Nous revenons cette semaine sur une scène restée comme en suspend pour Sora et Hayate, qui se remettent à peine de leur dernier combat contre Arlène, et de leur intense Fusion...

Sora se tenait toujours debout face à Hayate, à quelques mètres, dans la chambre blanche de Naminé. Le contrecoup de la puissance de la Fusion avait non seulement impacté son cœur, qui battait au rythme d'une cadence endiablée dans sa poitrine brûlante, mais aussi son corps, qui tremblait de fébrilité fiévreuse. Il n'avait jamais ressenti une telle violence d'émotions auparavant. S'en était presque étourdissant.

A l'autre bout de la salle, Hayate attrapa soudain son buste de ses deux bras, tandis que ses genoux l'abandonnaient et qu'elle se laissait tomber à terre. Sora, n'arrivant toujours pas à parler tant il y avait d'émotions empêtrées dans sa gorge, courut jusqu'à elle: à cause de la fatigue du combat, et de son agitation intérieure, il rata le premier pas, trébuchant maladroitement, avant d'arriver à la rejoindre. Instinctivement, il se mit à genoux devant elle et l'attrapa de toutes ses forces contre lui. Tandis qu'il fermait ses paupières et abaissait ses sourcils bruns de joie, il sentit Hayate enfouir sa tête duveteuse dans son cou. Elle sanglotait doucement.

"Pardonne-moi Sora… finit-elle par bredouiller, la voix étouffée par le tissu de la veste du jeune homme. Je ne voulais pas… je ne pensais pas que ça te faisait souffrir autant…"

Il sentit les petites mains de la jeune femme serrer les manches de sa jaquette rouge à carreaux avant qu'elle ne termine:

"Autant que moi…"

Alors que des larmes de soulagement roulaient encore sur les joues de Sora, il releva finalement un visage étonné et plein d'espoir et se décolla quelque peu de leur étreinte. Il garda ses deux mains rassurantes sur les épaules de la jeune femme et planta son regard océan empli d'écume dans le sien, qui ressemblait alors à un cristal de ciel brillant de perles de larmes. D'une voix douce mais peu sûr de lui, il commença:

"J'ai senti… j'ai ressenti tout ce que tu ressens…"

Hayate baissa quelques secondes le regard, mal à l'aise, avant de relever de grands yeux ronds et joliment décorés de longs cils roses. Un timide sourire se dessina sur ses lèvres de pomme, confirmant les dires de l'élu et le rassurant: elle partageait bien ses sentiments, plus de doute possible après la Fusion qu'ils venaient de vivre. Néanmoins, quelque chose la perturbait, et faisait souffrir son coeur, depuis longtemps, gangrenant le reste de ses émotions positives. Aussi, le jeune homme décida de le lui demander directement:

"... mais y a un truc que je comprends pas: j'ai aussi senti tellement de peur... c'est pour ça que tu ne voulais pas me le dire plus tôt? Ou que tu me repoussais…? De quoi tu avais si peur?"

"Sora… soupira Hayate en posant une main sur son propre coeur tout en baissant la tête. J'ai été si cruelle… Pourras-tu me pardonner?"

"Te pardonner…? répéta le jeune homme étonné. De quoi?"

Hayate était clairement mal à l'aise et, bien qu'elle ne repoussât nullement les mains de Sora qui se resseraient sur ses épaules, elle reprit avec sérieux et regrets:

"Kros. Je… je t'aurais parlé de mes sentiments dès notre retour du monde de Moana si elle n'était pas arrivée et ne m'avait pas rappelé… ma malédiction."

Sora fronça ses sourcils en V pour essayer de décoder ces quelques mots: il se souvint alors de la froideur qu'il avait ressenti dans le gummi à son réveil de son combat contre Tekka et de sa récente discussion avec Iwako quant au thème du mensonge…

"Quoi?! finit par s'exclamer l'Elu de la Keyblade en réalisant. Attends c'est ça le truc que tout le monde me cachait?"

"Oui… admit Hayate avec une pointe de honte dans la voix. Mais n'en veux pas à Riku et Iwako. C'est moi qui leur ai demandé de ne rien te dire… je pensais… je pensais qu'en ne sachant rien de la malédiction... et de mes sentiments… cela te protégerait. Du sort qui attend toute personne qui s'attache profondément à moi. Je réalise maintenant la futilité d'une telle croyance… Mais j'étais trop effrayée par ses mots… Enna Kros avait bien dit que si je tenais réellement à toi, je devais arrêter de..."

"Attends attends! l'arrêta le jeune homme en maudissant mentalement la Gardienne du Temps. Comment tu peux être sûrequ'elle t'a pas raconté des bobards?"

"Sora… lâcha la jeune femme en lui souriant tristement. Tu les as vus non? Dans mon épreuve. Tous ces gens qui sont morts et qui hantent mes cauchemars… Kros a dit "à chaque fois, cela s'est terminé ainsi". Et tu as senti mon effroi: ce n'est pas juste une supposition, mon coeur SAIT qu'elle a raison, qu'elle dit la vérité. Tu…"

Terriblement inquiète, elle détourna le regard, avant de rappeler du bout des lèvres:

"L'échange de Lux, pendant notre combat contre Te-ka… tu as...failli mourir, en réalité, ce jour-là. Et c'est sans compter le laser de Xemnas qui t'est passé si près du cœur…"

"Oui peut-être... admit Sora à contre-coeur en lâchant les épaules de la jeune femme. Mais on sait toujours pas exactement pourquoi ces gens étaient liés à toi…"

"Je crois que je commence à avoir une piste… déclara Hayate tout en posant son regard célestine sur le médaillon couronné reposant sur le torse de Sora. Même si je ne sais toujours pas ce que MOI je viens faire là-dedans… mais réfléchis: qu'est-ce qu'on vient d'apprendre sur Eraqus, dans son passé, qui est similaire à ton histoire?"

"… Chaîne Royale? hésita Sora, choqué. Il a été un Élu de la Keyblade? Attends! ... tu crois que c'est ça le lien? Mais tu le connaissais pas Eraqus, si? Lui en tout cas il a pas l'air de te reconnaître..."

"Il y a en effet des choses que je ne m'explique pas…concéda la jeune femme en fronçant ses sourcils saumonnés. Mais je suis certaine que c'est cela. Le "destin funeste" dont parlait Kros… c'est celui qui attend tout Élu de la Keyblade qui croise ma route…"

Elle fit une pause, avant de relever ses iris et de les planter dans ceux de Sora, suppliante:

"C'est aussi ce qui peut être suggéré dans le Livre des Prophéties. Et je ne veux pas que tu subisses ce sort par ma faute."

Une larme solitaire se décrocha de l'oeil balafré de la jeune femme, roulant le long de sa nouvelle cicatrice, alors qu'elle s'excusait:

"Je suis désolée Sora… si je t'ai repoussé, c'était juste pour te protéger…"

L'Elu de la Keyblade, le coeur compressé par ces aveux, ne put se retenir et leva une main vers le visage de la jeune femme. Il chassa délicatement la larme du plat de l'index et souffla:

"S'il te plaît ne pleure pas…"

Rougissante, Hayate ébroua brutalement sa crinière rose et sécha ses pleurs dans son coude en affirmant:

"Oui tu as raison… je n'en ai pas le droit, n'est-ce pas? A cause de tout ce que je t'ai fait subir…"

"C'est pas ce que je voulais dire! se défendit Sora, dérouté. C'est vrai que j'ai pas trop aimé me faire rembarrer mais… si tu pleures à cause de moi je sais pas… c'est comme si j'avais fait quelque chose de mal. Comme si j'étais responsable. Et je veux pas être responsable de ta tristesse. Alors je t'en prie… ne pleure pas."

Le jeune homme s'arrêta et, n'étant habituellement pas si à l'aise en présence d'une femme, se sentit légèrement rougir des pommettes à cause de sa propre audace. Hayate l'observa quelques instants de ses yeux embués, avant de lâcher un petit rire clair, ce rire sincère et cristallin que Sora aimait tant, en commentant:

"Sora, je ne te savais pas si doué pour parler aux filles…"

Le jeune homme brun pouffa, puis sourit en voyant le radieux visage d'Hayate et en l'attrapant par les bras. Il s'exclama alors:

"Voilà c'est ça! C'est ce sourire! ce sourire que j'aime tant…"

A peine eut-il terminé sa phrase qu'un étrange sentiment de déjà-vu l'envahit tout entier. Cependant, Hayate le regardait avec tellement de douceur qu'il ne s'en importuna guère pour l'instant, chassant simplement cette impression. Une vague de joie monta en lui alors qu'elle admettait, en murmurant presque:

"Au fond de moi, je sais qu'on ne devrait pas... Mais je ne peux pas m'empêcher... de…"

Elle ne put terminer sa phrase que dans un grand soupir, qui lui souleva la poitrine. Le coeur de Sora tambourinait dans ses oreilles à présent, et c'est avec espoir qu'il avança son visage vers le sien, et osa demander d'une voix à peine audible:

"...quoi?"

Hayate posa deux grands yeux célestine brillant d'émotions sur lui, et il sut alors qu'elle n'avait que rarement été aussi honnête avec lui. Cependant, elle fronça ses sourcils de dépit, comme par agacement, et comme si elle avait reçu une épée dans le ventre, elle admit avec ce qui ressemblaient à des sanglots:

"... je n'arrive pas à le dire avec des mots… j'ignore pourquoi...c'est si frustrant..."

Sora approcha encore son visage du sien, le ventre parcourut d'un agréable stress fébrile, tout en se remémorant ce qu'il avait ressenti durant leur dernière Fusion. Il savait. Il avait "lu" ses émotions. Il n'avait pas besoin de mettre des mots dessus. Peut-être même que les mots étaient incapables de parler à la place du cœur, lorsqu'il s'agissait de sentiments aussi profonds… Pour la consoler, et lui faire comprendre qu'il la comprenait (étant également incapable de formuler son sentiment à son égard de manière verbale), le jeune homme passa à nouveau une main caressante sur les petites taches de rousseur au-dessus de sa cicatrice, en chuchotant d'une voix douce, et avec un grand sourire affectueux:

"Alors dis rien…"

Hayate releva la tête et Sora l'observa au travers d'un rayon du soleil filtrant par les hautes fenêtres de la chambre de Naminé, tout en retenant sa respiration: ses belles lèvres rouges en forme de pomme s'étaient entrouvertes, ses pommettes rondes et joliment perlées de tâches de rousseur étaient rosées d'émotions et ses grands yeux bleu célestine mi-clos, troubles de sentiments, posaient sur lui un regard si langoureux, qu'ils transpercèrent le coeur de Sora de part en part tel un carreau d'arbalète...

Puis, soudain, la jeune femme se jeta sur lui en attrapant passionémment son visage entre ses deux petites mains tout en plaquant ses lèvres contre les siennes.

Ce fut tellement doux, ce fut tellement enivrant.

Sora sentit un agréable poids tomber dans le bas de son ventre tandis qu'un brasier dévorant montait jusqu'à ses joues. Puis, le choc passé, il ferma les yeux et s'abandonna tout à fait à ce tout premier baiser. Le jeune homme se délecta de la douceur des lèvres de Hayate glissant contre les siennes. Maladroitement et comme s'il avait peur de briser une poupée de verre, il entoura bientôt le buste de la jeune femme de ses bras tandis que les petites mains chaudes de cette dernière agrippaient les cheveux en pics en haut de sa nuque... Il pouvait enfin la toucher, la prendre dans ses bras! Et elle semblait partager son bonheur car elle répondait, comme par télépathie, à chacun de ses gestes.

Hayate finit pourtant par se reculer, à son grand dam. Sora, sentant ses joues en feu, rouvrit alors progressivement les yeux et dévisagea avec émoi le visage de sa bien-aimée en face de lui: les pommettes empourprées d'émotions, elle releva lentement ses paupières et le regard embrumé qu'elle lui rendit fit battre son coeur à milles à l'heure, à tel point qu'il crut même un instant qu'il allait exploser.

A cause du surplus d'émotions et de l'allégresse, Sora lâcha un petit rire d'enfant, qu'il regretta presque immédiatement tant il se sentit bête de sourire ainsi tel un nigaud. Mais Hayate ne se moqua pas de lui, au contraire: eIle plissa joliment ses yeux en lui rendant son sourire, puis lui prit à nouveau la tête pour apposer son front contre le sien, tendrement. Le jeune homme ferma les yeux, pour profiter de cet inespérable moment de sérénité. Puis elle finit par briser le silence:

"Sora… maintenant que tu es au courant de tout, je pense que… "

Elle le lâcha et se décida:

"Je dois tenir la promesse que je t'ai faite par lettre et t'écouter jusqu'au bout."

Sora hésita, mal à l'aise. Il se sentait idiot, mais il n'avait plus rien à dire. Plus rien à ajouter qui ne sonne pas "faux" à ses oreilles. Alors il posa la main sur son coeur, juste en-dessous de son collier en forme de couronne, et plaisanta gentiment:

"Tu...crois pas que la Fusion t'a déjà tout dit? C'est de ça, dont je voulais te parler..."

Hayate, prise au dépourvu, papillonna de ses paupières et rougit un peu en détournant le regard, profondément gênée:

"Je ne...suis pas sûre de le mériter…"

"Bien sûr que si!" la défendit Sora en serrant les poings de passion.

Reprenant à nouveau un masque plus sérieux, la jeune femme se releva lentement et fit quelques pas, se retrouvant dans un coin d'ombre de la pièce. Elle lui tournait volontairement le dos, sans doute pour lui cacher son expression faciale, et, bras croisés vers ses reins, elle commença, d'une voix douce mais néanmoins résolue:

"Sora, tu as le choix. Je dois te le donner, tu en as le droit. Tu peux encore décider maintenant de ne plus m'aimer, de renoncer à moi, et ainsi de te protéger de la malédiction de Kros. Ou tu peux décider de continuer à m'aimer, en étant conscient des risques que tu encoures par ce simple fait..."

Le jeune homme se releva avec lenteur, surpris par ce revirement de situation. C'était donc ça, le choix dont elle voulait parler dans la lettre… Il abaissa ses sourcils bruns de tristesse et, sa grande main gantée posée sur son coeur, il demanda d'une voix mélancolique:

"Suis-je obligé de...choisir?"

"Oui…" confirma Hayate sans grand entrain, ne lui laissant résolument voir que sa crinière rose.

Sora déglutit avec difficulté la salive coincée dans sa gorge nouée. Cette scène ne lui rappelait que trop bien un souvenir récemment retrouvé: le choix que Naminé lui avait imposé, dans ce même château, dans cette même position, de cette même manière… Il songea avec amertume qu'il était tout bonnement incapable de refaire ce que lui, fugacement, avait assimilé comme une erreur. L'Élu de la Keyblade serra donc sa main sur le tissu de son marcel sombre, faisant accidentellement apparaître le bas de la cicatrice visible au-dessus de son coeur, et expliqua, le regard fixé au sol:

"Haya… j'ai récupéré un souvenir. Un souvenir d'un choix difficile, comme le tien, et que je regrette tellement… Et du coup je sais à présent que…"

Sora releva un visage déterminé tout en fixant le dos de son interlocutrice et affirma, avec fougue:

"Il est hors de question que j'arrête de t'aimer. Je peux pas dire ça à mon coeur. C'est juste... impossible! Et…"

Sora fit une pause et inspira, sachant pertinemment le poids de la prochaine phrase qu'il allait prononcer:

"Plutôt mourir que de vivre sans toi."

D'un geste brusque qui fit virevolter ses cheveux saumonés, Hayate se retourna et, le visage profondément choqué, elle dévisagea Sora, mutique.

Un ange passa alors que la défenseuse observait l'Elu de la Keyblade avec un mélange d'étonnement, d'inquiétude et de respect. Puis un bruit particulièrement disgracieux vint briser le silence lourd de sens qui s'était instauré entre eux.

"VRRR- Riku à Sora. On vient de revenir à la septième porte.

Je peux savoir ce que vous fabriquez? -VRRR"

La voix moqueuse du jeune Maître de la Keyblade, grésillante à cause du micro du Commlinck, fit sursauter conjointement les deux jeunes tourtereaux. Alors que Sora décrochait le combiné, irrité par cet appel qui tombait au plus mal, Hayate alla calmement chercher une brillante carte blanche dans le socle au centre de la pièce. Après quoi Sora attrapa le téléphone spatial et, tout en appuyant sur sa fonction talkie-walkie, répondit avec une claire froideur due à son actuel sentiment de défaite:

"Sora à Riku. Ca fait un moment qu'on a fini la cinquième porte, mais il y a eu plusieurs… trucs pas prévus..."

Un court silence retentit avant que Riku ne reprenne, sceptique:

"VRRR- C'est pas le moment de faire une tea party. Ramène tes fesses. -VRRR"

" On avait besoin d'une pause figure-toi!" s'irrita l'Elu de la Keyblade.

Hayate s'empara soudain de la main de Sora (ce qui le fit légèrement rougir), le forçant à maintenir activé le bouton d'appel, et abaissa ses lèvres de sang vers le haut-parleur en ajoutant:

"De Hayate à sale avorton. On a eu un petit contre-temps: on s'est fait attaquer par une Chercheuse mais elle a minablement décampé alors que nous nous apprêtions à l'annihiler. PS: J'espère que tu as pris très cher avec ton défi. Terminé."

A nouveau, un court silence suivit l'envoi du message, après quoi la voix un peu plus passionnée de Riku répondit:

"VRRR- De Riku à la vieille peau. Ne prends pas tes désirs pour des réalités. PS: J'espère que tu as bien morflé durant ton défi et que je pourrai rire à ton sale nez boudiné. Termin-HEY!- VRRR"

Contre toute attente, ce fut la voix mélodieuse d'Iwako qui sortit de l'appareil cette fois-ci:

"VRRR- Comment ça une Chercheuse?! Mais vous allez bien?! Et qu'est-ce que vous attendez pour nous rejoindre?! -VRRR"

"De Sora à Iwa, on arrive! Terminé."

Après avoir rangé l'appareil téléphonique dans une des grandes poches de son pantalon sombre, le jeune homme aux cheveux bruns chercha sa compagne du regard. Hayate se tenait déjà à côté d'une sorte de plateforme basse et circulaire d'où émanait un étrange scintillement vert: un point de téléportation. Avec un nouvel entrain, Sora courut vers elle et attrapa sa petite main dans la sienne au moment de rentrer dans la colonne magique. Quelques secondes plus tard à peine, les deux Porteurs de Keyblade étaient de retour dans la grande salle de l'Escalier Jumeau, non loin de l'endroit où ils avaient jadis campé plus tôt dans la journée. Les figures familières d'un grand jeune homme aux puissantes épaules et d'une jeune femme longiligne aux longs cheveux soyeux apparurent bientôt devant eux. Iwako leur fit de grands signes de la main auxquels Sora répondit par le même mouvement, avant d'entraîner Hayate derrière lui, la menant aux escaliers où les attendaient le Maître de la Keyblade et la magicienne.

"Navré de te rappeler la mise, lâcha Riku bras croisés sur son large torse tout en toisant Sora du regard. Mais j'ai gagné. Je prends ton lit dès notre retour au vaisseau."

L'Elu de la Keyblade grogna tout en affichant une mine boudeuse: bien sûr. Riku gagnait toujours toutes les courses. C'était à se demander pourquoi il acceptait encore de concourir contre lui… Le jeune homme se prit le menton de la main et commença à réfléchir sérieusement à la question: peut-être qu'il avait perdu son grand lit. Mais ça valait clairement la peine, sachant que le temps de course qu'il avait "perdu" lui avait permis de passer du temps avec Haya et même! d'obtenir un baiser inespéré! En tentant de retenir un sourire orgueilleux, Sora réalisa qu'il venait de gagner une autre course contre Riku: il avait, contre toute attente, réussi à déclarer sa flamme à Hayate avant que lui ne le fasse avec Iwako! Gonflé de fierté virile, l'Elu de la Keyblade glissa plus profondément ses doigts entre ceux de la main de Hayate et lâcha à l'adresse de son meilleur ami, le plus calmement du monde:

"Ok t'as gagné. Tu peux le prendre. Mon lit."

Le jeune homme aux cheveux argentés décroisa imperceptiblement les bras sur son buste, et dévisagea Sora de ses grands yeux turquoise, comme s'il se demandait qui était la personne avec qui il était en train de converser. Ce fut à cet instant qu'Iwako ouvrit de grands yeux effarés en dévisageant Hayate et alla se planter devant elle, coupant de ce fait le face-à-face entre les deux jeunes hommes du groupe. D'une voix rapide et tout en fixant la joue de sa meilleure amie, elle lâcha alors un flot de paroles paniquées:

"Mais attendez c'est QUOI cette cicatrice sur ton visage?! C'est la fameuse Chercheuse qui t'a fait ça? Et c'était qui au juste?"

Après avoir effleuré sa cicatrice à l'aide de deux doigts incertains, Hayate répondit sereinement à Iwako:

"Oui, c'est bien la Chercheuse qui nous a attaqués...et qui m'a gratifiée de ce charmant cadeau. Elle s'est présentée sous le nom de "Arlène" et semblait vouloir régler ses comptes avec Sora…"

"Larxene, déduisit derechef Riku tout en fermant les yeux à ce douloureux souvenir. C'était le nom de son Simili. Sora l'a détruit dans ce Manoir… et elle n'est pas… particulièrement sympathique. De savoir que Xehanort en a fait un réceptacle n'est pas la meilleure nouvelle de la journée..."

"Ouais et c'est toujours une sale psychopathe, décida Sora en croisant ses bras sur son torse. Après, elle a quand même détalé à la fin du combat… si son pote était pas venu la sauver, pas sûr qu'elle aurait continué à se la ramener autant!"

"Son pote?" répéta Riku en rouvrant une paupière pour braquer un iris turquoise sur son meilleur ami.

"Il a un manteau de l'Organisation… se souvint Sora. Mais je sais pas si c'est aussi un Chercheur…"

"Dans tous les cas nous savons à présent que nous avons deux ennemis dans ce Manoir, déclara Hayate. Il nous faut rester sur nos gardes. Cette Arlène nous a pris par surprise…"

"Oui je vois ça! constata Iwako en relevant délicatement (et presque avec effroi) la mèche blonde ensanglantée de la jeune femme pour suivre la marque dans la chaire. La blessure était grave apparemment! Et avait touché l'œil… comment se fait-il qu'il n'ait rien?"

"C'est grâce à l'acharnement de Sora… expliqua Hayate en posant un regard doux et reconnaissant sur l'Elu de la Keyblade. Et à son don pour faire des miracles, même dans les situations désespérées…"

"Il était pas question que tu deviennes borgne par ma faute… la gronda gentiment le jeune homme aux cheveux bruns en la gratifiant d'un regard complice. Après tout, c'est moi qu'elle visait…Tu aurais dû me laisser prendre le coup."

"Sauf que tu oublies que je suis ton bouclier… se défendit la jeune femme en levant un menton faussement fier, par jeu. Combien de fois faudra-t-il que je te le répète?"

Sora et Hayate échangèrent un sourire silencieux, tandis que la magicienne passait du visage de sa meilleure amie à celui du jeune homme à ses côtés, comme si quelque chose d'extraordinaire était en train de se produire.

"Attendez une seconde vous deux…"

Alors que la soigneuse du groupe ne cessait de les dévisager, comme s'ils étaient de parfaits suspects, Sora ne put retenir un rougissement du haut de ses pommettes. Il sourit de toutes ses dents à sa meilleure amie tout en se passant la main dans ses cheveux en pics, comme pour lui dire qu'elle avait deviné juste. Après tout, Iwako était au courant depuis longtemps qu'il était amoureux de Hayate. Cette dernière, de son côté, avait juste détourné le regard et croisé les bras sous sa poitrine, gênée. Faisant alors sursauter Riku par sa spontanéité, Iwako explosa après quelques secondes de réalisation:

"C'EST PAS VRAI! Vous avez ENFIN décidé de vous révéler vos sentiments!"

Quelque peu mal à l'aise à cause la joie de la magicienne, Sora se gratta la nuque nerveusement tout en admettant, les paupières closes:

"Heu… on peut dire ça. On a fusionné du coup bah… on a profité pour parler un peu avant de revenir ici. De Kros et toute cette histoire."

"Ooooh une Fusion… chantonna Iwako tout en envoyant un clin d'œil à Sora. Bien joué..."

Après quoi la jeune femme aux longs cheveux bleutés se tourna vers sa meilleure amie et plaça ses fines mains blanches sur ses hanches en lâchant:

"Par contre je suis vraiment étonnée que tu aies accepté la Fusion Haya… qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis?"

Particulièrement empruntée, la défenseuse fit glisser ses yeux célestine dans ses orbites, qu'elle dirigea avec une once de honte, dans la direction de Riku. Sora et Iwako suivirent son regard et observèrent le jeune Maître de la Keyblade avec curiosité. Riku, décontenancé, fronça ses sourcils argentés, avant de comprendre et de s'exclamer, profondément choqué:

"Attends, tu es en train de me dire que tu m'as écouté?! Et que tu as suivi mes conseils?!"

"Et alors? se défendit Hayate en croisant dignement les bras sous sa poitrine pour toiser Riku du regard. Ne dit-on pas qu'il n'y a que les sots qui ne changent jamais d'avis?"

Devant l'air sidéré de Riku et la réaction faussement noble de Hayate, Sora finit par franchement éclater de rire, bientôt imité par ses amis. Lorsque leur hilarité fut retombée, et que l'Elu de la Keyblade eût mis une claque amicale de remerciements dans le dos de son meilleur ami, Iwako déclara, avec sincérité:

"Bon… je crois qu'il n'y a ENFIN plus de secrets entre nous, maintenant. Je dois admettre que ça me soulage beaucoup… je n'en pouvais plus de toutes ces situations!"

"Oui c'est vrai que c'était pas super cool, admit également Sora en jetant un bras devant lui, plat de la main ouvert vers le sol. Du coup je vous propose un truc: dès maintenant, on arrête les cachoteries, et on essaie de toutse dire, tousles quatre."

Le jeune élu posa des yeux bleu océan compréhensif sur Riku avant de préciser:

"Même si c'est une sale nouvelle…"

Il tourna ensuite son regard vers Iwako, et ajouta:

"Que ce soit un poids émotionnel qui nous alourdit le coeur…"

Enfin, il posa un doux regard sur Hayate et termina avec une pointe d'humour:

"Ou les paroles d'une vieille bique qui nous perturbent... Promis, les amis?"

Tandis que de tendres sourires apparaissaient sur les lèvres des trois autres Porteurs de Keyblade, Riku, Hayate et Iwako levèrent à leur tour leurs mains gantées pour les empiler, petit à petit, sur celle de Sora au centre d'un cercle qu'ils venaient de former, resserrant une fois de plus le profond lien d'amitié qui faisait de leur petit groupe, une étrange et pourtant attachante famille.

Chapitre empli d'espoir et un peu plus calme après le défi de Riku et Iwako, pour laisser le temps à nos héros de souffler avant la... septième et dernière porte du Manoir Oblivion!
Néanmoins, quelques informations sur Hayate ont été disséminées ici et là...
De même, certaines parties du dialogue entre Hayate et Sora ont été (volontairement) copiées mots pour mots d'un jeu KH... saurez-vous les reconnaître?