Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.
Note : Recueil d'OS écrits pendant les nuits HPF (une heure pour un texte sur un thème donné), d'où les formats et les ratings variables.
Univers : Saison 1 plus ou moins.
Rating : T
Céder
« Vous n'êtes rien pour moi. »
Will tente d'insuffler toute sa conviction dans ces quelques mots, le regard fixé sur un point à quelques millimètres au-dessus de l'épaule gauche du cannibale. Son cœur bat trop vite, il le sent qui frappe ses tempes, résonne dans ses oreilles et fait trembler sa cage thoracique, comme s'il cherchait à briser ses côtes pour montrer à quel point il a peur. Il s'est promis d'être franc pour ne plus sombrer dans les ténèbres des mensonges et de la trahison mais il vient de commettre son premier faux pas. Sous son air méprisant, il dissimule cet aveu qu'il ne prononcera pas, pour ne pas laisser les commandes de son esprit à l'un des pires criminels de ce siècle. Mentir n'aurait jamais dû devenir sa seule alternative, pas alors qu'ils sont seuls dans une pièce où l'unique issue est trop loin pour tenter une fuite désespérée.
L'expression amusée qui se peint sur les traits d'Hannibal désarçonne l'empathe. Il ne comprend pas pour quelle raison l'Éventreur de Chesapeake le dévisage avec autant de satisfaction. Son arme, pointée sur la tête du tueur, ne semble pas terrifier son opposant qui s'avance vers lui avec défi. La main de Will tremble, il se sait incapable de presser la détente pour enfin débarrasser la Terre d'un être à abattre. Son bras retombe le long de son corps tandis que Lecter arrive à sa hauteur, tendant ses doigts gantés vers le pistolet qu'il récupère. Le consultant l'observe faire, sans un mot, malgré les hurlements dans son crâne qui lui crient d'agir.
« Vous êtes comme moi, Will, déclare le psychiatre sans hausser le ton.
— Je ne suis pas un monstre, proteste le plus jeune. »
Sa conscience se rit de lui, lui susurrant avec ironie qu'il ne doit pas raconter de mensonges. Il aimerait se défendre, plaider la folie passagère, mais la vérité est bien plus simple. Hannibal et lui sont les deux côtés d'une même pièce, liés par une envie sanglante que l'un assume plus que l'autre.
« Ne reniez pas celui qui dort en vous, reprend le cannibale. J'ai vu ce que vous pouviez devenir. »
Will ne rétorque rien, ses pensées agitées par un flot de doutes. Il abhorre l'individu qui lui fait face, mais il voudrait connaître le goût de ses lèvres et se tendre sous son corps. Son regard s'attarde sur la bouche de l'Éventreur puis dévie sur sa silhouette ferme qui l'obsède jour et nuit. Il ne peut pas voiler ses émotions et jouer à l'autruche en cachant sa tête dans le sable de ses certitudes. S'il peut faire croire à Jack qu'Hannibal est son grand ennemi et qu'il l'arrêtera, ce n'est pas le cas avec son propre esprit. Depuis leur rencontre, il passe son temps à mentir, certain que repousser la vérité le protégerait de la chute. Ce n'était qu'une illusion car il est déjà tombé du haut de la falaise pour heurter les parois escarpées de l'âme du meurtrier. Chaque heure qui s'écoule diminue le fossé entre eux et trace un écho dans leurs cœurs.
« Cédez, Will. »
Le timbre est léger, le souffle de Lecter se perd contre ses lèvres. L'empathe initie le baiser avec férocité, s'agrippant à Hannibal comme il le ferait avec une bouée s'ils étaient en pleine mer. Leurs bouches s'épousent, leurs langues se découvrent. Le plus jeune dresse le drapeau de la reddition en pressant son corps fiévreux contre celui de son thérapeute, caressant à travers les vêtements le renflement produit par son désir. Will gémit lorsque les mains du Lituanien se frayent un chemin à l'arrière de son pantalon pour empoigner ses fesses.
Les vêtements s'ôtent dans la précipitation, les tissus s'emmêlent sur le sol en formant un tapis contre lequel le dos de Will repose soudainement. Il tressaille lorsque la bouche du cannibale se referme sur son membre, ses pensées associant le geste au régime particulier de son psychiatre. Il n'y réfléchit pas longtemps, ses lèvres s'entrouvrent pour délivrer des sons où la luxure est reine. Il mentirait s'il disait ne rien éprouver sous l'effet du savoir-faire d'Hannibal.
