Au moment où je poste ce chapitre, j'ai déjà regardé l'épisode 7 de la saison 17. Evidemment, je ne vais pas vous spoiler, je ne suis pas sans cœur. Mais si vous avez envie d'en parler et de connaître l'avis d'autres personnes, rejoignez le reddit de Grey's, c'est une vraie mine de spoilers/de nouvelles des épisodes. Je ne vais pas m'étendre mais j'avoue qu'il y a l'Evénement de l'épisode qui m'a beaucoup plus marqué que je le pensais, moi qui suis une fan invétérée de MerDer. Il fallait que j'en parle quelque part.

Et pour finir, les délais de publications des prochains chapitres vont sûrement continuer à être un peu plus espacés vu que j'ai eu la maladresse d'inonder mon ordinateur portable. Petite anecdote que j'ai toujours en travers de la gorge.

Les docteurs Yang, Webber, Hunt, Karev, Bailey, Shepherd et Gardner prirent place autour d'une table de réunion de taille moyenne.

Le docteure Paulson avait gentiment été renvoyée de la salle, le docteur Gardner ne souhaitant s'entretenir qu'avec les amis proches. Owen avait été autorisé à rester en tant que chef de service et ami. Autour de la table, ils étaient tous nerveux. Personne ne savait à quoi s'attendre.

Le docteur Gardner, chef du service de psychiatrie du Seattle Grace Mercy West, la cinquantaine, les cheveux grisonnants et un ventre rebondi, s'éclairci la gorge.

« Bonsoir à tous. Vous pouvez imaginer que je n'ai pas l'habitude de faire des consultations à une heure aussi tardive, nous serons donc brefs. Cependant, à la demande expresse du docteur Bailey et du docteur Hunt, je vais à partir de maintenant prendre en charge le cas du docteure Grey. Le docteure Bailey m'a déjà parlé du côté médical donc ce soir, je souhaite introduire le côté psychique. D'ordinaire, je passe rarement par les amis du patient mais dans ce cas précis, il semble que ça ne peut attendre. Avant de commencer, je tiens à établir quelques règles.

Premièrement, tout ce que vous me direz sera un complément d'informations, un point de vue différent, la vision externe d'un proche. Je me concentrerai essentiellement sur ce que je pourrai tirer des discussions avec le docteure Grey, une fois que sa condition physique le permettra. En gros, le patient passe toujours devant les proches.

Deuxièmement, et je suis très exigeant sur ce point, le secret médical. En tant que psychiatre, j'y suis formellement tenu. Quant à vous tous, je vous demanderai expressément de ne pas répéter à qui que ce soit tout ce qui sera dit ce soir, et lors d'éventuelles autres discussions. Et cela même avec le docteure Grey à moins que l'idée vienne de moi.

Troisième et dernière règle. Vous allez la trouver stupide mais en vérité, c'est la plus importante des trois. Nous sommes ici pour aider le docteure Grey. Donc si, au cours de la discussion, vous avez une objection à faire, vous attendez patiemment la fin du temps de parole de l'autre personne. Nous ne sommes pas dans un club de débat, restons civilisés et concentrons-nous sur ce qui compte le rétablissement du docteure Grey. »

« Meredith, » objecta Alex.

Paul Gardner hocha la tête.

« Très bien, je tâcherai de l'appeler Meredith. Des objections quant aux règles que je viens d'énoncer ? »

Tous secouèrent la tête et le docteur Gardner parut satisfait.

« Alors commençons. »

« Cette discussion va sans aucun doute être difficile pour chacun de vous, ça l'est toujours dans des cas comme celui-ci, mais gardez en tête que l'objectif est le rétablissement de Meredith et que vous devez tous personnellement faire tout ce qui est en votre pouvoir pour l'aider.

Tout d'abord, j'aimerais que vous me disiez votre nom, votre poste a sein de l'hôpital et la nature de la relation que vous entretenez avec Meredith. »

Le tour de table commença. Au fond, personne n'avait envie de voir cette discussion commencer.

« Miranda Bailey, titulaire de première année en chirurgie générale. Je suis une des professeurs de Meredith, ainsi que son amie et son médecin actuel. »

« Depuis combien de temps enseignez-vous à Meredith ? »

« Depuis son premier jour d'internat. »

« D'accord. »

Le docteur Gardner prit des notes puis releva la tête pour inciter la personne suivante à se présenter.

« Alex Karev, je connais Meredith depuis l'internat, c'est une amie très proche. Ah, et je suis résident de dernière année en chirurgie pédiatrique. »

« Owen Hunt, chef de la chirurgie du Seattle Grace. Meredith est une amie. »

« Je suis le docteur Richard Webber, je dirige le programme de l'internat en chirurgie de l'hôpital et je suis aussi titulaire en chirurgie générale. Meredith est comme ma fille, je la connais depuis sa naissance. »

« Derek Shepherd, chef de la neurochirurgie. J'ai rencontré Meredith au début de son internat. C'est compliqué à résumer mais… »

« Ils sont sortis ensemble et il lui a fait du mal, » le coupa Cristina.

Paul Gardner regarda Derek avec curiosité.

« Est-ce que vous pensez avoir votre place dans le cercle des proches de Meredith, docteur Shepherd ? Ce n'est pas une invitation à sortir de la pièce, je veux juste savoir ce que vous en pensez. »

Derek passa la main dans ses cheveux, mal à l'aise de parler de ça devant tant de gens.

« Elle est très importante pour moi. »

« D'accord. Docteure, vous pouvez clore le tour des présentations, » ajouta-t-il à l'intention de Cristina.

« Docteure Cristina Yang, résidente de dernière année en chirurgie cardiaque, meilleure amie. »

« Très bien, merci à tous. Maintenant, j'aimerais savoir si vous avez connaissance d'événements qui auraient pu marquer Meredith, que ce soit dans son enfance ou plus récemment. »

Personne ne répondit. Le stylo du docteur Gardner cessa de gratter sur les feuilles de son carnet.

Finalement, ce fut Richard qui commença.

« Eh bien, son enfance a été plutôt compliquée. Sa mère, Ellis Grey, n'était pas vraiment présente. Lorsqu'elle a eu cinq ans, les parents de Meredith se sont séparés, sa mère a tenté de se suicider et elles sont toutes les deux parties pour Boston du jour au lendemain. Un peu avant que Meredith n'entre à l'université, Ellis a déclaré un Alzheimer précoce. Ç'a été très dur pour Meredith. Ellis est morte il y a quelques années. »

« Son père est-il toujours présent ? »

« Après avoir quitté Ellis, il a refait sa vie avec une femme nommée Susan. Ils ont eu deux filles, Molly et Lexie Grey. Meredith n'avait pas revu son père depuis plus de vingt ans quand elle a commencé a essayé de renouer des liens. Elle s'est rapidement attachée à Lexie, sa demi-sœur, qui avait un an de moins et qui venait de commencer l'internat en chirurgie dans cet hôpital. En 2007, Molly est décédée des complications d'une césarienne. Meredith était présente dans la salle d'opération. L'année d'après, Ellis est morte en février et Susan en mai à cause du hoquet. En 2009, son père, Thatcher Grey, est mort d'une insuffisance hépatique, Meredith n'était pas compatible pour une greffe. Et en 2010, Lexie est décédée en tombant dans les escaliers, ici, à l'hôpital. C'est Meredith qui a trouvé son corps. »

Un profond silence s'imposa dans la salle de réunion. Le psychiatre posa lentement son stylo sur la table.

« Comment a-t-elle réagi ? »

« Elle s'est sentie très coupable, » répondit Richard.

« Attendez, ce n'est pas tout. Vous voulez vraiment connaître tous les trucs merdiques qui lui sont arrivés ? »

Gardner regarda Cristina, surpris qu'il y ait encore des choses à dire.

« Bien sûr. »

Elle se pencha en arrière sur sa chaise.

« Au début de l'internat, elle a rencontré un mec, médecin ici. Elle a commencé à tomber amoureuse mais il s'est avéré qu'il était marié. Madame Shepherd a décidé de commencer à travailler ici. Un jour, Meredith a glissé sa main à l'intérieur du corps d'un patient qui avait une bombe dans l'abdomen. Le mec de la brigade des démineurs a explosé en morceaux devant ses yeux. Une autre fois, quand on avait été envoyés sur les quais pour aider les blessés d'un accident de ferry, elle s'est noyée dans la baie. Elle est morte mais on a réussi à la ramener. Au même moment, sa mère est morte. Toute sa famille a commencé à mourir. George O'Malley, un de nos meilleurs amis. Heurté par un bus. Izzie Stevens, un autre de nos amies, elle a eu un cancer étendu. Peau et cerveau. Elle a pété un câble et est partie. Mais ce n'est pas tout. »

« Cristina… » dit Alex.

« Non, je n'ai pas fini. »

Elle était en colère. En colère contre tous ces trucs qui avaient ruiné la vie de Meredith, tous ces trucs qui l'avaient brisée sans que Cristina ait eu le pouvoir de faire quoi que ce soit.

« Donc. Ah, j'avais oublié. Juste avant l'histoire du bus, ce crétin de Shepherd a pris une batte de baseball et a frappé dans la bague de fiançailles qu'il voulait offrir à Meredith. Enfin, c'est plutôt anecdotique. Revenons-en après la mort d'O'Malley. Un malade est entré dans l'hôpital avec un flingue, il a tué deux résidents de notre classe et a tiré sur Shepherd. Pendant qu'Avery et moi on opérait son cœur, Meredith a supplié le tireur de la tuer au lieu d'achever Shepherd. Lexie était morte un mois avant. Et pour finir, elle s'est barrée à Baltimore sans prévenir qui que ce soit. »

Sa colère retomba une fois que les mots furent expulsés. Derek regardait dans le vide, Richard tapait sur la table du bout des doigts, Bailey observait fixement le stylo du docteur Gardner qui ne cessait de bouger, Alex regardait Cristina, Owen regardait Cristina, Cristina était inexpressive.

Paul Gardner cessa enfin d'écrire et releva lentement la tête, il n'était probablement pas préparé à un tel déferlement d'informations.

« Bon, » il dit doucement.

« Maintenant que j'ai pris connaissance de tous les événements susceptibles d'avoir créé un important traumatisme chez Meredith, j'attendrai de m'en entretenir avec elle pour connaître son ressenti. »

Le cœur de Derek battait à tout rompre et ses paumes étaient moites. Il jeta un coup d'œil aux personnes qui gardaient le silence quant au sujet le plus douloureux à aborder. Yang, Bailey et Karev. Il savait qu'il fallait le dire. Pour pouvoir aider Meredith. Le docteur Shepherd prit une profonde inspiration.

« Docteur Gardner. »

« Oui, docteur Shepherd ? »

« Il y a autre chose dont je devrais vous parler. »

Remarquant l'hésitation du neurochirurgien, Gardner regarda chacun des médecins présents dans la pièce.

« Écoutez, docteur Shepherd, rien de ce qui sera dit ne quittera cette pièce. »

« Meredith détesterait que je parle de ça sans son accord. »

« Puis-je savoir qui autour de cette table n'est pas au courant de ce que vous avez à me dire ? »

« Les docteurs Hunt et Webber, » répondit Miranda.

Immédiatement, les yeux de Hunt et Webber s'illuminèrent, curieux et alarmés.

« Vous pouvez nous faire confiance, Shepherd, » affirma Richard

Derek se concentra sur le plafond de la salle de réunion et s'efforça de rester concentré. Des mots, ce n'étaient que des mots, rien de plus simple. Alors qu'il commençait à parler, sa voix s'enroua.

« Le jour de la fusillade, Meredith a fait une fausse couche. »

Du coin de l'œil, il vit la mine de Richard s'assombrir.

« Et sept mois après son arrivée à Baltimore, elle a réalisé qu'elle avait fait un déni de grossesse. Le… Le bébé était déjà mort. Malformation cérébrale. »

Richard se leva et se dirigea vers la sortie de la pièce.

« J'ai besoin d'une minute. »

La porte claqua.

« Comment Meredith a-t-elle géré ces deuils ? »

« Je n'étais pas présent. »

Par réflexe, le docteur Gardner consulta sa montre.

« Vu l'heure tardive, nous allons devoir rester en surface. »

Richard revint dans la pièce, le visage fermé.

« J'ai donc une dernière question. C'est sans aucun doute un sujet très difficile à aborder. D'après la situation médicale actuelle de Meredith, il est probable qu'elle souffre de tendances suicidaires. Avec-vous connaissance d'antécédents de ce genre ? »

Webber n'hésita pas longtemps et croisa les mains sur la table.

« À vrai dire, son adolescence a été plutôt difficile. Durant deux ans, j'ai vécu à Boston et j'ai régulièrement aidé Meredith pour ses cours de sciences. Lorsqu'elle avait 15 ans, elle a fait une tentative de suicide. Elle recommença un an plus tard. »

Dans les veines de chacun des médecins, le sang devint glacial.

« Comment a-t-elle procédé ? C'est un facteur important. »

« Médicaments. »

« Ç'a recommencé. Il y a trois ans. Du potassium. Mais ça n'a pas été plus loin que la pensée, » dit Derek.

Cristina haleta.

« Elle ne m'a rien dit. »

« Elle ne comptait pas me le dire. Personne n'était au courant, jusqu'à maintenant, du moins. »

Alex se prit la tête entre les mains.

« Le soir de Thanksgiving. »

Cristina se leva brutalement.

« Il faut que j'y aille. »

Elle ne voulait pas en entendre plus, se sentir encore plus coupable.

C'est à ce moment-là que la discussion s'arrêta.