Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Note : Recueil d'OS écrits pendant les nuits HPF (une heure pour un texte sur un thème donné), d'où les formats et les ratings variables.

Note bis : J'ai écrit sur le thème "julep" lors de l'alphabet du collectif dans le recueil Le Wendigo cuisine son alphabet. J'ai repris l'ambiance du drabble pour en faire autre chose.

Univers : Indéterminé.

Rating : Entre T et M.


Julep


L'odeur de menthe demeure malgré les tasses vides, embaumant l'air d'une fragrance apaisante qui fait perdurer le souvenir du mint-julep. Frederick n'en a jamais bu d'aussi bon — une partie de son esprit est par ailleurs agacée par cette certitude — et il se demande s'il existe la moindre recette qu'Hannibal ne saurait refaire à la perfection. Le dîner a été à la hauteur des habitudes de Lecter, de l'entrée au dessert, dressé à la manière des plus grands chefs, entre saveurs et visions exquises de produits cuisinés d'une main de maître. Nulle fausse note ne se glisse jamais dans la partition culinaire, les goûts s'harmonisent, les plats se répondent dans une explosion gustative intense. Plus qu'un simple repas, c'est de l'art à l'état pur que le Lituanien offre à ses invités et, cette fois-ci, Chilton a pu en profiter seul.

Il ne remarque le retour d'Hannibal qu'à l'instant où ce dernier réapparaît dans son champ visuel. Frederick ne se souvient pas l'avoir aperçu quitter la pièce mais il ne s'interroge pas longtemps sur ce détail, remarquant avec un intérêt non dissimulé que les tasses sont à nouveau pleines. La fine volute de fumée qui s'élève des récipients trahit leur chaleur, ravivant son impatience. Il tente d'engager la discussion, évoquant la dernière affaire en date du FBI, sachant pertinemment que son confrère travaille avec Crawford. Les mots s'emmêlent dans sa bouche, les voyelles se lient aux consonnes pour former des sons peu compréhensibles. Il marmonne quelques excuses en prétextant la fatigue, constatant vaguement que l'expression de son hôte est devenue plus curieuse et avide. Cherchant à se redonner un peu de tenue, Chilton avale une gorgée de liquide, emporté une fois de plus par la menthe pilée du mint-julep.

« N'avez-vous aucun défaut ? déclare-t-il soudainement.

— Où voulez-vous en venir ? s'enquiert à son tour Hannibal.

— Vous êtes doué dans tout ce que vous entreprenez mais il doit bien y avoir un domaine qui vous échappe. »

Il termine sa tasse et la repose sur la table basse avant de dévisager son collègue. Il pousse un soupir puis ajoute que ce n'était rien de plus qu'une question rhétorique, se levant pendant qu'il parle afin de partir sans paraître grossier. Son mouvement est interrompu par la silhouette de Lecter et par ce sourire amusé qui étire les lèvres de son confrère. Le Lituanien lui chuchote à l'oreille qu'il connaît quelques façons de vérifier ses qualités, tirant un frisson de désir au directeur de l'hôpital psychiatrique pour criminels aliénés de Baltimore. Frederick est perturbé par la présence proche d'Hannibal, par cette main qui se pose sur sa nuque, par cette bouche qui vient à la rencontre de la sienne, par cette langue au goût de menthe.

Sa chemise glisse de ses épaules alors qu'il ne se rappelle pas l'avoir ouverte. Son esprit tout entier est obnubilé par les baisers de Lecter, il se perd dans la sensation enivrante des lèvres de son collègue. Sa ceinture heurte le sol, suivie par le bruit étouffé de son pantalon, alors que les doigts d'Hannibal caressent son sexe à travers son boxer. Frederick gémit, mélange de surprise et de désir, son membre présentant le début d'une érection honteuse. Il s'empresse d'agir à son tour, ses mains déshabillant l'autre homme avec fièvre, découvrant un territoire inconnu à ses yeux et à son toucher. Il ne proteste pas lorsque le Lituanien l'allonge sur le canapé et lui retire son sous-vêtement, permettant à leurs corps nus de s'étreindre sans barrière. Chilton a l'impression qu'Hannibal est partout à la fois, sa chair est prise d'assaut par les lèvres de son hôte. La bouche qui entoure son sexe lui fait perdre la tête, les doigts qui glissent sur ses hanches lui tirent des frissons d'anticipation.

Combien de fois a-t-il fantasmé ce genre de situation ? Aucune n'a été aussi satisfaisante que cette réalité où Lecter le mène jusqu'à la jouissance après l'avoir possédé. Frederick voulait soumette l'esprit d'Hannibal mais il s'est incliné sous ses coups de rein.