Bridgette sortit de chez elle pour se rendre au lycée en trainant les pieds. La discussion de la veille avec Priam ne cessait de tourner dans sa tête. Il était vrai qu'elle se sentait aujourd'hui plus proche de Félix, et elle en était vraiment heureuse. Mais ressentait-elle autre chose pour lui ? Autre chose qu'une profonde amitié ? Elle voulait se sentir aussi proche de lui qu'elle l'était de Jehan, d'Andréa et même des autres camarades de sa classe, mais elle ne pouvait pas nier qu'une petite voix dans son esprit lui soufflait qu'il y avait bien autre chose. Cependant l'adolescente ne pouvait pas s'empêcher de se dire que si elle se questionnait sur ses propres sentiments, c'est qu'elle n'était ni claire ni honnête avec elle-même.

Elle laissa échapper un long soupir avant de relever les yeux vers le ciel. Aujourd'hui, une couverture de nuages blancs le recouvrait. La température avoisinait le 0°C et des légères chutes de neige étaient prévues pour le début d'après-midi. Bridgette prit une profonde inspiration avant d'esquisser un petit sourire en remettant le bonnet qu'elle portait en place. Elle n'avait plus envie de se tourmenter avec tous ces questionnements pour le moment. Elle aimait ce qu'elle partageait avec Félix et sentir qu'il lui faisait un peu plus confiance lui convenait.

En pénétrant dans la cour de l'établissement, la jeune fille repéra Jehan et Félix, en grande discussion avec Sasha, Anatole et Nina, trois élèves de l'autre classe de terminale de l'établissement, membres du club de musique.

-« Du coup pas de répèt' aujourd'hui, dit Jehan en haussant les épaules. C'est pas grave, on fera une séance en plus la semaine prochaine. »

-« Je t'assure qu'on aurait préféré venir pourtant, pesta Sasha en passant sa main dans ses cheveux aux reflets roux. J'ai tellement pas envie d'y aller à cette sortie ! »

-« On va à une exposition sur la Seconde Guerre mondiale, y'a pire quand même, protesta Nina en croisant les bras. Tu devrais être content pourtant, grâce à ça on va manquer le cours de physique. »

-« Qui sera rattrapé samedi prochain, super ! »

-« Moi je trouve ça important de préserver la mémoire de ceux qui se sont battus pour notre liberté, déclara Anatole en remontant ses lunettes sur son nez. C'est une manière de leur rendre hommage. »

-« Mais on leur rend hommage depuis la primaire ! contra Sasha en faisant de grands mouvements pour montrer son mécontentement. Ça va au bout d'un moment ! C'est pas parce qu'on parle pas d'eux en permanence qu'on les oublie ! »

Bridgette se plaça à côté de Nina qui lui adressa un grand sourire, avant de saluer doucement le petit groupe qui s'empressa de lui rendre son bonjour.

-« Alors on va pas faire la super sortie au musée Sasha ? » demanda la jeune fille avec un sourire narquois à son attention.

-« Tu veux ma place ? On échange quand tu veux ! »

-« Dis toi que ça te fait une journée plus cool. Et puis, même si ça ne t'intéresse pas, évite quand même d'être irrespectueux. »

-« Mais de toute façon il est jamais content celui-là ! railla Jehan en lui administrant un petit coup dans l'épaule. Même quand il a pas cours il faut qu'il se mette à râler ! »

Sasha commença à protester une nouvelle fois quand la sonnerie annonçant le début de la journée se mit à retentir. Alors que Bridgette attrapait la main d'Andréa qui venait d'arriver à son tour, Jehan fit un ultime signe à ses camarades.

-« Bon allez, à plus tard ! Pas de bêtises hein ! »

-« Je veille au grain ne t'inquiètes pas ! » répondit Nina avec un petit rire.

-« Maréchal ! Nous voilà ! » se mit à chanter ironiquement Sasha en mettant les mains dans les poches de son pantalon.

-« Sasha ! Tu ne peux pas chanter ça ! » argua Anatole en le rattrapant.

Jehan éclata de rire avant d'emboiter le pas à ses amis vers leur classe. En montant vers la salle, Bridgette expliqua rapidement à Andréa ce qu'il venait de se passer avant que la jeune fille ne se tourne vers ses deux autres camarades.

-« Pas de répétition alors ? » demanda-t-elle avec un petit sourire.

-« Eh non ! Mais bon c'est pas grave, on se réunira une fois de plus la semaine prochaine. »

-« Qu'est-ce que vous allez faire alors pendant la pause de midi ? »

-« Je vais sûrement aller étudier en salle de travail. » répondit Félix en haussant légèrement les épaules.

-« Ah ? s'étonna Jehan. Bah j'imagine que je serai seul en salle de musique alors ! C'est pas parce qu'ils ne sont pas là que ça va m'empêcher de m'exercer ! » s'exclama le garçon alors qu'ils pénétraient dans leur classe.

Quand elle entendit cela, le sourire d'Andréa se fit un peu plus large, ce qui n'échappa pas à Bridgette. Elle la regarda quelques secondes, elle semblait chercher ses mots, et enfin, après un petit silence, elle ouvrit la bouche.

-« Tu voudras bien que je t'accompagne ? demanda-t-elle timidement. D'habitude, vous ne voulez pas qu'on assiste aux répétitions. Mais là c'est différent, alors je me suis dit que… Enfin, si tu veux bien ! C'est juste que ça fait longtemps qu'on pas eu l'occasion de te voir jouer. »

Jehan écarquilla les yeux alors qu'il retirait son sac de son dos pour le poser sur le pupitre. Il sembla se figer quelques secondes, sûrement surpris par cette requête, ce qui amusa Bridgette, ainsi que Félix. Si ce dernier aurait peut-être pu reconsidérer son choix de se rendre en salle de travail pour tenir compagnie à son ami, il savait maintenant que sa présence à ses côtés n'était plus nécessaire.

« E-Euh… Oui ! Oui bien sûr, pourquoi pas… ! bredouilla Jehan avec un petit rire forcé. Si ça te fait plaisir, je ne peux pas te dire non ! » poursuivit-il en se tournant vers elle.

-« Super ! » acquiesça Andréa en s'asseyant à son bureau.

Saluant Myriam et Sullivan qui entraient dans la salle, Bridgette feignant l'ignorance mais surveillait tout de même Jehan du coin de l'œil. La demande d'Andréa semblait l'avoir légèrement crispé et le garçon peinait à cacher le léger tremblement qui animait sa jambe droite, ce qui la fit sourire.

Il était rare, et même peut-être un peu touchant, de voir Jehan perdre sa verve habituelle et de le voir bredouiller. Elle pouvait déjà les imaginer tous les deux face à face vendredi soir, lui jouant pour elle, la regardant amoureusement… Soudain, l'entrée de Mme Mendeleïev sortit la jeune fille de sa rêverie. Ouvrant son cahier, la jeune fille cala son menton sur sa paume.

-« Ouais bah moi j'aurais bien voulu y aller à cette sortie… » soupira-t-elle discrètement alors que la professeure commençait l'appel.

-« Ça va aller, encouragea Andréa en posant sa main sur son avant-bras. Dis-toi que nous au moins, on n'aura pas à avoir cours samedi ! »

-« Ce qui est un avantage non négociable ! » répondit l'adolescente avec un petit rire.


La matinée se passa doucement, rythmée par les formules de chimie de Mme Mendeleïev et les exercices qui firent pester Bridgette qui écrivait, effaçait, corrigeait, raturait encore une fois sans arriver à trouver un résultat correct, ce qui faisait rire sa voisine de table qui tentait tant bien que mal de l'aider.

À la pause de dix heures, alors qu'Andréa s'était tournée vers Roxane et Johana pour discuter et que Félix ignorait délibérément les regards de Camille posés sur lui, Jehan pianotait tranquillement sur son téléphone avant de s'esclaffer légèrement. Il donna un petit coup de coude à son camarade pour lui montrer l'écran de l'appareil avant de se tourner vers Bridgette, juste derrière lui.

La jeune fille se pencha pour observer une photo que Sasha venait d'envoyer à Jehan, le montrant en train de mimer un pendu devant la vitrine du musée, Anatole et Nina juste derrière lui. Le sourire de Bridgette s'étira en regardant la photo avant de se rassoir.

-« J'espère que ça se passe quand même bien pour eux. Ça serait bête de se faire punir pendant une sortie. »

-« C'est vrai que Sasha peut être très borné quand il le veut, voire blessant. » acquiesça Félix en croisant les bras.

-« Bah… On peut compter sur Nina et Anatole pour ça je pense. Et M. Flantier ne le laissera jamais faire trop de zèle. Enfin j'espère. »

Les trois amis se regardèrent avant d'afficher une mine qui montrait clairement qu'ils n'étaient pas aussi catégoriques qu'ils n'auraient pu le penser. Mais avant d'avoir pu dire quoi que ce soit, ce fut au tour de Mlle Bustier d'entrer dans la classe pour poursuivre cette matinée de cours.


Cheminant entre les vitrines du musée, les élèves suivaient dans un calme approximatif le guide qui s'arrêtaient devant les quelques vitrines dans la grande salle, racontant la vie des soldats au front ou encore des résistants obligés de se cacher pour tenter de libérer la France depuis l'intérieur des terres.

À l'arrière du groupe et après une vive conversation avec Anatole et Nina qui l'avaient prié de se tenir tranquille, Sasha pianotait sur son téléphone, ne prêtant qu'une oreille très distraite à la visite.

Bien que leur professeur leur ait indiqué qu'un devoir serait à rendre à la suite de cette excursion, portant sur un des sujets vus en ces lieux, le jeune homme était persuadé qu'il n'y avait aucun sujet qu'il ne pourrait traiter à l'aide d'internet ou encore d'un des livres de la bibliothèque du lycée et préférait donc continuer son jeu mobile plutôt que de relever les yeux.

Mais au bout d'un moment, M. Flantier, le professeur d'histoire qui supervisait ses élèves durant cette sortie, remarqua le jeune homme et décida de faire le tour du groupe pour venir se poster à côté de lui.

-« La visite ne vous intéresse pas ? » questionna le professeur en passant ses mains dans son dos.

-« Vous savez, c'est pas pour vous manquer de respect ou quoi que ce soit, mais on connait par cœur la Seconde Guerre mondiale et je vous avoue que je préférerais être en cours plutôt qu'ici. »

-« Eh bien ! Quelle franchise ! Cela dit, même si je reçois vos arguments, je ne conçois pas vraiment que vous vous permettiez de jouer sur votre téléphone plutôt que d'écouter notre guide. Rangez ça tout de suite et prenez des notes, sinon je vais devoir vous le confisquer. »

Sasha releva les yeux vers son instituteur et, comprenant qu'il ne lâcherait pas l'affaire, se décida à contre cœur de ranger l'appareil et de sortir une feuille et un stylo pour faire croire qu'il noterait quoi que ce soit. Il repéra les regards en coin de Nina et Anatole alors que le groupe se remettait en mouvement.

-« Mettez-vous un peu à la place de tous ces soldats, ça vous aidera peut-être à vous immerger un peu plus dans le sujet, murmura M. Flantier. Imaginez ce qu'ils ont pu ressentir, et n'oubliez pas ce qu'ils ont fait pour chacun d'entre nous. »

Sasha se contenta de lever les yeux au ciel alors que le professeur reprenait sa place à la tête du cortège. Mais alors que la classe longeait une vitrine renfermant de vieux uniformes de soldats français, un petit sourire se dessina sur le visage du jeune garçon.

« Se mettre à leur place hein ? » pensa alors l'adolescent.


Alors que midi venait à peine de sonner, les élèves sortirent du lycée pour se diriger vers la station de métro la plus proche. Mais alors que M. Flantier comptait ses élèves, le professeur s'arrêta net.

-« Il manque quelqu'un ! » déclara-t-il en recommençant le comptage des jeunes gens.

Ces derniers commencèrent à regarder tout autour d'eux, cherchant leurs plus proches camarades des yeux avant que Nina ne se mette à soupirer.

-« C'est Sasha… Où est-ce qu'il est encore passé ?! »

-« Ah bah faudrait savoir ! protesta le professeur en soupirant à son tour. Quand on arrive, il dit qu'il ne veut pas rester, et quand on s'en va, c'est lui qui reste ! »

-« Il est peut-être allé aux toilettes sans prévenir personne. » murmura Anatole en haussant les épaules.

-« Oui bon… Restez ici, je va- »

-« Ne vous inquiétez pas, on va aller le chercher pour vous Monsieur ! » s'enquit Nina en attrapant le bras d'Anatole.

-« Je ne crois pas vous avoir demandé quoi que ce soit ! » protesta M. Flantier avec un ton autoritaire.

-« À deux on ira plus vite ! On revient tout de suite ! »

Sans écouter leur professeur qui tentait de les retenir, les deux amis pénétrèrent de nouveau dans le musée, passant devant l'hôtesse qu'ils ignorèrent à son tour. Ils savaient qu'ils devaient retrouver Sacha avant qu'un des adultes lui mette la main dessus, sachant pertinemment qu'il n'était pas aux toilettes mais certainement en train de faire une « blague » quelque part.

Après qu'Anatole ait rapidement fait le tour des sanitaires par acquis de conscience, les deux jeunes gens se dirigèrent vers l'entrée du musée, fermée par une grande porte en verre. Ils se regardèrent, dépités. Comment faire maintenant ? Si Sasha avait trouvé le moyen d'échapper à la surveillance de M. Flantier et de rester dans l'exposition, ils ne pourraient malheureusement pas le rejoindre.

Soudain, des éclats de voix dans leur dos les firent légèrement sursauter. Un autre groupe scolaire, mené par le même guide aux cheveux bruns, approchait par ici. Avec un petit sourire, Nina attrapa Anatole par le poignet pour le faire reculer derrière un pan de mur.

-« On va rentrer avec eux, dès que je te le dis, on fonce puis on se fait discrets pour ne pas se faire voir. »

-« Q-Quoi ?! Mais on a pas le droit de faire ça ! On pourrait avoir de gros ennuis ! Et puis on est pas sûrs qu'il est là-dedans ! Et de toute faç- »

-« Allez go ! » ordonna Nina en sortant de leur cachette.

Mimant le naturel, la jeune fille, suivie à contre cœur par son camarade, se glissa à l'arrière du groupe, dans le dos des élèves, afin de profiter de l'ouverture provisoire de la porte en verre. Une fois dépassée, les deux adolescents se cachèrent derrière un pilier de pierre de la salle principale, attendant patiemment que le groupe s'éloigne. Quand les voix s'éloignèrent, Nina et Anatole se mirent à faire le circuit de visite dans le sens inverse, parcourant rapidement les salles d'exposition des yeux pour tenter de retrouver Sasha.

Cependant, après plusieurs salles traversées, les deux jeunes gens n'avaient toujours pas retrouvé leur camarade et commençaient à douter qu'il soit vraiment là. Mais alors qu'ils traversaient la salle présentant les équipements des soldats au front, Nina repéra enfin son ami, en train de jouer avec son téléphone, prenant des selfies devant les vitrines.

-« Sasha ! Mais qu'est-ce que tu fais ?! Tout le monde te cherche partout ! » murmura Nina en tentant de contenir sa rage pour ne pas se faire trop remarquer.

-« Ah oui je sais mais j'avais besoin de prendre une photo. Et puis moi je suis pas encore sorti du musée, j'ai le droit d'être ici ! Vous par contre, vous étiez déjà sortis, je me demande bien comment vous êtes rerentrés… » demanda le rouquin avec un sourire narquois.

-« Garde tes traits d'esprit pour toi, on a pas le temps là ! paniqua Anatole en jetant des regards apeurés autour de lui. Il faut qu'on sorte avant d'avoir de sérieux ennuis ! »

-« Mais relax Ani ! On fait rien de mal, viens plutôt m'aider. »

-« Premièrement, arrête de m'appeler comme ça et ensuite, M. Flantier va nous punir s'il ne nous voit pas revenir ! »

-« Ça va prendre qu'une seconde mais beaucoup plus longtemps si tu continues de gémir ! Tiens ! » protesta Sasha en collant son téléphone dans les mains de son ami.

Le garçon le réceptionna maladroitement alors que le rouquin faisait le tour de la vitre où était présenté un uniforme de soldat sous le regard étonné de Nina. Elle le vit grimper sur le bord de la vitre et se hisser sur la pointe des pieds. Le corps caché derrière le vêtement et imitant la pose dans laquelle il était positionné, seule sa tête dépassait du col de l'uniforme et le casque positionné juste au-dessus donnait l'illusion qu'il était véritablement posé sur la tête de Sasha.

Un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres de Nina alors qu'Anatole regardait faire son ami, les yeux écarquillés de stupeur.

-« Bien ! déclara Sasha. Maintenant, prends la photo ! Allez ! Je vais pas tenir longtemps ! » dit le garçon, sur la pointe des pieds.

Anatole adressa un petit regard circonspect à Nina qui haussa les épaules et se décida à se mettre en position pour prendre la photo. Mais alors qu'il appuyait sur l'écran, une voix tonna dans leur dos.

-« Qu'est-ce que vous faites ?! »

Le guide, suivi de son groupe, était de retour. Il avait eu le temps de montrer la salle précédente aux autres élèves pendant que Nina et Anatole recherchaient Sasha. Ce dernier, surpris, fut déséquilibré et chuta en arrière, tombant lourdement sur le dos en se protégeant l'arrière de la tête. Il heurta un panneau de présentation qui tomba à son tour dans un bruit sourd.

Alors que Nina se précipitait vers son ami pour s'assurer de son état, Anatole, pétrifié, regarda le visage du guide tourner au rouge puis au violet, furieux.

-« Mais vous êtes complètement inconscients ! Monter sur une vitrine pour prendre une photo ?! Mais ça va pas bien ?! Et vous ! hurla-t-il en reconnaissant Sasha. Vous n'avez rien écouté tout à l'heure et je vous retrouve ENCORE ici ?! Où avez-vous été élevés ?! Vous allez avoir de gros ennuis, c'est moi qui vous le dis ! »

Les cris de l'homme alertèrent la réceptionniste ainsi que le reste du personnel mais également M. Flantier qui, lassé de ne pas voir le trio revenir, s'était lui aussi lancé à leur recherche. Tentant de calmer les choses, les collègues du guide le prirent à part pour essayer de faire redescendre sa colère tandis que le professeur d'histoire se dirigeait vers ses élèves.

-« Je peux savoir ce qui vous est passé par la tête ?! » s'énerva-t-il en regardant à tour de rôle les trois adolescents.

-« J-Je voulais juste prendre une photo mais il m'a fait peur e- » commença Sasha.

-« Ah parce que vous allez rejeter la faute sur le guide maintenant ?! Félicitations ! Très courageux de votre part ! Vous pourriez au moins reconnaître votre faute ! »

-« Mais j- »

-« C'est de ma faute aussi Monsieur, murmura Nina. J'aurais dû l'empêcher de faire ce qu'il a fait. »

-« Moi aussi. » acquiesça Anatole.

-« Eh bien c'est parfait, vous serez trois en retenue demain ! Maintenant, vous allez aller vous expliquer avec le personnel du musée, puis ce sera avec M. Damoclès ! »

-« Monsieur, j- »

-« Silence ! Je pense que vous en avez assez fait comme ça ! Allez, avancez ! »


Dix minutes plus tard, alors que M. Flantier se confondait en excuses pour le comportement de ses élèves, Sasha croisa les bras en les regardant faire, agacé. Certes, faire ce qu'il avait fait n'était peut-être pas la chose la plus maligne, mais entendre parler ce guide comme s'il n'était pas là l'énervait fortement. Et si le fait qu'il le critiquait lui personnellement ne le dérangeait pas plus que cela, le fait qu'il inclut tous ses camarades dans le lot le contrariait.

-« Je vais demander à ce que vos classes ne puissent JAMAIS revenir ici ! Je connais le lycée où vous enseignez ! De la racaille, de la pire espèce ! Non mais vous vous rendez compte ?! il aurait pu fracturer une vitre en tombant, et abîmer quelque chose ! »

-« Le fait est que ce n'est pas arrivé, martela la conservatrice pour au moins la troisième fois. Tout le monde va bien, rien n'a été endommagé, c'est le plus important. »

-« Non ! NON ! cria le guide. Vous comptez vraiment le laisser s'en sortir comme ça ?! Ils n'ont aucun respect pour notre Histoire, aucun respect pour ceux qui se sont battus pour nous ! Ils se mettent maintenant à monter sur les vitrines et vous comptez ne prendre aucune sanction ?! »

-« Je vous le dis et vous le répète, rien n'a été abîmé et je ne compte pas appeler la police pour si peu, alors je vous demanderai de vous calmer ! »

« « Pour si peu » ? « POUR SI PEU » ?! Mais cet énergumène a failli détruire un monument de notre passé historique ! Vous ne prenez pas la mesure de la gravité de ses actes ! Regardez-le ! Il ignore tout de ça, et il se fiche du respect que nous devons à tous ces soldats ! Il ne connait pas la valeur de ces uniformes qui sont exposés ici et surtout la douleur et les efforts que ces hommes ont dû fournir pour que nous en soyons ici aujourd'hui ! »

En écoutant ces mots, Sasha ne put retenir sa colère. Passant entre Nina et Anatole qui tentèrent de la retenir, l'adolescent avança jusqu'au guide pour se planter devant lui.

-« Ah parce que vous la connaissez, vous, la douleur des soldats ?! Vous avez fait la guerre peut-être ?! C'est vrai que vous êtes pas très frais, mais pas au point de vous mette aussi dans la vitrine ! Je m'excuse pour tout à l'heure, voilà ! Mais arrêtez un peu de nous casser les pieds et laissez-nous partir ! »

Un silence tomba dans le hall du lycée, la stupéfaction assommant toutes les personnes présentes, y compris le guide qui en resta bouche bée. Mais reprenant rapidement ses esprits, le guide enragea de plus belle et leva sa main droite. Comprenant l'intention de l'homme, M. Flantier lui barra la route, interceptant son poignet avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste.

-« Ne faites pas quelque chose que vous pourriez regretter. » tonna le professeur.

-« Ah parce que c'est moi le fautif maintenant ?! Je vous ju- »

-« Ça suffit ! cria la conservatrice en prenant un ton autoritaire. Vous, allez faire un tour aux archives, dit-elle en regardant le guide. Je me charge de raccompagner ce groupe. Je pense que tout le monde a eu sa dose, moi y compris. »

-« Mais… ! »

-« J'ai dit : les archives ! » répéta la directrice des lieux en fronçant les sourcils tout en regardant son employé.

L'homme resta figé quelques instants avant de faire volte-face pour s'engouffrer dans un couloir réservé au personnel tout en pestant. La conservatrice attendit d'entendre la dernière porte claquer avant de passer une main dans ses cheveux en soupirant.

-« Bien, allons-y maintenant, avant que l'un d'entre vous n'ait l'idée de détruire une autre partie du musée. »

Les élèves se mirent donc à la suivre alors que M. Flantier, fermant la marche derrière Anatole, Nina et Sasha, se penchait en avant.

-« Félicitations, je ne pensais pas que vous pouviez encore empirer votre cas. » glissa le professeur d'histoire à ce dernier d'une voix rude.

Sasha se contenta de soupirer en mettant ses mains dans ses poches, sous les regards consternés de ses deux amis.


« C'est la colère d'un homme passionné que je sens ! Rien n'est plus cruel que de voir ses passions les plus chères bafouées ! » rit Papillon dans son repère

Il fit venir un de ses akumas à lui, l'enferma dans ses paumes avant de le laisser s'envoler loin après l'avoir ensorcelé.

« Va mon petit akuma, durcis le cœur de cet homme blessé ! »


Au lycée, Jehan, Andréa, Bridgette et Felix venaient de sortir de la cantine. Après leur repas partagé, il était l'heure pour tous d'aller vaquer à leurs occupations.

-« Bon… Du coup je vais aller en salle de musique, murmura Jehan en passant sa main dans sa nuque, fidèle à son plan d'origine. Andréa, tu viens toujours ? »

-« Evidemment ! Tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça… déclara la brune avec un petit rire. Bridgette, qu'est-ce que tu fais finalement, tu viens avec nous ? »

L'adolescente surpris soudain un regard en coin de la part de Jehan, suspendu à ses lèvres. La jeune fille n'avait pas besoin d'être devin pour comprendre que son ami souhaitait rester seul à seul avec Andréa, ce qu'elle comprenait. Elle lui adressa un discret sourire narquois avant de passer ses mains dans son dos.

-« Non, j'ai des devoirs à rattraper ! Et je ne voudrais pas gâcher le spectacle à cause de mes soupirs d'exaspération face aux exercices de maths. Allez-y, je vous rejoindrai peut-être plus tard. » acquiesça Bridgette avec un sourire sincère.

Andréa la regarda quelques instants, comme si elle cherchait à lire le véritable fond de sa pensée avant de hausser les épaules avec un sourire.

-« D'accord, comme tu voudras. À tout à l'heure alors ! » salua-t-elle d'un signe de main avant de s'agripper à Jehan qui lui tendait son bras.

Le grand métis lança un léger coup d'œil en arrière, vers sa meilleure amie, un regard qui reflétait toute sa gratitude. Bridgette se contenta de lui montrer ses deux pouces en l'air en signe d'encouragement en les regardant s'éloigner. Un petit silence se posa sur elle et Félix qui était resté là. Après que leurs deux camarades aient disparus, Félix adressa un regard furtif à Bridgette qui n'avait pas encore bougé.

Il comptait toujours se rendre en salle d'étude, mais il ne se voyait pas abandonner Bridgette à son sort, après qu'elle ait volontairement décliné l'offre d'Andréa car cela ne lui avait pas échappé. Il leva les yeux vers le dernier étage du lycée, là où étaient établies les salles de travail, ouvertes aux élèves durant la pause méridienne.

-« Alors… Des problèmes avec tes exercices de mathématiques ? » murmura le garçon en essayant de briser maladroitement le silence.

-« C'était plus une excuse qu'autre chose ! rit Bridgette avec un large sourire. Mais c'est vrai que j'ai quelques devoirs à faire dans cette matière, alors autant profiter de l'heure qu'il nous reste pour m'avancer. »

-« Si tu montes en salle de travail aussi, je pourrais t'aider si tu le souhaites. »

-« Vraiment ?! T'es génial, merci ! » s'exclama Bridgette avec un sourire qui faisait le tour de sa tête.

Félix ne put s'empêcher d'y répondre et tous les deux se dirigèrent vers les salles du troisième étage de l'autre bâtiment.


Le classe du groupe scolaire Françoise Dupont était maintenant partie depuis presque vingt minutes et pourtant le guide, reclus dans la salle des archives, n'arrivait pas à décolérer. Il ne comprenait pas sa supérieure, ni comment ce jeune garçon si insolent avait pu s'en sortir sans être inquiété de quoi que ce soit après ce qu'il avait fait.

Il aurait pu blesser quelqu'un, abîmer quelque chose de très précieux, mais non ! L'insouciance et la désinvolture de cet adolescent restait impunie et il ne parvenait pas à faire la part des choses. Manipulant avec soin un autre équipement de soldat qui n'avait pas pu être exposé par manque de place, l'homme se repassait sans cesse la discussion avec sa supérieure et le professeur de ce groupe insolent d'élèves. Comment avaient-ils pu laisser passer une telle chose ?

Dans sa colère, le guide ne remarqua même pas ce petit bruit de battements d'ailes se rapprocher de lui, traverser la pièce en un silence quasi-parfait. L'homme eut juste le temps de relever la tête pour voir l'akuma s'engouffrer dans la maquette de char d'assaut qu'il tenait dans ses mains.

« Canonnier, je suis le Papillon. J'ai vu à quel point ces gens t'ont manqué de respect, n'ont-ils donc aucun respect pour ceux qui ont combattus fièrement sur les champs de bataille ?

Tu es en colère, furieux même. Comme je te comprends.

Je te donne donc maintenant le pouvoir de faire vivre à ces insolents l'enfer de la guerre. Peut-être comprendront-ils alors la nécessité du respect envers nos anciens combattants.

En échange, je te demanderai de me rapporter les miraculous de Ladybug et Chat Noir.

Sommes-nous d'accords ? »

-« Sans problème Papillon. Après cela, personne ne fera jamais plus preuve d'irrespect à leur égard. » répondit l'homme avec un sourire tout en regardant le costume de soldat posé près de lui.

Aussitôt, une masse noirâtre recouvrit le corps du guide qui laissa échapper un petit rire de satisfaction.


Assis dans la salle de musique, Jehan grattait tranquillement les cordes de sa guitare sous le regard admiratif d'Andréa. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait jouer, mais le fait de le voir faire d'aussi près était tout nouveau. Elle pouvait distinctement voir les cordes de l'instrument trembler sous les doigts de son ami.

Mais si Andréa ne quittait pas la guitare des yeux, Jehan, lui, c'était d'Andréa dont il ne pouvait détacher les yeux. Il la voyait tous les jours, il lui était arrivé plusieurs fois de se retrouver encore plus proche d'elle, passant ses bras autour de ses épaules comme il en avait l'habitude avec tout le monde. Mais ici, c'était différent. Jamais, à part le soir où il l'avait raccompagné chez elle et où il était tombé passionnément amoureux d'elle, il ne s'était retrouvé en face à face avec elle pendant aussi longtemps et dans une telle intimité.

La porte de la salle avait été légèrement refermée et la salle était plongée dans une semi pénombre à cause d'un store défectueux qui ne se remontait plus, obstruant en partie la lumière qui entrait dans la classe. Il le regardait s'émerveiller avec un sourire en coin, incapable de camoufler son bien-être à cet instant.

Pourtant, en entrant dans la pièce, le garçon s'était soudain senti très gauche, ne sachant pas vraiment comment se comporter ni quelle attitude adopter. Il voulait se déclarer à elle, lui avouer ses sentiments et pourtant, dès qu'elle était devant lui, yeux dans les yeux, il avait l'impression qu'il ne pouvait rien faire d'autre que la regarder. Elle lui faisait perdre tous ses moyens, elle le rendait bête et le pire, c'est qu'il adorait ça.

Heureusement, sa gêne avait rapidement disparue après quelques mots et s'être installé pour se mettre à jouer. Bien évidemment, il ne pouvait pas encore lui chanter la chanson qu'il avait préparé pour elle, même s'il en mourrait d'envie, et avait donc improvisé quelques accords. Après quelques instants, les notes aléatoires avaient fini par former une mélodie reconnaissable sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, à savoir « Mama Mia » de Abba. Connaissant bien cette chanson, l'adolescent s'était mis à chanter doucement, rapidement suivi par Andréa, à sa grande surprise.

Il ne l'avait encore jamais entendu chanter seule et sans manquer d'objectivité, sa camarade avait un réel brin de voix, tenant les accords de la guitare dans une harmonie vraiment plaisante aux oreilles. Entre petits sourires et regards complices, les deux jeunes gens avaient achevé la chanson sur un rire alors que Jehan s'était mélangé dans les paroles en accomplissant son dernier accord. Ils se regardèrent dans les yeux. Andréa peinait à masquer son excitation, emballée par ce qu'il venait de se passer. Elle lui adressait un grand sourire, ce qui réchauffait le cœur de Jehan.

-« J'aime bien passer du temps avec toi. » déclara le garçon sans même réfléchir.

Il eut un petit silence alors que les deux jeunes gens s'empourpraient violemment. Andréa cachait sa bouche pour étouffer un rire nerveux tandis que Jehan se repliait sur lui-même, serrant sa guitare contre lui en tentant de cacher son embarras. Andréa rit de plus belle en le voyant faire avant de lui adresser un doux sourire.

-« Moi aussi j'aime bien passer du temps avec toi. » dit-elle en replaçant une de ses mèches derrière son oreille.

Jehan releva le regard dans sa direction, un grand sourire sur le visage, soulagé. Il avait soudain craint d'être allé trop loin, trop vite. Mais pour son plus grand bonheur, sa camarade ne semblait pas s'en formaliser. Elle aimait passer du temps avec lui, même comme ça ? Juste avec quelques accords de guitare et de petits sourires ? Il n'aurait pas pu demander mieux.

Tentant de faire disparaître ce qu'il restait de gêne après cette petite déclaration, Jehan commença à questionner Andréa sur ses chanteurs et compositeurs préférés et la discussion reprit comme si de rien était, avec un certain soulagement. Les deux jeunes gens échangèrent pendant de longues minutes, Andréa avouant au jeune homme qu'elle appréciait particulièrement le jazz.

-« Quoi ?! Un musicien aussi talentueux que toi qui ne connait pas « Sing Sing Sing » ?! Tu te moques de moi ! »

-« Si je connais, mais j'avoue que l'air m'échappe pour le moment. » corrigea le garçon avec un sourire en coin.

-« Alors ça c'est criminel ! Corrigeons ça immédiatement ! » s'enquit Andréa en se relevant de la chaise où elle était assise pour se diriger vers son sac, abandonné à côté de l'entrée de la pièce.

Mais alors qu'elle commençait à ouvrir la fermeture éclair, un grondement sourd retentit au loin. Interloquée, elle se redressa pour regarder son camarade, tout aussi surpris qu'elle. Jehan haussa les épaules, posant la guitare à côté de lui pour se diriger vers la fenêtre. Machinalement, il leva les yeux vers le ciel, y cherchant le moindre nuage noir qui aurait pu justifier un tel grondement. Andréa vint se placer à côté de lui, scrutant à son tour l'horizon quelques instants avant de faire volte-face pour retourner vers ses affaires.

-« C'est bizarre, il n'avait pas annoncé d'orage pourtant… » murmura Jehan en relevant un sourcil.


Assis l'un à côté de l'autre, Félix parcourait du bout du doigt le livre de mathématiques ouvert en face d'eux, réexpliquant calmement à Bridgette ce qui lui échappait dans le cours vu cette semaine, seuls dans la salle de travail.

-« Ensuite, la fonction qui est là, tu peux en trouver la dérivée avec cette formule-là. Tu vois ici ? C'est la forme « f(x) = ax + b ». Donc la dérivée… ? »

-« Ah ! C'est « f'(x) = x », c'est ça ? »

-« Exactement. » acquiesça Félix avec un petit sourire.

Toute contente, Bridgette se dépêcha de noter le résultat sur son cahier, complétant le développement avec sa calculatrice. Calant son menton dans la paume de sa main, Félix la regarda faire avec un certain amusement. Si Bridgette s'en sortait très bien dans les matières littéraires comme la philosophie, l'histoire et les langues en général, les matières scientifiques était véritablement sa bête noire. Alors, depuis un petit moment, il avait pris l'habitude de jouer le professeur particulier pour sa camarade, l'aidant à éclaircir les zones d'ombre.

Mais cela ne le dérangeait pas. Il était toujours prêt à tendre la main à ceux qui avait soif d'apprendre et à toujours s'améliorer. S'il pouvait aider, c'était avec un réel plaisir. En outre, voir le visage de Bridgette s'éclairer quand elle comprenait enfin ce qui lui échappait était un spectacle réellement plaisant à voir, et était même une belle récompense. Il pouvait voir ses yeux s'allumer et son sourire s'étirer, effaçant au passage la grimace de concentration qui avait pris place sur son visage depuis de longues minutes.

-« Je suis désolée d'encore te solliciter pour ça, murmura Bridgette avec un petit rire gêné, sortant Félix de sa rêverie. Tu avais sûrement prévu autre chose et à de cause moi, tu es bloqué là. »

-« Ne t'en fais pas. Si je peux t'être utile, c'est la moindre des choses que je puisse faire. »

Bridgette baissa les yeux à la dernière remarque de son camarade, un sourire en coin. Elle lui était réellement redevable sur beaucoup de choses. Il prenait de son temps pour lui réexpliquer parfois plusieurs fois les choses, sans jamais s'énerver ni hausser le ton, sans perdre patience. Et si la jeune fille essayait toujours de lui rendre la pareille du mieux qu'elle le pouvait, elle avait toujours l'impression de ne jamais pouvoir lui rendre aussi bien service.

En pensant à cela, sa discussion de la veille avec Priam lui revint en tête. Encore une fois, elle ne se montrait pas à la hauteur, elle ne pouvait pas lui rendre ce qu'il faisait pour elle, malgré tout ce qu'elle essayait de faire pour lui. Encore une fois, elle se sentait toute petite face à lui, presque ridicule. Comment pourrait-il un jour la remarquer alors qu'elle était incapable de s'élever aussi haut que lui ?

Remarquant l'air soudain plus sombre de son amie, Félix fronça les sourcils en se penchant légèrement en avant.

-« Quelque chose ne va pas ? Tu as besoin d'une nouvelle explication ? »

-« Hmm… ? Hein ? Oh ! Non non ! C'est bon, ne t'inquiètes pas ! Merci beaucoup. J'étais… plongée dans mes pensées, excuse-moi. »

Le jeune homme remarqua le léger tremblement dans sa voix mais décida de ne pas insister, ne voulant pas mettre sa camarade mal à l'aise. Un silence se posa, Bridgette complétant son exercice avec son sourire habituel avant de s'étirer avec un soupir de satisfaction.

-« Une bonne chose de faite ! Merci beaucoup, sans toi, j'y aurais consacré toute ma soirée ! »

-« Le principal est que tu aies compris le mécanisme. La pratique se chargera du reste. »

-« Tu es tellement fort, ça ne m'étonne pas que tu sois le premier au classement des classes de terminales. »

-« Maxence n'est pas si loin derrière moi, et je n'ai pas vraiment vocation à être le meilleur. Je fais le travail demandé, c'est tout. »

-« Oui, bien sûr, je sais. Mais quand même ! De tels résultats méritent d'être applaudis ! » insista Bridgette en frappant doucement ses paumes l'une contre l'autre.

-« Eh bien… J'imagine que c'est un des points sur lequel je peux remercier mon père. L'avantage à ne jamais sortir de chez soi, c'est que l'on n'a rien d'autre à faire que d'apprendre de nouvelles choses et d'approfondir encore et encore, sinon on finit par devenir fou. »

Bridgette étouffa une mimique amusée. Même si Félix évoquait cela sur un ton léger, elle n'ignorait pas que c'était un sujet sensible et en rire pourrait être pris comme de la moquerie. Elle observa à son tour son camarade un petit instant mais alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour reprendre la discussion, un bruit sourd au loin l'arrêta.

D'un même mouvement, les deux jeunes gens tournèrent la tête vers les fenêtres. Contournant la table à laquelle ils étaient assis pour venir au plus près des vitres, ils eurent, sans le savoir, le même réflexe que Jehan et Andréa, et levèrent les yeux au ciel, cherchant à leur tour un nuage annonciateur d'orage. Mais rien, le ciel était blanc. Juste blanc.

-« Qu'est-ce que c'était ? » demanda Bridgette d'une petite voix en s'éloignant vers le fond de la salle pour regarder vers l'extérieur depuis un autre point de vue.

-« Je ne sais pas… On aurait dit… une détonation. »

-« Tu penses qu'il y a eu une explosion quelque part ? »

-« C'est plus que probable, regarde là-bas, droit devant. »

Sans bouger, la jeune fille scruta une nouvelle fois l'horizon et plissa légèrement les yeux avant d'apercevoir au loin une colonne de fumée noire s'élever dans les airs. La jeune fille écarquilla les yeux, appuyant son nez contre la vitrine.

-« On dirait qu'il y a un incendie… C'est peut-être ça qu- »

Soudain, le sol trembla violemment sous leurs pieds, faisant presque perdre l'équilibre à Bridgette qui se rattrapa en collant ses mains au mur.

-« Et ça… ? C'était quoi… ?! »

Avant que Félix n'ait eu le temps de répondre, une alarme incendie provenant du bâtiment juste en face se fit entendre. L'immeuble venait d'être en partie détruit, molesté par un énorme objet qui avait fait s'effondrer tout un pan de la façade. Au dehors, c'était la panique, les civils apeurés courraient déjà dans tous les sens.

-« Un akuma… ! » déclara Félix alors que Bridgette laissait échapper un petit cri de stupéfaction face au spectacle qui se jouait sous ses yeux.

Tout c'était passé extrêmement vite, il n'avait rien eut le temps de voir. Cherchant frénétiquement des yeux ce qui avait pu causer autant de dommages en si peu de temps, le garçon vit soudain se dessiner une ombre gigantesque, aussi grande que l'immeuble, dans l'épais nuage de poussière soulever par l'explosion. Et après quelques secondes, Félix laissa à son tour échapper un glapissement de terreur.

Un colosse fait de métal aux reflets gris et vert se dressait face à eux. Son avant-bras droit prenait la forme d'un canon et tout le reste de son corps était recouvert de ce drôle de métal, comme un énorme robot. Le sol tremblait sous ses pas et bientôt, il fut presque face à eux, à une vingtaine de mètres de leur position. Avec un sourire de satisfaction, le vilain leva son arme vers la façade, manifestement décidé.

-« Voilà donc où sont éduqués ces insolents ! tonna-t-il d'une voix grave qui résonna dans toutes les rues adjacentes. Voyons si vous rirez autant quand je vous aurai effacé de la carte ! »

Le sang de Félix ne fit qu'un tour. D'abord paralysé une demie seconde, le garçon se tourna vers Bridgette qui fit de même, tétanisée par la peur. Le temps sembla se suspendre. Il ne pouvait plus parler, plus respirer, plus s'enfuir.

-« Bridgette ! » cria-t-il alors, sans vraiment savoir pourquoi mais sans pour autant pouvoir s'en empêcher.

« NON ! » hurla Papillon à son akumatisé, comprenant ce qu'il comptait faire.

Mais trop tard. Le boulet parti droit vers la façade derrière laquelle se tenaient les jeunes gens, la traversant de part en part en faisant tout voler sur son passage pour venir s'exploser dans la grande cour de récréation dans un bruit assourdissant, ne laissant qu'un grand nuage de poussière derrière lui alors que le vilain éclatait de rire.


Oh bah dis donc ! Ne serait-ce pas un cliffhanger ? Ah bah si, si s'en est un ! Et je ne m'excuse pas hehehe...

Je rigole mais, je pense que vous l'avez compris dans ces dernières lignes, cet arc va être assez violent, sûrement le plus violent que je n'aie jamais écrit jusqu'à présent, mais je le rappellerai pour l'entrée du prochain chapitre.

J'espère vous avoir fait suffisamment monter la pression, on se retrouve la semaine prochaine pour la suite, restez connectés...