Ayant rejoint les toits de Paris, Ladybug et Chat Noir se retrouvèrent ensemble sur les tuiles, non sans un regard en arrière vers le parvis de Notre-Dame, là où ils venaient de laisser seule à seule Maura et Andréa.

-« Tu crois que ça ira pour elles ? demanda Chat Noir en se tournant vers sa partenaire. Tu n'as pas peur que… ça tourne mal ? »

-« Je ne sais pas quel tournant prendra leur discussion mais une chose est sûre : si la jeune fille avait été fermée à la discussion, elle nous l'aurait fait savoir dès le début. » expliqua Ladybug.

La jeune fille faisait très attention à ne pas révéler qu'elle connaissait Andréa, information qui aurait pu mettre en péril son identité secrète. Chat Noir resta muet quelques secondes avant de hausser les épaules.

-« Tu as certainement raison. Espérons que les choses pourront s'arranger entre elles. »

Ladybug hocha la tête en réfléchissant. Andréa allait-elle pouvoir un jour pardonner à sa mère ? Certainement pas : au vu des blessures qu'elle lui avait infligé, le pardon semblait impossible pour son amie. Mais elle savait qu'Andréa était une jeune fille raisonnable et si sa colère qui avait entraîné son akumatisation était tout à fait compréhensible, elle espérait qu'elle s'ouvrirait quelque peu à Maura pour avoir cette discussion que cette dernière cherchait désespérément.

Un nouveau « bip » provenant de son miraculous la rappela à l'ordre.

-« Bien ! Il est temps de nous séparer ! À plus chaton ! »

-« A-Attends ! J'ai une question à te poser… ! »

-« Oui ? »

Chat Noir s'empourpra quelque peu en entrecroisant ses doigts. Malgré le fait que ce questionnement le taraudait, maintenant qu'elle le regardait dans les yeux, il n'était plus tout à fait sûr de vouloir poser sa question. Mais il avait lancé le sujet, et il ne plus faire marche arrière, au risque de passer pour un idiot.

-« Tu… Euh… Comment as-tu su que tu pouvais utiliser ma ceinture tout à l'heure ? J'ignorais moi-même que je pouvais la retirer. »

Ladybug le dévisagea avant de laisser échapper un petit rire devant la mine confuse de son coéquipier.

-« Pour être tout à fait honnête, je n'en sais rien du tout ! Ça m'est venu comme ça. Je ne peux pas t'expliquer, mais je savais que j'en avais besoin. Appelons ça… l'instinct ? »

-« Un instinct qui te dis d'utiliser la ceinture de ton partenaire… ? C'est… surprenant. » murmura Chat Noir en posant son regard au loin.

-« Ne t'inquiètes pas chaton, je ne compte pas te la prendre en dehors d'un combat. » argua Ladybug en tirant la langue.

-« … … Ce n'est pas du tou- ! » répliqua violemment Chat Noir, aussi rouge que le costume de sa coéquipière, comprenant le sous-entendu de sa partenaire.

Mais la jeune fille se contenta d'éclater de rire avant de lui faire un petit clin d'œil.

-« Bye bye chaton ! » dit-elle d'une voix mielleuse.

Ne pouvant la retenir, il la regarda s'éloigner dans la lumière orangée du soir avant de soupirer en posant ses mains sur ses hanches, un petit sourire sur les lèvres.

Cette fille allait définitivement en venir à bout de lui.


Alors que sa transformation arrivait à sa fin, Ladybug se réfugia dans une salle de classe vide au dernier étage après avoir vérifié que personne ne l'avait remarqué. À peine avait-elle refermé la porte que la jeune fille perdit son costume. Essoufflée, Bridgette regarda Tikki virevolter autour d'elle avec un petit sourire satisfait.

-« Fiou ! C'était intense aujourd'hui… »

-« Vous vous en êtes bien sortis ! affirma Tikki avec un hochement de tête. Tu as su garder ton calme malgré le fait qu'Andréa avait été akumatisée, tu as très bien géré la situation. »

-« Oui, j'ai l'impression que je m'endurcis de plus en plus, répondit Bridgette en tendant un cookie caché dans sa petite sacoche à Tikki. Je contrôle mieux mes émotions et ma colère. »

-« Et tu vas continuer à progresser ! Le tout c'est de te faire confiance. »

Les deux amies se regardèrent avec un sourire avant que Bridgette ne se remette en route. Elle devait encore récupérer ses affaires et surtout retrouver ses amis ainsi Félix qui ne devait pas être loin. Elle entrouvrit la porte de la salle, regardant discrètement dans la salle pour s'assurer que personne ne s'y trouvait puis quitta sa cachette. La jeune fille s'autorisa à souffler un peu. Son rôle de Ladybug lui demandait d'apparaître et de disparaître discrètement et c'était une tâche stressante qui ne lui semblait pas se faciliter de missions en missions.

Elle descendit à l'étage inférieur, regardant autour d'elle, à la recherche d'un visage connu en s'entourant de ses bras. Elle s'était séparée de son manteau et de son sac à dos en tentant de réconforter Andréa dans la salle de cours dans laquelle elle s'était réfugiée. Et si le froid ne l'avait pas dérangé jusque-là, prise dans l'inquiétude et dans l'affolement de l'akumatisation de son amie, l'air froid s'immisçait maintenant partout dans son corps, la faisant trembler de tous ses membres. Ayant laissé son téléphone dans son sac à dos, elle n'avait pas non plus le moindre moyen de joindre les autres pour s'assurer que tout le monde allait bien.

Alors qu'elle s'approchait de la salle de classe où elle avait laissé ses affaires, la jeune fille eut la soudaine impression d'être observée, comme si quelqu'un se tenait juste derrière-elle. Avant que le jeune homme n'ait pu faire le moindre geste, Bridgette fit violemment volte-face pour se retrouver nez à nez avec Félix, surpris par son mouvement rapide.

-« C'est moi, murmura le garçon en levant ses mains en signe d'apaisement. Excuse-moi de t'avoir effrayé. »

-« O-Oh, non, c'est moi, pardon… Je suis un peu à cran là. Je suis contente de te voir, est-ce que ça va ? »

-« Oui merci. J'ai réussi à lui échapper de justesse. Je n'ai pas réussi à te retrouver, j'espère que tu ne m'en veux pas. »

-« Non ! Pas du tout, tu as bien fait de rester caché en attendant que ça se passe. J'étais en sécurité, tu as bien fait de ne pas te mettre inutilement en danger. » répondit la jeune fille en lui faisant un large sourire.

Les politesses échangées, les deux adolescents continuèrent de discuter en poursuivant leur chemin jusqu'à la salle de classe. Une fois sur place, ils récupérèrent leurs affaires, Bridgette attrapant son téléphone pour tenter de joindre Jehan.

Soudain, Kilian et Maxence apparurent dans l'embrasure de la porte, un air soulagé sur le visage.

-« Bon sang ! Vous voilà enfin ! Vous étiez où ?! On vous cherche depuis la fin de l'attaque ! » râla le jeune sportif.

-« Bah…. On s'était cachés… ? » bredouilla Bridgette.

-« Vous êtes complètement malades ! Non mais vous vous rendez compte des risques que vous avez pris tout à l'heure ?! enragea le jeune homme en regardant Félix tandis que Maxence hochait la tête. Et toi, pourquoi est-ce que tu n'es pas venu avec nous ?! poursuivit-il en se tournant vers Bridgette. Je me suis fait engueuler par Alizée, comme si c'était de ma faute ! »

Le garçon continua sa longue tirade sous les yeux médusés de ses deux camarades qui échangèrent un regard avant d'échapper un petit rire. Ils n'auraient jamais pensé voir Kilian leur témoigner une telle marque d'affection avec autant d'inquiétude et si cela était véritablement surprenant, l'attention était toute aussi touchante.

-« Il manque encore Jehan. Vous ne l'auriez pas vu, à tout hasard ? » demanda Maxence.

Bridgette baissa les yeux en repensant au moment où ils avaient dû laisser leur ami derrière eux afin d'échapper à Lady Justice. Elle ignorait ce qu'il lui était arrivé depuis et elle s'en voulait beaucoup de ne pas s'être immédiatement inquiété pour lui.

-« Pas depuis l'akumatisation non. » répondit Félix en voyant l'air peiné de Bridgette.

-« Où est-ce qu'il peut bien se cacher celui-là ? Il a bien choisi son moment pour jouer à cache-cache ! » protesta Kilian, agacé.

-« Et Andréa ? Vous avez de ses nouvelles ? » questionna Bridgette en relevant le regard.

-« Myriam l'a eu au téléphone. Apparemment, elle va rester avec sa mère pour le moment. Son vieux était là tout à l'heure, il est parti les rejoindre en récupérant ses affaires. » répondit le sportif en haussant les épaules avant de disparaître dans le couloir, Maxence sur ses talons.

Bridgette esquissa un petit sourire nerveux. Elle ne pouvait s'empêcher de se repasser en tête la scène de confrontation entre Andréa et sa mère et espérait de tout cœur qu'elles n'avaient pas fini par s'entretuer après son départ avec Chat Noir.

Passant son sac sur son dos, la jeune fille prit un instant pour réfléchir, posant ses doigts sur ses temps. La priorité était de retrouver Jehan. Elle savait que le Miraculous Ladybug avait forcément tout arranger, peu importe ce qu'il lui ait été arrivé après leur séparation de tout à l'heure. Elle resta muette quelques instants avant de se tourner vers Félix qui la regardait faire d'un œil circonspect.

-« S'il est encore au lycée, je pense savoir où il se trouve. » confia-t-elle en regardant vers la sortie de la salle.

-« Je t'accompagne. » murmura simplement Félix avec un petit hochement de tête.

Les deux amis s'engagèrent dans le couloir, entendant au loin les voie de leurs autres camarades, se retrouvant après l'attaque. Un petit silence se fit ensuite, seulement brisé par le bruit de leurs pas sur le sol. Légèrement derrière elle, Félix regardait Bridgette avancer. Elle semblait inquiète mais beaucoup moins affolée que plus tôt, quand elle était intervenue pour le sauver des griffes de Lady Justice. En repensant à cela, le jeune homme passa sa main dans sa nuque avant de prendre la parole.

-« Hmm… Bridgette ? »

-« Oui ? »

-« Je ne t'ai pas encore remercié pour ce que tu as fait pour moi tout à l'heure. Tu sais, avec la chaise… »

-« Oh ! Ça ? C'était normal. Je ne pouvais pas la laisser te faire du mal sans rien faire, alors que j'étais juste là, déclara l'adolescente avec un petit rire forcé. Ne t'inquiète pas pour ça, je suis contente d'avoir pu être utile. »

Le ton de la jeune fille était monotone, comme si elle parlait de quelque chose de tout à fait banal. Félix voulait insister, lui dire que ce qu'elle avait fait était extrêmement courageux, qu'elle s'était mise en danger pour lui mais le regard baissé de son amie le retint. Elle était sûrement fatiguée et inquiète, ce n'était pas le moment de parler de cela.

Ils continuèrent de s'enfoncer dans les entrailles du bâtiment jusqu'à arriver à un escalier de service, uniquement utiliser par le personnel d'entretien et pour les évacuations d'urgence. Félix haussa un sourcil étonné en regardant Bridgette s'avancer, posant sa main le long des marches pour se pencher, regardant sous l'escalier. Elle était de dos mais depuis sa position, le garçon put voir un sourire de soulagement se dessiner sur les lèvres de son amie.

-« Je savais que tu étais là. » murmura-t-elle en glissant avançant sous les marches.

Félix s'avança à son tour et pu apercevoir la silhouette de Jehan se détacher de l'obscurité. Le grand métis avait la tête dans les bras, recroquevillé sur lui-même, relevant à peine les yeux quand Bridgette s'installa à côté de lui pour passer sa main dans son dos.

Il ne l'avait jamais vu comme ça : Jehan était toujours jovial, enjoué, joueur et jamais il n'aurait cru le voir ainsi un jour, avec cette mine aussi triste et désespérée. Bridgette posa sa tête le long de son bras en continuant de passer sa main dans son dos. Elle se tourna vers Félix, lui faisant un petit signe pour l'inviter à les rejoindre. Le jeune homme scanna le sol, couvert de poussière à cause du ménage qui devait être moins appliqué dans cette partie du bâtiment où personne ne se rendait presque jamais. Il hésita quelques instants avant de glisser à son tour sous l'escalier, réprimant un petit soupir. Il pouvait bien faire un effort.

-« Est-ce que ça va… ? » osa demander Bridgette en se serrant toujours plus contre son ami.

-« … Elle a dit qu'elle n'avait pas besoin de moi. » murmura Jehan en détournant les yeux.

-« Quoi… ? »

-« Andréa… Elle a dit qu'elle n'avait pas besoin de moi. » répéta Jehan.

Félix et Bridgette échangèrent un regard surpris puis peiné. Voilà ce qui tracassait le jeune homme. Et si la jeune fille tentait de trouver quelque chose pour réconforter le garçon, Félix se sentit tout à coup mal à l'aise, comme à part. Il ne connaissait rien de ce genre de sujet, incapable de donner le moindre conseil ni mot de réconfort. En était-il seulement légitime ? Après sa dispute avec Andréa, il craignait que son ami lui en veuille.

-« Elle n'était pas elle-même, tu ne peux pas te fier à ce qu'elle a dit. »

-« Je lui ai avoué mon amour et elle a dit qu'elle n'avait pas besoin de moi ! » insista Jehan en haussant le ton.

-« Elle était akumatisée, déclara Félix en regardant droit devant lui. Tu l'as été toi aussi, tu dois savoir ce que l'on ressent dans une telle situation. »

Jehan releva les yeux quelques instants pour fixer son camarade avant de soupirer longuement.

-« En plus , j'ai dû lui avouer mes sentiments comme ça. C'est tellement humiliant… » souffla Jehan en remettant sa tête entre ses bras.

-« Je pense qu'elle ne s'en souviendra pas, hasarda Bridgette. Et Félix a raison, Andréa n'était pas elle-même quand elle t'a dit tout ça. Je suis sûre qu'elle ne le pensait pas. Jamais elle n'aurait voulu te faire de la peine. »

Jehan se tourna vers Bridgette puis releva les yeux vers Félix qui se contenta de hocher la tête en soutenant son regard. Le grand métis resta figé quelques instants avant de passer son avant-bras sur ses joues.

-« Bon allez, ça sert à rien de se morfondre de toute façon. Je ne peux rien y faire alors… Merci d'être venu me chercher. »

Bridgette tenta d'ouvrir la bouche pour le rassurer encore une fois mais le grand métis s'esquiva rapidement, sortant de leur cachette sans un regard en arrière. L'heure n'était plus à la discussion. Elle se tourna vers Félix qui haussa légèrement les épaules avant qu'ils ne sortent à leur tour de leur petit refuge improvisé. Après avoir épousseté leurs vêtements, Bridgette s'accrocha au bras de Jehan pour lui signifier silencieusement son soutien alors que le trio se mettait en marche vers la sortie. Le regard de son meilleur ami était nettement plus triste qu'à l'accoutumée et des cernes, sûrement formées par la fatigue et les pleurs, avaient pris place sous ses yeux.

Pourtant, dès qu'ils aperçurent leurs autres camarades qui se précipitèrent vers lui, le jeune homme retrouva son sourire naturel, rassurant ses amis qui le questionnaient de toute part. S'écartant légèrement de lui quand les autres se mirent à graviter autour d'eux, Bridgette ne le lâcha pas des yeux. Il ne laissait rien transparaitre, mais elle savait à quel point il avait été blessé dans ses sentiments.

Se tournant pour regarder Félix qui se tenait à l'écart, la jeune fille soupira. Si tout était plus ou moins rentré dans l'ordre, elle savait que la tension entre lui et Andréa n'avait pas été désamorcée et que la situation n'allait pas s'arranger toute seule, comme si de rien n'était.

Et elle savait aussi que la journée du lendemain allait être toute aussi éprouvante et vive en émotion que celle qu'ils venaient de vivre.


De retour chez elle après avoir fait un bout du chemin de retour avec Jehan, Bridgette avait été accueillie par les bras ouverts de ses parents, inquiets après avoir été prévenus de l'attaque qui avait sévit au lycée. L'adolescente avait soupiré de contentement, se laissant glisser dans cette étreinte chaleureuse et réconfortante.

Mais maintenant seule dans sa chambre avec Tikki, la jeune fille était allongée sur son lit, recroquevillée sur elle-même, un de ses oreillers entre ses bras. La kwami, sentant la détresse de sa porteuse, vint virevolter autour d'elle pour tenter d'ouvrir la discussion.

-« Tout va bien Bridgette ? »

-« Oui oui ça va… Je suis juste fatiguée… Et… »

Mais elle ne termina pas sa phrase, les mots restants suspendus dans l'air avant qu'elle ne se mette à soupirer longuement. Comprenant la consternation de la jeune fille sans qu'elle n'ait besoin de la formuler, Tikki poursuivit.

-« Tu es inquiète pour Andréa ? »

-« Je n'ai pas osé l'appeler pour lui demander comment s'était passé l'entrevue avec sa mère. J'ai peur qu'elle soit en colère contre moi. »

-« Parce que tu es partie rejoindre Félix plutôt que de rester avec elle ? »

Bridgette hocha timidement la tête en se recroquevillant un peu plus, cachant son visage dans son oreiller.

-« Explique-lui calmement, je suis sûre qu'elle comprendra. » affirma Tikki avec un sourire encourageant.

-« Mais comment ? J'ai littéralement préféré protéger Félix plutôt qu'elle ! protesta l'adolescente en se relevant brusquement. Comment elle pourrait me pardonner après ça ? Si j'étais restée avec elle, elle ne se serait pas faite akumatiser ! »

-« Mais Félix l'aurait peut-être été, lui. » affirma la kwami en penchant la tête.

Les deux amies échangèrent un regard avant que Bridgette ne baisse une nouvelle fois les yeux.

-« Je ne sais plus quoi faire… Entre l'akumatisation d'Andréa, ce qu'elle nous a appris sur elle et sa mère, sa dispute avec Félix et Jehan qui a été blessé dans ses sentiments… J'ai l'impression de ne rien pouvoir faire pour remédier à ça ! »

Les larmes aux yeux, l'adolescente mis sa tête dans ses bras avec un gémissement désespéré. Un petit sourire compatissant se dessina sur les lèvres de Tikki qui vint se coller à la joue de sa porteuse.

-« Allons, ce n'est pas si grave que ça. Et je suis sûre que tout va finir par s'arranger très rapidement. Jehan est fort, il va comprendre qu'Andréa était akumatisée et qu'elle ne pensait pas ce qu'elle lui a dit, et elle et Félix vont finir par se réconcilier. »

-« Je ne veux pas à avoir à choisir un camp. » gémit Bridgette en relevant les yeux vers sa petite camarades, les joues humides.

-« Parle à Andréa, parle-leur, Il n'y a qu'en ayant une discussion que vous pourrez apaiser les choses. Votre amitié est plus forte que cette dispute ! Expliquez les choses calmement, dis-lui pourquoi tu as réagi comme ça vis-à-vis de Félix. Quand elle saura, elle comprendra, tu verras. »

-« T-Tu crois ? » bredouilla Bridgette en essuyant son visage.

-« J'en suis persuadée, fais-moi confiance. » murmura Tikki avec un petit hochement de tête et un sourire.

L'adolescente renifla bruyamment avant de se laisser tomber en arrière, allongée sur son lit en soupirant lourdement.

-« Tu as sûrement raison… J'ai peur de savoir ce qu'il va se passer demain. J'ai la boule au ventre rien que d'y penser. »

-« Ne t'inquiète pas. Le mauvais temps va passer et quand vous vous serez expliqué, vous serez encore plus soudés qu'avant, tu verras. »

Bridgette se força à esquisser un petit sourire avant de se tourner sur le côté, en position fœtale, alors que Tikki venait se poser sur un des oreillers à la tête du lit. Un petit silence uniquement brisé par la lourde respiration de l'adolescente se posa dans la pièce avant que cette dernière ne reprenne la parole.

-« Pauvre Andréa… Tu aurais vu les marques sur son corps, ça fait froid dans le dos. Elle continue de sourire malgré tout ce qu'elle a traversé… Elle est tellement forte… »

-« C'est vrai… Et les blessures qu'on ne voit pas sont souvent les plus douloureuses… »

-« … Je ne comprends pas comment on peut faire subir ce genre de choses à ses propres enfants… Je veux dire… Mes parents, ma famille, ils sont littéralement toute ma vie. Sans eux, je ne suis plus rien. J'ai tellement de peine pour elle.

En prononçant ces mots, l'image du visage de Félix vint à l'esprit de la jeune fille. Lui aussi souffrait à propos de sa mère, mais pas du tout de la même manière. Est-ce qu'exposé leur histoire respective avec Andréa allait les aider à se réconcilier ? Ou pire, les diviser ? La jeune fille ignorait la réponse à cette question et ne pas savoir l'effrayait au plus haut point. Une nouvelle fois, elle soupira avant de poser son regard sur le plafond.

-« En tout cas, une chose est sûre, c'est dans ce genre de situation qu'on prend conscience de la valeur des choses et de la chance qu'on peut avoir par rapport aux autres. »

Sans un mot, Tikki vint se lover contre la joue de sa porteuse qui caressa le haut de sa tête du bout des doigts en fermant les yeux. Elle ne pourrait pas se défiler éternellement : demain allait arriver quoi qu'elle fasse et elle devait prendre du repos si elle voulait affronter la situation du mieux qu'elle le pouvait.


En arrivant au lycée le lendemain, Bridgette se sentait plus tendue que jamais. Tikki n'avait eu de cesse de lui répéter que tout se passerait bien, qu'elle n'avait qu'à se faire confiance et ouvrir la discussion, que les choses suivraient leur cours. Mais l'adolescente avait beau se repasser les mots réconfortants de sa kwami sans cesse en tête, elle arrivait seulement à moitié à s'en convaincre.

Pénétrant dans la cour, la jeune fille scanna les alentours d'un large mouvement de tête. Elle fit un signe de main à Johana, Roxane, David, Alizée et Lila en train de discuter ensemble au pieds des escaliers quand elle aperçut Jehan, dans un coin de la cour. Le garçon était seul et s'il avait l'air en meilleure forme que la veille, il était encore loin de l'image confiante et joyeuse qu'il renvoyait d'habitude. Légèrement gauche, elle s'approcha de lui avec un demi-sourire. Elle fut rassurée que le grand métis y réponde, lui ébouriffant gentiment les cheveux avant de la prendre sous son bras.

Se lovant un peu plus contre lui, elle regarda vers l'entrée du lycée et remarqua qu'Andréa venait d'arriver à son tour. Elle aussi paraissait tendue, et les regards qui se tournèrent vers elle n'arrangèrent en rien la situation. Repérant ses deux camarades, elle les fixa un instant avant de s'avancer vers eux, le regard baissé. Les trois adolescents gardèrent le silence quelques instants avant qu'Andréa ne se décide à ouvrir la bouche.

-« … Bonjour… » murmura-t-elle, penaude, osant à peine relever les yeux vers eux.

Il n'en fallut pas plus à Bridgette qui s'empressa de venir près de son ami pour lui enserrer les hanches avec un large sourire, la serrant contre elle. La jeune fille regarda faire son amie avec surprise avant de passer à son tour ses bras autour d'elle avec un petit soupir de soulagement, échangeant un sourire timide avec Jehan.

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Félix de pénétrer dans la cour du lycée. La nuit avait été courte pour lui et malgré la vive discussion avec Plagg qui les avait emmenés jusqu'à tard dans la nuit, le garçon n'avait pas réussi à trouver le sommeil très longtemps, creusant de légers cernes sous ses yeux et rendant son teint un peu plus blafard que d'habitude. À vrai dire, il ne savait pas exactement à quoi était vraiment due cette insomnie. À cause de sa dispute avec Andréa ? Des souvenirs de sa mère qui lui revenaient de plus en plus vivement en ce moment ? À cette sensation étrange et presqu'intimidante qui devenait de moins en moins ignorable à chaque fois que le regard de Ladybug croisait le sien ? De la prévenance de Bridgette à son égard et des risques inconsidérés qu'elle avait pris pour lui, ce qui lui provoquait ce même genre de sensation ?

Les questions se bousculaient dans sa tête, et le fait de ne pas avoir de réponse l'ennuyait au plus haut point. Repérant ses camarades sur sa gauche, il se décida à avancer vers eux après avoir soupiré et jeté un regard à Plagg. Il s'avança lentement comme s'il craignait d'être découvert.

-« Ma mère va bientôt partir, elle va se faire soigner en Suisse. Je ne pourrai jamais lui pardonner ce qu'elle m'a fait mais… Bizarrement, je suis heureuse qu'elle soit venue nous voir avant de partir. »

-« Et ton père ? Comment est-ce qu'il l'a pris ? » hasarda Bridgette.

-« Il a été très surpris. Je sais qu'il ne lui pardonnera pas non plus mais il s'est montré… étonnamment compréhensif. Il lui a proposé de l'accompagner à la gare. »

-« Tant mieux, je suis contente que ça se soit passé comme ça. Et je suis sûre qu'elle se remettra vite. »

-« Oui, moi aussi. Et même si je l'ai appris quand j'étais akumatisée, je suis contente qu'elle m'ait dit la vérité… pour une fois. »

En continuant de s'approcher discrètement, Félix pu voir Jehan se raidir, les yeux légèrement écarquillés.

-« T-Tu veux dire que tu te souviens de ce qu'il s'est passé pendant ton akumatisation… ? » bredouilla Jehan, blême.

-« … Eh bien… Pas exactement… souffla Andréa en baissant les yeux. J'ai comme… des flashs, comme si je m'étais réveillée puis rendormie. C'est très étrange. Et assez désagréable. J'espère que je ne vous ai pas fait trop de tort. Je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé. »

-« Ne t'inquiètes pas, ce n'était pas de ta faute. » rassura Bridgette en posant sa main sur l'épaule de son amie avant de remarquer que Jehan venait de tourner les yeux.

Elle suivit le mouvement, ainsi qu'Andréa, pour remarquer Félix qui ne se tenait maintenant qu'à quelques mètres d'eux. Elle lui adressa un large sourire mais la petite assemblée garda le silence. Si Andréa ne lui semblait pas être hostile, elle avait détourné les yeux, le regard à la fois colérique et peiné. La tension commençait à se faire nettement sentir et avant que Bridgette n'ait pu dire quoi que ce soit, la sonnerie annonçant le début des cours retentit.

Sans perdre un instant, Andréa attrapa la main de sa camarade dans la sienne, l'entraînant à sa suite, passant à côté de Félix sans un regard. Le garçon ne fit rien, se contentant de soupirer en passant sa main dans sa nuque. Comme il avait pu s'en douter, Andréa était encore en colère, ce qui ne le surprenait pas. Mais même s'il détestait cette situation, le garçon était cramponné à sa position : il ne pouvait pas s'excuser pour ce qu'il lui avait dit la veille, car il le pensait du plus profond de son cœur, et le morceau de discussion auquel il venait d'assister le confortait dans son idée qu'ouvrir le dialogue entre Andréa et sa mère était la meilleure des choses à faire.

Ne restait plus que Jehan et lui, aussi penauds l'un que l'autre. Les deux jeunes hommes osèrent se regarder avant d'échanger un sourire serré et maladroit, comprenant l'un et l'autre qu'ils se soutenaient mutuellement en silence. Ce fut ce moment que choisi Camille pour s'approcher d'eux, apparaissant de derrière un pan de mur derrière lequel elle s'était cachée pour pouvoir les observer discrètement, un sourire narquois sur le visage.

-« Il y a de l'eau dans le gaz on dirait… » murmura-t-elle d'un air satisfait, posant son regard sur eux avant de regarder Andréa et Bridgette qui s'éloignaient.

Félix et Jehan l'observèrent avant de se regarder en soupirant d'exaspération.

-« Camille…. Deux mots : » murmura le grand blond d'un air désabusé.

-« La ferme. » compléta son camarade sur le même ton.

Ignorant le regard outré de la peste, Jehan passa son bras autour des épaules de son ami, l'entraînant à ses côtés vers la salle de classe, échangeant avec lui un petit sourire satisfait, ravi d'avoir cloué de concert le bec de la jeune Bourgeois.


La journée passa lentement, sans l'entrain habituel qui rythmait la classe. Si tous les camarades, sauf Camille, avait manifesté à Andréa leur soutien et leur compréhension face à la situation de la veille, cette dernière et Félix n'avaient pas échangés un mot depuis le début des cours. Tentant de désamorcer la tension, Jehan et Bridgette faisaient de leur mieux pour leur éviter une confrontation directe, arrondissant les angles alors que les deux jeunes gens continuaient de s'éviter.

Aucun des deux ne semblait vraiment hostile à l'autre, mais ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir faire un pas pour ouvrir la discussion libératrice.

Quand la sonnerie annonçant la fin des cours retentit, Bridgette se sentait épuisée. Si la situation était moins pire qu'elle ne l'avait craint, ayant imaginé une vive dispute entre ses deux camarades, elle était loin de reluire. Regardant Jehan en rangeant ses affaires, l'adolescente lui fit des petits signes discrets pour tenter de le convaincre : il fallait agir, et maintenant. Ils devaient s'expliquer avant que les évènements de leur échappent. Jehan sembla se résigner avant de hocher doucement la tête avec un petit sourire. Malgré la tension clairement palpable qui pesait sur leur petit groupe, il savait que Bridgette avait raison.

Voyant que sa camarade n'osait pas prendre la parole, il décida de se tourner vers son petit groupe après avoir pris une profonde inspiration.

-« Bon, je crois qu'on en a tous marre de cette ambiance nulle là. Qu'est-ce que vous diriez qu'on aille se prendre une boisson chaude dans le café, juste à côté, histoire de discuter un peu ? »

Ça y est, la proposition avait été faite. Restait à guetter les réactions. Bridgette entrecroisait nerveusement ses doigts, observant tour à tour Andréa et Félix, craignant de les voir s'emporter l'un ou l'autre. Mais étonnamment, les deux camarades se contentèrent de baisser les yeux en terminant de ranger leurs affaires.

-« C'est juste pour discuter, pas pour nous disputer, hasarda Bridgette en croisant nerveusement ses mains. J'aime pas ce qui nous arrive, c'est tellement pas… nous. »

Nouveau silence. Elle vit Félix regarder vers elle d'un air surpris une fraction de seconde avant de détourner les yeux. Andréa referma son sac avant d'inspirer pendant quelques secondes puis de se tourner vers ses camarades.

-« C'est d'accord. » murmura-t-elle avec un sourire serré.

-« Félix ? » demanda Jehan tandis que Bridgette attrapait les mains de son amie en lui rendant son sourire.

-« Je… Je n'y vois pas d'inconvénient. » répondit le grand blond avec un léger haussement d'épaules.

-« Super ! Alors en route ! » lança le garçon en attrapant le bras de son camarade qui récupérait son téléphone pour prévenir son chauffeur.


Assis à une table de quatre places, Bridgette assise à côté de Félix et en face d'Andréa, les amis gardaient pour l'instant le silence. Après avoir commandé leurs boissons, les jeunes gens s'étaient tus, attendant que n'importe lequel d'entre eux ne fasse le premier pas. Jehan et Bridgette échangèrent un regard tendu avant que le garçon ne se décide à ouvrir la discussion.

-« Bon… Je rappelle qu'on est là pour discuter, pas pour se disputer. Personne n'en a l'énergie ni l'envie de toute façon je pense. »

Ses trois camarades hochèrent négativement la tête avant qu'Andréa ne prenne la suite de la discussion maintenant que la glace avait été brisée.

-« Bon écoutez. Pour ce qu'il s'est passé hier, pour mon akumatisation, je suis vraiment désolée. Vous auriez pu être blessés à cause de moi et même si je sais que ce n'est pas vraiment ma faute, je vous ai mis en danger. Je m'excuse sincèrement pour ça. »

La jeune fille soupira avant de croiser ses doigts entre eux, regardant la table sans oser relever les yeux.

-« Mais pour notre… dispute d'hier… Je… Je ne peux pas m'excuser pour ce que j'ai dit. Je vous ai peut-être choqués mais vous ne pouvez pas imaginer ce que j'ai vécu. Et si j'ai accepté de discuter avec elle hier, je ne pourrai jamais complètement lui pardonner pour ce qu'elle m'a fait. … Félix, poursuivit-elle en relevant les yeux vers lui, je sais que tu désapprouves ce que j'ai dit, mais je ne peux pas revenir dessus parce que même si j'étais très en colère à ce moment-là, je continue de penser que je vis mieux quand elle est loin de moi. »

Un nouveau silence se posa sur la petite assemblée. Bridgette comprenait bien le point de vue d'Andréa : si elle avait vécu la même chose qu'elle, sûrement aurait-elle voulu ne jamais revoir son bourreau, même si ce-dernier était quelqu'un de sa famille. Et si cela était très douloureux à imaginer pour elle, très soudée avec tous ses proches, elle savait qu'Andréa détestait sa mère pour une bonne raison. Mais elle savait aussi que Félix se trouvait ici dans une situation très douloureuse pour lui, et que s'il tentait de la camoufler, elle devait l'avoir atteinte bien plus violemment qu'il ne le laissait voir. Elle voulait dire quelque chose, tenter d'arrondir les angles, rétablir la situation, mais en avait-elle seulement le droit ?

Mais alors qu'elle cherchait quelque chose à dire pour tenter de faire rebondir la discussion, ce fut Félix qui brisa le silence, d'une voix monocorde, le regard baissé.

-« Je comprends, acquiesça-t-il. J'ai manqué de tact hier, j'étais aussi en colère et je n'aurais pas dû élever le ton. »

Le garçon releva les yeux vers sa camarade, croisant son regard pour la première fois de la journée.

-« Mais le fait est que nos situations sont trop différentes pour que nous puissions trouver un « accord » sur ce sujet. Je comprends ta position, je t'assure. Mais… Je ne peux pas l'entendre. »

-« Et pourquoi cela ? » demanda Andréa en inclinant la tête, sans une once d'agressivité dans sa voix, simplement curieuse.

Félix détourna les yeux, regardant à travers la grande baie vitrée du café en reposant sa tasse de thé. Bridgette le regarda faire avec une certaine appréhension. Allait-il pouvoir se confier ? S'en sentait-il capable après tout ce qui était arrivé ? Voyant que le silence se prolongeait, Bridgette pris sur elle de poursuivre.

-« Andréa, je ne suis pas sûre qu- »

-« Ça va aller Bridgette, coupa son ami en se tournant vers elle. Merci. »

-« T-Tu es sûr ? Ne te sens pas obligé… »

-« Andréa a été honnête avec nous, il est normal que je vous rende la pareille, expliqua Félix alors que Jehan et Andréa échangeaient un regard surpris. Ce n'est pas vraiment un secret de toute façon, et je n'ai rien à cacher. »

Bridgette le regarda avant de lui faire un petit sourire accompagné d'un léger hochement de tête. Elle se rendit soudain compte à quel point Félix avait changé depuis leur première rencontre. Il était maintenant prêt à leur faire confiance, et malgré tout ce qu'il s'était passé, il était prêt à faire des efforts. Elle savait que c'était un sujet sensible et pourtant, il allait se confier une fois de plus à ce propos.

Félix était véritablement quelqu'un de courageux.


Quarante-cinq minutes plus tard, les quatre jeunes gens se retrouvèrent dans la rue, sortant du café les uns après les autres. La nuit était presque tombée et les lampadaires éclairaient tranquillement les trottoirs et la chaussée. Félix leva les yeux pour regarder vers le ciel qui s'était dégagé de tous ses nuages depuis la fin de l'après-midi. Le temps était froid mais ce n'était pas un problème pour lui.

À cet instant, le jeune homme se sentait étrangement mieux, libéré d'un poids, comme si cette discussion avait balayé tous les conflits, et c'était vrai. Se tournant vers ses camarades, il répondit à leur sourire avant de se tourner vers Andréa qui fit un pas vers lui.

-« J'espère que tu pourras me pardonner, je suis vraiment une abrutie. Si j'avais su… »

-« Ce n'est rien, ne t'inquiètes pas. Tu ne pouvais pas savoir. »

-« … Je suis contente que l'on se soit réconcilié. » acquiesça l'adolescente avec un plus large sourire.

Félix hocha à son tour la tête mais se figea quand Andréa fit de nouveau un pas pour le prendre dans ses bras. Bridgette et Jehan laissèrent échapper un rire amusé en remarquant son visage confus avant que le garçon n'ose passer timidement ses bras dans le dos de son amie. Accrochée au bras de Jehan, Bridgette releva les yeux vers lui en lui adressant un sourire qui fendait son visage jusqu'aux oreilles tant elle était soulagée.

Le grand métis s'empressa de s'avancer vers ses deux autres amis pour passer son bras autour de leurs épaules, Bridgette toujours contre lui.

-« Bon, plus jamais ça hein ! déclara le garçon avec un petit rire gêné. J'ai détesté nous voir comme ça. »

-« Moi aussi ! » acquiesça Bridgette en soupirant.

-« Essaye de te tenir à carreaux et ça devrait bien se passer. » ironisa Andréa en regardant son ami.

-« Ah d'accord, donc c'est ma faute maintenant ! s'offusqua théâtralement le jeune homme. Je ne suis pas si insupportable que ça si ? Vous croyez pas que vous exagérer un peu là ? demanda-t-il en regardant Andréa et Bridgette qui pouffaient. Félix, dis quelque chose ! »

-« Je ne me prononcerai pas sur la question. »

-« SUPER LA SOLIDARITÉ ! » protesta Jehan alors que ses trois camarades éclataient de rire.


Une fois Félix reparti avec son chauffeur et Andréa redéposée chez elle par l'escorte de Jehan et Bridgette, les deux amis s'en retournaient maintenant chez eux côtes à côtes. La jeune fille se sentait légère, beaucoup plus légère que le matin même. Tikki avait eu raison : rien ne valait une discussion calme pour régler les problèmes. Jehan remarqua les légers bons de Bridgette avec un sourire.

-« Ça a l'air d'aller mieux toi ! » railla le garçon en passant son bras autour de ses épaules.

-« Je suis tellement rassurée, j'avais tellement peur que ça se passe mal… »

-« Mais non… Hey, on est grands, on peut régler nos problèmes sans se fâcher, non ? »

-« C'est vrai… dit Bridgette en inspirant longuement. … Au fait, toi, comment ça va ? »

-« Ça va mieux, acquiesça Jehan. J'ai beaucoup réfléchi et finalement, je sais que c'est toi qui as raison. Andréa n'a sûrement aucun souvenir de son akumatisation. Je ne dois pas me laisser abattre. »

-« Alors tu vas lui dire ?! C'est génial ! Quand ça ?! »

-« Bientôt, j'espère. J'en ai assez de perdre du temps. Je crois avoir trouvé la chanson parfaite. »

-« Aaaaah ! Tu vois que la chanson c'était une bonne idée ! » railla Bridgette en bombant le torse.

-« Hehe, et tu vois qu'il m'arrive de t'écouter ! » répondit Jehan en ébouriffant ses cheveux.

Les deux amis se mirent à rire ensemble, Bridgette s'accrochant de plus belle au bras de son ami.

-« Je suis sûre que ça sera super, et que ça va très bien se passer ! » assura l'adolescente en relevant les yeux vers lui.

-« J'espère ! Je vais faire de mon mieux. »

Un petit silence se fit avant que Bridgette ne relève les yeux pour reprendre d'une petite voix.

-« Dis… Si jamais… Si jamais Andréa te dit oui, et je suis sûre qu'elle le fera ! Tu… Enfin… Je veux pas que tu penses que… »

Jehan éclata de rire en comprenant où voulait en venir son amie avant de la rapprocher de lui en lui frottant affectueusement l'épaule tout en baissant les yeux vers elle.

-« N'aies pas peur petite sœur, que ça arrive ou non, je ne t'oublierai pas. Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. »

Bridgette laissa échapper un petit soupir de soulagement en se lovant un peu plus contre Jehan avec un large sourire. Elle était sûre que tout irait bien pour lui et maintenant que tout était enfin réglé entre eux, la vie pouvait tranquillement reprendre son cours normal.


Voilà qui clôture cet arc de Lady Justice, j'espère que ça vous a plu ! J'ai vraiment essayé de donner de la profondeur à mes personnages dans ce chapitre, encore plus qu'avant, afin de parfaire leur développement.

Ça a été un peu difficile d'imaginer Andréa souffrir autant mais je voulais absolument lui donner ce pan de personnalité qui l'opposait à Félix et qui maintenant soude le groupe encore plus.

Autre chose : la scène où Chat Noir demande à Ladybug comment elle savait que ça ceinture se retirait a été totalement improvisée xD En fait, après avoir reregardé la saison 2, je me suis rendue compte que le fait que l'héroïne puisse prendre sa ceinture à son coéquipier était arrivé de nulle part, comme si c'était tout à fait normal, et je me souviens d'en avoir été assez surprise à mon premier visionnage. Je voulais donc absolument faire un clin d'œil à cette réflexion personnelle dans ma fanfic (avec la petite blague qui va bien ;) )

Bref, comme d'habitude à chaque fin d'arc, on se retrouve dans deux semaines pour la suite des aventures de Bridgette, Félix et les autres (avec l'introduction d'un nouveau personnage mais chuuuuuuut...), restez connectés !