Sortis de l'Unterwelt Express par un égout du centre de Glasgow, ils avaient fini par arriver à la destination proposée par Sirius, en pleine nuit ce qui avait facilité les choses.
Les enfants s'étaient dispersés dans l'aire de jeu intérieure tandis que Nepthis, Angela et Remus protégeait le restaurant en créant l'illusion qu'il avait été incendié et en érigeant une barrière de sortilèges. Angela avait même mis en place un sortilège « repousse sorciers » fonctionnant exactement comme un sortilège repousse moldus.
En conséquence, c'était Jaody qui avait été mandaté, aidé de Livia, pour aller faire quelques courses nocturnes dans le supermarché qui jouxtait le fast-food. Sirius, lui, avait suivi Joy aux cuisines et les deux s'en étaient donné à cœur joie, aidés d'Eris qui avait exigé de pouvoir ouvrir les sachets de salade et de Sebastian qui s'était donné pour mission de saler les frites.
Jaody et Livia étaient bientôt revenus avec tout ce qui était nécessaire pour un bébé (y compris un lit-parapluie), Nephtis s'était empressée de s'occuper de Marcus qui, le pauvre, avait été éprouvé par les dernières heures du voyage. Une fois changé et rassasié, le petit garçon s'était profondément endormi dans le petit lit.
Quelques heures plus tard, alors que la plupart des enfants, rassasiés par une salade-nuggets et quelques frites sommeillaient sur les tapis de l'aire de jeu, la supérieure Angela qui s'était assise à une table pour veiller s'agita soudainement. Nephtis, allongée entre Eris et le lit de Marcus, la vit sortir un miroir de sa poche et le regarder avec des gestes fébriles.
- Federica ? Appela l'Allemande d'une voix tremblante, tandis que la vieille femme, Jaody, Sirius et Remus se levaient et s'approchaient, soudain inquiets.
Le visage de sa cousine apparut immédiatement. S'il était marqué par deux cicatrices et si elle semblait épuisée, elle était en revanche bien vivante et Angela distingua derrière elle la forme massive d'Hagrid qui faisait rouler un rocher à quelques mètres :
- Ne me dîtes pas où vous êtes ! L'avertit cependant Federica. Si nous étions pris cela pourrait vous être fatal !
- Tu es vivante !? S'écria Angela incrédule, les larmes perlant à ses yeux.
- Oui, répondit Federica. Mais plus pour très longtemps si les centaures percent nos défenses. J'ai urgemment besoin de ton aide.
- Que se passe t-il ?
- Nous avons fui Poudlard avec Hagrid et Graup.
- Vous avez fui Poudlard ?! Que… Comment ?
- Une longue histoire que je te raconterai plus tard, répondit Federica qui semblait ne pas avoir une seconde à perdre. Nous sommes partis par le territoire des centaures, seule issue praticable. Et nous voilà dans la montagne. Seulement, ils nous ont repérés avant que nous n'ayons quitté leur zone et nous sommes acculés sur une zone escarpée.
- Somme-toute, une posture plutôt délicate…
La tentative d'humour d'Angela ne pouvait suffire à dissiper la tension, Federica poursuivit :
- Tu peux leur faire passer un message en temps qu'ambassadrice ? Je vais essayer de descendre vers eux et parlementer. Je pense que je suis la seule qu'ils écouteront sans la tuer d'abord. Du moins peut-être.
- Bien-sûr que je peux ! Répondit Angela et se reprenant. D'autant que j'ai des choses très intéressantes à leur dire si c'est la tribu de Bane. Tu pourras leur montrer le miroir. Avance-toi vers eux à découvert, les mains levées et en tenant le miroir au dessus de ta tête, dis que tu veux parler au chef, puis fais comme si tout ce que je dis ne t'étonnait pas. S'ils ne te tuent pas sans somation, cela a une chance de fonctionner.
De l'autre côté du miroir, Federica acquiesça, encore plus pâle qu'au début de leur conversation :
- J'y vais, dit-elle.
Par l'ouverture du miroir, Angela la vit se redresser et elle sortit de la caverne en tenant le miroir à bout de bras au dessus de sa tête. Elle vit aussi un bout du visage de Rubeus Hagrid, puis la pente abrupte aux pieds de laquelle les centaures attendaient, prêts à tirer. Pour l'instant, elle était encore à l'abri des blocs, mais cela ne durerait pas.
- Ne me tuez pas ! S'écria Federica à leur adresse. Je ne suis pas armée et j'ai un message pour vous !
Elle passa au dessus des rochers que Hagrid avait empilés et s'avança, à présent totalement à découvert. Derrière elle, la voix de Graup retentit :
- Dika…
Le géant avait prononcé ce mot d'une voix déchirante, comme s'il s'inquiétait pour la sorcière. Par le miroir, Angela scrutait les alentours, cherchant le chef de la troupe de centaures. En reconnaissant Bane, elle grimaça d'angoisse car elle connaissait ses positions très arrêtées. Federica, elle, ne se démonta pas face à son regard peu amène.
- Stop ! Lui ordonna le centaure alors qu'elle se trouvait à mi-chemin.
Obéissant, elle s'arrêta au milieu de la pente à la merci des tirs des centaures. Bane fit un geste de la main en direction de sa troupe, aussitôt deux centaures baissèrent leur arc et vinrent la saisir, lui confisquant le miroir. Ils l'auraient sûrement cassé si Angela ne s'était écriée à travers :
- Conduisez-moi à votre chef !
Un peu incrédules, les deux centaures traînèrent Federica et le miroir jusqu'à Bane.
Celui-ci les attendait de pied ferme en bas de la pente :
- Une fille Gobeplanche, dit-il avec mépris en la reconnaissant. Que fais-tu avec ce balourd de Hagrid ?
Federica répliqua sans se démonter, en désignant le miroir du menton :
- Je vous apporte un message du Parlement européen des Créatures magiques.
Elle ne risquait pas de lui dire qu'elle sollicitait leur permission de traverser les terres centaures : cela aurait été du pur suicide étant donné qu'ils se trouvaient déjà au cœur du territoire. Bane ne répondit pas immédiatement et elle eut le sentiment qu'il la sondait au plus profond de son âme.
- Tu as été mordue récemment par un loup-garou, fit-il remarquer.
- Oui, c'est quelque-chose d'évident, répliqua t-elle en essayant de dissimuler sa peur croissante.
Pour toute réponse, il lui saisit le menton et le souleva :
- Fenrir Greyback ? Demanda t-il.
- Oui, répondit Federica.
- Je reconnais bien là sa faàon de procéder et il est étonnant que tu aies survécu. Mais soit. Il est également notre ennemi car il s'est mis en tête de transformer certains de nos enfants et en a attaqué deux, ce qui les a tués.
La sorcière ne répondit rien, parler aurait été dangereux en de telles circonstances, elle le sentait. Soudain Bane saisit le miroir et le regarda avec dédain :
- Qui me demande ? Gronda t-il.
- Angela Walter-Klein, ambassadrice du Parlement européen des Créatures magiques, répondit la voix d'Angela dans le miroir. J'ai une information à te donner.
- Donne-la moi alors, répliqua Bane.
- Chef Bane, répondit Angela. Le Ministère de la magie britannique s'apprête à déployer des détraqueurs à la limite ouest de ton territoire, cela dans le but de complaire aux accromentules. Ils agiront vers la fin du mois d'avril, juste avant la ponte.
Bane poussa un rugissement de fureur :
- Comment le sais-tu ? Vociféra t-il dans le miroir.
- Des informations ont été divulguées par d'autres créatures, lors de notre dernière session de chambre, répondit Angela. Aucune annonce officielle bien sûr, mais tout indique que votre territoire sera bientôt amputé une nouvelle fois. Il semblerait que le Seigneur des Ténèbres ait un intérêt particulier à s'attirer les bonnes grâces des accromentules. Peut-être simplement pour pouvoir envahir Poudlard en cas de besoin, peut-être aussi dans un autre but. Quoi qu'il en soit Bane, ta tribu court un grave danger, tout comme les êtres de l'eau du Lac Noir.
A l'évocation des détraqueurs, Bane avait tressailli et Federica n'ignorait pas pourquoi. S'ils étaient de farouches guerriers et de redoutables archers, s'il maîtrisaient de nombreuses formes de magie, les centaures étaient à la fois démunis et particulièrement vulnérables face aux détraqueurs car ils ne pouvaient rien faire contre eux.
Angela cependant poursuivait déjà :
- Je te propose une alliance Bane. Ma cousine Federica est une sorcière et elle sait les repousser. Aide-la et laisse la vivre sur ton territoire car elle a besoin d'un refuge. En échange elle combattra à vos côtés.
- Qui me dit que tu ne mens pas ?
- Ceci, répondit Angela. Je suis ambassadrice du Parlement, et en temps que telle je sais que depuis la venue de Dolores Ombrage à Poudlard, tu as eu maille à partir avec les détraqueurs.
Elle avait retenu l'attention du centaure qui la laissa poursuivre :
- Dès le début de l'automne 1995, tes éclaireurs t'ont signalé la présence de quelques unes de ces créatures autour de tes terres. Puis, lorsque Firenze a rejoint Poudlard, ta tribu a été frappée d'une première attaque d'ampleur, des représailles de toute évidence. Des détraqueurs ont envahi la partie nord de ton territoire, forçant un clan à fuir. Tu l'as seulement dit au Parlement car tu craignais le ministère, mais la seule femelle de ce clan a succombé à l'attaque des détraqueurs et tu nous as également dit craindre qu'elle n'ait été visée en particulier.
- Que m'avez-vous répondu ? Demanda le chef centaure d'un air soupçonneux.
- Que les détraqueurs étant incapables de discerner mâles et femelles, si la chose devait s'avérer vraie il vous fallait craindre que les mangemorts, ou en tout cas des sorciers, soient derrière tout cela. D'où notre recommandation de vous allier à Dumbledore.
- Qui est mort, lui fit remarquer Bane sur un ton cinglant. Mais c'est bon, tu as ma confiance. Je cacherai ta cousine, et ce balourd de Hagrid peut rester dans le massif, à condition de maîtriser un peu son frère.
Il se tourna vers les deux centaures qui tenaient Federica :
- Emmenez-la chez le clan de Wallian, dit-il. Avec l'autre sorcière.
L'autre sorcière ? Mais de quoi pouvait-il bien parler.
Federica se laissa emmener sans histoire, mais en se demandant sérieusement ce que cela voulait dire. Les centaures n'étant pas précisément connus pour laisser la vie sauve aux sorciers qui passaient sur leur territoire.
