Je pense qu'un autre avertissement ne fera de mal à personne, on n'est jamais trop prudent.
La direction que prend ma fanfiction est susceptible d'heurter des lecteurs.
Le thème abordé pouvant être difficile, je pense qu'il est préférable d'être préparé.
Tout était sombre, froid et silencieux. Comme dans le fond d'une grotte ou sous la surface de l'océan. Meredith ne ressentait plus rien, son corps était anesthésié. Elle avait l'impression de ne plus s'appartenir, de s'observer de loin.
Meredith regarda autour d'elle. Le vide. Elle voulait crier, s'en aller et essayer de trouver une sortie mais c'était impossible. L'obscurité devint plus menaçante, plus étouffante.
Des voix retentirent, aussi fort que des milliers d'échos. Meredith se recroquevilla sur elle-même. Les sons devinrent insupportables, elle essaya de se fondre dans l'obscurité mais une nouvelle fois, impossible. Elle ne pouvait plus y échapper. Sa bouche s'ouvrit et se tordit, mimant des hurlements désespérés.
« Meredith ? »
« Meredith ? »
« Arrêtez, vous allez l'étouffer. »
Alex et Cristina s'écartèrent du lit d'hôpital.
Dans la chambre numéro 216, tout le monde retenait son souffle. Shepherd, Sloan, Miranda, Richard, Alex et Cristina étaient rassemblés autour du lit, observant les soubresauts des paupières de Meredith.
Ses fins doigts recommencèrent à remuer sur la couverture bleue et ses lèvres s'entrouvrirent pour avaler de l'air. Ses paupières papillonnèrent davantage, un gémissement s'échappant du fond de sa gorge.
« Mer ? » murmura Derek, la main posée sur la vague forme de ses chevilles sous les draps
Un autre gémissement se fit entendre et doucement, elle ouvrit les yeux.
Ils haletèrent à la vue de ses étincelants yeux verts.
Elle se réveilla, complètement désorientée. Sa main gauche cherchait quelque chose à quoi s'accrocher. Cristina lui prit et la serra. Meredith avait l'air terrifiée. Le docteure Bailey s'approcha et lui caressa doucement le front, comme le ferait une mère.
« Meredith ? Est-ce que tu nous entends ? »
Elle hocha fébrilement la tête, broyant littéralement la main de Cristina dans la sienne.
« Est-ce que tu peux dire quelque chose ? »
Mer regarda à droite puis à gauche, son rythme cardiaque augmentait rapidement sur le moniteur.
« Meredith, calme-toi. Tout va bien, nous sommes tous là, » dit doucement le docteure Bailey.
Elle croisa le regard d'Alex qui lui sourit. Il hocha la tête.
« Je… »
Sa voix était rauque, sa gorge sèche et brûlante.
« C'est bien, » l'encouragea Cristina.
« Respire, Mer, reste calme, » dit Alex.
Elle prit une grande inspiration et lécha ses lèvres sèches.
« Soif. »
Bailey fit un grand sourire.
« Oui, c'est bien. »
Dans le fond de la pièce, Mark se dépêcha de remplir un gobelet avant de le tendre à Karev.
Alex l'approcha délicatement des lèvres de Meredith mais elle secoua faiblement la tête. Elle lâcha la main de Cristina et saisit le gobelet, tentant de maitriser ses tremblements. Mer prit quelques gorgées d'eau avec avidité.
Alex reprit le gobelet et le posa sur la petite tablette au bout du lit.
« D'accord, Meredith. Est-ce que tu peux nous dire comment tu te sens ? »
Elle esquissa un sourire et leva un pouce en l'air.
Miranda prit un air bienveillant.
« Tu n'es pas obligée de dire ça. Je suis ton médecin, dis-moi comment tu te sens. »
Mer haussa les épaules avec impuissance et fit un sourire triste. Au bord de ses paupières, des larmes perlèrent.
Le docteur Sloan s'éclipsa discrètement. Il n'avait rien à faire ici. Et surtout, il pensait à Lexie.
Des larmes roulèrent sur les joues de Meredith, elle se dépêcha de les essuyer du dos de la main.
« Qu'est-ce qui… » elle croassa.
Bailey lui prit affectueusement la main droite.
« Tu t'es évanouie. »
Mer écarquilla les yeux.
« Écoute, Meredith. Tu étais déshydratée et affamée et vraiment en manque de sommeil. »
Elle secoua la tête et ferma fort les yeux pour empêcher les larmes de s'en échapper.
« Prends ton temps. Ne te mets pas de pression, d'accord ? »
« Je ne sais pas, » elle murmura.
« Est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? » demanda Alex.
Mer le regarda avec de grands yeux humides.
« Alex, je… »
Il secoua la tête.
« Tu n'as pas besoin d'expliquer maintenant, si tu ne veux pas. »
« Je te jure… Je… Je n'ai pas fait exprès, Alex. J'ai pas abandonné. Je te le jure. »
Il lui fit un sourire triste et la prit dans ses bras.
Meredith se blottit contre l'épaule d'Alex et se serra contre lui. Les vannes finirent par s'ouvrir et ses larmes vinrent tremper la blouse du docteur Karev, chaudes et amères.
Elle resta agrippée à lui de longues minutes à sangloter et murmurer qu'elle lui jurait ne pas avoir abandonné.
Ils furent interrompus lorsque le docteure Bailey annonça avoir besoin de faire quelques examens de contrôle.
Alex Karev sortit le premier de la chambre, Cristina serra longuement Meredith contre elle et le suivit. Richard s'approcha de Meredith et lui prit la main.
« Je suis désolé de ne pas avoir été là. »
Elle secoua la tête, les yeux pleins de larmes, comme pour lui dire que ce n'était rien.
Richard lui posa un baiser sur le front et s'en alla.
Ne restait plus que Derek, debout à côté du lit, qui n'avait pas encore croisé le regard de Mer.
Elle le regarda curieusement, attendant qu'il dise quelque chose, qu'il s'avance pour la serrer dans ses bras ou n'importe quoi d'autre. Elle voulait juste qu'il bouge. Idéalement, pour venir près d'elle.
« Je… je vais y aller. Je reviendrai quand vous aurez fini. »
Il ferma la porte derrière lui. Sans regarder Meredith.
Elle sentit son cœur se serrer. Encore une fois, elle l'avait fait souffrir.
« Meredith ? »
La jeune femme sursauta, jusqu'alors perdue dans ses pensées.
« Je vais commencer par te faire une échographie, juste par précaution. »
Mer hocha vaguement la tête et laissa Bailey soulever sa blouse d'hôpital, appliquer le gel froid et passer avec l'échographe.
Elle ne ressentait rien. Elle était totalement hors de son corps, déconnectée. Tout ce à quoi Mer pouvait penser, c'étaient les yeux de Derek. Alexandra avait les mêmes. Des yeux scintillants, pleins d'amour, chaleureux et dans lesquels elle se réfugiait. Mais sur sa petite fille, ils étaient devenus froids, vides. Morts.
Le docteure Grey frissonna.
« C'est bientôt terminé, » indiqua Bailey.
Mais ce n'était pas le gel, qui faisait hérisser tous les poils de son corps, c'était la douleur. La seule chose qui lui était permit de ressentir, qu'elle se permettait de ressentir. Mêlée aux regrets et à la culpabilité, la douleur lui picorait le cœur.
« C'est fini. Je ne vois aucune anomalie. Il me faut juste un peu de sang et ce sera tout. »
Alors que l'aiguille pénétrait lentement sous sa peau, Meredith la regarda s'enfoncer. Elle imagina l'éclat de miroir, à la place de l'aiguille, qui grattait, brûlait, et gagnait du terrain à l'intérieur de son corps.
Lorsque les premiers millilitres de sang remplirent le tuyau, Meredith imagina les gouttelettes qui, au lieu d'être prélevées, sortaient sans crainte de la plaie et roulaient le long de sa peau pour s'écraser sur le sol en de parfaites petites flaques rondes. Comme des galets, sur l'eau.
« Meredith ? »
Elle sursauta, terrifiée. Et Mer comprit à quel point elle voulait mourir.
