Bonjour à tous !
J'espère que vous allez bien.
Je partage aujourd'hui le 50ème chapitre de cette histoire qui commence à être vraiment longue. J'espère qu'elle vous plait toujours autant.
Je vous remercie pour vos commentaires et messages toujours aussi chaleureux.
Prenez soin de vous et à vendredi prochain ;)
Chapitre 50 :
Mak s'isola, allant se cacher sous un arbre de la propriété, loin de la terrasse. Elle s'appuya contre son tronc rugueux en soufflant. Elle profitait d'un moment de solitude bien mérité. Bien sûr elle aimait ses amis même si elle prétendait parfois le contraire, comme si la carapace qu'elle portait lui seyait à merveille, mais se retrouver seule avec elle-même lui manquait très vite. Elle avait toujours eu besoin de silence, d'un temps de pause, hors du monde et de son agitation, de recharger doucement ses batteries.
Alors elle inspira profondément, fermant les yeux en se concentrant sur les sons qui l'entouraient. Au loin, elle entendait encore ses amis rire et elle se mit à sourire en les écoutant même si elle ne parvenait pas à déchiffrer ce qu'ils disaient exactement. Elle fit un point sur ses sensations, comme un check-up routinier de son corps. Elle se sentait fatiguée, mais elle en avait l'habitude. Et puis elle se souvenait qu'elle avait mélangé médocs et alcool, alors à quoi s'attendait-elle ? Elle sentait le tremblement de ses mains, les battements frénétiques de son cœur alors qu'un léger vertige la soulevait au-dessus du monde. Ça aussi, malheureusement, elle en avait l'habitude.
Un parfum d'elle ne savait quoi flottait dans l'air, mais elle sut l'apprécier tout de même. Le vin l'aidait à sourire, à respirer également. Le vin guida aussi sa main jusqu'à son téléphone, et la poussa à trouver le contact. Son esprit nomade teinté d'une euphorie volage entendit les bips sonores s'enchaîner. Ses mains se remirent à trembler violemment. Combien de fois avait-elle entendu ces bips sans que jamais personne ne décroche ? Une angoisse perça sa poitrine qui reconnut instantanément l'essence de térébenthine et le besoin d'une allumette…Son âme cru redevenir bleue, quand une voix inquiète passa le micro de son téléphone et effaça alors toutes craintes.
- Lichtenstenner, tout va bien ?
Mak sourit, profondément soulagée. Elle ne pouvait plus s'empêcher de sourire, l'alcool la rendait fébrile et un tant soit peu amoureuse.
Oh Elsa, tu t'inquiètes pour moi…eut-elle envie de souffler comme si c'était une chose à laquelle elle ne s'attendait pas. Comme si son anxieux et torturé de professeur n'allait trouver aucune inquiétude dans le fait qu'elle l'appelle à 23h.
Mais elle n'en fit rien, s'autorisa un rire grave, et répondit :
- Oui, tout va bien, je t'appelle pour…
Elle réfléchit, soudainement démunie. Pourquoi l'appelait-elle déjà ? Ah oui, parce qu'elle lui manquait, rien de plus… Mais elle ne pouvait pas lui dire ça. Elle ne pouvait lui céder si facilement. Elle se révèlerait alors faible et docile. Et elle n'était pas faible et docile, elle se l'autorisait d'ailleurs encore moins avec Elsa. Alors, se rendant subitement compte que son cerveau l'abonnait à cause du vin, elle reprit en mêlant un rire à un soupir de résignation :
- Je ne sais même pas pourquoi je t'appelle.
Elsa fronça les sourcils en ne comprenant pas exactement où la jeune fille voulait en venir. Pourtant, elle sut reconnaître le trémolo et l'octave d'une voix alcoolisée. La voix de Mak avait toujours été plus grave quand elle était saoule. Elle sourit tristement en lui devinant une faiblesse. Même à travers un téléphone, même seulement par quelques mots qui ne disaient rien, elle sut entendre sa solitude, son besoin de réconfort, une certaine détresse douce et innocente au fond de la gorge. L'enseignante avait soudainement l'impression de retrouver une Mak de 17 ans à l'autre bout du fil.
- Aurais-tu bu ? Demanda-t-elle, quelque peu amusée par cet appel nocturne inattendu alors qu'elle était allongée sur le lit de son ancienne chambre.
Anna et Kristoff l'avaient pratiquement laissée telle quelle, ils avaient seulement remplacé le grand dressing par un bureau sur lequel la rouquine pouvait travailler.
- Un tout petit peu, répondit Mak en passant une main sur son visage.
Elsa plissa les yeux en retenant un rire, elle savait que quand Mak avait bu, un tout petit peu, voulait souvent dire beaucoup. Dans ces moment-là, sa belle bleue n'avait que peu conscience des proportions.
- Bon, consentit l'enseignante en faisant semblant de la croire. Tu t'amuses ?
- Hm, ouais, la maison est immense, répondit la jeune fille alors qu'Elsa pouvait entendre le bruit d'un briquet, puis une longue inspiration, sans doute teintée de nicotine. Alice avait l'air contente de sa surprise, conclut-elle enfin.
- Elle ne savait pas que tu venais ?
- Non, c'est Kuzco qui a organisé ça pour son anniversaire.
- Oh, ça lui fait quel âge maintenant ?
- 23 ans, répondit Mak en jetant un œil à ses amis qui s'amusaient toujours.
- Mon dieu, ça ne me rajeunit pas… soupira Elsa, comme si elle prenait soudainement conscience de son âge encore une fois.
- Je te l'ai dit, tu n'as pas changé, rappela la jeune fille alors qu'elle avait l'impression que son cerveau et sa bouche fonctionnaient d'eux-mêmes.
Tu es belle… avait-elle tellement envie de lui dire, comme si elle voulait lui répéter jusqu'à ce qu'elle y croie, lui rappeler qu'à ses yeux, elle ne vieillirait jamais. Que pour elle, elle serait toujours la jolie jeune femme qu'elle avait croisé dans la salle 206.
Alors elle prit le temps de polluer ses poumons et ajouta :
- J'aime bien… tes cheveux comme ça.
Elsa plissa les yeux, surprise par le compliment en passant sans y penser une main dans ses cheveux. Un compliment qui la rassura bien plus que ce qu'elle ne voulait l'admettre. Mais un compliment auquel elle n'était à présent si peu habituée, qu'elle ne sut quoi répondre et qu'un silence, encore un silence, s'immisça entre elles. Mak grimaça face à ce manque de réaction, et s'inquiéta alors :
- Je n'aurais peut-être pas dû t'appeler à cette heure-là, je suis désolée de t'avoir déran…
- Non ! S'exclama l'enseignante. Non, ne t'excuse pas, ça me fait plaisir que tu m'appelles, j'…
- J'avais besoin de t'entendre, termina Mak sans se douter qu'elle avait volé ces exacts mots de la bouche de son ancien professeur. Je ne sais pas pourquoi, je ne l'explique pas, grimaça-t-elle, agacée de ne pas comprendre les mécanismes de son cerveau.
- Il est parfois nécessaire de ne pas expliquer certaines choses, répondit sagement Elsa.
- Je ne comprends pas pourquoi je ressens un manque de toi alors que tout me pousse à te détester, expliqua Mak, en lâcher prise totale, faisant à haute-voix le point sur ce qu'elle ressentait, pour une fois sans barrières.
Elsa fut peinée par ces mots, mais les trouva malgré tout légitimes.
- Tu n'es pas obligée de tout comprendre pour une fois, tu ne crois pas ? Demanda l'enseignante en l'entendant se torturer l'esprit.
- Pourquoi je n'arrive pas à te détester Elsa… soupira Mak, quelque peu déboussolée par l'alcool en se laissant glisser contre le tronc d'arbre, jouant nerveusement avec quelques brins d'herbe.
- Eh, tu veux bien m'écouter une seconde ? Demanda doucement la blonde en prenant conscience que la jeune fille faisait fi de ses dires, qu'elle s'enfermait malgré elle dans un cheminement de pensées.
- Tu mériterais que je te déteste… souffla enfin Mak alors que ses épaules s'affaissaient.
- Chérie, écoute-moi, s'il te plait, se surprit à demander Elsa.
Chérie… ça les avait surprises toutes les deux, et c'était arrivé comme ça, comme si ça devait être dit à ce moment-là.
- Pardon Elsa, je t'écoute, répondit calmement Mak en fixant son regard sur le ciel bien plus étoilé qu'à Lyon.
- Tu as raison, tu as toutes les raisons de me détester et c'est absolument tout ce que je mériterais, commença Elsa en se remerciant d'être loin car dans le cas contraire, elle n'aurait pu s'empêcher de lui offrir une étreinte. Mais, l'être humain est si complexe, et tu peux me croire quand je te dis que je l'ai étudié, rit-elle amèrement. Parfois, il y a certaines choses qui nous échappent, c'est comme ça, ça fait partie de la vie.
- Et que faut-il faire dans ces moments-là ? Demanda Mak, véritablement intéressée.
Elsa réfléchit une seconde, consciente que si elle lui répondait à la légère, Mak le saurait, et finalement expliqua :
- Eh bien, soit tu te tourmentes l'esprit pour trouver les réponses à tes questions sans avoir la certitude d'être un jour comblée, et je te connais, je sais à quel point tu adores faire ça, fit-elle remarquer, s'attirant un rire de son ancien élève.
- Et l'autre solution ? Demanda Mak en souriant, se disant que les techniques d'enseignement d'Elsa lui avaient manqué, Elsa avait toujours aimé la faire rire.
- Tu laisses couler…soupira Elsa en sachant que c'était beaucoup demander à quelqu'un comme Mak. Tu acceptes seulement qu'il y a des choses sur toi-même que tu ne comprendras jamais totalement.
- Super… soupira Mak à une Elsa qui s'attendait un peu à ce genre de réaction.
- Je sais que ce n'est pas facile, mais ça s'apprend, assura l'enseignante.
Mak plissa les yeux alors que les mots d'Elsa faisaient doucement sens dans sa tête. Laisser couler ? Autrement dit accepter le fait qu'Elsa pourrait la mettre plus bas que terre sans que ses sentiments à son égard ne changent. Qu'Elsa pourrait la tuer, qu'Elsa pourrait la fendre, et concevoir la folie qu'elle pourrait en demander encore. Qu'Elsa pourrait la briser encore une fois, et que pourtant, elle serait d'accord… C'était une leçon difficile à apprendre.
Un silence passa encore, un moment de questionnement, de remise en question durant lequel, Elsa le savait, l'esprit de sa petite bleue tournait à plein régime.
Mak ferma les yeux en soupirant bruyamment. La fatigue commençait à l'envelopper dangereusement. Elle avait besoin de dormir, de penser à tout ça à tête reposée…
- Si je te rappelle demain soir, tu répondras ? Demanda-t-elle, comme pour être certaine que plus aucun de ses appels ne resteraient sans réponse, craignant de ne pouvoir le supporter.
- Oui, je te promets que je répondrai, assura Elsa en sentant que Mak avait besoin de temps pour digérer tout ce qu'elle venait de lui dire. Tu fais attention à toi, d'accord ?
- Toujours, sourit Mak. Bonne nuit, Elsa.
- Fais de beaux rêves ma puce, s'entendit charmer Elsa en référence à la première fois qu'elle lui avait dit ces mêmes mots.
Mots qui amusèrent la jeune fille de toute évidence puisque Mak rit légèrement avant de raccrocher.
Mak observa une seconde son téléphone alors qu'un million de papillons batifolaient dans son ventre, un sourire plaqué sur le visage comme une affiche collée à un mur.
- Je ne rêverai que de toi… murmura-t-elle dans le silence de cette soirée, prenant encore une seconde avant de retourner vers un monde qu'elle avait avorté quelques instants.
La jeune fille secoua vivement la tête comme pour réanimer son esprit et se leva en grimaçant.
Elle se traîna ensuite jusqu'à la terrasse alors que ses amis l'accueillaient en criant. Elle grimaça encore, elle peinait à tolérer le bruit après une certaine heure.
- Alors ? C'était comment avec Iron Man ? Demanda Kuzco, profondément curieux sans se douter une seconde qu'il parlait là de son ancienne prof de philo.
- C'était bien, sourit Mak en s'appuyant, les mains posées à plat sur la table.
- Tiens, fais-nous des cocktails pendant que tu es debout, demanda Esméralda.
- Putain, vous allez me faire travailler même pendant mes vacances ? Râla la jeune fille en attrapant pourtant cinq verres qu'elle aligna méticuleusement sur la table, juste devant elle.
- A quoi ça servirait qu'on ait une pote barmaid sinon ? Demanda innocemment Ralph.
- Ne te défile pas ! Intervint Alice à l'attention d'une Mak qui remplissait les verres d'une main de maître. Qui est Tony Stark ?
- Même si on sait déjà que Tony Stark est une femme, sourit Esméralda, un coude appuyé sur le dossier de sa chaise. A moins que tu n'aies viré de bord ? Demanda-t-elle enfin tout de même de manière tout à fait innocente.
Mak resta silencieuse alors qu'elle finissait de remplir les verres les uns après les autres.
- Tony Stark est une femme, avoua-t-elle en posant un verre devant chacun de ses amis. Mais il est encore trop tôt pour en parler, déclara-t-elle, espérant clore le sujet.
Une question brûlait les lèvres de chacun de ses amis alors qu'ils goûtaient à leurs cocktails.
Et du coup, tu tournes la page "Elsa Lange" ? Avaient-ils tous envie de demander. Pourtant, aucun n'osait poser cette question, se souvenant à quel point le sujet "Elsa Lange" était tabou.
Une autre question arriva alors sur la table :
- Et Emma dans tout ça ? Demanda Alice.
Mak haussa les épaules, elle ne savait pas vraiment à vrai dire.
- Je crois qu'elle a rencontré quelqu'un, annonça-t-elle seulement.
- Tu es jalouse ? Demanda Kuzco alors que Mak s'asseyait après avoir pris le temps d'une gorgée de tequila.
- Un peu, avoua-t-elle. Mais j'aimerais qu'elle soit avec quelqu'un de pleinement apte à être avec elle, réfléchit-elle, pensive. Et je n'étais pas la meilleure personne pour ça.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Demanda Alice, plus sérieusement en fronçant légèrement les sourcils.
- Vous savez tous très bien pourquoi je dis ça… rit amèrement Mak alors qu'elle s'offrait une énième gorgée d'alcool, cela l'aidant à assumer qu'elle était en train de parler de choses si personnelles avec ses amis.
- On n'a jamais vraiment repris le temps d'en parler mais…commença Esméralda en grimaçant, tu l'as oubliée ?
Les autres retinrent leurs souffles, n'ayant jamais pensé que quelqu'un oserait poser cette question fâcheuse.
Ils n'étaient pas stupides, ils savaient tous de qui Esméralda parlait. Il est vrai que depuis le départ d'Elsa, ils n'en avaient jamais discuté, voyant à quel point le sujet faisait du mal à leur amie. Puis Mak était partie pour Lyon et avait emmené avec elle le souvenir de leur professeur. Aujourd'hui était une première depuis cinq ans…
Mak garda le silence un instant, jouant nerveusement d'un doigt avec la paille de son verre.
- Bien sûr que non… soupira-t-elle enfin en fixant son verre des yeux, comme honteuse de cette révélation.
Un énième silence suivit cette déclaration. Jusqu'à ce que Ralph ne plisse les yeux et demande :
- Si demain elle revenait, qu'est-ce que tu ferais ?
Un rire dépourvu de joie passa les lèvres de Mak.
- Je n'en ai aucune idée, répondit-t-elle en branlant de la tête.
Et même s'il s'avérait qu'Elsa était déjà de retour sans qu'ils ne le sachent, cette réponse était d'une honnêteté effroyable. Encore aujourd'hui, Mak ne savait absolument pas sur quel pied danser vis à vis de la blonde.
- Et Tony Stark, tu crois qu'il pourra effacer ce qu'elle t'a fait ? Demanda Kuzco.
Mak releva les yeux vers son ami, puis sourit légèrement et répondit :
- Si je lui laisse une chance, oui, je l'espère.
- Alors laisse lui une chance, conclut Esméralda en haussant les épaules.
Oui, alors, doucement ma grande, ce n'est pas si évident. Comment t'expliquer que je peine à lui laisser une chance puisque Tony Stark est justement la personne qui m'a brisé le cœur et accessoirement notre ancienne prof de philo. Tu t'en souviens, Esméralda ? Je sais que tu te souviens d'elle. Une grande blonde super canon qui a manqué de peu de me tuer. Et tu vois le plus dingue, c'est que je n'arrive pas à me l'enlever de la tête. Alors dis-moi Esméralda, qui est la plus condamnable de nous deux ? Elle, qui a tenté de m'assassiner, ou moi, qui l'aime malgré tout ? Lui laisser une chance, tu dis ? Mais que connais-tu de l'amour, Esméralda ? Peux-tu, toi, me dire à quel moment on peut retrouver le courage de se mettre en danger après un cœur brisé ? Tu le sais ça, Esméralda ? Parce que franchement, moi, là, je sèche… Voilà ce qu'elle voulait hurler au visage d'Esméralda.
Mais ces mots ne franchirent jamais la barrière de ses lèvres. A la place, elle posa un œil sur Kuzco et Alice et plissa les yeux.
- Vous vous rendez compte de la chance que vous avez ? Demanda-t-elle en posant un regard attendri teinté d'alcool sur eux.
- Quelle chance ? Demanda Alice.
- De vous être trouvé, expliqua Mak. Vous savez de combien étaient vos chances ?
- Non, mais je suis sûr que tu vas nous le dire, Einstein, sourit Kuzco, se disant que son amie sous alcool lui avait parfois tellement manqué.
- D'une sur plus de sept milliards sept cent milles, expliqua Mak. Rien que le fait que vous naissiez sur le même continent que votre âme-sœur s'élève à une chance sur six ! S'exclama-t-elle soudainement comme si elle en prenait conscience.
- On a compris l'idée Litchi, rit Alice en la voyant s'égarer.
- Je sais que vous avez compris mais, vous mesurez un peu ce que je suis en train de vous dire ? Une sur sept milliards sept cent milles ! répéta-t-elle avec plus de passion.
- Moi je mesure surtout tout l'alcool que tu t'es enfilé, rit Ralph avant de se lever et de s'approcher de la chaise sur laquelle Mak était assise.
Et sans prévenir, il se pencha et passa un bras sous les genoux de son amie, l'autre dans son dos et la souleva sans absolument aucun effort.
- Où est-ce qu'on va ? Demanda Mak sans s'inquiéter une seule seconde en se voyant décoller du sol.
- Je te ramène dans ta chambre, sourit-il en serrant le petit corps contre son torse, prenant garde de poser une grande main sous sa tête.
- Oh, ok, si tu y tiens, accepta la jeune fille, complètement épuisée en se laissant aller, la joue contre la poitrine de son ami.
- Allez, dis bonne nuit, sourit le jeune homme.
- Bonne nuit, baragouina vaguement Mak en offrant un geste mal assuré de la main à ses amis.
- Bonne nuit, Litchi, rirent les autres en lui jetant un regard d'une infinie tendresse.
Ralph marcha d'un pas lent et entra dans la maison. Il prit ensuite délicatement l'escalier qui le mènerait jusqu'aux chambres.
- Ralph ? Entendit-il faiblement.
Il baissa les yeux et vit Mak, les yeux fermés, l'air quelque peu absent, comme déjà prise de sommeil.
- Oui, Litchi ?
- Si je te disais que Tony Stark et Elsa Lange sont une seule et même personne, qu'est-ce que tu ferais ?
Le grand jeune homme s'arrêta au milieu des escaliers alors que ses yeux s'écarquillaient. Ça, il ne s'y attendait pas et en même temps...est-ce que ça l'étonnait vraiment ? Il ne savait le dire. Il prit le temps d'assimiler ces paroles. Alors comme ça, après toutes ces années, Elsa Lange était revenue ? Pourquoi maintenant ? Et Mak, comment se sentait-elle par rapport à tout ça. Il avait un million de questions, et pourtant, il devina que son amie n'était pas en état d'y répondre. Alors il réfléchit à la meilleure réponse qu'il pouvait lui offrir et déclara :
- Je te dirais de faire attention à toi, mais que je te soutiendrai, peu importe ton choix si tu es heureuse.
Mak, toujours les yeux fermés, sourit en posant une main douce et faiblarde sur le torse de Ralph.
- Ne dis rien aux autres s'il te plaît, murmura-t-elle.
- Je ne dirais rien, promis, sourit le jeune homme parce que c'était exactement la seule chose à faire.
- J'aurais sans doute oublié que je te l'ai dit demain. Oublie-le aussi s'il te plaît, sourit-elle parce qu'elle savait qu'il n'y avait qu'à lui qu'elle pouvait demander ce genre de chose.
- Je l'oublierai, promis, assura-il en reprenant tranquillement sa marche.
- Merci Ralph, murmura Mak avant de tomber dans un sommeil de plomb alors que Ralph souriait en sentant son corps devenir plus lourd.
- De rien, Litchi.
Ce fut le sourire aux lèvres que Mak se réveilla ce matin-là. Elle ouvrit les yeux et apprécia le rayon de soleil qui chauffait les draps. Elle se sentait si légère, toutes traces de tourment disparues. Elle s'étira longuement et passa une main dans ses cheveux. Elle se redressa ensuite en maintenant le drap sur sa poitrine nue. Elle tourna la tête et vit qu'on avait déposé un verre de jus de fruit sur sa table de nuit. Elle sourit. Elsa était toujours si attentionnée à son égard. Elle le saisit en s'en offrit une gorgée. Elle prit encore quelques secondes et attrapa son téléphone. Elle écrivit quelques mots sans jamais perdre son doux sourire.
-message de Mak à Elsa-
Bonjour mon amour, pourrais-tu acheter du vin pour le dîner chez ta sœur le week-end prochain avant de rentrer ?
Ne sois pas trop dure avec tes élèves. Je t'aime.
Ps : Merci pour le jus de fruit.
Et c'est en souriant encore qu'elle envoya le message. Son cœur débordait, son âme était en paix. Elle regarda l'heure sur l'horloge de sa chambre. Déjà midi. Il fallait qu'elle se lève. Elle avait promis à Elsa de lui préparer quelque chose à manger aujourd'hui. Son doux professeur aimait partager sa pause de midi avec elle. Elle se leva enfin et sortit de la chambre pour faire une halte dans la salle de bain pour s'habiller. Enfin, s'habiller… plutôt mettre une chemise d'Elsa. Elle savait qu'Elsa adorait par-dessus tout qu'elle enfile l'une de ses chemises et encore plus lorsqu'elle ne gardait rien en dessous. Cette simple pensée lui envoya des décharges électriques dans le ventre. Vivre avec Elsa était si facile. On l'avait souvent mise en garde, des bien-pensants lui expliquant à maintes reprises qu'aimer quelqu'un ne suffisait pas pour vivre avec, que la vie à deux était une étape importante dans un couple, qu'il fallait faire des efforts. Et pourtant, avec Elsa, tout était simple, comme si une vie avec elle coulait de source, était tout ce qu'elle avait toujours cherché.
Elle fronça pourtant les sourcils et perdit immédiatement son sourire en voyant qu'il n'y avait plus qu'une brosse à dent dans le pot en céramique prévu à cet effet.
Ses yeux s'affolèrent immédiatement, son cœur manqua un battement. Son flacon de parfum… lui non plus n'était plus là. Elle se précipita de nouveau dans la chambre. Dans l'armoire qu'elles partageaient, une valise manquait ainsi que tous les vêtements d'Elsa. Dehors, le soleil avait disparu et une pluie violente fouettait les vitres. Elle peinait maintenant à respirer. Elle retrouva son téléphone sur le lit près d'un pingouin en peluche qu'elle affectionnait tout particulièrement et qu'elle saisit d'une main faible avant de le serrer contre sa poitrine. Elle composa ensuite un numéro qu'elle connaissait par cœur. Les bips s'enchaînaient puis elle se heurta sur un répondeur, sur la voix de sa compagne qui lui glaça le sang :
- Bonjour, vous êtes bien le répondeur d'Elsa Lange, je suis partie pour une durée indéterminée. Au revoir.
Les yeux de Mak s'écarquillèrent, sa gorge se serra alors qu'elle sentait une douleur bien familière percer sa poitrine.
- Elsa ? Murmura-t-elle au répondeur. Elsa reviens je t'en prie, supplia-t-elle en se laissant couler sur le parquet de la chambre.
Et ce fut la même voix qui lui répondit, répétant en boucle le même message si fort que ses oreilles bourdonnaient et qu'elle se sentait perdre pied. Puis une autre voix s'immisça dans le micro de son téléphone qu'elle reconnut comme étant celle de ce connard de Weselton :
- N'oubliez pas Mademoiselle Lichtenstenner, Elsa Lange n'aurait eu aucun problème avec la justice sans vous. La seule fautive ici, c'est vous. Rien que vous.
Elle pâlit en jetant un œil à l'horloge. Il était à présent 19h. Pourquoi Elsa n'était-elle pas rentrée ?
- Votre faute, Mademoiselle Lichtenstenner, continuait Weselton comme si sa voix sortait des murs.
Elsa rentrait toujours. Elsa passait la porte de leur appartement, enlevait ses chaussures et s'affalait sur le canapé en lui racontant sa journée. Où était-elle ?
- Il n'y a pas d'autre fautif que vous.
Cet appartement était leur point de rendez-vous, leur sauvegarde, là où elles aimaient se retrouver pour se jurer à coup de toujours et de pour la vie qu'elles ne se sépareraient jamais. Alors elles s'offraient une étreinte et même la pire des journées paraissait alors meilleure. Il était 19h. Pourquoi Elsa ne rentrait pas ?
- Tout ça n'a toujours été que votre faute ! Hurla Weselton.
La jeune fille se redressa en sueur, le cœur battant et en vrac, les mains moites et tremblantes. Elle ouvrit de grands yeux. Elle tourna la tête et ne vit pas un jus de fruit sur la table de nuit mais bien un verre d'eau et une aspirine. Un horrible mal de tête lui martelait les tempes. La lumière du soleil l'éblouissait. Comment était-elle arrivée ici ? Elle ne parvenait même pas à dire exactement où elle était. Elle respirait mal. Elle croisa son sac qui n'avait pas bougé du sol, près du lit. Elle le fouilla frénétiquement et trouva avec soulagement Xanax et Seroplexe. Elle en avala un de chaque. Elle avait besoin de son duo de choc.
Elle trouva ensuite le pingouin en peluche qu'elle fut presque surprise de voir ici, comme s'il n'avait pas été invité dans son sac. Elle l'attrapa également et le serra contre elle. Elle voyait l'esquisse d'un rêve mais ne parvenait à savoir où exactement la réalité commençait. Elle regarda l'heure. Midi. Elle grimaça. Son esprit était embué de rêve.
Elsa, Anna et Kristoff profitaient d'une bière sur le balcon de l'appartement. Ils riaient, heureux de partager un moment ensemble avant de manger. Arendelle avait un goût de tranquillité aujourd'hui et Elsa ne regrettait pas d'être venue même si elle avait décidé de rejoindre Lyon dans la journée.
- On pensait repeindre ta chambre, ça t'embêterait ? Demanda Anna.
- Etant donné que ce n'est plus ma chambre, je ne vois même pas pourquoi tu attends mon autorisation, fit remarquer Elsa.
- Tu sais très bien que ça sera toujours ta chambre, sourit Kristoff, sachant à quel point les sœurs Lange étaient proches.
- Si vraiment ça vous pose un problème de conscience, vous avez mon feu vert, rit Elsa.
Elle prit une grande gorgée de bière et manqua de la renverser en sentant son téléphone vibrer. Elle le sortit de la poche arrière de son jeans et fronça les sourcils.
- Un problème ? Demanda Anna.
- C'est Mak. Mais on ne devait pas s'appeler avant ce soir, se souvint-t-elle.
- Peut-être que tu lui manques trop, sourit Kristoff.
- Bah réponds ! Pressa Anna.
L'enseignante s'exécuta donc :
- Allô ?
Elle entendit un immense soupir de soulagement.
- Elsa… ? Entendit-elle aussi et elle put reconnaître une voix quelque peu faible.
- Mak ? Imita-t-elle alors qu'une inquiétude passait sur son visage.
- On est invité chez ta sœur le week-end prochain ?
Elsa plissa les yeux d'incompréhension alors que son regard passait sur Anna qui tentait par quelques murmures de savoir ce qui se passait.
- Hm, non, pas que je sache, pourquoi ?
- Je ne t'ai pas demandé d'acheter du vin ?
- Pas du tout Lichtenstenner, pourquoi j'achèterai du vin ? Demanda l'enseignante sans comprendre. Tu veux que j'achète du vin ?
- Non ! S'exclama la jeune fille un peu trop vivement. Surtout pas.
- Qu'est-ce qui se passe ? Intervint Anna, ne supportant plus de ne pas savoir, ne s'attirant qu'une grimace d'incompréhension de la part de sa sœur.
- Chérie, tu es certaine que tout va bien ? Demanda Elsa parce qu'elle avait tellement besoin d'être sûre.
Chérie… et voilà que ça s'imposait une nouvelle fois, comme ça, comme une douceur qui leur échappait. Anna haussa un sourcil au surnom et partagea un sourire avec Kristoff.
- Oui, oui, ça va, assura Mak en retrouvant peu à peu conscience de la réalité, s'arrachant doucement des griffes de son cauchemar. Où es-tu ?
- Je suis à Arendelle, je suis passée voir Anna. Je serai rentrée sur Lyon ce soir, expliqua l'enseignante alors qu'elle entendait un nouveau soupir de soulagement.
- Tu es à Arendelle ?
- Oui, je suis à Arendelle, répéta Elsa avec patience et douceur.
- Et après tu rentres à Lyon ?
- Et après je rentre à Lyon, assura-t-elle une nouvelle fois.
Elle ne comprenait pas exactement ce qui se passait dans la tête de son ancienne élève, mais elle eut comme un flashback de leur premier rendez-vous. Ce jour là où la mère de Mak avait rêvé si fort de son père qu'elle l'avait appelé en lui demandant quand est ce qu'il comptait rentrer. Elle ne savait comment ni pourquoi, elle sentait que ces deux situations étaient similaires.
- Tu as fait un cauchemar ? Demanda-t-elle. Tu veux m'en parler ?
- Oui, mais ça va maintenant, pas besoin d'en parler, répondit Mak en reprenant une voix plus assurée. On s'appelle ce soir ?
- Comme prévu, on s'appelle ce soir, sourit Elsa, rassurée en notant tout de même qu'encore une fois, la jeune fille se refusait au dialogue alors qu'elle déduisait que puisqu'elle l'avait appelé, le cauchemar la concernait.
- A ce soir, Monsieur Stark, souffla Mak avant de raccrocher.
Elsa soupira en rangeant son téléphone dans sa poche, jurant que son cœur allait finir par lâcher si Mak continuait à lui faire des peurs pareilles. Et en même temps, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Pourquoi s'inquiétait-elle autant ? Mak ne risquait foncièrement rien. Elle prenait du bon temps avec ses amis.
- Elle va bien ? Demanda Kristoff.
- Oui ça va. Elle a bu hier soir, je crois qu'elle ne savait plus vraiment où elle était ce matin.
- Hm, les cauchemars qui se confondent avec la réalité ? Ça sent les tranquillisants à plein nez, ça… soupira Anna en ne se souvenant que trop bien d'une époque bien trop douloureuse. Tu sais si elle est sous traitement ?
- Je ne sais pas, soupira Elsa qui se doutait pourtant déjà de la réponse. Je lui avais pourtant déconseillé de céder à ce genre de choses.
- Oui enfin, on connaît Mak hein, elle ne t'écoute jamais, rappela Anna. Et puis toi aussi tu y as cédé un jour.
- Je sais, je ne le lui reproche pas, assura l'enseignante. Je m'inquiète c'est tout.
- Tu as été sous traitement, toi ? S'étonna Kristoff.
- Après le décès de nos parents, pendant trois ans, expliqua Elsa sans une ombre de tristesse et Anna se dit que sa sœur, en cinq ans, avait définitivement réglé quelques comptes avec elle-même. J'essaierai de me renseigner auprès d'Emma pour savoir véritablement ce qu'il en est, décida-t-elle.
Mak parvint alors à se séparer du petit pingouin et se leva après avoir avalé l'aspirine et le verre d'eau. Elle grogna en titubant légèrement.
- Putain… râla-t-elle en se tenant la tête.
Elle parvint pourtant à descendre les escaliers sans les dévaler sur les fesses et trouva ses amis, tous dans le même état qu'elle, avachi dans le grand canapé du salon.
Ils l'accueillirent tous d'un geste moue de la main. Kuzco buvait une infusion généreusement préparée par une Alice qui avait revêtit ses meilleures lunettes de soleil. Esméralda se tenait la tête, les yeux fermés, les sourcils froncés, et Ralph avait choisi de mettre une poche de glace sur son front. La jeune fille fut rassurée de ne pas être la seule à payer les frais de leur soirée.
- C'est moi ou à presque 25 ans on est déjà trop vieux pour supporter une gueule de bois ? Grogna-t-elle en prenant place entre ses amis, poussant Esméralda au passage qui râla avant de caler sa tête sur son épaule.
- Bordel ce que je regrette mes 17 ans… soupira Kuzco en soufflant sur son infusion.
Le colombien se frotta les yeux, et alluma l'écran plat du salon en choisissant de mettre le volume en minimum. Ils s'accordèrent pour regarder les infos de midi. Dans le monde aujourd'hui, un marseillais venait de gagner au loto, une ménagère hurlait parce que les nouvelles lois écologiques lui interdiraient bientôt de profiter de sa chaudière au fioul et, en Espagne, les travaux de la Sagrada Familia étaient sur le point de se terminer.
- Super, les espagnols construisent des cathédrales de 172 mètres et moi je me mets minable au vin blanc… soupira Mak en allumant une cigarette.
- On ne boit plus jamais comme ça, jura Alice.
- Plus jamais… assura Ralph en tenant sa poche de glace.
- Putain mais arrêtez de crier, supplia Esméralda en se rendormant presque sur l'épaule de son amie.
Ne plus jamais boire comme ça ? Est-ce qu'ils y croyaient ? Si on prenait en compte l'état lamentable dans lequel ils étaient, oui, actuellement ils étaient pleins de bonnes résolutions. Cela allait-il durer ? Ce n'était pas certain.
