Chapitre 50 : L'anneau de l'Héritier

Résumé :

Severus rencontre un portrait et reçoit un cadeau.


- Bienvenue, Severus, fils de Tobias, Héritier de Serpentard.

La voix venait de derrière lui, et quand Severus se retourna pour regarder, il vit un serpent peint à l'arrière de la porte fermée, aux écailles de la même couleur vert vif que le Basilic.

- Je ne suis pas l'Héritier de Serpentard, » répondit aussitôt Severus.

Le serpent ondula comme s'il haussait les épaules. « La porte t'a laissé entrer. Cela signifie que tu mérites ce titre. »

- Comment ? » demanda Severus, stupéfait et honnête. « Je suis un sang-mêlé, la lignée de ma mère compte autant de Serdaigle que de Serpentard, et je ne parle le fourchelang en ce moment que grâce à une potion. »

Le serpent se déplia, avant de s'enrouler autour d'un 'pilier' peint. « Tu es le Directeur de sa Maison, » fit-il remarquer. « Es-tu celui qui guide ses élèves ? »

- Oui, » reconnut Severus.

- Représentes-tu sa Maison dans l'école et en-dehors de l'école ?

- Oui.

- Œuvres-tu au bénéfice de sa Maison ?

- J'ai un agenda politique totalement différent ! » protesta Severus. « Et encore une fois, je ne suis pas de sa lignée. »

Le sifflement du serpent ressemblait étrangement à un rire. « La politique évolue, » dit-il. Tu as été élevé dans sa Maison, n'est-ce pas ? Le chapeau de Gryffondor t'a déclaré un de ses membres ? »

- … oui, » reconnut Severus à contrecœur.

- Tout Directeur de la Maison de Serpentard pleinement qualifié, ce que tu es, par le jugement de la porte, peut réclamer le droit d'héritage en l'absence de membre vivant de la famille, » récita aussitôt le serpent. « Le dernier légataire est mort, tu satisfais, tu peux donc recevoir l'anneau de l'Héritier. Félicitations. »

Mais le dernier légataire n'était pas mort. Ils étaient pratiquement sûrs de ça. « Comment peux-tu savoir quand un Héritier meurt ? » demanda Severus.

Le serpent pointa la tête vers le piédestal au centre de la pièce. « L'anneau revient, » dit-il. « Vas-tu le prendre ? »

Est-ce que Severus allait revendiquer un artefact magique inconnu, vraisemblablement puissant, qui allait le désigner comme contestant la présence du Seigneur des Ténèbres, et possédait une signification qu'il n'avait aucun moyen d'estimer ? « Merci, non, » répondit-il.

Le serpent haussa les épaules à nouveau. « Il viendra avec toi de toute façon. C'est ce qu'il fait. »

- Magnifique, » murmura Severus d'un ton sarcastique. « Y a-t-il d'autres 'avantages' dont je devrais avoir connaissance ? »

- Eh bien, tu es toujours le bienvenu ici, » dit le serpent. « Il y a une grande quantité d'informations dans ces livres, tu sais. Et des artefacts, laissés par les anciens Héritiers. »

Severus voulait bien reconnaître qu'il était curieux, mais ce n'était pas le moment. « Je t'ai dit que je ne suis pas un fourchelang, » fit-il remarquer. « Je ne vais pas être capable d'entrer. »

Le serpent… sourit, sa langue dardant entre ses lèvres. « Tu as accepté le rôle d'Héritier, » répondit-il. « Le fourchelang est un don de cette lignée, tu fais partie de cette lignée, tu as le don. En attendant que quelqu'un prenne ta place. »

Parfait. Il n'était pas venu ici en ce jour pour se retrouver pris dans un micmac d'héritage magique, mais maintenant, à cause d'Albus, il s'y trouvait empêtré comme dans une toile d'acromentule, et apparemment cela allait le suivre jusque chez lui.

Le serpent sur la porte semblait chercher à former un nœud, le regardant de ses yeux brillants. « Veux-tu que ton compagnon survive, au fait ? Il a passé tout ce temps à attaquer la porte, et il va bientôt déclencher le système de défense. »

- Oh, bon sang – ouvre la porte ! » ordonna Severus, avant de plonger au sol pour éviter un jet de pouvoir concentré qui sembla heurter une barrière transparente et s'arrêta alors même que la porte était ouverte. « Albus, arrêtez ! » cria-t-il.

Les ridicules lunettes en périscope ne diminuaient en rien l'apparence menaçante d'Albus, ses robes claquant atour de ses pieds, l'air frémissant de pouvoir. « Severus ! » dit-il en s'avançant d'un pas vif. « Êtes-vous blessé, mon garçon ? »

Severus rejoignit la porte à la hâte, n'ayant aucune envie de découvrir ce qui se passerait si Albus essayait d'entrer. « Je vais bien, » dit-il d'une voix ferme. « Juste une conversation avec un portrait. »

- Je vois, » dit Albus d'un voix calme. « Peut-être est-il temps pour nous d'aller retrouver Madame Goswami. »

Étant donné que Severus ne voyait aucun intérêt à découvrir ce que pouvait être le 'système de défense', il accepta sans hésiter. Les yeux des serpents sur les piliers brillaient d'un vert foncé, et Severus leur lança un regard noir. « Ça suffit, » feula-t-il, sans vraiment s'attendre à quoi que ce soit. La lumière commença à diminuer, cependant, et l'air ambiant devint moins électrique. Eh bien. Voilà qui impliquait des choses désagréables.

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En regagnant l'espace central de la Chambre, ils virent Madame Goswami descendre d'un trou percé dans le mur à quelques pas du sol, un bracelet serpentin vert entourant son poignet gauche, pour aller avec le bracelet jaune et brun sur le poignet droit. « Avez-vous fini d'explorer ? » demanda-t-elle, sautant au sol. « Je viens de finir de nettoyer la salle de nidification, donc nous pouvons partir dès que vous êtes prêts. »

- Nous avons fini, » dit Severus d'une voix ferme, sans regarder Albus. Ils avaient eu assez de surprises pour une journée, et ils avaient réussi à faire ce pour quoi ils étaient venus. Ils feraient mieux de conserver leur énergie pour le trajet retour. Il ramassa sa canne par terre et mena la voie vers le tunnel.

Le labyrinthe fut beaucoup plus rapide à franchir au retour, à la fois objectivement (car ils pouvaient tous voir où ils allaient) et subjectivement (car ils savaient à peu près combien ils avaient à parcourir). Severus, cependant, ne s'attendait pas à ce qu'il en soit de même pour les escaliers. Ils étaient fatigués tous les trois, et grimper six étages (environ) n'était pas une partie de plaisir même dans les meilleures conditions. Severus fouilla dans sa poche et en sortit la fiole de philtre revigorant, laissant voir l'étiquette à ses compagnons. « Vous en voulez un peu ? Il y en a assez pour nous trois. »

Albus refusa poliment, et Severus lui lança un regard noir.

- Vous allez avoir cent vingt ans en juillet, et je me fiche de savoir à quel point vous êtes en bonne santé, » dit-il sans ménagement. « Vous venez de dépenser une quantité énorme de magie, et nous avons deux cents marches à grimper. Prenez cette foutue potion. »

Sans un mot, Albus fit apparaître une petite coupe dorée, et Severus lui versa une dose avant de boire la sienne. « Madame Goswami ? » demanda-t-il, essuyant le goulot de la fiole et la tendant en sa direction.

- Ça va aller, » dit-elle d'un ton vif, les yeux rivés sur l'escalier qui les attendait. « Finissons-en. »

La première vingtaine de marches fut supportable. Les cinquante suivantes furent pénibles. Pendant les cinquante d'après, les jambes de Severus commencèrent à lui faire mal, et il pouvait les entendre tous les trois haleter. Pour ce qui restait, Severus s'appuya lourdement sur sa canne, et se força à avancer. Enfin ils émergèrent dans la lumière vive des toilettes du deuxième étage, et refermèrent l'escalier derrière eux.

Albus tira sa montre de sa poche et la consulta. « Il nous reste une heure et demie avant le dîner, » dit-il. « Madame Goswami, je présume que vous avez besoin d'installer vos compagnons confortablement ? »

- En effet, » dit-elle, enfonçant ses mains dans les manches (maintenant bien sales) de sa veste. « Je vous verrai au dîner, messieurs. Après quoi, nous pourrons discuter de ce dont nous devons discuter avant mon départ. »

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Une heure et demie de temps libre était franchement bienvenue, en bonne partie parce que cela lui laissait le temps de réfléchir à ce qui s'était passé. Et bien sûr, d'attendre que l'effet de certaines des potions qu'il avait prises se dissipe. Sa canne à la main, Severus retourna à ses quartiers, songeant qu'ils auraient eu bien moins de marches à gravir s'ils avaient pu accéder aux cachots depuis la Chambre.

Mais bon, il n'avait aucun moyen de savoir s'il n'y avait pas d'accès à la Chambre caché quelque part dans les cachots. Après ce qu'il avait entendu aujourd'hui, cela semblait bien probable.

Il passa dans son salon, laissa tomber sa canne et ses gants sur la table basse, et s'assit pour retirer ses bottes. Le reste de sa personne était raisonnablement propre, mais ses bottes étaient crasseuses. Il devrait porter sa paire de rechange pour le dîner. Cela fait, il posa ses pieds sur un tabouret, s'appuya contre le dossier de son fauteuil, et… se laissa souffler quelques instants.

Aucun d'eux n'avait été tué, pétrifié, maudit, empoisonné, envenimé, ou même blessé. Le Basilic avait été apaisé et recueilli. Aucune autre menace n'avait été déclenchée ou découverte. La Chambre s'était trouvée à peu près là où ils s'y attendaient. Il n'était même pas épuisé, comme il l'avait cru – simplement fatigué.

Il y avait juste la petite question de la chambre supplémentaire, et les assertions de son gardien.

Il enfonça la main dans la poche droite de son manteau, et en sortit l'objet qui avait commencé à y peser quand ils avaient quitté la Chambre. C'était un anneau, ni d'argent ni d'or – il soupçonnait de l'électrum – avec l'aspect caractéristique, face plate et gravée, d'une chevalière. Il portait une petite émeraude au centre, gravée de l'emblème de Serpentard, et tout autour, gravés dans le métal, des symboles comme ceux présent dans la Chambre.

Severus le regarda d'un air mauvais.

Il resta là innocemment dans sa main.

- Je t'ai laissé en arrière exprès, tu sais, » marmonna-t-il.

L'anneau ne répondit pas.

Severus plissa les yeux. « Très bien. »

Refermant sa main sur l'anneau, il se leva, et partit chercher une cachette.


Note de la traductrice :

Comme les lecteurs de la VO, vous avez presque tous souhaité que Rogue conserve le fourchelang…

Notes de l'autrice :

… donc voilà ! J'espère que la façon dont je l'ai fait arriver vous satisfait.

Les chevalières sont un style de bijou ancien, qui remonte à avant la Rome antique. L'anneau présent dans cette histoire est basé sur un exemple du 14e siècle (tinyurl [point] com [slash] 43awrd7m), mais les éléments de conception sont plausibles pour quelque chose de beaucoup plus ancien. Contrairement au médaillon de Salazar Serpentard. Dont le style n'existait pas vraiment avant le 15e/16e siècle. Juste pour info.