Au début, tout marche à la perfection. Pour une fois, les prêtres, les magiciens et les guerriers travaillent tous à l'unisson, unis par la même volonté de chasser les Asgardiens de leur royaume une fois pour toutes.
Pour un moment, Laufey ne peut s'empêcher d'éprouver une bouffée de fierté. C'est lui qui a fait ça.
Et puis, tout va de travers.
Personne de rationnel n'irait volontairement interrompre un rituel en cours, pour la bonne et simple raison que le risque de mourir ou d'être atrocement mutilé par le déchaînement des énergies incorrectement contenues n'en vaut vraiment pas la peine. Mais voilà, les Asgardiens sont trop demeurés, trop ignorants en ce qui concerne la sorcellerie pour s'en soucier, et l'irruption de leur armée sur le site suffit à briser la concentration. Eux commençant à massacrer les ritualistes n'arrange rien.
Et le pouvoir du Coffret explose dans l'air.
Les Asgardiens sont durement touchés, bien sûr – le rituel visait à les anéantir, il reste suffisamment d'infrastructure dans le sort pour ça au moins – mais les godi et les ividjur étaient trop près, incapables de se défendre à temps, et nombre d'entre eux crient d'agonie et de détresse alors que leurs entrailles congèlent et que leurs visages volent en éclats.
Laufey perçoit tout cela comme un après-coup, car lorsque les Asgardiens sont arrivés, c'est avec Odin fils de boucher à leur tête, et seul un roi peut tuer un roi – ce n'est pas seulement une question de prestige, car les peuples des Neuf Mondes tendent à imbiber leurs monarques d'une force sans commune mesure avec celle des roturiers. Et donc, Laufey seul peut affronter Odin.
Pour tous ses défauts, l'Asgardien combat bien, Laufey doit le lui concéder, même s'il est petit et trop lent pour esquiver le coup qui lui arrache l'œil. Ça tombe sous le sens, sa race n'existe que pour ça, la guerre et le combat.
Et Laufey succombe.
Alors qu'il perd conscience, il sait qu'il ne va pas mourir, mais peut-être aurait-ce été préférable. Car il peut apercevoir les pitoyables dépouilles des godi et des ividjur et des guerriers, et il sait que des milliers d'autres jonchent la neige et la glace, qu'il faudra des siècles et des millénaires pour que Jotunheim se remette de cette guerre – ce conflit qu'il a provoqué.
Il a fait ça.
