Bonjour à tous !

J'espère que ça va bien pour vous? Moi... Disons que j'aurais pensé à autre chose qu'à être confiné chez moi ce weekend (Quand tout le reste du pays est libre de sortir, fallait bien que seul le Pas-De-Calais soit confiné -_-).

J'ai eu beaucoup de travail ces derniers temps, alors je n'ai malheureusement pas trouvé le temps de répondre à vos reviews, mais je vais le faire dès la publication de ce chapitre. Merci d'ailleurs aux gens qui continuent à en laisser, à me suivre, à m'ajouter à leurs favoris ou à simplement suivre mon travail.

Sur ce, bonne lecture !


- Cela aurait pu être pire.

Pour la dixième fois probablement depuis la réception de ce courrier, Matthew se faisait cette réflexion à voix haute, ses yeux parcourant l'élégante et délicate écriture inscrite sur la feuille de parchemin qu'il tenait dans sa main. L'autre fouillait machinalement dans un sachet de friandises posé à côté de lui sur la banquette du compartiment qu'il partageait avec Neville.

Au dehors, le ciel était clairsemé, comme à de nombreuses reprises au cours de l'été qui était en train de s'écouler inexorablement. Les landes en dessous d'eux formaient des petits carrés de couleurs diverses et variées, délimitées par de petits murets et autres buissons verdoyants que l'on pouvait aisément suivre le long des sentiers en terre battue qui formaient comme des cicatrices dans le paysage.

Leur diligence volait depuis plusieurs heures maintenant, depuis son dernier arrêt quelque part dans le Lincolnshire, mais l'Écosse était encore loin et il restait encore un très long moment avant de pouvoir espérer sentir la fraîcheur de la partie la plus au Nord du pays. Si quelqu'un en bas levait les yeux vers eux, et si le sort permettant de rendre invisible leur voiture n'avait pas été mis en place, alors il ne verrait qu'un point minuscule et sombre au beau milieu d'un ciel bleu azur, et sans doute croirait t-il à la présence d'un gros oiseau de proie au dessus de sa tête.

Affalé sur sa banquette donc, Matthew continuait à regarder le courrier officiel délivré par Poudlard, et même après le mois écoulé, il n'arrivait toujours pas à croire à sa chance ; cinq buses obtenues ! Et pas des moindres ! Lui-même n'en revenait pas. Jamais il n'avait été véritablement ce que l'on pourrait appeler une tête bien pleine, un érudit ou quelqu'un qui s'intéressait vraiment à ses leçons. Jamais d'ailleurs il n'avait montré le moindre intérêt à cela, et il préférait de très loin la pratique à la théorie quand cette pratique coïncidait avec l'utilisation d'une baguette magique, mais il s'étonnait encore des résultats obtenus dans cette même partie théorie pour des matières aussi importantes que les sortilèges, la métamorphose ou même la défense contre les forces du mal. Cette dernière matière lui arrachait d'ailleurs un sourire ironique en imaginant la tête qu'avait probablement dû afficher Dolorès Ombrage en voyant la note qu'il avait obtenue dans sa matière, et il s'imaginait parfaitement sa petite voix plaintive et aiguë éructer toutes les insultes composant son vocabulaire devant «l'effort exceptionnel» annoté en haut de sa copie.

- à force de la lire, tu vas finir par la connaître par cœur, nota de son côté Neville en lisant pour sa part le nouveau règlement intérieur fourni en pièce jointe avec leur liste de matériel scolaire pour la nouvelle année.

- Je sais, mais il m'arrive par moment de me demander s'il s'agit bien de mes résultats et pas ceux d'un autre élève, avoua Matthew en pliant soigneusement la feuille avant de la ranger dans l'une des poches de son habit.

- étant donné les résultats que tu as obtenus durant toute l'année dernière, ce n'est pas si surprenant, argua avec franchise son ami. Tu as fait beaucoup d'effort ces derniers temps, tu mérites les louanges que les examinateurs te donnent.

Gêné, Matthew esquissa un léger sourire avant de reporter son attention sur l'extérieur, regardant depuis la fenêtre les paysages toujours plus colorés qui défilaient sous ses yeux. L'habitude de perdre son temps à ce genre de choses lui était venu tout récemment, à rester là de longues heures à ne rien faire d'autre qu'observer depuis une fenêtre ce qui se passait au dehors sans jamais y mettre les pieds, non pas par peur du monde extérieur et des dangers qu'il renferme mais simplement pour avoir la paix, et rien ne pouvait mieux la lui procurer qu'un paysage sans cesse identique à ce qu'il était une minute, une heure, ou un jour auparavant. La routine qui en résultait lui permettait de se plonger longuement dans des réflexions qu'il n'aurait pas eu auparavant, à s'épancher sur des sujets qui ne lui auraient jamais traversé l'esprit autrefois ou à faire preuve d'une réflexion qu'il ne se connaissait pas.

Un en particulier retenait son attention, et celui là avait un rapport établi avec ce fameux relevé de notes. Cela lui était soudainement venu à l'esprit en voyant Neville, comme lui occupé à prendre son petit-déjeuner, se saisir prudemment de la lettre renfermant ses résultats aux buses, parcourir des yeux le parchemin puis, la mine soulagée, se précipiter dans l'étude de sa grand-mère la figure barbouillée de confiture pour lui montrer lui-même sa réussite. L'air réjoui de la vieille dame, les compliments fort à propos lancés à son petit-fils et la promesse d'une récompense pour ses bons résultats avaient frappé plus qu'il ne l'admettrait jamais Matthew, et toute la journée durant, il s'était isolé dans sa chambre, demandant à être seul et à ne pas être dérangé ; Seul avec lui-même, ses propres notes, une humeur massacrante en tête et un constat accablant qui lui faisait mal en y repensant : Lui n'avait personne à qui les montrer, avec qui s'en réjouir et qui le gratifierait simplement d'un sourire, d'un geste affectif ou de paroles touchantes qui feraient bondir de joie son cœur.

Ses parents auraient pu remplir ce rôle, mais l'une comme l'autre, aucun n'était avec lui, auprès de lui, à le féliciter. Son père était totalement muet depuis l'affaire du ministère, et il arrivait encore à Matthew de se demander où James Potter pouvait bien se trouver. Quant à sa mère… L'appréhension des retrouvailles avaient laissé place à un grand vide dans son cœur devant la dure vérité : Lily Potter s'était débinée à la dernière seconde, sentie peut-être faiblir ses bonnes résolutions devant le portail du manoir Londubat pour fuir à jamais sa présence. Matthew ne savait pas s'il devait être en colère contre elle, triste de ce geste qu'il considérait comme un deuxième abandon de sa part, ou indifférent à l'égard d'une mère qui n'avait pas pris la peine pendant tant d'années de prendre de ses nouvelles et qui s'était si subitement réveillée qu'il aurait dû sentir le coup venir.

Et pourtant… Le costume qu'il portait en ce moment, sans raison particulière hormis d'être fort seyant, la qualité du tissu qui avait servi à sa conception, ces boutons de manchette finement ouvragés, cette dentelle dont il pouvait aisément deviner les longues heures de travail… Ce si beau vêtement, abandonné là dans l'allée des Londubat et découvert au moment où il cherchait vainement la moindre trace de la présence de sa mère… Cela ne pouvait venir que d'elle? La coïncidence était trop belle pour que ce ne soit pas le cas.

Matthew demeurait perplexe sur les agissements de Lily, et l'incompréhension dominait ses pensées en songeant aux actions de celle-ci face à la cherté évidente de ce cadeau qu'elle souhaitait de toute évidence lui offrir. Pourquoi se donner tant de mal pour perdre ses moyens devant la grille d'un manoir? Pourquoi se donner la peine de transplaner de Merlin sait où pour prendre si vite ses jambes à son cou et détaler comme un lapin devant le canon d'un fusil? Sa mère était-elle à ce point lâche, où d'autres raisons expliquaient-elles ce soudain revirement?

Lui n'en savait rien.

- Ce règlement est un monceau d'inepties, commenta Neville en l'extirpant du fil de ses pensées.

- P-pardon? Marmonna t-il en essayant de demeurer indifférent.

- ça, dit son ami en lui montrant la même feuille de parchemin qu'il lisait depuis vingt bonnes minutes. Le nouveau règlement de l'école mis en place par Ombrage… C'est dommage que Grand-mère ait abandonné son poste au sein du conseil administratif de Poudlard, elle aurait aisément pu m'en toucher deux mots si elle avait su… Et surtout le contester si elle en avait eu l'occasion.

- Laisse moi deviner…, marmonna Matthew en plissant légèrement ses yeux. Des horaires à scrupuleusement respecter, des interdictions à tout-va, des restrictions dans nos déplacements, des obligations à soigneusement tenir… Oh, et bien évidemment, une séparation établie entre filles et garçons avec notamment l'interdiction d'en fréquenter au sein de l'école.

- Dans les grandes lignes, c'est à peu près ça, confirma Neville en affichant une petite moue boudeuse. Ce n'est plus une école, c'est un pensionnat.

- Tant qu'elle ne nous oblige pas à porter des uniformes rose comme ses vêtements, je pourrais tout supporter, argua Matthew sous les gloussements de son ami.

- Quelle horreur, ricana t-il. Apparemment elle va mettre en place deux salles communes pour bien séparer garçons et filles, et nous aurons l'interdiction de nous asseoir à côté de l'une d'elles en cours comme dans le réfectoire ou d'être vu en leur compagnie dans les couloirs.

- Il faut bien protéger la chaste vertu de ces demoiselles des immondes garçons qui parcourent les couloirs de l'école.

Tous deux repartirent dans un autre fou rire de quelques secondes, puis une fois qu'il eut séché l'humidité de ses yeux, Neville lut de nouveau le règlement :

- Elle parle aussi d'options que tous les élèves devront prendre en fonction de leurs centres d'intérêt. Je me demande de quoi il s'agit…

- Merveilleux, maugréa Matthew en roulant des yeux. Connaissant les intérêts manifestes de cette grosse dame, j'opterais pour la pâtisserie, servir du thé et caresser des chatons parmi les nombreuses options proposées par notre chère Dolorès Ombrage.

- C'est tout de même étonnant que le conseil d'administration ait accepté tous ces changements, remarqua Neville. Je savais qu'Ombrage avait fait des pieds et des mains pour remplacer ceux qui lui seraient manifestement hostiles, mais au point de mettre à leur place des personnes qui diraient oui à tous ses caprices, je dois avouer que cela me dépasse.

- L'inconvénient premier que je vois à cela est qu'il va être beaucoup plus compliqué pour Luna de nous suivre dans nos pérégrinations quotidiennes, argua pour sa part Matthew.

- Je n'y avais pas pensé, avoua t-il sombrement en serrant davantage entre ses mains le parchemin. Il faudra que nous trouvions d'autres façons de…

L'ouverture de la porte de leur compartiment l'interrompit dans sa phrase, et tous deux tournant leur tête, qu'elle ne fut pas leur surprise de se retrouver nez à nez avec un rouquin tristement familier. Ron avait encore grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, et son ex-meilleur ami arborait une coiffure plus longue qu'à l'ordinaire lui tombant jusqu'à la naissance du menton. Ses vêtements rapiécés semblaient légèrement trop petits pour lui, en particulier son pantalon dont les chevilles étaient désormais en partie découvertes. Matthew n'avait eu aucune interaction avec lui depuis presque un an, du moins si l'on exceptait les provocations de Weasley à son égard aux côtés de Seamus et Dean. Aussi s'interrogeait-il sur la venue inopinée du traître dans leur compartiment.

- Que viens-tu donc faire ici, Weasley? Lui demanda t-il froidement. Je suis étonné de te voir dans cette voiture… Si je ne m'abuse, elle ne s'arrête pas dans le Devon, autrement Luna l'aurait également prise.

- Je te cherchais, répondit Ron en refermant la porte derrière lui. Il faut qu'on parle.

- Tu me cherchais? Répéta avec une pointe d'ironie Matthew. Voyons voir… La dernière fois que cette diligence s'est arrêtée pour prendre des passagers remonte à près de deux heures, ce qui veut dire qu'il t'aura fallu tout ce temps pour parcourir la dizaine de cabines disponibles pour me trouver. Soit tu t'es perdu en route, et cela risque d'être difficile à prouver compte tenu du fait qu'il n'y a qu'un couloir à traverser, soit tu ne t'es pas donné la peine de t'échiner à cette tâche, ce qui ne m'étonnerait guère étant donné la fainéantise dont tu as su si facilement faire l'étalage toutes ces années.

Les oreilles de Ron rosirent légèrement devant le sarcasme, mais à l'étonnement de Matthew, il s'abstint du moindre commentaire et préféra s'asseoir sur la banquette de Neville qui paraissait pour sa part fort mal à l'aise.

- Je… Je peux vous laisser si vous le voulez, proposa t-il nerveusement en s'apprêtant déjà à se saisir de son crapaud qui dormait paisiblement juste à côté.

- Non reste là, lui intima Matthew sans quitter des yeux Ron. Je n'ai rien à cacher à mon meilleur ami.

Ce ne fut plus ses oreilles mais bien ses joues qui se mirent alors à rougir, et Ron donnait de plus en plus l'impression d'être sur le point de s'emporter contre lui. L'ambiance était en tout cas très tendue, et il suffisait probablement d'un rien pour que celle-ci se déchaîne.

- Alors, qu'est-ce que tu veux? Lui demanda Matthew en croisant ses bras contre sa poitrine.

- Te donner ceci, répondit Ron en fouillant quelques secondes dans sa poche avant de lui tendre un petit morceau de papier plié en quatre.

- Si tu as quelque chose à me dire, tu peux le dire directement avec ta bouche sans avoir à passer par des moyens aussi dérisoires qu'un vulgaire bout de papier.

- Ce n'est pas de moi, répliqua t-il durement. Et avant que tu me poses la question ou que tu m'accuses de quoi que ce soit, même si j'aurais voulu le faire, je n'aurais pas pu l'ouvrir et le lire. Il est fermé avec un sceau spécial que toi seul peut ouvrir.

- Et de qui est-ce?

Ron regarda d'un air nerveux Neville dont la présence semblait véritablement le gêner, mais un hochement de tête de la part de Matthew lui assura qu'il pouvait parler librement, sans risque et sans craindre de dévoiler quelque chose qui pourrait les inquiéter tous les deux.

- De notre ami commun, répondit énigmatiquement Ron. Celui qui, entre autre chose, t'avait proposé des cours particuliers de magie avancée que tu n'as pas daigné suivre à l'époque.

Il fallut un moment à Matthew pour comprendre le sens de ses paroles, mais aussitôt que ce fut le cas, ses sourcils se haussèrent si haut qu'ils semblèrent se perdre dans les mèches rebelles qui masquaient en partie son front. Dumbledore? Lui? Après tout ce temps? La chose lui paraissait incongrue. L'homme n'avait pas daigné lui écrire depuis des mois, avait fait mine d'ignorer sa présence depuis un an et se retrouvait aujourd'hui dans une situation telle qu'il n'avait nullement envie d'être surpris en train de tenir une conversation à distance avec lui. Et pourtant, voilà que le vieil homme se rappelait à son bon souvenir ! Sa mère et lui avaient décidément le bon timing pour ces choses là.

- Tu es en correspondance avec lui? S'étonna Matthew en saisissant avec précaution le morceau de papier, méfiant quant à ce que Dumbledore pouvait bien avoir placé comme sortilège dessus.

- Pas vraiment, mais mon père oui, expliqua Ron. Je fais passer le message, voilà tout. Il a cependant expressément demandé à ce que tu ne l'ouvres que ce soir, dans ton dortoir, et que tu détruises ce papier aussitôt que tu en auras pris connaissance. C'est important parait-il.

Puis sans attendre plus longtemps, Ron se releva, fit quelques pas en direction de la sortie puis, une fois la porte ouverte, darda un dernier regard en direction de Matthew en disant :

- Je vois que l'on se fait plaisir malgré les temps qui courent. Ce n'est pas donné à tout le monde de faire l'étalage de sa richesse. Beau costume...

- Cadeau de ma mère, répliqua t-il avec suffisance en rangeant le papier dans sa poche. Elle au moins peut se permettre ce genre de folie.

- La mienne au moins n'a jamais quitté ses enfants pour parcourir le monde, siffla méchamment Ron dont les yeux semblaient flamboyer de fureur. Je me demande ce que cela fait d'avoir pour mère une gourgandine qui se donne au premier venu.

- Et moi je me demande si ton père n'a pas trouvé la tienne au concours local de la plus grosse truie !

Ron sortait à peine sa baguette quand Matthew anticipa son geste en pointant déjà la sienne dans sa direction, et le sortilège qu'il lui renvoya l'expulsa directement contre la cloison du couloir contre laquelle il s'effondra. Pendant un moment, il crut l'avoir assommé, mais Ron remua assez vite par terre, se releva difficilement sur ses jambes flageolantes puis, après un dernier regard où la haine était aisément perceptible, il tourna les talons et se précipita dans le corridor, ses pas se faisant de plus en plus distant à mesure qu'il s'éloignait.

- Ce n'était pas très gentil ce que tu as dit sur Madame Weasley, nota Neville une fois qu'il eut refermé la porte. C'est une femme bien sous tout rapport…

- Laisse tomber Neville, maugréa Matthew bien qu'il regrettait lui-même d'avoir dit une horreur pareille. Ce crétin a le don de m'énerver si facilement… Ce qu'il m'agace ! Ma mère n'est pas une gourgandine !

Lui-même ne savait pas pourquoi il avait eu besoin d'extérioriser sa colère contre le premier venu, en l'occurrence Ron, mais bien qu'il exprimait un certain regret d'avoir attaqué si bassement la charmante Madame Weasley, il sentit que ce brusque accès de méchanceté lui avait procuré du bien, comme ces gens qui ont besoin de se faire du mal ou de faire du mal aux autres pour ressentir un étrange et déroutant plaisir.

Était-il normal?

Son ventre se rappela soudainement à lui, et les gargouillements sonores et audibles même par Neville eurent le don de l'embarrasser lorsque ses yeux se posèrent sur le sourire en coin de son meilleur ami.

- Je… Je crois que je commence à avoir faim, marmonna t-il en se massant l'estomac.

- Le chariot de friandises est déjà passé, mais si tu devrais trouver ton bonheur dans le compartiment central de la diligence, l'informa Neville sans cesser de sourire. Tiens, prends moi des chaudrons au caramel en passant.

Matthew accepta les trois pièces qu'on lui tendait puis se dirigea à son tour vers la sortie. Au dehors, le couloir était dans un calme absolu, et personne n'était visible d'un bout à l'autre. L'endroit où Ron avait lourdement chuté était légèrement renfoncé sous le choc, et en passant sa main dessus, il eut l'impression qu'un léger courant d'air passait à travers les planches de bois qui le composaient. Pour autant la structure était solide, aussi ne s'y attarda t-il pas plus longuement.

En passant devant d'autres portes, il pouvait par la même occasion entre de ça et là quelques conversations, mais le son était tellement atténué qu'il ne pouvait en comprendre le sens ni même reconnaître la voix d'une personne de sa connaissance. Bientôt le milieu du couloir fut atteint, et la porte légèrement entrouverte laissait apercevoir plusieurs silhouettes légèrement inclinée devant les stands proposant une variété impressionnante de friandises en tout genre. Matthew voulut alors ouvrir en grand la porte… mais la curiosité le gagna lorsqu'il reconnut la voix de Drago Malefoy.

- ...Un premier essai demain soir. À cette heure-ci personne ne devrait nous déranger, et surtout pas dans un couloir aussi peu fréquenté…

- Mais pourquoi doit-on faire ça? Pesta un autre garçon. Si nous sommes pris, ce sera par ta faute !

- Si tu es pris, corrigea Drago d'une voix menaçante. Moi j'aurais les moyens de me protéger, mais si par malchance quelqu'un vous surprend là-bas, alors inventez le moindre prétexte mais faites en sorte de ne jamais reporter les soupçons sur moi.

- Alors on prend tous les risques pour toi sans savoir pourquoi? Intervint une troisième voix que Matthew pensait appartenir à Goyle.

- Exactement, confirma t-il. Quand la personne qui m'a demandé d'accomplir cela aura vent de votre complicité, vous aurez je pense le droit à une belle récompense.

- Donc on fait le guet, tu vas faire tes affaires dans cette pièce, puis on revient dans notre dortoir, l'air de rien en essayant d'échapper à Rusard, sa fichue chatte et les autres membres du personnel qui surveilleront les couloirs?

- C'est bien ça Crabbe, approuva Drago. Si cette vieille peau d'Ombrage n'avait pas réorganisé le règlement de l'école, cela aurait été beaucoup plus facile pour nous, mais du fait de ses accointances avec la partie conservatrice du mangemagot, je doute que dans tous les cas elle puisse faire montre d'un autoritarisme exacerbé à notre égard si nous avions le malheur d'être surpris après le couvre-feu ; Ce serait mal venu de sa part de se mettre à dos trois seigneuries. Où sont les patacitrouilles?

Intrigué, mais se promettant désormais de garder un œil sur Drago Malefoy, Matthew se redressa, fit mine de faire disparaître les plis inexistants de son costume puis certain d'avoir l'air parfaitement innocent, ouvrit prestement et bruyamment la porte du compartiment. Trois regards surpris l'accueillirent, et le sursaut apeuré de Drago provoqué par son entrée aurait pu le faire en d'autres circonstances rire s'il ne cherchait absolument pas à paraître absolument normal.

- Je me demande ce que j'ai bien pu faire aux divinités de cette planète pour tomber sur toi dans la multitude de diligences envoyées par Poudlard pour récupérer ses élèves, pesta t-il après quelques secondes d'un silence pesant.

- Je te retourne le compliment Potter, répliqua Drago alors que Crabbe et Goyle se postaient automatiquement à ses côtés, les poings serrés et prêts à s'en servir. Je sentais une mauvaise odeur en pénétrant dans cette voiture, maintenant j'en connais l'origine.

Deux rires gras accompagnèrent ses paroles, mais Matthew lui n'avait aucunement l'envie de partager leur allégresse. Aussi s'écarta t-il simplement de l'embrasure de la porte pour observer les différents stands protégés par une vitre afin d'empêcher les plus gourmands de se servir sans payer. Cependant il gardait un œil discret sur le petit groupe à proximité de lui, pressentant l'éventualité d'un autre duel à venir.

- Je croyais la fortune des Potter disparue, commenta Drago tandis que Matthew glissait quelques pièces dans le distributeur mécanique une fois son choix déterminé sur des chocogrenouilles. Je vois qu'il en reste encore suffisamment assez pour se faire des petits plaisirs de temps en temps.

- Et moi je croyais que les deux mois de repos que nous venons de passer auraient suffi à t'apporter la maturité qui te fait si cruellement défaut, répliqua t-il sans même lui accorder un regard. Mais j'ai le sentiment que c'est un vœu pieux, comme celui d'un jour fouler du pied la surface de la lune.

Tout en parlant, il se saisit d'un sachet mis à disposition des jeunes clients de la diligence, et il laissa tomber dans celui-ci les friandises commandées qui s'échappaient d'une petite ouverture vers le bas.

- En parlant d'argent, je suis étonné de ne pas t'avoir vu la semaine dernière à Gringott's, reprit Drago.

- Et pourquoi donc? Argua d'un ton indifférent Matthew. Pour que tu me fasses l'étalage une fois encore de la fortune colossale de tes parents?

- Tu n'as pas lu la presse dernièrement? S'enquit t-il d'une voix où la curiosité pointait le bout de son nez.

- Depuis que ces torchons passent leur journée à médire sur ma famille, à me traiter de cinglé et à affirmer que mon père est un dangereux criminel, je n'ai effectivement plus eu la moindre envie de perdre mon temps à ouvrir la moindre page des nouvelles.

- Alors tu ne sais probablement pas, autrement tu te serais précipité immédiatement à Gringott's pour réclamer inutilement ton dû ! S'exclama joyeusement Drago avant de partir dans un ricanement particulièrement énervant.

Furieux, Matthew se releva finalement pour lui faire face, mais même après cela, Drago continuait à rire bruyamment, les mains sur les hanches et la silhouette légèrement voûtée.

- Merlin ! Il ne sait pas ! Souffla t-il entre deux gloussements.

- Je ne sais pas quoi ?! Éructa Matthew en sentit venir l'envie de le maudire.

Drago lui séchait les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux, puis une fois qu'il eut repris un semblant de contenance, il reporta son attention sur son rival, un sourire mesquin sur le visage :

- Tu n'as pas dû beaucoup sortir de chez toi ces deux dernières semaines, ça a fait les gros titres pendant plusieurs jours…, l'informa t-il. Cela concerne ton parrain.

- Sirius? Marmonna avec étonnement Matthew en sentant disparaître toute sa colère.

- Le seul et l'unique. J'ai le regret de t'annoncer qu'il est mort, Potter.

Matthew resta interdit quelques secondes, comme si la capacité à pouvoir penser de façon claire et logique l'avait brutalement quitté. Puis ce fut comme si on lui avait soudainement versé un seau d'eau froide sur la tête, et que l'eau se répandait progressivement sur lui en une vague glacée. Son cœur sembla tomber dans sa poitrine, et l'air lui manquer.

- Tu… Tu mens…, bredouilla t-il maladroitement en sentant ses forces l'abandonner.

- Du tout Potty, assura avec satisfaction Drago. Je suis étonné que tu ne le saches pas, c'était ton parrain après tout ! Enfin… Pour ta gouverne, c'est Gringott's qui nous a informé de sa disparition par leurs homologues français, et tu sais que tu ne peux jamais mettre en doute la parole des gobelins. Black est apparemment mort depuis plusieurs mois et est enterré à… Oh tu m'excuseras, j'ai oublié le nom de ce cimetière !

- TU MENS ! Hurla alors Matthew en faisant un pas vers lui, les poings serrés.

Crabbe et Goyle se postèrent immédiatement devant Drago, prêts à en découdre eux aussi, tandis que lui pour sa part continuait à arborer un sourire particulièrement déplaisant face au désespoir manifeste de son rival.

- Ton cher parrain n'avait même pas prévu de testament ! S'exclama joyeusement Drago. Il devait être si sûr de vivre longtemps qu'il n'a jamais pensé à en faire un, et encore moins de t'inclure dedans ! Oh mais tu sais Potter, il n'avait pas grand-chose à te léguer, des broutilles, des choses insignifiantes, un petit peu d'or oui mais pas grand-chose…

- JE VAIS TE TUER ! Fulmina Matthew en essayant de passer à travers les deux brutes qui lui bloquaient le passage.

- Tu veux savoir le plus drôle Potter? Même renié, même chassé de la famille Black, à sa mort tout ce qu'il possédait revient dans le giron de ses plus proches parents, c'est à dire nous ! Ma mère a donc tout récupéré, et en tant que futur Lord Black, tout ceci me reviendra dans moins d'un an ! Tout ce qui aurait pu être à toi sera à moi ! Comprends-tu l'ironie là-dedans, Potter?!

Matthew avait à présent sorti sa baguette, mais Goyle se saisit subitement de lui, et avec une force surprenante le souleva et le rejeta violemment contre la vitrine de friandises. Un douloureux mal de crâne l'assaillit alors qu'il s'effondrait par terre, momentanément groggy par le choc. Près de lui, il pouvait entendre les ricanements grossiers et sonores des trois autres, mais il s'en fichait.

- Tout le monde t'abandonne, Potter ! Gloussa Drago. Tes parents, ta famille, ton parrain… Tu n'apportes que le malheur autour de toi !

Puis tout en continuant de rire, Drago se permit de lui administrer un violent coup de pied dans le ventre avant de sortir finalement du compartiment, ses deux gorilles sur les talons. Matthew lui demeura prostré sur le sol, la silhouette légèrement repliée sur lui-même alors qu'il se tenait douloureusement la poitrine. Mais au-delà du mal physique, une autre douleur lui transperçait le cœur, plus insidieuse, plus terrible encore qu'un simple coup de pied, et les larmes qui s'écoulaient en continu de ses yeux ne risquaient pas de se tarir de sitôt.


A/N : Chapitre terminé. J'espère qu'il vous aura plu, j'ai personnellement apprécié l'écrire.

Note I : Matthew sait que Drago trame quelque chose et va donc l'espionner. Alors oui la pirouette est assez facile, mais c'est un procédé de Rowling emploie assez fréquemment dans ses différentes tomes alors on dira que... Je ne fais que le reprendre à bon compte ;)

Note II : Le petit mot de Dumbledore. Que veut-il à Matthew? Va t-il également lui tendre un piège comme pour Lily? Va t-il bousculer les choses et provoquer une rencontre fortuite entre lui et Harry? Mystère.

Note III : L'annonce de la mort de Sirius. On m'a reproché il y a quelques mois d'avoir passé sous silence sa mort dans les journaux sorciers, et en vérité j'admets avoir oublié ce détail. J'ai choisi de finalement la rendre publique par le biais de Gringott's en tant que gestionnaire des comptes de la famille Black. Le contexte explique également pourquoi Matthew n'en a pas été informé (il est son neveu, mais Sirius n'avait fait aucun testament donc Matthew n'obtient rien), et surtout qu'en raison de son expulsion de la famille, Sirius n'a jamais été Lord Black ; Le siège était depuis tout ce temps entre les mains de Narcissa (sauf si Bellatrix avait un fils, ce qui n'est pas le cas), donc Drago deviendra Lord à sa majorité. J'ai bien vérifié au préalable pour ne pas dire de bêtise et effectivement, je n'ai jamais fait mention dans un seul chapitre d'un Sirius seigneur de la noble et ancienne maison des Black.

Le prochain chapitre devrait arriver la semaine prochaine... Si j'arrive à le finir. J'en suis à trois semaines passées dessus et franchement il y a encore plein de paramètres qui font que je n'en suis pas satisfait. J'espère trouver une solution avant samedi prochain.

Sur ce, à bientôt !