Au moment où je poste ce chapitre, la première de mi-saison de Grey's Anatomy va sortir dans quelques heures ! Je suis tellement excitée mais aussi plutôt hésitante, j'ai tellement peur d'être déçue. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet parce que j'ai des tonnes de choses à dire à propos de cette saison 17 et que personne n'aurait le courage de lire tout ça. Mais à propos de la première, vu que je vis en Belgique, je vais devoir attendre un moment pour pouvoir voir l'épisode. Il faut que ces anges que sont les traducteurs prennent le temps de faire leur travail mais j'avoue que l'attente est insoutenable. Le pire, c'est les spoils. Durant la première partie de la saison 17, j'ai pris trop de risques avec les réseaux sociaux et j'ai fini par me faire spoiler les plus gros trucs. Alors je vais sûrement enfermer mon téléphone dans une boîte jusqu'à plus ou moins samedi.
Et pour finir, les délais de publications des prochains chapitres vont sûrement continuer à être un peu plus espacés vu que j'ai eu la maladresse d'inonder mon ordinateur portable. Petite anecdote que j'ai toujours en travers de la gorge.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demandèrent simultanément Alex et Cristina, arrivant dans le couloir.
Le docteur Webber remercia DeLuca d'être allé chercher les deux résidents à l'étage des blocs et le congédia.
D'un mouvement de tête, il montra la chambre juste à côté. Par la fenêtre, on voyait Meredith Grey, allongée et endormie dans un lit d'hôpital, une perfusion dans le bras. Assise à ses côtés, le docteure Bailey lui faisait actuellement une prise de sang.
Richard rattrapa les deux résidents qui faisaient mine d'entrer.
« Personne ne peut entrer. Bailey a pris le cas de Meredith en charge, elle s'occupe de tout. »
Du coin de l'œil, Alex remarqua le docteur Shepherd, appuyé contre le mur d'en face, visiblement très préoccupé.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » redemanda Yang.
« Je faisais un détour par la morgue avant de quitter l'hôpital. Je l'ai trouvée assise dans un coin. Elle ne disait rien, regardait juste dans le vide. Je lui ai demandé si tout allait bien mais elle ne m'a pas répondu et elle s'est évanouie juste après. »
Karev et Yang se regardèrent. Ils savaient qu'ils avaient échoué, et lamentablement. Ils pensèrent tous deux à la même chose. Si on avait plus cherché. Si on l'avait trouvée plus tôt. Est-ce qu'elle va bien ?
Les sortant du silence de plomb qui régnait sur le petit groupe, le docteure Bailey referma la porte de la chambre de Meredith derrière elle.
À ce bruit, Derek releva la tête, alarmé.
« Bon. On n'a pas encore envoyé le sang au labo mais ça m'a tout l'air d'une déshydratation sévère. Et un manque de sommeil et de nourriture. Elle a perdu beaucoup de poids et une anémie sévère ne m'étonnerait pas. Mais à priori, rien de plus grave. »
Cristina et Alex se regardèrent avec un mélange de soulagement et d'inquiétude.
La gorge de Derek se noua. Déshydratation. Manque de sommeil et de nourriture. Anémie sévère. Comment tout cela avait-il pu se produire ? Pourquoi n'avait-il rien fait pour la protéger ? à cet instant, il aurait voulu se trouver à la place de Meredith, dans ce lit. Pour enlever au moins la souffrance physique qu'elle devait supporter.
La voix de Bailey le tira de ses pensées.
« Est-ce qu'un de vous sait depuis quand elle a cessé de se nourrir, de boire et de dormir ? » demanda-t-elle aux deux résidents.
« Euh pas vraiment. Elle est restée enfermée dans sa chambre pendant une semaine. Je croyais qu'elle sortait la nuit pour aller manger sans que je sois là, » répondit Alex.
« Et bien à l'évidence, tu t'es trompé. »
« Tais-toi, Yang. J'aurais jamais pu deviner qu'elle allait aussi mal. »
Son cœur se serra.
Elle était là, juste de l'autre côté de la porte, durant tout ce temps. À souffrir. Et lui il avait simplement attendu un signe, une demande. Même après l'épisode du miroir. Il aurait dû enfoncer la porte, passer par la fenêtre ou foutre le feu à la baraque pour obliger Mer à sortir. Il aurait dû faire tant de choses. Mais à la place, Alex était resté inactif.
« Une semaine, » reprit Bailey.
« Quand a-t-elle reprit le boulot ? »
« Le matin de la réunion, » répondit Cristina.
« Donc ça ajoute deux jours. On arrive donc à un total de neuf jours, à priori. »
À ce chiffre, Cristina voulut s'enfuir en courant. Elle avait honte. Terriblement honte. D'avoir laissé sa colère et sa rancœur l'éloigner à ce point de Meredith. Si elle n'avait pas fait attention à ces histoires de McDreamy, peut-être qu'elle aurait pu être davantage présente pour son amie. Et l'empêcher de sombrer aussi profondément.
« Si le chiffre est exact, j'avoue que je ne sais pas trop comment elle a pu tenir aussi longtemps. Elle devrait… »
Être morte. Tout le monde connaissait la fin de la phrase du docteur Miranda Bailey. Mais personne ne voulut se l'avouer.
Richard regarda la patiente dans la chambre. Dans ce lit d'hôpital, les cernes foncés et le visage fatigué, Meredith était encore cette petite fille qui parcourait les couloirs de l'hôpital avec sa poupée en plastique et ses grands sourires. Lors de sa liaison avec Ellis, Richard s'était senti coupable pour cette enfant dont le foyer était en train d'imploser. Il s'était senti responsable. Et même maintenant qu'elle était devenue une jeune femme accomplie, il avait toujours ce sentiment de responsabilité, cette envie de veiller sur elle. Quand Meredith s'était enfuie à Baltimore, ç'avait été dur. Mais il l'avait laissée partir. Comme si sa propre fille quittait le nid.
« Est-ce qu'il y a une chance qu'elle soit enceinte ? On va avoir les résultats du labo dans peu de temps mais c'est histoire d'être prévoyants, » expliqua Bailey.
Richard, Cristina, Alex et Owen, qui venait d'arriver, se tournèrent vers Derek.
Il sembla soudainement encore plus mal à l'aise.
« Euh non, je ne crois pas. »
Miranda leva un sourcil.
« Sûr ? ça changerait beaucoup de choses. »
« Attendez les résultats du labo, je ne connais pas tous les détails de sa vie, moi, » il commença à s'irriter à l'idée d'un bébé prenant racine dans le ventre de sa Meredith.
Un bébé qui ne serait pas le sien.
Derek retint un haut le cœur. Il sentait les regards toujours tournés vers lui.
« Bon. Je vais faire passer les analyses de Meredith en priorité, je pourrai vous en dire un peu plus d'ici une heure, probablement. D'ici là, interdiction formelle d'entrer dans cette chambre. Et elle ne risque pas de se réveiller, je l'ai bourrée de calmants. »
« Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas rester avec elle ? C'est notre… » se plaignit Cristina.
« Votre quoi, Yang ? Votre meilleure amie, votre petite amie, votre fille de substitution ? Peu importe. Dans son état actuel, je n'autorise personne à rendre visite à Meredith Grey. »
« Elle a besoin de soutien, » ajouta Alex.
« Cette pauvre fille avait besoin de soutien depuis un moment. Les calmants que je lui ai donnés l'amènent à la limite du coma artificiel, elle avait désespérément besoin de dormir. Et son corps a besoin de récupérer. Alors ne vous avisez pas de la déranger. C'est compris ? »
Personne n'hocha la tête, tous préférèrent envoyer des regards noirs à Miranda.
Elle n'y prêta pas grande attention et commença à s'en aller.
Au fond, le docteure Bailey était terrifiée, elle aussi. Voir Meredith Grey dans cet état, vulnérable, vidée de toute vie, l'avait profondément ébranlée. Certes, ç'avait toujours été l'interne sombre et dépressive de son groupe mais la limite n'avait jamais été franchie. Aujourd'hui, Miranda avait vu la limite. Meredith l'avait dépassée depuis bien longtemps.
« Shepherd. Venez, » elle ordonna, désignant une chambre voisine inoccupée.
Il s'exécuta, trainant sa mine de chien battu et entra.
Bailey ferma la porte derrière eux.
« Bon, écoutez. Je déteste me mêler de la vie privée des autres mais dans ce cas-ci, je ne pense pas avoir le choix. »
Derek fronça les sourcils avec incompréhension.
« Peut-être que vous ne vouliez pas l'admettre devant tous les autres mais s'il y a la moindre chance que Meredith Grey soit enceinte, je dois absolument le savoir. Et sans attendre les résultats sanguins. Surtout quand on connait ses antécédents. Si elle est enceinte, chaque médicament, chaque traitement qu'on décidera de suivre,… »
« Je sais ce qu'un bébé implique, Bailey. Et je vous l'assure, il n'y a aucune chance que Meredith soit enceinte. De moi, en tout cas.
Bailey hocha la tête, ravie de cette réponse.
« Bien. Cette pauvre fille a déjà assez de problèmes comme ça. »
« Est-ce que c'est grave ? »
Elle le regarda longuement.
« Derek, si Meredith était consciente de ce qu'il se passait alors oui, c'est grave. »
Il était vingt-trois heures quand le docteure Bailey refit son apparition près de la chambre 216, celle de Meredith Grey. Elle en était actuellement à sa quatrième heure de sommeil, un grand de sable par rapport à toutes les autres manquées ces derniers jours.
Dans couloir, face à la fenêtre qui donnait sur la chambre, les docteurs Shepherd, Yang, Karev et Webber attendaient encore. Des chaises avaient été installées quelques heures plus tôt. Le docteur Hunt était resté un moment à attendre avec sa fiancée avant d'être contraint de partir, non sans annoncer les quatre médecins restant qu'ils bénéficieraient tous de deux jours de congé et qu'ils devaient le prévenir s'ils en souhaitaient plus.
Bailey entra en commença à prendre les constantes de la patiente, qui étaient relativement stables, et ressortit de la chambre après une dizaine de minutes. Avant même qu'elle ait ouvert la bouche, les médecins dans le couloir la regardèrent avec des yeux de chien battu.
Elle fut interrompue par une voix qui se rapprochait rapidement.
« Désolée, j'étais en chirurgie, pas moyen de sortir. Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Visiblement, le docteure Paulson ignorait tout de la situation.
« Oh mon dieu. »
« Docteure Paulson, asseyez-vous, je m'apprêtais à expliquer la situation actuelle. »
« Je reprends son cas. Donnez-moi le dossier. »
Bailey s'offusqua.
« Non. Le chef Hunt m'a personnellement confié le cas de Meredith Grey. »
« Oui eh bien, »
« Ça suffit ! Asseyez-vous et écoutez, Paulson, » s'exclama Richard, qui n'en pouvait plus d'attendre.
Margot s'exécuta, presque plus insurgée qu'inquiète.
« Alors. Tout d'abord, les résultats de la prise de sang sont arrivés. »
« Enfin ! Ils étaient censés être prêts il y a trois heures. » s'exclama Cristina
« J'ai tenu à faire tous les tests, Yang. Et ç'a prit un peu plus de temps que prévu. Bref. Meredith n'est pas enceinte. »
À cette phrase, on vit Derek se détendre considérablement sur sa chaise. Il savait qu'elle n'aurait pas supporté.
« Pas non plus de signe de la moindre maladie ou anomalie à laquelle je ne m'attendais pas. Cependant, elle souffre de nombreuses anémies et, comme je le pensais, de sévère déshydratation et le cap de sous-alimentation a été dépassé. Elle est sous hydratation et nutrition constante, en plus de calmants pour permettre à son corps de se reposer. L'examen neuro de tout à l'air est revenu positif, sa tête n'a pas heurté le sol au moment de l'évanouissement. Je viens de commencer à lui administrer un traitement pour éviter les calculs rénaux. Je pense que la sédation pourra être levée d'ici demain midi. Des questions ? »
« Quand pourra-t-on la voir ? » demanda Derek d'une voix rendue rauque par le silence dont il faisait preuve depuis des heures.
« Ah oui. Vous allez pouvoir la voir. »
Toutes les têtes se levèrent et Alex était déjà debout quand Miranda recommença à parler.
« Une seconde. Dans dix minutes, nous avons un rendez-vous spécial avec le chef du service de psychiatrie. D'ici là, vous pouvez aller voir Meredith. Et après le rendez-vous, vous pourrez rester dans sa chambre. Mais à une seule condition. Vous restez sages. Tous. Je ne vais pas pouvoir rester cette nuit mais si elle se réveille, vous me bipez. Pas question de la stresser davantage ou d'essayer de la faire parler. C'est bien compris ? »
Tous hochèrent la tête sauf Paulson, qui semblait être la seule à ne pas accepter la domination qu'exerçait Miranda Bailey sur eux.
Moins de dix secondes plus tard, la chambre 216 était remplie.
Alex et Cristina prirent chacun une main de Meredith, Richard s'assit au bord du lit, Margot consulta le dossier de la patiente et Bailey s'approcha. Pour les prochaines minutes, elle n'était plus le médecin en charge du cas. Elle était une amie. Tendrement, elle retira une mèche de cheveux du visage de Meredith et resta là, à vérifier qu'elle dormait le plus paisiblement possible.
Richard détourna les yeux du visage pâle et fatigué de Mer. Il se sentait tellement impuissant.
De l'autre côté de la pièce, Derek était toujours debout près de la porte, incapable de parler ou de faire le moindre mouvement. Elle avait l'air si petite, dans ce lit. Les fils reliés à ses bras et le sonde remontant dans son nez l'avaient transformée en une autre version de Meredith. Mais il savait que sous cette apparence de patiente dans un semi-coma, sa Meredith était là. Il suffirait juste d'attendre qu'elle puisse s'échapper de ce corps abîmé par la vie.
Cristina commença à inspecter les bras fins et nus de son amie. Alex la dévisagea.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
« Je regarde s'il y a des cicatrices de scarification. »
Il la laissa faire, n'ayant pas la force de se battre et tous furent soulagés de ne trouver aucune trace d'automutilation sur sa peau. Derek eut un haut-le-cœur et se précipita dans la petite salle de bain.
Tous sans exception l'entendirent vider dans l'évier son estomac qui n'avait pas été rempli depuis quelques heures. Quand il ressorti, le docteure Bailey toussota.
« Je pense qu'on devrait tous laisser Shepherd seul une minute. Rejoignez-nous dehors après, » elle ajouta à l'attention du docteur.
Non sans grommeler de désapprobation, les médecins sortirent un à un, laissant le neurochirurgien seul avec cette femme qui représentait tout à ses yeux.
Une fois la porte close, il avança lentement jusqu'au lit et s'assit sur la chaise que Cristina avait occupée, quelques instants plus tôt. Avec hésitation, il prit la main de Meredith et la serra. Elle était froide et totalement amorphe. Il sentit la boule dans sa gorge devenir considérablement plus grande et étouffa un sanglot. Un clin d'œil plus tard, il s'effondrait. La tête posée sur la basique couverture bleue, il continua à sentir la peau de Meredith sur la sienne et puisa assez de force dans ce contact pour relever la tête. Mais la vue du visage sans expression de la jeune femme le rattrapa et il se remit à pleurer, la tête dans sa main inoccupée, cette fois.
Il sentit une main se poser sur son épaule et commença à essuyer ses larmes, s'efforçant de faire cesser leur flot incessant.
« Allons-y. »
Derek obéit à Richard et se leva, lâchant doucement la main de Mer. Puis il se retourna et quitta la chambre sans regarder en arrière. Parce que s'il la revoyait, il serait incapable de partir.
