CHAPITRE 68

OOC : Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre. Si vous voulez laisser un review, cela me fera toujours plaisir. Sinon, c'est comme vous voulez. Cela ne change rien pour moi.

PS : La backstory de Mors/Helex ne vient pas de moi. Elle vient du comic accompagnant le jouet Mors/Helex de MMC.

Petit à petit…d'autres disparurent à nouveau.

Sept de plus. Sept qui disparurent de la navette dans laquelle ils avaient embarqué sous le commandement du capitaine Megatron.

« Pourquoi prendre Chromedome ? Pourquoi prendre Blaster ? Pourquoi prendre un seul d'entre eux ? »

Chacun essaya de trouver une explication rationnelle à ce phénomène tandis que d'autres commençaient à réellement avoir peur.

Près d'elle, Nautica fut témoin de la peur de Tailgate qui recherchait du réconfort auprès de Cyclonus :

- Tu es sûrement encore énervé contre moi mais tu sais ? Là, franchement, j'ai peur.

- Mon épée est étrange, déclara simplement Cyclonus, le ton bas.

- Ce n'est pas ce que je veux dire…cela me fait peur !

- On peut survivre à cela. On a survécu à Tyrest, après tout.

Cela donna l'idée à Nightbeat.

Ce dernier prit la parole devant l'auditoire, demandant à chacun son attention :

« Question à la salle : qui est forgé ? Qui est construit à froid ? »

Peut-être qu'ainsi, il serait en mesure de les catégoriser. Chacun d'entre eux. Peut-être que le phénomène visait l'une ou l'autre des catégories.

- Je suis construit à froid. De la première vague, en fait. Avant même que les gens décident qu'ils ont des problèmes avec les sparks placés dans des corps préfabriqués.

- Moi, je suis construit à froid mais de la seconde vague. J'ai été créé après le « Silver Harvest »…Quand ils ont découvert les réserves de sparks, répondit Getaway à son tour.

- Tu es un MTO, hein ? demanda Skids, se référant aux soldats faits pour l'ordre.

- Oui. Mon nom est Getaway de l'Incursion de Corcapsia.

Nautica fronça les sourcils, pensive.

Corcapsia…c'était une bataille. Mais Hound lui précisa que Getaway était nommé MTO après une campagne militaire qui a accéléré leur création.

Nautica tiqua. Cela signifiait donc…

Elle se tourna vers Megatron, perplexe.

- C'est étrange, non ? De nombreux Autobots te doivent la vie. Sans la guerre, ils ne seraient pas là.

Oui…Oui, elle savait que ses mots pourraient être mal interprétés.

Mais pour Nautica…c'était un fait. Megatron avait fait vivre ces Autobots. Même Ammo l'approuva.

Vint la question suivante : Megatron était-il forgé ou construit à froid ?

Quand Nightbeat lui posa la question, Megatron lui rétorqua sèchement que ce n'était pas ses affaires. Et que personne n'avait le droit de demander à un autre la manière dont il avait été créé.

Nightbeat commençait à conclure que les personnes enlevées étaient forgées…Et ils eurent presque tous cet espoir…Le début d'une réponse.

Jusqu'à ce que Ratchet le coupe et déclare que lui avait été forgé. Y compris ses mains de remplacement.

Il avait lu les dossiers médicaux de chacun…Et depuis, il savait précisément qui était né et qui avait été construit.

Donc…cette théorie ne tenait pas la route.

- …Qu'est-ce que j'ai raté ? soupira Nightbeat. Pense, pense, pense…

Ammo posa la question à Riptide, par rapport au programme en 10 étapes.

- Je ne me souviens pas avoir lu à propos d'un programme en 10 étapes, déclara Nautica.

- Ne sois pas trop excitée, répliqua Getaway. C'était juste une série de tests et d'examens sur les conditions de vie que les MTO devaient passer avant d'être déclarés « prêts pour le monde ». Le dernier se concentrait sur la culture littéraire : la philosophie Cybertronienne, l'art, la poésie…Les mots, les sentiments…

Ah. Un programme qui aurait potentiellement intéressé Firestar, pensa amèrement Nautica. Elle se serait vantée d'avoir accompli ce programme, l'art étant son domaine de prédilection.

Du point de vue de Getaway, cela paraissait plus ennuyeux qu'autre chose. Mais Riptide trouvait cela affreux, cachant son visage derrière ses mains en se remémorant les milliers de téléchargements qu'il avait dû subir.

Skids expliqua ensuite à Nautica qu'en raison du fait que le Haut Commandement désirait que leurs soldats combattent au lieu d'étudier, ils avaient réduit le programme à huit étapes puis à trois.

- Parce qui se soucie qu'un soldat né pour la guerre avec une espérance de vie de trois minutes puisse citer Dominus Ambus ou composer la Grande Mélodie Céleste ?

Ratchet s'assit près d'elle, curieux.

- Tu savais qu'un MTO a cent fois plus de chances d'avoir une expérience mystique qu'un Cybertronien normal ?

- Ce qui prouve…quoi, exactement ? lui demanda-t-elle.

- Que tu ne devrais pas faire confiance à tes sens quand ils sortent fraîchement de la boîte, soupira Ratchet amèrement.

Nautica croisa les bras, pensive, tandis que Ratchet poursuivait :

- Toutes ces personnes clament qu'elles ont aperçu sur le champ de bataille un long tunnel dans une lumière blanche, le visage de Primus dans un nuage, le Necrobot et son apothicaire mobile…Tous des symptômes, au sens neurologique du terme, de toi essayant de courir avant de marcher.

Ratchet et ses explications rationnelles…

Elle repensa vaguement à Drift…lui aurait trouvé une explication davantage spirituelle. Une explication que Ratchet se serait empressé de contredire.

Mais ils n'eurent pas besoin de Drift. S'ensuivit le débat sur le caractère spirituel ou scientifique de leur situation, de leur croyance, de leur Quête en elle-même…

Les Chevaliers de Cybertron…

- Sur Caminus, déclara amèrement Nautica, on appelait cela des données floues. Windblade dit—et j'adore ses mots—tu dois plisser des optiques pour le voir.

Windblade…

Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle ne l'avait pas vu.

Se fichant que quelqu'un l'entende, elle se laissa aller à ses émotions, se rappelant de cette époque.

Cette époque chérie, sur Caminus, avec ses camarades de classe…

La mission avec Windblade…

- J'aimerais qu'elle soit là, avoua-t-elle. Chromia aussi. Chromia serait aussi grincheuse que d'habitude mais…

Nautica secoua la tête, sa vision devenant floue.

- …Si je ne les revoyais plus…qu'est-ce qui se passerait ?

Avant même que tout ne devienne noir, elle sentit une main sur son épaule.

- …C'est maintenant, hein ?

Elle reconnut dans le noir la silhouette de Skids.

Et dans leur situation, cela lui procura un réconfort non dissimulé.


Puis, vint le tour de Cyclonus.

Ils le surent dès que Tailgate cria son nom.

« Cyclonus ! »

Oh non…cela continuait.

- Il a laissé sa Grande Epée derrière, constata Nightbeat.

- Où est-il ? Où est-il parti ? hurla Tailgate, hystérique.

- Que quelqu'un dise à Tailgate de se calmer, le rabroua Nightbeat tandis qu'il explorait les pistes.

Nightbeat ramassa un Pad, l'exposant aux optiques de tous.

- Désolé, Tailgate…Mais l'hystérie est l'ennemie des pensées rationnelles et…Pourquoi ai-je la sensation d'être observé ?

Ils ne comprirent pas.

Jusqu'à un œil immense apparaisse devant eux.

- …Pourquoi êtes-vous tous si minuscules ?

Cela leur procura un cri de surprise.

La forme…qui ressemblait à un organique, un humain plus exactement, selon les fichiers qu'avait étudié Nautica, commençait à se rapetisser, jusqu'à obtenir leur taille.

- Je te connais, déclara Megatron.

- Bien sûr, je suis Ultra Magnus, sourit l'organique. Sauf si tu te réfères à mon avatar holographique.

- Tu es un hologramme ? l'interrogea le capitaine, pour être certain de bien comprendre.

Ultra Magnus, ou du moins, l'hologramme, leur expliqua qu'il avait pu les atteindre grâce à une projection de cet hologramme, lui permettant de communiquer avec eux, sa navette étant proche de la leur.

Son hologramme était féminin, remarqua distraitement Nautica. Intéressant.

Megatron lui rapporta la situation, son ton étant bien moins assuré qu'en temps normal. Mais Ultra Magnus lui répondit que la situation était la même sur sa navette.

Des personnes disparaissaient sans laisser de trace…

- …Je ne sens plus mon propre corps…c'est étrange…

- Ultra Magnus !

L'hologramme n'ajouta rien de plus.

Il disparut à son tour.

Le silence tomba.

Ils ne voulurent pas y croire.

Pas lui aussi…

- Ok. C'est le bouquet final.

Nightbeat ne réfléchissait plus. Il n'élaborait plus aucune théorie.

Il ordonna à Ratchet de lui soumettre les données de chacun d'eux.

Toutes les données : religion, spark, affiliations, Conjunx Endura…

Il y avait sûrement une connexion quelque part !

Ratchet était sceptique : chacun d'entre eux allait disparaître, après tout.

Les derniers restants parlèrent tous en même temps, tout en examinant les dossiers de chacun.

- Il n'y a aucune connexion…On va tous disparaître à un moment donné, abdiqua Megatron.

Megatron…abdiquait comme ça ? Aussi facilement ?

Puis, la lumière disparut encore.


Lorsqu'elle revint, Skids était penché au sol, une expression dévastée et résignée sur son visage.

« A bientôt, Swerve », déclara-t-il. « Toi aussi, Tailgate. »

Non…

A son tour, Nautica se mit à paniquer.

Elle avait raison…ils avaient tous raison…

Ils allaient tous disparaître et…

Windblade….Chromia…

Même Firestar…Elle aussi, Nautica aurait aimé la revoir une dernière fois.

Cela lui aurait rappelé qu'elle était vivante.

Nightbeat remarqua que Ratchet avait disparu aussi, mais qu'il avait laissé ses mains derrière.

- …Techniquement, il s'agit de celles de Pharma, rappela Skids.

L'impatience à son comble, cette dernière disparition fut la goutte d'eau pour Megatron.

- Laisse tomber, grogna-t-il. Tu as échoué.

- Pardon ? cria Nightbeat, livide.

- Tu as échoué ! Même si tu résous le mystère, tout le monde a disparu. Tu l'auras résolu après !

A son tour, Nightbeat monta le ton.

- Au moins, j'essaie de comprendre ce qui se passe ! cria Nightbeat. Cela devrait compter, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?

Mais ils n'eurent pas le temps de poursuivre le débat plus longtemps.

Nautica les informa qu'ils étaient en approche d'Ofsted XVII. Megatron s'approcha d'elle, sa forme la surplombant derrière elle.

- Mais tu as l'air inquiète…Qu'est-ce qui se passe ?

Oui…Ils devraient être soulagés, soulagés de quitter la navette avant que ce calvaire ne se poursuive plus longtemps. Avant qu'ils ne disparaissent tous entièrement…

Mais…

Nautica ne répondit pas avec des mots.

Elle préféra le lui montrer d'elle-même.

- …Nous ne sommes pas arrivés les premiers.

Devant eux, le vaisseau de la Lost Light était réapparu.


Il était temps de reposer ces circuits…et d'apprécier un certain divertissement.

Cet endroit lui était familier.

Ou peut-être pas…

« Par Nora ! Depuis le temps que je cherche le bon transistor pour cela…maintenant, il a lâché ! »

Ce type…son casque avait la forme d'un guidon de vélo…

Ça y est. Il le reconnaissait.

C'était l'époque d'avant…

Avant de devenir Helex…mais après être né Crucible…

Mors.

Oui. Son nom d'emprunt. Mors.

« Juste au moment où cela devenait terrifiant », grimaça un autre, à l'apparence de samouraï.

Des voyageurs. Des Junkicons, pour être plus précis.

Il s'en rappelait. Hoswach et Cobblers. Il les avait rencontrés durant une promenade. Ils avaient établi un campement à l'extérieur de la ville.

Mors avait été attiré par la lumière et s'était approché d'eux. Il les avait rejoints, buvant leur energon.

« Il est temps de raconter un joli conte à notre invité. »

Cobblers retira le transistor et le remplaça par un tube.

Un tube brillant qui faisait office de lampe torche, leur procurant une douce lumière. Ils l'avaient placé au centre et les trois s'étaient assis autour.

Un sourire narquois traversait le visage du dénommé Cobblers.

Un conte…

Oh. Un conte d'horreur.

La nuit était rouge…les environs étaient déserts.

« Je me souviens…c'était durant une nuit comme celle-ci. Je m'en souviens comme si c'était hier ! » déclara Cobblers, échangeant de rapides coups d'œil en direction de son collègue, Hoswach.

Quel était son travail, déjà, autrefois ?

Sûrement trempait-il dans de sales affaires…Mais bon, il l'avait toujours fait.

Mors ne s'en souvenait pas.

Ce n'était pas la partie la plus intéressante de son passé.

Cela ne l'avait jamais été…

Mais pourquoi s'en rappelait-il maintenant ?

Mors s'était mis à bâiller.

« J'adore les histoires », soupira Mors. « Mais là, j'aimerais recharger…et immédiatement. »

Et il avait faim…

Il était fatigué et il avait faim.

« Allons ! Donne au vieux sa chance ! Il vient juste de commencer ! » ricana Hoswach.

« Vieux ? »

« Ok », abdiqua Mors. « Cinq astro minutes et après, je tombe. »

Cobblers poursuivit son récit.

Il raconta qu'un jour, avec son équipe, ils avaient quitté la ville afin d'explorer les recoins et de repousser leurs limites. Il avait été à la recherche d'un rouleau compresseur quand il se retrouva brusquement séparé de ses amis.

Au début, Cobblers n'avait pas fait attention. Il était trop occupé à rechercher ce qu'il voulait jusqu'à ce qu'il finisse enfin par le trouver.

Satisfait, il avait été sur le point de rejoindre son équipe.

Mais alors qu'il était revenu vers le point de rencontre, personne n'avait répondu à son appel. Personne ne l'y avait attendu.

Au début, il avait cru à une blague.

Mors avait senti chacune des émotions qu'il revivait au fur et à mesure que Cobblers racontait.

La satisfaction, l'incrédulité, l'agacement…

Ensuite, il y ressentit l'appréhension qui se transforma en angoisse…

Enfin, l'émotion qu'il appréciait ressentir le plus chez les autres : la peur.

La peur, puisque Cobblers raconta que ses camarades avaient disparu…

Et surtout parce qu'il avait trouvé sur son chemin des traces roses…

Des traces d'energon…

Il avait vraiment cru à une blague…

Mais non. Tout était réel.

L'energon, la disparition de ses camarades…cela ne pouvait être que vrai.

Quand bien même Cobblers aurait aimé que cela ne soit pas réel…que tout avait été le fruit de son imagination.

Mors se redressa, un sourire large sur les lèvres.

La partie qui commençait à être intéressante.

Alors qu'il s'était avancé vers la source de l'energon, Cobblers s'était mis soudainement à courir.

Plus il avançait, plus le spectacle infâme se dévoilait à lui.

Un horrible spectacle…

L'energon…

Les têtes de ses camarades, séparées de leurs corps, les optiques éteintes…

Les corps dispersés, l'odeur de l'energon lui atteignant les narines…

La tête de son cher camarade...Bizzo, son plus proche ami...

« …Vraiment ? c'est réel ? » lui avait demandé Mors.

Il parlait d'un conte…

Même si c'était juste un conte…quoique…était-ce vraiment arrivé ?

Cobblers avait voulu s'enfuir…

Ce fut à ce moment-là qu'il l'avait aperçu.

Le monstre.

Un monstre de la taille d'un tank aux quatre bras, couvert d'energon et de tripes, sans aucun visage.

Un monstre qui mangeait ses camarades.

Mors tressaillit malgré lui. Un bruit l'interpella derrière lui.

Mais…non. Ce n'était qu'un pétrohibou qui hululait, perché sur la branche d'un arbre.

Cobblers se leva. Il s'emporta dans son récit.

Il eut la malchance de marcher sur une branche…et le monstre s'était tourné vers lui, l'ayant aperçu.

Il s'était retourné vers Cobblers et alors que le samouraï avait fait rapidement demi-tour, criant, suppliant, appelant à l'aide à qui voulait bien l'entendre, l'ombre avait surgi dans son dos.

Cette ombre massive, violette, terrifiante…

Cette ombre avait agrippé le bras du samouraï…et le lui avait arraché.

L'energon avait giclé, il avait hurlé de souffrance…

Cobblers avait cru mourir…La vue de l'energon jaillissant tel un volcan, la vision de son bras séparé du corps…il avait juré s'être évanoui.

Une seconde.

Cela fut un miracle. Un miracle qu'il ait survécu.

Car le monstre était en train de dévorer son bras…et n'écoutant que son instinct de survie, la peur lui avait donné des ailes.

Cela avait été sa chance de s'enfuir. Abandonnant son bras derrière lui, il s'était transformé en son alt-mode et avait quitté les environs.

Le monstre n'avait pas cherché à le rattraper…peut-être avait-il eu assez d'energon ?

Mais Cobblers eut énormément de chance, cette nuit-là.

Il avait survécu…Au prix de son bras et de la perte de ses amis.

« …Fin de l'histoire. »

Le silence était tombé.

« …Super histoire », l'avait complimenté Mors en souriant, usant ses quatre mains pour l'applaudir.

Il le méritait.

Il était un conteur dans l'âme.

« Héhé, tu vois, je te l'avais dit », ricana son camarade.

Sympathiques, mais condescendants.

Mors n'aimait pas cela. Il n'aimait déjà pas cela, à l'époque.

Le sourire de Mors avait brusquement disparu.

- Et ton bras ? avait-il demandé, le ton plus sombre.

Parce qu'à l'heure actuelle, Cobblers en possédait deux.

Pas un seul.

Il lui déclara qu'il s'agissait de parties supplémentaires que lui avait fourni Hoswach au casque de guidon.

C'était la manière dont ils s'étaient rencontrés.

Satisfait, Mors s'était allongé.

Ensuite, Cobblers, exténué, s'était retiré pour rejoindre sa tente, prêt à recharger.

Allait-il recharger après une telle histoire ?

Non…

Personne ne pouvait recharger après une telle histoire.

Et surtout…Mors avait faim.

Très faim.

Cobblers abandonna Hoswach et Mors pour s'allonger dans sa tente.

Quelques heures plus tard, des cris le réveillèrent soudainement.

En ouvrant les optiques, la vision de ses souvenirs le tétanisa de terreur.

Un cauchemar ?

Non. La réalité.

A l'extérieur de sa tente, le samouraï put apercevoir une silhouette féroce, rampant au sol, les optiques luisant dans le noir.

La même que dans son histoire…

La même silhouette que celle du monstre qui lui avait arraché le bras…

Cobblers hurla.

Tout de suite, Mors le rejoignit hâtivement, tenant quelque chose dans son dos.

« C'est moi » le rassura Mors, un grand sourire aux lèvres.

Au début, le samouraï ne réagit pas. La bouche ouverte, incrédule, il contempla Mors, sans changer d'expression.

Puis, il poussa un soupir de soulagement.

« Oh bon sang ! Merci, Nova. J'ai cru que…c'était cette chose qui venait me chercher. Et m'envoyer au Allspark dans d'atroces souffrances. Au fait, où est Hoswach ? »

Plus un son.

Mors marqua un temps.

« …Tu ne m'as pas laissé finir ma phrase. »

Son sourire s'agrandissait, une lueur sinistre et prédatrice brillant dans ses optiques.

Il était tombé dans son piège.

Ils étaient tous tombés dans son piège.

« …Pour Hoswach, il est juste là. »

Mors dévoila ce qu'il cachait derrière son dos.

La tête de son camarade.

Cobblers blêmit. Les lèvres tremblantes, il balbutia, la confusion, l'incrédulité et la terreur pouvant être lues sur son visage, les émotions défilant l'une après l'autre.

Mors avait gagné.

Il sauta sur Cobblers et lui agrippa le corps.

Cette fois, il ne s'échapperait pas.

« Ne t'inquiète pas ! » le rassura Mors, son rire tonitruant résonnant dans la nuit. « Vous serez très bientôt réunis ! »

Et à son tour, il lui arracha la tête pour le dévorer.


Helex fut tiré de sa recharge par un coup de canon. Un son qui lui parut si lointain…

Le géant aux quatre bras sentit une migraine lui oppresser le casque. Alors qu'il se redressait péniblement, il observa autour de lui.

Une cellule…

On l'avait enfermé dans une cellule…sans barreaux, sans fenêtre…

Juste des murs autour de lui.

« …Tesarus ? » appela-t-il, la voix basse.

Où était-il ?

Tarn…Tesarus…Nickel…

Où étaient les autres ?

Personne ne lui répondit.

Pourtant, il entendait des sons au travers des murs.

Des chuchotements…

Des rires.

Helex se souvenait des organiques. De Valak, de la Black Block Consortia qui les avait tous capturés et enfermés !

Ils avaient été enfermés par des organiques !

Helex gronda. Le réveil fut radical. Il en oublia sa migraine et commença à tambouriner les murs en poussant des hurlements, furieux.

« Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi ! » répéta-t-il rageusement.

Personne n'intervint.

Helex continua de frapper, encore et encore, usant ses quatre bras en même temps.

« Ouvrez-moi ! »

S'il pouvait contacter quelqu'un...Il essaya par le biais de la communication de contacter Tesarus ou Tarn ou Nickel...

Rien n'y faisait. Le système était brouillé...les murs étaient apparemment trop épais pour pouvoir établir une connexion.

Les rires s'amplifièrent.

Helex serra les poings. Il voulut se transformer en son alt-mode pour enfoncer la porte.

Mais quand il essaya, rien ne se produisit. Il demeurait ostensiblement dans sa forme robot.

Qu'est-ce que...

Il réessaya. Mais il n'y arriva aucunement.

Il resta dans sa même forme. Il fut incapable de se transformer en tank.

Non...On ne lui avait pas...On ne lui avait pas retiré son T-cog!

Helex effectua une nouvelle tentative.

Rien.

Apparemment, si. On le lui avait bien retiré.

Fou de colère, Helex poussa un hurlement avant de frapper le mur encore et encore.

La haine brûlante, il menaça :

« J'étais un monstre qui dévorait les voyageurs autrefois ! Sitôt que je sors d'ici, je vous montrerais précisément pourquoi j'étais si craint ! »

Il donna un nouveau coup fort, faisant trembler les murs.

« Ouvrez-…OUVREZ-MOI ! »

Il s'arrêta brusquement.

Il entendit une voix.

Une voix faible l'appeler. Mais il l'entendit.

- …Helex ?

- Tesarus ? répondit Helex.

Au moins, son camarade était vivant.

Mais dans ce cas…

- Où est Tarn ? Et où est Nickel ?

Il n'évoqua pas le turbofox.

Qui se souciait de ce turbofox, à part comme arme de destruction ?

- …Je l'ignore, répondit seulement Tesarus.

Il fut incapable de prononcer autre chose.

Brusquement, les portes de la cellule d'Helex s'ouvrirent.

Sur un organique. Un cloporte de l'espèce de la Black Block Consortia.

Il portait sur son visage un masque à gaz.

Quand il apparut devant lui, fier et hautain, Helex grogna.

- …Je vais vous tuer.

- Soyez heureux. Vous venez tout juste d'être choisi pour le combat suivant.

Helex devinait que l'organique souriait derrière son masque.

- Votre leader a massacré tous ses adversaires. En quelques minutes. Voyons s'il en sera de même pour vous.

- Je vais vous tuer ! répéta Helex.

Il poussa un hurlement strident.

Alors qu'il allumait son four, il bondit sur l'organique, prenant son élan pour l'écraser.

Un gaz lui fut aspergé à la figure.

Aveugle, Helex luttait pour garder les optiques ouvertes, se les frottant frénétiquement afin d'évacuer la douleur.

- …Maintenant, vous allez obéir à votre fonction, robot.

Helex ne put même pas lui rétorquer d'aller se faire foutre.

Il s'écroula sur le sol, la respiration sifflante.

- Conservez vos forces pour le match, lui conseilla l'organique, faussement condescendant tandis qu'Helex perdait connaissance.

Vermines…

Vermines…cloportes…insectes…

Helex n'entendit plus rien.


Profitant de l'entracte entre deux combats, Valak avait quitté son trône pour rejoindre la cellule du leader de la DJD, escorté par plusieurs gardes qui marchaient en rang derrière lui, prêts à dégainer au cas où la situation se présenterait mal.

Ses conseillers lui avaient averti de ne pas le provoquer et le leader de la Black Block Consortia était conscient des risques…

Mais la situation avait été trop tentante.

Tarn avait gagné. Il avait éradiqué tous ses adversaires sans canon, en se servant juste de l'épée qu'il avait ramassé. Les autres mécaniques n'avaient eu aucune chance.

Être leader de la DJD procurait déjà un net avantage…Mais Tarn n'avait pas hésité à massacrer sa propre espèce pour survivre.

Cela illustrait sa monstruosité. Parce que c'était ce qu'il était, pour les organiques.

Un monstre, un animal en soif de sang.

Le public avait hué quand Tarn avait été le dernier debout, son épée couvert d'energon à la main, qu'il avait jeté par terre. Bien sûr, il n'avait pas prêté attention à la foule. Tarn était au-dessus de tout cela.

Non. Son attention ne s'étant jamais détournée du leader organique. De Valak lui-même.

Non. Pas une seule fois, il ne l'avait quitté des optiques. Même lorsque le gaz avait été déversé, Tarn n'avait pas cessé de le regarder.

Valak n'aurait pu deviner l'expression qu'arborait le leader de la DJD derrière son masque, ni même ses intentions.

Il ne le connaissait pas assez pour le savoir. Il savait que Tarn était quelqu'un avec une réputation féroce et impitoyable. L'un des plus redoutables serviteurs de Megatron, l'ennemi public numéro 1 de la Black Block Consortia et du Conseil Galactique.

Mais Valak voulait l'étudier plus en détails. Il souhaitait savoir ce qui l'avait rendu aussi fort. Il souhaitait connaître sa vie.

Et par-dessus tout, il souhaitait connaître ses pensées, son état d'esprit. Ce qu'il ressentait à l'heure actuelle : de la fatigue ? Du dépit ? Du désespoir ?

N'importe quelle émotion. Les mécaniques les croyaient « véritables ». Les organiques, Valak compris…ils les percevaient comme manufacturés.

C'était des machines. Il n'y avait aucune véritable émotion.

« Seigneur… » l'interpella un garde.

Il paraissait apeuré. Valak le rassura en souriant avant de s'approcher doucement de la cellule.

Tarn se tenait à l'intérieur. Suspendu par des fils métalliques, prostré en avant, son menton était plaqué contre sa poitrine. Il était désactivé à l'heure actuelle. Telle était la procédure quand les mécaniques n'étaient pas au combat.

Valak entra. Il le contempla vaguement pendant quelques secondes, avant de se diriger vers le moniteur auquel étaient reliés les fils. Lentement, il composa la combinaison pour le ré-activer.

Les optiques de Tarn se rallumèrent. Il se réveilla en grognant, tournant la tête dans tous les sens comme pour se défaire d'une douleur à la nuque.

Valak savait qu'il ne risquait rien. En cas de problèmes, les gardes avaient pour ordre d'activer la puce implantée dans le processeur de Tarn.

Lui…Comme pour tous ses camarades.

« Enfin réveillé ? » l'accueillit Valak en souriant.

Tarn cligna des optiques, le dévisageant sans lui répondre.

Il effectua un mouvement pour se débattre, mais il ne chercha pas à en faire plus. Manifestement, il était conscient de ce qui l'attendait s'il luttait.

« Impressionnante performance, Tarn. Vous n'y êtes pas allé de main morte. Le public était furieux mais bon. On ne peut pas lui en vouloir. Il s'agit de votre réputation. La prochaine fois, les paris seront lancés. Je suis sûr que beaucoup parieront sur vous. »

Tarn le contempla d'un air las derrière son visage.

- Cela vous amuse ? lui demanda Valak. D'avoir massacré ces pauvres mécaniques qui étaient dans la même situation que vous ? Des mécaniques qui étaient "terrifiés" à l'idée d'exploser.

- Comme cela vous a amusé, non ? lui répliqua Tarn, fatigué. De nous voir nous entretuer. Pardon. Pas entretués. De me voir les massacrer pour votre jeu.

Valak ricana.

- Mais pourquoi devrais-je ressentir une quelconque empathie pour vous et votre espèce, Tarn ? Vous êtes des machines ! Seulement des machines, avec des fils et du carburant. Vous n'avez même pas de coeur, de chaire. Vous êtes au même titre que les voitures, les trottinettes et les avions que nous utilisons. Qui se soucie de voir des machines s'entretuer ? On est juste là pour retenir le plus performant.

Il marqua un temps.

- Megatron est une machine redoutable, mais nous finirons par l'éliminer. Lui comme tous ses serviteurs.

- Il vous attend avec impatience. Il vous écrasera comme de vulgaires moucherons.

Valak s'approcha lentement de lui, ignorant les interpellations d'un garde qui le conseillait de reculer.

- Là. Comme je le disais. Vous n'avez même pas peur de la mort. Cela confirme mon hypothèse. Vous n'avez pas de véritables émotions. Pas des émotions naturelles, du moins.

- Parce que je n'ai pas peur de la mort ? lui rétorqua froidement Tarn. Voyons. Je suis un soldat. Un soldat fervent à la Cause. J'ai appris à dépasser cette crainte de la mort il y a longtemps.

- Là, encore…vous parlez comme si vous ressentiez réellement.

Valak haussa les épaules.

Intéressant échange.

- Soyez ravi. Vous survivrez jusqu'au prochain combat. Il viendra bien assez tôt, soyez sans crainte.

- Je trouve cela ironique.

- Ironique ?

Tarn acquiesça.

- N'est-ce pas vous qui critiquiez les arènes de gladiateurs de Cybertron ? Megatron les critiquait aussi. Mais il s'est élevé contre ceux qui l'oppressaient. Par contre, vous…vous faites comme nous. Vous en jouissez.

- Est-ce la raison pour laquelle vous n'avez pas peur ? Parce que vous connaissez déjà le principe ? Vous avez été gladiateur, autrefois ?

Tarn marqua un temps.

Il répondit par la négative.

- Non. Vous auriez dû prendre un vrai gladiateur, si vous avez souhaité du spectacle. Overlord, par exemple. Un gladiateur capricieux, mais en soif d'energon. Il vous aurait plu. Mais moi… Je n'ai pas vécu dans une arène. Contrairement à d'autres. J'étais savant à l'Académie d'autrefois. Et je suis conscient que j'ai été plus privilégié que d'autres. Mais Megatron a combattu. Il était plus fort, plus fort que le monde ne pouvait espérer.

- Et donc ?

- Je me dis que si Megatron a survécu, je survivrais aussi. Rien que pour porter ses mots. Rien que pour le voir triompher de votre espèce inférieure et sale.

Aux insultes, maintenant.

Valak en jouissait. Il y était habitué, de toute manière.

- Vous aimez Megatron.

- Je ne le nie pas, admit Tarn placidement.

- Vous le considérez comme un dieu. Pourquoi donc ?

- Et vous ? Pourquoi votre espèce vous considère-t-elle comme un dieu ?

Valak posa les mains sur ses hanches.

- Parce qu'ils ont besoin d'un dieu à suivre. J'ignore si vous connaissez le principe des organiques qui habitent sur Terre…

- Les humains ? Je les connais partiellement. Mais ils ne méritent pas mon attention.

- C'est dommage. Vous vous proclamiez savant.

Valak précisa. Cela ne lui déplaisait pas de faire un cours sur les espèces organiques, de toute manière.

- Les humains avaient autrefois un Pharaon, dans les temps antiques. Un Pharaon était considéré comme un dieu sur Terre. Il règnerait sur son royaume et ses mots auraient parole d'évangile. A sa mort, il rejoindrait les autres dieux, laissant ses héritiers devenir dieux sur Terre à son tour.

- …Et donc ?

- C'est le principe ici. Je suis dieu sur Ataglan. Et quand je mourrais, mes enfants prendront ma place lorsque mon règne s'achèvera.

Tarn demeura muet.

Ecoutait-il ? Etait-il intéressé ?

Valak ne saurait le dire clairement.

- …Je vois.

- Je suis un véritable dieu. Mais votre soi-disant Sauveur, Megatron…il n'en est rien.

- Et pourquoi votre espèce serait supérieure à la nôtre ? soupira Tarn.

- Vos émotions ne sont pas réelles, Tarn. Elles sont juste manufacturées et vous vous plaisez à croire qu'elles sont véritables pour vous permettre de fonctionner. C'est plutôt mignon et poétique. La machine qui se découvre des émotions. Mais nous ne sommes pas dans une fiction. Il est temps que vous l'acceptiez.

Valak laissa les bras retomber le long de son corps.

- Un dieu doit protéger son peuple.

- Capturez Megatron et placez-le dans une arène. Il se libérera lui-même de ses chaînes. Il l'a fait une première fois. Il le refera.

Valak pouffa.

- Oh mais si j'en ai l'occasion, c'est ce que je ferais. Mais vous serez coincé dans la même arène que votre Sauveur. Il vous massacrera aussi. Comme vous avez massacré les autres machines.

- Dans ce cas, j'accepterais ma mort avec plaisir. Je mourrais en tant que Decepticon.

- …Vous êtes bien trop endoctriné, Tarn. Vous percevez Megatron comme un dieu. Un faux dieu mécanique. C'en est presque pathétique.

- Je suis agnostique. Et je peux en dire de même pour vous et vos fidèles.

Un sourire put être lu derrière son masque.

- Mais au moins, Megatron n'a pas à répéter qu'il est un dieu pour que d'autres le perçoivent comme tel. Contrairement à vous.

Celui de Valak s'évanouit de plus belle. Il pouvait ordonner à ses gardes de le frapper. De l'électrocuter. De lui lancer de l'acide au visage.

Mais il ne s'abaisserait pas à son niveau.

- …Puisque vous n'avez pas d'émotion…Cela ne vous fera rien de savoir que l'un de vos camarades, Helex…a été appelé à l'arène à l'heure actuelle.

Tarn ne répondit pas immédiatement.

Il finit par détourner le regard.

- …Helex est fort. Il fera comme moi. Il les massacrera tous. Il était un monstre qui dévorait les voyageurs qui s'aventuraient sur son territoire autrefois. Vous avez tort de le sous-estimer.

- Oh, mais je ne le sous-estime pas.

- Alors, qu'est-ce que cela vous apporte ? soupira Tarn.

- …J'évalue simplement vos forces respectives.

Un monstre dévoreur de voyageurs ?

Et Tarn avait réussi à dompter une machine pareille ?

Oui…Impressionnant. Mais était-ce Helex, le véritable monstre à l'heure actuelle ?

- Dans ce cas, je vous conseille de ne pas sous-estimer les mécaniques en général. Surtout pas la DJD. Et si vous comptez nous désactiver…

- La Black Block Consortia désactive les machines, c'est vrai. Mais…parfois, si on leur trouve un intérêt, on peut les utiliser.

- Voyons, donc.

- On les utilise comme des objets. Je vous l'ai dit. Vous êtes au même titre que les voitures ou les vaisseaux pour nous. Pour notre compte.

- Je mourrais bien avant que vous ne m'utilisiez comme tel, Valak. Soyez sans crainte.

- Oh…Mais vous n'avez pas besoin de me le promettre. Et je vous utilise déjà. Là. Ce match, ces combats…juste du divertissement pour nous, les organiques.

Ah…Un frisson parcourant l'échine de Tarn.

Valak avait pu obtenir une faible réaction.

Satisfaisant. Très satisfaisant.

- Je vous réserve des plans particuliers. Un honneur pour vous, la DJD…Après ce que vous avez fait, ce n'est qu'un retour de bâton.

- Dans ce cas, Megatron vous renverra l'ascenseur. Si ce n'est pas pour la mort de la DJD, cela sera pour la mort des mécaniques que vous avez massacré. Un exemple ? Prion.

Valak chercha dans sa mémoire.

Prion…Prion…

- Vous ne vous en souvenez même pas, grinça Tarn avec un ton que Valak aurait perçu comme étant méprisant s'il avait été organique. Vous y avez massacré et anéanti des civils aussi. Il n'y a pas que nous qui sommes des monstres, Valak.

Cela le déconcerta. Que Tarn ose le mettre dans le même panier que lui.

- …Pourquoi me soucierais-je de machines ? Si cela avait été des êtres organiques, croyez-moi. Je m'en serais souvenu.

Valak fit signe à ses gardes.

Il était prêt à repartir.

Mais il avait toutefois une dernière chose à dire.

- Helex réserve donc un beau match ?

- …A vous de voir.

- C'est pareil pour vos autres camarades ? Ils sont tous aussi forts que vous ?

Etrangement, Valak vit Tarn se raidir légèrement à cette dernière interrogation.

Tiens…il ne paraissait pas être aussi indifférent au sort de ses collègues mécaniques.

- Dommage que vos deux autres camarades soient morts. Ceux que vous avez perdus contre nos forces conjointes avec le Conseil Galactique. J'aurais aimé voir leurs prestations.

Tarn cligna des optiques à cette remarque.

- …Ne me parlez pas de mes camarades, répondit-il, le ton sourd.

- Ah bon ? Et pourquoi ne le devrais-je pas ?

- Je n'ai pas de raison à vous donner.

Son ton léger avait disparu.

Il s'était brusquement tendu.

- Pourquoi ? Vous êtes triste ? Vous avez perdu des camarades à cause de votre incompétence et vous osez être triste ?

Tarn se mura à nouveau dans le silence. Lentement, il abaissa le regard.

Mais Valak n'en avait pas fini.

- C'est à cause de vous s'ils sont morts.

- Non…grogna Tarn, le ton devenant bien plus hostile et menaçant. Ils sont morts à cause de vous. C'est vous qui les avez tués.

- Vous étiez leur chef. Un vrai chef protège ses subordonnés. Peu importe l'espèce. On ne vous a pas appris cela au commandement ? Quel genre de chef êtes-vous, Tarn ? Pas un bon, en l'occurrence. Et vous osez reporter la faute sur moi ? Sur l'ennemi alors que vous les avez envoyés à la mort ? Vous vous en rendez compte ou non?

Tarn garda les optiques rivées au sol.

- Vous savez quoi ? grinça Valak, désignant le captif mécanique du doigt, accusateur. Megatron serait si intelligent, il vous aurait retiré le commandement. Car ils sont morts et c'est de votre faute.

- …Non…

- Ils sont morts et c'est de votre faute, Tarn ! Et parler, communiquer avec vous ne fait que me confirmer que les mécaniques n'ont aucun sentiment, aucune compassion. Et cela, c'est le moindre de ce que vous avez fait. Vous auriez de vraies émotions, vous ne vous regarderiez même pas dans un miroir.

Etrangement, cela l'avait mis en colère.

Cela le mettait en colère que Tarn, un boucher au service de Megatron qui s'en était pris à son espèce organique, osait prétendre à un soi-disant deuil pour ses subordonnés tombés quand il n'avait aucune émotion et compassion pour les autres, même pas envers sa propre espèce.

- …Et vos camarades survivants suivront. Un par un, acheva Valak alors qu'il se retirait de la cellule tandis qu'un garde s'approchait du moniteur pour le désactiver temporairement, le temps qu'il revienne au combat.

Il avait des projets pour eux. De grands projets.

Et s'il pouvait se débarrasser de la DJD et ainsi, envoyer un message à Megatron…cela ne serait qu'une victoire de plus de la Black Block Consortia.


Alors qu'il marchait à travers les couloirs pour rejoindre les gradins et assister au match suivant, il fut surpris de voir Leviathan l'attendre à l'extérieur.

« …Leviathan ? Tu étais supposée m'attendre ! » la réprimanda doucement Valak alors qu'il la rejoignait.

Alors qu'il entourait ses épaules de ses bras, il conduisit sa fille jusqu'à leur trône.

- Papa…A qui tu parlais ? lui demanda Leviathan, curieuse.

Valak lui adressa un sourire.

- Je ne faisais que les derniers préparatifs pour le prochain match. Je pense que cela sera intéressant.

Ils reportèrent leur attention sur l'arène.

Ils conduisaient les machines à l'intérieur, ces dernières encore désactivées, les préparateurs attendant le signal pour effectuer la combinaison afin de les rallumer. Parmi elles, le dénommé Helex, qui dominait les autres machines de toute sa hauteur.

- …Tu ne voudrais pas une de ces machines pour ton Jour de Création, ma chérie ? Tu pourrais en utiliser une comme véhicule qui te conduirait à l'école, sourit Valak. Ou bien pour jouer de la musique ? Qu'en dis-tu ? De la musique pour t'endormir le soir.

Leviathan prit une mine sombre.

Il connaissait cette expression. Son père se tourna vers elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je veux juste que maman soit là.

Ah.

Désemparé, Valak se contenta de soupirer. Il se sentait toujours impuissant quand ils abordaient ce thème.

- Leviathan…tu sais que c'est impossible.

Sa mère était morte i peine quelques mois.

Elle n'avait pas encore fait le deuil de cette dernière. Lui non plus, d'ailleurs. Et il soupçonnait qu'Asmodée ait mis corps et âme dans la guerre pour s'évader lui-même.

- Je veux maman. Ou une maman. N'importe laquelle. Tu avais dit que tu m'en trouverais une, répéta Leviathan.

- C'est trop tôt, Leviathan. Tu le sais.

- Oui…mais quand je vois les autres avec leurs mamans…ça me le rappelle tous les jours.

Discrètement, Valak se pencha vers elle pour lui serrer doucement l'épaule.

De toute façon, il allait devoir se remarier. Pour avoir d'autres héritiers, si possible.

Mais pas tout de suite…Pas maintenant.

- Profite du match, ma chérie. Elle aimerait que tu profites.

Sa fille hocha simplement la tête.

Valak et elle se reconcentrèrent en silence sur le match.

Il envoya le signal. Les machines furent activées.

Elles étaient du nombre de huit…et elles étaient toutes prêtes à combattre.

Helex ouvrit les optiques…et il poussa un rugissement de rage alors qu'il fonçait vers l'extérieur pour enfoncer les entrées et pénétrer dans les gradins.

Il avait la soif de tuer.

Tant mieux, pensa Valak. Cela serait un bon spectacle.

Peut-être pas aussi intéressant qu'avec Tarn…mais agréable quand même.

Les gardes étaient prêts à lui jeter le gaz en guise d'avertissement. Valak se leva et étendit les bras, prêt à réciter son discours habituel :

« Notre peuple a été massacré par les mécaniques. Sous les ordres de Megatron. Puissant dictateur qui a annoncé une guerre sainte contre l'univers, au nom d'une soi-disante supériorité de la race mécanique. »

Helex releva la tête vers lui, furieux.

« Chacun de nous a perdu un proche. Un proche de la main de ce tyran. Ils ont joué avec nous, se sont amusés avec nous. Mais aujourd'hui…On peut se venger. On peut s'amuser avec eux. »

Il s'adressa ensuite aux organiques.

« Ou vous vous battez, ou j'active la puce qui anéantira vos processeurs. Vous mourrez tous. Celui qui aura décimé les autres, celui qui sera le dernier debout, aura le droit de survivre jusqu'au match suivant. »

Derrière lui, la foule était à nouveau en extase.

Les huées se mêlèrent aux applaudissements, aux « Valak, notre dieu » qui recouvraient la salle toute entière.

Leviathan se pencha en avant, les optiques écarquillées de curiosité et d'intérêt.

« Que le meilleur gagne », acheva Valak. « Je déclare donc le combat…ouvert. »

Le coup de canon fut donné.

De la hauteur où il se trouvait, Valak put apercevoir Helex lui adresser un rictus sadique.

Il finit par se détourner des gradins pour se diriger à grands pas vers les autres combattants.

L'un des mécaniques s'était placé à genoux, les mains jointes.

Il priait. Sûrement une fausse divinité mécanique.

Cela ne le sauverait pas. Helex leva l'un de ses poings massifs, poussant un hurlement de guerre.

Sans état d'âme, il traversa le casque du robot.

Valak savait déjà qu'il serait vainqueur. Il était trop puissant pour les autres.

Des monstres, effectivement, pensa Valak.

La DJD…tous autant qu'ils étaient.