Les événements décrits ne se passent pas tous dans la série, certains sont modifiés et la temporalité est différente, certains événements se produisent à un autre moment que dans la série.

Je ne suis pas médecin, je ne connais absolument rien aux procédures de réanimation, de chirurgie ou de quoi que ce soit d'autre. Je m'inspire de ce que j'ai vu dans Grey's Anatomy pour écrire les scènes qui contiennent des détails médicaux, je sais donc que ce que j'écris n'est pas nécessairement réaliste ou correct !

Les personnages et Grey's Anatomy en général ne m'appartiennent pas et je ne gagne pas d'argent en écrivant cette fanfiction.

Cette fanfiction est la mienne, merci de ne pas la copier sans ma permission. Si vous souhaitez la traduire, demandez-le-moi. Soyons respectueux les uns des autres.

Après la rencontre avec le docteur Gardner en salle de réunion, les médecins regagnèrent la chambre de Meredith. Cristina n'était pas encore revenue, Owen s'était absenté pour régler un problème administratif et Bailey n'avait pas pu rester plus longtemps ayant d'inconnues obligations à remplir. Derek, Alex et Richard étaient alors allé s'installer auprès de Meredith.

Richard était le plus pensif et perturbé, isolé dans un coin de la pièce. Depuis qu'il avait eu connaissance du parcours de Meredith dans la grossesse et la maternité, il ne semblait pas capable de s'en remettre.

Alex ne savait trop que penser du docteur Gardner. Ses intentions étaient probablement les meilleures mais en moins d'une demi-heure, il avait exposé tous les secrets de Meredith au grand jour. Alex savait pertinemment qu'elle détesterait vraiment cette situation, si elle était consciente. Et il la comprenait. Ce sentiment de vulnérabilité, quand quelqu'un connait tout sur vous, était exécrable.

Il était trois heures du matin lorsque Yang réapparut. Elle déposa trois gobelets de café sur la tablette en plastique au bout du lit et s'installa à côté d'Alex dans le canapé pour siroter le sien.

Voyant que personne ne prenait de gobelet, elle pesta.

« Allez, buvez, j'ai fait l'effort d'en prendre pour vous tous. »

Derek quitta sa chaise et s'exécuta, suivi d'Alex. Mais Richard n'en fit rien.

« Docteur Webber, si ça peut vous rassurer, je crois qu'on se sent tous vraiment coupables, » dit-elle.

Il secoua la tête et regarda la jeune femme allongée dans le lit d'hôpital. Elle avait déjà repris des couleurs.

« Je suis allé m'installer à Boston pour Ellis. On était proches, tous les deux, et elle avait repris contact et on m'avait offert un bon poste au Massachussetts General. Je vivais de l'autre côté de la rue. À cette époque, Meredith avait quinze ans. Elle avait les cheveux roses, s'habillait comme pour aller à un enterrement et passait son temps à se disputer avec Ellis. Parfois, je les entendais crier de l'autre côté de la rue, dans ma propre maison. Je pensais que ce n'était que des histoires d'adolescentes, la fameuse crise par laquelle tout le monde est sensé passer. »

Il se leva et s'approcha pour prendre la main inerte de Meredith, au bord du lit.

« Un matin, Ellis m'avait demandé de déposer Meredith à l'école, étant coincée en chirurgie. J'ai accepté, j'ai toujours apprécié passer du temps avec elle et même si elle m'adressait à peine la parole, je suis sûr que ça lui faisait du bien d'avoir quelqu'un qui ne criait pas ou qui ne la forçait pas à être différente, comme Ellis le faisait sans arrêt. Ce matin-là, quand je suis entré, je ne l'ai pas trouvée. Elle était dans la salle de bain, plein de pilules dans la gorge. Je l'ai réanimée, je suis monté avec elle dans l'ambulance et je suis resté à son chevet en attendant qu'Ellis finisse sa chirurgie. Un de mes plus grand regrets est d'être reparti à Seattle si peu de temps après. J'ai quitté Boston moins d'un an après et quelques jours plus tard, Ellis m'a appelé. Meredith avait encore essayé de se suicider. Je suis parti quand cette jeune fille avait besoin de moi, même inconsciemment, et qu'elle était totalement livrée à elle-même. Sa mère était toujours la même, son père toujours absent. Et je l'ai abandonnée. »

« Est-ce qu'elle sait ce que vous avez fait pour elle ? » demanda Yang.

Richard esquissa un sourire.

« Ça l'aurait mise mal à l'aise. »

« Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment elle a pu vivre avec tout ça sur la conscience. Je veux dire, pas une seule fois depuis qu'on se connait elle ne m'en a parlé. Elle a réussi à vivre toutes ces années après un tel truc, » dit Alex.

« Eh bien il faut croire que ça n'a pas totalement réussi, » fit remarquer Cristina avec cynisme.

« C'est pas le bon moment pour l'humour noir là, Yang. »

« Oh allez, il faut que je pense à autre chose. »

Derek était perdu dans ses pensées, totalement coupé du monde, lorsqu'il vit Alex Karev, Richard et le docteure Yang le regarder.

« Pardon ? » il balbutia.

« Je demandais si elle t'en avait déjà parlé, à toi, » dit Karev.

« Parlé de quoi ? »

« T'as rien suivi ? »

« Je réfléchissais. »

« Son adolescence, elle t'en a déjà parlé ? »

« Non, elle ne m'a jamais dit qu'elle avait failli se suicider par deux fois, » répondit-il avec froideur avant de se mettre la tête entre les mains.

Cristina poussa un long soupir et s'enfonça dans le canapé.

Personne ne parla jusqu'à quatre heures du matin. Comme toutes les heures, une petite infirmière aux cheveux roux entra, contrôla les constantes de la patiente et vérifia et renouvela ses perfusions.

« Le niveau d'hydratation du corps du docteure Grey est bien remonté, presque au taux nécessaire. »

« Et sa nutrition ? » demanda le docteur Karev.

« Elle progresse bien, elle aussi. »

Alex hocha la tête avec approbation.

L'infirmière entra quelques données dans le dossier de Meredith Grey et s'apprêtait à quitter la chambre quand Cristina lui coupa la route.

Sans un mot, la petite rousse lui tendit la tablette et sortit.

Satisfaite, Cristina se rassit sur le canapé et pianota sur l'écran.

D'un air soucieux, elle inspecta minutieusement chacune des donnés.

« C'est très bien. L'hydratation et la nutrition donnent des bons résultats. »

« C'est exactement ce que l'infirmière vient de dire, » dit Alex.

« Oui eh bien elle a l'air de sortir du lycée. Je pense qu'on pourra lever la sédation dans quelques heures. »

Elle éteignit la tablette et attrapa le troisième gobelet de café initialement destiné à Richard Webber.

« Il faut qu'on discute de ce qu'on va faire après. »

« Comment ça ? » demanda Alex

« Quand elle sera sortie de l'hôpital. Owen va lui donner un congé maladie et elle va suivre une thérapie mais comment on va faire pour veiller sur elle quand nous on sera au travail ? »

Il haussa les épaules.

« En tout cas, c'est pas possible de faire pire que ce qu'on a déjà fait. »

« Je sais que j'ai parlé d'humour noir mais là, t'es carrément contre-productif. »

« Oui eh bien si tu veux savoir ce que c'est, mon plan, je peux pas te répondre parce que j'en ai pas. J'ai totalement merdé. J'avais promis à Meredith de veiller sur elle et d'être toujours là. Sauf que j'ai été un gros nul et que maintenant, elle est au fond du trou et dans un lit d'hôpital. Alors non, Yang, j'ai pas de plan. Et toi, t'en as un ? »

« Non, Alex. Moi aussi, j'ai totalement merdé mais maintenant, j'essaie de faire de mon mieux pour prouver à Meredith qu'on est pas tous des gros cons qui l'ont laissée tomber ! »

« Ok, tout le monde se calme ! » s'exclama Richard avant de reprendre,

« Personne ici ne sait que faire. Mais se crier dessus n'est pas la bonne option. Si on veut aider Meredith, on doit le faire intelligemment. »

« Je pense que je vais prendre plus de jours de congés. Il ne faut pas qu'elle se retrouve seule toute la journée quand elle pourra rentrer à la maison, » expliqua Alex après un long silence de réflexion.

« Je prendrai sûrement des congés quand tu recommenceras à travailler mais on est résidents de dernière année, on ne peut pas rater des semaines entières. »

Le docteur Karev se prit la tête entre les mains.

De l'autre côté du lit d'hôpital, Derek ouvrit la bouche pour l'une des premières fois de la nuit.

« Je suis titulaire et il me reste plein de congés payés. Je peux rester avec elle. »

Surpris, tous se tournèrent vers lui.

« Euh, t'es sûr que c'est une bonne idée ? » demanda Alex.

« Non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée, » dit Cristina.

« Bon, écoute, Yang, je sais pas pourquoi tu continues à t'obstiner mais je ne vais pas tuer Meredith si je passe une minute seul avec elle. »

« Non mais c'en est pas loin. Je pense qu'on a déjà eu assez d'exemples dans le passé. »

Ignorant sa pique, Derek se leva et traversa la chambre 216. Il partit sans un mot.

« Tu pourrais être plus gentille avec lui. Tu sais bien qu'il n'a pas mis le couteau sous la gorge de Meredith. »

« Non, mais c'est tout comme. »

« Arrête avec tes conneries, Yang. Je vais chercher des affaires pour Mer à la maison. »

Se retrouvant seule avec un Richard Webber muet comme une carpe, Cristina regarda son amie, se demandant si elle menait le bon combat. Puis elle alla chercher une pile de magazines médicaux au poste des infirmières et revint s'installer dans le fauteuil.

Elle resta plongée dans sa lecture jusqu'au petit matin.

Alex réapparut vers cinq heures, alors que la nuit était encore noire. Avec lui, il avait ramené un sac en tissu dans lequel il avait fourré des habits piochés au hasard dans la garde-robe de Meredith qui, en réalité, avait plutôt la forme d'une pile de cartons désorganisés.

Dans l'ascenseur, il croisa Mark Sloan, blouson en cuir et sourire narquois.

« Tu vas à une soirée pyjama, Karev ? »

« C'est pour une amie, » il marmonna, n'ayant aucune envie de s'étendre sur le sujet.

« C'est quoi cette tête d'enterrement ? »

« Il est cinq heures du matin. C'est vous qui avez l'air d'un malade, à sourire comme ça. »

« Il se trouve que je reviens d'une semaine de vacances à Los Angeles. »

« Génial. »

« Essaie au moins de sourire, je te jure, Karev, on dirait que tu vas te suicider. »

Alex ne répondit pas pour continuer à se contenir et ne pas donner un coup de poing à cet imbécile de Sloan.

« Eh attends, il est à Grey, ce tee-shirt, non ? » demanda Mark en pointant du doigt un habit qui débordait du sac en tissu.

L'ascenseur atteignit enfin le deuxième étage.

« Eh, Karev, c'est quoi le problème ? »

« Demandez à Shepherd. »

Mark était toujours perplexe quand il arriva dans la salle de pause des titulaires. La discussion avec Karev, quelques minutes plus tôt, l'avait mis mal à l'aise. Il avait le sentiment que quelque chose n'allait pas. Et pour accentuer cette impression, il trouva Derek, couché sur le canapé de la salle de pause, la main devant les yeux.

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? »

Derek sursauta et jeta un coup d'œil à celui qui venait d'entrer.

« Oh. Salut, Mark. Rentré de Californie ? »

« À l'instant. »

« Comment c'était ? »

« Il faisait plutôt chaud. »

« Comment va Addison ? »

« Comment ça, Addison ? Je suis allé rendre visite à ma famille. »

« Mais oui bien sûr, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. »

Avec un sourire en coin, Mark s'assit autour de la petite table.

« Elle va bien. Elle a un fils, Henry. Et elle s'est mariée. Un chouette gars. »

« J'espère que tu n'as pas ruiné leur mariage. »

« Je n'aurais pas osé. »

Derek se plongea dans la contemplation du plafond.

« Je suis content qu'elle aille bien. »

« Ouais. Elle a vraiment trouvé son truc. Tu sais, peut-être que c'est grâce à moi. »

Derek sourit.

« Quoi, tu veux dire que je devrais te remercier d'avoir couché avec mon ex qui étaient encore ma femme, à ce moment-là ? »

Mark haussa les épaules.

« Peut-être bien. »

S'en suivit un court silence.

« Dis, il y a un truc qui s'est passé ici ? J'ai croisé Karev, dans l'ascenseur, il m'a dit de te parler. »

Le docteur Shepherd eut besoin de quelques secondes pour formuler ses pensées.

« C'est Meredith. Elle a eu un accident. »

Ou peut-être pas. Elle l'a peut-être fait exprès.

« Un accident ?! Elle va s'en sortir ? »

« Rien d'aussi grave. Déshydratation, et un sévère manque de nourriture et de sommeil. »

« Elle a été séquestrée ou quoi ? »

« En quelques sortes. »

« Merde… »

« Je… Je ne sais pas quoi faire pour l'aider. Tout à l'heure, on a eu un rendez-vous avec un psychiatre et… »

« Attends, un psychiatre ? Tu veux dire que… »

« Elle l'a peut-être fait exprès. »

« Grey ? Non, impossible. Elle a un côté sombre et torturé, c'est sûr, mais… Non… J'y crois pas. »

« Si t'avais entendu, tous ces trucs que j'ai appris, quand le psychiatre a commencé à poser des questions. J'ai cru que je ne la connaissais plus. Que c'était une personne totalement différente et que depuis le début, elle n'avait jamais été elle-même. »

« C'est aussi grave que ça ? »

« Elle est suicidaire. Elle s'autodétruit devant mes yeux et je suis soit totalement impuissant soit carrément absent. »

« Suicidaire ? Ce n'est pas la première fois ? »

Derek secoua la tête, sentant les larmes monter.

« Quand elle est partie, j'ai réalisé que je l'avais perdue. Mais au moins, elle était encore quelque part sur Terre. Mais là… Quand j'ai compris ce qu'il se passait, c'est comme si… Je ne sais pas comment je survivrai si je la perds totalement. »

Mark quitta sa chaise et vint s'assoir sur la canapé.

« Je sais ce que ça fait. Et je sais à quel point c'est dur. Mais elle est encore là, tu as encore une chance de l'avoir dans ta vie. Ne gaspille pas ça. »

Un bipeur sonna. Shepherd le sortit de sa poche et bondit sur le sol.

« C'est Meredith. »

Alors qu'il faisait mine de s'en aller au pas de course, Derek fut interrompu par le docteur Sloan.

« Derek. Tu n'es pas impuissant. Tu peux l'aider à ta manière. »