites sous le regard incandescent de la brune. Elle les posa sur ses cuisses pour se donner une contenance

- Des parents à chier, hein ?

La question semblait troubler Regina. Celle-ci releva le menton, les lèvres pincées, et Emma se sentit tout de suite mal.

- Désolé… Déformation professionnelle… Je ne voulais pas…

- Oui, des parents "à chier", comme vous dites. Mais bon…

L'air soudain un peu triste de Regina poussa Emma à s'avancer et poser une main sur celle de la brune. Contre toute attente, celle-ci ne refusa pas le contact.

- Je pense savoir ce que c'est. Je n'ai… Je n'ai pas de parents. J'ai été abandonnée après ma naissance.

Le visage sévère de Regina sembla soudainement s'adoucir à la suite de cet aveux inattendu.

- J'ai été dans plusieurs maisons d'accueil. J'ai beaucoup fugué. J'ai eu beaucoup de problèmes quand j'étais jeune, résuma Emma. Vous et moi nous ressemblons sur ce point : nous savons nous débrouiller par nous-même.

Toutes deux assises sur le bord de leur canapé respectif, elles se toisèrent un instant, les yeux dans les yeux. La main d'Emma n'avait pas quitté celle de la brune, qui déglutit avant de lever son verre de cidre.

- Buvons à cela, shérif. À nous.

- À nous, répondit Emma avec le sourire en faisant tinter son verre contre celui de la brune.

Elles prirent le temps de siroter leurs verres, puis un deuxième commandé d'un doigt à sa serveuse qui leur apporta rapidement. Régina la remercia d'un regard en lui intimant de retourner servir les clients, qu'elle prenait déjà du retard, que le service n'allait pas se faire tout seul. oui, son regard voulait dire tout ça. Alors la jolie rousse partit rapidement reprendre sa place derrière le comptoir.

- Elle ne se débrouille pas mal, mais ce n'est pas encore ça, remarqua Emma en l'observant descendre l'escalier d'un pas maladroit.

- Elle est jeune, elle apprendra. Et j'ai toute confiance en Miss Lichtenstenner pour la former.

Emma plissa les yeux en observant toujours cette nouvelle venue. 18 ans, pas plus. Sans doute son premier job d'ailleurs.

- Mak ? Former cette gamine ? Vous y croyez vraiment ? Rit Emma. Vous savez que ça va lui poser un sérieux problème d'ego ?

- Ego qu'elle devra laisser de côté. La politique de mon établissement m'oblige à donner sa chance à tout le monde. Vous lui avez dit que nous nous retrouvions ce soir ?

- Non, avoua Emma en quittant la rousse des yeux pour se concentrer sur la prochaine réaction de Régina. Ça vous dérange ?

- Non, c'est mieux comme ça pour l'instant.

Emma fut rassurée par cette réponse. Elle ne l'avait pas dit à Mak… pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment. Peut-être attendait-elle de mettre les choses au clair, de savoir où elle allait avec cette brune.

- J'aimerais éclaircir un point avec vous, reprit Régina, surprenant la blonde par le ton solennel employé.

- Dites-moi.

- Au sujet de Miss Lichtenstenner, je ne veux pas savoir quelle était la nature de votre relation et je ne sais pas encore quelle sera la nature de celle que nous pourrions éventuellement partager mais, vous devez savoir une chose : je ne partage pas.

- Tant mieux alors, parce que je ne partage pas non plus. Tout est fini avec Mak, assura la blonde. Et je crois sincèrement que ce n'est pas à moi qu'elle pense ces derniers temps.

- Hm, vous voulez parler de la blonde incendiaire qui se plaît à traumatiser mes clients ? Demanda Régina avec un sourire en coin.

- Vous lui en voulez toujours pour ça ?

- Je n'en veux à personne mais vous avouerez qu'il est malheureux de se retrouver la gueule sur le comptoir dans un lieu que je m'efforce de rendre accueillant. Vous imaginez une seconde de quoi j'avais l'air ?

- Ça vous vient d'où d'ailleurs ?

- Quoi donc ?

- Cette envie de créer un lieu où tout le monde serait accepté pour ses différences ? Je veux dire, je n'ai jamais vu une clientèle aussi variée que la vôtre.

Le regard de Régina se posa presque tendrement sur la foule un peu plus bas. Ce charmant shérif avait raison. Ses clients étaient hauts en couleur. Des jeunes, des plus vieux. Des propres sur soi, des moins guindés. Des hommes, des femmes ou des êtres, portés par une sensibilité commune de ne vouloir montrer que l'humanité nue. Sans sexualité, sans premier ou deuxième genre. Eux et toute la beauté qu'ils pouvaient offrir dans le corps qui leur allait comme un gant. La sincérité fragile et nécessaire d'être ce qu'ils gardaient en dedans. Tous ceux qui avaient le courage d'être ce qu'on ne connaît pas, tout ce qu'on aime voiler, cacher, masquer, ici, se retrouvaient sous les feux des projecteurs. Comme un appel à la liberté, un temps de pause dans un monde qui tourne souvent beaucoup trop vite.

- Le monde a besoin de ce genre d'endroit, vous ne pensez pas ? Sourit Régina, charmeuse, en ramenant son attention sur Emma.

- C'est la seule raison ?

- Ma mère était… elle soupira. Tellement exigeante et conventionnelle. Rien n'était jamais assez bien pour elle. Elle ne rêvait que de perfection.

Emma hocha la tête, attendant sagement la suite.

- Elle voulait faire de moi une avocate renommée, vivant dans une parfaite maison avec un parfait mari. J'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque le jour où je lui ai exposé mon véritable projet de vie, rit finalement la brune.

Un rire jaune, bien sûr, que la blonde sut percevoir. Régina Mills, aussi puissante soit-elle, semblait avoir gardé une certaine amertume vis à vis de sa mère.

- Je crois que, si plus jeune, j'avais été accueillie dans un endroit comme le Storybrook qui accepte tout le monde sans préjugés, certains moments de ma vie auraient été plus faciles.

- Je comprends, déclara Emma.

- Je descends ma mère devant vous alors que vous n'avez jamais eu la chance de connaître vos parents et vous comprenez ? S'étonna la brune.

- Evidemment que je comprends, répondit Emma en haussant les épaules. Même si nos passés se rejoignent sur quelques points, ils ne sont pas comparables pour autant, expliqua-t-elle tranquillement. Et puis, si ça se trouve, mes parents étaient de véritables enfoirés, plaisanta-t-elle enfin, allégeant quelque peu l'atmosphère.

- Je vous avais mal jugé, Shérif, sourit Régina en se détendant complètement.

- Moi aussi, je dois l'avouer. Je pensais que vous étiez l'une des ses nanas chicos bêcheuses née avec une cuillère en or dans la bouche.

- Ah vraiment ? Demanda Régina en haussant un sourcil suffisant.

- C'est le tailleur, répondit immédiatement la blonde comme une bonne excuse. La première fois que je vous ai vu, vous étiez en tailleur.

- Et qu'aurais-je dû penser de vous en vous voyant dans cette horrible veste rouge ? Taquina Régina.

- Vous n'aimez pas ma veste ?

Régina sourit malicieusement et secoua la tête négativement pour seule réponse.

- Alors je crois que rien ne sera possible entre nous, plaisanta la blonde en feintant un air outré.

- Je vous pensais plus combative, Miss Swan.

- Oh, je vous en prie Régina, vous ne voulez pas me tutoyer et m'appeler par mon prénom.

- Non, sourit la brune. D'ailleurs, si vous n'avez jamais connu vos parents, j'en déduis que Swan, n'est pas votre véritable nom ?

- Non, c'est moi qui l'ai choisi. Une référence au vilain petit canard, autrement dit, ce que j'étais autrefois, mais j'aime à penser qu'en vieillissant, je suis parvenue à devenir autre chose.

- Un cygne très élégant, sourit Régina. Vous portez bien votre nom, assura-t-elle en brûlant le cœur d'Emma d'un simple regard.

Ce moment teinté d'alcool leur permit d'apprendre doucement à se connaître, de tenter de se percer à jour.

- Tu as entendu ce qu'a dit la dame ? Demanda Esméralda en haussant un sourcil, amusant définitivement la galerie.

- C'est toi qui as commencé, grogna Mak.

- Peut-être mais moi je ne couche pas avec un flic, rit la brune, étonnée que Mak reste si sage.

- Un point pour Esméralda, annonça Kuzco en levant un doigt.

- Évidemment, toi tu ne couches avec personne, tu devrais accepter les jobs qu'on te propose, répondit Mak, s'attirant un rire de Kuzco.

- Bouhhhhh ! S'exclama Ralph en levant un doigt à son tour, partageant un regard avec le colombien alors que tous deux lançaient mentalement les paris.

- Je n'ai pas besoin de me taper n'importe qui pour être heureuse, répliqua Esméralda, loin de savoir que ces dires étaient d'une véracité effroyable, et Kuzco leva un deuxième doigt.

- Tu ne te tapes pas n'importe qui parce que ça fait des années que tu m'attends, expliqua calmement Mak, loin de se laisser démonter et Ralph lui accorda un point.

- Oh je t'en prie Litchi, ça fait cinq ans maintenant, il y a bien longtemps que j'ai tiré une croix sur toi et ta belle gueule, assura Esméralda en riant.

Et, sans prévenir, Mak tourna la tête vers Esméralda, et attrapa son visage d'une main autoritaire avant de poser ses lèvres sur les siennes, prenant la parisienne totalement par surprise sous les yeux écarquillés et les exclamations euphoriques de tous ses amis.

La fille aux cheveux bleus lui offrit un baiser brûlant de trois secondes à peine avant de rire légèrement, de passer un coup de langue rapide et provoquant sur sa lèvre inférieure, et de s'éloigner.

- Que de la gueule, sourit-elle en posant un regard sur une Esméralda rouge de désir, la respiration courte, qui avait dû user de toute sa force mentale pour ne pas gémir.

- Et c'est une victoire écrasante par KO ! S'exclama Kuzco en ne pouvant s'arrêter de rire.

- Tout va bien, Esméralda ? Demanda Ralph en essuyant une larme de rire qui perlait au coin de son œil.

- Sale garce… grogna la parisienne en essayant d'ignorer ses joues brûlantes.

- Tu l'as cherché, sourit Alice en levant un sourcil.

- Comme tu l'as dit, ça fait cinq ans maintenant. Tu devrais savoir que je gagne toujours, se moqua Mak en passant pourtant un bras tendre autour des épaules de la brune.

- A charge de revanche, mignon petit Litchi, râla tout de même Esméralda en posant sa tête sur l'épaule de Mak, essayant tant bien que mal de se remettre de ce baiser inattendu.

- Je te l'ai déjà dit, il n'y a rien de mignon chez moi, grogna Mak, reprenant vite les réflexes d'antan.

Ce baiser ne signifiait rien, strictement rien, ou peut-être l'infime certitude qu'un jour, à une autre époque, dans d'autres circonstances, elles auraient pu construire quelque chose ensemble. Mais toutes deux en étaient parfaitement conscientes, le destin avait fait en sorte qu'elles se loupent. Aujourd'hui, elles n'étaient que des amies heureuses d'être tombées l'une sur l'autre à un moment donné de leurs vies et ça leur allait parfaitement.

Et c'est ainsi, dans cette douceur de vivre, que se déroula la journée. Vers 18h, lorsque le soleil se fit plus clément, ils sautèrent tous ensemble dans la piscine, enchaînant batailles d'eau, noyades, plongeons ratés, rires à leur faire mal au ventre.

Plus tard, Kuzco s'improvisa cuisto et tenta d'allumer un barbecue, mais essuyant un échec cuisant, ce fut finalement Alice qui prit en charge le feu sous les rires de tous, et son homme fut relégué à la tâche de préparer une salade descente. Chacun y mit du sien. Esméralda rangea les restes de leur après-midi survoltée pendant que Mak mettait la table et que Ralph ramenait des plaids et des pulls pour tout le monde, l'air se rafraîchissant assez vite.

Ils parlèrent de tout et de rien, se plaisant à laisser couler la folie de leur quotidien. L'alcool, cette fois, coula à flot. Mak envoya valser ses interdits et avala au moins cinq verres de vin blanc sans broncher. Le goût pour le vin était quelque chose qu'elle avait découvert et apprécié en vieillissant. Plus fort que la bière, moins brute que la tequila, elle aimait s'accorder sur le vin. Et puis tenir un verre un pied en feintant d'être quelqu'un d'important l'amusait. Elle riait face aux pitreries légendaires de Kuzco. La nuit était tombée, la soirée se révélait tranquille et pleine de bienveillance. Elle souriait en observant ce qui composait son monde.

Pourtant, un vide indescriptible persistait au fond de sa poitrine. Un léger pique de douleur en dedans. Comme si elle ressentait autant l'envie de rire que de pleurer. Comme si elle cherchait quelque chose sans jamais parvenir à le trouver… Elle choisissait de ne pas le savoir, pourtant, elle savait très bien ce qui lui manquait car quand elle reçut un message d'un certain Tony Stark, le vide fut comblé.

De Tony Stark :

J'espère que tu passes une bonne soirée.

Je pense à toi.

#LyonEstFadeSansToi.

Un sourire se dessina immédiatement sur le visage de Mak qui lisait le message sous la table. Si bien qu'elle relut le message plusieurs fois, surprise que son ancien professeur utilise un hashtag.

- Eh, tu crois qu'on ne te voit pas ? Intervint Ralph à l'attention de Mak.

- De ? S'étonna Mak, l'air tout à fait innocent.

- Pourquoi tu souris comme ça ? Demanda Alice, blottit dans les bras de Kuzco, tous deux assis en face d'elle.

- Je ne souris pas, contra Mak en tentant de paraître sérieuse.

- Ah oui ? Et, c'est qui Tony Stark ? Demanda Esméralda en lisant par-dessus son épaule.

Mak cacha son téléphone contre sa poitrine en rougissant malgré tout.

Il était si étrange pour elle de se retrouver, une deuxième fois, dans cette situation. La situation dans laquelle elle leur cachait Elsa. D'un côté, elle s'en voulait, de ne pas leur dire la vérité après tout ce qu'ils avaient fait pour elle. Mais d'un autre côté, c'était là sans doute sa jumelle maléfique qui parlait, mais leur cacher ça lui rappelait le goût de la salle 206, des cours de philo, des rendez-vous en cachette, d'une époque où Elsa l'aimait et ne l'avait encore jamais abandonné… Une certaine nostalgie pénétrait son coeur et étrangement, elle aimait ça.

Alors elle sourit simplement, et se leva en essayant de ne pas plier sous l'alcool.

- Je reviens, il faut que je passe un coup de fil à Iron Man, sourit-elle, canaille, avant de leur tourner le dos et de s'éloigner.

- Tu ne t'en tireras pas comme ça ! Cria Kuzco en riant alors qu'il n'obtenait qu'un doigt d'honneur pour réponse.

Et c'est ainsi que la soirée s'acheva. Enfin la soirée d'Emma uniquement. Celle de Régina ne faisait que commencer. Bien trop vite finalement, il fut temps pour la blonde de partir, et pour la brune de reprendre son service après cette délicieuse pause.

- J'ai passé une excellente soirée, sourit Emma en se levant du canapé sur lequel elle était restée assise.

- Moi aussi, déclara Régina en faisant de même. Il semblerait que je me sois trompée sur vos manières, plaisanta-t-elle, s'attirant un rire d'Emma.

- Combien je vous dois pour les verres ?

- Rien, c'est la maison qui offre. C'était une minable excuse pour vous revoir, avoua-t-elle en rougissant un peu.

- Accepteriez-vous de me revoir pour la simple excuse d'en avoir envie ? Demanda Emma après avoir rassemblé tout le courage dont elle était capable.

Régina sourit en plissant les yeux. Elle aimait la fragilité que pouvait parfois dégager cette femme. Quelque chose de rare qu'elle ne montrait pas souvent elle pouvait le deviner. Alors elle ne répondit pas tout de suite et fit un pas vers son interlocutrice.

Emma la dépassait d'une tête malgré ses talons hauts. La blonde la dévorait des yeux. Elle était habituée à recevoir ce genre de regard, c'était monnaie courante pour elle et pourtant, les yeux d'Emma Swan avaient quelque chose un plus. Une étincelle au fond de la pupille qu'elle n'expliquait pas totalement mais qui lui plaisait déjà.

Alors, se retenant de l'embrasser à pleine bouche parce que la vie lui avait appris à ne pas se laisser avoir si facilement, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un doux baiser sur la joue de son Shérif.

Emma ferma les yeux sous le contact. Avait-elle déjà senti des lèvres aussi douces sur sa peau ? En tous cas, elle ne s'en souvenait pas. C'était tendre, réconfortant. Jamais elle n'aurait pensé que cette brune puisse faire preuve d'autant de délicatesse. Et alors que la Storybrook semblait se bloquer dans le temps, les lèvres disparurent et c'est une voix chaude qui parvint jusqu'à son oreille.

- Avec plaisir, Emma.

Et la blonde n'eut même pas le temps de sourire, qu'elle entendit déjà un claquement de talon familier dans l'escalier. Voilà, Régina était partie, et dieu lui pardonne, elle lui manquait déjà.