Le feu, partout autour d'elle brillait, ce feu impitoyable qui mangeait tout ce qu'il pouvait. Il n'y avait pas que cela qui brisait le silence de cette nuit étoilée, il y avait aussi les cris. Ils étaient tous là, ceux de colère, de douleur, de haine, accompagné bien sûr de l'agonie, de joie, de clémence et de détresse. Mais elle se tenait là, en haut de cette colline, inexpressive face à ce massacre qu'elle avait rêvé plus d'une fois. Elle avait eu sa part, le long poignard ensanglanté et les deux hommes sans vie à ses pieds pouvaient en témoigner.

Elle s'était longtemps demandé, si cela l'aiderait d'accomplir cette vengeance, si la douleur partait, si cela clôturerait un chapitre de sa vie, mais il n'en serait rien. Elle avait pris son temps, prenant un plaisir malsain en regardant chacun des hommes qui avaient fait de sa vie un cauchemar quémander pitié. Sans rien dire, elle s'était avancée, ne se souciant pas de voir les supplices devenir colère. Non elle n'avait rien vu de tout cela, elle les avait tués, tout simplement.

- On doit y aller, dit une voix à coté d'elle. C'est fini maintenant.

- Est-ce ? demanda-t-elle d'une voix neutre.

- Ici oui, continua son amie en lui retirant le poignard et le jetant. Maintenant nous allons lutter. Lutter pour que cela ne se reproduise jamais.

- Et ensuite ? Que ferons-nous ?

- Nous vivrons avec ce passé. Et nous rebâtirons un monde meilleur. Pour nous et nos enfants.

Sans un mot de plus, les deux femmes s'éloignèrent, l'une criant des ordres, l'autre regarda une dernière fois les ruines sous elle, deux larmes silencieuses glissant sur ces joues. Plus jamais elle ne pourrait être renvoyée ici.

(*_*)

Hermione était assise sur un banc, le regard fixé sur les canards dans l'étang, en face d'elle. Pourtant, son esprit était ailleurs, plongé dans ses pensées, dans son passé à la recherche de là où tout avait commencé. Elle le recherchait, ce moment où elle avait pris la mauvaise direction, cet instant où la descente aux enfers avait commencé. Depuis combien de temps vivait-elle dans le mensonge, dans sa petite bulle de paix alors qu'en dessous d'elle, le monde courait à sa perte ?

Maintenant, que le passé était revenu, frappant de ses conséquences, elle ne pouvait que tenter de lutter, de garder la tête haute et d'essayer de corriger ses erreurs. Mais elle ne savait pas comment faire, elle était seule alors qu'elle avait perdu le soutien de tous, et encore plus, leur confiance. Partout où elle regardait elle voyait la méfiance, la colère et pire encore, la déception.

- Je vois que tu as lu le journal.

Revenant au présent, elle regarda son mari, Ron, s'asseoir sans un mot, à coté d'elle. Lui aussi n'était pas bien, preuve en était sa barbe de trois jours et les cernes sous ses yeux. Comme elle, il devait faire face à ses démons, ses erreurs, et trouver le chemin de la rédemption, et lui aussi était seul. Non, ce n'était pas vrai, ils étaient là, l'un pour l'autre, mais chacun, elle en était sûre, se demandait s'ils étaient capables de s'aider alors qu'ils avaient les mêmes soucis.

- J'ai du mal à reconnaître Lavande, dit Hermione en regardant la première page du journal. Elle a tellement changé.

- J'aimerais faire mon travail, l'arrêter pour ça, tout comme Padma et Parvati, mais je n'en ai pas le cœur, car peu importe comment je le vois, je devrais aussi nous arrêter pour l'avoir permis.

- Tu n'y es pour rien ! C'est moi qui ai signé pour ces camps ! Mon ministère ! Je suis la seule coupable !

- Et je t'ai laissé faire ! Je n'ai rien dit ! Cria à son tour Ron. J'ai embauché et envoyé mes Aurors les surveiller ! Je t'ai laissé agir ! Penses-tu que Ha…

Ron ne finit pas sa phrase, pas qu'il en ait besoin. Harry. Tout se résumait à Harry, celui qu'ils avaient tous deux abandonnés, celui qui aurait pu empêcher tout cela, celui qu'ils avaient jugés trop dur et impitoyable, il y a bien longtemps. Aujourd'hui, ils en payaient le prix. Ce n'était pas la première fois que cette pensée leur venait en tête, mais ils étaient incapables de briser ce disque qui tournait inlassablement dans leurs têtes.

- Qu'a dit le Ministre, devant ce massacre ?

- Surtout des cris, répondit Ron. Et il a ordonné l'arrestation pour Lavande, Parvati et Padma. Mais entre ça et les attaques de plus en plus nombreuses de la Reine sur les anciennes demeures de mangemorts, le ministère est en proie au chaos.

- Elles sont avec lui n'est-ce pas ? demanda Hermione.

- C'est très probable, acquiesça Ron. Et le Ministre finira par le comprendre. J'ai pour ma part commencé à demander à mes hommes de quitter les autres camps de loup garous, ils n'ont pas besoin de mourir.

- Penses-tu qu'elle pense comme toi ? rigola tristement Hermione.

- Je suis sûr que non, mais je ne peux pas fermer les yeux Hermione. Peu importe la légitimité de sa vengeance, je ne peux pas. C'est impossible.

Les yeux d'Hermione regardèrent à nouveau la photo qui accompagnait la première page. Nul doute qu'elle avait été extraite du souvenir d'un des seuls survivants du massacre. Lavande était en premier plan, sa baguette et un poignard dans chacune de ses mains couvertes de sang. Derrière elle, Parvati pouvait être aperçue en train de tuer un homme en lui ouvrant violement la gorge. Et la dernière personne qu'elle connaissait, Padma, était dans un coin, guidant d'après ses gestes les loups garous à fuir. Hermione se souvint, de ce jour récent où Lavande avait prodigué sa vengeance, c'était chose faite. Mais elle se demandait ce qui allait se passer maintenant. Est-ce que la soif de sang de la femme était enfin accomplie ? Était-ce la fin ?

- Je ne suis pas sensé en parler, dit Ron après un moment, mais Gringott's ferme ses portes définitivement. D'après le communiqué qu'ils ont envoyé et qui sera divulgué sous peu, nous avons trois jours pour vider nos coffres avant que la banque ne soit scellée.

- Qu'en penses le ministère ? demanda Hermione.

- La plupart des sangs pur sont ennuyés de devoir vider leurs coffres, mais sont contents de voir les gobelins quitter le chemin de traverse une bonne fois pour toute. C'était le dernier Royaume gobelins en Angleterre, c'est une victoire pour eux.

- Est qu'ils…

- Est-ce qu'ils sont stupides ? Assurément ! Personne autre que les gobelins ne sait gérer proprement l'argent. Si la situation ne s'améliore pas rapidement…

Il n'avait pas besoin de finir sa phrase, Hermione savait où il allait. Une guerre. Une guerre que les sorciers allaient perdre indéniablement. La Reine était implacable. Certes elle s'attaquait à des demeures vides, mais la menace était claire. Elle connaissait chaque lieu, les dernières personnes sceptiques en étaient persuadées, maintenant. Les tableaux des plus grands sorciers étaient pour la plupart vides, maintenant que leurs tableaux d'origine, placés dans les demeures familiales pour la plupart, avaient perdu leurs magies.

Des témoignages reçus, la Reine informait les familles résidentes du bombardement sous peu et leur ordonnait de quitter le terrain. Tous avaient accepté avant de voir de loin les maisons s'effondrer. Cela était dû au fait que chaque demeure avait été construite par magie, sans elle pour la maintenir en état, elle s'écroulait comme un château de cartes.

Avec le départ des gobelins, ces mêmes familles de sang pur allaient devoir stocker leurs richesses à l'abri des vols, tout en courant le risque d'une attaque soit de la Reine, soit d'autres sorciers ayant besoin d'argent pour se nourrir. Sans connaissance du monde non magique, tous comptaient sur les elfes de maisons ou le chemin de traverse pour subvenir à leurs besoins. Mais comment faire maintenant que la plupart de ces même sang pur avait perdu leurs elfes de maisons en les laissant subir les attaques de la Reine, et où un voyage sur le chemin de traverse allait sous peu devenir dangereux ?

- La Reine, le ministère, Harry, dit doucement Hermione en comptant sur ces doigts. Quand est-ce que nous avons pris cette route Ron ? Comment en est-on arrivé là ?

- Je l'ignore Hermione, dit Ron en prenant sa femme qui s'était mise à pleurer dans ses bras. Je l'ignore, mais je prie pour une chose. Que cela ne touche pas Harry, pas plus. Cela est une affaire entre le ministère et la Reine.

- Et nous Ron ? Que faisons-nous ?

- Nous attendons, et nous allons faire la bonne chose cette fois ci. La seule chose qui importe est Harry, le reste n'a que peu d'importance.