CHAPITRE 81
La Lost Light, dixième sous-sol à la morgue
Silencieusement, Megatron contempla le cadavre de Trailcutter étendu devant lui, la lumière ayant quitté ses optiques depuis longtemps.
Les medics avaient réussi à réassembler son corps, au moins pour lui accorder de décentes funérailles. Au moins pour lui redonner un semblant de dignité…
Quand ils les avaient retrouvés, l'état de Trailcutter n'avait pas été beau à voir.
Megatron repensa amèrement à leur dernière entrevue. Leur dernier échange.
Trailcutter…Trailcutter avait tellement de potentiel.
« …Félicitations. Je n'aurais pas imaginé te trouver ici. C'est vraiment bien le dernier endroit où tu devrais être. »
Megatron se retourna lentement vers le nouveau venu.
Bien sûr. Rodimus se tenait devant la porte, les bras croisés, l'expression furieuse.
Mais Megatron n'avait aucune envie de s'attarder davantage, de se disputer avec le co-capitaine de la Lost Light.
- …Vas-y, je t'en prie, lui déclara-t-il, le ton sombre. Dis que Trailcutter est ma faute…Parce qu'il a été tué par « ma » DJD.
- Dans des circonstances normales ? Ouais, grogna Rodimus. C'est exactement ce que je dirais : TU as tué Trailcutter, et tu as failli tuer Bluestreak, Mainframe et First Aid.
Non. Non, c'était faux.
La DJD l'avait tué et avait failli tuer les autres…La DJD obéissait à la Cause, non à Megatron.
- Ton super petit fanclub a tenté de les atomiser dans leur navette…ou a au moins essayé. Un geste d'adieu avant de rentrer à la Montagne de Megatron, ou peu importe le coin merdique où ils vivent, continua Rodimus.
Megatron endura. Il savait. Il savait tout cela. First Aid, Bluestreak et Mainframe étaient revenus avec le corps démembré de Trailcutter.
First Aid avait éclaté en larmes et Megatron avait su à quoi il pensait. A quoi ils pensaient tous.
Trailcutter…Une nouvelle victime de Megatron, responsable de la création de la DJD.
Nautica avait conduit First Aid dans sa chambre pour le calmer. Actuellement, le médic de la Lost Light rechargeait.
Il ne se sentirait pas mieux à son réveil…
- Toi et moi, reprit Rodimus, plus calme et moins fâché, nous avons besoin de nous asseoir et de parler des répercussions. Mais pas maintenant. Maintenant…On a des problèmes plus immédiats.
Oui. Il connaissait lesquels.
L'espion Decepticon.
Brainstorm.
Ils sortirent de la morgue et marchèrent à travers les couloirs, côte à côte.
- Brainstorm a essayé de tuer tout le monde. Peut-être qu'il a eu vent du fait que tu m'as averti qu'il était un agent double Decepticon parce que, quelques heures après, il a rencontré Swerve et…Wham !
Megatron soupira.
Il ne parlait pas la langue de Rodimus.
- S'il te plaît, précise le « wham ».
- On pense qu'il a saupoudré les réserves d'engex avec un poison. Quand il a ouvert sa valise, il a activé le poison.
- Mais…personne n'est mort, lui rappela Megatron.
Rodimus secoua la tête. Cela n'atténuait pas la gravité de l'acte.
- Non. Parce que le Lost Light Insider avait raison : Swerve dilue ses boissons. Même maintenant, tout le monde a été désactivé, sauf nos résidents abstinents.
Rung. Ultra Magnus.
- Selon le pistolet désintégrateur qu'on a trouvé plus tôt, Brainstorm savait déjà lequel des deux présenterait une menace.
Rodimus acheva son histoire tandis qu'ils entrèrent dans le laboratoire de Brainstorm.
- Le temps qu'Ultra Magnus, ou plutôt Minimus, sorte de son armure, c'était trop tard : notre tueur à venir était déjà parti.
- Parti où ? lui adressa Megatron. Où est-il ? Il n'a pas pu aller bien loin.
- En fait, Meg, je crois qu'il est à quatre millions d'années en arrière.
Megatron écarquilla les optiques.
Il n'y croyait pas…Avait-il bien entendu ?
- Dis-le encore.
- On pense…Ou plutôt, Perceptor pense qu'à cause de l'équipement qu'il était sur le point de te montrer, tout suggère que Brainstorm est remonté dans le temps.
Remonter dans le temps ?
Mais c'était…impossible. Non. Presqu'impossible.
Et surtout, extrêmement dangereux.
Megatron chercha ses mots.
Pour la première fois, Rodimus le toisait avec compassion, que Megatron aurait pu interpréter comme étant de la pitié.
- …Cette conversation est ridicule.
A la place, il explosa :
- VOUS êtes ridicules ! Tout ce qui s'est produit ces derniers jours, tout cela est intensément ridicule ! Six mois dans cette quête…Six mois ! Et pas un jour, non, une heure, où je puis me permettre de m'extraire de ce cirque ! Et rappelle-toi bien, avec toutes les roues de ta tête, que je suis ici de ma propre volonté ! Je ne suis pas emprisonné dans un fichier piège tendu par Optimus Prime ! Pourquoi chercher les Chevaliers de Cybertron, au juste ? Pourquoi reporter mon procès ? Je suis déjà puni ! Ici, c'est ma punition ! Toi, ce vaisseau ! Cette vie !
Il avait besoin d'évacuer cela…
Tout, depuis le début…La disparition de ce vaisseau, la disparition de ses camarades, les actes atroces de la DJD, Rewind qui revenait d'entre les morts…
La mort de Trailcutter…
Il se moquait bien de se placer en victime. Et il se moquait bien de blesser Rodimus entre temps.
Il sentit une main réconfortante sur son épaule.
Ultra Magnus.
- …Tu te sens mieux ? lui demanda-t-il doucement.
- …Oui. Je m'excuse, répondit-il en se couvrant le visage, se sentant penaud.
- Pas de problème. Sur ce vaisseau, un pétage de plomb est le rite de passage.
Rodimus baissa la tête en retour.
- Donc qui est au courant par rapport au voyage de Brainstorm ? le questionna Megatron.
- A part nous trois…Et Perceptor. Même si…J'imagine que vous n'étiez pas seuls quand vous avez découvert l'allégeance de Brainstorm ?
- Non. Mais on a demandé aux autres de ne rien dire le temps qu'on enquête davantage.
Ultra Magnus acquiesça.
- Très bien. Il vaut mieux ne pas alarmer le reste du vaisseau.
Il restait toutefois un problème.
- Comment on va expliquer l'incident chez Swerve ? lui rappela Megatron.
- Un peu de mauvais Engex. Cela arrive.
Megatron le foudroya du regard.
- Ecoute, je n'aime pas mentir ! Mais quelle autre alternative avons-nous ? Dire à l'équipage que l'un de leurs amis et a échappé à la justice en remontant dans le temps ?
Le co-capitaine n'était pas d'accord.
- Je crois que les deux évènements sont reliés. Mais pas dans le sens que tu le penses : Brainstorm n'a pas sauté dans le temps…
- « Sauté dans le temps », ricana nerveusement Rodimus.
- Brainstorm n'a pas sauté dans le temps pour échapper à la justice pour avoir essayé de tuer tout le monde : il a essayé de tuer tout le monde pour être libre.
C'était le scénario le plus plausible.
Personne pour l'arrêter, personne pour être un obstacle…
Mais le fait qu'il ait mis Nautica en danger…Le fait qu'il ait mis Perceptor en danger…
Pourquoi ?
- Mais pourquoi quelqu'un voudrait-il remonter dans le temps ? s'écria Ultra Magnus.
- Tu es sérieux ? Je suis un agent double Decepticon avec une machine dans le temps. Après quatre millions d'années à se battre, c'est soudainement game over et je suis dans l'équipe perdante. Qu'est-ce que je fais ? soupira Rodimus.
Megatron acheva l'hypothèse de Rodimus, d'un ton grave :
- …Je remonte dans le temps et je modifie le score.
« Je suis le fondateur du mouvement Decepticon. Je l'ai commencé… »
« …Et je suis sur le point d'y mettre un terme. »
Dans la salle commune, un seul sujet de conversation. Les mots de Megatron étaient sur toutes les lèvres des membres de la DJD.
Eparpillés chacun dans les quatre coins de la pièce, l'équipe (sans Tarn, qui était resté enfermé dans ses quartiers), discutait de la signification du discours du Créateur du mouvement Decepticon qui était sur le point de toucher à sa fin.
Quoique…il semblerait qu'il avait déjà touché à sa fin. Nickel, recroquevillée sur elle-même, écoutait les suggestions de chacun :
« …Si ça se trouve, c'est juste une ruse ! » proposa Tesarus.
« Megatron ? Abandonner la Cause ? Cela n'a pas de sens ! » se lamenta Helex qui buvait un cube d'energon.
« Mais apparemment, c'est le cas. Tout le monde semble persuadé que Megatron a bel et bien abandonné la Cause », répondit Kaon alors qu'il caressait la tête du turbofox.
Vos croisa les bras, amer. Il approuvait Kaon : de toute manière, ils avaient toujours dit qu'ils arrêteraient quand Megatron dirait que la guerre serait finie.
Aujourd'hui, elle était finie.
- Oui. Finie. Cela a toujours été une possibilité. Mais on s'attendait à ce que Megatron gagne la guerre et règne sur toute la galaxie pour répandre le mouvement Decepticon, grogna Helex. Pas à ce qu'il y mette fin comme…ça.
Nickel ferma les optiques, essayant de ne montrer aucune émotion.
Elle venait à peine de recevoir son insigne Decepticon…Et le jour d'après, on lui disait que le mouvement était terminé. Par la main même du Créateur de la Cause Decepticon… ?
C'était…difficile à avaler. Pour elle, mais encore plus pour les autres qui avaient consacré leur vie à cette Cause.
- …C'est dégueulasse, gronda Tesarus.
- Tess ! Ton langage, le reprit Nickel sans conviction.
- Je m'en fous. Tu es aussi grossière que moi. C'est dégueulasse qu'il fasse cela ! Il a fondé ce mouvement ! Il a fondé la Cause ? Et ça y est ? On balaie 4 millions d'années d'un revers de bras et on fait comme si on n'a jamais existé ? Comme si rien n'avait existé ?
Vos approuva. Lui aussi était d'accord.
- Quitte à mettre fin au mouvement, soupira Helex, autant le faire d'une meilleure manière. On est la DJD. Je crois qu'il aurait pu…Je ne sais pas. Nous contacter ? Nous prévenir ? Surtout qu'il a le numéro de Tarn !
- Je vous jure que quand j'ai appris que ce n'était pas du fake et que tout cela était bien réel, je me suis senti débile, se lamenta Kaon. Parce qu'apparemment, tout le monde dans cette galaxie était au courant, à part nous. On a l'air des derniers des abrutis, maintenant.
- Et résultat des courses : personne ne nous prendra au sérieux, renchérit Tesarus.
Nickel inhala, exhala. Il fallait qu'elle se calme.
- Il n'a pas le droit, répondit-elle.
- Bah…techniquement, si, remarqua Kaon. Il est le Fondateur. Il est la Cause. Donc, il a le droit d'y mettre un terme.
Tesarus jeta un coup d'œil aux statues de Megatron, qui se tenaient encore debout dans la salle commune.
- …Laissez-moi le remercier à ma façon, gronda-t-il avant de plonger sur la première statue pour la faire tomber au sol, causant un léger tremblement de terre autour de ses camarades.
- Ouaf ! glapit le turbofox.
- Attends, je t'aide ! lui lança Helex alors qu'il attaquait la seconde.
Les trois autres les toisèrent, blasés, quoique personne ne chercha à les arrêter. Tesarus fit sauter la tête de la statue d'un coup de poing tandis que Helex broyait l'autre en usant tout le poids de son corps.
Vos grimaça. Il leur indiqua que le plus important était la question suivante : qu'allait-il advenir de la DJD ?
Qu'allait-il advenir de leur groupe ?
- …Je n'y avais pas pensé, répondit Kaon, pensif.
- Bah, la chose la plus logique est qu'il nous dissolve, non ? fit Helex alors qu'il frappait « Megatron » à coups de poings.
Donc…qu'ils soient éparpillés aux quatre coins de la galaxie ?
Que chacun jette son insigne et qu'ils trouvent autre chose à faire comme activité ?
Nickel se couvrit le visage.
Ils parlaient de sa famille, là. De leur famille.
- Peut-être que Galvatron acceptera nos services ? Il a l'air balèze sur Terre, proposa Kaon.
- Pff. Galvatron ? Ce type n'est rien du tout. Juste une pâle copie de Megatron, rétorqua Tesarus.
- Tarn n'acceptera jamais non plus, releva Helex. Galvatron n'est pas la Cause. C'est Megatron qui est la Cause.
- On ne va pas dire que je n'ai pas proposé de solution.
Kaon laissa les bras tomber le long de son corps.
Il tourna son regard vers le Chien.
- …Je pense que je vais suivre mon idée.
- Ton idée ? grimaça Nickel, n'étant pas sûre de comprendre.
- Je prends le turbofox et je pars explorer la galaxie. En mode aventurier solitaire avec son Sparkeater. Des livres seront écrits sur mes exploits.
Vos le toisa, blasé.
- Ouah. Belle opportunité de carrière, Kaon, le rabroua Nickel. Je penserai que tu viserais plus haut.
- Bah…Si Kaon veut faire cavalier seul, moi aussi, renchérit Helex. Je n'aurais qu'à redevenir le grand méchant monstre qui effrayait les voyageurs et les dévorait. Cela ne mange pas de pain et je continuerai ma carrière de cette façon. Je continuerais d'être effrayant.
Tesarus haussa les épaules.
- Moi, je n'aurais qu'à rejoindre Zamak. M'installer dans sa colonie. Vivre dans les contrées glaciaires, me nourrir de pétrogazelles…
- Tu en connais beaucoup, des pétrogazelles qui vivent dans le froid ? se moqua Kaon.
- Bah, la colonie de Zamak trouve bien un moyen de survie. Je m'adapterais.
- Sauf qu'eux, ce sont des Insecticons.
- Raciste, lui lança Tesarus, buté.
- Pas envers les mécaniques, le reprit doucement l'aveugle.
Vos déclara à son tour qu'il redeviendrait certainement scientifique. Il devait sûrement ne pas manquer d'offre d'emploi dans ce domaine.
- Et toi Nickel ? Qu'est-ce que tu ferais ? lui adressa Tesarus avec curiosité.
Nickel ferma les optiques, sans répondre.
Tout le monde paraissait déjà avoir leurs propres projets.
- Les emplois de medic ne manqueraient pas, lui signala Kaon. Tu pourrais certainement trouver un emploi dans une clinique ou un hôpital.
Vos l'informa que si elle le désirait, elle n'aurait qu'à l'accompagner. Après tout, leurs professions respectives avaient des similarités.
Oui…C'était tentant, mais…
- Oh, c'est mignon ! plaisanta Kaon. Vos a besoin de sa mama pour qu'elle lui raconte une histoire le soir avant de recharger.
Vos siffla de colère en retour.
- Vous croyez que Tarn va nous verser des indemnités ? se demanda Tesarus.
- Ce n'est pas drôle, Tess.
Nickel jeta un coup d'œil en direction de la porte.
Tarn ne venait toujours pas.
- …Il doit être en train de réfléchir, déclara-t-elle à voix basse. A la suite. A ce qu'on va devenir.
- Tu n'as pas envie d'être séparée de lui, commenta Kaon une nouvelle fois.
La Minicon leva les optiques.
- Je n'ai pas envie d'être séparée de vous tous. Vous, par contre, ça n'a pas l'air de vous déranger plus que ça. Vous avez déjà vos projets en tête et vous voyez déjà la DJD dissoute.
- Et que faire d'autre ? On ne sait même pas si on récupérera nos vrais noms, souffla Helex.
Oui.
Peut-être qu'il marquait un point. Mais…la DJD était redoutable ensemble.
Pourquoi est-ce que cela devait se terminer comme ça ? Se finir aussi rapidement ?
- …Ce n'est pas qu'on s'en fiche, justifia doucement Kaon. Mais…on préfère prévoir. Au cas où.
- Mais…moi, je n'ai nulle part ailleurs où aller, reprit Nickel, la voix tremblante.
La réponse de Vos fut sans appel.
Comme chacun de nous. Personne n'a nulle part ailleurs où aller.
« Brainstorm avait besoin de quatre choses pour mettre son plan en action », déclara Perceptor tandis qu'il suivait les capitaines à travers les couloirs. « Une machine de temps, le moyen de la réaliser, le moyen de traverser l'espace et le temps et… »
Cela faisait du bien d'avoir un autre scientifique qui connaissait le sujet.
- J'imagine que la machine de temps est la valise, non ? conjectura Rodimus.
- En fait…
Perceptor ouvrit la porte et désigna la pièce d'un tour de bras.
- …Elles le sont toutes.
Une pièce remplie de valise…Toutes ayant la même apparence que celle que portait Brainstorm continuellement.
Megatron se prit le casque, livide.
- …Elles sont toutes connectées ? l'interrogea-t-il, la voix éteinte.
- Oui. Elles font partie de la même machine, déclara Perceptor. Elles ont toutes l'air d'être vides mais les composants sont cachés dans le mur. Brainstorm en a prit une avec lui…La valise de contrôle et la seule qui a de l'importance. C'est celle qui est connectée à ici et maintenant.
Rodimus croisa les bras, un sourire narquois sur son visage.
- Et comment va-t-il voyager dans le temps ? Les machines quantiques ?
- Correct. Une connexion télécommandée.
- Héhé, je le savais. Je suis chaud, aujourd'hui.
Megatron leva les optiques. Cela n'avait rien de drôle.
Perceptor expliqua ensuite que Brainstorm avait connecté la machine à son propre spark, par mesure de sécurité. Ce qui signifiait que seules les personnes avec un spark compatible pouvaient voyager dans le temps.
- Tu as dit qu'il y avait quatre choses ? Quelle est la quatrième chose ? lui rappela Megatron.
- L'objectif de Brainstorm n'est pas d'achever une machine de temps. C'est le fait qu'il ait trouvé un chemin vers un piège paradoxal, expliqua Perceptor.
Rodimus lui demanda des explications. Personne ne comprenait.
Pour Perceptor, si Brainstorm voulait changer l'histoire pour que les Decepticons gagnent la guerre, cela signifierait qu'en y succédant, il modifierait également le présent. Et en faisant cela, il ne serait jamais dans une position lui permettant de créer une machine temporelle.
Alors, comment serait-il capable de revenir dans le temps et aider les Decepticons à gagner ?
Il s'agissait du paradoxe.
Ainsi, la machine temporelle de Brainstorm ferait en sorte de résoudre le paradoxe en conservant leur ligne de temps, la ligne de temps originale, le temps que la nouvelle se crée. Afin que cela ne puisse PAS être brisée.
Mais ensuite, à un moment donné, cette réalité disparaîtra.
- Mon point est que cette ligne de temps peut déjà être compromise, remarqua Perceptor. La nouvelle serait déjà enclenchée, quoique d'une manière dure à percevoir.
- Mais dans ce cas, Brainstorm ne peut-il pas créer une seconde ligne de temps à côté de la nôtre…Comme un univers parallèle ? Allô ? Je ne peux pas être intéressé par la magie ? Je ne suis pas juste capitaine de vaisseau et constructeur de Rodpod.
Perceptor secoua la tête.
- Désolé, Rodimus, mais la théorie d'univers parallèle a été démentie il y a des années. C'est une fausse piste et par conséquent, ils n'existent pas.
Ultra Magnus soupira.
Que fallait-il faire, alors ? Désassembler la machine ? La faire sauter ?
Perceptor leur déconseilla de faire quoi que ce soit : détruire la machine coincerait Brainstorm dans le passé et cimenterait chacun des changements qu'il aura effectués.
- Donc…On s'asseoit et on attend que notre ligne de temps devienne complètement obsolète ? s'écria Ultra Magnus, l'inquiétude devenant apparente dans ses optiques.
- On fait comme d'habitude, fit Rodimus, plus sérieux et déterminé qu'il y a quelques minutes. On le pourchasse.
- Dans le temps ?
- Yep.
- Alors, on aurait besoin de notre propre valise de contrôle, déclara Perceptor.
Megatron jeta un coup d'œil sur le côté.
- …On en a une. Nighbeat l'a trouvée l'autre soir.
Ultra Magnus grimaça.
- Je comprends que chacun soit excité, mais ma question est : qu'est-ce que Brainstorm va faire ? Ok, il va vouloir faire en sorte que les Decepticons gagnent, mais comment une seule action peut changer le déroulement de la guerre ? On a été en guerre pendant quatre millions d'années…Durant tout ce temps, quelle action a pu empêcher les Decepticons de gagner ? Quel obstacle Brainstorm cherche-t-il à éliminer ?
Rodimus se tourna vers le leader Decepticon.
- On a un expert, ici. Megatron, que peut faire Brainstorm pour que les Decepticons gagnent la guerre ?
- La réponse est évidente. Quatre millions d'années.
Megatron répondit, le ton sombre :
- …Il va essayer de tuer Orion Pax.
Ce n'est pas qu'on s'en fiche. Mais…on préfère prévoir. Au cas où.
Dans la salle de contrôle, Vos maintenait le cap sur Messatine tandis qu'assis sur le siège du copilote, Kaon déroulait la Liste sur un écran supplémentaire.
« Cela fait du bien d'être de retour à la maison. »
Même si, dans d'autres circonstances, Kaon aurait sûrement été plus heureux que cela.
Vos approuva du chef silencieusement. Kaon appuya sur un autre bouton avant de reculer sur son siège, les bras croisés sur sa poitrine, l'expression déçue.
« …En fait, à quoi cela sert ? Si Megatron a mis fin au mouvement, quel intérêt de conserver la Liste ? Elle devient obsolète. »
Vos lui répondit qu'il n'aurait qu'à voir cela avec Tarn.
« Quand il aura quitté ses quartiers, peut-être. »
A moins qu'il ne compte s'y enfermer éternellement.
Kaon soupira avant de se tourner vers Vos. Il s'était levé de son siège et, debout, il contemplait l'espace à travers le cockpit.
Lentement, l'aveugle se leva à son tour pour s'approcher de lui et se placer à sa droite. Silencieusement, ils demeurèrent dans cette position pendant quelques minutes, sans rien dire, ni échanger un mot.
« Cela va me manquer, tout cela. »
Il sentit Vos confirmer de la tête. Il partageait son avis.
« Mais bon…Qui sait ? On aura peut-être une meilleure vie de cette manière qu'en continuant de traquer…Peut-être que cette fois, on sera libres de tuer de notre saoul. Et pas seulement en obéissant aux ordres. Faut voir l'aspect positif des choses. »
Vos lui répondit que c'était déjà le cas.
« Ouais, mais cette fois…Oh. Et puis, oublie. J'essaie simplement de détendre l'atmosphère. Toi, qui sait ? Tu pourras peut-être revenir à Carcer et revoir Elita-One.»
Le silence retomba.
Puis, de manière inattendue, Vos lui demanda de ne pas l'abandonner.
« Hein ? »
Kaon se retourna vers lui, perplexe.
Vos répéta la même phrase, en Ancien Cybertronien : il demanda à Kaon de ne pas le laisser, de ne pas l'abandonner.
Il ne voulait pas que les autres, que Tarn, Helex, Tesarus ou Nickel ne l'abandonnent non plus…Mais Kaon, moins que quiconque.
Cela…prit Kaon au dépourvu. Après tout, Vos et Kaon n'avaient jamais été particulièrement proches. Le fait que le fusil-sniper lui demande une telle chose…Kaon ne comprenait pas.
Mais l'aveugle ne pouvait pas ne pas répondre. Doucement, Kaon tendit le bras vers Vos pour chercher sa main.
« Viens là. »
Vos se laissa faire tandis que Kaon l'attira vers lui pour l'enlacer.
Au volant d'une navette, Tarn essayait tant bien que mal de contrôler sa colère et son agacement qui montait à vitesse grand V en son être.
Il avait actionné la radio. La radio musicale pour être plus précis.
Et cette musique de sauvage commençait à lui vriller dans les audios.
« Chéri ? Voyons, viens danser ! Tu aimes bien, danser ? »
Les mains de Tarn se crispèrent sur les commandes. Cette voix insupportable, cette musique insupportable, ces mouvements insupportables derrière lui qui se dandinaient tel un pétrodindon en pleine cour avec la grâce d'un métro-éléphant qui faisait trembler tout son environnement.
Quoique…Il ressemblait déjà à un pétrodindon. Un pétrodindon avec de grosses lèvres. Il ne manquait que le bec et les cris qui allaient avec. Ce serait déjà plus agréable à regarder que ça.
- Ne m'appelle PAS « chéri », articula-t-il entre chaque mot.
- Viens danser ! Franchement…
- Je pilote, au cas où tu ne l'as pas remarqué ! Et puis…Par Megatron, tu me soules avec ta musique dégoûtante !
- Hé !
Il joignit le geste à la parole et coupa la musique avant de la remplacer par « The Empyrean Suite ».
Overlord fut déjà sur lui, le sourire jusqu'aux audios tandis qu'il leva son poing. Tarn se retourna et le bloqua immédiatement.
- Tu as des goûts à la—
- Ou tu arrêtes de faire ton gamin, ou j'utilise ma Voix !
- Pff. Ta Voix ne me tuera pas. Je suis un Phase-Sixer. Pourquoi crois-tu que "Papa" Megatron nous as forcé à faire équipe pour une mission de décimation des organiques aussi simple ?
- Ce n'était pas simple ! Il avait besoin de nous.
Tarn le repoussa, faisant tanguer la navette.
- Laisse-moi tranquille. Je trouve que j'ai déjà supporté ta face aujourd'hui, largement plus que je ne le devrais.
- Tu es vraiment aveuglé.
Tarn se retourna d'un bloc vers lui. Overlord gardait les bras croisés sur sa poitrine, le fixant d'un air hautain.
- …N'ose pas commencer, Overlord. Megatron est déjà suffisamment bon, à te laisser agir à ta guise alors que tu ne fais que lui manquer de respect.
- J'agis pour le vaincre un jour. Et non, Megatron n'est pas un dieu. Il est parano.
- Parano ? Mais tu oses l'insulter, en plus !
- Totalement. Et qui va m'en empêcher ? Toi ?
Tarn lui tira dessus avec son canon.
Overlord s'essuya le visage. L'endroit même où il avait reçu le tir.
- J'aurais pu l'esquiver, mais tu aurais troué la navette.
- Je m'en fiche ! Tu es un aviateur. Tu n'aurais qu'à voler. Et moi, au moins, je n'aurais pas à endurer ta présence pendant tout le voyage.
- Megatron est parano. Non seulement il est lunatique et change d'avis comme de chemise, mais il se croit obligé de me donner une baby-sitter pour me surveiller.
- Pour une fois, on est d'accord sur un point : je ne suis pas plus ravi que toi d'être là.
Le Phase-Sixer secoua la tête, désapprobateur.
- Et dis-moi en quoi Megatron est lunatique? grinça Tarn alors qu'il reportait son attention sur la trajectoire de la navette. Il n'a fait que suivre une trajectoire fixe tout le temps depuis le début de la guerre.
- Un coup, on tue Whirl, un coup on ne le tue pas. C'est être « lunatique », ça.
- Cela s'appelle être pragmatique.
Tarn enclencha le pilote automatique, las.
- Tu es juste énervé et déçu parce que tu n'as pas son attention. Donc, tu te permets de le critiquer dans son dos.
- Oh, mais je n'ai pas besoin de le critiquer dans son dos. Je le fais en face, ricana Overlord.
- Et il en est fier.
Le sourire d'Overlord s'effaça et se transforma en moue furieuse.
- Tu es vraiment un chien à son service.
- Toi, tu es jaloux. Parce que Megatron m'a confié la responsabilité de te garder. L'inverse ne serait pas vrai.
Le Phase-Sixer leva les optiques.
- Tu lui obéis aveuglément.
- A lui et à la Cause.
- Et quand il finira par devenir parano à ton égard…Quand il te mettra les mêmes chaînes que moi, tu feras quoi ?
Tarn le toisa par-dessus son épaule.
- Je n'aurais pas besoin de chaîne, contrairement à toi. Ce n'est pas pour rien qu'il a implanté une puce dans ton corps.
- Oh, mais crois-moi. Il me croit dangereux. Mais il m'a créé, Tarn. Comme toi. C'est lui qui t'a créé, qui t'a donne ce corps. Et si tu es ne serait-ce qu'un minimum dangereux aux yeux du monde…Megatron te fera subir la même chose.
Tarn laissa les bras retomber le long de son corps.
- …Il ne le fera pas. Je ne te crois pas.
- Peut-être pas par des chaînes. Mais…moi qui le prenais pour un grand gladiateur, pour quelqu'un à suivre, je me suis retrouvé déçu.
Overlord marqua une pause.
- …Et il te décevra à ton tour.
- Megatron ne me décevra jamais, répondit-il, menaçant.
- Oh si, Tarn. Tu seras également déçu, un de ces jours, lorsque tu verras son vrai visage. Mais…si cela peut te rassurer, tu ne seras pas le premier, ni le dernier.
C'est faux !
Tout cela était faux !
Quand Tarn se réveilla en sursaut, son premier réflexe fut de viser le mur avec son canon, à l'endroit même où Overlord se tenait auparavant.
Mais Overlord avait disparu. Il n'avait jamais été là. Il était seul, dans sa chambre plongée dans les ténèbres.
Autour de lui, les mineurs sur lesquels était inscrite la première version de « Vers la Paix ».
Vers la Paix…
La naissance de la Cause…
Tarn se recroquevilla sur lui-même, les optiques closes.
Lui qui avait toujours déteste Overlord à l'heure actuelle…Il aimerait l'avoir à ses côtés, actuellement. Pour lui prouver qu'il avait tort…Megatron n'avait pas abandonné la Cause…Il ne le décevrait jamais…Jamais il ne l'avait déçu…
« Je suis le fondateur du mouvement Decepticon. Je l'ai commencé… »
« …Et je suis sur le point d'y mettre un terme. »
Tarn se prit le visage dans les mains, des mots entrant dans sa tête qu'il ne voulait plus entendre. Qu'il ne voulait pas entendre et croire qu'ils étaient réels.
Tu seras également déçu, un de ces jours, lorsque tu verras son vrai visage.
Nickel se tourna et se retourna dans son lit.
Finalement, la Minicon se leva. Elle en avait assez. Elle décida d'agir. D'avoir…une réponse. N'importe quoi.
N'importe quoi pour comprendre ce que le futur lui réservait.
La Minicon marcha lentement dans les couloirs, en direction des quartiers de Tarn.
Arrivée devant sa porte, elle toqua.
Personne ne lui ouvrit.
« …Tarn ? Je peux entrer ? »
Tarn ne répondit toujours pas.
Nickel hésita. Finalement, elle activa ses fusées et pressa le code d'ouverture.
Les portes s'ouvrirent.
« Tarn ? »
Tarn…était assis à sa table de salon. Son téléphone spécial dans la main, il fixait un point invisible à l'horizon.
Quand la Minicon s'approcha, elle réalisa que derrière son masque, son regard était vide.
- …On ne t'a pas croisé de la journée, commenta-t-elle alors qu'elle s'installait face à lui.
Tarn ne répondit pas.
La Minicon chercha ses mots. Elle finit par soupirer avant d'entrer dans le vif du sujet :
- …Qu'est-ce qu'on va devenir ? Qu'est-ce que va devenir la DJD, Tarn ?
Lentement, Tarn reporta son attention sur la medic du groupe.
Sur sa medic.
Celle qu'il avait accueillie, celle qu'il avait sauvée…
Nickel voulait lui prouver que tout cela, tout était important.
- …Tarn. Je…j'ai besoin d'une réponse. D'une affirmation.
A nouveau, Tarn détourna le regard.
- …Tarn ?
- …Je suis tellement…tellement en colère contre lui.
Le ton vide de Tarn déconcerta Nickel.
- Moi…Moi aussi, l'affirma-t-elle.
- J'ai tout…tout donné pour la Cause Decepticon. J'ai traqué les traîtres, j'ai tué les traîtres, j'ai agi pour que sa parole soit connue du monde entier…et…
Il ne finit même pas sa phrase.
- Peut-être que si j'avais été plus présent…peut-être que si je l'avais contacté plus tôt, j'aurais pu empêcher que ces choses arrivent. J'aurais pu empêcher que Megatron tombe entre les mains des Autobots, qu'il renonce à la Cause Decepticon contre son gré…j'aurais pu…être là pour lui rappeler que tout ce qu'il disait comptait. Tout ce qu'il disait comptait pour moi…Pour nous…Pour les Decepticons.
Il marqua un temps.
- …Mais j'ai laissé faire.
- Ce n'est pas de ta faute, Tarn.
- Si, ça l'est.
Tarn posa son téléphone sur la table.
- …Je n'arrive même pas à le contacter…J'ai peur d'entendre sa réponse, et qu'il me dise qu'il y a définitivement renoncé. Je n'arrive pas à me défaire de l'idée que tout cela n'est qu'un mensonge.
- Tarn.
Nickel essaya de lui prendre la main pour lui apporter un semblant de présence, un semblant de réconfort…
Tarn l'évita et recula, sans la regarder.
Cela brisa le spark de Nickel davantage. Elle finit par se lever.
- Tarn…Je veux juste que tu me dises…que tu ne dissoudras pas la DJD. Je…je ne veux pas perdre ma famille et ne plus jamais avoir de vos nouvelles. S'il te plaît.
Le silence du leader de la DJD fut le plus insupportable à endurer.
Cybertron, 4 millions d'années auparavant
« …N'as-tu pas la sensation de déjà-vu ? » demanda Orion Pax alors qu'il étranglait l'un des ennemis qui les encerclaient, Roller à ses côtés qui frappait à coups de poing tout en buvant une de ses boissons habituelles.
L'ennemi poussa un cri de souffrance en guise de réponse.
« Combien de fois doit-on vous répéter la même chose ? Ce point est sous NOTRE PROTECTION ! »
Autour de lui, les outliers essayaient de maintenir la conversation pour évacuer le stress.
- A quoi t'attendais-tu, Pax ? lui adressa Windcharger alors qu'il utilisait ses bras électromagnétiques pour attirer un membre de la Garde d'Elite vers lui. Ils sont de la Garde d'Elite. Sentinel les choisit pour leurs cerveaux.
- Ce n'est pas leur cerveau qui m'inquiète ! cria Skids alors qu'il recevait un coup de poing, crachant de l'energon.
Roller se transforma en son mode camion. Quand Windcharger le toucha, Roller gémit de douleur, lui indiquant qu'il avait mal au dos.
Mais en réalité, il ne s'agissait pas d'un mal de dos.
- …Quelque chose d'étrange…Quelque chose va…
Une lumière à l'intérieur de lui…
Puis…des silhouettes.
Des silhouettes faisant irruption sur le champ de bataille.
Glitch usa sa capacité pour que les machines tombent en panne.
- Casser leurs choses et rentrer en pleurant. Attendez…
Orion Pax le remarqua à son tour.
- Ils partent en retraite ! cria-t-il alors que les membres restants de la Garde d'Elite courraient en hurlant.
Alors que le petit groupe partait à leur poursuite, la Lost Light contemplait la scène, tous ébahis.
Cela avait marché.
- Super, fit Rodimus en s'adressant à ses camarades.
Maintenant, ils avaient quelqu'un à arrêter et capturer.
